Titre: Happy Days in Hell
Auteur: enahma
Traductrices: Thamril et Méphisto
Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.
Note : Pas de spoilers du tome 5.
Chapitre 4 - Le Pénitent
Ils étaient restés debout dans la chambre de torture, face au mur, pendant 22 heures. Harry se sentait incroyablement fatigué et le besoin urgent qu'il ressentait le rendait complètement malade. Parfois, il regardait le Maître des Potions debout à côté de lui juste pour... le surveiller ? Oui, d'une certaine manière, et aussi pour étudier le comportement de l'homme. Ca avait commencé à être son passe-temps dès le début de leur séance de torture, car cette fois ils étaient torturés ensemble. Voldemort avait été là seulement pendant les moments 'intéressantes' de la torture et il avait toujours fait attention à diriger la manière de les torturer avec des conseils avisés. Entre les heures de douleur, on les forçait à se tenir face au mur en silence.
Harry surprit le regard du professeur vérifiant comment il allait de temps en temps, et une fois, quand ils restèrent seuls pendant quelques minutes, Snape lui demanda même avec une expression inquiète sur le visage encore plus pâle qu'à l'habitude :
« Potter, allez-vous bien ? »
« Heu... presque, monsieur, mais j'ai besoin d'aller aux toilettes. » Snape acquiesça.
« J'imagine. Mais vous ne devez pas penser à cela, pas du tout. Ils veulent vous abaisser autant qu'ils le peuvent. Ils ne vous permettront pas d'y aller. »
Harry soupira. Ses soupçons venaient d'être confirmés.
« Qu'est-ce que je peux faire alors, monsieur ? »
« Rêvassez-vous souvent, Potter ? » Demanda-t-il d'un ton maladroit. « Si ce n'est pas le cas, vous devriez commencer maintenant. Pensez à quelque chose de drôle et forcez-vous à ignorer vos besoins. Vous comprenez ? Vous devez garder votre dignité, si vous voulez survivre. »
Survivre... comme si c'était possible...
D'abord, Harry n'avait aucune idée du genre de rêverie qui pouvait être plus forte que ses besoins et ses douleurs. Regardant toujours Snape, il essaya d'imiter le comportement de l'homme. Il semblait si ferme, si stable qu'Harry l'enviait secrètement. Serait-il jamais aussi fort que lui ? Il serra les cuisses, son long tourment le faisant suer. Personne ne les blessait, et d'un autre côté... c'était encore pire que les coups ou les sorts. Il avait désespérément besoin de quelque chose sur lequel il pourrait se concentrer avant que... avant que quelque chose ne puisse arriver.
Il soupira et regarda Snape de plus près, essayant de découvrir les rêves de l'homme. L'homme rêvait très probablement de potions particulièrement horribles ou d'enlever des points à Gryffondor pour quelques violations imaginaires du règlement... C'était un jeu intéressant, plus intéressant que de rêver soi-même. Il ne savait pas grand-chose du professeur, alors il comblait ainsi ses lacunes avec des images de la vie imaginaire de Snape et de ses passe-temps.
Elles étaient vraiment drôles. Après un moment, Snape montant sur un balai en tant que batteur (par exemple) devint son image favorite comme il imaginait le professeur, les cheveux longs et graisseux volant dans le vent, tenant sa batte et l'agitant d'une manière menaçante dans sa main... Ou l'autre favorite : Snape cueillant des fleurs. Pour des potions, naturellement, mais la seule pensée de Snape dans un grand champ en train de ramasser toutes sortes de fleurs colorées était sans prix. Pendant un instant, il en ricana presque, et il réussit à peine à rester sérieux. Snape ramassant des fleurs était presque aussi hilarant que Snape se lavant les cheveux... Harry décida que, s'il parvenait à sortir d'une façon ou d'une autre de cet enfer, il partagerait ces idées avec Ron.
Parfois, Harry se sentait un peu honteux de ses pensées, et il les regrettait quand ils revinrent et que la torture du professeur continua. La première fois qu'il vit Snape dans une misère évidente, il réalisa que ses sentiments envers le méchant bâtard de professeur avaient changé totalement. L'inquiétude et la douleur de le perdre étaient pires que dix Doloris. Harry ne voulait pas qu'il meure, non, jamais ! Cependant, il essaya de cacher ses sentiments, parce qu'il ne voulait pas que leurs tortionnaires augmentent les douleurs du professeur juste parce que ça le torturait lui, Harry. Il savait très bien que le but principal de Voldemort était plus de le briser que de punir Snape, et que le Bâtard Suprême planifiait d'utiliser leur lien encore faible pour leur causer de plus en plus de douleur.
Oui, il était sûr que c'était le but de Voldemort en les mettant ensemble : le chantage. Si Snape connaissait ces théories psychologiques au sujet de la douleur et des liens, alors Voldemort pouvait les connaître tout aussi bien. Et s'il savait, il avait sûrement pensé qu'il serait plus facile de les briser ainsi. Ce devait être une manière habituelle et vicieuse de torturer des personnes, et ils n'étaient sûrement pas les premiers.
Regarder Snape souffrir ainsi lui brisait le cœur, à tel point qu'Harry fut presque reconnaissant quand son tour arriva. Il ne voulait plus jamais voir Snape souffrir et se tordre en silence. C'était pire que lorsqu'il criait ; cette douleur silencieuse... Snape était réellement très fort, et Harry voulait la même force. Alors il lutta également pour retenir ses cris autant qu'il le pouvait. Quelque part, il savait qu'il voulait également soulager la situation de Snape. Peut-être que s'il parvenait à retenir ses cris de douleur, Snape ne penserait pas qu'il souffrait autant.
