Titre: Happy Days in Hell

Auteur: enahma

Traductrices: Thamril et Méphisto

Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.

Note : Pas de spoilers du tome 5.

Chapitre 5 - La dignité jusqu'à la Fin

Snape eut l'impression qu'il n'avait jamais été torturé aussi durement avant, bien qu'il soit simplement debout, à côté de Voldemort, regardant la torture la plus souvent silencieuse de Harry depuis des heures. Il remarqua que les tortures physiques étaient les plus difficiles à observer sans pouvoir agir, même s'il savait parfaitement que les sorts étaient bien plus douloureux et atroces. Mais la seule vision de quelqu'un touchant Harry, et lui faisant du mal avec ses mains, était affreusement insupportable. Il ne s'était jamais senti comme ça avant : son cœur battait la chamade, ses paumes suaient, il avait envie de vomir et il avait mal. Mal. C'était étrange, personne ne le touchait, et il avait néanmoins mal, une douleur toute à fait physique le torturait.

Ils le forçaient à regarder le 'travail' d'Avery avec le rasoir, la mare de sang devenant de plus en plus grande sous le corps légèrement tremblant et totalement nu du garçon. Parfois, Harry ouvrait les yeux, recherchant l'aide de son regard, et était incontestablement soulagé à chaque fois qu'il pouvait le saisir.

Mais d'une façon ou d'une autre, chaque coupure blessait Snape, beaucoup plus que les sorts, que les coups, que les Doloris qu'il avait reçu pendant ses propres séances de torture, et il sentit son cœur se déchirer.

« Aaaaaaah ! » Harry gémit quand Avery ouvrit précautionneusement la dernière coupure avec ses doigts. Snape eut un mouvement de recul.

« Et bien alors, Severus. Tu n'aimes pas ma petite démonstration ! Pourquoi ? Je me souviens d'une époque où tu prenais plaisir à observer ! Je l'ai prévu juste pour ton plaisir ! »

Snape regardait désespérément le visage du garçon, il ne voulait pas parler de ça avec Voldemort, il ne voulait pas se rappeler ses anciens péchés, la situation actuelle était suffisamment douloureuse, et surtout, il ne voulait pas parler à Voldemort ou à quiconque d'autre.

« Pourquoi ai-je l'impression d'avoir déjà vu une scène très semblable ? Toi, regardant lâchement un garçon... un garçon plus courageux que tu ne l'as jamais été... As-tu aussi ce sentiment de déjà-vu, Severus ? »

Les paroles de Voldemort pénétrèrent dans son esprit, renforçant ses pensées hésitantes, et Snape dû se battre pour cacher son désespoir. Le maudit bâtard avait raison. Il était un lâche. Et le comportement d'Harry était vraiment similaire à celui de Quietus. Mais il l'avait déjà remarqué, il y a longtemps, au début de tout cela...

Pendant les séances et les conversations dans la cellule, Harry avait agi d'une manière vraiment semblable à Quietus, la seule personne que Snape avait vraiment appréciée et aimée de tout son cœur, Quietus, le petit et astucieux Quietus, le chaleureux et attentionné Quietus, qui s'était tenu devant le Seigneur des Ténèbres, saignant et chancelant mais sans crainte disant 'Je ne serai jamais vôtre', et qui avait eu raison.

Quietus qui était mort ici, à Nightmare Manor, dans le Hall Principal après le sixième round et lui, Severus n'avait pas été capable de l'aider...

Le jour où Snape avait décidé de mourir.

Sa haine de Moody, le foutu Auror, était une conséquence de cela aussi : dans l'obscurité solitaire d'Azkaban, où il était resté six mois, il avait revécu indéfiniment ces horribles moments de sa vie : Quietus mourant, ses gémissements, ses soubresauts et ses tremblements causés par l'immense douleur qui lui était infligée et finalement le corps sans vie de son frère au centre du hall... C'était un film sans fin dans son esprit, il pouvait voir tout l'événement, du premier moment jusqu'à l'enterrement dans le cimetière de Pré-au-Lard, et il savait que tout avait été imprimé dans ses yeux, dans son esprit, ces images, qu'il ne pourrait jamais oublier, qu'il se rappellerait toujours.

Voldemort n'avait vu ce spectacle qu'une seule fois. Mais pour lui, tout était trop familier. Un garçon se tenant debout au centre du hall avec dignité, la tête droite, les yeux ouvert. Des yeux noirs - et des yeux verts. Les yeux de Quietus et les yeux d'Harry.

Snape n'avait pas remarqué les larmes sur son visage alors qu'il se tenait debout droit, les yeux grands ouverts de terreur. Il se sentait presque en transe, le visage d'Harry soudainement remplacé par celui de Quietus, puis à nouveau normal ; il pouvait voir le douloureux regard, douloureux, mais plein de vie, d'acception, de pardon. Douleur sans effondrement, puissance sans agression, mort sans crainte...

« Je suis réellement satisfait, mon cher professeur, que tu apprécies finalement. » il put entendre le Bâtard Suprême murmurer ces mots à son oreille et il remarqua alors ses larmes. Cependant, il ne les essuya pas. Il était déjà trop tard : Voldemort avait remarqué sa faiblesse : ses sentiments envers le garçon. Il avait très probablement trahi Harry avec son comportement, mais il ne pouvait rien y faire. Il essaya de donner sa force au garçon d'une certaine manière, à travers leurs regards, de le soutenir mentalement, il voulait désespérément être à la place d'Harry pour subir ses douleurs, pour donner sa vie pour le garçon... Pour le sauver...

