Chapitre 13 - COURS !

« Donc… que dois-je faire ? » Harry regarda Snape avec impatience.

« Tu dois ouvrir la porte. Quand tu l'auras fait, nous essayerons d'atteindre le troisième étage aussi silencieusement que nous le pouvons. Là-bas, j'ai des potions de soin et d'énergie et, comme je l'ai dit, la baguette de Quietus. Avec ce bâton » Il désigna la torche dans la main d'Harry, « nous ne pouvons même pas exécuter correctement un sort simple. La chose la plus importante est d'être silencieux… Je ne veux pas courir à moins que ce ne soit nécessaire. »

Harry acquiesça et sauta sur ses pieds, mais il le regretta immédiatement. Il se sentit étourdi et faible, peut-être que la pratique de la magie sans-baguette était en partie responsable de sa fatigue… Il ne savait pas. La salle tournait autour de lui.

« Je pense que nous… nous aurons quelques problèmes pour atteindre le troisième étage. »

« Ouais… » Snape gémit alors qu'il s'étirait avec précaution. « C'est la principale raison pour laquelle je ne veux pas courir. Je ne pense simplement pas que je sois capable d'utiliser mes jambes. Mais nous devrons le faire si nous ne sommes pas assez silencieux. Ouvre la porte, mais… le sort… dit-le aussi doucement que possible. Comme je te l'ai dit, ce bâton dans ta main n'est pas une vraie baguette, juste quelque chose qui y ressemble. »

Le garçon acquiesça et leva la torche.

« Maintenant ? » Il regarda Snape, attendant son accord.

« Maintenant ! » Approuva-t-il sérieusement et son visage se tendit.

« Alohomora. » Chuchota Harry aussi doucement qu'on le lui avait demandé, sa voix était à peine audible même dans le silence des donjons, le bâton était dirigé vers la porte.

Le moment suivant, la porte se détacha du mur et, avec un 'boom' extrêmement fort, elle frappa le mur du couloir et le souffle de l'explosion éteignit les torches de la cellule. Harry se figea, bouche bée, incapable de bouger.

« J'ai essayé… Je ne… » Murmura-t-il mais Snape ne prêta pas attention à ses paroles. Le Maître des Potions le poussa vers la porte.

« Avance ! Il ne s'est rien passé d'inattendu. » Il toussa. « Dépêche-toi. » Ajouta-t-il et il se précipita dans le sombre couloir. Par chance, il y avait un chaos total à l'extérieur : la poussière tourbillonnait dans l'air et toutes les torches du couloir étaient également éteintes. « Tourne à droite. » Harry l'entendait toujours mais, dans l'obscurité, il le perdit de vue.

Snape, malgré son éventuelle maladie et sa fatigue, était vraiment rapide et Harry n'arrivait pas à le suivre. Chaque partie de son de corps souffrait, il ne pouvait pas respirer car il étouffait presque à cause de la poussière et, sans ses lunettes, il se sentait extrêmement incertain. Quand il remarqua que Snape avait disparu dans l'obscurité, il commença à paniquer. Tournant rapidement à droite comme il l'avait dit, il trébucha contre une pierre tombée du mur et il tomba par terre avec un bruit sourd. Quand son corps frappa le sol, il ressentit une douleur aiguë dans son côté gauche alors qu'un morceau pointu de métal y rouvrait une blessure et s'enfonçait profondément dans son corps.

Harry hurla d'une douleur brûlante.

« Severus ! » Cria-t-il, mais il n'y eut aucune réponse.

Il était seul.


« Quand seras-tu de retour ? » Demanda Anne à Lupin d'un ton inquiet.

« Je ne sais pas, ma chérie. Comme je te l'ai dit, nous allons sauver deux amis de la prison du mauvais sorcier et ça sera très dangereux et très long. Mais je suis sûr que nous serons de retour demain matin, d'accord ? »

La petite fille acquiesça simplement.

« Et Anne… si quelque chose m'arrive, tu resteras avec cet idiot simplet derrière moi et il prendra soin de toi. »

« Quoi ? Remus, tu ne peux pas être séri… » Bégaya Black.

« La ferme. » Aboya Lupin et il se retourna vers la fillette. « Ecoute, j'ai dit qu'il était un peu simplet mais il t'aime et il s'occupera de toi. D'accord ? »

« Mais tu vas revenir. » La supplication dans les yeux de la fillette était évidente. Lupin déglutit.

« J'essayerais, d'accord ? Je ne peux pas te dire le moment exact, mais j'essayerais d'être ici demain. Ok ? »

« Non. Si tu n'es pas sûr de quand tu vas revenir alors n'y vas pas ! »

« Anne… Je dois y aller… Un garçon nous y attend. Il mourra si nous n'allons pas le sauver. Tu dois le comprendre, s'il te plait… »

La fillette ne répondit pas, se blottissant simplement contre le loup-garou.

« S'il te plait, revient. » Elle mouilla les vêtements de Lupin avec ses larmes. « S'il te plait, Remy… »

Lupin ne dit rien, caressant juste les cheveux de la fillette avec des mouvements apaisants. Il voulait revenir, vraiment, si possible avec Harry.

« N'oubliez pas : notre force est dans notre rapidité et dans la surprise… Mais nous devons être prêts à faire face à n'importe quoi… Nous ne savons pas ce qui nous attend, donc » Le visage de Dumbledore s'assombrit. « S'il vous plait, soyez prudents. TRÈS prudents. Je ne veux pas vous perdre. Aucun de vous. »

Il pouvait voir l'impact de ses paroles sur les visages en face de lui.

Vingt visages, vingt alliés - pas plus. Il ne voulait pas risquer plus de vies dans un défi dangereux comme cela. Vingt - et il avait fait attention à laisser des alliés puissants derrière, au cas où… S'ils ne revenaient pas.

Il se tourna vers McGonagall.

« Minerva, vous connaissez votre tâche. » Le visage de Dumbledore était figé et impassible. Ses yeux ne pétillaient pas comme d'habitude au-dessus de ses lunettes en demi-lune. Sa collègue acquiesça.

« Oui, Albus. Je vous attendrai ici dans ce cas et quand Poppy… »

« Non, Minerva. Nous ne reviendrons pas ici. Juste moi, si je survis. Vous devez attendre les autres au Manoir Snape. Ce sera notre point de réunion. Poppy vous y rejoindra. »

« Est-ce à cause du ministère, Albus ? » Demanda-t-elle d'une voix étouffée.