C'était le cinquième ou le sixième round, quand il réussit finalement à souffrir presque silencieusement. C'était un sentiment satisfaisant, et soudainement il comprit les paroles de Snape au sujet de la dignité, et la signification du long discours concernant l'utilisation de la douleur devint de plus en plus claire. Sa vie n'était plus sans signification. Dans les moments de douleur silencieuse, il sentit sa puissance s'accroître grâce à cette connaissance.
Quand le dernier sort cessa et qu'il se trouva sur le sol essayant difficilement de respirer, il entendit la voix haïe s'adresser au professeur.
« Je vois, Snape, que tu n'as pas perdu de temps pour expliquer certaines choses importantes à M. Potter au sujet de la victoire sur la douleur, n'est-ce pas ? Ou bien ne fait-il que t'imiter ? Êtes-vous à ce point bons amis ? Et je ne peux pas m'empêcher de me demander si tu lui as dit qui était ton 'professeur' ? Et à propos de tes expériences de l'autre côté de la baguette ? Tes compétences professionnelles en torture ? En sortilèges ? En assassinat ? T'es-tu déjà présenté au garçon ou bien as-tu juste joué le rôle du gentil devant lui ? »
Le cœur de Harry s'arrêta pendant un instant. De quoi parlaient-ils ?
Voldemort se dirigea vers Harry et retourna le garçon sur le dos avec sa jambe.
« Peut-être que vous pourriez tester, M. Potter, une potion vraiment étonnante développée par votre professeur ici-présent, et nous pourrons ainsi rendre cette petite séance plus intéressante. Etes-vous d'accord M. Snape ? » il se tourna soudainement vers le Maître des Potions.
Harry pu voir les yeux de Snape s'écarquiller d'horreur.
« Laissez le garçon tranquille » dit-il d'une voix rauque, mais Voldemort ne fit que hausser les épaules.
« Pourquoi devrais-je le laisser ? » demanda-t-il d'un ton curieux qui sonnait faux.
Snape gémit. Il ne pouvait rien dire pour convaincre le Seigneur des Ténèbres d'abandonner sa victime. Il réalisa que le but de Voldemort était de briser la maigre confiance qui existait entre eux, et d'affaiblir leur résistance en répandant les germes d'une méfiance mutuelle. Il était sûr que si Voldemort parlait de son passé, le garçon ne lui ferait plus jamais confiance. Et si Voldemort lui donnait ces potions...
Pendant un moment interminable, il sentit la panique s'emparer de lui. Il ne voulait pas perdre la confiance du garçon, bien que ne sachant pas pourquoi. Il était persuadé que s'il la perdait, ses jours heureux en enfer prendraient fin également.
Harry remarqua les changements sur le visage de Snape et soudain, il parla.
« Je suis prêt à faire face à toute la vérité. » Il espérait juste que Snape comprendrait ce qu'il voulait dire.
« Nous allons voir » le Seigneur des Ténèbres se tourna vers lui, un sourire mauvais sur le visage.
Le temps devint une suite sans fin de différentes douleurs, et au bout d'un moment, Harry ne pouvait plus rien sentir autour de lui. Le monde devint une grande tâche floue où des silhouettes se déplaçaient, mais il resta juste étendu sur le sol combattant les diverses douleurs, parfois incapable de retenir un gémissement ou un cri. Il se sentait mortellement épuisé, il voulait mourir ou dormir ou perdre conscience, mais Voldemort faisait très attention à lui lancer un Ennervate à chaque fois qu'il s'évanouissait.
Pendant des instants très courts entre deux potions, il pouvait voir la profonde torture de Snape comme il était obligé d'observer la séance entière. Et malgré le fait qu'il savait que le professeur était responsable de toute cette douleur, il ne pouvait pas lui en vouloir. Il ne savait pas pourquoi.
Après deux heures supplémentaires, Voldemort n'était plus capable de l'Ennervate. Il était éveillé, mais juste légèrement. Il put juste sentir un bras s'enrouler avec précaution autour de lui, et s'occuper de lui comme d'un petit enfant. Il sentit les pas chancelants de l'homme qui le portait. L'homme parvint à le porter presque jusqu'au bout des escaliers, quand il le laissa tomber, et il roula jusqu'à la porte de la cellule, mais à sa propre surprise ça ne lui fit pas mal. Ce n'était tout simplement pas important. C'est à ce moment là qu'il perdit finalement conscience.
Lorsqu'il se réveilla, il était dans la cellule familière, étendu sur le plancher près de la porte. Snape était toujours inconscient et Harry décida de faire la 'routine matinale' autant qu'il le pouvait ici. Dans la jarre, il trouva étonnamment de l'eau propre et fraîche. Il essuya son visage avec un morceau de robe humide, nettoyant les restes des diverses potions sur ses lèvres et ses joues. Il s'excusa vis à vis de lui-même de gaspiller de l'eau, mais il se rinça également la bouche. Il ne voulait pas avaler sa salive amère, mélangée à tous les liquides qu'il avait été forcé d'avaler. Finalement, il but. C'était meilleur que tout ce qu'il avait jamais senti dans sa vie. Après cela, il retourna dans son coin et s'assit contre le mur, fermant les yeux.
