Titre: Happy Days in Hell

Auteur: enahma

Traductrices: Thamril et Méphisto

Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.

Note : Pas de spoilers du tome 5.

Chapitre 3 : Signification de la vie

Après le premier jour sans histoires et presque paisible, ils avaient eu une nuit très longue et chargée.

Couché sur le sol de la cellule, Severus Snape méditait au sujet des tortures de la nuit précédente. Il avait eu raison quand il avait pensé à la douleur comme un outil de purification et Merlin sait qu'il avait beaucoup à se faire pardonner. Il avait vraiment commis des crimes immenses et impardonnables, et donc il méritait entièrement ce qu'il avait subi. Chaque coup de poing, de pied, et chaque sort. Tout du premier moment au dernier.

Mais Potter…

Le cas de Potter était différent. Ses 'péchés' – péchés ? Ridicule ! – n'étaient rien que de légers affronts, de petites blagues, et le non-respect de quelques règles d'école. Néanmoins, il avait été torturé avec une cruauté plus grande que pour Snape, qui était le traître.

Pendant la totalité de la séance de torture, il avait put sentir sa colère devenir de plus en plus forte comme il entendait Potter hurler et pousser des cris perçants à travers le mur (ils n'étaient pas dans la même chambre de torture). Ca avait empêché Snape de méditer et de souffrir en silence. Le garçon avait été plus bruyant que tous ceux qu'il avait déjà entendu dans sa vie. C'était une grave erreur. Si vous montriez qu'il était facile de vous faire souffrir, vos bourreaux étaient de plus en plus intéressés par votre torture. Le stupide garçon… ! Pourquoi attirait-il tellement l'attention sur lui ?

Mais à la fin, quand il avait ramené le garçon dans leur cellule, il avait commencé à suspecter que quelque chose n'allait pas. En effet. Au moment ou il était entré dans cette chambre, la chambre d'Harry, il avait tout compris. Sa propre torture avait été un amusement intéressant et plaisant ou un bon passe-temps en comparaison à celle du garçon.

Il avait essayé de porter Potter avec autant de précautions qu'il le pouvait, mais c'était une tâche impossible. Aucune partie de son corps n'était indemne. Comme il soulevait Potter, les yeux verts s'étaient ouverts pendant un court moment, où il avait d'abord put voir la douleur et la confusion, mais elles avaient rapidement disparues, laissant la place au soulagement, et le corps s'était détendu dans ses bras.

Snape avait été étonné par le soulagement évident du garçon. Potter avait été soulagé de le voir ? Intéressant.

Après un très long chemin vers les donjons, il avait voulu coucher Potter sur le sol, mais le garçon avait bizarrement saisi ses vêtements (vêtements… ridicule : quelques restes de vêtements) et s'y était accroché comme si sa vie en dépendait.

« S'il vous plait, non. » gémit-il doucement. L'homme, surpris, ne savait pas quoi faire de l'enfant dans ses bras.

Heureusement pour Severus, Harry avait rapidement perdu conscience et il avait pu le poser par terre et s'asseoir à côté de lui. De toute façon, il ne pouvait pas dormir après cette nuit. Etait-ce la douleur ? Bien sûr que non. Il était habitué à la douleur. Non, c'était le comportement de Potter. Ou était-ce plutôt sa propre réaction ?

Leur destin commun pouvait causer des sentiments comme l'amour, l'affection, l'attention, l'amitié, il le savait même s'il n'était pas un expert en matière de psychologie… La douleur faisait effet même sur lui, en dépit de sa cruauté et de sa froideur habituelles. Oui, il était vraiment un bâtard impitoyable et froid ; ce n'était pas simplement un rôle qu'il jouait à l'école devant les étudiants et ses collègues. Sa décision de quitter le Seigneur des Ténèbres n'avait pas été la conséquence d'un changement dans son cœur, non, pas du tout ! Il avait eu une autre raison, plus forte que n'importe quel changement d'avis ou remord.

Albus le savait et c'est pour cette raison qu'il lui avait fait confiance. Si ça avait seulement été un changement d'opinion, le directeur n'aurait jamais accepté son offre d'espionner Voldemort. Non. Ca n'avait pas été une conversion. Ca avait été une décision. Un changement de côté sans sentiment.

Sans sentiment ?

Soudainement, il dut s'arrêter. C'était une pensée dangereuse.

