Titre: Happy Days in Hell
Auteur: enahma
Traductrices: Thamril et Méphisto
Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.
Note : Pas de spoilers du tome 5.
Chapitre 7 - Solitude
C'était encore arrivé.
Harry avait été torturé et il avait été forcé de le regarder souffrir.
Cette observation devenait de plus en plus dure alors que les jours passaient.
Snape était sûr qu'il ne survivrait pas à la nuit.
Le premier round avait été pour lui : un certain nombre de Doloris, une bonne dose d'abus physique accompagnée des courtes remarques de Voldemort à Harry, mais le visage du garçon était resté impassible pendant que ses yeux suivaient tout ce qui arrivait à son professeur et, après un moment, le Bâtard Suprême avait décidé de continuer avec Harry et le Maître de Potions était devenu l'observateur impuissant de sa torture.
Les anciens bleus, coupures et blessures d'Harry n'étaient pas encore guéris, et notamment, les coupures faites par le rasoir d'Avery qui s'étaient à nouveau rouvertes, mais Harry était juste resté debout, silencieux.
Snape se rappela leur panique presque intolérable du matin - à moins que ça n'ait été l'après-midi ? Il ne savait pas. Dans les donjons de Nightmare Manor, il y avait toujours de l'obscurité, et il avait perdu la notion du temps, et les longues périodes d'inconscience n'aidaient pas à la retrouver - ainsi, quand les mangemorts étaient venus les chercher une nouvelle fois, ils avaient été figés par la terreur. Il se rappelait le visage rond et enfantin d'Harry alors qu'il avait pali comme jamais auparavant, ses poings serrés, la crainte suffocante qui avait secoué le corps mince et évidemment faible... Il pourrait sentir le besoin désespéré de le protéger envahir son cœur, mais il n'était pas capable de faire quelque chose contre leur futur...
Leur relation les tuerait, pensa-t-il. Voldemort l'avait su quand il avait décidé de les enfermer ensemble dans la même cellule... Et les tortures se succédaient encore et encore...
Le froid de la chambre de torture... L'odeur du sang... Les gémissements sourds... Les rires sadiques... Les jambes et les mains tremblantes, les poings et les dents serrés, la faiblesse et la faim... Tout semblait si éloigné et flou excepté ses sentiments et la forte décision de rester humain dans cet enfer, il ne donnerait pas une occasion de plus au Bâtard de les torturer. Les abus physiques étaient assez.
Quand Voldemort était parti, les mangemorts avaient décidé de battre Snape aussi.
Le torture commune n'était pas aussi dure que l'observation impuissante. Il se sentait d'une certaine manière meilleur, comme si sa douleur pouvait diminuer celle d'Harry.
Tout le blessait maintenant.
Après leur longue et atroce torture, leur court moment de liberté approchait de nouveau. Les mangemorts les avaient à nouveau traînés dans leur cellule, à demi-conscients, au bord de la mort, de l'amour et de l'attention... Quelques heures sans Voldemort les attendaient, quelques heures pour se consoler et se réconforter mutuellement, pour reprendre courage avant les événements à venir.
Ils étaient tellement épuisés qu'ils n'étaient même pas capables de s'asseoir. Avec ce qui lui restait de force, Snape avait étendu Harry dans le coin et, saisissant la cape, il était tombé à côté de lui, et les avait couverts du morceau de vêtement dégoûtant, avait étreint le garçon et perdu connaissance de fatigue, comme lui.
La fin approchait, il le sentait. Sa dernière pensée était qu'il voulait mourir plus tard qu'Harry. Ainsi, il protègerait le garçon jusqu'à sa fin.
Snape ne reconnu pas l'endroit où il était. Il se sentait faible et malade, trop faible pour faire quoi que ce soit. Il ne pouvait pas sentir ses membres et était incapable d'ouvrir les yeux. En même temps, il y avait un autre sentiment étrange, comme voler ou naviguer dans l'air comme des nuages dans le ciel ou des oiseaux... Il était la lumière, une feuille dans le vent, libre de liens et de fardeaux, libre comme un enfant, sans soucis ni responsabilité, douleur, crainte, passé et futur...
Pendant les courts moments où il fut conscient, il sut que son état était la conséquence directe de la faim, des tortures et de la perte de sang, mais il n'y fit pas attention. Il repoussa violemment ces pensées inquiétantes. Il voulait voler, être libre - et mourir. C'était proche. Tellement proche qu'il pouvait presque la toucher. La lumière... une lumière forte devant lui, alors qu'il naviguait, comme s'il était au paradis. Il sourit. Paradis... depuis l'Enfer... Y avait-il une route jusqu'au paradis ? Est-ce qu'on lui permettait de rester là ? Juste devant, pas dedans : il ne pourrait jamais entrer à l'intérieur, il en était sûr.
Le paradis n'était pas pour les meurtriers comme lui, même s'il avait changé après coup... Le paradis était pour les gens qui le méritaient, comme Quietus par exemple.
Quietus... Si son frère était au paradis, il ne le rencontrerait jamais. Jamais. Il ne lui serait pas permis d'y entrer.
Il put sentir son cœur se serrer. Comme la tristesse le touchait, il devenait de plus en plus lourd et ne pouvait plus naviguer légèrement : la terre l'appelait, la réalité le réclamait là : en enfer au lieu du paradis auquel il n'appartiendrait jamais.
Meurtrier, meurtrier ! cria un grand chœur de voix venant de la terre sur laquelle il était tombé, les voix des victimes qu'il avait tuées, torturées ou blessées le réclamait là où elles étaient : dans le puits de la douleur, de la crainte et de la solitude... Seul dans l'obscurité des donjons depuis plus d'une douzaine d'années, seul et soupçonné par tout le monde, suspecté et méprisé... Mais il le méritait.
