Titre: Happy Days in Hell

Auteur: enahma

Traductrices: Thamril et Méphisto

Disclaimer : Comme vous vous en doutez, rien ne nous appartient. Le monde d'Harry Potter est à J.K.Rowling et l'histoire à enahma.

Note : Pas de spoilers du tome 5.

Chapitre 16 - Je trouverai ma maison

Cela prit de longues minutes à Severus pour se calmer.

« Harry… »

« Asseyons-nous sur le canapé. » Soupira finalement Harry. « C'est un peu plus confortable que le sol… Je ne me sens toujours pas très bien… »

« Mais comment as-tu pu survivre… Pettigrow t'a lancé le Sort de la Mort… »

« Dumbledore a dit que c'était à cause de sa dette de vie… Il ne pouvait pas me tuer. Naturellement, il ne le savait pas. Le Directeur pense qu'il voulait vraiment me tuer mais que quelque chose à l'intérieur de lui l'a empêché de jeter le sort avec toute sa force et je me suis juste évanoui. »

« Je pensais que tu étais mort. »

« Ouais, je sais… J'ai demandé au directeur de te dire que j'étais vivant, mais il a résisté et m'a laissé seul. Je ne pouvais même pas le suivre, j'étais si faible et il avait beaucoup de choses à faire. Il venait juste s'occuper de mes blessures et repartait aussitôt. Je n'ai pas eu le temps de lui parler, donc maintenant, nous devons l'attendre. » Dit Harry. « Je ne connais pas les réponses à tes questions et il a dit qu'il serait là dans une heure. »

Snape acquiesça, saisit l'accoudoir de la chaise et se leva avec difficulté. Sa tête tournait, mais il agrippa Harry pour l'aider à se lever. Ils trébuchèrent jusqu'au canapé et Snape s'effondra dessus. Il se sentit soudainement vide.

« Je ne peux pas croire qu'Albus m'ait fait ça… » Dit-il en regardant la cheminée sans la voir. « Je ne peux pas le croire… »

Harry s'assit à côté de lui.

« Je suis sûr qu'il avait ses raisons de le faire… Et peut-être qu'il n'a pas pensé que ce serait si dur pour toi en considérant le fait que tu n'as jamais semblé fou de moi… »

« Tu as probablement raison… Mais d'un autre côté… » Snape était incapable de se ressaisir.

Harry regarda son visage avec inquiétude. Ca avait dû être un immense choc pour lui. Le fait que Snape ait pleuré rendait ses soupçons plus sérieux. Oui, il l'avait vu en larmes deux fois déjà ces dernières semaines : une fois quand le professeur était hanté par un cauchemar à propos de la mort de Quietus et l'autre fois quand Avery avait torturé Harry pour la première fois. Oui, Severus avait alors été en larmes. Mais il n'avait pas vraiment pleuré.

Snape - pleurant.

Le temps qui s'écoule, qui chamboule toujours les existences. Il y a deux mois, il détestait vraiment le Maître des Potions mordant et acide. Et maintenant - il sentait sa douleur comme si elle était la sienne. Et Snape avait pleuré, avait fait la chose qu'Harry était sûr qu'il n'avait plus fait depuis des années ou des décennies…

« D'ailleurs, il fait froid ici. » Harry frissonna brusquement. « Je DETESTE les cachots… »

Le regard de Snape devint fixe en un instant. Il sortit la baguette de Quietus de sa ceinture, avec un premier mouvement, il alluma le bois dans la cheminée, avec un second, il appela une couverture et avec un troisième, un service à thé apparu sur la table de salon à côté du canapé. Il enroula étroitement la couverture autour d'Harry et mit une tasse de thé chaud dans ses mains.

« Je suis désolé d'avoir été un peu… distrait. » Il sourit faiblement. « Tu te sens mieux maintenant ? »

« Définitivement. » Harry sourit en réponse. « Et ne sois pas désolé pour ta distraction. J'aurais fait la même chose. »

« Mais tu es un enfant et je suis supposé être un adulte. » L'homme ferma les yeux d'embarras. « Je ne voulais pas te déranger avec mes sentiments… »

« Severus, les jours précédents étaient simplement trop durs pour toi. Il ne faut pas être embarrassé pour ça. »

Snape acquiesça et Harry fut stupéfié par le comportement obéissant du sévère professeur.

« Et heu… comment vas-tu ? Les blessures… » Soupira finalement Snape. Maintenant, c'était au tour d'Harry d'être embarrassé.

« Certaines sont toujours douloureuses… Principalement les plus profondes sur mes… jambes et mes cuisses. » Harry déglutit.

« Ces coupures ont atteint les os, Harry. Elles seront douloureuses pendant un moment… »

« Le directeur a dit la même chose quand il les a soignées. »

« Et Fumseck… ? »

« Il n'est pas là. Je ne sais pas où il est, mais je ne l'ai pas vu. De toute façon, mes blessures étaient à moitié guéries quand nous sommes arrivés ici et je ne suis pas sûr qu'il guérisse des blessures comme celles-là. »

« Je vois… Quoi qu'il en soit, je pense que tu auras des problèmes avec ces coupures de rasoir. »

« QUOI ? » Harry sembla horrifié. « Que veux-tu dire par des problèmes ? »

« Heu… J'espère que j'ai tort mais dans certaines situations, elles peuvent encore causer de la douleur… de sérieuses douleurs. Situations qui sont semblables à celle-là. »

Harry frissonna à nouveau et se sentit malade. Il dut se battre pour ne pas avoir de haut-le-cœur.

Quand Snape réalisa l'effet de ses paroles sur le garçon, il pâlit légèrement et ajouta rapidement, « Bien que je puisse facilement avoir tort. Je n'ai aucune expérience dans ce domaine. »

« Et à propos de tes blessures ? » Demanda Harry soudainement.

« Nettement mieux. Poppy à passer du temps à soigner mes mains… »

Harry acquiesça. Pendant quelques instants, ils restèrent assis en silence.