Et il ne pouvait pas. Les mots de Lily résonnaient clairement à ses oreilles : 'Jurez ! Jurez sur le nom de Quietus, monstre !' et il avait juré et maintenant, il ne pouvait tout simplement pas l'aider... 'Dites : Je le protégerai de ma vie' - et il avait juré sur Quietus, parce que Lily Evans avait su que c'était le seul serment qu'il ne briserait jamais...

Ce serment semblait maintenant être très loin... et il n'avait plus d'importance. Ce n'était plus important. Il souffrait à cause d'Harry, juste Harry, personne d'autre. Ca n'avait pas de rapport avec son serment ou son frère décédé. Seulement ce jeune garçon délaissé, se tenant dans son propre sang, mourant devant lui.

Il voulait désespérément sauver Harry pour lui-même, pas pour Lily ou Quietus. Ils étaient morts. Le garçon était vivant. Encore.

Quand Harry s'effondra finalement, Snape quitta immédiatement sa place et s'agenouilla à côté de lui, criant silencieusement alors qu'il regardait le corps d'Harry. Il voulut le soulever du sol, mais il ne pouvait trouver aucun endroit intact sur lui pour le saisir, pour le toucher sans lui causer encore plus de douleur...

Mais Voldemort leur ordonna de retourner à leur cellule, donc il souleva précautionneusement Harry dans ses bras, appuyant sa tête sur ses épaules, l'enveloppant dans ses propres vêtements autant qu'il le pouvait et le porta à la cellule.

Il s'assit dans leur coin familier, tenant toujours l'enfant dans ses bras, ses larmes se mélangeant au sang du garçon. Il les enveloppa tous les deux dans sa cape et essaya désespérément de prier n'importe quel dieu de leur apporter de l'aide. Il caressa distraitement les cheveux du garçon et répéta au moins cent fois d'un ton monotone :

« Tout ira bien, Harry, tout ira bien... »

Mais il ne croyait pas ses propres paroles. Même s'ils parvenaient à survivre à tous ces jours de torture, le garçon serait obligé de vivre avec tout ceci, avec le souvenir, et la douleur, parce qu'il y aurait toujours de la douleur : l'œuvre de Voldemort n'était pas entièrement guérissable. Rien ne serait plus pareil. 'Jamais plus. Jamais plus.' coassa l'aigle de Poe dans sa tête. S'ils survivaient, il devrait trouver une manière d'aider Harry à passer à travers ça, si c'était possible.

Non, ça ne l'était pas.

Il avait été sous Doloris en seulement quelques occasions mais ça avait toujours été plus dur de le supporter dans les cauchemars que lorsqu'il était réveillé, plus dur - non, pas physiquement mais mentalement et émotionnellement : l'absence totale de défense, l'humiliation, la crainte étaient beaucoup plus accentuées dans les rêves. Dans ces cauchemars, il savait toujours ce qui allait se produire après, c'était inévitable : ses cauchemars suivaient de près les scènes brûlées au fer rouge dans sa mémoire... Et durant les 14 dernières années, il n'avait tout simplement jamais su comment y échapper, comment se réveiller. Il avait toujours dû les revivre dans leur intégralité.

Cauchemars... et c'était un cauchemar vivant, le Manoir du Cauchemar. Damnez le Bâtard Suprême ! Et il n'y avait aucune issue. Aucun réveil.

Après un moment, il se sentit plus calme, et les larmes sur son visage séchèrent. L'hémorragie d'Harry cessa mais il le sentit trembler en raison de la perte de sang. Snape baissa la tête et les couvrit autant qu'il le pouvait pour garder la chaleur sur eux.

Il était épuisé et mortellement fatigué, mais il ne pouvait pas dormir. A chaque fois qu'il fermait les yeux, il voyait Harry souffrir en silence ou le regarder désespérément et, de temps en temps, ces images se mélangeaient avec les scènes des souffrances de Quietus... Il enroula ses bras plus fermement autour du garçon, comme s'il pouvait le protéger des événements probablement terriblement semblables des jours suivants...

Ses cauchemars l'assaillaient maintenant même quand il ne dormait pas.

Damnez-le !

Soudainement, il sentit un petit mouvement sur ses genoux.

« Harry ? » chuchota-t-il calmement.

« Ca fait mal. » l'enfant trembla « Tout me brûle... Tout mon corps... ma peau... »

« Sssssh. » il berça le garçon impuissant avec précaution. « Essayez de vous reposer. »

« Professeur » commença-t-il faiblement. « Je pense que je vais mourir... Je suis désolé... »

« Tout ira bien, Harry. Reposer-vous simplement. » Snape se sentait horrifié par les paroles du garçon. Il répéta la phrase, essayant de rassurer Harry ainsi que lui-même. « Non, Harry. Vous ne mourrez pas. Tout ira bien. Croyez-moi. »

« Je suis désolé... » il pouvait entendre le doux murmure. « Je vais vous laisser seul et je suis désolé pour ça… »

« Non, Harry » commença-t-il, mais il ne pouvait pas continuer. Il suffoquait, il n'y avait pas d'air dans ses poumons pour dire plus de mots, mais il resserra son étreinte comme s'il pouvait protéger Harry physiquement contre... Non. Harry ne pouvait pas mourir. Il DEVAIT vivre, survivre.

Quand le corps du garçon devint finalement mou dans ses bras, il fut terriblement choqué et incapable de penser pendant un très long moment. 'Non !' pleura-t-il silencieusement.

Cela lui pris un certain temps pour se rendre compte que le garçon était seulement inconscient, pas mort. Ses divers sentiments le tourmentaient, et il se sentait malade. Mais il n'osait pas se déplacer, éloigner le garçon de ses genoux, de ses mains. Ses sentiments nouvellement trouvés lui réchauffaient le cœur et le souhait de protéger, de prendre soin d'Harry était incroyablement puissant.

