Chapitre VI : « Du tofu frit monsieur ? »
Je sortis de ma douche. Je n'étais pas rentrée très tard et comme aujourd'hui je me dispensais de cuisine, je pouvais prendre ma douche à mon aise. La serviette enroulée contre ma taille, je me regardais dans le miroir en soupirant. Ma figure avait pris une teinte pourpre, mes yeux étaient rouges. J'avais profité de cet instant pour pleurer. Je me sentais minable de pleurer comme une gamine mais ne le suis-je pas ? Oui je suis une gamine de 15 ans, qui est tombée folle amoureuse de son cousin et qui aujourd'hui pleurait de cette erreur. Je l'aimais en silence, puisque ce dernier me n'écoutait même plus. Seul Shaolan écoutait mes sentiments, des sentiments qui ne lui étaient même pas destinés mais que je devais partager. Il était toujours bien vaillant avec moi. Je ne comprenais pourquoi il me portais plus d'intérêt qu'à une autre. Il m'écoutait toujours lui. Parfois même il ne sortait pas pour rester avec moi. C'était rare mais c'était arrivé une ou deux fois avant. Il y a des périodes comme ça où l'on ne va pas bien et je suis en plein dedans. Enfin c'était compréhensible aussi. Je ne savais pas vraiment quoi faire. Vivre avec mon cousin, c'était devenu depuis ce soir pénible. Enfin vivre ? Pour ce qu'il restait à la maison. Je n'avais pas de soucis à me faire pour le lit au moins.
La buée commençait lentement à recouvrir toute la glace que je finis par ne plus me voir. Ce n'était pas plus mal. Je me méprisais d'être aussi fragile. Je me laissais torturer, je le savais en plus et pourtant je ne fessais rien pour changer ma situation. Je me sentais vraiment mal dans ma peau. En classe, je n'avais quasiment aucun ami. Tous me regardaient bizarrement sans que je ne sache pourquoi. Enfin ça ce n'était pas le plus important, si j'avais des amis en classe, je serai encore moins attentive que je ne l'étais déjà maintenant.
« Mayu ? J'y vais ! »
« Non, attend moi Shaolan, je viens avec toi ! »
« Dépêches toi, Kuro a faim. »
« Oui, oui … »
Je relâchai mes cheveux, encore mouillés pour les secouer et les attacher en queue de cheval. Nous en aurions pas pour très longtemps alors à quoi bon ? D'un geste, j'attrapais mes vêtements et les enfilais soigneusement. Un jean et un petit débardeur noir suffisait amplement pour ce genre de sortie. Je soupirais. Je ne sais pas pourquoi, j'étais toute excitée d'y aller avec Shaolan. Il n'y avait rien d'extraordinaire à aller chercher des Tofu frit mais d'être en sa compagnie me réconfortait et en ce moment, j'en avais vraiment besoin !
« Je suis prête. »
Shaolan me regarda vivement, de haut en bas. Pourquoi, certainement parce que c'était la première qu'il me voyait avec les cheveux en queue de cheval. Il finit par sourire et me pris la main pour sortir. Kurogane nous regardait d'un air impuissant mais très vite se replongea dans son émission. Il se posait des questions. C'est vrai, il y avait de quoi, je me comportais bizarrement ce soir. J'avais simplement envie de penser a autre chose qu'au lendemain, je voulais passer ma soirée avec Shaolan et tant pis si Kurogane ne rentrerait pas ce soir, après tout, il m'avait bien fait comprendre que j'avais été une imbécile de croire qu'il m'aimait.
20 heures et quelques … voilà l'heure qu'il devait très certainement être. Il fessait très frai. Je regrette de ne pas avoir pris une veste ! Shaolan et moi, marchions main dans la main dans les quartiers déserts du coin perdu où était notre appartement. C'était la première fois que Shaolan se comportait comme ça avec moi. Il était si tendre tout d'un coup, enfin, je ne voulais dire par là qu'il 'était brute mais qu'il était vraiment intentionné. Ca me réconfortait et ça me fessait du bien. En ce moment, je n'avais que des remords. Avoir suivit Kurogane à Hong Kong était peut-être pas la meilleur chose que j'avais faite dans ma vie mais j'y avais rencontré Shaolan et Lana. Ici, j'étais loin de mes parents et ce n'était pas plus mal. Ma mère nous rabachais moi et mon père ses verset de la bible alors que mon père, finissait par sombrer dans l'alcoolisme. Je me demande si ils n'ont pas finis par divorcer. Mon père ne fessait que me dire qu'il n'en pouvait plus, qu'il voulait refaire sa vie avec une autre femme. Décidément les hommes …
Ca fessait un moment qu'on marchaient déjà, ça fessait un moment que je ne disais rien, plongée dans mes pensées. Soudain, il s'arrêta net. Je fus surprise sur le moment, moi qui continuais de marcher, j'ai été tirée d'un coup vers l'arrière. Heureusement qu'il avait le réflexe de me rattrapé sinon c'était par terre que j'aurais fini la promenade.
« Tiens, couvre toi. »
Il m'avait enfilé sa veste. Elle était légère mais chaude et en plus elle sentait son odeur, une odeur vraiment très agréable. Je flottais dedans. J'étais plutôt petite de taille. Les manches recouvraient mes mains mais ça ne me dérangeait pas du tout, au contraire j'adorais ça.