Bien sûr qu'il le méritait !
Il le savait. Mais ça faisait mal. Tout ce qu'il voulait, suppliait, demandait, rêvait était quelqu'un... n'importe qui... pour être là pour lui. Quiconque qui pensait à lui comme à un autre être humain, juste comme un être humain... qui s'inquiétait pour lui, qui faisait assez attention pour être là...
Soudain, il put voir le visage concerné et inquiet d'Albus... puis il put entendre le directeur dire 'je l'ai envoyé à McRee'... Albus ne lui avait pas fait confiance.
Personne ne lui avait fait confiance.
Traître une fois, traître à jamais.
Traître aux deux côtés, comme l'avait dit Voldemort.
Traître à tous ce qu'il avait aimé.
Traître à Anne.
Traître à Quietus.
Meurtrier… Traître… Oui, il l'était. Il sentait l'obscurité apparaître autour de lui, réclamant sa vie, et les lumières du paradis commencèrent à s'éloigner, et il devint extrêmement lourd, et il tomba à travers la Terre jusqu'à l'abîme la plus profonde du monde, désespéré et seul.
Et il le méritait. Tout !
Il était condamné à être seul pour l'éternité. Tout devenait froid, plus froid que la glace, plus froid que l'espace : c'était le froid de la mort... La mort des âmes perdues, de la damnation... La solitude éternelle...
Il voulait se pelotonner en position fœtale, comme il était habitué à le faire à la maison, dans son lit, afin de se consoler grâce à la chaleur de son corps mais, pour l'instant, il ne pouvait pas.
Il ne pouvait pas. Quelqu'un était étendu à côté de lui, l'empêchant de se rouler en boule.
Quelqu'un qui tremblait et gémissait d'une voix à peine plus forte qu'un chuchotement. Cependant, Snape pouvait l'entendre.
« Laissez-le tranquille... s'il vous plait, laissez le tranquille... partez, s'il vous plait, s'il vous plait. » murmurait la personne à côté de lui, sa voix se cassant d'un cri silencieux de temps en temps. « Vous avez déjà tué tout le monde autour de moi... s'il vous plait, s'il vous plait, laissez-le partir... »
La faible voix le suppliait-elle LUI, Severus Nobilus Snape ? Était-ce l'une de ses victimes ? Était-ce le gosse, le gosse de Thomas Galvany ? La voix était si semblable...
« Ne lui faites plus de mal, laissez le juste, s'il vous plait... Prenez-moi au lieu de lui... moi... encore… … … allez-y... » la voix devint un murmure inaudible.
Snape lutta pour ouvrir les yeux, pour s'éclaircir l'esprit. Quelqu'un était avec lui dans l'enfer où il était tombé. Quelqu'un désespéré et triste mais pas pour lui-même... Et certainement pas le garçon Galvany... Qu'est-ce que le garçon faisait là alors ?
C'était si foutrement dur de reprendre conscience. Il aurait besoin de potions d'énergie... mais il se rappela que ses potions lui avaient été retirées il y a quelques jours... quand il avait été placé dans la cellule avec Harry. Harry...
HARRY ?
Soudainement, tout devint clair. La personne à côté de lui était Harry, suppliant pour... pour qui ? Quoi ? Luttant toujours contre sa faiblesse, il s'appuya sur son coude et ouvrit les yeux. Comme il l'avait prévu, sa vision était floue mais il put à nouveau entendre le garçon supplier.
« Non, pas Cédric... tuez-moi à sa place... » Silence et sanglots... et encore des mots sanglotés « Il n'est pas l'autre... Je suis celui qui est en trop... L'autre... » et encore de marmonnements inintelligibles.
Snape secoua la tête. Que se passait-il ? À qui Harry parlait-il ? A propos de quoi était-ce ? Cédric ? Mais il était mort. Au moins deux mois auparavant... Et que signifiait 'l'autre' ? Qui était l'autre ? Et pourquoi ?
Comme sa vision s'éclaircissait un peu, il vit quelque chose de scintillant sur le visage du garçon. Scintillant comme de l'argent ou de l'or, comme un masque, tout le visage scintillait... Soigneusement, Snape toucha le masque étincelant. Humide. C'était humide. De l'or liquide ? Il regarda ses doigts. Et finalement, il comprit.
Les larmes scintillaient et brillaient dans la lumière de la torche, les larmes qui lavaient le visage d'Harry. Il sanglotait dans son rêve...
Rêve... Snape pensa amèrement. Il valait mieux dire cauchemar. Meurtres et douleur et supplications... Ca ne pouvait être qu'un cauchemar avec Voldemort comme personnage principal.
Il toucha doucement l'épaule du garçon et l'appela.
« Harry... Harry, pouvez-vous m'entendre ? Réveillez-vous ! »
Il n'y eut aucune réponse pendant de longues minutes. Snape commença à secouer le corps fragile aussi précautionneusement qu'il le pouvait sans obtenir de résultat. Au bout d'un moment, l'homme commença à désespérer.
« Pouvez-vous m'entendre, Harry ? Vous devez vous réveiller ! » Il essaya de parler plus fort, mais sa voix était faible et rauque.
« Pas lui, s'il vous plait... » Un nouveau torrent de larmes coula des yeux étroitement fermés d'Harry. « Non, nonnonnon, s'il vous plait. » Les poings d'Harry se serrèrent. « Laissez-le tranquille ! Tuez-moi à sa place ! Je le mérite... pas lui... » Le cri secoua tout le corps d'Harry interrompant le flot des mots.