Néanmoins, c'était par pure chance qu'il n'aurait pas à faire face aux conséquences de son changement fortuit de comportement envers Potter devant toute l'école. Ca aurait été intéressant : Lui et Potter ensembles… Heureusement, ils mourraient ici avec leurs nouveaux sentiments qui demeureraient cachés à tout le monde.

De nouveaux sentiments. Il frissonna soudain. Ses sentiments avaient-ils changés envers le petit idiot ?

'Ferme-la, Sev' ordonna une voix dans sa tête, lui rappelant celle de Quietus. 'Tu as déjà accepté ça, tu ne te rappelle pas ? La première nuit, le comportement inexplicable du garçon, et le réveil après ça. Oui. Tu as changé tes sentiments envers lui. Et rappelle-toi ce que tu lui as dis. ' Bien-sûr, ce n'était pas la voix de Quietus, c'était juste un reste déchiré de sa conscience.

Snape soupira. Il devait se rendre compte que le monde avait changé. Il n'était plus un bourreau, mais une victime, et le fils détesté de son ennemi juré était devenu quelqu'un de… précieux ? Ridicule, il fallait plutôt dire 'important'. Et d'un autre côté… Non. Il était inutile de s'interroger sur ces choses. Cette méditation était remplie de sentiments stupides qui avaient été sérieusement affectées par les deux jours de douleur précédents.

Au lieu de cela, il tourna sa tête vers le garçon.

Potter était déjà réveillé ; ses yeux étaient fixés sur le plafond.

« J'ai peur. Je ne pense pas être capable de le faire. » dit celui-ci calmement, alors qu'il sentait le mouvement du professeur.

« Quoi, Potter ? » demanda Snape faiblement.

« Tout. Les tortures. Je céderai. Je supplierai Voldemort de me tuer. Il avait raison. » Son ton était resté neutre et impassible.

Snape se sentit soudainement très inconfortable. Non. Le garçon ne pouvait pas dire des choses comme ça. Il ouvrit la bouche pour le détromper mais il changea d'avis.

« Avez-vous soif ? »

Le regard du garçon se tourna vers lui curieusement. Snape était soulagé. Potter avait toujours des sentiments, comme la curiosité. Ce n'était pas fini. Pas encore.

Mais après ce court regard, les yeux de Potter regardèrent de nouveau le plafond.

« Non. »

« Vous devez boire. » dit Snape aussi gentiment qu'il le pouvait. Ce n'était pas facile, le comportement amorphe l'irritait.

« Pourquoi. » ce n'était pas vraiment une question. C'était juste… un mot, un mot vide. Néanmoins, Snape lui répondit.

« Vous avez perdu trop de sang. »

« Je l'avais remarqué. »

« Les Sorts de Soin qu'ils vous ont lancés ne peuvent pas fonctionner sans un liquide dans votre corps. »

« Ils veulent justement prolonger ma douleur avec ces sorts. »

« Vous devez quand même boire un minimum. »

« Non. »

Cette fois, le Maître des Potions s'énerva réellement.

« Potter ! » grogna-t-il.

« Oui. » un son monotone, pratiquement sans vie. Snape déglutit, sa colère disparaissant dans l'incertitude croissante. L'état mental d'Harry était mauvais, très mauvais.

Il se leva, se dirigea vers la porte, pris la jarre et retourna à genoux à côté du garçon.

« Vous devez boire. » dit-il doucement en plaçant soigneusement un bras sous les épaules du garçon. Il aidait Potter à rester assis tandis qu'avec son autre main, il dirigea le récipient vers sa bouche. Fichu pot, il était trop lourd et bougeait dans sa main. Le garçon tourna de nouveau son regard vers lui.

« Désolé, monsieur. Je ne veux pas boire, je n'ai pas soif. »

« Vous le devez » dit Snape catégoriquement. « et vous le ferez. »

La jarre trembla encore dans sa main. Les tortures avaient des effets même sur lui, nota-t-il pour la seconde fois de la journée.

« Non. »

« Si. »

Comme à la garderie, pensa Snape.

Finalement, le stupide Potter ouvrit la bouche et accepta quelques gorgées. Snape soupira. Ca n'avait pas été une tâche facile. Plus compliqué que tous les Tournois des Trois Sorciers ou les infusions de Polynectar. Il reposa le pot sur le sol et allongea lentement l'enfant sur son dos. Saisissant la jarre, il but un petit peu et se redirigea sur le garçon.