« Je suis heureux que nous ayons réussi à survivre à tout cela. » Dit Harry. « Je ne l'aurais jamais cru. J'étais absolument sûr que j'allais mourir là-bas… Mais maintenant… Je ne peux pas dire ce que je ressens… comme si on m'avait donné une deuxième chance pour vivre, pour tout commencer depuis le début. »

« Tu n'as pas besoin de deuxième chance. Moi, cependant, j'en ai besoin. Et je l'ai également reçue. »

« Oh, encore le discours bien-connu à propos de mériter ? » Harry donna un coup de coude à Snape et eut un grand sourire. Snape sourit en retour.

« Très bien, très bien, je ne continue pas… »

« Merci, mon dieu. Tes remords m'ennuient mortellement… »

« Potter ! »

« Snape ! »

« Quoi ? »

« Je ne suis pas un Potter, tu te rappelles, oncle ? Et, si je me souviens bien, Harry Potter a été enterré il y a quelques heures… »

Le visage de Snape s'obscurcit au souvenir de l'enterrement et les évènements des jours précédents envahirent son esprit. Il ne se rendit même pas compte qu'il commençait à trembler de nouveau et seuls les mouvements d'Harry le firent sortir de sa transe. Le garçon posa la tasse vide sur la table, enroula sa couverture autour de lui, comme ils l'avaient fait dans la cellule, et se pelotonna dans ses bras.

« Nous avons survécu, Severus. C'est fini. Je suis vivant. Tu es vivant. » Il répéta doucement ces phrases encore et encore jusqu'à ce que Snape se calme et cesse de trembler.

« Je pense que c'était juste… trop. » Murmura finalement le professeur. Il leva les yeux vers Harry. « J'ai vraiment cru que tu étais mort, Harry. Tu ne peux pas imaginer comment je me suis senti… Je… Je t'ai vu mourir. C'était… horrible. Je voulais mourir aussi… C'était ma faute… »

« Rien n'était de ta faute, Severus. Rien du tout. »

« Je t'ai laissé derrière. »

« Mais j'ai survécu. Avec ton aide. Tu m'as ramené à Poudlard. »

« C'était juste trop semblable à la mort de Quietus… » Chuchota Snape.

« Mais je suis vivant. »

« Mais tu pourrais être mort. »

« Mais je ne le suis pas. » Dit Harry brusquement. « S'il te plait, Severus. Arrête-ça. Tu m'as sauvé la vie. Sans toi, j'aurais été tué le premier soir ou pendant les tortures. Sans toi, j'aurais abandonné ma dignité et, même si j'étais parvenu à survivre à ces tortures, je serais toujours sans maison… » Les derniers mots étaient très bas. Et il y avait quelque chose d'autre derrière ces mots. De l'espoir ? De la crainte ?

Snape libéra un bras de l'étreinte d'Harry et l'enroula autour de l'épaule du garçon.

« Je ne regrette pas ce que je t'ai promis, Harry… » Commença-t-il, mais un coup à la porte l'interrompit. « Ca doit être le Directeur. Entrez. » Ricana-t-il vers la porte.

Si un regard pouvait tuer, le directeur serait certainement mort devant la porte. Le visage de Snape était plus pâle qu'à l'habitude et Harry se demandait s'il l'avait déjà vu aussi furieux, particulièrement avec Dumbledore. Mais il pouvait comprendre ses sentiments. Les deux derniers jours avaient également été une torture pour Harry et, bien qu'il sache qu'ils avaient tous les deux survécus à l'horrible aventure, la compagnie de Severus lui avait manqué. Il avait dû rester seul dans l'obscurité des appartements du Directeur toute la nuit, hanté par des images et par des souvenirs des jours précédents, redoutant chaque ombre et chaque bruit, et il ne pouvait pas vraiment dormir non plus. La pièce était confortable et, bien que le directeur l'ait vraiment bien soigné, il n'avait pas de temps à perdre avec Harry et la compagnie d'un adulte pour l'aider à traverser cette épreuve lui avait manqué… S'il avait même dû faire face à la mort de Severus, il serait certainement devenu fou. Harry frissonna et resserra son étreinte pendant un instant avant de libérer l'homme.

Dumbledore, semblant éviter le regard perçant du Maître des Potions, s'assit confortablement dans la chaise opposée au canapé, puis il leva les yeux vers le couple assit devant lui, sous une couverture commune, le bras de Snape toujours sur l'épaule d'Harry et il sourit.

Harry se calma en voyant le sourire du Directeur mais Snape, au contraire, devint furieux.

« J'espère que vous avez aimé ça ! » Cracha-t-il et il voulut croiser les bras au-dessus de sa poitrine, mais l'épaule d'Harry arrêta ce mouvement, donc il se contenta de lancer un regard noir au vieil homme, avec son meilleur air de Mangemort.

Dumbledore ne fut pas effrayé par ce spectacle. Cependant, son sourire se fana.

« Je ne l'ai pas aimé, Severus. Pas un seul instant. Mais c'était nécessaire. Je suis désolé. » Son visage devint terriblement sérieux.

« Je ne parle pas seulement des derniers jours, Albus. » La voix de Snape était glaciale et cinglante. « Que dites-vous des dernières années ? Les quinze dernières années ? C'était une grande plaisanterie pour vous, n'est-ce pas ? »

Pendant un moment, Harry fut sûr que Dumbledore allait perdre son sang froid, mais le vieil homme resta calme et sembla soudainement… triste.

« Je pense que vous nous devez une explication. » Continua le Maître des Potions. « Pas au sujet des faits. Nous sommes parvenus à les deviner. Je suis plutôt intéressé par vos motifs de garder tout cela secret. »

La conversation entière était si tendue qu'Harry aurait préféré être n'importe où ailleurs. Oui, il était curieux aussi, mais le ton de la discussion était si froid… ça lui rappelait un ancien cours de Potions ou leur premier jour ensemble à Nightmare Manor. Il n'aimait pas du tout ce sentiment.

« Ce n'était pas ma décision, Severus. » Le Directeur soupira fortement. « En aucun cas. Je n'étais pas d'accord avec cela mais ma situation était comme la tienne d'une certaine manière… »

« Vous voulez dire ? » La voix de Snape resta glaciale.