Au début de leur captivité, il s'était juré de ne plus blesser le garçon. Maintenant, il pouvait sentir que ce n'était pas assez. Assis dans le coin avec le garçon sur ses genoux, il fit un autre serment, plus fort cette fois : il s'occuperait du garçon jusqu'à sa mort ou celle d'Harry. Il l'aiderait de toutes les manières possibles. Il essayerait d'être là pour lui. Jusqu'à la fin de leurs jours. Amen.

Une voix mauvaise ricana dans sa tête. 'Tu es si sentimental, Severus. Peut-être que tu vieillis. Ou penses-tu que ça va être un serment facile à tenir ? Le garçon mourra dans quelques heures de toute façon, n'est-ce pas ?' Il dut combattre ses vieux réflexes qui voulaient qu'il reprenne son humeur normale remplie de sarcasmes et d'indifférence. 'NON !' il réduisit à silence les pensées intérieures. Quelle signifiait être indifférent face à la mort ? Le garçon méritait plus que son indifférence, sa cruauté, son sarcasme et sa haine. Il les avait tous soufferts pendant les dernières années. MAINTENANT il devait donner à Harry le choix d'avoir quelque réconfort, soin… amour ?

Oh, le dernier était parfaitement ridicule. Lui et l'amour ! Il ne savait pas comment aimer quelqu'un. Il n'avait pas su aimer Quietus non plus. S'il avait su... Peut-être que Quietus serait encore en vie en ce moment.

S'il avait su aimer, il n'aurait pas été ici. Il ne serait pas devenu mangemort. Il aurait choisi Serdaigle, comme le Choixpeau le lui avait conseillé. Il aurait travaillé pour le ministère ou Albus depuis le début... Peut-être qu'il aurait eu une famille aussi… des enfants…

La simple pensée le choqua. Avait-il réellement manqué tant de choses ? Avait-il réellement voulu devenir la personne qu'il était maintenant ? Un bâtard solitaire, détestant et détesté, le serviteur d'un monstre, un tortionnaire professionnel, un assassin de personnes innocentes ?

C'était vrai qu'il n'avait jamais voulu vivre une vie normale, avoir une manière de vivre typique mais... N'était-ce pas un peu exagéré ? La vie qu'il avait finalement vécue jusqu'ici était typique aussi, dans un sens particulièrement tordu...

Non. Il ne pourrait jamais obtenir une pénitence assez grande pour ce qu'il avait fait. Pas même dans cet enfer. Il ne serait jamais pardonné.

Ces pensées le torturaient. Voldemort avait-il prévu cela en les mettant ensemble ? Le bâtard avait-il suspecté ce qui se produirait ? Qu'il le briserait grâce à ses propres sentiments, sa haine de lui-même, sa propre culpabilité ?

Il leva la tête quand il entendit la porte grincer furieusement comme elle s'ouvrait brusquement. Avery entra.

« Qu'est-ce que vous voulez ? » aboya Snape haineusement. « Il est presque mort. Si vous projetez de continuer votre séance, je dois vous avertir qu'il ne la sentira pas passer. »

Avery haussa les épaules avec une grimace mauvaise sur le visage. Dans les moments comme celui là, Snape avait l'impression que l'homme n'était pas normal. Mais étrangement, sa folie ne semblait le submerger que lorsque c'était nécessaire.

« Je suis ici pour prolonger sa souffrance, Severus. » il montra deux petites bouteilles au Maître des Potions et les agita devant son visage. « Tu les connais, je pense ? » demanda-t-il avec une curiosité feinte.

Snape les connaissaient, bien sûr. Une potion d'Anti-Saignement et une autre de Reconstitution. Il avait préparé ces potions, comme toutes les autres utilisées au service de Voldemort. Mais il ne savait pas ce qui était le mieux pour Harry : recevoir les potions de soin ou mourir.

Mais il voulait désespérément qu'Harry vive. Il voulait s'occuper de lui, le réconforter, simplement être là. Et il voulait que le garçon lui pardonne, au moins Harry ; il était toujours vivant, au contraire de beaucoup d'autres à qui il devait plus d'une excuse...

« Donnez-les moi. » dit-il finalement au mangemort qui attendait.

« Non. Je vais les lui donner. Je ne te fais pas confiance, Severus. »

Deux autres mangemorts entrèrent.

« Etends le garçon par terre. »

Il ne voulait pas obéir mais juste comme il ouvrait la bouche pour protester, Avery le coupa brusquement, agacé.

« Si tu n'obéis pas, je vous jetterai le Doloris à tous les deux. »

Snape frissonna à cette pensée et plaça soigneusement le garçon sur le sol.

« Eloigne-toi ! »

Comme il levait la jambe pour faire un pas, il entendit soudainement un 'Doloris' chuchoté et, au moment suivant, il se trouvait par terre, se tordant de douleur. C'était un très long Doloris, il dura jusqu'à ce qu'Avery ait fait boire au garçon le contenu des petites fioles. Après qu'ils soient partis, Snape fut incapable de bouger pendant de longues minutes. Sa tête lui faisait mal, ses yeux brûlaient, ses muscles étaient secoués de spasmes. Finalement, il força son corps à ramper vers Harry.

Il pouvait sentir l'odeur des potions dans l'air, et il eut confirmation : l'une d'elles était l'élixir de reconstitution, et l'autre une potion plus spécifique pour les graves cas de perte de sang comme celui-ci. Soudainement, il se sentit très fier de lui pour être si ordonné. Ils n'auraient jamais trouvé ces potions dans le désordre, mais dans son bureau, tout était classé et rangé dans un ordre précis.

