Scribouillarde : Shakes Kinder Pinguy
Mail : MeiFanelhotmail.com
Couples : 454 (et 2x1x2)
Genre : Bodyguard p
Rating : PG-13
Résumé : Quatre a tendance à oublier qu'il est précieux, et Wu Fei a l'intention d'y remédier, qu'il le veuille ou non.
Disclaimer : Toujours pas miens, mais je les aime quand même.
Note : Bon, c'est un chapitre "installation"… Mais je vous promets que ça va commencer à bouger un peu dans le chapitre 03… Heero et moi, on y travaille ! ;p
Heero : Hn.
Au passage, merci à Meanne pour la bêta… Je pars deux mois en Angleterre, vous risquez de ne pas entendre parler de moi pendant un bout de temps, mais avec un peu de chance, j'aurais plein de choses à mettre en ligne à mon retour ! Bonnes vacances à tous !
¤¤¤
Chapitre 2 :
– Je peux savoir ce que tu es en train de faire ? demanda Quatre d'une voix polie, un peu trop polie, même.
Wu Fei arrêta d'analyser le miroir de l'entrée et se tourna vers son ami avec regret. Il avait espéré que Quatre prendrait plus de temps dans la salle de bain et qu'il pourrait vérifier tous les endroits susceptibles de cacher un micro, une caméra… ou même une mini-bombe. Il avait préféré le faire discrètement, devinant que le blond le prendrait mal.
La veille, Quatre l'avait ramené dans son appartement et lui avait montré la chambre d'ami. Il s'était couché très tard, travaillant encore après minuit, et Wu Fei avait choisi d'attendre un peu pour faire "son tour".
C'était raté, tant pis.
– Je fais mon travail, déclara-t-il d'un ton neutre. Puisque tu ne laisses pas le groupe qui te protège inspecter ton appartement…
Le regard de Quatre s'assombrit dangereusement et Wu Fei se prépara pour la confrontation.
– Parce que tu penses que je ne suis pas capable de le faire ? demanda Quatre avec froideur.
Wu Fei ouvrit la bouche mais Quatre ne lui laissa pas le temps de répliquer :
– Je ne suis ni idiot ni suicidaire, Wu Fei. Si je ne laisse pas l'équipe de Preventers le faire, c'est parce que je m'en occupe moi-même. J'ai eu la même formation que toi, tu te souviens ? De même pour les filatures : je sais quand on me suit. Le groupe de Preventers ne fait que me gêner.
Wu Fei garda un instant le silence, essayant de ne pas s'énerver et de parler calmement.
– Ce n'est pas à toi de le faire, dit-il. Tu ne crois pas que tu as d'autres choses à penser que de te soucier de savoir si on a placé un micro quelque part chez toi ou si tu es suivi ?
Quatre le fusilla presque du regard.
– Jusqu'ici, je crois que je me suis assez bien débrouillé, fit-il. Je n'ai pas besoin d'une nourrice !
Quatre fit demi-tour, attrapa son manteau et sortit. Wu Fei ferma les yeux pour se calmer. Quatre agissait comme un enfant et il prétendait qu'il n'avait pas besoin d'une nourrice ?! A son tour, il prit sa veste et sortit, fermant la porte derrière lui.
– Winner, tu me fatigues, murmura-t-il pour lui-même.
– Je crois que je peux dire que c'est réciproque, marmonna Quatre derrière lui.
Wu Fei se retourna, les lèvres serrées.
– Si tu me laissais faire mon travail, ce serait plus facile pour toi et pour moi.
– Arrête de me prendre pour un enfant, répondit Quatre.
– Arrête de faire l'enfant, rétorqua Wu Fei.
Quatre serra les poings et fit demi-tour pour descendre l'escalier. Wu Fei le suivit en silence. Ça commençait bien…
Le trajet se déroula dans un silence pesant. Quatre conduisait de manière nerveuse et Wu Fei désapprouvait déjà intérieurement le fait qu'il n'ait ni chauffeur, ni escorte. N'importe qui pouvait saboter la voiture, attaquer pendant le trajet…
Quatre se gara dans le parking du bâtiment gouvernemental. Il coupa le moteur, inspira à fond et se tourna vers Wu Fei.
– Je suis désolé, dit-il. Je sais que je ne t'aide pas beaucoup mais comprends-moi : j'ai toujours tout fait seul, je ne peux pas du jour au lendemain reléguer mon travail à quelqu'un d'autre. Je sais me protéger, Wu Fei. Je ne suis pas sans défense.
Wu Fei secoua la tête.