« J'étais forcé par un serment de le garder secret. »

Un soupçon de compréhension passa sur le visage de Snape.

« Lily ? » Demanda-t-il avec précaution.

Dumbledore acquiesça simplement.

« J'ai été réellement soulagé aujourd'hui quand tu m'as dit que tu avais déjà résolu sa stupide énigme. » Harry fut choqué par la colère visible sur le visage du Directeur. « Je ne sais pas comment j'aurais pu te le dire sans briser mon serment si tu ne l'avais pas déjà trouvé… Heureusement, je n'ai pas eu à le faire. »

« Bien, Albus, alors pouvons-nous entendre toute l'histoire ? » Snape s'appuya de nouveau contre le canapé. Harry fut soulagé de voir que la tension diminuait.

« Bien sûr. » Dumbledore acquiesça. « Vous avez le droit de savoir, comme tu l'as dit, Severus… Voyons voir… Toute l'histoire a commencé pendant la cinquième année de ton frère. Lui et Lily ont toujours été amis, mais ils ont essayé de cacher leur amitié. Quietus s'inquiétait de ta réaction et de celles de vos parents et ne voulait pas mettre Lily en danger. Mais, alors qu'ils devenaient plus proches, ils eurent besoin d'un plan pour se rencontrer et être ensemble discrètement. À ce moment-là, James était l'un des meilleurs amis de Quietus et, bien que Sirius et Peter n'aiment pas leur relation, ils l'acceptaient parce que… à cette époque, ils étaient occupés avec d'autres choses… » Le Directeur sourit légèrement. « Black sortait avec une fille de Serdaigle et Peter luttait pour obtenir autant d'ASPICs qu'il le pouvait parce qu'il voulait travailler au Ministère. Cette année était ta dernière année, Severus. Je pense que tu n'as rien remarqué car tu avais également tes affaires. »

Snape ne sembla pas heureux en entendant cette remarque.

« Oui, j'étais sur le point de rejoindre Voldemort. » Aboya-t-il sombrement.

Le Directeur fut déconcerté.

« Je pensais à Anne Black, Severus. » Dit le vieil homme.

« Je ne pensais pas énormément à elle à cette époque. » Le dégoût de soi était clairement audible. Harry lui donna un petit coup.

« Hé, Severus… Ne recommence pas… » Marmonna-t-il et le Directeur sourit légèrement aux paroles d'Harry. Celui-ci fut embarrassé pendant quelques instants, puis il sourit également. « Pouvez-vous continuer l'histoire, M. le Directeur ? »

« Donc… James et Lily ont prétendu sortir ensemble, de sorte que Lily puisse passer les vacances et quelques week-ends chez les Potter, principalement après que James ait reçu son diplôme, ainsi Quietus et Lily pouvaient se retrouver là-bas sans faire naître des soupçons… » La voix du Directeur devint un peu distante. « Ca a dû être extrêmement dur pour James, parce qu'il l'aimait aussi. Cependant, je pense qu'il ne lui a jamais dit. » Ajouta-t-il faiblement.

« Mais quand ils se sont mariés, il lui a sûrement dit… » Harry regarda le vieil homme d'un air suppliant. La simple pensée que son père… non, pas son père, mais si, son père d'une certaine manière comme Severus lui avait expliqué il y a quelques jours, donc que James Potter ait vécu avec sa mère sans que ses sentiments soient réciproques… Il pouvait sentir sa gorge se serrer.

« Je ne sais pas précisément ce qui s'est passé pendant leur mariage mais je ne pense pas qu'ils étaient… proches l'un de l'autre dans le sens où tu l'entends, Harry. James respectait ta mère et a fait de son mieux pour la réconforter après la mort de Quietus. »

« Ca a dû être très dur pour lui… » Chuchota le garçon toujours sous l'effet de l'idée précédente.

Snape acquiesça.

« Je n'ai jamais pensé que James était si… noble. » Admit-il.

« Comme son père et sa mère. » Le sourire de Dumbledore disparu. « Ils étaient simplement trop bons… et totalement désintéressés et ils sont morts en défendant d'autres gens. Tous. Mais c'est une autre histoire. Comme tu le sais, quand Quietus est mort, Lily savait déjà qu'elle attendait un enfant de ton frère. Tu l'as sauvée deux jours après sa mort. »

« Etait-ce seulement deux jours ? Pour moi, ça a semblé beaucoup plus… » Murmura Snape. « Et bien, tu dois avoir raison. Quand je l'ai sauvée, elle ne savait pas encore… Je le lui ai dit… mais elle était présente à l'enterrement. »

« Oui. Après l'enterrement, elle a passé beaucoup de temps sur la tombe de Quietus. C'est à l'une de ces occasions que je l'ai trouvée et que je lui ai parlé. C'était l'hiver et elle était à moitié frigorifiée parce qu'elle s'asseyait là pendant de longues heures après avoir remarqué que tu n'avais jamais visité la tombe. Elle était très soulagée, parce qu'elle ne voulait pas te rencontrer. Je l'ai traînée jusqu'à mon bureau et elle m'a alors dit qu'elle était enceinte de ton frère. Elle était complètement désespérée. Ils n'étaient pas mariés et son amant était mort. Elle était horrifiée à l'idée d'être humiliée et qu'on rit d'elle quand on découvrirait qu'elle avait un enfant en étant célibataire… Je pense que sa raison principale pour garder l'enfant, toi, Harry, était qu'elle aimait profondément ton père et que tu étais la seule chose qui lui restait de lui. »

Pour la première fois depuis qu'il avait appris la vérité, Harry sentit un sentiment de chaleur incertain dans sa poitrine. C'était si… bon et si triste en même temps.

'Ton père.' Dumbledore l'avait dit d'un ton tellement neutre et naturel que ça suscitait en lui quelque chose comme un sentiment d'appartenance.

'Ton père.' 'Elle aimait ton père.' Quietus, pas James. Harry ferma les yeux. Il sentit la salle tourner autour de lui.