Le directeur acquiesça.

« Ils suspecteront l'Ordre, comme ils l'ont toujours fait. Le premier endroit qu'ils examineront sera l'école. D'autre part, je ne fais pas confiance à nos collègues. Quelqu'un divulgue des informations. C'était jouer de malchance que presque tous les membres du personnel soient toujours à l'école quand nous avons commencé à organiser ce meeting… »

« Oui, à cause des examens. » McGonagall acquiesça. « Mais maintenant, même Vilma est parti, nous sommes seuls… »

« Les autres… Savent-ils où se réunir ensuite ? » Demanda soudainement McGonagall.

« Bien sûr, professeur, nous le savons… » Elle entendit une vieille voix derrière elle. Elle se retourna, surprise.

« Alastor, vous - ici ? » Les yeux du professeur s'élargirent de choc alors qu'elle regardait le vieil Auror.

Moody sembla embarrassé.

« Et bien… oui. J'ai demandé à mon vieil am… » Il leva les yeux vers Dumbledore et se corrigea rapidement. « J'ai demandé à Albus de me laisser me joindre à vous dans cette épreuve. Mais… excusez-moi… J'aimerais lui parler heu… en privé. »

McGonagall ne bougea pas, elle croisa juste les bras sur sa poitrine, rétrécissant les yeux de soupçon, et elle demanda d'un ton hostile.

« Lui parler… à quel sujet ? Voulez-vous le convaincre de laisser Severus là-bas, dans les mains de ce monstre ? Ou voulez-vous assurer vos droits sur lui après son retour ? Non, Alastor. Severus est… » Siffla le professeur de Métamorphose en colère, mais Dumbledore l'interrompit en plaçant une main sur son bras.

« Minerva, s'il te plait… Je lui ai permis de se joindre à notre… voyage, et maintenant, je voudrais aussi parler à Alastor… en privé. » Il sourit légèrement alors qu'il regardait sa collègue. « Et je te promets qu'il ne pourra pas me persuader de laisser Severus là-bas, d'accord ? »

McGonagall acquiesça et lança un dernier regard fâché à l'Auror.

« Très bien alors. » Et après cela, elle se retourna et rejoignit un groupe se tenant dans l'entrée principale.

« Alors, que se passe-t-il, Alastor ? » Dumbledore se tourna vers son ex-ami presque froidement.

Moody regarda son ex-ami directement dans les yeux.

« Albus, je veux m'excuser. Tu avais raison quand… »

« Tu n'as pas à me faire des excuses. Tu dois le faire à Severus. » Dit Dumbledore, la voix un peu plus chaude.

« Je sais, Albus. Mais j'ai le sentiment que je n'aurai pas l'occasion de le lui dire personnellement. » Le vieil homme haussa les épaules. « Mais je te jure que si je peux le faire, je le ferai. Mais… de toute façon, je veux te demander de lui transmettre mes excuses. J'avais tort. » Ses deux yeux, le normal et le magique, étaient fixés sur l'homme en face de lui. « J'avais tort durant toutes ces années. J'ai fait des choses horribles. Certaines d'entre elles que je ne regretterai cependant jamais. Mais pour Snape… J'ai échoué. Je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait. Dis-lui, Albus. Dis-lui, s'il te plait. »

Dumbledore acquiesça sans rien dire. Le visage du vieil Auror se détendit un petit peu.

« Merci. » Dit-il avant de partir.

Quelques minutes plus tard, Dumbledore et les personnes désignées de l'Ordre partirent vers le Point de Transplanage, qui se trouvait au cœur de la Forêt Interdite. McGonagall les regarda partir, tenant la main d'Anne devant la porte de l'école.

Qui savait ce qui attendait le petit groupe ? Ils, l'Ordre, étaient toujours seuls dans cette guerre, comme il y a quinze ans même si le ministère n'avait alors pas ignoré Voldemort, mais avait mené des attaques stupides contre lui, qui avaient causé des pertes immenses, sans véritables résultats. Combien de vies avaient été perdues à cause de la stupidité du ministère et de Mercury. Et la violence qu'ils avaient employée contre le moindre suspect, juste comme maintenant… Il semblait que rien n'avait changé ces quinze dernières années. Le ministre était quelqu'un d'autre mais c'était un idiot complet cette fois, au contraire du cruel et mauvais Mercury, les Aurors étaient formés pour agir comme Moody : comme des monstres impitoyables qui ne réalisaient pas les conséquences de leurs actes, la haine engendre toujours la haine, la douleur engendre plus de douleur et la vengeance appelle la vengeance. C'était un cercle vicieux sans fin ni signification et ils ne le remarquaient même pas, ils ne l'avaient jamais remarqué. Des crétins stupides, Severus avait raison. Des crétins stupides qui agiraient de nouveau contre eux, comme il y a des années, eux, l'Ordre du Phœnix, qui avaient été toujours obligés de lutter dans la guerre non seulement contre le Côté Sombre, mais aussi contre la stupidité et l'étroitesse d'esprit de la société sorcière.

Elle regarda fixement le groupe s'éloignant.

Que se passerait-il s'ils ne pouvaient pas sauver Harry ? Que ferait le monde sorcier sans son sauveur désigné, mais cependant adolescent ? Que feraient ses amis ; que ressentiraient-ils ? Que ressentirait-elle ?

