Titre: Happy Days in Hell

Auteur: enahma

Traductrices: Thamril et Méphisto

Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.

Note : Pas de spoilers du tome 5.

Chapitre 14 - Enquêtes

Ce fut la lumière vive qui le réveilla.

Il y avait une clarté incroyable dans la pièce : des rayons et des faisceaux blancs, jaunes, oranges et or partout autour de lui. Et les odeurs et les parfums, l'une était celle de l'herbe fraîchement coupée, l'autre simplement l'air chauffé par le soleil… Et les sons. Le gazouillis des oiseaux, le bruissement des feuilles, le bruit de l'eau au loin et les autres voix de la nature. Les signes de la joie de la vie l'accablaient : c'était une belle journée d'été.

Il sentit la fraîcheur qui l'entourait : le drap, l'oreiller et la légère couverture, frais, chauds et doux, l'enveloppant, l'incitant à dormir, à rêver, comme s'ils le protégeaient de son réveil. Mais il n'était ni endormi ni fatigué, il se sentait frais et un peu affamé. Ce n'était pas surprenant, il n'avait pas mangé depuis…

Depuis deux semaines.

Oh, Seigneur, depuis deux semaines.

Nightmare Manor.

Voldemort.

Harry.

C'était facile d'y arriver. A Harry.

Il s'assit, la terreur visible sur son visage. La lumière du soleil caressait doucement son dos et sa couverture semblait presque être d'un bleu lumineux dans la lumière brillante. D'abord, il ne put rien voir, aveuglé par la lumière. L'image de la pièce devint lentement plus nette. Alors il la reconnut. Il était dans l'infirmerie, à Poudlard, en sécurité.

Sentant sa gorge se serrer, il tourna la tête avec précaution, d'abord à droite, puis à gauche, pour regarder s'il y avait quelqu'un dans les autres lits de la salle, espérant y voir une silhouette mince et familière, étendue dans un lit, dormant à côté de lui sous une légère couverture… mais il était seul. Juste lui et la clarté éblouissante, rien d'autre.

Donc, c'était vrai. Harry n'avait pas besoin d'être ici, plus maintenant. Ca signifiait que le pire de ses cauchemars s'était réalisé. Les images du soir précédent lui revinrent doucement à l'esprit : le couloir effondré, son laboratoire, le tunnel humide, les couloirs et les salles qu'ils avaient traversés (ENSEMBLE), le bassin, la forêt, les détraqueurs, le Patronus et finalement - Harry alors qu'il se trouvait au centre du Cercle Intime, attendant simplement, sans crainte, et sachant ce qui allait lui arriver, puis Harry mort. La lumière verte le frappa et il s'effondra par terre, sans vie.

Snape ne pouvait pas se rappeler de comment il avait réussi à revenir ici, de ce qui s'était produit après qu'Harry se soit effondré. Il y avait quelque chose… comme s'il avait été allongé sue le sol au Point de Transplanage de la Forêt Interdite, avec Harry dans des les bras. Mais… Harry était déjà mort alors. Et il avait voulu mourir à côté de lui. Apparemment, il n'était pas mort, du moins pas encore.

Oh, merde, ça devait être Albus… Pourquoi ne l'avait-il pas laissé mourir là-bas ? Il ne voulait pas encore revenir avec un garçon mort dans les bras, comme il y a quinze ans ou un peu plus, pour recommencer tout de la première étape : reconstruire de nouveau sa vie. Non, pas encore. Il était trop vieux pour le faire.

Il sortit du lit, glissa dans la paire de chaussons à côté de lui et s'étira. Il se rendit compte qu'il portait une longue chemise de nuit blanche et ses lèvres se courbèrent de dégoût. Lui - portant du blanc… C'était troublant. Mais, après un moment, il haussa les épaules et se tourna vers sa destination : une minuscule pièce juste à côté du bureau de Poppy. Elle était rarement employée, la dernière fois était il y a presque cinq ans, juste avant qu'Harry commence ses études ici… Oh, et l'année dernière aussi, bien sûr…

Il ouvrit lentement la porte mais paniqua, n'osant pas faire face à ce qu'il y avait à l'intérieur. Finalement, il se décida, prit une profonde respiration et entra dans la pièce. La morgue.

Ce n'était pas un endroit sombre, c'était aussi lumineux et rempli de la lumière du soleil que la salle principale de l'infirmerie. Les rayons orange, jaunes et or s'infiltraient partout, même ici, le lieu de mort, l'un d'eux éclairant directement le petit corps étendu sur le catafalque, tellement calme, comme s'il ne faisait que dormir. Snape fit un pas dans sa direction avec précaution. Le garçon souriait légèrement dans sa mort. Il ne l'avait pas remarqué le jour précédant, quand il avait traîné Harry avec lui aussi loin de ce foutu endroit qu'il le pouvait… Il souriait, il acceptait son destin en souriant, en souriant à… qui ? Au monde trompé, qui avait maintenant perdu son sauveur qui n'avait jamais voulu de ce rôle ? A Voldemort qui ne l'avait pas brisé ? A lui, qui l'avait trahi en le laissant derrière… ?

Il fit un autre pas.

Harry. Le fils de Quietus. Le dernier espoir - maintenant perdu - de la famille Snape et, oh combien ironique, de la famille Potter également. Le fils mort de son frère mort.

Il avait échoué.