Sa tête tournait, et son estomac lui faisait mal. Ses muscles étaient endoloris et plusieurs parties de son corps souffraient toujours. Chaque souffle était douloureux, car ses côtes se levaient et s'abaissaient, les os fêlés explosant presque de douleur, et les quintes de toux, qui le saisissaient de temps en temps ne faisait qu'augmenter cette souffrance inévitable. Les larmes coulaient sur ses joues dans une agonie silencieuse.
Et c'était juste le début, vraiment. Que ferait-il de cette douleur constante les jours suivants ? Pourrait-il la diminuer ou devrait-il l'accepter et apprendre à vivre avec elle jusqu'à ce que Voldemort décide finalement de les tuer ? Il ne savait pas, mais les perspectives futures ne lui semblaient pas pleines d'espoir.
Et par-dessus tout, il avait faim et froid. Après toutes ces potions acides, son estomac, noué par la douleur et la faim, avait besoin de nourriture consistante. Il ne pouvait pas s'en empêcher, mais penser à ses plats favoris ne faisait qu'augmenter le vide béant de son ventre, et il essaya donc de trouver un autre sujet auquel penser. Des vêtements chauds. C'était un autre bon sujet, mais complètement sans espoir, comme celui de la nourriture. Il soupira, désespéré, quand il entendit un bruit soudain venant de Snape. Harry ouvrit les yeux et força sa faible vision à regarder la scène à quelques pieds de lui. Le professeur se tordait sur le sol, probablement sous l'effet d'un cauchemar, et murmurait d'une manière extravagante.
« Quietus, tu dois... Non... Ne... Pourquoi ne pouvez-vous pas comprendre ? Attendez... Je ne peux pas faire ça ! Non. Père, père, tuez-moi maintenant ! Tuez-moi, tuez-moi... Non, pas lui, pas Quietus, s'il vous plait, pas lui, Quietus, non ! NOOON ! » Le dernier mot était fort et plein de désespoir. Harry frissonna, et rampa plus près de Snape. Ce qu'il vit le choqua énormément. Les larmes coulaient sur le visage de l'homme et des sanglots silencieux secouaient son corps. Harry sentit un besoin pressant de faire quelque chose, de le réconforter d'une façon ou d'une autre, mais il était si incertain... Avec précaution, il toucha le visage de l'homme et essuya ses larmes avec des mouvements tendres, caressant ses joues et murmurant tranquillement quelques mots réconfortants.
L'homme se calma lentement. Harry pu voir un faible sourire apparaître sur son visage.
« Quietus ? » demanda-t-il chaleureusement, les yeux toujours fermés. C'était un ton inhabituel venant du bâtard sans-cœur, pensa Harry.
« Non, professeur » répondit-il calmement et lentement, en retirant sa main. « Juste moi, Harry. Harry Potter. »
Snape expira longuement et son sourire disparu. Harry pu voir sa mâchoire se serrer. Après un moment il ouvrit les yeux.
« Bonjour, M. Potter » dit-il de son habituelle voix froide. En vérité, il était seulement embarrassé comme il sentait les traces des larmes dans ses yeux et sur son visage. Il avait pleuré devant Potter. La situation était plus qu'embarrassante.
« Bonjour, monsieur » dit le garçon poliment, mais quelque chose comme de la déception transparaissait dans sa réponse.
Pendant un court instant, Snape sentit la colère grandir à l'intérieur de lui. Mais le souvenir des douces caresses lui revint à l'esprit, repoussant la colère. Le garçon l'avait-il réellement touché ? Lui, le bâtard dégoûtant, graisseux et laid ? C'était vraiment inimaginable. Il y avait peu de personnes qui avaient jamais montré de la bonté envers lui ou l'avaient touché volontairement. Et maintenant le garçon... Pourquoi ?
Il essaya de s'asseoir, mais quand il échoua, il s'appuya sur ses coudes.
« Si je peux me permettre de vous poser la question, Potter, qu'est-ce qu'il vous a pris de me toucher ? » aboya-t-il nerveusement.
« Vous avez fait un cauchemar et vous pleuriez. » répondit le garçon d'un ton neutre. « Et... J'ai voulu d'une certaine façon… »
« Voulu quoi ? » Sa voix était dure et agressive. Comment cette andouille effrontée avait-elle osé... ?
Harry sursauta en entendant le ton menaçant.
« Vous réconforter. » chuchota-t-il. « Juste vous réconforter, rien d'autre. Je suis désolé, monsieur. » il chuchota les derniers mots mais la profonde tristesse était toujours parfaitement audible pour Snape. Donc, quand le garçon se tourna pour se diriger vers son coin, la voix de Snape l'arrêta.
« Attendez, Potter. »
Harry se retourna de nouveau et regarda le professeur. Pendant un long moment il y eut un silence parfait.
« Merci. » murmura finalement Snape et, cette fois, ce fut lui qui se détourna d'un Harry figé.
Il y eut de nouveau un long silence inconfortable entre eux. Ni l'un ni l'autre ne savait comment engager une conversation ou ce qu'ils étaient supposés faire ou dire. Harry, avec des efforts évidents, rampa vers son coin et s'assit de nouveau, en ramenant ses genoux contre lui. Sa poitrine lui faisait très mal à cause de ce mouvement, mais il avait trop froid pour s'en inquiéter. Il serra très fort ses jambes et ferma les yeux. Cette position semblait être la plus satisfaisante contre le froid qui l'entourait et pénétrait sous sa peau, dans ses os.