'Ton père.' Son père mort. Pourquoi tout ces choses devaient-elles toujours lui arriver à lui ? Il avait accepté ce fait, des jours auparavant, quand Severus et lui l'avaient découvert. Mais alors, ça signifiait principalement que lui et Severus étaient parents. Il aimait l'idée d'être relié à Severus, mais il ne pouvait pas réaliser que Quietus était son père. Ca semblait tellement incroyable. Tellement distant. Mais les mots naturels de Dumbledore le frappèrent au cœur. Donc, c'était sûr. Quietus. L'homme dont il n'avait jamais entendu parler avant.

« Elle vous a interdit de me dire la vérité, n'est-ce pas ? » Snape sembla soudainement terriblement fatigué. « Elle pensait que je détestais Quietus… parce que je n'ai jamais visité sa tombe… »

« Peut-être était-ce une partie de sa raison, je ne sais pas, elle n'a jamais mentionné ce fait. »

« Alors quel était son problème avec moi ? » Soupira le Maître des Potions.

« Elle savait que tu étais un Mangemort. Quietus le lui avait dit. Et elle ne m'a pas cru quand j'ai insisté sur le fait que tu avais changé de côté. Elle t'a vu tuer les trois gosses et elle était terrifiée par toi. Elle a dit qu'elle ne voulait pas que tu ais une influence sur Harry. Elle avait peur que tu le conduises de Côté Sombre ou que tu le forces à rejoindre Voldemort. »

« Je ne l'aurais jamais forcé même si j'étais toujours un Mangemort ! » Snape devint blême. « Je n'ai jamais essayé de forcer Quietus non plus. Jamais ! »

« Je sais, Severus. Elle, cependant, était méfiante. Et je pense qu'elle avait également peur de ta famille… »

« Ce n'est pas surprenant… » Murmura le professeur sombrement. « Mais vous, Albus, après sa mort, vous auriez pu me dire… »

« Tu étais à Azkaban, Severus. D'autre part, je ne pouvais pas briser mon serment. Je ne voulais pas qu'Harry grandisse trop gâté non plus… »

Il fallut un moment avant que les deux adultes remarquent que quelque chose n'allait pas avec Harry. Il ne participait pas à leur conversation, restant juste assis silencieusement sur le canapé, le visage pâle, les yeux fermés et les larmes coulant sur son visage.

« Qu'est-ce qui ne va pas, Harry ? » Demanda Snape avec inquiétude.

Harry combattit ses larmes et ses hoquets pour répondre.

« C'est si horrible… Je ne l'ai jamais vu… Je n'ai jamais entendu parler de lui. Je ne lui ressemble pas non plus. Et il est mon père qui est mort avant ma naissance. » Il secoua la tête. « Et vous parlez de lui si… naturellement comme… comme… » Il était vraiment furieux contre lui-même de se pour montrer si faible, mais il ne pouvait simplement pas finir sa phrase. Ses larmes l'étouffaient et il mordit ses lèvres pour ne pas pleurer.

Snape se leva soudainement.

« Un instant. » Dit-il et il quitta la pièce. Heureusement, Dumbledore ne dit rien et Harry réussi à se calmer un peu avant que Snape revienne avec une boîte dans les mains. Il s'assit à côté du garçon et la posa sur ses genoux.

Harry leva les yeux avec un air interrogatif.

« Des photos… » Soupira Severus.

Il y eut un silence total quand Harry ouvrit la boîte de ses mains tremblantes. Encore des photos, juste des photos, rien d'autre. Il avait BEAUCOUP de photos… mais il n'avait pas de parent VIVANT. Juste des images et des souvenirs. Et maintenant, encore un souvenir à ajouter aux autres…

A la fin de sa vie, il aurait plein d'albums photos remplis d'images d'hommes et de femmes qu'il n'avait jamais connus, pensa-t-il avec ironie.

Alors il le vit. Il se tenait à côté de Severus : un garçon beau et grand, pas aussi grand que son aîné cependant. Il ressemblait vraiment au Maître des Potions excepté pour l'éternel sourire moqueur. Il était juste debout et souriait timidement, mais ses yeux scintillaient comme ceux de Dumbledore, des étincelles y dansaient et… oui. Le pouvoir l'entourait, un pouvoir indéniable, comme pour le Directeur. La seule différence était que le pouvoir de Dumbledore n'était si évident que dans des cas extraordinaires comme il y a deux mois, quand il avait assommé Barty Croupton. Son père, d'un autre côté, n'était pas fâché ou énervé. Il semblait calme et équilibré, et vraiment timide, mais il rayonnait néanmoins de cette puissance.

Harry se demanda soudainement s'il était le seul qui avait remarqué cela. Sans lever les yeux de l'image, il demanda doucement.

« Semblait-il toujours si puissant ? »

Il put entendre Snape sursauter à côté de lui et Dumbledore déglutir sur sa chaise.

« Que veux-tu dire ? » Demanda Severus au moment même où Dumbledore disait –

« Il ne semblait pas seulement puissant, Harry. Il l'était. Il était… peut-être encore plus fort que moi. »

La mâchoire de Snape tomba en entendant la douce remarque, mais Harry refusa de lever les yeux. A la place, il prit une autre photo. Encore Severus et Quietus. Riant ensemble sur un banc près du lac, et à l'arrière plan il pouvait voir le château de Poudlard. Severus n'avait pas dû remarquer que quelqu'un prenait la photo… Sur cette image, ils ressemblaient vraiment ressemblé à des jumeaux.

Puis une autre : Quietus et un homme inconnu se tenant face à face, leurs baguettes à la main : la posture de duel traditionnelle. Alors qu'Harry les regardait, ils abaissèrent leurs baguettes, sourirent et lui firent un signe de la main.

L'homme semblait d'une certaine manière familier. Certains de ses traits…

« Harold Potter. » Il entendit les paroles de Snape. « Je ne sais pas où cette photo a été prise. Je l'ai trouvée parmi les affaires de Quietus après sa mort… comme beaucoup de ces photos. »

Après quelques instants de silence, Dumbledore regarda les deux silhouettes assises devant lui.