Il fit le dernier pas qui le séparait du cercueil. Harry portait toujours les vêtements transformés de Snape qu'il avait coupés rapidement avec des ciseaux : ses vêtements noirs, maintenant couverts par la boue, la poussière et le sang, là où les vieilles contusions et blessures suintantes l'avaient mouillé lors de la longue évasion. Il tomba à genoux de douleur. Ces blessures qu'Harry avait eues alors qu'ils étaient encore ensemble. Ensemble… Et le garçon avait été à côté de lui, parfois même avait été blotti contre lui, et ils avaient parlé de choses, d'événements et de personnes importantes ou non…

Ils avaient été ensemble et ils avaient été vivants.

Ils avaient souffert, ils avaient été torturés, ils avaient été maltraités et privés de nourriture, mais ils avaient été ensemble et, pour la première fois dans sa foutue vie, il avait senti que quelqu'un était proche de lui, et pas seulement physiquement et maintenant… et maintenant c'était parti comme un rêve, son cœur lui faisait mal et les pensées tourbillonnaient dans sa tête.

'Nous nous envolons…'

Il tendit le bras avec précaution et prit une main froide dans la sienne, froide comme la glace autour de son âme, de son cœur, il la caressa et appuya son front contre elle, fermant étroitement les yeux.

C'était juste il y a un jour, ou moins, quand cette main l'avait touché, quand ces bras l'avaient étreint timidement, quand ces yeux maintenant fermés avaient été lumineux et pleins de vie et d'espoir… Harry, le fils de Quietus, son neveu, à qui il avait promis d'être un parent, d'être toujours là pour lui, et qui avait simplement été laissé en arrière et impitoyablement tué.

Pourquoi lui ? Pourquoi n'avait-il pas été tué, lui, Severus Snape, l'agent double, le méchant bâtard et indigne de confiance ? Pourquoi devait-il être laissé derrière ?

Etait-ce sa punition pour ses fautes ?

Le temps qu'il avait passé dans ce puits de mort n'était-il pas suffisant ?

Pourquoi devait-il souffrir ? Pourquoi une mauvaise décision causait-elle tant de douleurs et de souffrances ?

Pourquoi n'avait-il pas pu se sacrifier pour le garçon ?

Des questions sans réponses.

Un sanglot désespéré essaya de trouver la sortie de son âme, mais il ne pouvait pas pleurer. Ses yeux étaient secs, son visage impassible, bien que ses émotions le fassent suffoquer de l'intérieur. Mais il resserra juste sa prise sur la main glacée. Si seulement ils avaient une autre chance… il ferait tout pour lui. Il serait un parent si Harry le voulait. Il lui donnerait une famille comme il le lui avait promis - il le pensait aussi sérieusement ALORS, pas seulement MAINTENANT, mais maintenant, il voulait désespérément montrer au garçon, ou à n'importe quel dieu qui l'écoutait, qu'il voulait le faire, qu'il était réellement, vraiment, sérieusement prêt à le faire.

Il ferait n'importe quoi pour le garçon. Il lui donnerait sa vie si elle pouvait le faire revenir à la vie. Il… il avait échoué. Il n'avait pas pu faire la chose que tous les parents pourraient faire pour lui : il n'avait pas pu mourir pour le garçon, à la place, c'était Harry qui était mort. Harry. Son âme criait, suppliait et pleurait. Cependant, son visage restait impassible.

La lumière du soleil formait un halo autour de la tête d'Harry, les cheveux d'un noir d'aigle brillaient, comme une auréole tintée de rouge… Mais la pâleur du visage trahissait la réalité amère et douloureuse…

Il caressa doucement le pâle visage et ébouriffa les cheveux indisciplinés. Il était parti. Parti pour toujours.

Il voulait le suivre. Simplement partir comme lui.

Soudain, les précédentes paroles d'Harry lui revinrent en mémoire. 'Je veux te demander, au cas où quelque chose m'arriverait, promet-moi que tu ne feras rien d'idiot. Que tu ne te blâmeras pas…'

Harry l'avait su.

Damnez-le ! Harry l'avait su. Comment ?

Et pourquoi ne l'avait-il pas averti ? Ils auraient pu l'éviter !

Ou non. Le concept idiot et stupide de ce qui 'se serait passé si'… Non. Harry était mort. Il était à nouveau seul, mais cette fois, il savait avec précision ce qu'il avait perdu. Quand il avait été seul précédemment, la compagnie ne lui avait pas manqué autant que maintenant, maintenant qu'il savait ce que signifiait partager sa vie avec quelqu'un qui faisait attention, qui aimait…

« Severus… »

Il leva la tête de la main froide et se tourna vers la porte.

« Albus… » Il ne pouvait rien dire de plus. Il réalisa alors qu'il tremblait.

Le directeur fit un pas vers lui et posa une main sur son épaule.

« Viens, Severus. Tu as besoin d'un peu plus de repos… Il y a des choses douloureuses derrière toi et beaucoup de choses douloureuses t'attendent encore. »

Snape soupira.

« Je veux rester ici… »

« Tu ne peux pas. Ne te torture pas… »

« Ce n'est pas une torture, Albus. » Il secoua la tête. « Je… je ne peux simplement pas le laisser. Pas maintenant. »

« Tu auras un jour pour lui dire adieu, Severus. Mais dans quelques heures, le Ministre va venir pour prendre ton témoignage… »

« Ce ne sera pas un simple interrogatoire. Ils me questionneront aussi impitoyablement qu'ils le font toujours, Albus. »

« Je ne pense pas… »

« Vous verrez. » Snape dirigea à nouveau son regard vers Harry. « Je ne veux pas… Pas aujourd'hui. »

« Ca doit être fait. »

« Je sais. »

« Ils veulent également examiner Harry. » Chuchota le directeur.