A côté du garçon, il trouva également les restes de ses vêtements, Avery les ayant apparemment apportés au garçon, mais les morceaux n'étaient rien de plus que des chiffons ridicules et ensanglantés. Oui, levant un morceau de quelque chose qui avait par le passé été un vêtement, il se rappela les mouvements atrocement lents d'Avery comme il déshabillait Harry avec le rasoir, coupant exprès le garçon plusieurs fois pendant cette 'introduction'. Son estomac se serra à la seule pensée. Il soupira et s'assit, tirant à nouveau Harry sur ses genoux.

Après un moment, il s'endormit.


Harry se réveilla avec un sursaut. Il sentit un mouvement étrange autour de sa poitrine, comme si quelqu'un resserrait une prise sur lui et une main saisit son bras.

« Attend… Quietus… Attend… ! » entendit-il.

Lorsque Harry ouvrit les yeux, il put voir le visage de Snape juste devant le sien, les sourcils froncés dans un rêve apparemment horrible. L'instant suivant, il réalisa que la raison pour laquelle il pouvait voir correctement le visage de son professeur était qu'il était étendu sur ses genoux, blotti contre sa poitrine et que ses bras l'étreignait. Étreignait ? Non, il valait mieux dire que l'homme le serrait contre lui comme s'il voulait le protéger ou l'arrêter.

C'était VRAIMENT une situation étrange. C'était clairement embarrassant.

Mais en même temps, c'était si confortable et si… différent de la brutalité des jours précédents, presque leur opposé. C'était quelque chose de bon qu'il n'avait jamais ressenti auparavant, quelque chose comme s'il était un petit enfant dans les bras de son père.

Sa peau le brûlait toujours et, quand il remua, il put immédiatement se souvenir de chaque coupure de la veille, sentant chacune d'elles l'élancer brusquement. La douleur soudaine le frappa avec une force inattendue, et il sursauta. Le saut était encore plus douloureux. Pendant un instant, Harry suffoqua et il saisit les robes du professeur en fermant ses yeux.

« Etes-vous réveillé ? » il entendit une question chuchotée. Harry acquiesça simplement, se battant contre la douleur. « Vous sentez-vous mieux ? » il entendit la voix inquiète de Snape.

Après avoir pu respirer de nouveau, il répondit.

« Un peu, monsieur. Mais... » il ne savait pas quoi dire. « Ca fait très mal. Les coupures... » Il sentit Snape frissonner.

« Oui, je peux l'imaginer, Harry. J'ai dû regarder tout ce qu'ils vous ont fait. Essayez de rester calme. Ca aidera. Ils vous ont donné des potions de soin. Vous allez vous sentir mieux. »

Harry ferma les yeux, pensif. Après un moment, il ouvrit la bouche.

« Je… » il commença à parler, mais ne finit pas sa phrase.

« Oui ? »

« J'ai pensé que j'allais mourir, monsieur. Je le voulais. J'ai essayé de lutter contre ça, mais… J'ai été faible. »

« Non. » répondit Snape brusquement. « Vous n'avez pas été faible. Vous avez été fort, extrêmement fort. Plus fort que tous les gens que j'ai jamais vus auparavant. »

« Mais... Je ne pouvais pas ressentir la douleur comme un signe de ma puissance ou même d'une partie. Je... voulais juste que ça s'arrête. Si vous n'aviez pas été là, j'aurais sûrement échoué. »

« Harry, vous avez tenu. Vous avez résisté à la douleur avec dignité. Vous avez été courageux et fort. »

« Mais j'ai voulu mourir. »

« Ce n'est pas un signe de faiblesse. C'est une réaction normale à la torture. »

« Vous avez dit que je ne devais pas abandonner. Que je ne devais pas vendre mon âme. »

« Potter » soupira Snape un peu gêné. « L'envie naturelle de voir la douleur prendre fin n'est pas la même chose que vendre votre âme. Vous vous trahissez quand vous êtes prêt à faire quelque chose contre votre volonté juste pour stopper la torture. Mais... c'est très difficile d'expliquer la différence. »

« Je vois. » Harry sourit faiblement. Puis il ajouta. « Mais je pense que je comprends ce que vous voulez dire. »

Harry se rendit compte que ses yeux étaient toujours fermés. Il les ouvrit avec précaution et étudia le visage de l'homme dans la lumière dansante de la torche. Il sentit que sa bouche était extrêmement sèche alors qu'il essayait d'avaler sa salive.

« Monsieur, j'ai soif. » chuchota-t-il.

« Je vais vous apporter de l'eau. » offrit Snape, mais Harry secoua la tête.

« Non, je pense qu'il serait bon de m'étirer un peu. Et j'ai besoin d'aller aux toilettes de toutes façons. »

« Et bien alors... » Harry put voir l'expression embarrassée de Snape. « Mais vous êtes nu, Harry. Et je pense que vos vêtements ne sont... heu... plus mettables. »

Harry ferma les yeux et appuya sa tête sur l'épaule de Snape. La mention de sa nudité ne l'embarrassait pas, mais elle ramenait dans son esprit l'image d'Avery tenant le rasoir dans sa main, l'impuissance et la panique qu'il avait ressenties en regardant l'homme, car il n'avait pas su à quoi s'attendre. Et les premières coupures, les premières blessures du rasoir, les premières balafres. Il tremblait, toujours sous le choc.

Les bras de Snape se resserrèrent encore autour de lui, et l'homme commença à le bercer, lentement, d'avant en arrière et d'avant en arrière, comme des parents consolant un petit bébé, jusqu'à ce qu'il se calme. Mais Snape ne le lâcha pas immédiatement, il le tint pendant quelques minutes, et Harry se sentit comme dans un rêve, et il ne voulait pas se réveiller.