Que se passerait-il s'ils ne pouvaient pas sauver Severus ? Le collègue cinglant et sarcastique mais en même temps serviable et dévoué ? Le bâtard graisseux, comme les étudiants l'appelaient, qui se sentait juste trop coupable pour se comporter d'une manière normale ? Mais parfois, ils avaient eu de grandes conversations - et des disputes, oui, ils avaient eu énormément de disputes aussi, principalement depuis qu'Harry avait commencé ses études à Poudlard et était devenu un membre de sa maison. Mais Severus avait néanmoins toujours protégé le garçon et, une fois, il avait même avouer avoir été forcé de jurer à Lily Potter de protéger Harry… Oui, Severus, qui avait toujours été fidèle à ses serments… Et avait toujours été fidèles à Quietus qui l'avait finalement ramené vers Dumbledore avec son sacrifice, qui l'avait fait devenir espion, un espion très utile et très adroit qui n'avait jamais demandé quelque chose en échange de ses services, faisant juste ce que Dumbledore lui disait de faire, souvent beaucoup plus que ça…

Ses pensées s'arrêtèrent sur Quietus pendant un moment. Quietus, qui avait été l'étudiant le plus brillant de Poudlard dans le siècle et qui avait incontestablement été l'un des sorciers les plus doués et les plus entraînés du monde sorcier - et l'homme au plus grand cœur qu'elle ait jamais rencontré. Il avait été l'opposé complet de Voldemort et Dumbledore l'avait désigné pour être son successeur… et le directeur avait été brisé après que Severus soit apparu avec son frère mort dans ses bras CETTE nuit là. Le vieil homme avait à peine parlé pendant des jours et, en vérité, il ne s'en était jamais complètement remis. Néanmoins, il ne blâmait pas Severus ; il ne l'avait jamais blâmé. Le Maître des Potions s'en tenait responsable de toute façon.

Elle lança un dernier regard à la petite compagnie disparaissant maintenant dans la Forêt Interdite.

Que se passerait-il s'ils ne revenaient pas ? Pourrait-elle mener cette guerre ? Sans la sagesse de Dumbledore ? Sans l'adresse de Fletcher ? Sans la fidélité têtue d'Arabella, la puissance de Dawn, le sens de l'humour d'Andrews, l'ardeur d'Etherny… ? Pour ne pas mentionner Lupin et Black qui n'étaient pas des membres de l'Ordre ou pas encore, mais les perdre… les derniers restes des Maraudeurs…

Vingt sorciers fidèles et forts. Où allaient-ils ?


« Harry, lève-toi ! Vite ! » Harry entendit soudainement une voix cinglante dans l'obscurité.

« Je ne peux pas. » Chuchota-t-il faiblement. « Quelque chose… dans mon côté… Je saigne. » Gémit-il en essayant de retenir ses larmes.

« Oh, non. Pas maintenant. » Murmura Snape ses dents serrées de colère. En entendant ces paroles, Harry fut effrayé mais, le moment suivant, il se rendit compte que le professeur n'était pas fâché contre lui, mais contre les circonstances. « Tu aurais dû être plus prudent. » Murmura l'homme avant de passer ses bras autour de l'épaule d'Harry. « Essayes de te lever, lentement… Voilà. Je vais te porter. »

« Non. » Harry secoua la tête, même si Snape ne pouvait pas le voir dans l'obscurité. « Aide-moi simplement à me lever, je peux marcher, mais… ne me laisse plus seul, s'il te plait… »

« … désolé. » Il entendit un marmonnement doux et il sentit les bras le soutenir. « Je pensais que tu étais juste derrière moi… » Le moment suivant, Harry sentit qu'il était soulevé du sol.

« Pose-moi par terre. » Siffla-t-il en colère. « Je peux marcher. »

« Vraiment ? » C'était la voix sarcastique du Maître des Potions, mais les bras continuèrent à le tenir.

Cependant, après le troisième escalier, Snape dut être d'accord avec Harry. Il le posa.

« Tiens mon bras, Harry. » Chuchota-t-il. Harry refusa obstinément l'idée et fit comme il le voulait. C'était un voyage long et douloureux jusqu'au troisième étage et il sentait son côté l'élancer, et…

« Stop ! » Beugla une voix cinglante derrière eux. Harry se retourna aussi vite qu'il le pouvait et leva le bâton dans sa main.

« STUPEFIX ! » Hurla-t-il.

L'homme fut rejeté au loin par la puissance du sort et même le couloir derrière eux commença à s'effondrer.

« Non, Potter, c'était vraiment stupide… Il aurait suffit de chuchoter ce foutu sort. » Siffla Snape et il tira la main du garçon apparemment pétrifié pour le faire avancer. « Dépêche-toi, si tu ne veux pas mourir ici. »

Harry sortit brusquement de ses pensées et se tourna pour suivre Snape.

« Tiens mon bras, stupide garçon. » Aboya furieusement le Maître des Potions. « Je ne peux pas te tenir. » Ajouta-t-il avec véhémence. Harry n'osa pas résister davantage et saisit le bras de l'homme en colère avec autant de précautions qu'il le pouvait. Pendant quelques minutes, Harry se laissa traîner. Le couloir s'était totalement effondré derrière eux et, à ce moment, tout était plus flou et plus sombre à cause de la poussière dans l'air. Harry toussa et essaya de maintenir ses yeux ouverts.

« Severus… » Dit-il après un moment. « Je ne peux pas aller plus loin. Ca… fait mal… mon côté. »

« Tu le DOIS, Potter ! » Sa voix semblait à présent désespérée et inquiète plutôt que fâchée. « Harry, s'il te plait… »

Harry serra les dents d'une manière déterminée et leva la jambe. Escalier suivant… et encore un… La douleur dans son côté était si chaude, si chaude, et quelque chose de chaud et d'humide coulait de son côté gauche, mouillant ses haillons. Ses pieds nus souffraient de la marche sur le terrain difficile. Ses forces le quittaient… Et cette chaleur le brûlait impitoyablement. Il allait mourir, il en était sûr alors que tout devenait de plus en plus sombre et aussi plus flou, il ne pouvait plus rien entendre et, finalement, il ne pouvait plus rien sentir, il ne sentait pas son corps devenir mou, il ne réalisait pas que Snape sifflait alors qu'il le soulevait dans ses bras avec soin et protection…

Tout devint noir autour de lui.

Une claque sur sa joue le réveilla.

« Harry, Harry, tu dois te réveiller. Nous n'avons plus de temps ! » Il entendit une voix cinglante.

« Qu… quoi ? » Il se sentait considérablement mieux mais il n'osa pas ouvrir les yeux. « Où suis-je ? »

« Dans mon laboratoire. Et maintenant, après avoir bu toute ma réserve, tu ne peux pas être tellement malade au point de ne pas pouvoir marcher ou courir pendant un moment. Et habilles-toi. Vite ! »

Harry ouvrit les yeux. Il était dans un petit laboratoire de potions, allongé sur un grand bureau. Il pouvait voir Snape, penché dans une garde-robe, cherchant. Quand il se releva, il avait quelques vêtements dans les bras. Il semblait très nerveux.