Snape frissonna en entendant ces mots. L'examiner ! Jeter des sorts au corps mort pour vérifier son identité, si c'était vraiment Harry Potter. Ils déshabilleraient le corps pour voir toutes les blessures et tous les bleus qu'Harry n'avait jamais eu l'intention de montrer à personne, Snape en était sûr.

Et ils le forceraient aussi à se déshabiller et à montrer ses blessures comme une preuve à ajouter à ses dossiers - dossiers très imposants, plus de 3500 pages, Dumbledore le lui avait dit une fois - avec sa confession et son témoignage, naturellement sous Veritaserum… Oh, non, pas encore. Ils le mettraient à nouveau à Azkaban parce qu'ils avaient besoin d'un bouc émissaire à blâmer de la mort du célèbre Harry Potter…

Azkaban, où il serait forcé de revivre les morts d'Harry et de Quietus encore et encore, un nombre de fois incalculable pendant des années et des décennies jusqu'à sa propre mort, non… Non. Il préférait plutôt retourner dans les salles de torture du Seigneur des Ténèbres pour pardonner et oublier…

« Albus, s'il vous plait, ne les laissez pas me jeter à Azkaban. » Chuchota-t-il faiblement. « Pas même une journée, s'il vous plait… »

« Calme-toi, Severus. Je ne les laisserai pas t'emmener loin de Poudlard, je te le promets. »

Snape ferma les yeux.

« Merci, Albus… »

Le vieil homme l'aida à se mettre sur ses pieds et, lentement, l'accompagna jusqu'à son lit.

« Essaye de te reposer un peu. Tu devras leur donner la confirmation de la mort d'Harry ce soir et je veux que tu sois remis et prêt à le faire. »

Il tendit un verre à son collègue.

« Potion de Sommeil Sans Rêves pendant trois heures. Bois-la. »

Snape acquiesça et versa son contenu dans sa gorge.

Il était déjà dans le lit et la couverture était étroitement serrée autour de lui quand il réagit aux précédentes paroles du directeur.

« Je ne me remettrais jamais. »

Dumbledore regarda l'homme allongé et la culpabilité était inscrite sur son visage.

« Je suis désolé, Severus. » Chuchota-t-il, bien que le Maître des Potions ne sache pas pourquoi Dumbledore était désolé.


Trois heures et un léger repas plus tard, Snape essaya de s'habiller. Winky, une elfe de maison, lui apporta quelques vêtements de sa garde-robe des donjons et il fut un peu soulagé d'enfiler ses vieilles robes, cependant, il ne savait pas pourquoi. Pour garder les apparences ? Et bien, ce serait la meilleure chose : agir de la manière dont il l'avait toujours fait.

S'habiller n'était pas une chose si simple, réalisa-t-il après avoir enfilé son pantalon. Il n'avait jamais été gros, mais maintenant, il sentait que ses propres vêtements étaient trop grands et trop larges pour lui et qu'il avait besoin de demander une ceinture à l'elfe de maison pour maintenir le pantalon. Sous la cape noire habituelle, il mit seulement une chemise noire simple pour éviter un long déshabillage devant les représentants du ministère. Puis, il réalisa qu'il ne pouvait pas la boutonner et il perdit un autre combat avec les lacets, car ses mains refusaient d'accomplir un mouvement précis dans leur état actuel, donc il appela Winky pour l'aider. D'abord, il avait voulu essayer un sort (avec la baguette de Quietus, qui était toujours réticente à obéir ses ordres), mais il ne se souvenait plus d'un sort pour attacher des boutons ou des lacets, donc finalement, il abandonna et l'elfe de maison le fit en un rien de temps.

C'était absolument embarrassant, presque humiliant.

Finalement, il fut prêt à se rendre au bureau de Dumbledore où les Aurors l'attendaient probablement déjà. Des Aurors, oui, il était sûr qu'il y en aurait au moins cinq, et il aurait beaucoup de chance s'il pouvait éviter de répondre à des questions à propos de ses sentiments et de ses émotions… C'était toujours le pire moment des interrogatoires : quand il était interrogé sur ses émotions et qu'il était ridicule…

Oh, combien il détestait Londubat pour cela ! Son jeu favori !

Heureusement, ce foutu Auror était à Ste. Mangouste, attendant silencieusement sa fin, sans poser de questions et ne se réjouissant pas des souffrances des autres… plus maintenant, plus jamais.

Il essaya de se déplacer dans les couloirs familiers de l'école de la même manière qu'il l'avait toujours fait, mais il ne pouvait simplement pas. Son déplacement n'était pas prédateur et silencieux, il était plutôt étourdi et chancelant, donc il se dirigea lentement vers le bureau, s'appuyant de temps en temps contre le mur pour respirant profondément.

Quand il se retrouva finalement devant la gargouille qui gardait le bureau de Dumbledore, il se rendit compte qu'il ne connaissait pas le mot de passe. Oh, non. Il ne voulait vraiment pas rester debout ici pendant des minutes interminables et énumérer tous les bonbons et tous les biscuits qu'il connaissait… Il fut soulagé quand la voix de McGonagall retentit derrière lui.

« Puis-je t'aider, Severus ? » Demanda-t-elle calmement et Snape fit un pas pour s'éloigner de la statue.

« Je t'en serais très reconnaissant, Minerva. » Il inclina la tête vers le professeur qui lui sourit tristement.

« Harry Potter. » Chuchota la Directrice de Gryffondor à la gargouille qui s'éloigna de leur chemin pour les laisser entrer.