Snape le secoua, horrifié.
« Harry ! » cria-t-il aussi fort qu'il le pouvait. « Réveillez-vous, écoutez, Harry ! » Il secoua l'épaule du garçon, cette fois aussi fort qu'il le pouvait.
Harry émergea brusquement de son cauchemar.
« Où... qui... ? » il cligna des yeux aveuglément.
« Vous êtes avec moi. Avec Severus. » l'homme respira aussi calmement qu'il le pouvait, soulagé après ces moments d'horreur absolue.
« Severus ? » demanda la voix faible. « Qui est Severus ? »
Snape se frappa mentalement. Évidemment, le garçon ne l'avait jamais appelé Severus avant.
« Avec le professeur Snape. » expliqua-t-il, se calmant encore plus.
« Professeur ? » cria Harry brusquement, en essayant de s'asseoir. « Vous êtes VIVANT ? »
« Bien sûr que je le suis. Ne m'avez-vous pas entendu ? » répondit Snape. Il fut irrité pendant un court moment, mais son soulagement repoussa son ennui.
Apparemment, il n'était pas le seul à être soulagé. Un immense soulagement retira également la tension du visage de l'enfant.
« Vous êtes ici. » dit simplement Harry, souriant et fermant les yeux.
« Oui, pourquoi ? » Snape était vraiment curieux et il se pencha plus près.
Harry rougit légèrement.
« Je... Je... » il essaya de commencer mais échoua. « Rien, monsieur. Vraiment. »
« Vous pleuriez dans votre rêve. » dit juste le professeur.
« Vous aussi, il y a quelques jours. » Harry secoua les épaules, légèrement embarrassé.
Snape soupira et massa son cou.
« J'ai eu un cauchemar. A propos de... à propos de la mort de Quietus et... J'ai essayé de... » c'était juste trop dur à dire. Mais il n'avait pas le temps de pleurnicher. S'il voulait que le garçon lui fasse confiance, il devait continuer. « J'ai essayé de le sauver, mais j'ai échoué. La même chose s'est produite dans ma vie il y a 15 ans... »
La dernière phrase était un faible chuchotement. Harry ouvrit les yeux et leurs regards se rencontrèrent.
« Désolé, monsieur. Je vous ai à nouveau blessé. » dit-il sérieusement.
« A nouveau ? » demanda Snape totalement incrédule.
« C'est de ma faute si vous souffrez ici. Je vous ai fait cela. Tout est de ma faute. »
Snape put voir dans les yeux du garçon qu'il le pensait réellement. Soudain, il se sentit très vieux et fatigué. Plus de 37 ans. Plus de 40. En fait... plus de 80. Il se sentait comme lors d'un cours de potions, quand il faisait des efforts sans résultat pour expliquer une chose très simple à Londubat ou à un Poufsouffle. Comment diable Harry ne pouvait-il pas comprendre le simple fait que ça n'avait PAS été sa faute ? Pas du tout, rien du tout. Mais il n'arriverait pas à le faire comprendre au garçon, il en était sûr. Et ça l'ennuyait beaucoup.
« Arrêtez ça, Potter. » aboya-t-il de sa meilleure voix de bâtard graisseux. « Ce n'est PAS votre faute. Et. Si. C'était. Votre. Faute. Ca. N'aurait. Pas. D'importance. Après. Six. Jours. Ensemble. Dans. Cet. Enfer. Avez-vous compris ? »
La dernière phrase était plus un cri désespéré que le hurlement furieux qu'il voulait qu'il soit. Harry sursauta surpris. Il n'osa pas répondre, acquiesçant simplement.
« Je ne vous crois pas. » Snape secoua la tête d'exaspération. « Vous vous blâmez de cette situation. Mais vous n'avez PAS raison. Ce n'était pas votre choix et je ne vous blâme pas. Je préfère être ici avec vous qu'être n'importe où ailleurs. »
Cette fois, sa confession involontaire les surprit tous les deux. Harry cligna des yeux de surprise, puis il parla.
« J'ai rêvé que Voldemort vous tuait. Juste devant moi. Et je ne pouvais pas vous sauver. Vous mourriez comme mes parents, Cédric... Comme tout le monde autour de moi... »
Snape déglutit. Encore Cédric. Ca devenait suspect.
« Vous ne pouvez pas vous pardonner sa mort. » réalisa-t-il, et ce n'était pas une question.
« Il est mort à cause de moi. C'était moi la cible de Voldemort, pas lui. C'était juste... une erreur. Mon erreur. Mais une erreur néanmoins... Et quand Voldemort a ordonné à Pettigrew de le tuer, il a dit 'Tue l'autre.' Comme s'il n'était rien... pas une personne, un humain... juste une erreur... » Harry tremblait. « Je ne pouvais rien faire du tout. » Harry se détourna de Snape et couvrit son visage de ses mains. « J'ai senti la même chose dans mon rêve. Il vous tuait. Je ne pouvais rien faire contre ça. Mais ça faisait plus mal que Cédric... Ca faisait tellement mal... » marmonna-t-il.
Snape eut un besoin soudain et total d'étreindre le garçon frissonnant. Il saisit les épaules d'Harry et tourna le garçon vers lui.