« Qu'est ce qu'ils ont fait ? » demanda-t-il finalement, avec une voix aussi neutre qu'il le pouvait.

« Ca n'est pas important. » encore ce foutu ton monotone.

« Potter. C'EST important. »

« Non. Voldemort avait raison. Je suis faible. »

« Non, Potter. Vous ne l'êtes certainement pas. Ne dites pas n'importe quoi. »

« Je ne dis pas n'importe quoi. Je ne vais pas survivre longtemps. »

« C'était seulement le deuxième round. Vous ne pouvez pas abandonner aussi facilement ! »

« Pourquoi pas ? » le garçon frissonna. « Je ne pense pas qu'il y ait une règle ou une loi contre ça. »

« Vous voulez satisfaire le Seigneur des Ténèbres ? »

« Ca m'est égal. »

Les mots lui firent mal. Snape sursauta. Ca ne pouvait pas être vrai. Et d'un autre côté… pourquoi pas ? Potter était seulement un garçon de 15 ans. Ce n'était pas une chose totalement inattendue. C'était juste… décevant.

« Pourquoi pensez-vous que ce n'est pas important ? » demanda-t-il fatigué. Il se sentait soudainement vieux et épuisé. Pourquoi devait-il rendre le garçon plus fort ? Et était-il capable de le faire ?

« Je vais mourir. »

« Ne pensez pas que si vous renoncer vous n'allez pas mourir. »

« Je sais. Mais je ne souffrirais pas pendant des semaines. Ce sera court. Une lumière verte, et plus rien. »

« Potter… »

« Un éclair vert. » continua le garçon sans noter l'interruption de Snape. « Comme celui qui a tué ma mère et mon père, qui a tué Cédric. Je vais mourir comme l'araignée de Barty Croupton… » Le ton n'était pas sarcastique. Il n'était pas amer. Il était simplement vide comme un trou sombre et profond.

Quelque chose de très mauvais était en train de se passer. L'inquiétude de Snape augmentait.

« Potter. Ne dites pas ça. »

« Pourquoi pas ? Je ne veux plus vivre. »

« A cause des tortures ? » demanda-t-il avec précaution.

Un petit changement apparut sur la figure du garçon.

« Non » dit-il après quelques secondes. « Pas des tortures. Pas seulement des tortures. »

« Voulez-vous m'en parler… »

« Pourquoi pas ? » répondit Potter immédiatement. « Je pense que vous avez le droit de savoir, n'est-ce pas ? »

« Potter, je ne suis PAS une de vos victimes, ne l'oubliez pas. Tout était MA décision, donc vous n'avez pas d'obligations envers moi. Comprenez-vous ? » demanda-t-il en colère. Cet idiot de Potter commençait à lui taper sur les nerfs.

« Bien sûr… » Potter haussa les épaules.

Le sentiment familier de vide profond fit disparaître sa colère. Elle fut remplacée par une émotion étrange et confuse. Un soupçon d'inquiétude, mélangé avec une foule d'autres pensées et émotions qu'il ne pouvait pas reconnaître.

Mais l'anxiété devenait de plus en plus forte.

Il se tourna pour faire face au garçon, bien que ce nouveau mouvement soit soudainement accompagné d'un sentiment de vertige et de nausée, mais il voulait absolument regarder le garçon dans les yeux.

« Potter, quel est le problème ? » demanda-t-il sérieusement.

« Tout est sans signification. » dit le garçon si doucement qu'il pouvait à peine l'entendre.

« Tout ? Que voulez-vous dire par tout ? »

« La vie. Ma vie. »

« Vous savez que ce n'est pas vrai. »

« Je le sais ? » le garçon ri amèrement. « Non, professeur. Je sais que j'ai raison. »

Snape ne dit rien, il regardait juste fixement le garçon avec intérêt.

Potter soupira.

« Je ne sais pas si je peux exprimer ce que je ressens. Peut-être pas, mais je vais néanmoins essayer, d'accord ? » Quand Snape acquiesça, il continua.

« Je pense qu'une vie a une signification quand on a un endroit, un endroit fixe où on peut toujours retourner. »

« Un endroit ? » demanda le Maître des Potions d'un air incrédule.