– Je le sais, répondit-il. Si je ne le savais pas, ça ferait longtemps que tu serais sous convoi blindé.
Quatre eut un sourire un peu faible et Wu Fei poursuivit :
– Mais tu es à la fois pas assez et trop prudent. Pour quelqu'un de ta position et qui se débrouille tout seul, tes précautions ne sont pas suffisantes. Mais je le répète : ce n'est pas à toi de t'en préoccuper. Laisse-les autres se charger de ta sécurité !
Quatre ferma les yeux un court instant. Ça ne servait à rien de continuer cette discussion, et il le savait. Wu Fei et lui ne seraient jamais sur la même longueur d'onde à ce sujet. Le mieux, peut-être, était de laisser Wu Fei faire pour le moment, d'éviter le conflit et de travailler le problème de l'intérieur.
Il espérait juste que le Chinois ne s'imaginait pas qu'en cas d'attentat, Quatre le laisserait se débrouiller tout seul.
Ils sortirent de la voiture et se dirigèrent vers le grand immeuble de verre.
– Ecoute… commença Wu Fei d'un ton presque hésitant. Je sais que ce n'est pas facile d'avoir quelqu'un sur le dos tout le temps, et encore moins qu'il s'agisse de moi…
Quatre sursauta et lui jeta un coup d'œil légèrement paniqué ; qu'est-ce que Wu Fei voulait dire par là ? Il ne pouvait quand même pas savoir…
– …parce que nous nous connaissons, continua le Chinois, et Quatre se détendit considérablement. J'aurais préféré que quelqu'un d'autre se charge de ta protection, mais justement je te connais trop bien, Winner.
– … c'est à dire ?
Wu Fei le regarda d'un air à moitié amusé :
– Tu le mènerais à la baguette avant la fin du premier jour et je n'ai pas envie que tu casses mon équipe.
– Exagère donc un peu, protesta Quatre sans pouvoir réprimer un sourire.
– Je n'exagère pas. Quand on pense que Yuy considère que tu as toujours forcément raison, que Maxwell est incapable de te contrarier, et je ne parle même pas de Barton, je n'ose pas imaginer ce que ça peut donner avec quelqu'un de normal !
– Ah, mais Chang Wu Fei a la force de caractère suffisante pour se charger du grand méchant Quatre Winner ? se moqua le blond.
– Parfaitement, rétorqua Wu Fei. Moi, je ne suis pas sensible à tes faux airs angéliques. Et je te connais assez pour savoir quelles sont les limites à ne pas franchir. Ça sert aussi, d'être amis.
Quatre sentit son sourire s'élargir encore plus, au point qu'il en avait mal aux joues.
– Je croyais que l'armée évitait de faire travailler des amis ensemble, dit-il. Que ça empêchait un travail efficace ?
– Les Spartiates mettaient les amants de paire pour qu'ils soient plus énergiques au combat, rétorqua Wu Fei, et Quatre s'arrêta net, interloqué, avant que son sourire ne gagne la bataille. Il rattrapa Wu Fei et le regarda avec des yeux de biche.
– Wu Fei, je suis flatté, je ne sais que dire, susurra-t-il.
Le Chinois leva les yeux au ciel et le fit pénétrer dans l'immeuble. Il avait deux petites taches rouges aux pommettes et Quatre se mit à rire. Wu Fei pinça les lèvres, faussement agacé :
– Tu devrais arrêter sérieusement de fréquenter Maxwell…
Quatre secoua ses mèches blondes, le sourire toujours aux lèvres.
– Tu es trop mignon quand tu rougis, déclara-t-il.
Wu Fei s'enflamma un peu plus mais n'eut pas le temps de répliquer, une jeune femme les rejoignit au moment où ils entraient dans l'immeuble. Quatre la lui présenta comme étant sa collaboratrice.
– Il y a un message de L3, dit-elle et Wu Fei sentit que Quatre réprimait un soupir.
– Je vais voir de quoi il s'agit, dit-il avant de se tourner vers le Chinois. Je vais devoir te laisser… Qu'est-ce que tu vas faire de ta journée ?
– J'ai pas mal de choses à vérifier, déclara Wu Fei.
Notamment le système de sécurité de l'immeuble, des déplacements officiels, et l'identité de tous les employés qui gravitaient autour de Quatre. Et puis appeler Lady Une pour savoir où en était l'enquête de Yuy et Maxwell. Il fallait vite trouver le groupe terroriste qui était derrière les attentats.
Quatre pencha un peu la tête.
– Des consignes particulières pour moi ? demanda-t-il avec une pointe d'ironie.