« Mets-les. » Ordonna-t-il, et Harry remarqua qu'il était déjà habillé. Il grimaça et, luttant toujours contre une légère nausée, enfila les vêtements beaucoup trop grands, que Snape raccourcit avec des ciseaux en quelques mouvements rapides.

« Te sens-tu mieux ? » Demanda l'homme.

« Considérablement. » Grimaça Harry en décidant de ne pas mentionner sa nausée.

« Merci mon Dieu. » Murmura Snape. « Pendant quelques minutes, je t'ai cru mort. Ce crochet dans to côté… Uh… » Il frissonna. « Tu le sentiras quand la Potion Anesthésique arrêtera de faire effet, mais j'espère que nous aurons atteint Poudlard avant… »

« Pourquoi ne viennent-ils pas encore ? » Demanda Harry.

« Ils ? »

« Les mangemorts. »

« Oh, je vois. Je pense qu'ils examinent le couloir qui s'est effondré pour trouver nos cadavres. » Il eut un rire court et sec. « Mais je pense que ça ne prendra pas beaucoup de temps. Nous devons nous dépêcher. Ils suspecteront que je sois venu ici. »

Harry acquiesça.

« Y-a-t-il une autre manière de sortir ? »

« Bien sûr. » Snape leva un sourcil ennuyé. « Il y a un passage secret derrière ce tableau. »

Il montra le mur avec sa tête. Harry regarda le tableau, qui n'était pas une peinture : c'était une photo magique d'un aigle. Rien d'extraordinaire : c'était un simple aigle noir. L'oiseau ouvrit les ailes comme pour saluer Harry et inclina poliment la tête. Harry le salua en retour, amusé.

Il sentit Snape debout derrière lui et Harry ne put s'empêcher de le regarder curieusement.

« Pourquoi as-tu mis un tableau comme celui-ci sur le mur de ton bureau ? »

« Ce n'est pas une simple photo, Harry. » A présent, Snape ne semblait plus tellement pressé. « C'est Quietus dans sa forme animagus. »

Harry se tourna de nouveau vers le tableau et vit l'aigle acquiescer aux paroles du professeur.

« Oh, non… » Gémit-il avec douleur. « Sait-il que… ? »

L'aigle acquiesça.

« C'est la première chose que je lui ai dite quand je suis arrivé ici avec toi. » Répondit Snape calmement. « Mais, Harry, nous n'avons pas le temps… »

« Je ne veux pas laisser le tableau derrière… » Harry sembla surpris.

« Connais-tu un sort de réduction ? »

« Bien sûr. » Répondit le garçon « Cependant… Je préfèrerais ne pas essayer de faire cela avec notre baguette faite à la main… »

« Tu n'as plus besoin de l'utiliser, Harry. Voici la baguette de ton pè… de Quietus. 43 cm, bois de cerisier, plume d'aigle. »

Harry devint embarrassé.

« Pourquoi ne l'utilises-TU pas ? »

« La baguette ne m'aime pas. » Répondit simplement Snape. « Et je pense qu'elle t'appartient. »

Dans la main tendue de Snape, il y avait une baguette pour Harry. Le garçon la prit à contrecœur et, d'abord, la toucha juste doucement : il savait que dans le monde sorcier, chaque objet magique avait un impact sur la personne qui le touchait. Et ce n'était pas un simple objet magique – c'était beaucoup plus. C'était la baguette de son père.

Encore ce sentiment étrange et distant… Son père qui était mort avant qu'il ne soit né, qui n'avait jamais su qu'il avait un fils… Même si Harry ne se rappelait pas non plus de James ou de sa mère, il s'était habitué pendant les années à l'idée qu'ils étaient ses parents… Et il y avait ces soi-disant ressemblances entre lui et James Potter. Mais Quietus Snape était un complet étranger dans tous les sens du mot.

Pourquoi tout cela devait-il lui arriver à lui ? Pourquoi ?

Il ne pouvait pas répondre à ses propres questions et, soudain, il était totalement sûr que c'était trop tard. Tout était trop tard. Il ne pourrait jamais considérer Quietus Snape comme son père. C'était juste trop tard pour cela. Et c'était la faute de sa mère et de Dumbledore. Ils lui avaient caché ce secret même si l'homme ne méritait pas d'être oublié…

Quand ses doigts se refermèrent finalement sur le bois lisse, une sensation très familière parcouru son corps. C'était comme quand il avait touché sa propre baguette pour la première fois. Soudain, il l'a saisie étroitement.

Le premier moment, rien ne se passa. Mais quand il fit un geste avec la main et de petites étincelles avec la baguette, il se trouva soudainement entouré par des pensées et des émotions tellement fortes qu'il dut fermer les yeux et son visage devint pâle.

Snape eut peur.

« Harry ? » Demanda-t-il avec précaution. « Est-ce que tout va bien ? »

Le garçon haleta brusquement et ses yeux s'ouvrirent brusquement.

« Severus… » Son expression était douloureuse. « Severus, je veux te demander quelque chose… quelque chose de sérieux. »

« Est-ce qu'il y a un problème ? » La terreur de Snape grandissait.

« Non, je veux juste… je veux te demander… » Harry s'arrêta pendant un instant, « Au cas où je… si quelque chose m'arrive, s'il te plait, promets-moi que tu… que tu ne feras rien d'idiot… Que tu ne te blâmeras pas, promets-moi, s'il te plait… »

« Harry, rien ne va se passer. » L'homme secoua la tête. « Crois-moi. Nous allons sortir d'ici. Nous prendrons un bon petit déjeuner à Poudlard demain matin, d'accord ? »

« Promets-moi, s'il te plait. » Supplia Harry. « S'il te plait. » Répéta-t-il.

« Très bien alors, je promets, mais… pourquoi me demandes-tu de le faire ? »

« Je ne sais pas… Peut-être que c'était le dernier souhait de ton frère avant de mourir… »

« Peut-être. » Soupira Snape avec un soulagement évident. « Maintenant allons-y… Ils seront ici en un rien de temps. »

« Un instant. » Harry rétrécit le tableau avec un mouvement rapide de la baguette de son père et le mit dans sa poche. « Nous pouvons y aller. »

Ils disparurent dans le sombre tunnel.