Mais la soif ne le quitta pas. Quand il essaya d'avaler sa salive amère, il irrita juste sa gorge trop sèche.

« Pouvez-vous me laisser me lever ? Je dois boire. » murmura doucement Harry et le professeur acquiesça et le libéra avec précaution. Même s'il se sentait étourdi et faible, Harry se leva et chancela jusqu'au tas d'anciens vêtements.

« Monsieur, je pense que 'inappropriés' est un euphémisme. » il sembla amusé et grimaça alors qu'il soulevait quelque chose qui avait autrefois été un T-shirt. Il y a quelques décennies, peut-être. Il était sale, sanglant et déchiré en bandes par le rasoir. Et ses pantalons... n'étaient plus mettables. Harry soupira alors qu'il essayait néanmoins de s'habiller. Il n'osait pas regarder son corps, sachant très bien que les balafres sur sa peau suivaient parfaitement les bandes de tissu, mais après qu'il les ait enfilés, les 'vêtements' commencèrent à irriter ses coupures brûlantes. Finalement, il ne put s'empêcher de se regarder et il dut admettre que sa vue était encore pire qu'il ne l'avait prévu.

« Harry... »

Il se tourna vers Snape. L'homme était si gentil avec lui à présent. La manière dont il l'avait tenu, dont il l'avait bercé... Harry sentit son cœur se réchauffer pour le monstre des donjons. Et même maintenant, le professeur s'inquiétait pour lui, parce qu'il tendait à Harry un morceau de ses robes.

« Que… ? » demanda-t-il légèrement confus.

« Mon sweat-shirt... en quelque sorte... » le Maître des Potions lui fit un grand sourire. C'était vraiment maladroit sur son visage. « Ou ça l'était... il y a quelques jours. »

Harry fronça les sourcils.

« Mais... vous en avez besoin aussi, monsieur. »

« Prenez-le, Harry. Vous en avez plus besoin que moi. »

Ils se regardèrent pendant un long moment.

« Je ne peux pas. » dit Harry finalement. « Il est à vous. Mais merci quand même. »

« Vous êtes fou, Potter. Prenez-le ou je recourrai à la violence pour vous habiller. » ricana-t-il, faussement en colère. Harry leva les yeux au ciel, mais l'accepta et, avec un mouvement rapide, il l'enfila.

Le sweat-shirt était chaud et encore doux, mais trop grand, comme les vêtements de seconde main de Dudley. Malgré ses souffrances, Harry rit alors qu'il se regardait de nouveau.

« J'ai l'air ridicule. » dit-il. Oui, il l'était. Le sweat-shirt de Snape lui arrivait presque aux genoux ; les manches étaient presque deux fois plus longues que ses bras, et il dut donc les enrouler. Sous le pull, les longs morceaux de son pantalon flottaient autour de ses jambes... Dans l'ensemble, il était pire que Ron au dernier bal de Noël. Il ricana. « Et je n'ai pas de chaussures. »

« Moi non plus. » Snape acquiesça. « Je ne me rappelle même pas d'avoir porté des chaussures depuis que nous sommes ici. »

Harry approuva, et bougea finalement pour faire ce qu'il voulait faire depuis un certain temps, et il but. La jarre était seulement à moitié pleine, donc il but à peine quelques gorgées, mais Snape hurla.

« Buvez plus ! »

« Je dois épargner l'eau. » Protesta Harry.

« Pas maintenant. Vous avez besoin de liquide dans vos organes pour récupérer. »

Harry ne discuta pas, et bu encore un peu. Quelques minutes plus tard il retourna vers le coin où Snape était assis. Il n'était pas sûr de ce qu'il devait faire, donc il se posa à côté de son professeur.

« Venez plus près, Harry. Vous allez avoir froid. » dit Snape d'une voix exceptionnellement aimable, mais Harry n'osa pas se déplacer. Il entendit le professeur soupirer alors que l'homme se décalait et se glissait plus près de lui, tirant la cape autour d'eux comme il l'avait fait le jour précédent. « Nous n'avons pas de vêtements corrects. Si nous ne voulons pas attraper froid en plus de nos problèmes, nous devons garder la chaleur d'une manière ou d'une autre. Est-ce clair ? »

Harry acquiesça simplement, mais il se sentit bien mieux quand un bras sa positionna discrètement autour de ses épaules. C'était encore... comme s'il était un enfant et le professeur son père. Il ferma les yeux et s'appuya contre la source de chaleur offerte.

Snape fut un peu surpris quand le garçon se blottit contre lui

« Allez-vous bien ? » demanda-t-il avec précaution.

« Je ne pense pas que j'irai bien à nouveau. » dit Harry en baillant. Un moment plus tard, il a ajouta « Je veux dire que même si je survis à ceci d'une quelconque manière, je suppose que je ne pourrais jamais... tout laisser derrière. C'est juste trop... mais maintenant, je vais bien. Vous êtes si... gentil avec moi maintenant. Et c'est si étrange mais c'est agréable... quelque chose comme appartenir à... » marmonna-t-il, embarrassé.

Snape bougea légèrement, hésitant, et ne put rien répondre.

« Qui est Quietus ? » demanda Harry doucement après un moment.

« Comment savez-vous... ? » La voix de Snape fut coupante pendant un moment, mais il le regretta immédiatement. La réaction d'Harry fut rapide.

« Désolé, monsieur. » il baissa la tête et s'écarta.