– Oui, répliqua Wu Fei. Tu ne quittes pas l'immeuble sans moi.
Quatre soupira mais acquiesça sans faire d'histoire. "Bonne journée" lança-t-il avant de disparaître dans l'ascenseur.
Wu Fei croisa les bras, se réprimandant intérieurement. Il accusait les trois autres de n'avoir aucun contrôle quand il s'agissait de Quatre, mais finalement lui-même n'était pas mieux. Essayant de ne plus penser au jeune homme blond, il sortit son téléphone portable. Il allait contacter Lady Une tout de suite.
¤¤¤
Une fois les portes de l'ascenseur refermées, Quatre s'appuya à la glace, les jambes en coton et le cœur battant. Ça ne faisait même pas une journée et il ne pouvait pas s'empêcher de flirter avec Wu Fei ! Heureusement que le Chinois prenait ça pour un jeu… Mais Quatre ne tiendrait certainement pas jusqu'aux élections comme ça, la cohabitation ne pourrait pas se dérouler paisiblement pendant deux mois. Il finirait par sauter sur Wu Fei…
Quatre entra dans son bureau et s'assit. Les dossiers étaient déjà là, il y avait même un thé fumant posé à côté. Quatre eut un petit sourire de gratitude pour Mary Ann.
Peut-être qu'il était temps de réparer son lien empathique avec Wu Fei… Ainsi, Quatre ne pourrait pas éviter de sentir cette présence qui prenait tant de place dans les sentiments de Wu Fei et ça le refroidirait.
Enfin, ce n'était pas le moment de penser à tout ça. L3 avait besoin de se faire frotter les oreilles.
¤¤¤
Wu Fei avait passé en revu la sécurité de l'immeuble et l'avait jugée complètement laxiste. Un coup de fil aux Preventers locaux règlerait le problème, de toute façon ils n'attendaient que ça.
Il était difficile de croire que le gouvernement des Colonies était si peu soigneux concernant la sécurité, mais si Quatre était en charge, ce n'était plus si étonnant. Maintenant que Wu Fei était sur place, les Preventers allaient pouvoir s'occuper de la garde de l'immeuble.
Wu Fei avait également appris qu'une réunion des représentants des Colonies se tiendrait le lendemain et il avait déjà pris ses dispositions pour un renforcement de la sécurité.
Enfin à peu près satisfait, il s'isola dans un coin pour téléphoner à Maxwell et Yuy.
A sa grande fatigue, ce fut le premier qui décrocha.
– Fei ! T'es toujours en vie ?
– Comme tu peux le constater.
– Quat a toujours été patient… Quoi d'neuf sous les étoiles ?
– Où en sont vos investigations ? demanda Wu Fei.
– Je suppose que ton téléphone est sécurisé ? fit Duo, soudain sérieux.
– Ce n'est pas toi qui vas m'apprendre mon travail !
– Te vexe pas ! Ecoute, y'a rien qui pourrait vraiment t'aider, mais… Trowa est à peu près sûr que les attentats sont commandités par les extrémistes de Terre Libre.
– Le parti de Merendo ?
Wu Fei fronça les sourcils. Quand des politiciens étaient directement impliqués, ça compliquait grandement les choses.
– Ouaip. Mais on a aucune preuve. Heero a passé un bout de temps à vérifier les transactions, y'a rien.
– Pas de corruption, emploi fictif, argent du parti détourné… ?
– Le gars est totalement clean, Fei. Y s'prend pour Khushrenada ! Probable qu'il finance les attentats avec son propre fric, j'serais même pas étonné qu'ce soit lui qui entraîne ses terroristes, voire qu'il participe ! Dur à dire, mais c'est pas un pourri, il est absolument certain d'être dans son bon droit !
– Assassiner Quatre, son bon droit ? rétorqua Wu Fei d'une voix coupante.
Il y eut un instant de silence au bout de la ligne et le Chinois se rendit compte que ses paroles étaient peut-être un peu trop personnelles.
– Un monde où les gens tuent comme bon leur semble n'est pas un monde juste, ajouta-t-il hâtivement.
– Ouais… acquiesça Duo d'un ton dubitatif. J'te dirais pas le contraire… M'enfin, ça règle pas le problème.
– Yuy peut surveiller ses comptes personnels ?