Les donjons étaient toujours froids, celui-ci ne faisait pas exception, et les restes de ses vêtements ne pouvaient pas couvrir son corps glacé. Après quelques instant, il se mit à trembler.
Il ne remarqua pas que le Maître de Potions le regardait, jusqu'à ce que l'homme soupire finalement et tousse pour attirer l'attention d'Harry.
« Potter, que diriez-vous si je m'asseyais à côté de vous ? » demanda-t-il tranquillement.
Harry acquiesça simplement. Il n'y faisait pas attention. Snape se leva difficilement, sifflant parfois de la même douleur qu'Harry, se pencha avec précaution et pris sa cape en loque du sol où il l'avait laissé il y a deux jours. Elle était raide du sang coagulé et extrêmement dégoûtante, mais c'était le seul semblant de couverture disponible ici. Il s'assit à côté du garçon tremblant et serra étroitement la cape autour d'eux. Il essaya de ne pas toucher Harry, mais le manteau n'était pas assez grand pour s'écarter, et le garçon avait de toute manière besoin de quelque chose de plus chaud que la cape, donc il laissa leurs côtés en contact dans le cocon qu'il venait de créer. »
« Potter, je pense que nous devons parler. » dit-il doucement, après avoir fini d'arranger la cape.
Harry acquiesça de nouveau et essaya désespérément de ne pas penser à la maladresse de la situation.
« De quoi voulez-vous parler, monsieur ? » demanda-t-il en baissant les yeux vers ses genoux.
« Vous souvenez-vous de la question que vous m'avez posée hier ? »
« Etait-ce hier que nous avons eu cette discussion ? » demanda Harry faussement incrédule. « Il me semble que c'était il y a deux jours ou plus. Ou des années... »
« Le temps joue avec nous, Potter » sourit Snape faiblement. « Mais à propos de ma question. Vous souvenez-vous... »
« Quelle question, monsieur ? » l'interrompit Harry et il bailla. « Nous avons eu une longue discussion avec beaucoup de questions. »
« Votre question, à laquelle je veux bien répondre maintenant, était liée à mes activités de Mangemort. » expliqua Snape, d'un ton las.
« Oh ! » Harry frissonna. « Et... monsieur... pourquoi voulez-vous parler de ça ? »
Snape se passa la main dans les cheveux. Vraiment, pourquoi ? Mais il repoussa cette pensée.
« Je pense que ce serait mieux pour nous deux que ce soit moi qui vous parle de cela et non Voldemort. Vous ne pensez pas ? »
« Certainement, monsieur. Mais vous n'avez pas besoin de parler de ça si vous ne le voulez pas. Je sais quel est le but de Voldemort... Et je ne vous blâmerai pas, monsieur, quoi qu'il dise sur vous et quoi qu'il me fasse. Je m'en moque. Je ne le crois pas de toute façon. »
Snape baissa la tête, incapable de parler. Il y avait trop de similitudes entre Potter et Quietus, et ces similitudes le tourmentaient. Le désintéressement, le cœur généreux, la prévenance, l'inquiétude... Et il avait détesté ce garçon pendant quatre longues années... et il aurait certainement continué à le détester jusqu'à sa dernière année sans cet 'accident'. Un sentiment incertain s'empara de lui avant de s'effacer et il pouvait sentir son cœur lui faire mal.
Tout était si étrange... Il ÉTAIT un bâtard maléfique et il n'était pas censé se comporter comme ça ! Il n'était pas censé avoir un cœur ! Sans mentionner un cœur douloureux ! Mais il ne pouvait pas changer ses sentiments. Et il ne le voulait même pas, réalisa-t-il.
« Ecoutez » commença-t-il lentement, ne sachant pas exactement comment continuer. « J'apprécie votre confiance mais... Je ne la mérite vraiment pas. Et Voldemort sait cela. »
« Professeur » l'interrompit de nouveau Harry d'un ton sévère. « Je ne pense pas que ce soit le lieu pour parler de mérite. C'est sans signification. Je ne fais absolument pas attention aux paroles de Voldemort et je vous fais confiance parce que... parce que vous êtes avec moi dans cet enfer, et vous êtes dans cette situation juste à cause de moi. Je n'ai aucune raison de ne pas vous faire confiance. » il marmonna les derniers mots, incertain. Il n'avait pas vraiment su jusqu'à ce moment là pourquoi il faisait confiance à Snape. Mais ses mots avaient du sens.
Snape regarda le garçon curieusement. Quel âge avait-il ? Trente ans ? Quarante ans ? Il était impossible qu'il ait seulement 15 ans. Il secoua la tête.
« Arrêtez, Potter, s'il vous plait. » il réussit finalement à parler. « J'ai décidé de vous le dire et je veux vous le dire. D'autre part, je vais vous dire tout ceci parce que je vous fais confiance également. Comprenez-vous ? »
Harry regarda Snape.
« Merci, monsieur. » dit-il en rougissant légèrement.
Leurs confessions mutuelles les calmèrent, et Harry se rapprocha spontanément de la chaleur du corps de Snape. Il sentit ses tremblements diminuer et ses muscles acceptèrent ce petit fait avec soulagement.
Snape s'appuya contre le mur, mais ne s'écarta pas, les yeux dans le vide.