« Merci, Harry. » Il ne savait pas exactement pourquoi il le remerciait. Le sentiment indiqué par les larmes ? Ou les paroles sincères et courageuses ? Ce n'était pas important de toute façon. Il attira Harry plus près, enroula ses bras autour de ses épaules et le serra fortement contre lui. « Je suis là, ne vous inquiétez pas. »
Harry enfouit sa tête dans les robes de Snape - ou dans leurs restes - et soupira. De crainte ? De soulagement ? Snape ne pouvait pas le dire.
« Je ne veux pas mourir, monsieur, mais... Je ne veux pas rester à nouveau seul... être à nouveau seul... »
Ces mots étaient tellement identiques aux sentiments du précédent cauchemar de Snape qu'ils le frappèrent durement et profondément au cœur.
Mais POURQUOI ? Pourquoi Harry devait-il se sentir de cette manière ?
Le garçon ne méritait pas d'être seul. Alors pourquoi était-il obligé de se sentir seul ?
Le garçon n'avait aucun péché pour le séparer des autres, comme lui en avait. Pourquoi était-il laissé seul ?
Deux 'pourquoi'. Le premier dirigé vers le destin, le second vers les circonstances.
« Pourquoi dites-vous 'à nouveau seul', Harry ? » demanda-t-il avec précaution. « Quand vous êtes vous senti seul ? »
« Je me sens seul presque tout le temps. » chuchota le garçon, sa tête toujours nichée contre la poitrine de Snape, cachant son expression. « Excepté ces derniers jours. » ajouta-t-il quelques instants plus tard.
Encore cette maudite impression : le garçon se sentait comme lui... Comment ?
« Mais vous avez vos amis... votre famille, Harry. Vous n'êtes certainement pas seul. »
« Je vous ai dit que mes amis étaient des enfants. Et ma famille n'est rien de plus que trois personnes qui me méprisent et essayent désespérément d'ignorer ma simple existence. Mais cette ignorance est tout à fait nouvelle : ils ne le font que depuis récemment. Autrefois, ils me détestaient. Et, d'une certaine manière, c'était mieux. Je pouvais au moins sentir que j'existais. Mais après... Ils m'ont totalement évité. Ils ont fait de leur mieux pour ne pas me parler... pour ne pas me regarder... Et Sirius ne pouvait pas être là pour moi pour certaines raisons que vous connaissez. En fait, je ne connais pas vraiment Sirius non plus. Juste quelques lettres, et trois ou quatre courtes rencontres, rien de plus... Tout était si... vide. »
Mais Snape manqua la deuxième partie du discours.
« Votre famille vous méprisait ? Vous ignorait ? Pourquoi ne l'avez-vous pas dit au directeur ? »
« Lui dire quoi ? Mes sentiments ? Ou quoi ? Que j'ai vécu dans un placard pendant 10 ans ? Que je n'ai rien eu que je pouvais déclarer comme mien jusqu'à ce que j'achète mes robes et mes affaires d'école ? Que je n'ai jamais eu de nouveaux vêtements et que j'ai toujours dû porter les lambeaux de ceux de mon cousin ? Que j'étais toujours maltraité par ma propre famille ? Que plus tard, j'ai dû participer au régime de Dudley et que j'étais affamé ? Que je suis un tel monstre qu'ils m'ont maintenu enfermé pendant toutes mes premières vacances d'été ? Que je ne pouvais obtenir une certaine liberté qu'en les menaçant avec mon meurtrier de parrain ? Ou qu'ils ne m'ont jamais rien dit au sujet de mes parents excepté des mensonges ? Ils disaient qu'ils étaient morts dans un accident de voiture, que mon père était sans emploi, un inutile, un bon à rien, et que ma mère était une pute... J'avais tellement honte. Et d'un autre côté, ils ne m'ont pas vraiment battu ou maltraité physiquement. Je me serais senti si ridicule d'aller me plaindre à Dumbledore pour toutes ces choses stupides... » Toutes les douleurs de sa vie éclatèrent. L'amertume, la tristesse et la résignation.
Snape comprit trop bien les sentiments du garçon. Il avait raison. Un enfant, s'il n'était pas battu, ne serait pas enlevé à sa famille. Un peu de mauvais traitements n'avait pas d'importance, vraiment. Et beaucoup d'enfants avaient une famille comme celle d'Harry - lui par exemple. C'était comme un réfrigérateur. Froid et sans émotion.
Quietus était la seule chaleur dans l'hiver de son enfance.
Snape frissonna alors qu'il essayait d'imaginer son enfance sans Quietus. Ca aurait été terrible. Et... ses parents ne l'avaient jamais enfermé dans un placard. Et... il avait eu tout ce dont il avait besoin. De la nourriture, des vêtements, des jeux... la seule chose manquante était l'amour. Mais... au moins ils étaient fiers de lui ! Et de Quietus aussi, bien que... Non. Son enfance était considérablement meilleure que celle d'Harry. Pendant ce temps, Harry avait continué à se plaindre.
« Je n'avais jamais eu d'amis avant de rencontrer Ron sur le Poudlard-Express et, plus tard, Hermione. Personne ne voulait être mon ami. Personne ne voulait être l'ami d'un monstre, être frappé et maltraité par Dudley. J'étais TOTALEMENT seul jusqu'à onze ans. Je n'ai eu aucun ami, aucune famille, aucune personne vivante qui voulait me parler, pour me demander comment j'allais. Au moins, cet idiot de Dudley me tourmentait parfois et je pouvais sentir que j'existais encore. »
Snape était paralysé et sans mots. Et extrêmement secoué par les paroles d'Harry.
Il SAVAIT ce que c'était que de se sentir seul.
'Je n'ai eu aucun ami, aucune famille, aucune personne vivante qui voulait me parler, pour me demander comment j'allais.'
