Titre: Happy Days in Hell

Auteur: enahma

Traductrices: Thamril et Méphisto

Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.

Note : Pas de spoilers du tome 5.

Chapitre 10 - Black, Snape, Potter et autres

« Quand pensez-vous qu'ils vont revenir ? » Demanda faiblement Harry.

« Je ne sais pas. Pourquoi ? » La voix de Snape était un peu irritée.

« Je pense que… ça fait plus de 20 heures qu'ils nous ont laissés ici, en paix. C'est si… inhabituel. »

« Oui, bien que je sois heureux qu'ils nous aient temporairement oubliés. Je ne me sens pas… prêt pour de nouvelles… »

« Moi non plus… » Répondit Harry en baillant. « Un peu d'eau ? Avez-vous soif ? »

Snape acquiesça simplement. Harry se leva et se dirigea vers la porte pour aller chercher la jarre et Snape put apercevoir Harry… Le corps d'Harry. Du sang coagulé sur tout le visage, quelques blessures toujours suintantes, couvertes par quelques restes ridicules de vêtements collés aux coupures…

« Vous avez une tête affreuse. » Marmonna-il tristement.

« Vous aussi. » Répondit le garçon, puis il ajouta simplement. « Nous mourrons ici. »

« Oui. Nous mourrons ici. » Les mots de Snape firent écho à ceux d'Harry. Quand le garçon souleva la jarre pour le laisser boire, il tendit automatiquement les mains pour saisir le pot… puis, il les baissa aussi vite qu'il pût et les cacha derrière la cape. Il ne voulait pas les voir - et ne voulait pas non plus que Harry les voit.

« Pas besoin. » Harry secoua la tête. « Je les ai vues hier, vous rappelez-vous ? Je ne vais pas paniquer à cause d'elles. »

« C'est moi. » Répondit Snape faiblement. « Je ne veux pas les voir. »

« Sont-elles douloureuses ? » Harry semblait inquiet.

« Un peu… mieux aujourd'hui. Juste… des douleurs lancinantes et je dois faire attention à ne pas les bouger. » Il tenta de faire un sourire encourageant, mais il n'obtint pas l'effet voulu. Harry fixa Snape encore plus inquiet. Soudain, son professeur semblait si… humain. Ou faible ?

« Allez-vous bien, monsieur ? »

« Non, Harry. » Les yeux noirs étaient distants et vides. Harry se rappela qu'il avait déjà vu une certaine sorte de vide dans ces yeux pendant les quatre années précédentes, mais c'était autre chose… Ce vide-là avait exprimé l'absence totale d'intérêts et d'émotions, celui-ci, cependant, était un signe de résignation, d'acceptation de la situation et de la douleur. Douleur spirituelle et émotive.

Harry ne dit pas un mot. Il posa juste la jarre sur le sol après avoir bu et, avec des contacts soigneux, il lava le sang du visage du professeur.

« Vous avez de la fièvre » mentionna-t-il d'un ton détaché.

« Oh, il semble que ce soit mon tour… » Il semblait plutôt amer et Harry sursauta.

« Vous êtes aussi épuisé. »

Aucun d'eux ne parla. Après un moment, Harry finit de lui laver le visage.

« Merci. » Dit-il doucement alors qu'il baissait le morceau de chiffon.

« Pour quoi ? » Snape semblait embarrassé.

« Pour m'avoir donné une famille. » Il s'assit à côté du professeur. « Pour prendre soin de moi. Vous savez, hier était le meilleur jour de ma vie. Quand vous avez dit que je pourrai vivre avec vous. »

« Vous ne 'pourrez' pas seulement. Vous vivez réellement avec moi. »

« Non, monsieur. Je meurs réellement avec vous. » Le corrigea Harry avec un sourire en coin.

« Ah, en effet. »

« Savez-vous que Sirius m'a aussi proposé d'habiter avec lui ? »

« D'habiter ? Il n'habite nulle part si je me souviens bien. Il fuit, n'est-ce pas ? »

Harry apprécia l'effort de Snape pour faire de l'humour et sourit.

« Et bien, oui. Mais il y a eu un moment où il semblait que je pourrais vivre avec lui. »

« Quand ? » La question était courte, mais Harry pouvait entendre une curiosité réelle. Il se sentit soudainement embarrassé.

« Ah… Après les événements dans la Cabane Hurlante, quand nous… vous avons assommé… » Il osait à peine regarder le visage du professeur et fut choqué quand il le vit sourire.

« Oh. » Dit Snape pensif. « C'était un sort que vous trois avez bien exécuté… »

« Vous n'aviez pas l'air heureux alors… » Harry risqua une courte remarque.

Le sourire de Snape s'élargit.

« Et bien, je n'étais vraiment PAS content. Vous pouvez l'imaginer, Harry… Moi, l'un des sorciers les plus entraînés de notre monde, assommé par trois enfants… sans mentionner le fait que cela s'est produit juste devant l'homme qui avait attendu ce moment pendant toute sa vie… »

« Vous ne pensez pas que vous exagérez, professeur ? »

Le visage de Snape s'obscurcit soudain.

« Je ne suis pas sûr que vous vouliez entendre parler de tout cela, Harry. » Répondit-il pensivement.

« De quoi ? »

« De l'histoire de Black, de moi et de notre haine mutuelle. »

Harry bougea inconfortablement.

« Heu… monsieur, si vous ne voulez pas parler de ça, je ne serai pas furieux… peut-être juste un peu… déçu. » Harry ferma les yeux et ajouta. « Vous savez, la chose que je déteste le plus dans ma vie c'est que tout le monde sache plus de détails à propos de moi et du passé de mes parents que moi-même. C'est vraiment… dérangeant. »

« Très bien, alors, Harry, bien que cette histoire n'ait rien à voir avec votre vie ou celle de vos parents, pas vraiment au moins… Par où dois-je commencer ? »

Snape s'appuya contre le mur et ferma les yeux. Harry sentit un petit tremblement provenant de l'homme et toucha soigneusement son front. Le professeur soupira et sourit à Harry.