« Pas un endroit physique. » soupira Potter. « C'est plutôt quelque chose comme… une famille. Une maison. »

Snape leva un sourcil.

« Mais… vous en avez une, n'est-ce pas ? »

Pour la première fois de la journée, une émotion forte apparue sur le visage du garçon.

« Oh, vraiment. » dit-il d'une voix acide. « Si vous appelez maison le lieu où je vis actuellement. Dans ce sens, j'ai une maison. »

« Oh… » le professeur était abasourdi. Que pouvait-il répondre ? Il ne savait rien de la vie de Potter avant, et il n'était pas sûr que ce soit le meilleur moment pour en parler.

« Donc, je n'ai aucun endroit où aller. Je n'en ai jamais eu. » les mots d'Harry répondirent aux soupçons de Snape.

« Et vos amis ? » il essaya dans une autre direction.

Potter soupira et sembla soudainement préoccupé. Le corps de Snape se détendit. Le garçon était toujours capable de ressentir des émotions.

« Et bien… ils ont toujours été là pour moi… Ou ils ont essayé de l'être, mais… » il ne continua pas, mais l'expression inquiète ne disparue pas de son visage.

« Mais ? » demanda Snape après un moment.

« Ce sont juste des enfants, professeur. » Harry regarda calmement Snape, qui s'était figé.

La réalisation de la simple déclaration du garçon frappa le professeur. Tout à coup, il sentit qu'il ne serait pas capable de continuer cette conversation. Il n'avait pas d'arguments. Un garçon de 15 ans… l'avait battu. Il l'avait battu facilement, sans aucun effort. Il n'était pas habitué à ça.

Harry éclata de rire, sortant Snape de sa stupeur.

« Que se passe-t-il, Potter ? » demanda-t-il, confus.

« Je… j'ai juste… vu votre expression, monsieur… » le garçon ne pouvait pas arrêter de sourire d'un air satisfait.

Snape sourit légèrement. Il pouvait imaginer cette expression.

« Potter, dans la vie, il y a d'autres choses que la maison et la famille. » l'homme continua soudainement la conversation interrompue.

« Vraiment, monsieur ? » au grand soulagement de Snape, le garçon était apparemment dans une meilleure condition. Mais il pouvait toujours entendre des traces d'incrédulité et de vide dans sa voix.

« Oui, Potter. Croyez-moi. Je le sais. » Snape s'arrêta. Il ne se comprenait pas. Pourquoi mélangeait-il des références personnelles à cette foutue conversation ?

« Et quelles sont ces 'autres choses' ? » Il entendit la voix curieuse d'Harry. Curieuse ? Un bon signe. Il termina rapidement l'auto réprimande et regarda le garçon couché à côté de lui.

« Les choses internes. Les valeurs intrinsèques. Les choses qui font de vous la personne que vous êtes. Comme vous l'avez dit à Voldemort, vous ne négocieriez pas votre âme.

« Pouvez-vous définir mon âme, monsieur ? »

Snape acquiesça.

« Oui. Je veux dire tout ce qu'il y a à l'intérieur de vous : vos sentiments, vos connaissances, votre sagesse, vos décisions, les choses qui vous composent. Celles-ci sont plus importantes que les choses extérieures, comme la maison ou les gens qui vous aiment.

Il y eut un long silence entre eux. Snape vit l'incertitude du garçon, et lui-même commençait à douter de la vérité de sa précédente déclaration. Etait-il vrai que des valeurs internes pouvaient donner une raison de vivre ? En pensant à sa propre vie, une vie sans maison ni amis…Bien sûr, il y avait eu des choses très importantes dans sa vie, mais depuis que Quietus était mort… tout avait perdu sa couleur, les significations et les buts s'étaient effacés.

« Et bien… » commença Harry, qui semblait aussi incertain que l'était Snape au fond de lui. « D'un côté, je comprends ce que vous voulez dire. D'un autre côté, je ne suis pas d'accord. »

« Oh ? » l'homme était très curieux. Est-ce que le garçon était capable d'ajouter un bon argument dans son débat interne ?

Harry soupira profondément avant de répondre.

« Il semble si raisonnable de vivre pour des valeurs internes. De continuer correctement grâce à elles. Mais… » il se gratta le cou pensivement. « Parfois, vous avez besoin d'un peu d'aide extérieure aussi. Pour vous donner la force de continuer.