Vingt personnes, main dans la main, formant un cercle étrange dans une clairière de la Forêt Interdite devait être une vue choquante pour quelqu'un les observant, pensa Fletcher ironiquement. Et, au centre du leur cercle enfantin, se tenait un Nott à moitié conscient, abasourdi et avec la baguette de Dumbledore dirigée vers lui.

« Au moment où nous atteindrons notre destination, je veux tout le monde avec sa baguette dans la main. » Ordonna sérieusement le directeur.

« Nous la savons, Albus. Nous ne sommes pas des étudiants préparant leurs ASPICs. » Aboya Fletcher avec colère. « Vous n'avez pas besoin de répéter les bases… »

Black murmura quelque chose qui ressemblait à un accord, mais Lupin le fit taire d'un regard noir.

« Je le sais, Mondingus. » Soupira bruyamment Dumbledore. « J'ai confiance en vous, en vous tous. Je voulais juste… » Il ne put pas finir sa phrase. Fletcher sentit l'attraction familière du Portoloin alors que la Forêt disparaissait de sa vue. La seule différence était que, dans leur cas, Nott était le Portoloin.

Ils frappèrent durement le sol en arrivant et leur premier geste fut de sortir leurs baguettes.

Un froid mortel les entourait. Il faisait aussi froid que lors d'un hiver particulièrement vigoureux aux pôles. Le froid de la non-existence, de l'espace. Mauvais et impitoyable.

« Oh, non. Remus. » Gémit Black désespérément. « Des détraqueurs… »

« Et des loups-garous. » Ajouta doucement Lupin. « Ils nous entourent de tous les côtés. »

« Ils étaient au courant de notre arrivée. » Dit Fletcher sombrement.

« Silence. » Ils purent entendre la voix de Dumbledore. « Baguettes dans la main et quand ils seront plus prêts, les Blancs exécuteront un Patronus, les Jaunes essayeront de ligoter les loups-garous. Les Rouges restent en alerte et les Verts construiront un bouclier juste après que les Patronus commencent à bouger. »

Lupin et Black se regardèrent.

« Et les Sans-Couleurs ? » Demanda soudainement Black.

Quelques ricanements purent être entendus de la part des membres du cercle.

« Black vous serez Blanc. » Dit Dumbledore et quelqu'un eut un petit rire nerveux. « Lupin, Vert. Alastor, Jaune. »

Black ferma les yeux. Pas bon. Il était Blanc ! Il ne pouvait pas conjurer un Patronus. En fait, il était figé et choqué alors que le sentiment familier se rapprochait de lui de plus en plus.

Les ombres sans visages apparurent autour d'eux. Elles semblaient flotter dans l'air froid et aspiraient brusquement tous les sentiments que les hommes du cercle pouvaient ressentir.

« MAINTENANT ! » Cria Dumbledore avec une voix que Black n'avait jamais entendu de la part du vieil homme.

Il leva sa baguette pour essayer de lancer le sort, bien qu'il sache que c'était totalement inutile, mais, l'instant suivant, Lupin lui donna un coup de coude.

« Vert. » Lui chuchota-t-il dans l'oreille et, plus fort, il dit, clairement et fermement « Spero Patronum ! »

Cinq formes différentes apparurent dans l'obscurité, se déplaçant vers les silhouettes menaçantes et sans visage. L'air se réchauffa. Black brandit sa baguette alors que les Verts construisaient un bouclier magique autour du cercle. Mais il apparut bientôt qu'il ne gardait pas les loups-garous qui les attaquaient au loin. Au moins trente d'entre eux sortaient en sautant de la forêt, courant vers eux.

« Restez ensemble. Ne bougez pas. » La voix du directeur pénétra dans leurs esprits légèrement choqués.

Les Jaunes parvinrent à en achever huit avant qu'ils ne puissent atteindre le cercle. Cependant, les autres pouvaient traverser. L'ordre du cercle disparu. Un animal extrêmement grand attaqua le directeur à la grande barbe blanche, un autre sauta sur Fletcher qui essayait de le combattre et de maintenir son Patronus en même temps. C'était impossible. Le loup-garou ouvrit ses mâchoires, ses crocs brillants dans la semi-obscurité. Fletcher abandonna le combat inutile pour maintenir son Patronus et essaya d'éviter d'être mordu par l'animal sauvage. Il y arrivait presque quand un second se joignit au premier et, un instant plus tard, un troisième.

Dumbledore aussi devait lutter contre eux, comme les autres Blancs et, en une minute, il n'y avait plus qu'un seul Patronus combattant les détraqueurs se rapprochant : celui de Lupin qui était évité par ses 'camarades'.

La résistance de Black commença à diminuer comme les détraqueurs se rapprochaient. Sa vue se brouilla et, soudain, il vit Anne, morte dans une pièce en ruine, ses parents, étendus sur le sol, déchirés et torturés, morts comme leur fille… Puis, il vit la lettre de Judith disant qu'elle allait épouser un autre homme… Il tomba lentement à genoux et se mit à trembler.

« Stupéfix ! » Une voix froide assomma au moins cinq loups-garous, mais il y avait plus.

« Spero Patronum ! »

« Expelliarmus ! »

« Stupéfix ! »

« Evanesco ! »

Le combat devint de plus en plus passionné et désespéré. Au bout d'un moment, ils oublièrent la raison pour laquelle ils étaient venus car ils se battaient pour leurs propres vies. Ils étaient en déroute et dispersés, se battant à un contre un.

« Il n'y a plus aucun espoir. » Pensa Black, quand il sentit que quelqu'un le tirait par le bras.

« Lève-toi, idiot. » Aboya une voix froide en colère. Moody.

« Laisse-moi seul, bâtard. » Black retira son épaule de la prise de l'Auror.

« Je t'ai sauvé la vie, imbécile. »

« La ferme, bâtard. »

« La ferme vous deux. » Une troisième voix plus amicale se joignit à la conversation. « Allez ! Nous ne sommes pas suivis. Les autres combattent les créatures des ténèbres. Nous devons trouver Harry et Severus. »

Black regarda son ami et vit que Moody acquiesçait à ses paroles. Ils le redressèrent et commencèrent à courir loin de leurs compagnons vers le grand bâtiment aussi silencieusement qu'ils le pouvaient. Avant de quitter la forêt, ils s'arrêtèrent.