« Vous savez, Harry, vous me rappelez tellement mon frère, Quietus… Donc, bien, je commence. » Snape inspira profondément. « Notre guerre, je veux dire la guerre entre moi et le groupe de votre père, a commencé le dernier mois de notre deuxième année, lors d'un match de Quidditch entre Gryffondor et Serpentard. Je ne me rappelle plus quelle maison a gagné, mais un accident s'est produit ce jour-là. Un simple accident, vraiment. J'étais l'un des Batteurs de mon équipe, et ce fichu… donc Black était un Poursuiveur tout comme votre père. James Potter ne jouait pas alors, il a été sélectionné dans l'équipe l'année suivante. Mais Black volait foutrement bien et McGonagall l'avait laissé jouer. »

« J'ai toujours pensé que mon père était le meilleur… » S'étonna Harry. « Tout le monde le dit. Et dit aussi que j'ai un talent inné pour le Quidditch car j'ai hérité de son don. »

« Il était vraiment bon, mais vous êtes meilleur que lui. Bien meilleur. Et je pense que vos talents en vol ne sont pas un héritage de famille, mais les vôtres… si je peux le dire ainsi : simplement… vos propres caractéristiques. Vous êtes bon au Quidditch en raison de qui vous êtes et non pas en raison de vos parents ou de votre famille… »

« Je vois. » Harry sourit. C'était si bon d'entendre qu'il n'était pas le tristement célèbre Harry Potter juste à cause de ses parents. Qu'il avait des dons et des caractères propres qui faisaient qu'il était lui-même.

« Donc, dans ce match, j'ai frappé votre parrain avec un Cognard, il est tombé de son balai et en est presque mort. Ce n'était rien de plus qu'un foutu accident mais, à partir de ce moment-là, il a été absolument convaincu que j'avais voulu le tuer. Je ne sais pas pourquoi votre père l'a cru, mais néanmoins, il l'a fait, donc pendant notre troisième année, qui était l'année suivante, j'ai réalisé que j'étais devenu leur cible constante. Je ne savais pas pourquoi, mais n'y faisait pas vraiment attention jusqu'à ce que… » Il se tut.

« Jusqu'à… ? »

Snape ouvrit les yeux et regarda Harry.

« Jusqu'à ce qu'ils décident de me jouer une farce idiote qui a presque tué Quietus. »

« Com… comment ? » Harry était abasourdi. « Ils ne voulaient pas le blesser, n'est-ce pas ? »

« Non, maintenant je pense que non. » Snape secoua la tête. « Mais à l'époque, j'étais absolument sûr qu'ils avaient voulu le blesser. C'était une farce stupide avec quelques ingrédients de potions. Ils ont dit à Quietus que tous les troisièmes années auraient besoin d'une Mandragore pour leur prochaine potion et que je serais probablement très heureux s'il m'en apportait une de la serre trois… qui était évidemment interdite aux premières années, mais Quietus ne le savait pas. Et il ne savait rien non plus au sujet de ces foutues Mandragores… » Snape sembla soudain vraiment furieux. « Ces idiots ont oublié de lui dire de ne pas sortir la plante de son pot et Quietus n'a pas voulu voler le récipient, donc il l'a sortie… »

« Le cri de la mandragore… » Chuchota Harry, terrifié. « Comment votre frère a-t-il pu survivre… ? »

« Les plantes étaient jeunes. Ce n'étaient pas des bébés, mais des adolescents… donc, les effets du cri ne l'ont pas tué, bien que Quietus ait dû rester à l'infirmerie pendant presque une semaine jusqu'à ce qu'il soit complètement rétabli. Je suis devenu fou. Oh, Dieu, j'étais tellement fou que j'ai décidé de me venger en tuant Black et Potter… Mais, jusqu'au rétablissement de Quietus, je suis resté à l'infirmerie avec lui, donc j'étais là quand… » Snape ferma à nouveau les yeux. « Votre grand-père, qui - comme je vous l'ai dit - n'était plus un professeur, et Dumbledore sont venus lui rendre visite et l'interroger à propos de ce qui s'était passé. D'abord, mon stupide frère ne voulait rien confesser du tout et il a dit qu'il avait juste été curieux et que tout était de sa faute. Je suis devenu vraiment furieux contre lui, mais quand j'ai voulu ouvrir la bouche, Dumbledore m'a envoyé dehors. Puis, je… » Snape bougea inconfortablement. « J'ai écouté… » Harry cligna des yeux, incrédule. Il ne pouvait tout simplement pas imaginer Snape écoutant à la porte de l'infirmerie. Son oreille sur le trou de la serrure… Il sourit, mais Snape était tellement occupé par son histoire qu'il ne le remarqua pas. « Dumbledore ne le croyait pas et le vieux Potter a dit qu'il connaissait la vérité, parce que son fils la lui avait dite. Dumbledore et le vieux Potter ont convenu que les deux garçons devaient être expulsés car ils connaissaient les conséquences possibles de leurs actes. Cependant, Quietus n'était pas d'accord et il a protesté. Il y a eu une querelle plutôt animée entre eux trois, mais finalement, Quietus a gagné. Il a convaincu les professeurs que les deux stupides garçons n'avaient jamais eu l'intention de blesser quelqu'un. C'était juste une blague – une blague dangereuse, mais juste une blague. Il a dit que si c'était nécessaire, il nierait le fait devant quiconque le lui demanderai. Dumbledore était si consterné qu'il n'a pas pu parler pendant quelques minutes. C'était simplement trop dur de croire qu'un enfant 'd'origine sombre' défendait ses Gryffondors lumineux préférés. Je pense que ça a été le début de son changement envers nous, prétendus 'enfants sombres'. Depuis lors, même moi ait pu noter les changements de son comportement envers les Serpentards. Il est devenu beaucoup plus aimable et ouvert. Naturellement, je n'ai pas admis ce fait pendant des mois ou des années, jusqu'à ce qu'Anne m'incite à le faire… Mais c'est une autre histoire. Donc, finalement, Black et Potter ont pu rester élèves à Poudlard. Je ne voulais pas le croire. J'étais tellement furieux contre Quietus que je ne lui ai pas parlé pendant des semaines. Et puis, une nuit, il est venu furtivement dans mon dortoir, m'a réveillé et m'a supplié de lui pardonner. » Le visage de Snape se tordit de douleur. « IL M'a supplié de lui pardonner… J'ai été tellement stupide avec lui… »