C'était vrai. Snape ne pouvait pas s'empêcher de penser à sa propre conversation avec Albus et Minerva.

« Vous avez ces aides extérieures, je pense. » répondit Snape tranquillement.

« Oh, je les ai ? » Il y avait un peu de sarcasme dans la voix du garçon.

« Bien sûr. Vous avez des gens qui vous aiment. Ils ne sont pas ici pour l'instant, mais, néanmoins, ils vous aiment vraiment. Et... » Comment pouvait-il expliquer ça au garçon ?

« Et ? »

« L'autre aide pour voir la signification de votre vie est la douleur. »

Le garçon ne rit pas, bien que Snape se soit attendu à ce qu'il fasse quelque chose comme ça. Au contraire, il sembla penser à la signification de la phrase.

Un adolescent pouvait-il comprendre une déclaration si dure ? Quand il l'avait dit, il avait été sûr que Potter ne comprendrait pas. Mais... maintenant, il semblait pouvoir le faire.

« Hum... professeur » dit finalement Harry. « Je ne suis pas sûr que je vous ai bien compris. Puis-je essayer d'exprimer ce que je comprends ? »

« Bien » dit-il. Le garçon était plus intelligent qu'il ne l'avait jamais soupçonné. En réalité il n'avait jamais pensé qu'il soit intelligent. Vraiment... « Donc ? »

« La douleur est un signe de mon… importance » Harry se battait visiblement pour s'exprimer, mais les mots ne venait pas facilement. Soudainement, quelque chose lui vint à l'esprit et il continua. « La douleur est un signe de haine. Être détesté est mieux qu'être ignoré. »

« Excellent, Potter. Cinquante points pour Gryffondor. »

Harry sourit légèrement, mais secoua la tête

« Monsieur, vous ne pensez pas que cinquante points sont trop pour une réponse aussi inadéquate ? »

« Et bien... non, je ne pense pas. Mais la réponse n'était pas complète, vous avez raison » sourit Snape en retour.

« Comme je le pensai » acquiesça Harry sérieusement. « Alors, s'il vous plaît, dites-moi la partie qui manque, monsieur »

« C'est une des choses les plus importantes dans la vie, Potter. Donc vous devez faire attention si vous voulez comprendre ce que je dis. »

« Bien, monsieur »

Snape acquiesça et commença à expliquer, « La direction de la douleur vous montre qui vous êtes. Si vous causez de la douleur à quelqu'un d'autre, vous êtes faible. Si vous devez subir la douleur, vous êtes fort. Ou plutôt, plus faible et plus fort, parce que tout cela dépend de deux personnes - ou plus. »

« La douleur me montre que je suis plus fort que Voldemort même si les apparences disent le contraire ? » demanda Harry avec des yeux brillants.

« Exactement, Potter. Mais... » il voulut ajouter quelque chose, mais le garçon l'interrompu.

« Alors je suis plus fort que vous aussi » souri Harry largement.

« Que... Potter » commença-t-il d'un air menaçant, mais il fut de nouveau interrompu.

« Vous m'avez torturé pendant quatre ans. Je ne vous ai jamais torturé. Vous m'avez causé de la douleur. Je l'ai subie. Donc je suis plus fort que vous dans notre relation. »

Cela ne pouvait pas être vrai. Pour la deuxième fois dans la journée, le garçon le stupéfiait sans baguette. Son argumentation était si parfaite et si joliment construite qu'il ne put s'empêcher de rire.

C'était si étrange. Ils étaient assis dans l'Enfer après toute une nuit de torture, Harry Potter et Severus Snape, le 'golden' Garçon-Qui-Avait-Survécu et le bâtard graisseux Mangemort-Devenu-Espion, et ils riaient de la légère, mais néanmoins fondée, impertinence du garçon.

C'était étrange, mais c'était bon.

C'était quelque chose comme du bonheur.

« Professeur, puis-je vous poser une... question personnelle ? » demanda Harry après un moment.

« Je verrai. Posez votre question et je déciderai si je veux y répondre ou non. » acquiesça Snape.

Harry se sentait visiblement mal à l'aise. Il changea de position, mais il continua de fixer son professeur dans les yeux.

« Si vous connaissez cette sorte de… vérité à propos du sens de la douleur, pourquoi êtes-vous devenu Mangemort ? »

Harry remarqua immédiatement que le visage de Snape s'était obscurci. Pendant un instant, il eut peur que le professeur se fâche et reprenne son ton moqueur et sarcastique habituel, mais Snape haussa juste les épaules et commença à parler.