« J'avais 18 ans quand j'ai rejoint Voldemort, juste après avoir gradué à Poudlard. Je l'ai fait librement et volontairement, personne ne m'a forcé ou ne m'a exhorté à le faire. Pas même mes parents ; bien qu'ils aient été des serviteurs de Voldemort depuis le début et qu'ils aient été ravis de mon idée. Donc, je n'ai aucune excuse. Je suis entièrement responsable de ma décision. » Snape s'arrêta un instant, puis pris une profonde inspiration et continua. « J'ai fait mon premier pas dans cette direction quand j'avais 11 ans et que j'ai été réparti. Le Choixpeau m'a demandé si je voulais être à Serdaigle comme beaucoup de membres de ma famille, mais j'ai insisté pour être un Serpentard, et c'est donc là que j'ai été réparti. Mes parents étaient heureux quand je leur ai rapporté ma conversation avec le chapeau, et j'étais fier. Ca a été la première bataille perdue. »
« Monsieur, est-ce réellement si important de savoir à quelle maison vous apparteniez ? » demanda Harry pendant un court silence.
Snape lui jeta un regard surpris.
« Bonne question. Nous avons eu énormément de discussions à ce sujet avec Alb... heu... le directeur Dumbledore, et il a toujours insisté sur le fait que ça n'a pas autant d'importance que je l'imagine. »
« Notre situation actuelle est une preuve qui confirme sa pensée, n'est-ce pas ? » sourit Harry.
« Pourquoi ? » Snape était confus.
« Je suis un Gryffondor, vous êtes un Serpentard et nous avons néanmoins le même destin, non ? »
« Potter, les raisons que pour lesquelles nous sommes ici sont totalement différentes ! » répondit Snape irrité. Harry sourit d'un air satisfait.
« Et bien... Je n'ai AUCUNE raison d'être ici, le fait qu'ils m'aient attrapé était un simple accident, je n'ai jamais rien fait pour être ici. Mais vous, professeur, vous avez décidé de partager mon destin. C'est très Gryffondor de votre part, n'est-ce pas ? »
« Potter » la voix de Snape était amusée et un peu triste. « Je ne suis pas un Gryffondor. Je suis un Serpentard. Je suis davantage ici à cause d'un serment, plutôt qu'en raison de mon cœur courageux. Cessez de me penser meilleur que je ne le suis. »
« Je ne pense pas que l'accident du loup-garou et l'aide de mon père soient des raisons suffisantes pour que vous me protégiez. Mon père a essayé de sauver Sirius et le professeur Lupin, davantage que vous dans cette affaire. Donc, à mon avis, vous n'avez aucune dette de vie envers moi. Et néanmoins, vous m'avez sauvé la vie et vous êtes avec moi maintenant. »
Snape secoua la tête.
« Stop. Vous sautez aux conclusions. Premièrement : votre père m'a sauvé la vie et, même si par-là il sauvait celle de ses amis, ce n'est pas important. Une dette de vie est une dette de vie, quelle qu'est été la raison de votre sauveur. En second lieu, vous devez savoir que je n'ai pas essayé de vous protéger à cause de votre père. J'ai contracté cette dette bien avant. J'ai une autre raison. Comme je vous l'ai dit, j'ai fait un serment. »
« A qui ? »
« A votre mère. »
Le garçon leva la tête et regarda son professeur. Leurs visages étaient très près, et Harry pouvait parfaitement voir l'expression de Snape.
« Vous avez connu ma mère ? » demanda-t-il incrédule.
« Pas vraiment. Je l'ai connue à l'école mais je n'ai jamais parlé avec elle. Vous savez, à mes yeux elle était juste une sang-de-bourbe... une sorcière née-moldue après tous... Et je... »
« Je vois. » Harry sentit une immense désillusion. Sang-de-bourbe ! Snape avait dit : 'sang-de-bourbe' ! Il secoua la tête de nombreuses fois pour éloigner son sentiment de blessure profonde, mais il ne pouvait pas. Ca faisait trop mal.
« Potter » Snape toucha sa main légèrement. « Je vous ai dit que je n'étais pas gentil. Je ne l'ai jamais été. Mais quand maintenant je dis 'sang-de-bourbe' je veux exprimer ma manière de penser alors. Pas maintenant. Vraiment. »
Harry, ne pouvant pas parler, acquiesça simplement. Ses larmes voulaient couler, mais il serra les dents et lutta pour les retenir.
« Potter, je n'avais pas l'intention de vous blesser, je suis désolé. » Il entendait la voix pleine d'excuses de Snape comme s'il était loin. Il eut besoin d'un certain temps pour regagner son calme.
« S'il vous plait, monsieur. Continuez. » dit-il, quand il put de nouveau penser.
Snape acquiesça, ses yeux inquiets regardant Harry.
« Donc votre mère m'a forcé à faire ce serment. »
« Quand ? »
« Quand je suis allé chez vos parents pour les informer du plan de Voldemort contre eux. En août, si je me rappelle bien. Ils ont décidé d'utiliser le charme de Fidelius après. »
« Et comment pouvait-elle vous forcer ? C'est difficile à croire. Vous êtes très fort, et en tant que... mangemort vous devez aussi être un bon duelliste. »
« Heu... » un demi-sourire fendit le visage de Snape. « Vous avez raison. Mais c'était insoupçonnable. Je l'ai trouvé seule dans la maison. Je l'ai informée et quand je me suis retourné pour partir, j'ai pu sentir sa baguette sur mon cou. »
« Elle vous a attaqué ? » ne pu s'empêcher de crier Harry.