« Pourquoi a-t-il dû venir furtivement dans votre dortoir ? N'était-il pas également un Serpentard ? » Demanda Harry.

« Non. C'était un Serdaigle. »

« Oh… » Harry était surpris. « Vous ne l'aviez jamais mentionné avant. »

« Ah non ? » Snape était amusé. Harry secoua la tête.

« Non. Mais ça… ça signifie que lui et ma mère étaient des camarades de classe, n'est-ce pas ? »

« Et bien, vraiment… Je n'y avais jamais pensé… Mais maintenant que vous le dites, oui, ils étaient aussi dans la même année… »

« Ma mère morte a connu votre frère mort… tellement étrange. »

Ils restèrent juste assis, hébétés. Harry pu voir Snape lutter pour se souvenir des jours passés.

« Hmm… maintenant que vous l'avez mentionné, il me semble d'ailleurs me rappeler qu'ils étaient en quelque sorte amis… » murmura Snape, incertain. « Ils étaient tous les deux préfets et ils passaient des heures sans fin à la bibliothèque… Comportement typique des Serdaigles, rien de surprenant… Il me semble que plusieurs fois où j'ai voulu parler à Quietus et où je suis allé à la bibliothèque, je les ai trouvés en train d'étudier ensemble, comme vous et M. Weasley le faites avec la jeune Granger… En réalité, il y a beaucoup de ressemblances entre Mlle Granger et votre mère… Leur désir passionné de tout savoir et leur agaçant comportement de je-sais-tout-mieux-que-vous. »

« Hermione n'est pas agaçante. » Répondit Harry brusquement, puis il ajouta « Et bien… parfois peut-être un peu mais… c'est une bonne amie et elle sait VRAIMENT presque tout ou au moins le livre dans lequel vous pouvez trouver votre réponse. »

« C'est une capacité très importante. » Approuva Snape. « Mais la manière dont elle montre à tout le monde qu'elle connaît les réponses est agaçante. »

Il y eut un soudain changement dans l'éclairage de la cellule. La flamme d'une des torches vacilla furieusement et commença à s'affaiblir. Après dix secondes, elle s'éteignit.

« Je deviens vieux. » Remarqua Snape, amusé.

Harry le regarda, légèrement surpris.

« Quoi ? »

« Apparemment, je deviens vieux. C'est moi qui ai préparé la potion qui est employée ici pour les torches, la Potion de Lumière, et elle devrait durer pendant un an. Je l'ai faite il y a seulement un mois. Mais cette torche est apparemment… hors service. »

« Un an ? » Harry était surpris. « Que mettez-vous dans cette potion pour qu'elle puisse durer toute une année ? »

« Et bien, et bien, M. Potter. Si je comprends bien, vous m'interrogez à propos de votre sujet favori… » Harry rougit et resta silencieux.

« Très bien, je vais vous le dire. Les ingrédients sont : une plume de Phœnix, des dents de dragon, de la poudre de soufre, du charbon de bois en poudre, de l'huile de tournesol et quelques sorts bien-prononcés pendant la fabrication de la potion. »

« Le soufre et le charbon de bois sont des ingrédients d'un euh-sort moldu similaire aussi. Ils l'appellent de la poudre à canon, mais ils ajoutent du salpêtre au mélange aussi. »

Soudain Snape s'anima.

« Et où emploient-ils cette potion ? » Demanda-t-il.

Harry ricana. Potion?

« Ce n'est pas une potion, c'est une sorte de poudre. Ils l'utilisent lors des guerres. Il y a des armes moldues pour tuer, et la poudre est l'une des plus importantes. Il y en a beaucoup de sortes. Des bombes par exemple… Ce… mélange explose facilement, il a seulement besoin d'une étincelle et alors… c'est terrible. Ca a une puissance immense quand ça explose. Vous pouvez détruire un grand nombre de bâtiments avec une seule poignée. »

« Oh… intéressant… mais je crois que j'ai lu quelque chose à ce sujet auparavant… J'ai lu que ça avait tué des centaines de personnes. J'ai trouvé cette déclaration un peu… exagérée. »

« Exagérée ? » Harry ne voulait pas croire les paroles de Snape. « Professeur, n'avez-vous jamais entendu parler des guerres moldues ? »

Ce fut au tour de Snape de rougir. C'était une image très intéressante et Harry était sûr qu'il n'y avait que peu de personnes dans ce monde qui ait jamais vu le professeur devenir réellement rouge.

« Et bien, j'ai certainement entendu parler de certaines d'entre elles, bien que… »

« Rien que pendant la deuxième guerre mondiale, plus de 40 millions de personnes sont mortes en 6 ans ! » Hurla Harry avec colère.

« Quoi ? » Le visage de Snape lui dit que le professeur ne croyait pas la déclaration d'Harry.

« Vous avez bien entendu. » Harry haussa les épaules. « Et l'arme principale des deux côtés était cette poudre, bien que pas sous la forme simple que je vous ai décrite, mais le principe était le même… » Il haussa à nouveau les épaules puis ajouta. « Pouvez-vous continuer avec cette Potion de Lumière ? »

« Où avez-vous entendu parler de cette… arme moldue ? » Demanda Snape.

