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Chapitre XI

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Danse macabre

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Comme une sangsue dans son oesophage qui aspirait en lui toute sa joie, toute sa haine, toute sa peine, et ne laissait que des souvenirs de sentiments mauvais. Sirius avala difficilement sa salive. Ils n'avaient pas encore passé le portail de la prison d'Azkaban, ils étaient même bien loins de l'avoir passé.

Ils ne pouvaient ni transplaner ni utiliser de Portoloin dans l'enceinte et alentour d'Azkaban pour éviter les évasions intempestives. Sirius soupira, il ne disait rien depuis des jours. Il ne pensait qu'à sa vengeance depuis des jours.

Peter l'avait bien eu.

Sirius ruminait sa vengeance. Que ça lui prenne une semaine, un mois, un an, un siècle, il le tuerait de ses propres mains. Lentement. Sûrement. L'agonie. Traître. Mort.

Folie.

Sirius voulu passer sa main sur son visage, mais les chaînes magiques qui l'entravaient ne lui cédèrent pas un pouce. Son geôlier, convaincu d'avoir à faire au bras droit de Voldemort en personne et au pire des meurtriers encore vivants tremblait de tout ses membres dans la calèche. Sirius eut un sourire mauvais, le garde trembla encore plus.

C'était facile. Si facile.

Folie.

Mais ce le serait moins avec les détraqueurs. Sirius n'était même pas sûr qu'ils connaissent le sens du mot humour, ou même le mot simplement. Son regard se figea. Ses pupilles grises s'étrécirent, ils étaient là. Ils étaient à la porte d'Azkaban. Le visage déjà pâle de Sirius, encore beau malgré ses journées de cavales précédentes, passa du blanc au gris. Non.

Non.

Le souvenir de la nuit du meurtre de Lily et James explosa dans sa tête. Non.

Lentement, il sentit toutes les fois où on l'avait battu revenir en lui. Son passé, le côté sombre de sa vie, ressurgit en lui aussi sûrement qu'une bulle d'air regagnait la surface. Il tomba par terre en hurlant. Non. Non. Non. Il ne voulait pas se souvenir, il ne fallait pas. Son père. Son père était encore vivant, présent, il le regardait, il allait le battre. Doloris. Non. Non. NON !

Folie.

Il se roulait par terre, à la recherche d'une sortie qui n'existait pas. Qui n'existait plus. Pas pour lui. Le geôlier, affolé, prévint les Aurors dehors. Sirius fut mis hors service par l'un d'entre eux. Un simple stupefix. Figé dans sa position, ses yeux fermés, si on le croyait inconscient c'était bien mal connaître le sort lancé.

Sirius pensait encore. Mais il ne pouvait plus crier, il ne pouvait plus hurler.

Quand ils passèrent les portes d'Azkaban et qu'on le jeta dans sa cellule, délivré enfin du sort, il hurla comme jamais on n'avait hurlé. Il hurla sa rage au monde entier. Il hurla sa douleur.

Les détraqueurs s'en firent un festin.

Le malheur des uns faisait le bonheur des autres.

Les Aurors devant sa cellule sourirent. Même les terribles détraqueurs ne pouvaient effacer en eux la joie superbe de la destruction de Voldemort et de la mise en cage de son plus fidèle serviteur.

Rien.

Pas même le hurlement brisé d'un homme honni malgré lui.

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Sirius baissa le regard sur les morceaux brisés de sa baguette.

C'était là que sa liberté s'arrêtait. Même les chaînes quelques heures auparavant ne l'entravaient pas tant que ça. Non. Même les détraqueurs, pourtant si efficaces sur lui, n'avaient pas réussi à miner son moral et sa vie de cette manière. Sa baguette avait encore été là, ensorcelée de manière à ce qu'il ne puisse la saisir, mais toujours là.

Elle était brisée.

Liberté évanouie.

Espoir envolé.

Baguette brisée.

Sirius aurait aimé pleurer mais il ne le pouvait pas.

Le pire des meurtriers ne devait pas pleurer. On l'aurait battu. On l'aurait battu parce qu'il était une ordure, un rejet, une merde à leurs pieds qu'on ignorait quand bon nous semblait.

Il n'était rien que le souvenir à haïr de tout ceux qui jadis avaient craint Voldemort. Ils avaient tout gagné.

Sirius avait tout perdu.

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