Snape baissa la tête. Et bien, c'était inattendu, mais il était néanmoins satisfait. Ils s'arrêtèrent sur la dernière marche de l'escalier en spirale pendant un moment.

« Est-ce que tu vas bien, Severus ? » Le professeur de Métamorphose semblait concernée.

Snape ouvrit la bouche pour lui donner la réponse habituelle mais, lorsqu'il leva les yeux et vit le regard inquiet de sa collègue, il changea d'avis.

« Non, Minerva. Je ne vais pas bien et… je ne me sens pas prêt pour ce… nouvel interrogatoire. »

McGonagall mit sa main sur l'épaule de Snape pour le rassurer.

« Albus a revendiqué le droit de t'interroger en tant qu'Auror certifié, membre du Magenmagot et directeur de cette école et le Ministère lui a donné la permission de le faire. Il ne te demandera pas quelque chose qui pourrait te blesser. »

Un immense soulagement fit disparaître la tension du Maître des Potions.

« Merci, Minerva. » Il sourit timidement et le professeur acquiesça en réponse.

« De rien, Severus. »

Son soulagement disparut au moment où il entra dans le bureau du directeur. Il y avait trop de gens dans la pièce. Le ministre, Fudge, l'idiot, deux Aurors dans leur uniforme habituel, Arcus Patil, l'employé officiel du ministère et deux personnes inconnues qui sortirent juste après que Snape soit entré. Donc, ils étaient venus pour identifier le garçon mort… Les Identificateurs du Ministère…

« S'il te plait, Severus, assieds-toi. » Dumbledore désigna une chaise. « M. le Ministre ? » Il se tourna vers l'homme visiblement nerveux qui se décala inconfortablement dans sa chaise alors qu'il jetait un regard au grand homme sombre entrant dans la pièce.

« Ecoutez, Dumbledore… vous êtes autorisé à le questionner mais vous devez aussi lui poser les questions que j'ai notées… » Quand le directeur acquiesça, il continua. « Mais d'abord, je veux voir la… preuve physique… »

« Je vous ai déjà fourni le témoignage écrit de Mme Alicia Pomfresh à propos des blessures de Severus et je ne pense pas qu'il soit nécessaire de l'examiner d'une telle manière… »

« C'est bon, Albus. » Le Maître des Potions l'interrompit. « J'étais préparé à cela. »

Il se leva et, avant que le directeur puisse ouvrir la bouche, il se tourna, retira la cape, la posa sur le bras de la chaise et retira la chemise sans la déboutonner. Il ne leva pas le regard, restant juste debout là, les yeux fixés sur le sol et des anciens souvenirs revinrent violemment dans son esprit. De vieux souvenirs d'événements semblables… Il entendait presque le rire taquin derrière son dos.

« J'espère que c'est assez. » Il fronça les sourcils après un moment et voyant le visage surpris du ministre, il ajouta. « Vos Aurors, M. le ministre, ne sont généralement pas satisfaits d'un spectacle aussi court. » Sa voix était glaciale et coupante et il jeta un regard vers les Aurors qui essayaient de l'éviter, embarrassés. Patil, cependant, se leva pour examiner complètement les blessures. Snape voulut disparaître de honte.

« Vos mains, s'il vous plait. » Dit Patil poliment après avoir fini d'examiner son corps. Le froncement de sourcils de Severus s'approfondit.

« Donc vous avez lu le témoignage de Poppy… » Ajouta-t-il, mais il laissa néanmoins l'employé les observer. Les doigts habituellement pâles et élégants étaient rouges et gonflés à la consternation de Severus et Patil acquiesça.

« Madame Pomfresh a fait un bon travail avec eux, Severus. Je pense qu'ils iront bien dans quelques semaines… »

Le ton aimable étonna Snape et il regarda l'homme calme devant lui avec interrogation.

Il y eut un court silence jusqu'à ce que le Ministre dise :

« Vous pouvez vous rhabiller. »

Quand Snape se rassit sur la chaise, Dumbledore se leva, contourna son bureau et se plaça face à Snape, une minuscule fiole dans la main.

« J'espère que ce n'est pas le mien, Albus… » Ricana Snape d'une manière hostile. « Je ne veux pas répéter cette procédure juste parce qu'ils me suspectent de tricher… »

« Non, Severus. » Le directeur secoua la tête. « M. Patil nous l'a apporté. Il a été préparé par M. McCann, le Maître des Potions officiel du ministère. Cela te convient-il ? »

« Bien sûr. » Il leva les yeux au ciel. « Parfaitement. Bien que j'aie presque oublié son goût… Le vieux McCann et ses potions… » Il ricana à nouveau.

« Severus, s'il te plait ! » Dit Dumbledore impatiemment.

« Bien alors. » Soupira Snape, mais intérieurement, il était extrêmement nerveux. Toute la situation était humiliante, mais bien sûr le directeur ne s'en rendait pas compte, comme toujours dans cette sorte de situation car il n'avait certainement jamais été forcé de répondre à des questions sous Veritaserum. Et cette fois, il était totalement innocent, mais il devait subir cette persécution comme s'il était coupable ou suspect. Oh, comment il détestait tout ceci ! Mais il ouvrit la bouche avec obéissance (la personne interrogée n'était pas autorisée à toucher la potion) et, pendant un instant, il se rappela du moment où il avait menacé Harry dans la classe de verser du Veritaserum dans son habituel jus de citrouille et il frissonna. Il avait été un maudit bâtard… Et maintenant, c'était trop tard pour le regretter.

Il ferma les yeux. En fait, il n'avait pas l'intention de les ouvrir de toute la procédure. C'était en quelque sorte plus facile de tenir.