« A l'école primaire. Nous étudions la chimie. C'est quelque chose de semblable aux potions, à la manière moldue… sans incantations ni sorts, naturellement. »

« Je vois… »

Harry se leva et tendit la main pour atteindre la torche. Quand il parvint finalement la saisir, il la retira du mur et se rassit à côté du professeur.

« Voyons voir… » Murmura-t-il.

Après un cours examen, le visage de Snape s'éclaira.

« Oh, je comprends. Regardez, ici, il y a un trou dans le bois. Le liquide a dû couler du sommet… » Harry vit le professeur soulagé et jeta la torche dans l'autre coin.

« Je me sens tellement étrange… » Le Maître des Potions parla soudainement.

Harry leva la main et toucha à nouveau le front du professeur.

« Votre fièvre… monte, je pense. Allez-vous bien, monsieur ? » Demanda-t-il, inquiet.

Snape sentit son cœur chauffer aux paroles du garçon. Il étreignit Harry avec précaution, essayant de ne pas blesser ses mains souffrantes.

« Harry ? » Il prononça le nom du garçon et, quand celui-ci leva le regard vers lui, il sourit. « Tu peux m'appeler Severus. Et je crois que je vais presque bien. »

Harry fut assez embarrassé.

« Uh, monsieur… mais… »

« Non, Harry. J'étais sérieux quand je t'ai dit que tu pourrais vivre avec moi - si tu le veux aussi. Mais si nous vivons dans la même maison ou dans les mêmes quartiers - tu sais que je passe presque tout mon temps à Poudlard - tu ne peux pas toujours m'appeler 'professeur' ou 'monsieur'. C'est assez gênant pour moi. D'accord ? »

« D'accord, monsieur. » Soupira Harry. A ce moment, il vit le regard de Snape et se corrigea rapidement. « D'accord, Severus. » Murmura-t-il en rougissant. Le professeur sourit largement.

« Je suis avant tout un être humain, Harry… »

Le rougissement d'Harry tourna au rouge-brique.

« Je sais, je sais, mais j'ai besoin d'un certain temps pour m'y habituer. »

« A la pensée que je suis un être humain ? » Il y avait un pétillement inhabituel dans les yeux de Snape.

« Ne me taquines pas, s'il te plait. » L'embarras d'Harry était à présent mélangé à un peu d'agacement. « Je voulais dire : m'habituer à t'appeler par ton prénom. »

« Oh, je vois… » Snape appuya la tête contre le mur et ferma de nouveau les yeux.

« Mons… hum… est-tu sûr que tu vas bien ? » Harry était extrêmement inquiet.

« Oui, Harry… »

« Mais la fièvre… Si elle continue à monter… »

« Je n'ai pas de rhume. » L'interrompit Snape. « J'ai quelques os cassés et ça a causé une inflammation. L'inflammation cause la fièvre. Ce n'est pas la même que celle que tu as eu il y a quelques jours. Je me sentirai mieux. »

« En es-tu sûr ? »

« Non. Mais je l'espère. »

Ils restèrent à nouveau assis en silence. Après un moment, Harry se rendit compte que le professeur s'était endormi. Il décida de rester éveillé. Il n'était pas fatigué et il voulait réfléchir encore et encore à la conversation pour sentir ce bonheur inexprimable qui l'avait rempli aux paroles de Snape. Il l'acceptait. Il s'inquiétait pour lui. Snape lui avait permis d'utiliser son prénom. Ca signifiait que…

CA SIGNIFIAIT SÛREMENT QUE… ?

C'était tellement ironique ! Il devait être attrapé et amené ici pour trouver le foyer dont il avait toujours rêvé…

Il se rappela les marmonnements discrets de Snape il y a quelques jours : 'Jours heureux en enfer.' Pensait-il à la même chose ? Harry se le demandait. C'était quelque chose qu'il ne saurait peut-être jamais. Mais ça n'avait pas d'importance. Harry fixa l'obscurité pendant de longues heures, rempli d'émotions et d'une envie de sauter, de danser, de crier afin de montrer son bonheur au monde entier. Ces sentiments serraient tellement sa poitrine et son cœur qu'il pouvait à peine respirer.


« Combien de temps ais-je dormi ? » Fut la première question que Snape posa quand il se réveilla finalement.

« Plusieurs heures. Je ne sais pas exactement. Pour moi, le temps ici est quelque chose de… fluide et d'interminable. » Expliqua Harry. « Cependant, il est extrêment surprenant qu'ils ne soient pas venus nous chercher pour un nouveau round… »

Snape s'étira avec précaution.

« J'ai le sentiment que dans quelques heures, quelque chose de mauvais va arriver. »

L'air semblait gelé. Harry déglutit.

« Tu veux dire que… » Il n'osa pas finir la question. Il pouvait sentir son corps trembler de panique.

« Sssh… » Snape l'étreignit immédiatement. « Calme-toi, Harry. » Mais il ne savait pas pourquoi le garçon devrait se calmer. Faire face à la mort n'était jamais une chose facile.

« Je n'ai pas peur de la mort. » Marmonna Harry. « J'ai peur des tortures. Je ne veux plus être torturé. Je ne veux pas qu'Avery… Et je ne veux plus te voir être torturé. » Sa voix se brisa. Le cœur de Snape se serra. De nouveau, le sentiment familier d'impuissance serra sa poitrine. « C'est juste trop dur de rester ferme. Je ne sais pas si je peux tenir. » Il pouvait à peine entendre la voix du garçon.

Snape resta simplement assis en silence. Il voulait désespérément lui dire des paroles rassurantes mais il n'y en avait pas. Leur situation était complètement désespérée. Il inspira profondément.