« Quand j'étais jeune, je cherchais le pouvoir. Et j'ai pensé, comme beaucoup d'autres, que le pouvoir signifiait le contrôle complet des gens autour de moi. Depuis mon enfance et particulièrement dans ma famille, la Magie Noire avait toujours été la façon évidente d'y parvenir et c'était, je pense, la voie plus facile aussi. Bien sûr je n'avais jamais pensé la Magie Noire comme la voie facile, cependant... »

« Si vous y aviez réfléchi alors vous auriez probablement choisi l'autre côté » Harry termina la phrase et Snape lui en fut reconnaissant. En réalité, il pensait à d'autres choses qu'il n'était pas sûr de vouloir partager avec Potter.

« Oui » approuva-t-il. « Généralement, les apparences sont trompeuses. Ca prend du temps pour comprendre que tout n'est pas ce qu'il semble être. Au contraire, il y a seulement quelques rares exceptions, où l'apparence ne cache pas quelque chose d'autre. »

« Voldemort est une exception, n'est-ce pas ? » demanda Harry interrompant le professeur. « Il est ce qu'il semble être. »

« Euh... oui, oui maintenant. Mais au début ce n'était pas si clair. Il était un bel homme, qui ressemblait à un idéaliste qui voulait juste redorer l'autre côté de la Magie - ou de l'Art, comme il l'appelait - le Côté Sombre. Il avait beaucoup de disciples, pas seulement des Serpentards, mais de toutes les Maisons... »

« De toutes les Maisons ? De Gryffondor aussi ? » Le garçon le regardait totalement incrédule.

« Oui, de Gryffondor aussi » répondit-il un peu froidement. « Si je me souviens bien, vous en connaissez même un. »

Harry pâli légèrement. « Oui » murmura-t-il doucement. « Peter Pettigrow. »

« Et il n'est pas le seul. »

Harry se tut pendant de longues minutes. Puis il soupira.

« Peut-être que vous ne devriez pas me dire, au moins pas maintenant » chuchota-t-il.

« Pourquoi ? » demanda Snape sincèrement. Il comprenait pas le point de vue du garçon.

« La signification de la vie à nouveau » expliqua Harry. « La vie est si déroutante. Il est très dur de vivre sans avoir des idéaux à respecter. Voir les Gryffondors comme des créatures parfaites, par exemple. »

« Potter » dit Snape doucement. Harry releva la tête, surpris. Il attendait une réprimande, pas de la compréhension. « Si vous devez faire face à la vérité, vous devez faire face à toute la vérité, comme elle est. » Il posa sa main sur l'épaule du garçon et le regarda dans les yeux. « Le monde n'est pas noir et blanc. C'est un mélange de différentes nuances de gris, comme les gens qui y vivent. Donc la chose la plus importante sur laquelle vous devez vous concentrer est vous. Pas vos intérêts, mais votre personnalité et votre conscience. Vous devez vivre de façon à être en paix avec vous-même. Est-ce clair ? »

Harry acquiesça. Snape enleva sa main de l'épaule du garçon.

« Bien. Comment allez-vous ? »

Les yeux d'Harry, qui étaient fixés sur le plafond, se dirigèrent à nouveau vers Snape.

« Euh... Qu'entendez-vous par là, monsieur ? » demanda-t-il, la confusion visible sur son visage.

« Quoi ? » demanda Snape, également dérouté.

« Vous voulez dire... physiquement ou mentalement ? »

« Oh » l'homme acquiesça. « Les deux ».

« Mentalement, je me sens parfaitement bien » il sourit à Snape. « Grâce à vous. Quant à ma condition physique... je pense que ça va mieux également. »

Snape fut étonné par les remerciements du garçon. Il n'était pas habitué à en recevoir.

« Bien que l'idée qu'ils vont bientôt venir pour nous ne soulage pas ma douleur. »

Snape frémit de dégoût.

« Je ne pense pas que vous devriez vous inquiéter. Quand ça vient, vous devez y faire face. Mais jusque-là, vous ne devez pas vous inquiéter de cela. »

« Je promets que j'essayerai, monsieur. »

« Bien. »

Ils restèrent assis pendant quelques temps dans un silence confortable.