La potion froide glissa dans sa gorge et il n'eut pas à attendre longtemps avant de percevoir la sensation familière : c'était comme si une main forte saisissait son esprit, le forçant péniblement à faire face à ses fautes et à ses erreurs et il ne pouvait pas échapper à la culpabilité qui l'attaquait pendant ce moment.

« Attachez-le. » Il entendit la voix du ministre. « Je ne veux pas qu'il attaque quelqu'un… »

Le répugnant bâtard… Comme s'il ne savait pas qu'une personne interrogée devenait violente seulement si elle était obligée de répondre à des questions vraiment personnelles et délicates.

'Combien de fois avez-vous couché avec une fille ? Qui ? Avez-vous apprécié ? Comment l'avez-vous fait exactement ? Pourquoi ? Vous êtes-vous lavé avant cela ? Et après ? Est-ce que Mlle Black a crié votre nom quand…' NON ! Il se rappela soudainement comment il s'était battu contre le sérum, comment il avait désespérément essayé de maintenir sa bouche fermée, de serrer ses dents étroitement mais ça avait été une bataille perdue d'avance et Londubat avait ri de sa tentative de se libérer, de s'échapper… Non. Il ne voulait pas attaquer quelqu'un. Il voulait juste se cacher et mourir dans la honte…

« Non, M. le Ministre. Je ne pense pas que ce soit nécessaire. » La voix de Dumbledore le sortit soudain de ses pensées.

« Attachez-le. Ce n'est pas une requête. C'est un ordre. Ma sécurité personnelle… »

« Faites-le, Albus. » Il entendit sa propre voix. « Donnez-lui un peu plus de plaisir à humilier une autre personne… pas un être humain cependant, juste un mangemort… »

« Severus ! Tu n'es pas arrêté ou suspecté, donc il ne peut pas me demander de t'attacher. » Le Directeur semblait véritablement fâché.

« Je le veux ou je l'interrogerai au ministère… »

« Faites-le, Albus, et finissons en avec ça. » Siffla Snape en colère. « Je m'en moque. Je veux juste que ça se termine. » Il résista à l'envie d'ouvrir les yeux et tourna la tête vers Patil.

« Arcus, s'il te plait, fais-le. Je ne veux pas rester assis ici jusqu'à demain. » Il ricana encore, bien que sa voix manque de la méchanceté habituelle.

« Très bien, Severus. Lego ! » Répondit la voix douce de Patil.

Snape sentit ses bras et ses jambes se fixer à la chaise et il essaya de ne pas frissonner. Il entendit l'inspiration surprise de McGonagall dans le coin opposé où elle se tenait, mais il haussa mentalement les épaules. S'ils savaient…

« Quel est ton nom ? » Oh, ainsi ça commençait.

« Severus Nobilus Snape. » Sa voix était froide et terne.

« Es-tu un mangemort ? »

Non, Albus, ce n'était pas une bonne question. Son corps se tendit et son dos s'arqua de douleur. Il n'était tout simplement pas capable de lui répondre. Oui, techniquement, il était un mangemort, la marque sombre était assurément brûlée pour toujours dans la chair de son avant-bras gauche, mais il n'était plus un serviteur fidèle de Voldemort, donc il n'était plus un mangemort.

« Es-tu un mangemort loyal ? » Dumbledore changea la question en voyant l'expression douloureuse sur le visage de Snape.

« Non. J'ai quitté Voldemort il y a seize ans et je l'ai espionné pour vous. » Comme le sérum commençait à le contrôler totalement, il ne pouvait pas mettre une pointe de sarcasme dans sa voix même s'il essayait. À sa grande satisfaction, il put entendre Fudge siffler alors qu'il entendait le nom de Voldemort mentionné sans la crainte habituelle et il décida de mentionner le nom aussi fréquemment que possible.

« Que s'est-il passé il y a deux semaines ? »

« Le 17 juillet, j'ai été appelé par Voldemort. » Il employa le nom juste pour gêner le crétin stupide. « J'ai dû participer à la torture de Harold James Potter qui avait été attrapé par quelques loyaux serviteurs de Voldemort le jour-même. » Oh, que c'était bon. Il entendait le malaise de Fudge à chaque fois qu'il mentionnait LE nom.

« Pourquoi n'es-tu pas revenu à Poudlard après que la fin de la séance de torture ? »

« Parce que j'ai essayé de sauver la vie d'Harry et que Voldemort a décidé de nous soumettre à une torture plus longue à Nightmare Manor. Voldemort nous a mis ensemble et nous avons été torturés de diverses manières pendant deux semaines. Nous étions dans les donjons du manoir, capturés, donc je ne pouvais pas revenir pour vous le dire. » Deux occasions de choquer l'idiot.

« Est-ce que Potter est mort lors de l'une de ces séances de torture ? »

« Non. Il est mort quand nous avons essayé de nous échapper. Un Mangemort, appelé Peter Pettigrew, lui a jeté le Sort de la Mort. Je ne pouvais pas le sauver. Il est mort devant moi. Puis, je l'ai pris et je suis revenu à Poudlard. »

« L'as-tu blessé pendant ces deux semaines ? »

« Oui, je l'ai blessé pendant la séance du premier jour. J'avais besoin de temps pour le sauver et j'ai décidé de lui jeter des sorts. »

« As-tu utilisé l'un des Impardonnables ? »

« Non. »

« L'as-tu blessé après cela ? »

« Non. »

Dumbledore jeta un regard au papier posé sur son bureau.