« Vous n'avez pas besoin de vous excuser, Harry. » Snape resserra son étreinte pendant un instant pour rassurer et retenir Harry. « J'étais juste un peu... surpris que vous le connaissiez. »

« Vos cauchemars... » Harry soupira. « Et hier, quand vous vous êtes réveillé, vous m'avez appelé ainsi. M'avez-vous confondu avec lui ? »

Soudain, Snape se rappela les caresses... la bonté du garçon, qui l'avait touché, lui, le professeur le plus abject de l'école, l'homme qui avait traité Harry comme de la merde pendant des années, le meurtrier... Etait-ce CETTE bonté, qui avait changé ses sentiments, de tolérer le garçon jusqu'à prendre soin de lui ? Il semblait que chaque bonne chose dans sa vie était reliée d'une façon ou d'une autre à Quietus...

« Quietus était mon frère. » répondit-il doucement. « Et vous me le rappelez parfois. » ajouta-t-il après une seconde.

« Est-il… mort ? » demanda Harry aussi silencieusement qu'il le pouvait. Snape approuva simplement. « Comment... ? »

« Voldemort l'a tué. » Harry put voir les dents du professeur se serrer. Snape ferma les yeux et pris une profonde inspiration pour se calmer. « Il l'a tué ici, à Nightmare Manor, dans le Hall Principal, après six rounds de torture, parce qu'il refusait de se joindre à lui, et que mon père avait décidé de l'y forcer. Finalement, il a défié Voldemort, et celui-ci l'a tué. »

A nouveau, les images apparurent devant ses yeux comme elles le faisaient depuis Azkaban. Quietus mourant... les funérailles... Il resserra distraitement son étreinte autour d'Harry... autour de Quietus... pendant un moment, il crut vraiment qu'il était assis à côté de son frère. Lorsqu'il réalisa que c'était Harry qu'il tenait, il essaya de le libérer, embarrassé, mais il sentit alors une paire de bras s'enrouler autour de sa poitrine, le réconfortant. Cette manifestation d'inquiétude calma son embarras, et pendant de longues minutes, ils restèrent simplement assis, se tenant l'un l'autre, en silence.

« Vous êtes aussi courageux que lui... » murmura-t-il doucement. « La manière dont vous avez supporté les tortures, la douleur, dont vous avez fait face à la mort avec dignité... vous êtes juste comme lui. »

Harry ne put rien dire. Il semblait que toutes les discussions finissaient par la mort de quelqu'un relié d'une manière ou d'une autre à son Maître des Potions... Son amour, et maintenant, son frère... Juste comme il l'avait dit. 'Mais si nous décidons de continuer cette discussion sur le passé, nous verrons plus de morts que vous ne pouvez l'imaginer.' Peut-être que c'était la raison du comportement froid et sarcastique du Maître des Potions... les pertes qu'il avait subies dans sa vie...

« Professeur ? » demanda-t-il soudain.

« Hum ? » répondit Snape distraitement.

« Pourquoi la dignité est-elle si importante ? Si je dois mourir, n'est-ce pas pareil ? »

« Et bien… heu… d'un point de vue strictement matérialiste, peut-être. » répondit Snape perplexe.

« Vous voulez parler des paroles de Dumbledore ? »

« Quelles paroles ? » demanda le professeur curieusement.

« 'Pour un esprit équilibré, la mort n'est qu'une grande aventure de plus.' Il me l'a dit après mes aventures avec Quirrell. »

« Non. Je ne voulais pas parler d'une sorte de vie après la mort. Je ne sais pas quoi penser à ce sujet. C'est quelque chose de différent… » il soupira. « Je pense que je l'ai appris de Quietus. Nous allons tous mourir tôt ou tard. Nous ne pouvons jamais savoir avec certitude quand. Donc, nous devons vivre nos vies de manière à ne jamais regretter de... »

« Avez-vous regretté votre vie, monsieur ? » Harry n'était pas sûr que ce soit une question sage, peut-être que non, mais c'était trop tard. Il se prépara à un rejet cinglant, mais Snape eut juste un geste sec.

« Beaucoup de fois, oui. Je regrette beaucoup de choses. Mais c'est une autre histoire. Je ne regrette pas ma dignité perdue, parce que je n'ai jamais été forcé de la perdre. Je regrette d'autres choses. »

« Oh... Mais si je suis absolument sûr que je vais mourir, pourquoi ne puis-je pas abandonner ? »

« Harry, écoutez. » Snape soupira profondément. « C'est très difficile à expliquer. Je vais essayer de vous donner un exemple, mais ce n'est pas la réponse exacte à votre question. J'ai bien peur que la réponse exacte n'existe pas réellement. D'accord ? »

« D'accord, monsieur. » répondit le garçon doucement.

« J'ai dit que Voldemort avait tué mon frère. » Harry acquiesça. « J'ai dû participer à cette torture depuis le début. Comme dans votre cas... » Harry put encore sentir le tremblement du corps du professeur. « J'étais l'un de ses bourreaux, bien que je l'ai aimé plus que n'importe qui d'autre dans ma vie. Ou plutôt : il était le seul pour qui je m'inquiétais vraiment et que j'aimais. Et d'un autre côté, j'étais l'un de ceux qui l'ont fait souffrir. Il l'a supporté avec dignité et ALORS j'ai compris à quel point ma vie était une erreur. Sa mort m'a montré quelque chose sur la vie que je n'avais jamais compris. La lumière. La signification. D'être humain. »

« Je pense que je comprends, monsieur. » répondit Harry de manière presque inaudible.

« Vous connaissant, je vous crois. » Snape sourit. « Mais laissez-moi finir l'histoire. »

Harry acquiesça à nouveau.