– Heero peut surveiller tout ce que tu veux, mais quelque chose me dit qu'on trouvera rien. Si tu veux mon avis, d'ici peu de temps va y'avoir un nouvel attentat et un groupe terroriste va se faire connaître et réclamer la paternité de tous les autres. Et j'te parie la Lune qu'ils vont dire être des Colonies…
Wu Fei acquiesça mentalement ; ce n'était un secret pour personne que Merendo était contre le gouvernement Terra. En faisant passer les terroristes pour des Colons, il fragilisait le pouvoir de Quatre…Peut-être qu'il allait falloir renforcer encore un peu plus la sécurité... Quatre n'allait peut-être pas aimer ça mais selon l'évolution de la situation, la voiture blindée avec chauffeur deviendrait une nécessité.
– C'que j'comprends pas, continua Duo, c'est pourquoi il s'attaque pas aussi à Relena !
– Ça ne lui apporterait pas autant que de se débarrasser de Winner, répondit Wu Fei. Darlian est populaire mais son pouvoir ne sera effectif que si elle est élue à la tête du Conseil Fédéral, et puis elle a de nombreux alliés. Winner est déjà en place, il a beaucoup plus de pouvoir pratique mais il est seul. En l'assassinant, Merendo plonge les Colonies dans la panique, et il n'a personne pour reprendre les rênes derrière lui, contrairement à Darlian…
– 'tain d'politique, marmonna Duo. C'est quasiment plus dangereux qu'd'être pilote de Gundam ! … Qu'est-ce qu'on dit à Quat ?
– Rien, trancha Wu Fei.
– Il va pas aimer ça, prévint le châtain.
– Je jugerai en temps voulu de ce qu'il doit savoir.
– C'est con, parce que son aide serait la bienvenue… Il a d'bonnes idées, tu sais ?
Wu Fei savait, mieux que quiconque. Ce n'était pas pour rien qu'il lui demandait régulièrement son avis, avant que le blond ne devienne le Représentant des Colonies. Mais si ce dernier venait à en savoir trop, il ne pourrait s'empêcher de s'en mêler.
– Winner a autre chose à faire que de se soucier de ça.
– Mouais… Mais tu t'débrouilles avec lui pour les explications après…
Wu Fei faillit sourire, l'idée de Duo Maxwell intimidé par Quatre Winner avait de quoi amuser.
– Enfin, en tout cas, tu lui dis bonjour pour moi ! J'te laisse, si j'veux pas manger d'l'instantané made in Yuy, va falloir que j'aille préparer notre dîner…
Le décalage horaire, se rappela Wu Fei. Ici, l'heure du déjeuner venait seulement de passer et le Chinois se rendit compte qu'il avait faim.
Il venait à peine de raccrocher qu'un homme s'approchait de lui.
– Monsieur Winner souhaiterait vous voir, l'informa-t-il.
Wu Fei le suivit jusqu'à l'ascenseur et monta seul au bureau de Quatre. La porte était entrouverte et il passa la tête dans l'entrebâillement. Le blond était au téléphone mais lui fit signe d'entrer avec un petit sourire.
– Non, Monsieur le Président, disait Quatre d'un ton calme et respectueux. Ce ne sera pas nécessaire, je vous assure que tout se passera bien. […] Bien sûr, je vous tiendrai au courant. Mais il ne devrait pas y avoir de problème. […] Vous devriez contacter Mademoiselle Darlian à ce sujet, elle vous donnera plus de détails. […] Très bien. Au revoir, Monsieur le Président, bonne journée.
Quatre raccrocha avec un soupir exaspéré. Wu Fei n'avait pas vu le blond aussi sur les nerfs depuis longtemps. D'habitude celui-ci avait beaucoup plus de patience.
– Des difficultés ? demanda le Chinois en s'appuyant sur le bureau.
– Non, pas vraiment, répondit Quatre, un sourire sur les lèvres. C'est juste qu'avec les élections approchantes, le Président Dorlo éprouve le besoin de se montrer, d'être de toutes les décisions importantes et de toutes les réunions…
Wu Fei prit un air amusé. Ce n'était pas étonnant.
– Et la dernière chose dont j'ai besoin, c'est de sa présence à la réunion de demain ! continua le blond. Il a déjà L3 à dos…
– Il ne sera pas réélu, devina Wu Fei.
– Ça m'étonnerait. Mais il n'y a pas de candidat qui se démarque, cette fois…
Wu Fei allait demander pourquoi Quatre ne s'était pas présenté mais le blond s'adressa à lui avant qu'il ne puisse émettre un son :
– Je ne sais pas si tu as déjeuné, mais je m'accorde une pause et je m'étais dit qu'on pourrait manger ensemble… ?
Wu Fei sentit un sourire lui étirer doucement les lèvres.
– Bien sûr, répondit-il et Quatre lui rendit son sourire cent fois.