« Je n'ai pas fini l'histoire à propos de Sirius et de moi. » Dit-il finalement, luttant pour distraire Harry. Ce dernier sembla reconnaissant alors qu'il commençait à parler. « Donc… Où en étais-je ? »

« Quietus te suppliait de lui pardonner d'avoir empêché mon père et Sirius d'être expulser. »

« Ah, en effet… » Il réfléchit pendant quelques instants avant de continuer. « Après l'accident de Quietus, ton père lui a fait des excuses. Je n'étais pas là mais mon frère me l'a assuré. Je ne sais pas s'il l'a fait sous les ordres de son père ou de sa propre volonté, mais il s'est néanmoins excusé. Mais je n'ai jamais entendu parler d'excuses de la part de Black. Jamais. »

« Peut-être qu'il a juste oublié… » Harry essaya de trouver une explication au comportement de Sirius, mais il put voir sur le visage de Snape que ce n'était pas du tout satisfaisant, et même lui n'était pas convaincu.

« Oublié… la bonne excuse. Il a presque tué quelqu'un et il l'a juste… juste oublié. Comme il a oublié de me faire des excuses après mon accident. Il n'était pas étourdi alors, il était totalement amnésique. » Dit Snape en colère. « Il a fait comme si rien ne s'était passé. Et la principale raison pour laquelle je le hais : il a toujours détesté Quietus et l'a appelé par des noms que j'aurais sans aucun doute mérités, mais pas lui, pas du tout ! Cela, je ne peux pas l'oublier. Je ne l'oublierai pas. Et je ne le comprends pas non plus. Pourquoi ? »

« Peut-être qu'il ne voulait pas faire face à sa propre faillibilité. Qu'il ne voulait pas croire qu'il était si cruel. » Harry secoua la tête alors qu'il abandonnait. « Je ne sais pas. Mais, croies-le, il n'est pas si mauvais. Il est juste… trop impétueux, il agit d'abord et réfléchit seulement après, donc il fait beaucoup de choses qu'il regrette. Je pense que si, un jour, tu décidais de lui donner une chance de parler du passé et que tu lui donnais du temps, ASSEZ de temps, pour libérer ses émotions soudaines et stupides, il ferait des excuses. »

« Tu l'aimes. » Ce n'était pas une question.

« Oui. » Acquiesça Harry. « Tu sais, il est juste tellement prompt à aimer et à haïr. Et il m'aime, sans autres réserves, et il m'a offert une famille sans me connaître. Et bien, c'est peut-être parce qu'il est étroit d'esprit et qu'il se base sur mes parents… Mais il n'a jamais retiré son offre. »

« Je vois ton point de vue. »

« Comme je vois le tien. » Lui assura Harry. « Je voulais juste t'expliquer mes sentiments. Je ne peux pas comprendre Sirius, mais je l'accepte comme il est. Parfois, il me rappelle Ron. Ils sont si… semblables. »

Snape sourit légèrement.

« Je pense que tu as raison avec cette dernière remarque. Peut-être que c'est la raison pour laquelle je ne peux pas supporter M. Weasley… »

« Y-a-t-il un élève que tu peux supporter ? » Demanda Harry d'une manière plutôt impertinente.

« Oui, bien sûr. » Acquiesça Snape en grimaçant. « Il y a toi, par exemple. »

« Et… ? » Harry devint extrêmement curieux. « Draco ? »

« C'est le fils de Lucius. Et mon filleul aussi… » répondit Snape silencieusement.

« Mais » Harry resta bouche bée, « Lucius est celui qui… qui a fait CA à tes mains… »

Pendant un instant, Harry pu voir une tristesse et un désespoir évidents sur le visage de Snape.

« Je sais. Je n'ai jamais cru qu'il me blesserait auparavant… » Harry voulut dire quelque chose, mais il ne pouvait trouver rien d'approprié pour changer de sujet. Il fut soulagé quand le professeur continua finalement. « Mais, néanmoins, je ne pense pas que je changerai mon comportement envers son fils si je peux retourner à Poudlard… »

« Pourquoi ? »

« Ce n'est pas lui qui m'a blessé. »

« Ce n'était pas Neville qui t'a blessé. » Les mots de Harry étaient trop cinglants, il pouvait le sentir, mais ils étaient déjà dits. Snape frissonna et tourna la tête vers Harry.

« Peut-être as-tu raison. Mais je ne pense pas que mon comportement mènera le jeune M. Londubat à devenir un fidèle mangemort. Dans le cas de Draco et des autres enfants de mangemorts, la situation est beaucoup plus compliquée. J'essaye de les empêcher de commettre les mêmes fautes et les mêmes péchés que ceux que j'ai commis quand j'avais leur âge. J'essaye de leur montrer d'autres moyens d'atteindre la grandeur que la Magie Noire et la violence. J'essaye de les garder du Côté Lumineux, mais il semble que Dumbledore joue parfois contre moi dans ce jeu… »

« Quoi… ? »

« Lors de ta première année, quand ta maison a gagné la Coupe des Maisons, la manière dont il a humilié la mienne était détestable. Nous n'avons pas parlé après ce spectacle pendant tout l'été. Il était tellement inutile d'humilier ces enfants. Pas le fait mais la manière dont il l'a fait… »

« Tu as raison. » Approuva Harry. « Bien que je ne l'ai pas vu alors. »

« Ce n'était pas à toi d'y penser. Albus est le directeur, pas toi. Il aurait dû y penser avant. Cela a pris beaucoup de temps pour calmer ces gosses après, et je pense que beaucoup d'entre eux ne pourront plus jamais faire confiance au directeur. Mais les instincts… Ce sont juste des enfants. Pas des sorciers sombres et mauvais, juste des gosses stupides. »

Harry ne put pas répondre, donc il resta juste assis dans un engourdissement parfait quand Snape continua soudainement son histoire.

« Ton grand-père et Quietus étaient en de bons termes plus tard. » Harry cligna des yeux avec surprise.