Il reconnut ses propres sentiments dans cette phrase. L'exaspération, la résignation, le caractère définitif. Quand vous avez finalement renoncé et accepté votre destin.
« Vous n'êtes pas seul, Harry, vous ne l'êtes plus. Je resterai avec vous. Je resterai avec vous aussi longtemps que je le pourrai. Je le promets. » Snape ne savait pas pourquoi il disait ces mots. Mais il ne les regretta pas. Ils étaient justes même si cette voix sarcastique dans sa tête ne manquait pas de lui rappeler sa propre situation. 'Severus, Severus... C'est TOI qui ne veux pas être seul, n'est-ce pas ? Tu étais terrifié par ton propre cauchemar, n'est-ce pas ?'
Non. Harry ne méritait pas d'être seul. Lui, Severus Snape, était sa dernière chance pour l'aider, pour lui donner de la compagnie, et peut-être... une famille aussi ? Ils n'avaient pas beaucoup de temps. Des jours... ou peut-être juste des heures... Et oui, Voldemort tirerait profit de leur relation, mais il ne pouvait pas refuser cela à Harry. L'amour signifiait toujours plus la douleur dans la vie que le bonheur total.
Il essaya de l'expliquer à Harry.
« Je ne mérite pas votre attention, monsieur. » répondit faiblement le garçon après avoir écouté son explication.
« Potter, vous rappelez-vous quand, il y a quelques jours, l'un de nous a dis : 'Ce n'est pas le bon endroit pour parler de mérite' ? Vous m'avez dit cela quand j'ai osé dire que je ne méritais pas de vivre. » Snape caressa le dos du garçon en faisant des cercles. « Je peux seulement répéter vos paroles. Et... »
« Mais... » Harry essaya d'interrompre Snape, mais cette fois il n'y parvint pas.
« La ferme, Potter. JE parle. » Son ton était ferme, et Harry préféra retenir sa remarque. « Donc. Si nous parlons néanmoins de mérite, je vous dis : vous ne méritez rien de cela. Vous ne méritez pas d'être torturé et abandonné. Vous n'avez rien à regretter, à vous faire pardonner. Cédric est mort. C'est vrai. Mais ce n'était pas votre faute. Ca aurait été votre faute si vous aviez su ce qui se produirait. Mais vous ne saviez pas. Vous n'avez pas non plus voulu que vos parents meurent. Vous n'aviez pas l'intention de faire du mal à quelqu'un. Le mot-clé est : intention. Vous pouvez vous blâmer seulement si vous aviez l'intention de nuire à l'autre. Me comprenez-vous ? »
Harry, n'osant pas interrompre Snape, acquiesça simplement.
« Etre seul est la plus grande punition que quiconque puisse recevoir. Et écoutez maintenant : je le MÉRITE. MOI. PAS VOUS. J'ai commis beaucoup de péchés. J'ai fait des choses terribles quand j'étais jeune et je ne les ai pas faites juste par hasard. J'avais L'INTENTION de nuire, de blesser, de causer de la douleur. Et je les ai regrettées seulement parce que Quietus a été tué. C'était une raison très égoïste de regretter, ne pensez-vous pas ? Ainsi, je mérite de mourir seul dans cet enfer. Mais vous êtes ici, donc si je décide d'accomplir mon repentir en mourrant seul, je multiplierai juste le nombre de mes péchés car je vous blesserai. » Snape attendit qu'Harry lève la tête et le regarde dans les yeux pour continuer. « Et si vous décidez de vous punir avec la solitude, vous me blesserez. » ajouta-t-il calmement.
« Je n'avais jamais pensé à cela avant, monsieur. » la voix d'Harry était calme et claire. Ses yeux étaient grands ouverts et la sincérité y brillait.
« Je vous ai déjà dit deux fois que je suis heureux d'être ici avec vous, n'est-ce pas ? »
« Oui. Vous l'avez fait. » acquiesça Harry.
« Pouvons-nous en finir avec ce sujet alors ? » un soupçon d'impatience moqueuse sonnait dans la voix de Snape.
« Nous le pouvons. » Harry expira bruyamment.
Ils se turent et s'étendirent sur le dos dans le silence complet, appréciant juste la compagnie de l'autre. Harry posa sa tête sur l'épaule de Snape, tandis que le bras du professeur s'enroulait autour de ses épaules. Cette fois, il ne pensa pas au caractère embarrassant de la situation, il ne pouvait plus la trouver embarrassante.
« Savez-vous quelque chose au sujet de ma famille ? » demanda soudainement Harry. « Les Dursley ne m'ont rien dit à leur propos. »
« A propos de vos parents ? »
« Non, pas seulement à propos d'eux. Je n'ai aucun parent vivant excepté Tante Pétunia, la sœur de ma mère avec qui je vis. Savez-vous ce qui est arrivé aux autres personnes de ma famille ? »
Snape ferma les yeux.
« Oui, je sais ce qui s'est passé avec vos grands-parents. Je me demande pourquoi Albus ne vous en a pas parlé. » Harry ne dit pas un mot et, après un moment, Snape continua. « Les parents de votre père étaient des sorciers, comme vous le savez sûrement. Votre grand-mère avait un magasin au Chemin de Traverse, elle fabriquait et vendait des malles... Oui, oui... Ma malle scolaire était également l'oeuvre de votre grand-mère. Elle a inventé un nouveau type de malles appelées 'Coquillage.' Les Malles-Coquillage peuvent être utilisées de nombreuses manières car vous pouvez mettre dedans plus de choses que dans les malles normales. De nos jours, vous pouvez acheter des dérivés des ses modèles, peut-être vous souvenez-vous de la malle de Moody... »
« La malle avec les sept serrures ! » cria Harry.