– On descend alors ! lança-t-il. Il y a un petit restaurant juste en bas, ce sera mieux que de rester ici.
Le restaurant était effectivement petit, mais apparemment il y avait toujours de la place pour Quatre Winner.
– Je leur commande souvent quelque chose, dit le blond en s'asseyant à une table dans le fond. Je ne descends pas toujours, je n'ai pas le temps, mais j'aime bien le faire, ça me donne l'impression de faire vraiment une pause…
– Je peux comprendre, répondit Wu Fei.
– La cantine des Preventers est toujours aussi…
– Epouvantable ? termina le Chinois. Oui… Les plaintes n'atteignent pas Lady Une et le budget est toujours aussi serré.
Quatre se mit à rire et Wu Fei sentit sa gorge se contracter un peu. Depuis combien de temps ils ne s'étaient pas retrouvés tous les deux simplement pour se voir, parler un peu ?
Il n'avait pas le temps de penser à ce genre de choses, il s'était promis qu'il ne s'y attarderait pas, mais avoir le blond en face de lui, sans qu'il soit en mission particulière, était un obstacle difficile à ses résolutions. Mieux valait revenir sur un terrain plus professionnel…
– Winner, commença-t-il, à propos de…
Mais Quatre posa un doigt sur sa bouche et Wu Fei s'interrompit, perturbé par la sensation de la peau du blond contre ses lèvres. Quatre eut un petit sourire et retira son doigt mais Wu Fei dut se battre contre une vague de chaleur dans ses joues.
Le blond était une vraie catastrophe pour sa retenue.
– Pas de sujet qui fâche, s'il te plaît, demanda doucement Quatre. C'est ma pause, tu es mon ami, pas mon garde du corps, et j'aimerais qu'on évite de discuter de ma sécurité.
– Etre ton ami ne me dispense pas de m'inquiéter pour ta sécurité, répliqua Wu Fei. Au contraire c'est une de mes préoccupations principales.
Quelque chose passa dans le regard de Quatre et le nouveau sourire que le blond lui adressa avait une chaleur que les précédents ne possédaient pas.
– Merci, dit-il. Mais en tant qu'ami je te demande d'oublier que tu t'inquiètes, juste pour le déjeuner.
– Je ne peux pas oublier, répondit Wu Fei, mais je peux me taire.
– Ça me va très bien !
Ils commandèrent leur déjeuner rapidement et Wu Fei fut à la fois amusé et réconforté de constater que rien n'avait changé.
– Toujours aussi herbivore ? fit-il au blond qui lui tira presque la langue.
– Tu sais que je ne supporte pas ce qui est "mort", répliqua ce dernier. Je voudrais t'y voir, moi !
Wu Fei avait découvert un peu par hasard que Quatre était empathe, lors d'une de leurs collaborations.
"Je ne le crie pas sur tous les toits, avait dit simplement Quatre. Les gens ne sont pas forcément à l'aise avec ça. Et puis, c'est dur à caser dans une conversation, non ? Bonjour, je suis, Quatre Raberba Winner, empathe."
Wu Fei n'était pas revenu sur le sujet mais avait été un peu troublé. A cette époque il croyait déjà connaître le blond et s'était rendu compte que ce n'était pas le cas. Souvent, il se demandait ce que Quatre avait pu vivre pendant la guerre, en contact avec tant de violence et de mort… Son respect pour lui avait encore grandi.
Quatre et Wu Fei parlèrent de tout et de rien, évitant soigneusement les sujets de sa sécurité et de la politique, mais ça ne posait pas tant de problèmes que ça… Ils avaient beaucoup de choses en commun, notamment le goût de la lecture et Quatre exprima le regret de ne plus avoir le temps de lire autant qu'avant.
– Je peux te faire une liste des livres que j'ai aimés, proposa Wu Fei.
Ils avaient tous les deux à peu près les mêmes goûts en littérature, il n'y avait pas vraiment de risque.
– Mon garde du corps et maintenant mon bibliothécaire personnel ? En plus tu sais cuisiner, je devrais t'épouser ! lança Quatre, les yeux pétillants. Tu viens d'une bonne famille par dessus le marché, mes sœurs ne pourront qu'approuver ! Je ne vois pas ce qu'il y a à redire !
Wu Fei secoua la tête. Des années à fréquenter Duo Maxwell l'avaient immunisé contre ce type de commentaire, mais venant de Quatre, c'était toujours un peu déstabilisant.
– Le manque d'héritiers possibles, peut-être ? répondit-il.