« Et bien... oui. Elle m'a ensuite forcé à jurer de vous protéger au cas où ils mourraient. »
« Et... pourquoi vous a-t-elle choisi et pas quelqu'un d'autre ? » demanda Harry curieusement.
« Je ne sais pas. Peut-être qu'à cause de mon rôle d'espion... elle a pensé que je pourrais vous protéger plus efficacement que n'importe qui d'autre. Elle ne pouvait pas savoir que Voldemort disparaîtrait juste après sa mort... »
Harry acquiesça, émerveillé. « Ouais... Sûrement. C'est juste tellement... étrange. »
« Pour moi aussi. Et jusqu'à ce que vous veniez à Poudlard je n'ai pas eu la chance d'accomplir mon devoir. Albus m'a dit que vous étiez en sécurité avec votre famille. Mais après... »
« Est-ce un serment permanent ? » l'interrompit encore Harry.
« Qu'entendez-vous par permanent ? » demanda Snape en guise de réponse.
« Devez-vous me protéger jusqu'à votre mort ou la mienne ? » Snape acquiesça à contre-cœur. « Oh, c'est tellement... amusant. » marmonna Harry. « VOUS étiez mon protecteur pendant toutes ces années... »
Snape bougea inconfortablement.
« Heu... oui. »
Harry sembla inconscient de son malaise.
« Ca ne devait pas être facile. » réfléchit-il. « Vous... ne m'avez pas aimé et d'un autre côté, vous avez été forcé de me protéger... »
« Ce n'était pas facile, vraiment. » lui assura le professeur en souriant d'un air moqueur.
« Je ne l'aurais jamais deviné. » dit Harry en pensant aux cours de Potions. On s'attendait en général à ce qu'un protecteur agisse d'une manière plus amicale ou, au moins, protectrice...
« Je n'ai jamais compris votre mère. » reprit Snape. « Elle m'a suffisamment connu pour ne pas me faire confiance, comme tout le monde. J'ai toujours été un bâtard arrogant et cruel, d'une noble famille de sang-pur, un Serpentard, un serviteur de Voldemort, un meurtrier, qui méritait de pourrir à Azkaban jusqu'à la fin de ses jours, amen. Et elle m'a forcé à vous protéger, fils d'une née-moldue et de James Potter, un Gryffondor, un fidèle partenaire d'Albus Dumbledore, un Auror de l'Ordre du Phœnix, un sauveur ! Sans mentionner le fait que votre père et moi nous étions toujours détestés, depuis le tout premier moment où nous nous sommes rencontrés ! Ca a été une colère constante pour moi pendant 14 ans. »
« Oh ! » Harry releva les lèvres, amusé. « C'était la raison ! »
Le professeur baissa la tête.
« Oui. Mais je le dirais à présent de cette manière : c'était la raison. Et Albus a toujours tellement insisté pour que je vous connaisse mieux. Pour que je connaisse la personne que je devais protéger presque toute ma vie. Mais je ne l'ai pas voulu. J'ai eu honte de ma tâche indésirable, de toute cette situation impossible ! Et je ne pouvais rien faire contre ça ! La mort de votre mère a rendu mon serment absolu et irrévocable. »
« Personne ne peut le supprimer ? Pas même moi ? »
demanda Harry soudainement.
« Vous le feriez ? » Snape était abasourdi. « Pourquoi... ? »
« Juste pour vous laisser vivre votre vie, monsieur. » dit simplement le garçon.
« Vous ne pouvez pas le retirer jusqu'à ce que vous ayez 25 ans ou que vous vous mariez. »
« Vous voulez dire que je dois me dépêcher d'épouser quelqu'un ? » Les yeux d'Harry scintillaient.
« Non. » le professeur sourit. « Je ne m'attends pas à ce que vous vous mariez. Je n'arrive pas à croire que vous puissiez trouver une personne appropriée ici, à Nightmare Manor, de toute façon. » Ils se sourirent. « Et... pour vous dire la vérité, je ne veux plus que quelqu'un, et encore moins vous, me délivre de mon serment. »
« Vous voulez dire... ? » Harry sembla figé, ses yeux écarquillés de surprise.
« Je veux dire qu'Albus avait raison. J'aurais dû essayer de vous connaître. Ca aurait été mieux pour nous deux. Particulièrement pour moi. »
Harry rougit.
« Pourquoi dites-vous cela ? »
« Parce que vous êtes un bon garçon, Harry et j'aimerais pouvoir vous protéger dans cette situation, mais je ne le peux pas. Je suis désolé. »
Ils restèrent assis en silence. Harry décida alors de parler de ses parents.
« Monsieur ? » dit-il avec précaution. Il ne voulait pas déranger le professeur, mais l'homme ne sembla pas dérangé.
« Oui ? »
« Pouvez vous me parler de mes... mes parents ? »
« Ecoutez, Potter, je ne les ai pas très bien connus. Car je l'ai dit, je n'ai jamais vraiment parlé à votre mère, excepté cette fois là si vous considérez ça comme une'discussion'... Elle était une Serdaigle, une fille adroite et douée, de deux ans plus jeune que votre père et moi. Je ne me rappelle pas avec précision quand ils ont commencé à sortir ensemble, probablement pendant la dernière année de votre père. » Quelques moments plus tard, il ajouta. « Ils n'étaient pas ensemble pendant notre cinquième année en tout cas. J'en suis sûr. »
« Pourquoi, monsieur ? »
Snape eut un sourire moqueur.