« Oui. Elle contient aussi une petite salle, vous vous en souvenez ? » Harry acquiesça. « C'est le modèle Coquillage-S. S comme salle. »
« Avez-vous une malle comme cela ? »
« Non. J'ai une Coquillage-N9. Ca signifie que ma malle a neuf serrures, mais qu'aucune d'elles ne contient une salle. C'est une Malle-Coquillage normale. »
« Si vous voulez partir en vacances, vous ne devez pas prendre un nombre sans fin de bagages avec vous. Vous pouvez mettre tout ce dont vous avez besoin dans une malle. Si je sors d'ici, je m'achèterai une Malle-Coquillage. » sourit Harry d'un air rêveur.
« Je vous donnerai la mienne. Elle a été faite par votre grand-mère elle-même. »
Harry secoua la tête.
« Non merci, monsieur. Elle est à vous. Je ne veux pas vous la prendre. » Harry leva la main quand Snape ouvrit la bouche. « Non, monsieur. Je veux une malle avec une salle. C'est plus intéressant et j'aurai un endroit à moi où je pourrais vivre, si je finis par en avoir marre des Dursley. »
« Vous ne le ferrez sûrement pas, Potter. Tant que je serai vivant, vous ne vivrez jamais dans une malle, je le jure. » Snape semblait ennuyé.
« Bien, monsieur. » Harry sourit plus largement. « Alors, continuez avec ma famille. »
Le professeur déplaça sa tête vers le garçon et sourit en retour.
« Votre grand-père, Harold Potter, était un Auror et un bon ami de Dumbledore. Ils s'étaient battus ensemble contre le Seigneur des Ténèbres précédent, Grindelwald et, si je me souviens bien, Potter avait même sauvé la vie du directeur lors de la bataille finale. Cela a peut-être été la raison principale pour que Dumbledore ait fait des exceptions avec votre père à l'école... » Le visage de Snape était plein d'émotions. De la colère, principalement. « Même Dumbledore avait des préjugés envers quelques étudiants. Il idolâtrait les Gryffondors et les enfants des Aurors et méprisait les Serpentards et les prétendues 'Familles Sombres' comme la mienne et leurs enfants. » Les yeux du professeur étaient dans le vide. « Et bien, dans la plupart des cas, il avait raison. Dans mon cas, par exemple. Ou dans celui de Lucius également. Mais... au début, il méprisait Quietus aussi, juste à cause de nos parents. Et Quietus n'est jamais devenu sombre... » il sortit brusquement de sa transe et continua d'une voix plus forte. « Je suis sûr que Quietus a été la principale raison pour que Dumbledore se débarrasse de ses préjugés ridicules. »
Après une longue pause, Harry ouvrit la bouche.
« Mais... Dumbledore a vaincu Grindelwald en 1945 et mon père est né vers la fin des années 50... »
« Et bien... Votre grand-mère était considérablement plus jeune que votre grand-père. » Snape sourit. « Il l'a rencontrée à Poudlard où il enseignait la DCFM et si je ne me trompe pas, votre grand-mère était l'une de ses élèves. »
« A-t-il été votre professeur aussi ? »
« Non. » Snape secoua la tête. « Voldemort est apparu en 1968, et votre grand-père a quitté l'école pour se battre contre lui et entraîner les Aurors pour le ministère. Je suis entré à l'école en 1969, l'année suivante. Je soupçonne votre grand-père d'avoir maudit le poste pour pouvoir le reprendre après la guerre. » le Maître des Potions eut un sourire mauvais.
« Il y a eu des problèmes avec ce poste pendant 25 ans ? » Les yeux de Harry s'écarquillèrent d'une surprise évidente.
« Exactement. J'ai eu six professeurs de DCFM différent en sept ans. »
« Oh. J'en aurai probablement sept. » Harry eut un sourire en coin. « Et à propos de leurs familles ? Mes grands-parents n'avaient-ils aucune autre famille ? »
« Je ne sais rien de plus au sujet de votre grand-mère, mais j'ai entendu dire que toute la famille d'Harold Potter avait été abattue par Grindelwald pour se venger de ses activités d'Auror. »
« Encore des morts... »
« Oui... Et vos grands-parents ont été tués par Voldemort lui-même pour se venger des actions de James Potter en tant qu'Auror... Un an avant le mariage de vos parents. »
Harry déglutit et ne dit rien. Ca semblait un miracle que des gens aient survécu.
« Ca ressemble à un suicide général du monde sorcier... » dit-il silencieusement. « Nous tuons les sorciers sombres et ils nous tuent... »
« Comme partout dans le monde... Même les moldus se massacrent entre eux. »
« Ca semble être une caractéristique humaine... Pourquoi ? » il semblait désespéré.
« Personne ne le sait, Harry. » répondit Snape calmement. « Si nous connaissions la réponse, peut-être que nous aurions fait quelque chose contre cela. »
Après un long silence, Harry continua à demander.
« Et les parents de ma mère ? Savez-vous quelque chose d'eux ? »
Le visage du professeur devint soudainement distant et une expression fermée y apparut.
« Je ne les connaissais pas. » sa voix était rauque et froide. « Mais... J'étais là quand ils ont été tués... »
« Je tuerai ce bâtard, Remus. Je te le jure », les yeux de Sirius brillaient de son humeur sombre. « Peu importe ce que dit Albus, je suis sûr qu'il n'ose pas revenir parce qu'il a finalement tué Harry. »
Le visage de Remus était ridé par la fatigue et par la souffrance des derniers jours. Il n'avait plus de Potion Tue-Loup et Snape ne lui avait pas envoyé sa dose habituelle, donc ses transformations étaient aussi douloureuses qu'elles l'avaient été avant… En fait, c'était la principale raison qui faisait que Sirius savait que Snape avait disparu. Le manque de potion.