« Hum... professeur ? » Harry ouvrit la bouche timidement.

« Oui, Potter ? » Qu'es-ce que Potter voulait encore ? Snape était ennuyé. Il n'avait jamais été quelqu'un de bavard et cette conversation avec le garçon l'épuisait.

« C'est trop dur de ne pas penser à… l'avenir, si nous sommes juste assis ici dans le silence complet. Ne pourrions-nous pas continuer à parler de quelque chose ? »

« De quoi voulez-vous parler, Potter ? » demanda Snape mi-curieux, mi-ennuyé.

« Si vous ne voulez pas parler de choses personnelles ou philosophiques, vous pouvez toujours me donner des cours de potions » offrit Harry.

« Qu…quoi, Potter ? » Snape le regarda choqué.

« P-o-t-i-o-n-s, monsieur » sourit-t-il largement.

Après un moment, Snape réussi à récupérer sa maîtrise de soi (il n'était pas un bon espion pour rien !) mais il n'était pas sûr de ce qu'il devait dire.

« Ecoutez, Potter. Pourquoi voulez-vous étudier les potions ici ? Ca n'a aucun… sens, vous ne trouvez pas ? »

« Aucun sens ? » demanda Harry avec un sourire amusé. « Si je me souviens bien, nous avons eu une magnifique discussion à ce sujet récemment, n'est-ce pas ? »

Snape ne put pas s'empêcher de sourire en retour. Ce garçon...!

« Potter. S'il vous plaît. N'utilisez pas mes phrases contre moi. C'est la troisième fois... »

« Regardez, professeur. Vous devez aussi faire face à la vérité entière même si elle est dite par vous! »

« Potter! La quatrième fois...! » Snape éleva la voix, amusé.

« Je ne vous ai jamais demandé de m'aider en Maths, monsieur » dit le garçon dans un sérieux moqueur.

Ils éclatèrent de rire à nouveau. Ils eurent besoin de quelques longues minutes pour se calmer.

« Je n'aurais jamais imaginé ça avant » dit Harry après avoir respiré.

« Ce n'est un simple fait psychologique, rien de plus » répondit Snape.

« Quoi ? Le rire ? Ou le comportement aimable ? »

« Les deux. »

« Oh » était-ce de la désillusion dans la voix Potter ? « Je pensais que c'était votre décision. »

« Quoi ? » Snape fronça les sourcils comme il essayait de suivre le raisonnement du garçon.

« Vous m'avez dit hier que vous vouliez mourir en paix. J'ai pensé que vous aviez juste essayé de faire un effort. Et ensuite vous avez dit que tout ça n'était qu'une simple conséquence de quelques faits psychologiques. »

« Bien. Premièrement : c'était la cinquième fois que vous m'avez renvoyé mes propres phrases! Deuxièmement : le désir de mourir en paix est un fait psychologique aussi. »

« Et où êtes-vous derrière ces faits psychologiques ? » demanda le garçon, des étincelles espiègles dans les yeux.

« Je vous tuerai, Potter. Je ne laisserai pas le Plus Grand Bâtard le faire. Je veux le faire. Maintenant! »

Ils se regardèrent fixement, amusés, Snape simulant la colère et Harry pouffant de rire dans son souffle. Après un moment, le garçon demanda de nouveau.

« Est-ce Voldemort que vous appelez le Bâtard Suprême ? » Il regarda curieusement le professeur.

« Qui d'autre ? » demanda Snape en réponse.

« Pourquoi le 'Bâtard Suprême' ? Pourquoi pas Bâtard-le-Grand ? »

« Simple. Il n'est pas vraiment un grand sorcier. Il est seulement un immense bâtard » expliqua-t-il d'une façon professionnelle.

« Vraiment, mon cher professeur ? » siffla soudainement une voix venant de la porte.

Voldemort était debout dans l'embrasure ; ses yeux rouges, furieux, semblaient brûler à la lumière de la torche.

« Je pense que votre temps libre est terminé. C'est notre tour de nous amuser ! » dit-il d'un air menaçant. « Ce sera très divertissant. »

Snape tourna sa tête vers Harry.

« N'oubliez pas ce que j'ai dit à propos de la signification » chuchota-t-il doucement.

Harry acquiesça, les yeux inquiets.