« C'est l'année où c'est produit le fameux incident du loup-garou, Potter. Avant cela, nous étions toujours en train de nous battre. Je l'aurais remarqué s'ils étaient sortis avec quelqu'un, mais ce n'était pas le cas. Aucun d'eux. Après, je les ai laissés tranquilles. »
« Etiez-vous effrayé ? » demanda Harry incrédule. « Je n'ai jamais pensé... »
« Non, je n'avais pas peur d'eux. J'avais d'autres raisons. »
« Puis-je vous demander... ? »
« Pourquoi pas ? Je sortais avec Anne-Marie Black à ce moment-là. En réalité, c'était la raison principale de la petite 'farce' de Sirius Black. Il voulait sauver sa sœur bien-aimée du Serpentard gluant. D'abord, il a essayé de convaincre Anne que j'étais un sorcier sombre, un serviteur de Voldemort et ainsi de suite. » Snape tourna la tête vers Harry. « A ce moment-là je ne l'étais pas, pas encore. Et après l'incident du loup-garou, Anne a eu une très grande dispute avec son frère dans la Tour de Gryffondor. Et nous sommes restés ensemble. »
« Vous étiez avec une Gryffondor ? » Snape pouvait voir la surprise dans les yeux d'Harry.
« Anne était une Serdaigle, comme votre mère. Dans ma famille, il y a eu beaucoup de Serdaigles. C'était une relation acceptée par mes parents et par ceux d'Anne également. »
« Ils étaient d'accord ? Pourquoi ? »
Snape eut un petit rire.
« La tradition, Potter. »
« Je ne comprends pas. » dit Harry, un peu énervé.
« Et bien, je vais essayer de vous expliquer. Il y a beaucoup de familles dans le monde sorcier, et, comme vous le savez sûrement, la plupart d'entre elles sont des familles 'mélangées', ce qui veut dire qu'une des personnes du couple est un né-moldu. Il y a quelques couples où les deux membres sont nés moldus. Et il y a les familles de sang-pur. »
« Je le sais. Ron m'en a parlé. »
« Votre ami vous a-t-il aussi parler du rang des familles de sang-pur ? »
« Rang ? Que voulez-vous dire ? »
« Il y a deux sortes de familles de sang-pur : les familles nobles et les roturières. »
Harry acquiesça.
« Je vois. Votre famille était noble et les parents d'Anne, en tant que membres d'une famille roturière, étaient heureux de la chance de leur fille, n'est-ce pas ? »
« Vous avez presque raison, Potter. Les parents d'Anne étaient heureux, mais ils avaient une autre raison. La famille Black, comme la famille Snape, est une des plus anciennes familles sorcières nobles en Angleterre. Et même si maintenant il est accepté que les descendants nobles épousent des membres d'une famille roturière, de préférence pas un né-moldu, pour la plupart, le haut-rang de la société sorcière soutient le mariage noble-noble. »
« Les moldus aussi ont des traditions comme celle-ci. » marmonna Harry confus. « Je n'ai jamais pensé... » après une courte interruption, il demanda. « Je sais que ma mère était une née-moldue. Et la famille de mon père ? C'était une famille de rang roturier, n'est-ce pas ? »
Snape sentit l'amertume dans la voix du garçon.
« Oui, mais qu'est-ce que ça signifie ? Rien, Harry. Croyez-moi. » il soupira et ajouta. « Peut importe combien j'ai détesté votre père, je dois vous dire qu'il était intelligent et courageux, autant que votre mère. Ils étaient forts et fidèles, tous les deux. Comme vous l'êtes. »
« Pourquoi je n'ai jamais entendu parler de la sœur de Sirius ? » demanda précipitamment Harry pour ne pas rougir de nouveau.
Le visage de Snape s'obscurci.
« Elle est morte avant votre naissance. »
« Dé... désolé, monsieur. » bégaya Harry nerveusement.
« C'est bon, Potter. » Snape soupira. « Mais si nous décidons de continuer cette discussion sur le passé, nous verrons plus de morts que vous ne pouvez l'imaginer. C'était les plus sombres années de ce siècle. »
« Pourquoi ai-je le sentiment que les prochaines années seront pires que celles-ci ? » frissonna Harry.
« Si nous vivons pour les voir. »
« Même si nous ne les voyons pas, ce sera pire, monsieur. » Harry bailla. « Je suis désolé, professeur, mais je pense que je vais dormir un peu avant le spectacle du soir. » marmonna-t-il alors qu'il essayait de se protéger plus efficacement contre le froid de la cellule.
Quand il fut endormi, Snape arrangea sa cape sur le garçon tremblant et essaya de ne pas penser au futur.
« Arthur ! » La voix de Molly Weasley était presque un hurlement. « Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? »
« Qu… quoi, chérie ? » dit son mari, à moitié endormi. C'était le matin et Arthur Weasley venait de se réveiller. Il essaya de réprimer un bâillement et s'assit à coté de sa femme, à table. « Molly, où est la confiture ? » demanda-t-il quand il commença à prendre son petit-déjeuner.
« Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je SUIS sûre que tu le SAVAIS ! » cria Mme Weasley et son mari essaya d'éviter la réponse.
« De quoi est-ce que tu parles, chérie ? » demanda-t-il poliment, mais il n'arrêta pas de chercher la confiture. Son toast devenait froid.