« Je pense qu'il est temps de prendre un léger dîner. » Dit-il et, avec un mouvement gracieux de sa baguette, il commanda le repas, qui apparut sur la table de salon à côté du service à thé. Le Directeur le remplit également et prit une tasse de thé chaud dans ses mains.

Harry n'avait pas faim, donc il ne bougea pas et continua à contempler les images. Cependant, Snape se pencha en avant et prit une assiette dans ses mains. Quand il remarqua qu'Harry ne bougeait pas, il donna l'assiette au garçon.

« Tu dois manger quelque chose, Harry. »

« Je n'ai pas faim. » Harry haussa les épaules en regardant une autre image. James et Harold Potter, Lily Evans et Quietus étaient assis autour d'une grande table en acajou et mangeaient. C'était tellement évident… Sa mère et Quietus à côté l'un de l'autre, James leur faisant face, souriant d'une manière étrange. Tristement ? Harry soupira. En attendant, il pouvait entendre Snape grommeler.

« Je ne t'ai pas demandé si tu avais faim ou pas. Tu dois manger même si c'est juste un peu. Si tu veux guérir parfaitement, tu as besoin d'énergie. Tu dois manger. »

« Très bien. » Répondit Harry en regardant toujours la photo. Il a mis l'assiette sur ses genoux et commença à grignoter alors qu'il prenait une autre photo. « Je déteste les photos magiques… » Murmura-t-il après un moment. « Tu crois presque que les silhouettes sont toujours vivantes : elles te regardent, elles te saluent, comme si elles pouvaient encore sentir, comme si elles pouvaient aimer… mais elles ne peuvent pas. Elles ne savent pas ce que tu ressens, ce que tu désire. Elles sont mortes. Elles prétendent juste exister, être vivantes. Et quand tu les poses, tu es à nouveau seul… »

Severus, avec une décision soudaine, prit l'assiette des genoux d'Harry et s'agenouilla devant lui de façon à ce que leurs têtes soient au même niveau. Harry leva les yeux et leurs regards se rencontrèrent.

« Harry… il est trop tard pour penser à ça. Oui, ils sont morts et oui, leurs photos ne pourront pas t'aimer. Ce sont juste des images, des souvenirs du passé. Mais tu n'es pas seul. Bien sûr que tu ne l'es pas ! Tu te rappelles de ce que je t'ai promis ? Tu t'en rappelles ? »

« Oui, Severus. » La voix du garçon était à peine plus forte qu'un murmure. « Tu as dit que tu serais une famille pour moi… »

« … et j'étais foutrement sérieux à ce sujet et je le suis toujours. » Ajouta Severus clairement, comme s'il parlait à un petit enfant.

« Mais c'était ALORS… En captivité. Aucun de nous n'a sérieusement cru que nous allions survivre… »

« Ca a de l'importance ? Comme je te l'ai dit, je le pensais sérieusement. Même maintenant. La seule question est quelle est ta décision. »

Harry ne put pas répondre. Il état assis face à face avec Severus, ses yeux écarquillés d'incrédulité.

« Pourquoi, Harry ? » Snape secoua la tête désespérément. « Qu'est-ce que je dois faire pour te convaincre que je te veux VRAIMENT avec moi, que je t'offre cela non seulement pour ton bien, mais également pour le mien. Ce n'est pas une faveur que je te fais, ce n'est pas un fardeau, ce n'est pas une obligation. Je le voudrais. Peux-tu comprendre ? »

« Mais tu n'as pas besoin… juste parce que je suis le fils de ton frère… » Chuchota Harry faiblement.

« NON ! » Hurla Severus avec impatience. Il semblait extrêmement furieux. « N'as-tu prêté aucune attention à ce que je t'ai dit ou es-tu ce garçon idiot que j'ai toujours cru que tu étais ? Ce n'est pas à cause de Quietus. Si je me souviens bien, je t'ai proposé cela des jours avant que nous ayons appris que mon frère était ton père. »

« Oui, mais je pensais… »

« Tu pensais mal. » Il soupira. « Je jure qu'il est beaucoup plus facile de convaincre une fille réticente que toi… » Il sourit mais, après cela, il redevint sérieux. « Donc, que réponds-tu ? Veux-tu vivre avec moi ? »

Harry, incapable de dire un mot, acquiesça.

« Finalement. » Il se leva avec la difficulté et s'assit à côté de lui. « Parfois je suis sûr que tu es vraiment un peu idiot… » Il donna un petit coup à Harry qui sourit timidement en retour.

« Peut-être as-tu raison… »

« Messieurs, je vois là qu'il n'y aura aucun problème sérieux avec mon plan. » Dumbledore parla. Les deux lui jetèrent un coup d'œil nerveux.

« Quel genre de plan, Albus ? » Snape était définitivement soupçonneux.

« Un plan pour protéger Harry. Dont l'enterrement faisait parti. »

Snape ne réagit pas, se contentant de le regarder attentivement. Puis, il dit lentement.

« Je pense que je te comprends maintenant, Albus… »

« Mais je ne comprends pas. » Dit Harry gêné. « Qu'est-ce que c'est que ce truc à propos de ma mort ? Et vous, M. le Directeur, comment avez-vous pu leur faire croire que c'était moi qui étais enterré ? »

Ce ne fut pas le Directeur qui répondit à la question d'Harry.

« Maintenant Voldemort pense que tu es mort. Il n'est plus après toi. Je pense que c'était votre but, Albus ? Vous ne m'avez pas dit la vérité pour que je joue parfaitement mon rôle à l'enterrement devant la communauté sorcière, y compris devant les serviteurs du monstre ? »

« Oui, Severus. » Approuva Dumbledore. « Je ne pense pas que tu aurais pu avoir joué l'homme brisé et affligé que tu devais jouer si je t'avais dit la vérité. Tu es trop fier pour le faire. Et ta fierté aurait mis en danger la sécurité d'Harry. »

« Pourquoi ? » Demanda Harry.