« C'est peut-être un piège. » Chuchota Lupin.

« Toute cette situation est un piège. » Murmura Moody avec colère. « Mais nous n'avons pas d'autre choix… attendez ici. Je vais me rapprocher. Si quelque chose m'arrive, ne me suivez pas. » D'un regard, il fit taire les deux amis et parti.

Il put seulement faire quelques pas… Au moins vingt silhouettes apparurent aux fenêtres du bâtiment.

« Endoloris ! »

« Oh, non. » Le visage de Lupin s'assombrit et il se sentit soudainement malade. « Vingt Doloris simultanés… Il mourrait en une minute… STUPEFIX ! » Il bondit pour défendre le vieil Auror.

« Finite Incantatem ! » Black suivit son ami.

Lorsqu'ils eurent un moment de répit, ils saisirent le vieil homme semblant inconscient et le traînèrent de nouveau dans la forêt.

« Imbéciles ! » Le vieil homme n'était pas inconscient. « Vous auriez dû me laisser ! Courrez ! Ils seront ici en un rien de temps ! Laissez-moi seul ! »

« Non ! » Cria Lupin avec colère.

« Si ! Vous avez des choses à faire. Libérez Potter et Snape. Allez ! Laissez-moi ! »

Lupin voulu dire quelque chose mais, l'instant suivant, il put entendre des pas approcher.

« Allez ! » Hurla l'Auror. « MAINTENANT ! »

Prenant une décision soudaine, Lupin saisit le bras de son ami et ils disparurent parmi les arbres avant que les mangemorts n'atteignent le lieu où ils se trouvaient précédemment. Mais ils pouvaient clairement entendre ce qui s'y passait.

« Avada Kedavra ! » C'était la voix de Moody. Mais le suivant ne l'était pas.

« Avada Kedavra ! »

Tout devint silencieux.

« Nous ne pouvons pas sauver Harry. » Soupira Black. « Nous ne pouvons pas approcher du bâtiment. Je me demande si les autres sont encore vivants. »

« Allons-y, Sirius. Nous devons essayer d'une façon ou d'une autre. »


Le tunnel sombre n'était pas très long : il se terminait quelques mètres plus loin. De là, ils prirent un autre chemin, des couloirs cachés et sombres, des vestibules à moitié éclairés, d'autres tunnels, des passerelles, des pièces et des halls. Au bout d'un moment, Harry perdit son sens de l'orientation, suivant juste Snape en s'interrogeant mollement sur sa vie et sur les nouvelles fraîchement découvertes.

Finalement, ils entrèrent dans une grande salle de bains où Snape découvrit un trou de la taille d'un homme et il fit signe à Harry d'y monter. Quand ils furent ensemble, Harry risqua une question.

« Où allons-nous maintenant ? »

« Dans la cour. Il y a un bassin dans la cour, ce tunnel s'y rend. »

« Je ne sais pas nager. » Harry déglutit et commença à paniquer.

« Tu n'en as pas besoin. Accroche-toi juste à mon bras quand je te le dirais et prends une profonde respiration avant d'y entrer. »

Harry frissonna alors qu'il montait. Il ne sentait aucune douleur mais il n'allait pas bien non plus. Snape lui avait expliqué qu'ils n'étaient pas guéris, ils n'avaient pas le temps de l'être. Ils avaient simplement fait une overdose des potions anti-douleur et des potions d'énergie. C'était un vrai miracle qu'ils puissent bouger.

Harry vit que la main de Snape n'allait pas bien non plus car il ne pouvait toujours pas tenir ou attraper quelque chose ou serrer les poings. L'homme, naturellement, n'avait pas de baguette, mais il glissa la torche transformée dans sa ceinture. 'En cas d'urgence' commenta-t-il en voyant le regard étonné d'Harry.

« Que se passera-t-il s'ils nous attendent à la sortie du tunnel ? » Demanda soudainement le garçon.

« Je ne sais pas. Nous n'aurons pas beaucoup de chances de survivre alors. » Il haussa les épaules. « Bien que je ne sois pas sûr qu'ils connaissent cette sortie. Ce tunnel dans mon laboratoire, je l'ai fait après avoir changé de côté, pour maintenir une chance de m'échapper en cas de… découverte. Puis, j'ai découvert cette voie. Je l'ai appelé 'sortie de secours'. »

« Je vois… »

Comme ils approchaient du bout du tunnel, le silence prit fin. Ils pouvaient entendre des bruits et des sons différents, des hurlements et des cris éloignés.

« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda Harry nerveusement.

« Je ne sais pas. » Fut la réponse. « Peut-être les préparations pour la fête. Ils peuvent être excités par un jour pareil : ils ont découvert le traître et capturé le pire ennemi de leur seigneur… »

« Mais je pensais qu'ils savaient que nous nous étions évadés… »

« Je ne sais pas… Personne ne nous suit ce qui veut dire qu'ils n'ont pas atteint mon bureau. Pas encore. Ou qu'ils ont perdu notre trace… C'est étrange… Quelque chose ne va pas… »

« Ou quelque chose détourne leur attention… » Chuchota Harry avec espoir.

« Tu penses que Dumbledore nous a retrouvés ? » A la surprise d'Harry, la voix de Snape semblait également pleine d'espoir.

« C'est possible, n'est-ce pas ? »

« Oui, mais… » Le visage du Maître des Potions s'assombrit, « Je pense qu'ils les attendaient, alors. »

« Quoi ? »

« Comme je l'ai dit, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un parmi le personnel de Dumbledore qui divulgue des informations… »

« Est-ce que ça signifie… ? » Harry n'osa pas finir sa phrase.

Snape acquiesça simplement.

« Mais, au moins, ils ne soupçonnaient rien à notre sujet. Et peut-être que nous pourrons nous échapper sans être découverts. »

« Mais nous ne pouvons pas les laisser derrière ! » Harry regarda Snape. « S'ils ont des problèmes… »

« … alors tu n'es pas la personne la plus appropriée pour les sauver. Ils sont venus pour te sauver. Si tu peux t'échapper avec leur aide, tu dois le faire sans. Ne rends pas leur sacrifice inutile à cause d'une action stupide Harry. Nous devons sortir d'ici. »

« Mais nous devons les informer que nous… »

« Non. Nous devons arriver à Poudlard avant que les potions perdent leurs effets et que nous ne soyons plus capables de faire le moindre mouvement sans voir trente-six chandelles en raison de la douleur. Tu comprends ? »

Harry n'était pas convaincu mais il acquiesça.