« Après le quatrième ou le cinquième round, je ne pouvais plus faire de mal à Quietus. J'étais juste debout, là, incapable de bouger. Mon père m'a lancé le Doloris. Et ils l'ont tué. J'ai pris son corps et j'ai transplané à Poudlard. Je suis allé dans le bureau de Dumbledore et j'ai fait le serment sur le nom de Quietus de me battre contre Voldemort jusqu'à ce qu'il soit vaincu. »

« Dumbledore connaissait votre frère ? Comment ? » demanda Harry curieusement.

« Il était à Poudlard aussi. Il était préfet et, lors de sa dernière année, il était également préfet en chef. Tout le monde le connaissait et l'aimait. »

« Je vois... » Harry était perplexe.

Snape ne voulait pas continuer la conversation à propos de Quietus, donc il décida de changer de sujet.

« Si vous voulez plus d'exemples pour répondre à votre question sur la signification de la dignité dans la mort, vous pouvez penser à votre mère et à votre père. » dit-il doucement. « Ils ne savaient pas que leur résistance vous sauverait. Ils sont juste morts comme ils avaient vécu. »

Harry tremblait de partout et Snape demanda inquiet.

« Vous allez bien, Harry ? »

« Oui, mais c'est si... si étrange... » murmura Harry, pensif.

« Quoi ? »

« On pourrait conclure de vos exemples que cette sorte de mort donne... la vie... La dignité engendre la vie... Ou que... »

Les yeux de Snape s'écarquillèrent alors qu'il regardait le garçon. Harry n'était pas seulement aussi intelligent qu'il le suspectait depuis leurs précédentes discussions. Il était sage, comme un vieil homme ayant des douzaines d'expériences. Et bien, peut-être que le garçon n'était pas vieux, mais il AVAIT EU assez d'expériences semblait-il.

Ils restèrent assis silencieusement dans le coin semi-obscur. Harry s'endormit bientôt et Snape mit une nouvelle fois le garçon légèrement tremblant sur ses genoux. Il ne savait pas précisément pourquoi il faisait ça. Simplement, il le... faisait. Ca semblait être la bonne chose à faire. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais expérimenté auparavant, mais il décida qu'il aimait ça. Le professeur appuya sa tête contre le mur, observant la torche la plus proche d'un regard vide pendant longtemps, et il se posa encore des questions au sujet de son passé, de ses opportunités perdues et de son futur apparemment inexistant. Amour, attention, famille… des mots, des choses qui ne deviendraient jamais vraies. Néanmoins, Harry était vivant ; il pouvait ressentir quelque chose comme cela.

Oui. C'étaient en effet des jours heureux devant la porte des Enfers. Mais ils n'étaient pas en Enfer. Pas tant qu'ils pouvaient partager l'humanité, la dignité, l'attention, l'espoir, les rêves...

Des pensées étranges pour le méchant, bâtard, Maître des Potions, pensa-t-il ironiquement. Mais pas si étranges pour quelqu'un condamné à mort.

Ils étaient des 'hommes morts' marchant vers leur lieu d'exécution d'un pas lent, et leurs sentiments étaient les mêmes que ceux de tout autre homme partageant ce destin.

Il se rendait compte que ses sentiments étaient probablement la conséquence de leur situation physique et mentale actuelle. Mais était-ce réellement important ? Même dans la vie de tous les jours, le bonheur ou la tristesse n'étaient que des conséquences de divers événements internes et externes...

Perdu dans ses pensées, Snape rejoignit finalement Harry dans le sommeil.


Une voiture s'arrêta devant le Terrier, et la portière s'ouvrit à la volée, révélant Hermione.

« Ron ! » hurla-t-elle, voyant la tête de son ami. Elle courut vers le garçon aux cheveux roux et lui sauta au cou. « Ron », répéta-t-elle plus bas et elle sanglota dans les bras de son meilleur ami.

Ron était gêné par la démonstration de sentiment d'Hermione mais il ne voulait pas blesser la jeune fille déjà pleine de chagrin en la repoussant. Il soupira et lui murmura des mots réconfortants à l'oreille.

Quelques moments plus tard, Mme Weasley sortit son fils de l'étreinte de la jeune fille en la prenant brièvement dans ses bras puis elle montra la porte, invitant la famille d'Hermione à entrer.

Ils étaient tous dans la cuisine, assis à la table, mais personne n'avait le courage de briser le silence. Finalement, ce fut le père de Hermione qui parla.

« Nous avons entendu des nouvelles inquiétantes de la part d'Hermione juste après la fin de l'école » commença-t-il avec un soupir. « Et hier, elle a eu le journal, qui disait que son ami, Harry, avait peut-être disparu. Elle a dit qu'il avait sûrement été capturé et qu'elle voulait venir vous parler. Et » pendant un instant, il sembla perplexe « Joanne et moi nous voulions en savoir plus. Parce que pour moi cela ressemble aux préliminaires d'une guerre. »

« Ca l'est », lui assura fermement Mme Weasley. « Où ça le sera dans peu de temps. »

Le père d'Hermione acquiesça.

« Je m'en doutais. »

Après un long silence, Hermione se tourna vers Ron.

« Est-ce que tu en sais plus sur Harry ? Peut-être ton père ? Ou Dumbledore ? Ou quelqu'un d'autre ?

Ron secoua désespérément sa tête.

« Rien. Mais nous ne devons attendre papa ; lui, peut-être, qu'il aura quelques nouvelles quand il rentrera. »

« Le père de Ron travaille pour le Ministère de la Magie », expliqua Hermione à sa mère. « Et à propos de Tu-Sais-Qui ? Est-ce que Fudge continue à ignorer son retour ? »

« Fudge est un idiot », murmura Ron dans sa barbe et, au plus grand étonnement d'Hermione, Mme Weasley ne corrigea pas son fils.