« Ils nous ont vus ensemble, Harry. » Expliqua Snape en réfléchissant. « Ils n'auraient jamais cru que je pouvais rester le bâtard froid et sans cœur habituel pendant TON enterrement après toutes les choses que nous avons traversées ensemble. Et je pense qu'Albus a raison. Je n'aurais pas pu m'humilier devant ces idiots en montrant ma faiblesse si j'avais su la vérité… Mais c'était si dur… »

« Et le corps ? » Harry était vraiment curieux. « Vous avez dit que le ministère avait examiné mon… heu… cadavre avant de donner la permission de l'enterrer. »

« Oh, Harry, c'est une question intéressante. Avant tout parce que j'avais besoin du cadavre d'Harry Potter et non pas du tien pour tromper le ministère. »

« Quoi ? » Harry cligna des yeux, confus.

« Quand le Ministère examine un cadavre, ils jettent plusieurs Sorts d'Identification dessus qui montrent les parents de la personne décédée. Dans ton cas, les sorts auraient montré que la personne était le fils de Lily Evans et de Quietus Snape. Et je ne voulais pas que le Ministère connaisse cette parenté ou qu'ils puissent même penser que toi, Harry POTTER, était toujours vivant, donc j'ai transformé deux cheveux en ton corps : un cheveu de ta mère et un cheveu de James Potter. C'était néanmoins une transformation plutôt difficile. Mais je l'ai fait ! » Il sourit d'un air espiègle.

« Mais pourquoi vouliez-vous tromper le Ministère ? » Demanda Harry, toujours confus.

« Ils étaient après toi, comme Voldemort l'était. Au début, ils voulaient te rendre responsable de la mort de Cédric, mais après, Fudge et son équipe ont inventé que tu étais sur le point de devenir le prochain Seigneur des Ténèbres ou au moins l'allié de Voldemort pour l'aidé à regagner sa puissance… Je ne sais pas exactement mais j'ai mes idées au sujet de leurs plans. » Le sourire du directeur disparut.

« Ils voulaient se débarrasser de vous, Albus, n'est-ce pas ? Encore Lucius, si je ne me trompe pas. » Ricana Snape. « Comme toujours. »

« Je ne comprends pas de quoi vous parlez. » Commenta Harry sèchement.

« La même chose que d'habitude. Les fautes d'Albus : Quirrel, Hagrid le demi-géant, Lupin le loup-garou, Croupton le Mangemort, moi en tant qu'autre Mangemort, toi en tant que prochain Seigneur des Ténèbres, nous tous comme des personnes de confiance de Dumbledore… Informe la communauté sorcière de ces 'fautes' et ils perdront leur foi en Dumbledore et exigeront qu'il démissionne le plus vite possible. Correct ? »

« Exactement. Fudge est sous l'influence de Lucius Malfoy qui veut devenir le directeur de Poudlard. »

« Mais… ce serait un désastre ! » Cria Harry, horrifié.

« Oui. » Acquiesça Dumbledore. « Et d'autre part, si je leur disais que tu es vivant, ils t'interrogeraient au Ministère et après Severus… » Dumbledore s'interrompit soudainement, mais Severus fit un geste dédaigneux.

« Je lui ai déjà parlé des interrogatoires du Ministère et du témoignage que je vous ai fais. Donc, vous pouvez continuer. »

« Bien… disons-le comme ça : je ne voulais pas les laisser étudier ton cas. Et s'ils découvrent que tu es toujours vivant… »

Harry pâlit.

« Ca signifie… ça signifie que je ne peux plus être moi-même… » Murmura-t-il. « Voldemort veut me tuer, le Ministère veut me torturer… » Il baissa la tête et enfouit son visage dans ses mains. « Je dois me cacher ou me déguiser… » Puis, il ajouta calmement. « Pourquoi ai-je survécu à tout ça ? Je veux juste une vie normale, sans crainte ni menace, je ne veux pas me cacher ou quelque chose comme ça… »

Snape mit sa main sur l'épaule d'Harry.

« Harry, Harry, calme-toi. Je suis sûr que le Directeur a manigancé quelque chose. Ecoute son idée jusqu'au bout et ensuite, nous déciderons ensemble de quoi faire, d'accord ? »

Harry soupira et acquiesça, mais il ne leva pas la tête.

« Donc, Albus ? » Snape se tourna vers le vieil homme et lui lança un regard impatient.

« J'ai déjà fait quelques préparations, Severus. Si tu acceptes Harry dans ta famille, le sort de James sera brisé et il ressemblera à ce qu'il aurait été s'il n'avait pas été adopté. »

« Vous voulez dire que je serais comme mon père ? » Déglutit Harry.

« Pas comme ton père. Comme le fils de ta mère et de ton père. Mais tu ne ressembleras certainement plus à James. Et après cela, tu pourras être inscrit à Poudlard comme le fils de Severus. »

« QUOI ? » Beugla le Maître des Potions. « Pourquoi ne peut pas il simplement être le fils de Quietus ? »

« Ce serait trop suspicieux. Il y a quelques personnes qui sont au courant de la relation de Quietus et de Lily. Presque tous les membres du personnel connaissent la prédiction de Trelawney à son sujet. C'était un miracle que personne n'ai soupçonné la vérité à propos de la véritable parenté d'Harry. Et maintenant, je ne veux vraiment pas que quelqu'un le devine. Nous seuls connaissons la vérité. Nous trois. Personne d'autre. Et je ne veux pas que quelqu'un d'autre l'apprenne. »

« Mais… mais… et pour Ron et Hermione… ? » Bégaya Harry. « Ils sont mes amis. Ils doivent savoir ! »

« Harry, je sais que ce que je dis semble impitoyable, mais tu ne peux pas leur dire. Ca serait trop dangereux pour tout le monde. »

« Mais, M le Directeur… »

« Harry. Ce n'est plus une blague. En réalité, ça n'a jamais été une blague, mais maintenant, c'est devenu une guerre. Une GUERRE. Comprends-tu, Harry ? Une telle connaissance les mettrait en sérieusement danger. Ils peuvent accidentellement lâcher le secret à leurs amis, aux membres de leur famille ou dans une situation difficile, ils pourraient l'utiliser contre toi ou Severus… Sans mentionner le fait qu'ils en parleraient sûrement entre eux… Le simple fait que vous soyez amis serait extrêmement suspect. Tu sais, Harry, il n'est même pas impossible qu'ils soient interrogés au sujet de toi et de ta mort par le Ministère ou par Voldemort juste parce qu'ils étaient tes amis… »

« Oh, mon Dieu… Je n'y ai jamais pensé… » Chuchota Harry. « Mais ça signifie que je dois tout recommencer. »

« Tu peux être encore ami avec eux. » Dit Snape pour l'encourager.