– Oh, vu comme elles se reproduisent, ce n'est pas un problème. Et puis on pourrait toujours demander à l'une d'elles, ou Catherine ou Sally de porter notre enfant ! Tu pourrais me surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre et je pourrais soigner mon ulcère en te criant dessus. Ce serait merveilleux, non ?
Quatre se mit à rire mais aux oreilles de Wu Fei, ça sonnait étrangement faux. Encore une fois, il eut cette impression que le blond détournait quelque chose de plus sérieux. Mais avant qu'il ne se décide à poser une question, Quatre se leva :
– Il va falloir que je m'y remette, dit-il d'un air contrit.
– Je te raccompagne, déclara Wu Fei.
Plongé dans ses pensées, il répondit distraitement à la conversation de Quatre le long du court trajet. Ils se séparèrent à l'entrée de l'immeuble et le Chinois suivit son ami des yeux d'un air pensif.
Wu Fei devait admettre qu'il s'inquiétait pour Quatre à un autre niveau que sa sécurité physique. Avec les responsabilités qui pesaient sur ses épaules, s'il avait des problèmes personnels, ça devait être dur de ne pas pouvoir les exprimer.
Il se demanda si ça avait un rapport avec Barton, puisqu'il avait été le voir le week-end précédent. D'un autre côté, cela faisait trop longtemps que Wu Fei n'avait pas vu Quatre dans un autre cadre que les attentats contre lui pour pouvoir juger.
Il le regrettait, mais en avait été aussi un peu soulagé.
Quatre Winner était quelqu'un qu'il était difficile de ne pas apprécier. Le blond avait une force morale et mentale sans égale, une volonté de fer, mais il était aussi compréhensif, ouvert et toujours de bonne disposition.
Wu Fei avait d'abord respecté sa qualité de leader et ses capacités, puis à force de le fréquenter, il avait découvert les autres facettes du blond, et le respect s'était couplé d'affection. D'un peu trop d'affection, peut-être.
Il était facile de parler à Quatre, de s'ouvrir à lui, de se sentir à l'aise auprès de lui. Peu avant que le blond ne devienne le Représentant des Colonies, Wu Fei avait confronté ce qu'il ressentait pour lui avec un certain malaise.
L'éducation qu'il avait reçue était assez engrainée en Wu Fei pour qu'il ait envisagé de se remarier, d'avoir un héritier, surtout maintenant que son clan était décimé, ou presque. Avec la fin de son deuil, le Chinois avait examiné cette possibilité de plus près, bien que sans beaucoup d'enthousiasme.
Meiran… Nataku avait laissé un trop grand impact dans sa vie pour que la remplacer soit si facile. Il ne voulait pas la remplacer. Nul ne le pourrait jamais.
Il fallait trouver quelqu'un avec assez de personnalité pour l'égaler, mais une personnalité assez différente pour que Wu Fei ne soit pas tenté de les comparer. Il fallait trouver quelqu'un que Wu Fei respecterait avant tout, mais qu'il pourrait aimer également.
Il avait besoin de savoir qu'il pourrait aimer cette personne comme elle le mériterait, il ne voulait pas faire la même erreur qu'avec sa femme-enfant.
Sally Po aurait pu être une candidate idéale, mais il n'y avait pas d'amour entre eux ; et aussi agaçant que cela semblait au jeune homme, Sally avait tendance à le regarder avec l'affection indulgente d'une sœur aînée plus qu'autre chose.
Et dans sa confrontation avec ses sentiments, Wu Fei s'était rendu compte que Quatre était tout ce qu'il voulait. Dans son esprit et son cœur, le blond s'était inconsciemment creusé une place un peu trop grande au goût de Wu Fei.
Mais Quatre n'était pas un choix possible. Il était un homme… même si effectivement, utiliser une mère porteuse pour avoir un enfant était possible, Wu Fei sentait devoir au peu qu'il restait de son clan de lui présenter une femme, d'avoir des enfants naturellement. Ils étaient un peu archaïques et le jeune homme savait que leur présenter un homme, fut-il Quatre Raberba Winner, ne serait pas très bien accepté. Il les décevrait.
Et puis même… Quatre n'était pas accessible. Le blond avait trop de responsabilités, trop de devoirs lui-même pour que Wu Fei envisage une relation avec lui ; lorsque Quatre choisirait quelqu'un, ce serait quelqu'un qui le compléterait, qui le comprendrait complètement et avec lequel il ne serait pas en conflit permanent.
Quelqu'un comme… Trowa Barton.