Il s'était penché en avant pour écouter la colère de son ami contre le Maître de Potions, et il ne pouvait s'empêcher de devenir de plus en plus furieux. C'était trop facile de sauter à la conclusion que Snape était responsable de la disparition soudaine de Harry - et peut-être de sa mort…
« Il a enfin atteint son ultime but de Mangemort… » fulminait sombrement Sirius. « Comment Albus a-t-il pu lui faire confiance rien qu'une minute ? Faire confiance à un mangemort…Le dégoûtant Serpentard… je lui ai dit… mais Dumbledore était si certain… et regarde ! »
Remus essaya de rester calme. Il pouvait comprendre le point de vue de son ami, mais… Il croyait en Dumbledore. Naturellement, même Dumbeldore avait fait des erreurs dans sa vie et avait fait confiance à des gens qui ne le méritaient pas, mais Snape était… était une autre affaire. Il avait travaillé pour Dumbledore pendant bien plus de dix ans. Et même s'il avait toujours insisté sur le fait qu'il haïssait Harry, il avait risqué sa vie lorsque cela avait été nécessaire… Lupin soupira. Il ne savait pas vraiment quoi penser de Snape, mais il n'était pas aussi convaincu de sa culpabilité.
« Sale ver de terre… un Mangemort… peut-être même qu'il était un des assassins d'Anne… »
« Cela suffit, Sirius ! » s'écria tout à coup Lupin. « Ferme ta grande gueule ou je te jette un sort ! » il leva sa baguette, agacé.
« Remus ? » interrogea Black, surpris. « Qu'est-ce qui ne va pas… ? »
« Peu importe ce qui est arrivé à Harry ce n'était sûrement pas de la faute de Snape. Harry a fugué tout seul, ce n'est pas Snape qui l'a attiré loin de sa famille. Les laquais de Voldemort surveillaient sans doute la maison et l'ont attrapé quand il a quitté les barrières de protection. Dès ce moment, le sort de Harry a été scellé. Snape ne pouvait plus rien faire. Il était trop faible tout seul, même s'il est de notre coté. Et s'il n'y était pas, pourquoi ne serait-il pas quand même revenu ? Il pourrait dire à Dumbledore qu'Harry a été capturé et qu'il n'avait pas été capable de l'aider puis que Voldmeort l'avait tué ou quelque chose de ce goût-là…Mais il n'est pas revenu et je pense qu'il a été tué avec Harry. Peut-être qu'il a essayé de sauver la vie du gamin encore une fois… »
« Quel idiot tu fais, Remus ! Moi, je suis convaincu que Snape a enfin tué Harry et qu'il a eu peur de revenir et d'être questionné avec du Veritaserum pour pas que ses petits secrets soient révélés… »
« Dumbledore a dit qu'il avait interrogé Snape il y a quelques mois… »
« De sa propre initiative et par le sérum que lui a donné Snape… C'est un petit peu bizarre, non ? Moody ne croit pas non plus Dumbledore et je fais confiance à Moody. Il a, lui aussi, questionné Snape avant son procès au Ministère, et il a dit que Snape avait tout avoué avec du Veritaserum : les meurtres, les tortures… tout, Remus. »
Lupin croisa ses bras sur sa poitrine.
« Tu dis que je suis un idiot. Mais TOI ? » ses yeux étaient plein de rage et de frustration. « Je me souviens d'une longue discussion d'il y a quelques mois… TU me racontais ton petit séjour dans la prison du Ministère… Les soins si attentifs des Aurors… Les deux mois que tu y a passés… Les coups, la torture, l'absorption forcée de Veritaserum jusqu'à ce que TU AIS AVOUE TOUT CE QU'ILS VOULAIENT ENTENDRE ! TU me l'as dit ! TOI ! Tu ne te souviens plus ? TU a avoué que tu avais trahi James et Lily Potter parce que tu voulais qu'ils te laissent crever en paix. »
Black baissa la tête d'une douleur visible.
« Ouais… je me souviens… » Il voulait que Lupin arrête. Mais son ami était impitoyable.
« Et maintenant tu fais confiance à Moody alors que c'est lui qui a interrogé Snape…Sans doute de la même manière que toi… Imagine. »
« Tu ne comprends rien ! » cria soudainement Black. « Dumbledore a sauvé Snape alors qu'il n'a rien fait pour moi ! »
« Peut-être parce que Snape n'a JAMAIS avoué ses crimes ! Il n'a pas parlé pour être laissé tranquille…'
« Il leur a menti ! »
« Et est-ce que je peux te demander comment est-ce que tu le sais ? Snape pourrait décrocher la Lune que tu ne le croirais pas. S'il sauve Harry des mains de Voldemort, tu trouveras une bonne raison de le haïr pour cela aussi, j'en suis sûr. »
« Il a tué ma sœur. »
« Non. »
« C'est de sa faute si Voldemort a tué ma famille. »
« C'était ta 'faute' si tu veux vraiment un coupable ! C'était une revanche, comme tu le SAIS très bien ! Une revanche contre TOI ! Tes faits ! Tes actes ! »
Les deux hommes se faisaient face l'un contre l'autre furieusement.
« Alors tu soutiens ce mangemort servile plutôt que moi ! » hurla Black.