« Fudge n'a pas confirmé la déclaration de Dumbledore, mais la plupart du monde sorcier y croit. »

« Ouais, le festin de fin d'année… » marmonna Hermione.

« Le Ministère ne veut pas bouger, même s'ils ont réorganisé et élargi les entraînements d'Auror. Percy a décidé de devenir Auror parce que son nouveau patron ne tolère pas sa passion pour le travail.

« Oh », Hermione sourit légèrement. « Ce qui veut dire qu'une personne normale est le successeur de Croupton. »

« Non , il n'est pas normal. Il ne peut pas supporte Percy. Ce n'est pas la même chose », répondit Ron et Mme Weasely soupira profondément.

« Ron, je t'ai demandé de surveiller tes paroles. »

« Mais maman, papa te l'a dit et tu étais d'accord avec lui ! »S'écria-t-il surpris.

En dépit de la douleur générale, les parents de Hermione sourirent et Mme Weasley rougit.

« Ronald ! » elle ne dit rien d'autre mais son fils ferma sa bouche et se pencha en avant sur sa chaise.

« La situation dans le monde sorcier n'est pourtant pas si mauvaise que ça », Mme Weasley se tourna vers ses hôtes moldus. « Vous-Savez-Qui reprend probablement des forces et reconstitue son organisation avant de pouvoir commencer quelque chose de plus sérieux. Il semble donc que, si nous voulons agir, nous en avons le temps, mais le ministre ne croit pas l'histoire d'Harry », elle s'arrêta et jeta un coup d'œil au couple pour voir s'ils connaissaient les évènements du Tournoi des Trois Sorciers.

« Hermione nous a tout raconté »,acquiesça Mme Granger, attendant la suite.

« Bien. Donc maintenant le temps est contre nous. Nous sommes presque impuissant, à cause du refus du Ministère. »

« A propos de…Vous-Savez-Qui » le père de Hermione soupira encore. « Est-ce qu'il y aura des conséquences dans le monde moldu ? »

Mme Weasley baissa la tête.

« J'ai bien peur que les conséquences ne soient très graves. Mais pas uniquement pour le monde moldu. Les sorciers nés-moldus vont être en danger permanent. Ceux comme votre fille… »

Un silence inconfortable tomba sur la cuisine.

« Mais Poudlard est un endroit sûr, maman », dit finalement Ron. « Hermione ne sera pas blessée là-bas ! Elle est en plus grand danger chez elle. »

« Oui, c'est vrai » acquiesça Mme Weasley et elle leva son regard vers les parents de Hermione. « Mais cet été sera…sans incidents, espérons-nous. »

« Comment peut-on dire ça ? » s'écria abruptement Hermione. « Harry a été kidnappé ! Vous-Savez-Qui est déjà en train de bouger ! »

« Hermione, Harry a été kidnappé parce qu'il a fugué. Tu-Sais-Qui n'était pas assez puissant pour briser la protection de sa maison. Et n'oublie pas qu'Harry a toujours été sa première cible, je ne sais pourquoi », Ron passa un bras rassurant sur l'épaule de Hermione. « Et j'espère, je crois, qu'Harry reviendra. »

Hermione secoua la tête.

« Ecoute, Ron. S'il a enlevé Harry, il l'aurait déjà tué. J'en suis sûre."

« Tu as tort. S'il avait déjà tué Harry, nous l'aurions su. Il utiliserait sa mort pour terrifier le monde sorcier… »

« Mais cela n'a pas de sens ! » s'écria à nouveau la jeune fille. « Si c'est Tu-Sais-Qui qui l'a enlevé, il n'aurait pas attendu aussi longtemps. Non. »

« Ou », tout le monde tourna sa tête vers Mme Weasley qui parla de manière inaudible. « Il veut le briser. Pour montrer au monde qu'Harry n'est pas le Héros que nous croyons qu'il est. »

« Le briser ? » interrogea le père d'Hermione. « Qu'est-ce que vous voulez dire ? Pas de l'abus physique… »

« Pas SEULEMENT de l'abus physique, Mr Granger », la profonde douleur dans la voix de Mme Weasley ne pouvait pas être dissimulée. « Et si j'ai raison, comme je le pense, ainsi qu'Arthur, il sera sûrement brisé. Vous-Savez-Qui a tout le temps d'atteindre son but. »

« C'est incroyable, Mme Weasley. Nous vivons dans le 20ème siècle pour l'amour de Dieu ! »

« C'est ce siècle qui a connu le plus grand massacre d'innocents. Dans le monde sorcier et moldu, si je ne me trompe pas », répondit-elle durement, et les Granger baissèrent la tête.

« Euh… oui… » murmura M Granger. « Mais…qu'est-ce que nous pouvons faire ? »

Mme Weasley regarda ses mains.

« Rien », marmonna-t-elle. « Nous ne pouvons que prier pour qu'il revienne vivant. »


C'est la fin d'un autre chapitre, n'oubliez pas les reviews...

Merci à snapye (l'update est chaque Vendredi), Edge (Comme tu l'as si bien dit, on ne répondra pas à ta question!), Gigiblue (Tu peux le redire, c'est pas ça qui va nous déranger), city (Tu verras ça à la fin), jeni944 (il est sûr que c'est un grand coup de pouce), A.D. vs A.V. (On note bien tous les compliments), Guzud (Je comfirme pour Méphisto), eiliss (Sûr que c'est émouvant...mais attention, on fournit pas les mouchoirs!) pour leurs reviews.