C'était mieux pour Quatre. Wu Fei se secoua pour s'empêcher de continuer à y penser. Ça faisait longtemps qu'il avait accepté cette situation. Il avait appris à regarder Quatre comme l'une de ses responsabilités, rien de plus, même si le blond et ses sourires rendaient les choses compliquées…
Mais il tiendrait. Même si dans sa tête, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui en tant que "Quatre", ce dernier resterait "Winner" à l'extérieur.
¤¤¤
Quatre regarda l'eau chauffer dans la casserole d'un air concentré. Il était rentré avec Wu Fei une heure à peine auparavant, ils avaient dîné rapidement, ni l'un ni l'autre n'ayant très faim, puis Wu Fei était allé prendre une douche et Quatre essayait de ne pas trop y penser.
Il était fatigué mais n'avait pas fini la préparation de la réunion du lendemain et savait qu'il ne pourrait pas aller se coucher avant tard dans la nuit. Ce n'était pas comme s'il dormait bien, de toute façon, à l'idée que Wu Fei n'était pas loin.
"Je ne vais pas tenir" pensa Quatre. "A peine deux jours et déjà… je ne vais pas tenir."
Leur discussion de ce midi n'avait pas arrangé les choses. Quatre avait retrouvé le Wu Fei qu'il aimait, l'ami avant tout mais aussi celui auprès duquel il avait envie de dormir, même simplement dormir, savoir qu'il était là, contre lui…
La vie était finalement plus facile quand ils se disputaient.
L'eau se mit à bouillir et Quatre la versa dans la théière avant d'apporter le plateau avec les deux tasses dans le salon. Il le posa sur la table basse et s'assit sur le canapé, ses dossiers en face de lui.
La douche ne coulait plus, Wu Fei ne tarderait pas à arriver.
Quatre ouvrit d'abord le compte-rendu général de la journée qu'il n'avait pas eu le temps de parcourir. Les premiers mots le firent déjà soupirer, mais il n'eut pas le temps d'aller plus loin, Wu Fei entrait dans la pièce et le cœur de Quatre chavira.
Le Chinois était pied nu, habillé d'un simple pantalon noir et d'une tunique bleu foncé. Ses cheveux étaient moins tirés que d'habitude, la queue de cheval plus lâche, et une mèche s'en était échappée, caressant la joue dorée à chaque fois que Wu Fei bougeait la tête.
Quatre avala sa salive. Concentration, Raberba, concentration !
– Tu as encore beaucoup de travail ? demanda Wu Fei en s'asseyant en face de lui.
Il prit sa tasse de thé : "Merci".
– De rien, murmura Quatre, déclarant plus fort : Assez, oui. La réunion de demain demande beaucoup de préparation.
Puis il ajouta :
– J'ai vu que tu avais pris en main la sécurité du bâtiment…
Wu Fei le dévisagea un instant de ses yeux noirs.
– C'est mon travail, dit-il simplement.
– Je ne cherche pas le conflit, fit Quatre en soupirant. J'aimerai juste en parler sans que nous nous énervions l'un et l'autre…
Wu Fei acquiesça.
– J'ai mis une équipe de Preventers aux entrées et sorties, dit-il. L'immeuble est un vrai moulin, ce n'est pas une bonne idée. Les étages supérieurs ne devrait pas être accessible à n'importe qui. Il y a un accueil, autant qu'il serve… Je suis en train de réorganiser les badges d'autorisation également.
Quatre ne dit rien. C'était moins pire que ce à quoi il s'attendait. Mais Wu Fei ajouta ensuite :
– Il est possible que je sois obligé de te demander d'accepter une escorte pour tous tes déplacements.
– Wu Fei…
– Je ne fais pas ça juste pour t'embêter. Tu es en danger.
Le blond réprima l'envie d'entrer une énième fois dans une dispute sur le sujet.
– Je ne veux pas dix personnes qui me suivent à chaque fois que je vais acheter du pain, dit-il seulement, mais avec le regard déterminé.
– Il n'y aura que moi, répliqua le Chinois.
– Tu ne vas pas passer ta vie à me suivre comme un petit chien, Wu Fei.
– C'est provisoire et tu le sais. Je ne suis là que le temps des élections et de la réorganisation du système de sécurité. Après tu seras débarrassé de moi.
Quatre s'appuya contre le dossier du canapé, soudain extrêmement fatigué.
– Ce n'est pas le problème, Wu Fei…
Le regard du Chinois s'adoucit.
– Je sais, excuse-moi, cette dernière phrase n'était pas nécessaire.
Quatre regarda un instant dans le vide.
– Vivement que Terra soit créé, murmura-t-il.
Wu Fei acquiesça.
