Précieux

Scribouilleuse : Shakes Kinder Pinguy
Couples : 454 (et 2x1x2)
Genre : Bodyguard ;p
Rating : PG-13
Résumé : Quatre a tendance à oublier qu'il est précieux, et Wu Fei a l'intention d'y remédier, qu'il le veuille ou non.
Disclaimer : Toujours pas miens, mais je les aime quand même.

Note : ça fait trois semaines que je tente de mettre ce chapitre en ligne, sans exagérer. argh !

Chapitre 3 :

Quatre fixa son reflet dans la glace, yeux dans les yeux avec lui-même. "Ça va bien se passer, pensa-t-il avec une conviction qu'il aimerait ressentir. Ça va bien se passer. Le président ne va pas arriver au milieu de la réunion pour participer. L3 ne va pas décider de ne pas se montrer au dernier moment. Il n'y aura pas une dizaine de représentants différents pour L2. Tout va bien se passer."

Quatre inspira un grand coup, toujours aussi peu confiant. Il jeta un dernier coup d'œil à son apparence générale, se passa une main machinale dans les cheveux pour les placer un peu mieux, puis sur sa veste, effaçant un pli inexistant.

Il était temps d'y aller.

Wu Fei l'attendait dans l'entrée, son uniforme de Preventer annonçant au monde entier, du moins aux Colonies, qu'il était là en temps que protecteur. Quatre se demanda un instant s'il avait le temps de le convaincre de mettre autre chose, ou au moins de retirer la veste, mais décida que se mettre en retard n'était pas le meilleur moyen de se concilier les représentants. Il plaqua un sourire sur ses lèvres.

– Prêt ?

Le Chinois se contenta d'acquiescer d'un hochement bref de la tête et Quatre s'empressa de descendre l'escalier, tellement stressé qu'il en aurait presque sautillé. Imaginant la tête de Wu Fei s'il se laissait aller comme ça, Quatre eut un bref sourire.

Ils arrivèrent devant la voiture et le blond se tourna vers son ami, sachant qu'il avait les clefs. Mais Wu Fei déclara sans préambule :

– C'est moi qui conduis.
– Je peux conduire, Wu Fei.

Le Chinois haussa un sourcil tellement incrédule que Quatre se sentit insulté et vaguement irrité. Il n'avait pas, mais alors pas besoin de se disputer avec Wu Fei sur un sujet aussi trivial que de savoir qui allait conduire alors que les Colonies étaient prêtes à lui exploser entre les doigts.

Mais ça ne voulait pas dire non plus qu'il allait se laisser faire.

– Wu Fei, c'est encore ma voiture.
– Personne ne t'empêche de monter dedans.

– Ça ne te suffit plus d'être mon garde du corps, maintenant tu veux aussi être mon chauffeur ? Il va falloir que je t'augmente, déclara Quatre sur un ton de plaisanterie teinté d'acide.

Finalement se disputer avec Wu Fei serait peut-être un bon moyen d'évacuer le stress.

Sans prévenir, le Chinois entra dans son espace personnel et posa les mains sur ses épaules, le regardant droit dans les yeux d'un air sérieux.

Quatre réalisa alors deux choses. La première, c'était qu'ils faisaient exactement la même taille. La deuxième, que plaquer Wu Fei contre la portière pour l'embrasser à l'en rendre stupide pourrait résoudre à la fois le problème du stress et la question de savoir qui conduirait, c'est à dire aucun des deux.

Mais bon, ça ne réglait pas le problème du retard.

– Winner, commença Wu Fei d'une voix sérieuse, si tu conduis dans cet état, nous allons finir tous les deux dans le premier mur que nous croiserons.

Le regardnoir s'adoucit et Quatre sentit son stress et son esprit s'apaiser lentement. L'embarras remplaça l'irritation lorsqu'il réalisa qu'il s'était – encore – comporté comme un enfant capricieux. Pourquoi s'obstinait-il à montrer le pire de lui-même à l'homme qui devrait n'en voir que le meilleur ? Un sentiment de découragement s'empara soudain de lui et comme à chaque fois que ça arrivait, de plus en plus ces derniers temps, il fut envahi par l'envie de courir se cacher dans les bras de Trowa.

Ce qui n'était absolument pas mieux. Trowa non plus n'avait pas à subir ses caprices. Il y avait une différence entre étouffer un ami et se confier, et Quatre avait l'impression désagréable qu'il avait tendance à confondre les deux.

Wu Fei lâcha ses épaules et le blond eut un instant de regret. Même un contact aussi peu émotionnel était le bienvenu de la part du Chinois…

Quatre se passa une main sur le visage, complètement calmé, et fit un sourire embarrassé à son ami.