« Très bien alors. Ecoute. Quand nous sortirons du bassin, nous devrons atteindre la forêt aussi vite que possible. La barrière Anti-Transplannage se termine là-bas. Au moment où nous traverserons les murs, nous disparaîtrons rapidement. Pas d'action stupide, ne pense pas à aller sauver les autres. TU es la personne la plus importante maintenant. »

Harry put voir l'eau apparaître devant lui.

« Combien… jusqu'au bassin ? » Demanda-t-il d'une voix faible.

« A peu près trente mètres. Une petite minute. Mais dès que nous sortirons de l'eau, nous devrons courir. » Snape s'arrêta pendant un instant. « Tu te sens bien, Harry ? » Demanda-t-il avec une voix inquiète, mais Harry pouvait voir des signes de fatigue sur le visage familier.

« Ca va, Severus. Et » Il fit un pas vers l'homme et l'étreint pendant un instant. « Merci. »

« Heu… » Snape ne savait pas quoi répondre. « Alors… attrape mon bras. Inspire profondément, maintenant ! »

Ils plongèrent dans l'eau.


« Remus, ils sont là… » Murmura désespérément Black. « Je peux les sentir, oh mon Dieu… »

Il commença à trembler violemment.

« Sirius ! Sirius, calme-toi, je suis là… »

« Anne… » Black ne put faire autrement que tomber sur le sol en se convulsant.

« Sirius, tiens bon ! » Lupin leva sa baguette. « Je te protégerai. Expecto Patronum ! » S'écria-t-il et il essaya de son autre main de relever son ami. « Sirius, tu ne peux pas te montrer si faible ! Pas maintenant ! »

« Ouais », marmonna Black en réponse, « J'ai juste… »

« Nous devons transplaner, Sirius, si… »

« Mais Harry … »

« Si nous mourrons ici, on ne pourra plus l'aider, Sirius… Tu ne comprends donc pas ? »

« Nous l'avons abandonné… » murmura Black.

« Ce n'est pas notre faute. C'était un piège. Quelqu'un nous a trahis. Et ce n'est sûrement pas Snape. »

« Bien…tu as raison, juste… »

« DOLORIS ! »

Trois Mangemorts venaient de transplaner en face d'eux, et Lupin se maudit pour être si imprudent, alors qu'il heurtait le sol dans une douleur immense. Son patronus disparut et les Détraqueurs s'approchèrent.

« Nonnnn ! » Hurla Black plongé dans une douleur physique et émotionnelle.

Lupin, lui, réussit à souffrir en silence. C'était la fin. Il ne l'avait jamais imaginé comme ça…

Deux grandes silhouettes s'approchèrent de l'homme se convulsant et ils retirèrent leurs cagoules quand ils se penchèrent pour l'embrasser.

Le hurlement de Black devint insupportable, mais Lupin était figé par la crainte. Non. Pas CETTE fin-là… La douleur et un baiser ensemble…

« Stupefix ! »

« Expeto Patronum ! »

Les deux sorts puissants repoussèrent leurs attaquants.

« C'était juste, Ari », Lupin fut soulagé d'entendre la voix de Fletcher. « Levez-vous ! » cria l'homme brun aux deux hommes allongés sur le sol. « La bataille n'est pas encore terminée ! »

« Les autres ? Qu'est-il arrivé aux autres ? »

« Etherny et Noah ont été tués. Moody a disparu… »

« Il a été tué lui aussi… » Murmura faiblement Black.

« Je vois. Les autres commencent à se rapprocher du bâtiment. La plus grande partie des Détraqueurs a disparu, nous ne savons pas pourquoi. Les loups-garous aussi. Quelque chose cloche. » La voix de Figg était froide et sèche. « Levez-vous ! Nous devons les rejoindre… »

Black et Lupin sautèrent sur leurs pieds.

« Très bien, maintenant… » commença Fletcher mais il ne put finir. Un cri terrible empli de crainte résonna dans l'obscurité.

« HARRY ! NONNNNNNNNNNN ! STUPEFIX ! »

Puis le silence.


Quand ils atteignirent la surface de l'eau, Snape projeta le garçon sur la rive et se hissa près de lui.

La forêt semblait si loin…

« Nous devons courir, Harry… »

Ils se levèrent et commencèrent à courir à toute vitesse vers les arbres qui leur tendaient leurs bras. Harry avait la nausée et son dos commença à être douloureux. Ses jambes aussi. Puis sa poitrine. Ses Bras. Enfin, son coté avec une douleur insupportable.

Après deux heures de lutte et d'escalade, les potions avaient perdu effets.

Harry trébucha et sa course se ralentit. Puis à nouveau. Sa tête tournait, et la douleur… Pourquoi. Peut-être parce qu'ils étaient vraiment en mauvais état et que leur corps était trop fatigué et trop torturé… Harry ne savait pas, mais il n'était plus capable de courir. Il trébucha derrière Snape, qui, visiblement, ne sentait pas l'arrêt de l'effet des potions et courait aussi vite qu'il pouvait… Mais Harry ne pouvait pas l'appeler. Il était trop faible.

Il tomba à genoux. NON ! Il devait être plus fort que ça !

Luttant contre sa douleur et sa faiblesse, il se leva et tituba derrière le Maître de Potions. La distance entre eux était trop grande. Il ne le rejoindrait pas vivant, Harry en était sûr.

Et puis… Une sensation familière et glacée arrêta le professeur et refroidit les pensées d'Harry. Pendant un moment, tout devint noir et il put entendre la voix suppliante de sa mère 'Pas Harry, s'il vous plaît…', mais l'instant suivant il sortit la baguette de son père et se concentra fortement sur le visage figé et stupéfié de son oncle, qui lui avait offert plus que quiconque, qui avait partagé son tourment et sa douleur, toute sa vie. Et il leva la baguette et dit calmement, mais fermement.