– Ce gouvernement sera la réponse à beaucoup de nos problèmes.
Quatre eut un petit sourire.
– Oui, dit-il. Et je pourrais retourner m'occuper de la Winner Corp.
Wu Fei se redressa et le dévisagea, sourcils froncés.
– Comment ça ? demanda-t-il.
– Eh bien, les Colonies n'auront plus besoin de moi, répondit Quatre. J'aurais fait tout ce que j'avais à faire.
– Tu n'as pas l'intention de te présenter aux élections du futur gouvernement fédéral ?
Quatre rit doucement, comme si l'idée l'amusait beaucoup.
– Bien sûr que non ! Je ne suis pas un politicien, Wu Fei. Je suis là parce que je peux faire quelque chose et qu'on m'a demandé assistance, c'est tout. Mais après, tout ça sera terminé pour moi. Je me contenterai de représenter L4, et encore, peut-être que Sonia continuera de le faire à ma place.
– C'est ridicule, répliqua Wu Fei. Tu es un excellent politicien, Winner ! Le travail que tu as accompli ces dernières années…
– Etait nécessaire, le coupa Quatre. Avec Terra, mon travail sera terminé.
Wu Fei ne commenta pas et Quatre eut un sourire intérieur un peu triste. Est-ce que je te déçois, Wu Fei ? Est-ce que tu penses que je ne prends pas la bonne décision ? Que jefuis ? Je ne me sens pas à ma place, ici, tu sais… Je ne suis pas moi-même. Tu te souviens, à une époque tu venais me changer les idées quand la Winner Corp. me pesait trop… Aujourd'hui tu voudrais que je me perde complètement.
Quatre avait horreur des manipulations politiques, de la sournoiserie, des conflits permanents. Il était fatigué de devoir se méfier de tout le monde, de ne pas pouvoir se reposer sans craindre que l'apocalypse leur tombe dessus dans les minutes qui suivraient le moment où il détournerait les yeux. Les récriminations égoïstes et capricieuses de chaque Lagrange le plongeaient dans des abîmes de frustration. Faire combattre les pilotes de Gundam tous ensemble avait été moins laborieux, et Allah savait que pourtant ça avait été dur !
Mais surtout, surtout, il était fatigué de devoir maintenir une certaine image de lui, fatigué de devoir batailler pour que les gens se rendent compte qu'il n'était pas là par népotisme ou relations. Fatigué de devoir se battre contre ceux qui avait peur de sa popularité.
Quatre voulait aider, bien sûr ; à l'époque de la Winner Corp., lorsque Relena le consultait sur la position à tenir par rapport aux Colonies, il était heureux de la conseiller, de participer à la paix. Ça, ça ne le dérangeait pas, au contraire.
Avec elle, il serait l'investigateur de Terra. Qu'on ne lui demande rien de plus.
Quatre eut l'envie un peu masochiste d'utiliser son empathie pour savoir ce que Wu Fei ressentait à cet instant, mais s'en empêcha. Il savait déjà.
Il avait besoin de ne plus y penser. Construire Terra et rien d'autre, ne pas penser à Wu Fei. Quatre se replongea dans ses dossiers, se sentant un peu malheureux.
La nuit allait être longue…
Wu Fei alla se coucher bien avant Quatre, troublé par les paroles de ce dernier. Le Chinois ne comprenait pas vraiment pourquoi le blond refusait de participer au gouvernement. Terra avait été possible presque uniquement grâce à lui, les Colonie n'auraient jamais suivi Darlian si Quatre n'avait su les mettre d'accord et les rassurer !
Darlian et lui avaient tant fait, ils méritaient leur place à la tête de Terra ; aucun doute qu'ils seraient élus… Pourquoi Quatre gâchait-il sa chance ainsi ?
Le jeune homme se coucha sans pouvoir s'endormir, des questions plein la tête. Vraiment, parfois, Quatre le stupéfiait… Il était clair qu'il ne le connaissait décidément pas aussi bien qu'il le pensait.
TBC…
Shakes : Ça n'avance pas.
Quatre : Tout à fait d'accord. Ça n'avance pas.
Shakes : Si Fei et toi arrêtiez de vous prendre la tête…
Quatre : Si tu m'avais laissé aller directement sous la douche avec lui !
Wu Fei : Hem… #-.-#
Shakes : Ça aurait pu être une solution… Mais non.
Quatre : Je vais être impossible à vivre, à ce rythme, tu sais ?
Shakes : Mais Quat-chan, tu es déjà impossible à vivre…
Quatre : -.-"
Wu Fei : ¤smirks¤