« Comment ? »

« Je pense que le vieil homme était profondément touché par le désintéressement de Quietus ou par ses autres traits de caractère, je ne sais pas précisément. Je t'ai dit que Quietus était un type vraiment bien. Presque tout le monde l'aimait. »

« Sauf Sirius. » Murmura Harry inconfortablement. Snape ne réagit pas.

« Potter a offert à Quietus de lui donner des petits cours de Défense et il a accepté parce que, comme je te l'ai dit, nous n'avons jamais eu un professeur de Défense normal pendant toutes nos années scolaires. Malgré la différence d'âge, ils sont devenus en quelque sorte… amis, comme Quietus me le disait. J'étais vraiment furieux contre lui, mais je ne pouvais rien faire contre ça. Je ne voulais pas en parler à nos parents, ils l'auraient sûrement éloigné de Poudlard, et je me serais retrouvé seul dans l'école… La meilleure chose que je pouvais faire était de leur cacher cette relation et j'ai plusieurs fois supplié Quietus d'être plus prudent, mais il ne faisait juste pas attention. Pendant mes trois dernières années, il passait les vacances d'hiver chez les Potter alors que nos parents pensaient qu'il était avec son ami Serdaigle. Le nom de ce garçon t'est familier, je pense. »

« Pourquoi ? »

« L'une de ses jumelles est dans ta classe. »

« Patil ? » Les yeux d'Harry s'élargirent de surprise.

« Précisément. Arcus Patil et Quietus étaient inséparables pendant un temps. Mais Quietus semblait toujours plus âgé que ses camarades, donc je pense qu'il s'entendait mieux avec le vieux Potter qu'avec n'importe qui dans sa classe. Ton père n'aimait vraiment pas cette relation et je pense que c'est sa frustration unie à la haine de Black qui ont approfondies nos disputes en une guerre. »

« Une guerre ? Qu'entends-tu par-là ? »

« Verbalement. Ils clamaient être des sorciers lumineux et appelaient la Maison des Serpentards 'la Maison Sombre', donc notre antipathie personnelle est devenue une sacro-sainte guerre de la lumière contre les ténèbres. Nous étions tellement frustrés à propos de cela que nous avons décidé de devenir de vrais sorciers sombres pour les vaincre, et plus particulièrement Black. Lucius m'a rejoint et, après un moment, un troisième garçon, appelé Rosier. Tout a commencé comme une rivalité de maison… puis j'ai rencontré Anne. » L'expression de Snape devint soudain distante. « Je ne voulais plus continuer cette guerre sans signification après cela. J'avais peur de la perdre juste à cause d'une rivalité stupide. Je suivais souvent Black et ses amis partout et j'espérais fortement que j'aurais une bonne occasion de lui parler à propos de sa sœur et de moi. Quand j'ai finalement pu, il a perdu son calme et nous… avons commencé à nous battre. J'ai cassé son bras et il a cassé mon nez. » Snape toucha le membre mentionné. « Et, après cela, il n'y avait plus de place pour la paix. Nous nous battions continuellement jusqu'à ce qu'il m'ait presque tué à cause de Lupin. Alors Anne l'a menacé de le tuer s'il osait faire quelque chose contre moi… nous avons donc eu deux années calmes après cela. Mais jusque-là je m'étais totalement consacré à la magie noire et je ne voulais pas retourner à la lumière. J'ai rejoint Voldemort et Anne m'a quitté. Quelques années plus tard, Voldemort a abattu la famille Black, Anne y compris, et je me suis tellement détesté… J'aurais pu la sauver si je ne m'étais pas tourné vers le côté sombre. J'aurais pu l'épouser et elle aurait été en sécurité avec moi… » Snape secoua la tête. « Mais je me suis tourné vers l'obscurité et Anne est morte. Black me déteste et je le déteste, et Quietus est mort aussi, comme Harold Potter et James Potter et Lily Potter et Rosier… Parfois j'ai l'impression que je suis le seul à avoir survécu au massacre avec mes pires ennemis : Black, Lupin et Voldemort… »

Aucun d'eux ne parla. Puis Harry s'éclaircit la gorge.

« Prof… Severus. » Commença-t-il. « Je ne pense pas que Lupin te haïsse… »

« Non ? » Snape leva un sourcil. « Après tous ce que je lui ai fait il y a un an ? Peut-être qu'il a voulu régler nos problèmes quand nous étions ensemble dans l'école, mais après l'évasion de Black j'étais tellement furieux que je n'ai pas pensé aux conséquences de mes paroles et je le reconnais parfaitement… »

« Donc, il semble que Black n'est pas le seul qui ne fait pas attention aux conséquences à temps. »

« Tu oses me comparer à… ? » Demanda Snape de manière menaçante.

« Oui, j'ose. Vous avez beaucoup de choses en commun. Vous êtes tous les deux impétueux, têtus et parfois étroits d'esprit aussi, d'un autre côté vous avez un bon cœur sous ces apparences. C'est juste difficile de le voir. Et vous avez tous les deux passé pas mal de temps à Azkaban… »

Le visage de Snape s'obscurcit encore plus.

« Ne le mentionne plus jamais, Potter. »

« Sirius y a passé douze ans. » Indiqua Harry calmement. « Peux-tu l'imaginer ? »

« JE NE VEUX PAS l'imaginer. Non. » Secouant la tête, il continua sa phrase. « C'est la pire partie de ma vie. Et je dois te dire, Harry, je ne pense pas que quelqu'un mérite d'y être. La mort est meilleure. La torture est meilleure. Tout est meilleur, crois-moi. Tout. »

« … Et Sirius y est resté pendant douze ans. » Répéta Harry doucement.

« JE SAIS, M. Potter ! » La voix de Snape devint soudain cinglante.

« Et il était innocent. »

Snape rit amèrement.