« Mais … et toi ? »
« Moi ? J'ai été intelligent, j'ai pris un sweater et une veste. »
Je lui souris. Il était trop gentil. Pourquoi était-il devenu comme mon cousin ? Cette réputation qu'il essayait de se faire ne lui allait pas du tout, c'était stupide ce qui fessait alors qu'il pouvait être si doux avec les autres. Je suis certaine qu'il pourrait se trouver une petite amie qui prendrait soin de lui. Oui, plus que certaine ! Ca me rendait triste qu'il ait fini comme mon cousin. Si il n'était pas comme ça j'aurais tenter ma chance. Je secoua vivement la tête. Je suis méprisante ! Que suis-je réellement comme fille pour penser des choses pareilles ? De plus, je connaissais les sentiments de ma meilleure amie envers lui. Comment réagirait-elle si elle me voyait avec celui qu'elle aime ?
Nous avions repris notre marche depuis un petit moment. Shaolan chantonnais dans sa tête mais je reconnaissais la chanson qu'il se chantait pour lui-même. Moi-même j'aimais énormément cette chanson. Je me mis alors à la chanter à voix base. Surpris il tourna la tête vers moi et sourit. Avec moi il ne fessait que ça, il souriait encore et encore et chanta à son tour à voix plus haute.
Donna muzukashii koto datte
Kitto kitto kotae ga aru
Donna ni nagaku tooi michi mo
Itsuka kanarazu tadori tsukeru
Pendant le temps du refrain nous étions perdu dans les yeux de l'autre. Je sentais mon cœur battre si vite à en perdre le contrôle de ses battements. Je ressentais quelque chose de différent quand j'étais avec mon cousin. Oui, ce sentiment que j'éprouvais pour Shaolan est d'une autre nature, mais je ne sais de laquelle, enfin, pas encore.
« Mayuka ? »
Je sortis de ma rêverie quand il prononça mon prénom. Il y avait si longtemps qu'il ne m'avait plus appeler par mon prénom en entier.
« Oui … ? »
« Pourquoi es ce que tu es venue avec moi alors que tu aurais pu rester avec Kuro ? J'aurais traîné en route expret et tu le sais non ? »
Je baissais la tête. Il est vrai, j'y avais pensé mais je pensais que Kurorin et moi n'avions plus rien à nous dire. Une fois fini, les mots ne servent plus à rien en tout cas pas avec lui.
« Tu dois le savoir non, vous vous dites toujours tout. »
« Ben il m'a rien dit sur vous. »
J'arrêtai ma marche. Rien dis, vraiment ? Je me sentais mal tout d'un coup. Qu'est ce que j'allais lui répondre ? « Moi et Kuro c'est fini. » ? « Shaolan je t'aime ! » ? Je ne savais pas, tout était confus dans ma tête. Comment se pouvait-il que je tombe amoureuse de mon meilleur ami en une soirée, en quelques heures ? Ca me semblait impossible alors que j'avais mis des années avant d'aimer mon cousin.
Il s'arrêta alors à son tour et me fixa dans les yeux. Bien trop honteuse, je les détourna aussi vite pour regagner le sol.
« Ben quoi ? »
« Kurorin et moi … c'est fini Shaolan ! » dis-je avant d'éclater en sanglot.
Avant que je n'ai eut le temps de m'en rendre compte, j'étais déjà dans ses bras à verser toutes les larmes de mon corps. Ca se passait tellement vite que j'en attrapais des vertiges. Il ne me posait aucunes questions, il ne fessait que me comprendre. Comment fessait-il pour me comprendre d'ailleurs ? Il ne s'était engager que deux fois dans sa vie, deux fois qui furent de périodes courtes mais où il c'était donné à fond dans ces relations. Je le savais car il m'avait tout dis. Nous n'avions aucuns secrets, aucuns … excepté ceux qu'il partageait avec mon cousin.
« J'ai mal, Shaolan, si mal ! »
Il pris mon visage entre ses doigts afin de le remonter et comme auparavant déposa un doigt sur mes lèvres avant d'essuyer mes larmes de son autre main.
« Ne pleure plus. Ca me fait mal de te voir comme ça. »
Je le regardais avec admiration. Il était si calme et sur son visage transparaissait au tant de tristesse que sur le mien. J'essuyai alors mes yeux courageusement et lui pris la main me forçant à sourire avant de reprendre le chemin.
« Tu as raison. Ca n'en faut pas la peine n'est ce pas ? Je m'en doutais qu'il ne m'aimait plus depuis un moment. »
« Je ne pense pas Mayu … Vous avez certainement dû vous disputer. »
« Non, même pas. Mais ce n'est pas grave. Je survivrais enfin je l'espère. »
« Tu devrais en parler avec lui ! »
« Pour lui dire quoi ? Tu connais Kuro ! Quand quelque chose le lasse, ça ne sert à rien d'insister. »
« Peut-être mais je pense qu'il y a un mal entendu là dedans. »
Je le regardais avec étonnement. Essayait-il de me remonter le moral, de me redonner courage ou essayait-il de me dire que mon cousin m'aimait lui aussi ?
Je lui souris courageusement en me grattant d'un geste mignon l'arrière de la tête.
« Allons chercher ce Tofu frit sinon Kuro va encore râler et on sais comment il est quand il n'a rien avaler. »
« Oui ! »