« Je ne supporte personne. J'essaye juste d'être objectif. »
« Tu n'es pas objectif, tu es aveugle…C'est un meurtrier. »
« Il n'a jamais essayé de te tuer. Toi, au contraire… »
« Tu veux dire que… ? »
« Oui, je veux le dire ! »
« VA-T-EN ! » Black leva le poing vers son ami et cria.
« C'est MA maison, Sirius. TU peux t'en aller si tu veux. Mais j'aimerais que tu restes », ajouta Lupin, plus lentement. Black ne semblant pas comprendre, il se répéta. « Tu peux rester ici, Sirius. Mais ne me cries pas dessus. S'il te plaît. »
Très lentement, Black baissa son bras. Il se sentait coupable.
« Dé…désolé, Remus. J'ai perdu mon calme… » marmonna-t-il à voix basse.
« Je vois », Lupin sourit légèrement et se tourna.
Ils s'assirent sur le canapé. Black mit ses coudes sur ses genoux et enfouit sa figure dans ses paumes. Il y eut le silence pendant vingt minutes. Lupin fixait la fenêtre sans grand intérêt, Black restait assis sans bouger.
Ce fut finalement lui qui brisa le silence.
« C'est si dur d'avouer sa faiblesse… en sachant que celui que tu hais a été plus fort que toi… »
Lupin ne dit rien. Il resta juste assis à écouter intensément son ami. Les mots sortaient lentement, Black semblait se faire violence pour parler, pour avouer ses fautes… Mais trouver un bouc émissaire lui était passé.
« C'était ma faute. Je me suis trahi… Mais j'étais si seul… Je n'avais plus de raison de vivre. C'est juste… que je m'en fichais. Tu comprends ? » demanda-t-il, la souffrance le faisant suffoqué. Lupin acquiesça.
« Je pense. »
« Tout semblait être si vide. Ma famille était morte. James était mort. Je t'avais repoussé en te soupçonnant. Peter nous avait trahis. Et… Judith m'avait abandonné aussi… elle croyait que j'étais le traître et quelques mois plus tard elle était marié au fils de Butler, celui de Serdaigle… Quand je l'ai appris, je n'en pouvais plus… »
Ses épaules furent secouées par un sanglot silencieux.
« Je voulais juste mourir. Je pensais que je recevrais le baiser du Détraqueur si j'avouais les actes dont j'étais accusé. »
« Tu sais que Snape était dans la même situation ? Il a perdu ses parents, son aimée et son frère aussi… »
« Ouais, Quietus… » Black s'interrogea. « La seule personne qu'il a aimé, je pense. Il aimait plus Quietus qu'Anne… »
« Et toi et James… » commença Lupin, mais Black l'interrompit.
« Je sais, s'il te plait, n'y reviens pas. Cela semblait être une si bonne blague… »
« Tu haïssais Severus et tu voulais prendre ta revanche sur son frère… Ce n'était pas juste… »
« Je sais, je sais… mais c'était l'idée de James. »
« Il me l'a déjà dit. Vous auriez dû être expulsés, vous avez presque tué un garçon plus jeune que vous. C'est seulement l'intervention de Quietus qui vous a permis de rester à Poudlard. »
« Et celle d'Harold Potter, n'oublie pas… »
« Eh bien… tu as donné à Severus d'assez bonnes raisons de te haïr. Tu as presque assassiné son frère. Et après ça, lui - par moi en plus. Tu n'a pas le droit de le haïr ou d'avoir des préjugés contre lui. Tu dois essayer de le croire. »
« C'est si dur… »
« Vous avez tous les deux tout perdu. Et même s'il n'était pas à Azkaban… »
« Il y était, Remus » soupira profondément Black. « Au moins pour quelques mois, je ne me souviens pas correctement. »
« Comment le sais-tu ? » Lupin pâlit.
« Il était dans la cellule en face de la mienne. »
Lupin sembla pris de court. Pendant un long moment, il n'ouvrit pas la bouche. A la fin, il hocha la tête.
« Tu ne me l'as jamais dit », réussit-il à prononcer.
« Tu ne me l'as jamais demandé » répondit platement Black.
« Je ne sais plus ce que je dois penser de toi… » murmura Lupin tristement, et il regarda par la fenêtre, alors que les nuages pourpres cachaient le soleil couchant. « Je ne sais plus… »
Désolées pour le petit retard (c'est supportable quand même?), un petit problème technique... (ah, les vacances...)
Merci à Nefra (Espérons que les dieux de la fiction t'entendent! Continue à confirmer ta première opinion, ça nous fait plaisir ;-)), Guzud (Moi? Un mostre sanguinaire? Mais nan... Je ferais pas de mal à une mouche... ni à une moule, d'ailleurs...), Ptite Elfe (C'est vrai que les discussions entre Harry et Severus sont intéressantes. Ca fait réfléchir à plein de choses. Heureusement pour toi - ou malheureusement, ça dépend de comment on le voit - la fin n'arrive pas tout de suite...), jenni944 (Il va leur falloir beaucoup de courage...), eiliss (Un pétition/regard horrifié/ Non, fais pas ça, stp... tu aurais plein de signatures...), Dawn456 (Ca veut dire que l'on ne te revoit pas avant le 9 septembre? Ca va être long... T'as pas honte de louper les cours? Non? M'ettonne pas... ;-) Cette partie comporte 16 chapitres, après il y a un OS, et 2 autres parties de 20 chapitres chacunes... Bref, de la lecture en perspective...) et A.D vs A.V (Youpi! AD est de retour!) pour leurs reviews.
Un petit mot?