« Oui, en tant que TON fils, Ron sera sûrement heureux d'être ami avec moi… » Dit Harry sèchement. « Il a trop de préjugés pour l'être. Je le perdrai… M. le Directeur, n'y a-t-il pas d'autre possibilité ? »

« Nous pourrions le déguiser… avec le sort de glamourie… » Dit Snape à contrecœur.

« Les Aurors jetteront en premier le Revelo quand ils vont venir faire des recherches parmi les étudiants et ça brisera son déguisement. De toute manière, le déguisement d'Harry n'est pas aussi important que le fait que nous devions cacher qu'il est vivant. Et je pense que la manière la plus sûre de le déguiser est de prétendre qu'il est ton fils. »

Harry ramena ses genoux à sa poitrine. Il étreignit ses jambes et appuya sa tête sur ses genoux. Qu'était-il supposé faire maintenant ? Il ne voulait pas perdre son ami mais il pouvait comprendre ce que voulait dire le Directeur à propos de le cacher. Un mot non surveillé, une mauvaise apostrophe (« Harry ! »), une légère référence aux aventures communes et il serait révélé et emmené dans les cachots du Ministère où il serait traité comme le prochain Seigneur des Ténèbres… encore des tortures… Non. Peut-être était-il égoïste, mais il ne voulait plus être torturé. Plus jamais, si c'était possible. Et il ne voulait pas non plus que ses amis soient torturés. Et lui et Snape devaient être TRÈS prudents pour ne pas mettre en danger Dumbledore. Snape le contrôlerait sûrement. Il avait été un espion pendant des années et il avait appris comment le faire. Mais et lui ? Il devrait changer son comportement, ses habitudes… Il ne pourrait pas jouer au Quidditch, il était simplement trop bon pour le risquer.

Il devait parler à Snape de ces choses. Il l'aiderait. Snape. Harry devint soudainement enthousiaste.

« Severus, ça te dérangerait ? » Il se tourna vers Snape qui sourit.

« De quoi ? Prétendre que je suis ton père ? » Demanda-t-il. Quand Harry approuva, son sourire se fana un peu. « C'est la dernière fois que je te le dis, donc fais attention, M… heu… Harry. Je le voudrais. Je serais heureux de cela parce que ça me donnerait la chance de passer plus de temps avec toi. Donc » Il inclina la tête vers le Directeur, « Je pense que nous sommes prêts. »

« Harry ? Que décides-tu ? Veux-tu être un membre de la famille Snape ? »

Harry inspira profondément avant d'acquiescer.

« Oui. » Dit-il finalement aussi fermement qu'il le pouvait.

« Bien, alors. Severus, mets ta main sur son épaule et prends-le dans ta famille avec tes propres mots. C'est une magie simple, tu n'as pas besoin de baguette ou de sort pour l'exécuter, c'est l'intention qui compte. »

Snape acquiesça et posa sa main sur l'épaule d'Harry.

« Je suis prêt à le recevoir dans la famille Snape. Je le reçois comme le fils de Quietus mais je prendrai soin de lui comme de mon propre fils. » Il sourit au garçon. « Est-ce bon, Albus ? »

« C'est parfait. Il aura également besoin d'un nouveau nom, Severus. »

« Oui, je sais. Je pense que… il pourrait être appelé d'après son père. Si ça lui convient. Qu'en penses-tu, Harry? »

« Que… mon nom soit le même que celui de ton frère ? »

« Quietus Snape. » Dit le Maître des Potions et il put sentir sa gorge se serrer par l'émotion naissante. Ses yeux rencontrèrent ceux d'Harry. « Je pense que ta mère serait d'accord avec moi… »

Le temps sembla s'arrêter.

« Quietus Snape… » Chuchota Harry. Il sentit à nouveau la distance. Mais il décida d'essayer de la diminuer d'une manière ou d'une autre. Il apprendrait comment se sentir à ce sujet. « Ce serait bien. » Il acquiesça pour montrer son consentement.

Dumbledore se leva.

« Très bien. Je pense qu'il se fait tard. Je vous laisse vous reposer. Je pense que M. Potter sera M. Snape demain matin. S'il peut l'accepter, bien sûr. Le reste s'arrangera dans les prochaines semaines. Je pense que vous pouvez passer ces semaines au Manoir Snape pour vous habituer à la nouvelle situation. La semaine prochaine, je vous rendrai visite là-bas et nous pourrons discuter des questions qui seront apparues. Est-ce bon ? »

« Oui, Albus. Et… merci. »

« De rien, mon ami. Bonne nuit Severus, Quietus. »


Harry était allongé sur le ventre sur le canapé, mais il n'arrivait pas à dormir. Il avait simplement trop peur de l'obscurité et ses rêves ressassaient les évènements de ces derniers jours. Particulièrement ceux de Nightmare Manor. Il se sentait terriblement seul dans les donjons sombres, c'était pire que dans les appartements de Dumbledore.

Et quand il pensait au futur… il se sentait comme devant un gouffre sans fond : nauséeux et effrayé.

Non. Il ne voulait pas de cette vie pré-fabriquée. Il voulait revenir à l'ancienne avec les Dursley, mais aussi avec ses amis… Mais c'était impossible, il le savait parfaitement. Il enfouit sa tête dans l'oreiller. Il était seul.