« Expecto Patronum ! » Et son Patronus, le cerf, son second père, son protecteur, apparut en face d'Harry, baissa la tête et fit une chose que Harry était sûr qu'un Patronus n'était pas supposé faire : non seulement il les repoussa, mais en plus il les détruisit et ils s'évanouirent et disparurent dans l'air, et ils n'existèrent plus. Plus jamais.

Snape se retourna, une expression étrange sur son visage… De la surprise et de l'étonnement… mais cela changea vite en une expression de terreur : ses yeux s'élargirent d'une crainte évidente et sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit.

Le temps sembla s'arrêter ou était-il juste trop lent. Harry ne savait pas, mais il put tout ressentir en un moment : l'horreur de Snape, la disparition de son Patronus et l'apparition autour de lui de Mangemorts et une baguette pointée vers lui.

Harry reconnut aussitôt son propriétaire.

Queudver, Peter Pettigrew. Le traître. Le meurtrier de ses parents. Le meurtrier de Bertha Jorkins et de Cédric Diggory. Le misérable serviteur répugnant du Seigneur des Ténèbres.

Celui qui devait sa vie à Harry.

Mais aussi celui qui ne semblait pas en être affecté.

« Avada Kedavra », dit-il simplement. Une lumière verte familière surgit de sa baguette et avança de plus en plus.

Harry ne pouvait pas bouger. Il le savait, il n'avait plus le temps. Il était conscient que le temps était si lent juste pour son esprit, que son corps était dans un autre monde, le monde réel et qu'il ne serait jamais assez rapide pour s'écarter.

Il fixa la lumière verte.

C'était donc la fin.

Semblable à celle de sa mère.

Semblable à celle de son père.

Semblable à celle de James Potter.

Voldemort avait atteint son but. Il serait mort.

Il n'avait plus peur. Il ne luttait pas. Il l'avait accepté : c'était son destin.

L'enfant de Quietus devait faire face à la mort pour vivre.

Harry ne comprenait pas le sens de cette phrase. Mais il était entrain d'affronter la mort.

Seul son cœur avait mal. Severus… Severus serait complètement brisé et désespéré.

La douleur le mordit. Il jeta un dernier regard à Severus.

« Je suis désolé » murmura-t-il et la lumière verte le frappa.

Tout vira au noir. Pour toujours.


Snape n'en croyait pas ses yeux.

Les Détraqueurs étaient vaincus par le Patronus de Harry. De Harry… Harry !

Il réalisa soudainement que lui, à nouveau, avait laissé le garçon derrière. Il se retourna, une expression rassurante sur le visage.

Mais juste derrière Harry… se tenait tout le premier cercle. Voldemort au milieu, Pettigrew à coté, pointant sa baguette sur Harry –

La lumière verte.

Le sortilège de la mort.

Non.

Harry allait mourir.

Non.

La lumière verte atteignit Harry.

Non !

Le garçon tomba à terre.

NON !

Son corps ne bougeait plus.

Harry ETAIT mort.

Harry était MORT.

HARRY était mort.

« HARRY ! NONNNNNNNN ! STUPEFIX ! » s'écria-t-il douloureusement, pointant leur baguette fabriquée à la main vers le cercle alors qu'il courrait vers l'enfant.

Les Mangemorts disparaissaient de sa vue quand ils tombaient, mais Snape s'en fichait. Il ne voyait que Harry.

Son cœur était déchiré en deux. Son corps lui faisait mal. Tout faisait mal. Sa vie lui faisait mal.

Il avait échoué.

C'était encore de SA faute.

Il avait encore abandonné le garçon.

Alors qu'il atteignait le corps sans vie, il tomba à genoux. Il prit Harry dans ses bras aussi prudemment qu'il put, le souleva du sol et se leva. Pendant un moment, il se tint juste là, avec le garçon dans les bras. Il était incroyablement léger, comme une plume, pensa-t-il alors qu'il se dirigeait chancelant vers la forêt. Il se fichait des Mangemorts. Peut-être espérait-il qu'ils le tuent aussi, mais personne ne le retint, personne ne lui lança de sort, alors qu'il avançait.

C'était trop familier. Le fait de marcher. Le garçon entre ses bras. Le corps sans vie. Le fils de Quietus.

Mort comme Quietus.

Et il le portait hors de ce fichu endroit, impuissant.

Alors qu'il marchait, il sentit le corps s'alourdir… comme tous les cadavres. Ou était-ce seulement car il était trop faible ?

Quietus était plus lourd, pensa-t-il soudainement. – Mais il était plus âgé, il était adulte.

Adulte ? Ils avaient été des fichus gamins stupides, tous les deux… Quietus n'avait même pas vingt ans !

Mais Harry était bien plus jeune. Seulement un enfant. Un enfant !

Il le serra fort contre sa poitrine.

Il ne pouvait pas pleurer. Il ne pouvait pas pleurer AVANT non plus. Il voulait – mais il ne pouvait pas.

Toutes ses émotions étaient arrachées de son cœur. Il y avait juste un espace froid, engourdi.

« Je suis désolé, Quietus. Je suis désolé, Harry, je suis désolé. » répéta-t-il sans cesse, comme un leitmotiv, jusqu'à ce qu'il atteigne la forêt. Puis il prit la baguette de Quietus de la prise faible de Harry et enroula fermement ses doigts autour du bois lisse.

L'instant suivant, ils étaient dans la Forêt Interdite, au point de transplanage.

Snape ne put plus avancer. Il tomba au sol, étreignant toujours le corps de Harry et s'enroula de manière protectrice autour du garçon mort comme s'il pouvait le défendre avec son propre corps…

« Je ne veux plus jamais ouvrir les yeux… » furent ses derniers yeux.


Merci à Guzud (tu arrives quand même à en écrire, pour nous c'est tout ce qui compte), edge (on reconnaît les lecteurs du tome 6!), Dawn456 (Tu dois l'aimer cette fin, alors?), Tyto27 (bien conpréhensible, mais tout de même!), Olorin ( tout les vendredi sur FF et le mercredi sur notre LJ), jenni944 (Oui, je l'imagine tout à fait), A.D. vs A.V. (mais on continue! On en est à la deuxième partie!), Gigiblue (c'est pas du tout grave. J'ai l'honneur de te décerner le titre de la première revieweuse du LJ!), pour leurs reviews.

A vendredi prochain!