« Vous non plus ! »


« Je me répète pour la dernière fois : je ne sais pas où est Harry Potter ! » s'emporta Dumbledore en regardant le ministre assis devant lui.

« Vous l'avez caché, n'est-ce pas ? Bien que je ne puisse pas comprendre vos raisons. Nous devons examiner les circonstances de la mort de Cédric Diggory et nous avons seulement le jeune Harry Potter pour porter témoignage de ce malheureux événement. Nous ne pouvons pas accepter votre ridicule conte à propos du retour de Voldemort tant que vous ne nous montrez une preuve de cela. Et quant au comportement du Professeur Snape... J'aurais du savoir après l'évasion de Black, quand il s'extasiait... Je pense que le Conseil d'administration va examiner de très près son dossier. D'autre part, Professeur Dumbledore, même si vous ne voulez pas aider le Ministère, nous trouverons Harry nous-même. »

« Et que prévoyez-vous de lui faire ? » demanda Dumbledore d'une voix sévère. « Le questionner ? Ou l'accuser du meurtre de Cédric Diggory ? Peut-être que votre plan est quelque chose d'encore plus sinistre ? Que ferez-vous si vous découvrez finalement qu'Harry Potter, un garçon de 15 ans, est le nouveau Seigneur des Ténèbres ? »

«Monsieur le Directeur... » Fudge pâli légèrement et essaya de répondre, mais Dumbledore l'arrêta d'un regard.

« M. le ministre, si vous commettez une telle stupidité, n'oubliez pas que vous m'accusez aussi ! Et si j'étais vous, je ne me battrais pas contre les partisans de l'autre Côté Lumineux quand Voldemort, oui, Voldemort et pas Vous-Savez-Qui, revient et gagne à nouveau le pouvoir ! Même si vous n'y croyez pas, il est de retour, il est en train de se préparer contre nous, et si nous ne sommes pas prêts, nos pertes seront beaucoup plus importantes que la dernière fois ! Me comprenez-vous, M. le Ministre ? »

« Ou... oui, monsieur... » La voix du Ministre était faible et impuissante.

Dumbledore acquiesça.

« Bien, M. le Ministre. Je dois partir maintenant. N'oubliez pas de réfléchir à ce que je vous ait dit. Au revoir ! » dit-il avant de quitter la pièce.

Pendant son retour à Poudlard, il s'inquiéta de l'étrange comportement du ministre. Le Ministère voulait de nouveau résoudre le problème le plus simplement possible. S'ils prétendaient qu'Harry était le Seigneur des Ténèbres, ils auraient les réponses à la mystérieuse évasion de Black, à la mort de Cédric Diggory et ils auraient partiellement raison... C'était très dangereux. Une semi-vérité est une arme plus cruelle contre la vérité que le simple mensonge.

Avec des déclarations à moitié vraies, il était si facile de dérouter les gens. La deuxième année d'Harry était un bon exemple. Fourchelangue et puissant - et tout le monde avait cru que le pauvre garçon était l'Héritier de Salazar Serpentard. Et il y avait quelques faits similaires à la disposition du ministère pour manipuler la société sorcière. La capacité d'Harry à parler fourchelangue. Le mystérieux pouvoir avec lequel il avait défait le Lord Sombre à l'âge d'un an. Sa baguette, qui était la jumelle de celle de Voldemort. Sa relation avec Black et la mystérieuse évasion de ce dernier l'année précédente. Et, finalement, la mort de Cédric.

Pour la première fois, Dumbledore se rappela du temps où Mercury était Ministre de Magie avec nostalgie. L'homme était borné, et même cruel parfois. Mais au moins, il n'avait jamais été le ver manipulateur de fichiers que Fudge était. Et surtout, Mercury ne s'était jamais battu contre lui. Ils n'avaient pas été amis, Merlin nous en préserve ! Mais quand la guerre avait éclaté, ils avaient été des alliés, pas des adversaires.

Quant au plan de Fudge, tous cela était beaucoup trop dangereux pour Harry. Sans mentionner les réactions prévisibles des autres étudiants lorsque la nouvelle année scolaire aurait commencé. Il avait besoin d'un plan pour rendre la situation d'Harry un peu plus facile.

En réalité, il avait une idée qui pourrait résoudre le problème, au moins temporairement.

Le secret de Lily.

Mais d'abord, il devait trouver le garçon et, avec un peu de chance, Severus.


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