« Innocent… »

« Tu viens de dire que personne ne mérite d'y être. »

« Oh, encore ce jeu stupide de me renvoyer mes paroles à la figure ! Qui penses-tu être pour juger mon comportement, mes sentiments ? Qui t'as donné ce droit ? Tu es juste un enfant stupide et impertinent qui pense avoir la bonne réponse à tout, qui pense qu'il est plus sage que tout le monde autour de lui, qui… ! » Snape lança un regard noir à Harry qui n'osait pas répondre. Le regard l'effrayait et il pouvait sentir une crainte forte serrer son cœur. Il avait perdu l'amitié de Snape à cause d'une querelle totalement injustifiée qu'il ne pourrait jamais gagner. Il baissa la tête et son cœur se serra.

« Désolé. » Il interrompit Snape. « Désolé, monsieur, je n'avais pas l'intention de vous blesser… »

C'était encore trop dur de dire ces mots à Snape. Il n'osait pas bouger alors qu'il attendait la suite. C'était juste trop familier : Snape le fixant d'un air furieux, ricanant et hurlant et lui attendant silencieusement une retenue, une perte de points ou une autre conséquence désagréable à son acte idiot. Oui, idiot. Il avait toujours été un idiot quand il osait se disputer avec Maître des Potions irrité. Et maintenant, il en avait un extraordinairement fâché.

Il y eut un silence très long et terriblement inconfortable. Snape ne prononça pas un mot et, après dix minutes, Harry décida de risquer un autre sujet.

« Monsieur, je… » Il tenta de parler, mais le grincement de la porte l'interrompit.

Voldemort se tenait dans l'encadrement.

« Non. » Gémit doucement Harry et il put voir le visage de Snape blanchir.

« Je pense que c'est le bon moment pour s'occuper de la date possible de votre fin. » Le monstre sourit. « J'ai pensé que demain serait parfait, qu'en pensez-vous ? »


« Et ils ont dit qu'il y avait un grand manoir près de la rivière », finit Lupin. « Ils ont pu voir des gens masqués au alentour durant les deux derniers mois. »

Sirius bougea d'imaptience.

« Allons-y alors ! » Dit-il en se levant.

« Sirius, je ne pense pas que ce soit une bonne idée... »

« Pardon ? », aboya Black, agacé.

« D'y aller seuls. Pour essayer de les sauver… »

« LES ? Je laisserais à coup sûr ce visqueux… »

« Ferme-la Sirius ou c'est moi qui te laisse ici. Nous les sauverons tous les deux ou aucun. Mais d'abord nous devons voir Dumbledore. »

« NON ! » s'écria Black. « Non », ajouta-t-il plus calmement. « Nous devons d'abord voir si c'est le bon manoir. Nous devons fureter un peu avant de faire notre rapport à Dumbledore. »

Lupin soupira.

« Très bien, alors, tu as raison. Allons-y. »

Avec un pop silencieux Black prit sa forme animagus. Lupin, naturellement, resta humain. La pleine lune était dans trois semaines et il ne pouvait pas se transformer à volonté - pas qu'il le désirait. Les transformations sans la potion Tue-Loup n'étaient pas simples et indolores. Et si Snape ne revenait pas, alors il devrait compter sur des transformations innombrables et douloureuses.

Le voyage jusqu'au manoir fut long et sans incidents, presque ennuyeux. Black était en tête, laissant Lupin derrière alors qu'il traversait la rivière. Lupin s'en fichait : avec ses sens de loup-garou il était capable de percevoir les messages silencieux des alentours et Black, étant un chien, n'attirait pas l'attention des habitants du manoir.

Il faisait déjà tard, mais le soleil était encore visible à l'horizon et ils n'avaient aucune chance d'espionner les habitants du manoir dans la journée. Ils devaient attendre que l'obscurité vienne. Au moins il pourrait examiner parfaitement le manoir et ses alentours avant d'agir.

Il était situé dans un grand bois, constitué majoritairement de pins, ce qui voulait dire qu'il n'y avait pas de sous-bois pour se cacher. Donc s'ils étaient obligés de fuir, ils pourraient seulement utiliser les troncs pour refuge. Pas si étonnant ! Le manoir lui-même était un immense bâtiment avec deux étages, construit en pierres volcaniques et était totalement noir. Ce fait donnait un peu d'espoir à Lupin, même s'il avait le pressentiment que CE manoir n'était pas celui qu'ils cherchaient.

Mais comment pouvaient-ils vérifier que c'était le bon endroit ?

La réponse était si simple que cela frappa Lupin. Ils devaient y pénétrer et examiner les prisonniers. Bon sang ! Et si lui, Lupin, était arrivé à cette conclusion, alors Black, Lupin en était convaincu, devait déjà être à l'intérieur.

Lupin frémit. Jamais. Il n'irait plus jamais en mission avec Sirius. Maintenant, il avait peut-être trois personnes à sauver au lieu de deux…

« Remus ! » Il pouvait entendre son ami. Lupin soupira de soulagement.

« J'étais certain que tu étais déjà à l'intérieur… » Murmura-t-il en retour.

« Eh bien, j'y étais », sourit largement Black.

Lupin pâlit.

« Tu es complètement fou, stupide clébard », il lança un regard furieux à son ami. « Je suis d'accord pour que tu passes en premier, mais cette excursion inutile chez un Mangemort… »

« Hé, Remus, c'est bon ! » Isnsista Black. « Pourquoi es-tu si en colère contre moi ? »

« Tu me tueras sûrement avec ton comportement enfantin et idiot, Sirius ! » Siffla-t-il, en colère.

« Mais ferme-la, Remus. Je suis allé à l'intérieur parce que je pouvais sentir qu'il n'y avait que deux personnes dans le manoir… »

« Tu penses que… ? » L'interrompit Lupin.