« Est-ce que Potter a montré un signe d'instabilité mentale ? »

Bien que Snape ait décidé de garder les yeux fermés, il les ouvrit brusquement sous le choc.

« Quoi ? Instabilité mentale ? Non, bien sûr que non. Il était tout le temps dans un état mental excellent. » Sa voix ne montrait pas son choc, le ton plat était un effet secondaire normal du sérum.

« A-t-il mentionné quelque chose au sujet de la mort de Cédric Diggory ? »

« Oui, il l'a fait. Il a dit que Cédric Diggory avait été tué par le même Mangemort, Peter Pettigrew, que j'ai déjà cité, à la demande de Voldemort. »

« A-t-il montré un signe d'intérêt pour les Arts Sombres ? »

« Non, pas du tout. Au contraire. Il a résisté aux tentations de Voldemort à chaque fois que celui-ci essayait d'attirer le garçon dans son camp, ce qu'il a fait plusieurs fois. »

Dumbledore acquiesça et se tourna vers un Fudge plutôt ennuyé.

« Je pense que c'est assez, M. le Ministre. » Dit-il d'un ton neutre. « Je n'ai pas l'intention de poser plus de questions à M. Snape. Vous avez entendu son témoignage. Il a répondu à toutes les questions que nous avons posées. »

« Mais… il y avait des lacunes dans son histoire… »

« Bien sûr, il y avait beaucoup de lacunes, M. le Ministre. Mais je pense que nous en avons entendu assez. Je ne veux pas rester assis ici jusqu'à demain à écouter chaque petit détail de leur captivité qui n'est pas important pour que clarifier les circonstances de la mort de Harold James Potter et, comme vous avez entendu, M. Snape est parfaitement innocent de sa mort. Je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait de lui poser plus de questions sur ses humiliations ou sur celles de Harry Potter ou sur d'autres choses trop personnelles pour avoir des réponses sous l'effet du sérum. M. Snape ici-présent n'est pas un suspect, il est un témoin et nous n'avons aucun droit de continuer son interrogatoire. »

« Dumbledore a raison, monsieur. » Patil se leva calmement. « Il n'a commis aucune faute donc nous n'avons pas le droit de lui poser des questions personnelles tant qu'il n'est pas libre de répondre volontairement. »

Fudge devint blême.

« Etes-vous en train de défendre un Mangemort ? »

« Un ex-Mangemort, M. le Ministre, qui a été acquitté par le Magenmagot il y a quinze ans. »

Un coup soudain à la porte interrompit la querelle.

« Entrez ! » Dit Dumbledore. Les deux Identificateurs entrèrent dans la pièce.

« Nous l'avons fait M. le ministre. »

« Oui ? » Demanda Fudge impatiemment.

« Nous avons officiellement établi que le garçon mort est incontestablement le fils de Lily Evans et de James Potter, né à Pré-au-Lard le 31 juillet 1980 et mort le 31 juillet 1995. Voici la permission pour l'enterrement. » Il tendit un document au directeur. « Vous devez l'enterrer dans les deux jours. Nous avons jeté un sort de conservation sur lui pour qu'aucun membre du corps ne puisse être enlevé et utilisé pour des buts illégaux. Son pouce sera scellé par le ministère et gardé officiellement pendant les deux semaines suivantes jusqu'à ce que les capacités magiques potentielles s'éloignent du cadavre. »

Le discours froid et cruel blessa Snape. Cadavre ! Ils parlaient d'Harry ! Pas de quelque chose qui pourrait être employé dans des 'buts illégaux' ! Il tenta de bouger mais il était toujours attaché à la chaise.

« Bien. » Dumbledore acquiesça. « Alors, je pense que nous avons fini. »

Il invita le groupe à se retirer et bientôt Snape se retrouva seul dans le bureau, attaché à la chaise, incapable de bouger. Zut ! Dumbledore se faisait vieux… mais, avec un peu de chance, il reviendrait vite. Au moins, il était seul, les représentants du Ministère étaient partis.

Il ferma les yeux à nouveau et le visage de Harry apparut dans son esprit, encore, alors qu'il attendait son réconfort, son accord… Au moins, il n'avait pas refusé ces paroles au garçon. Au moins, il était mort en sachant que Snape l'avait accepté et l'aimait…

Une voix colérique interrompit ses pensées.

« Alors tu es heureux maintenant, hein ? » L'attaqua cruellement une voix amère.

Snape ouvrit les yeux et tout son corps se tendit à l'instant. Devant lui se tenait Black, de la colère et de la tristesse se partageaient son visage. Snape lutta pour se lever et l'affronter, mais les liens magiques le retenaient fermement à la chaise. Zut ! La bouche de Black se tordit en un sourire cruel.

« Je ne suis pas heureux, Black. Pas du tout », répondit le Maître des Potions les dents serrées. 'L'impérium liquide' avait-on déjà appelé le Veritaserum. Et bien, oui. Sans surprise de toute manière, le Ministère ne trouvait pas son emploi impardonnable. La version lumineuse de l'Impérium, de maîtriser tout ceux qui l'absorbaient.

« Peut-être que tu n'aimes pas la situation actuelle et que cela t'énerve, hein, Sournois graisseux ? Toi attaché et moi libre ? »

Harry n'avait pas raison à propos de Black. Le sale cabot était un bâtard cruel et brutal, rien de plus, et il dut à nouveau répondre.

« Oui, je te hais et je hais cette situation Black, mais je ne suis pas énervé pour cela. » Il commença à transpirer alors qu'il s'efforçait de faire taire sa langue. En vain. Le sérum était trop fort.