« Harry a disparu ! Et tu ne me l'as pas dit. »
« Comment est-ce que tu le sais ? » M Weasley était maintenant parfaitement éveillé, et la confiture avait été oubliée.
« La Gazette du Sorcier », Molly pointa le journal. En première page, il y avait une large photo de gens errants devant le 4, Privet Drive. Molly pouvait voir l'oncle et la tante de Harry sur la photo, mais il ne semblaient pas très heureux de l'intention qu'on leur portait. L'oncle de Harry était visiblement agacé ; sa tante jetait des coups d'œil inquiets aux voisins. Mais elle ne voyait pas Dudley. Il était probablement dans sa chambre, les mains sur son derrière, ou couvrant sa bouche. « Est-ce que tu le savais, Arthur ? »
Son mari rougit.
« Euh… Molly… tu sais… »
« Alors tu le SAVAIS et tu ne me l'as PAS dit. Pourquoi, si je peux encore te le demander ? »
M Weasley fixa sa femme, impuissant.
« Je ne voulais pas t'inquiéter. Nous avons fortement espéré qu'il avait fugué… »
« Tu plaisantes ! Par un temps pareil ! » Elle devint soudainement très pâle. « Arthur…Voldemort l'a enlevé, n'est-ce pas ? »
« Nous ne savons pas, Molly. Nous n'avons aucune information. L'opinion de Fudge est que Dumbledore l'a caché, mais celui-ci insiste qu'il ne sait pas où est le gamin, et je le crois. Il n'a pas peur du Ministère et l'aurait dit s'il avait su quelque chose sur Harry. »
« Donc c'est LUI. Comment ? »
« Il y a eu une sorte de dispute familiale chez les Dursleys, et à la fin, le gamin est sorti en courant de la maison. Depuis, personne ne l'a vu. »
« Depuis quand ? »
« Trois jours », M Weasley baissa la tête sous le regard perçant de sa femme.
« Bien. Que devons-nous dire aux enfants ? » soupira finalement la femme rousse.
« Peut-être que nous devrions le garder secret… » répondit Arthur avec hésitation.
« Arthur. Ils savent LIRE et ils ont plein d'amis. NOUS devons leur en parler ou ils l'apprendront autrement. »
« Tu as raison, Molly, comme d'habitude », acquiesça M Weasley.
« Maman, qu'est-ce qui se passe ? ». Une voix vint soudainement de la cage d'escaliers.
Fred se tenait sur la plus haute marche, se frottant les yeux.
Ses parents échangèrent des regards significatifs et M Weasley abandonna.
« Ta mère te dira tout au déjeuner. » Ignorant le regard de sa femme il l'embrassa sur le front. « Je dois y aller. A cet après-midi, chérie. »
« A ce soir, tu veux dire », marmonna nerveusement Mme Weasley. « Où tu vas te dépêcher de rentrer ? »
« Ce n'est pas de ma faute », s'excusa M Weasley.
Ils soupirèrent tous les deux.
« Je sais. Vas-y », dit-elle finalement.
Après que son mari eut quitté la maison, Mme Weasley sentit une main sur son épaule.
« Il y a quelque chose qui ne va pas, Maman ? »demanda gentiment Fred.
« Harry a disparu, Fred, il y a trois jours. »
Fred fut pétrifié. Ses mains tremblèrent.
« Non. Ce n'est pas vrai…Maman, dis-le moi, ce n'est pas vrai…Qu'est-ce que va faire Ron, si… ? »
« Qu'est-ce que je devrais faire ? » demanda une nouvelle voix.
C'était Ron.
Mme Weasley et Fred restèrent plantés là, dans un silence parfait. Ils n'osaient pas prononcer le moindre mot.
Ron devint suspicieux.
« Hé, que se passe-t-il ? » Il leva un sourcil, curieux. « Qu'est-ce qui est arrivé ? Maman ? »
« Mon chéri, viens ici » répondit Mme Weasley et elle étreignit très fort son fils. « Harry a été porté disparu…il y a trois jours », murmura-t-elle à l'oreille de Ron. Elle eut besoin de toutes ses forces pour retenir le corps soudainement flasque de son fils de tomber par terre.
« Assis-toi, chéri », dit-elle faiblement et posa Ron sur une chaise avec l'aide de Fred. Les deux garçons étaient très pâles, mais Ron était le pire.
« Il… il n'est pas mort, hein ? » demanda Ron, tremblant.
« Nous ne savons pas, chéri. »
« C'est Voldemort. » Ce n'était pas une question.
« Nous ne savons pas non plus, Ron. Même si j'en suis convaincue. »
Elle resserra son étreinte et commença à bercer son fils.
« Nous ne savons pas. Je suis désolée. »
« Je ne veux pas qu'il meure, Maman ! » s'écria t-il, impuissant. « Il ne va pas mourir, Maman, dis-moi qu'il ne va pas mourir ? » répéta-t-il encore et encore et un sanglot silencieux traversa son corps.
« Il ne mourra pas, Ron. Sûrement pas », Mme Weasley caressa prudemment les cheveux de son fils. « Il va revenir, tu verras ! »
Et elle, incapable de retenir ses larmes, enfouit son visage dans les cheveux de son fils.
« Il va revenir. »
Merci à eiliss (Contentes que ça te plaise), jenni944 (Le secret de Lily? Mais si on te le disait, ça ne serait plus un secret...) et gigiblue (Non, t'as rien loupé, on ne sait toujours pas qui est Quietus, faut attendre encore un peu) pour leurs reviews.
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