« Non, non… j'ai senti l'odeur de deux de nos vieux amis : Crabbe et Goyle à notre disposition personnelle ! »

« Et je suppose qu'ils étaient seuls. »

« Non. J'ai senti quelque chose d'autre aussi », le visage de Black s'assombrit à ces mots.

« La mort ? » La voix de Lupin se fêla.

« Oui. Mort et sang. »

« Oh, mon Dieu… » Murmura Lupin. « Tu penses que… ? »

« Je ne sais pas. Je n'ai pas pu identifier les personnes… L'odeur des corps était trop vieille, deux ou trois jours, et j'ai seulement pu sentir le sang. Rien d'autre. » Il leva les yeux. « Remus, nous devrions y aller. Je pense qu'ils sont ici. Nous avons une bonne opportunité de les sauver. Seuls les deux idiots sont ici… »

« Non, Sirius » Protesta Lupin. « Nous devons appeler Dumbledore. »

« Et bien, Remus, tu peux appeler Dumbledore si tu veux, mais moi j'y vais. Salut… »

Lupin saisit le bras de son ami.

« Hé, qu'est-ce que tu fais ? Tu NE DOIS PAS le faire seul ! C'est trop dangereux… »

« Crabbe et Goyle ne sont PAS dangereux. Deux cochons stupides. Je peux les avoir, crois-moi. »

Lupin secoua la tête.

« Tu es un idiot complet. »

« Alors, tu viens ou tu retournes voir Dumbledore ? »

Le loup-garou réfléchit un moment.

« Je viens », murmura-t-il finalement d'une voix désespérée. « Mais si nous revenons sains et saufs, je te jure que je t'exploserais ! »


Le manoir était trop intimidant et trop immense pour s'y sentir en sécurité, même si Lupin pouvait sentir qu'il n'y avait que deux autres personnes vivantes dans le bâtiment. La seule difficulté était de les trouver, mais après tout irait vite et sans problèmes.

Lupin stupéfixa et lança un sort d'Oubliette aux deux monstres et Black leur prit leurs clés magiques.

Ils se dirigèrent ensuite vers les donjons.

« Sirius, je ne suis pas sûr d'être prêt à faire ça… » murmura Lupin d'une voix exceptionnellement petite. L'image d'un Harry mort était insupportable.

Il avait de la pitié pour Snape aussi. Et bien, il n'était pas un de ses fans, loin de là. L'homme était un vrai bâtard : malveillant, acerbe, sarcastique, souvent mesquin et le tout était insoutenable.

Mais une fois encore, il concoctait cette foutue potion Tue-Loup chaque mois et lui envoyait (même s'il était possible que cela soit par culpabilité d'avoir faire perdre son poste à Lupin), il avait sauvé la vie de Harry en première année, et essayé de le faire en troisième – contre leur volonté. Et maintenant, il était peut-être en train de mourir avec le fils de son ennemi juré, James Potter, qui avait presque tué son frère avec une blague stupide…

Non. La vie de Severus n'était pas simple.

Voldemort avait tué son frère.

Albus avait dit qu'il avait changé de coté après. Ou sans doute à cause ? Cela semblait être la bonne réponse. Le bâtard huileux et ricanant avait vraiment aimé son frère. Il pouvait les voir assis ensemble dans le parc, se disputant ou se parlant, appréciant la compagnie de l'autre, et c'était dans ces rares occasions qu'il avait vu Severus sourire.

Une voix basse le sortit de ces pensées. Black déverrouilla la porte magique de la prison.

« Tu restes ici », Black tourna sa tête vers Lupin. « Couvre-moi. Je vais faire un tour. »

Lupin acquiesça et leva sa baguette prudemment alors que son ami disparaissait. Il regarda la pièce où les deux monstres étaient allongés sur le sol. Son utilisation était claire : il se tenait dans une chambre de torture.

Non, il n'y avait pas d'instruments de tortures sur les murs, pas de chaînes pendant au plafond : pour un visiteur cette pièce n'était rien d'autre qu'une salle avec quelques chaises et une table.

Mais sur le sol… sur les murs… sur la table… sur les chaises… partout il y avait des signes de violences. Du sang et de la transpiration et de la douleur et de la peur – il se haïssait souvent pour être un loup-garou, mais maintenant, il voulait tellement désespérément être autre chose qu'un loup-garou qu'il en devenait fou. Fichus sens : il frémit encore et après un moment cela se transforma en une envie de vomir…

« Remus, viens, s'il te plait ! »

Luttant contre ses haut-le-cœur; il courut après l'appel de Black. Il se trouva bientôt dans un long couloir extrêmement noir.

« Ou es-tu Si… ? »

« Ici », murmura soudainement une voix derrière son dos.

Le moment suivant, une baguette était pointée dans le cou de Black.

« Oh, Sirius tu es si foutrement idiot. Je t'ai presque tué », Lupin secoua sa tête et baissa sa baguette. Il pouvait voir le visage de son ami devenir extrêmement pâle.

« Hé, Remus, tu as été rapide », glapit Black.

« Tu penses que j'ai été accepté comme professeur de Défense par Dumbledore juste parce que je suis un loup-garou ? »

« Euh… non » Rougit légèrement Black. « Mais… il y a quelque chose que tu dois voir ici… Je n'ai pas osé… »

Il indiqua une porte voisine à Lupin.

Quand il regarda à l'intérieur, il pensa que son cœur allait arrêter de battre.

Sur le sol il y avait deux personnes allongés, deux morts.

« Nous arrivons trop tard, Remus », fit la voix brisée de Black dans l'obscurité.


Elle est bien la fin de ce chapitre, n'est-ce pas...?

Merci à gigiblue (Mais de rien. En espérant que ce chapitre t'aura plus...), jenni944 (Que veux-tu... Percy a toujours le beau rôle dans les fics...) et Tyto27 (Percy? Faire des bêtises? Mais c'est pas du tout son genre, voyons...) pour leurs reviews.