« Vraiment ? » Le sourire sans pitié s'élargit sur le visage de son pire ennemi. « Pourquoi ? Ton rêve est enfin réalisé. Harry est mort. Il n'y a plus de Potter encore de ce monde. Remus agonise, les Guérisseurs pensent qu'il ne passera pas la nuit », quand Black commença à hurler d'exaspération, Snape vit la douleur sur cette figure haïe. « Le Ministère est à ma poursuite. Peter nous a trahis. Et tu n'es PAS heureux ! Pourquoi, Snappie, dis-moi ! Ce n'est pas assez pour toi ? Je suis désolé, je ne veux pas me tuer en face de toi juste pour satisfaire tes envies ! » A la fin, Black hurlait de toute la force de ses poumons.

Avant de répondre, Snape pensa que le comportement de Black semblait être dicté lui aussi par le sérum. Sa douleur et sa peine maintenant exposée face à lui, il eut pitié de l'homme.

« Je ne voulais pas qu'Harry meure », répondit-il calmement, sans lutter. « J'ai essayé de le sauver, mais j'ai échoué. Et je suis désolé que Lupin… »

Les yeux de Black s'élargirent d'incrédulité. Il s'approcha de Snape et lui prit violemment l'épaule.

« Qu'est-ce qui se passe, bâtard ? » Son ton était menaçant. « C'est ton nouveau jeu d'agir comme le maître de Potions soucieux et bienveillant de Poudlard ? »

« Lâche mon épaule, Black. Je ne plaisante pas. N'as-tu pas réalisé que j'étais forcé de te répondre à cause de ce fichu sérum et que tu me forces à partager mes sentiments, stupide bâtard ? »

Cela en était presque drôle. Dire 'stupide bâtard' de ce ton si neutre… Black en fut abasourdi.

« Oh mon Dieu… » Murmura-t-il. « Oh, non… Non… Quel foutu idiot je fais… »

Il leva sa baguette et la pointa sur Snape. Il leva un sourcil de surprise. Est-ce que Black voulait le tuer ? Il lui ferait une faveur, mais… non.

« Libero. » Dit Black et les liens disparurent. Snape par contre ne bougea pas.

« Alors ? » Demanda Black après quelques minutes. « Qu'attends-tu ? Viens, frappe-moi, idiot ! » Cria l'animagus nerveusement. Snape secoua la tête avec étonnement. Il ne voyait pas où voulait en venir Black.

« Pourquoi devrais-je te frapper ? » Oui, il avait plein de raison, mais il voulait entendre l'interprétation du chien.

Ce fut au tour de Black d'être amusé.

« Parce que je t'ai attaqué et que j'ai profité de la situation, Snape. Tu l'as sûrement remarqué… » Et l'homme se détourna de lui.

« Les questions ? » La voix du Maître des Potions était toujours calme.

« Je ne l'ai pas fait exprès… C'est juste que je n'aie pas pris en considération, que le sérum… Désolé. »

« Quoi… ? » Il devait avoir malentendu le dernier mot. Il devait se laver les oreilles. Ou les tortures…

« Je sais ce que cela fait de… d'être interrogé. D'être forcé à répondre à des questions sur des choses auxquelles tu ne veux pas penser ou qui sont trop personnelles… donc je suis désolé, Snape. J'étais un bâtard stupide comme tu dis. »

'Je pense que si tu lui en laisse la chance… il s'excusera…' Les paroles de Harry retentirent dans son esprit. Harry avait eu raison. Harry l'avait dit et il avait eu raison. Les émotions le submergèrent, et il baissa la tête et se couvrit la tête avec ses mains. Harry…

« Quel est le problème, Snape ? » La voix de Black était soucieuse maintenant, mais le fichu chien n'avait pas réalisé que Snape était encore sous les effets du sérum. Il grogna, mais répondit néanmoins.

« Harry… Harry m'a dit que tu t'excuserais si je te donnais une chance… Il avait raison… mais il est mort… » Marmonna-t-il entre ses doigts.

« Tu… tu lui as parlé là-bas ? » L'incrédulité était claire dans la voix de Black. Dieu, avait-il VRAIMENT agit comme un tel bâtard ?

« Bien sûr, idiot. On a été dans la même cellule pendant deux semaines. »

« Et comment… qu'est-ce que… »

Snape ricana.

« Le sérum ne marche que si tu poses des questions claires et précises… »

« Oh non… » Black avait réalisé qu'il interrogeait à nouveau Snape. « J'ai juste… »

« Tu es un idiot fini, Black. »

Black soupira, opina et leva son regard su Snape.

« Tu aimes Harry. » Dit-il. Ce n'était pas une question, pensa Snape, Black était prudent. Il pouvait donc répondre librement. Snape s'interrogea un moment.

Qu'était-il supposé dire ? Oui, bien sûr qu'il aimait Harry. De plus, il avait appris à aimer le garçon quand ils avaient été tous les deux… mais ce n'était pas les affaires de Black n'est-ce pas ? Harry était mort et…

Harry était mort. Et Black, avait lui aussi aimé l'enfant. Il avait perdu Harry, comme Snape. Il le pleurait comme lui. De bout en bout il avait d'une certaine façon le droit de savoir.

Et il pouvait l'avoir demandé directement, mais il ne l'avait pas fait. Il avait mérité de savoir. Au moins une partie. Une partie pas trop personnelle évidemment.