Il ne savait pas combien de temps il avait passé à pleurer lorsqu'une main se posa sur son dos.

« Harry… qu'est-ce qui se passe ? » La voix de Severus semblait inquiète.

« Je…Je n'arrive pas à dormir. », Marmonna Harry dans l'oreiller.

L'homme s'assit sur le coté du canapé, réfléchissant.

« Tu as dormi la nuit dernière ? »

Harry ne répondit pas, il secoua juste sa tête.

« Je m'en doutais… » soupira-t-il avec fatigue. « Je n'y arrivais pas non plus. Tu as aussi eu des cauchemars ? »

Harry acquiesça en silence.

« J'aurais dû le savoir… »

Il se leva et quitta la pièce. Il revint avec une fiole dans la main.

« Je pense qu'il serait préférable que tu passes la nuit avec moi », dit-il finalement. « Viens, Harry. »

Harry marmonna quelque chose dans l'oreiller mais ne bougea pas.

« Harry… ? »

« Je ne veux pas te déranger. »

Snape ouvrit la bouche pour faire une remarque acerbe, mais il réussit à la ravaler. Il prit plutôt Harry dans ses bras avec sa couverture et son oreiller et l'emmena dans sa chambre. Heureusement, le garçon était très léger – les deux semaines de jeun avaient laissé leurs traces. Il le déposa dans le lit, prit la baguette de Quietus, l'agita en direction de la cheminée pour attiser le feu et alluma deux torches.

« Il n'y aura pas d'obscurité, d'accord ? » Il prit la fiole et la tendit à Harry. « Bois. C'est de la Potion de Sommeil Sans Rêve. Tu ne peux pas en prendre régulièrement parce qu'elle ne fournit aucun sommeil naturel et crée une dépendance. Mais en ce moment… »

« Je n'en ai pas besoin, Severus. C'est bon. Je me sens juste… seul et… c'était trop… sombre et parfois je pense que je suis toujours à Nightmare Manor et que ce n'est qu'un rêve et que, quand je vais me réveiller, ils nous emmèneront pour nous torturer… » Balbutia Harry.

« Cela fait tout juste deux jours que nous sommes sortis de là… Ce n'est pas surprenant que tu n'es pas tiré un trait. Cela prendra du temps. A moi aussi. »

« Et toutes ces choses. Tu sais c'est si… horrible. J'ai peur du futur et je suis horrifié par le passé. J'aimerais juste vivre comme les autres. Mais non. Je suis toujours différent. Et je déteste ça. »

Severus soupira et étreignit l'adolescent sanglotant.

« Harry… Tout ira bien. Crois-moi. Nous étions ensemble dans une situation pire que celle-ci et nous y avons survécu. Maintenant nous sommes libres et personne ne veut nous blesser. Nous pouvons le faire, j'en suis sûr. N'oublie pas : tu n'es pas seul ici. Je t'aiderai, promis. Mais pour l'instant, je pense que tu dois te reposer. Tu n'as pas dormi depuis deux jour, voir plus. Bois cette potion, et repose-toi. Je serais là », il frotta calmement le dos de Harry. « Je serai là. »

« Non, je n'ai pas besoin de cette potion » Harry secoua sa tête, bailla et se recroquevilla contre Severus. « Je me sens mieux. Quand tu me parles… comme… un père… » Il sourit. « Tu sais, je suis heureux du plan du Directeur. J'aime l'idée que tu sois mon père. », Marmonna-t-il avec les yeux fermés, souriant encore.

Le Maître des Potions sourit comme un fou et il fut reconnaissant au fait que personne ne le regardait. Les paroles de Harry le réchauffaient plus que tout. Il se sentait extrêmement heureux, de toute manière et il ne savait pas pourquoi… Peut-être à cause de ces impacts psychologiques, sourit-il largement. Mais qui s'en souciait. Peut-être qu'il aurait enfin une famille, un fils une fois pour toutes… Peut-être qu'on lui donnait finalement une seconde chance pour vivre une vie presque normale. Aussi normale qu'elle pouvait l'être en ces temps…

« J'aime l'idée que tu sois mon fils. », Murmura-t-il à l'oreille de Harry, qui ouvrit les yeux et sourit.

« Bonne nuit, Severus », il fit un clin d'œil et ferma les yeux.

« Bonne nuit, Harry. »

« Quietus, souviens-toi. », Marmonna le garçon dans l'oreiller.

« Très bien. Bonne nuit Quietus. »

Severus resta éveillé jusqu'à ce qu'Harry s'endorme

Ce ne serait facile pour aucun d'entre eux. Il n'en avait pas parlé à Harry, mais il était lui-même hanté par des cauchemars semblables quand il avait entendu le garçon pleurer dans le salon.

Le sang… les tortures… la douleur… mais ils étaient maintenant libres de tout ça. Et il n'allait pas laisser ces souvenirs détruire leurs vies. Ils seraient libres non seulement physiquement, mais aussi émotionnellement, se jura-t-il.

Et surtout… ils combattraient Voldemort et ils le vaincraient.

Il resserra son étreinte autour du garçon endormi et s'assoupit. Les jours suivants allaient être durs pour tous les deux.



FIN


Et voilà, la première partie est terminée!

La suite arrive bientôt. Ce sera un OS qui s'appelle Even The Fear Left Me (Même la peur m'a quitté).

Merci à Dawn456 (En effet, c'est sadique, mais sinon, ça serait pas drôle... Et comme tu peux le voir, Severus n'est pas le seul à le savoir : il y a aussi Albus et Harry...), Sun (Tu as eu la réponse à ta question), A.D vs A.V (Dis, quand tu nous as demandé de traduire la fic, tu ne la connaissais pas?), Edge (Du polynectar? C'est complètement tordu mais ça aurait été génial!), Namyothis (Mais non, il n'est pas mort...), gigiblue (Tu sors du HP6 pour lire cette fic? Quel honneur!) et Tyto27 (Ca va, pas trop mal? Et non, c'est pas un rêve.) pour leurs reviews.