« Oui, je l'ai aimé. C'est arrivé quand je l'ai vu enduré la douleur et la torture et j'ai changé mon opinion sur lui. Il s'est comporté en adulte. Il était très fort. Black, je n'ai jamais vu quelqu'un se conduire aussi courageusement qu'il l'a fait. Et… et il est mort au dernier moment quand la liberté était si proche… » Il baissa la tête à ces derniers mots à peine prononcés. « Je n'ai pas pu le sauver Black. C'était de ma faute… »

« Euh… Je… Je ne pense pas, Snape. » Marmonna Black et il rougit. « Vous n'étiez que deux parmi les forces les plus conséquentes de Voldemort. »

« Il m'a sauvé des Détraqueurs et, à cause de cela, il n'a pas eu le temps de combattre les Mangemorts… c'est arrivé à cause de moi… » Pourquoi racontait-il tout à ce foutu cabot ? Pourquoi se montrait-il si faible ?

« Remus m'a moi aussi sauvé des Détraqueurs cette nuit… je ne pouvais pas lutter contre eux et c'est pour cela qu'il n'a pas vu les loups-garous approcher, et maintenant il agonise… » Au moins Black ne profitait pas de sa faiblesse, en effet, il le laissait voir sa propre fragilité. Puis Black soupira et ajouta. « Je pense que nous avons trop perdu dans cette guerre, et ce n'est que le commencement. Et… nous sommes du même coté, donc… c'est le temps d'aplanir certaines choses… euh…. »

Snape fixa Black.

« Tu veux une trêve entre nous ? »

« Non. » Black agita sa tête. « Pas de trêve. Je t'offre la paix. »

Il y eut un grand silence et Black tendit sa main. Snape regarda la main offerte et puis le visage de Black.

« La paix ? » Demanda-t-il sérieusement.

« Oui. La paix. » Répondit fermement Black.

« Très bien alors. » Il acquiesça en signe d'accord et prit la main de Black. « Sirius. » Ajouta-t-il.

« Severus. » Black opina en retour. « Et désolé pour tout… pour Quietus… »

La main de Snape trembla quand il entendit le nom de son frère prononcé par Black. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque piquante, mais la porte l'interrompit.

Le Directeur apparut avec une petite fille brune. Black se figea quand il les vit.

« Albus… cela veut dire… Remus… » Bégaya-t-il horrifié. « Il n'est pas mort, n'est-ce pas ? »

« Non, Sirius. La fillette à juste besoin de quelqu'un pour s'occuper d'elle et elle a dit que Remus t'avait désigné pour cette tâche. »

Snape prit plaisir à observer le choc et l'embarras de Black.

« Mais… mais je ne sais pas comment faire… » Black frissonna de façon incontrôlable. Dumbledore lâcha la main de la fillette.

« Nous avons un autre problème, Sirius, plus sérieux. Je ne sais pas où vous pouvez vivre en attendant que Remus récupère… »

« Sortira-t-il bientôt ? » Les yeux mornes de Black reprirent vie. « Vous voulez dire que… ? »

« Oui. Poppy a dit qu'il serait dehors dans quelques semaines. Mais jusque là, nous devons trouver un endroit pour vous deux… Tu es toujours un hors-la-loi, Sirius, comme le Ministère ne semble pas vouloir accepter le témoignage de Severus dans le cas d'Harry… »

Harry… Encore Harry. Snape vit soudain le visage du garçon quand il avait défendu Sirius… et quand il s'était moqué de lui… oh, il avait été un tel idiot, pas Black. S'il avait su qu'ils n'avaient pas le temps pour de telles stupides querelles…

« Ils peuvent aller dans mon manoir, Albus. » Il n'était pas sûr de pourquoi il avait dit ces mots. Peut-être pour Harry ? Certainement, cela aurait été le souhait de Harry s'il avait vécu… « Il est assez grand. Il y aura assez de place pour tout le monde sans se voir continuellement… » Ajouta-t-il quand il vit le regard surpris du Directeur.

« Mais vous deux… »

« C'est fini, Albus. » Soupira Black. Dumbledore regarda le Maître des Potions et il acquiesça.

« Je n'arrive pas à y croire… » Dit-il mais Snape saisit la moquerie dans son ton.

« Vous l'aviez prévu, n'est-ce pas ? » Demanda-t-il en croisant les bras sur sa poitrine. Le Directeur ne répondit pas, mais un petit sourire apparut sur son visage. « Je l'aurais peut-être deviné… Et quel est son nom ? » Il changea soudainement de sujet.

« Euh… Anne. » Répondit Black à la place de la fillette, qui les regardait timidement.

« Elle a sûrement un nom de famille, non ? » Réprimanda Severus et il se tourna vers la fillette. « Comment t'appelles-tu ? » Lui demanda-t-il d'un ton professoral.

« Anne Black, monsieur. » Dit la petite fille avec obéissance et le Maître des Potions sentit le monde trembler et s'effondrer autour de lui.

« Oh, non… » La plainte de Black fit écho à ses pensées. « C'est impossible. »


Merci à A.D vs A.V (Oo Tu es bien l'une des seules à dire que tu aimes la mort d'Harry...), jenni944 (C'était sans doute fait pour que personne ne s'en doute... Donc, si ça t'a surpris, c'est bien...), Edge (Ca doit être horrible de savoir ce qui se passe sans l'avoir lu. Pour Dumbledore t'as la réponse à ta question Quant à Harry...), Tyto27 (Pourquoi presque tout le monde refuse la mort d'Harry? C'est bizarre quand même...), debo (Et oui, c'est une traduction. Ca aurait été dommage que les non-anglophones ne puissent pas la lire, non?)et Olorin (Je vois ce que tu veux dire... Cette fin est mieux, non...? ;-)) pour leurs reviews.