– Excuse-moi, dit-il. Tu as raison.
– Winner, tu as préparé cette réunion au point de connaître le dossier par cœur. Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?

Quatre émit un petit rire.

– Qu'est-ce qui pourrait ne pas mal se passer ? répliqua-t-il avant de réaliser qu'il se plaignait encore. Ça devenait vraiment une habitude.

– Ça ira, affirma Wu Fei avec une telle conviction que le blond fut tenté de le croire. Tout va bien se passer
– J'aimerais avoir ta confiance, murmura Quatre.

Là-dessus, Wu Fei eut un sourire mal défini, mais un regard sûr :

– C'est toi qui t'en occupes. Et j'ai confiance en toi, Winner.

Quatre crut qu'il allait se liquéfier sur place de gratitude, de joie et d'espoir impossibles à dissimuler, et il était certain que tous ses sentiments pour le Chinois devaient être écrits au néon sur son visage. Mais soit Wu Fei était particulièrement aveugle, soit Quatre était plus discret qu'il ne le croyait, son ami se contenta de lui tendre les clefs de la voiture.

Quatre secoua la tête en souriant :

– Non, vas-y.

Ce n'était pas comme s'il était capable de conduire avec tout ce bonheur qui lui tricotait dans les jambes.

Quatre était prêt à conquérir l'univers s'il le fallait lorsqu'il pénétra dans l'immeuble et à la confirmation de la présence du bon nombre de représentants, il était aussi convaincu que Wu Fei que ça se passerait bien.

Mais au moment où il allait entrer dans la salle de réunion, Mary Ann se précipita dans sa direction et Quatre sentit le premier problème arriver.

– Monsieur ! Mademoiselle le Ministre Darlian est en ligne ! C'est urgent !

Il se doutait que c'était urgent, Relena ne l'appellerait pas en sachant qu'il avait une réunion si importante si ça ne l'était. Gardant son calme, il demanda à la jeune femme de faire patienter les représentants et rejoignit son bureau le plus vite possible sans se mettre à courir, sentant peser sur lui le regard de Wu Fei.

"Quoique ce soit, je vais garder mon calme," se promit Quatre.

Il prit la communication. Le visage de Relena apparut sur l'écran et il n'eut pas le temps de la saluer qu'elle entrait dans le vif du sujet :

– Quatre, navrée de te déranger, mais il faut que tu accordes les Colonies le plus vite possible. Merendo et moi avons été invités à passer à la télévision dans trois jours et si rien n'est réglé, je ne sais pas comment je vais répondre à ses attaques !

Quatre garda un silence abasourdi. Trois jours ? Il fallait qu'il règle le problème avant trois jours alors qu'il était déjà satisfait d'avoir tous les représentants réunis ? Une semaine, oui. Moins de trois jours…

– Je suis navrée, Quatre, grimaça Relena. Impossible de faire marche arrière, cette vipère a lancé un défi public. Il voulait le débat ce soir, j'ai réussi à gagner deux jours, mais je ne peux pas faire mieux.

Et Relena avait besoin de préparer le débat. Ça voulait dire ce que ça voulait dire.

– Tu auras mon dossier demain matin, déclara Quatre d'une voix calme.

– Quatre, je ne te demande pas un miracle. Si j'ai une ouverture pour le soir du débat, ça me suffit.

– Tu auras mon dossier demain matin, répéta le blond. Je te laisse, j'ai cinq représentants qui s'impatientent. Merci de m'avoir prévenu.

Il sourit à la jeune femme et coupa la communication avant qu'elle n'ait le temps de protester. Refusant de penser à la nouvelle catastrophe à laquelle ils pouvaient être confrontés, il rejoignit la salle de réunion rapidement. Devant la porte, Wu Fei était toujours là. Quatre s'arrêta un instant pour le rassurer, mais le Chinois ne dit pas un mot, il leva les bras vers lui sans prévenir. Quatre eut presque un mouvement de recul mais Wu Fei se contenta de redresser sa cravate.

– Je te rejoins à la sortie de la réunion, dit-il simplement.

Wu Fei ne lui dirait pas "bonne chance" et Quatre en conçut une gratitude et une confiance renforcées. Pour Wu Fei, il n'avait pas besoin de chance, il le ferait par lui-même.

Un sourire aux lèvres, Quatre acquiesça en silence et entra dans la salle.

"La fosse aux lions," pensa-t-il.

Sans un geste de trop, sans même saluer rapidement sa sœur, il s'assit et joignit les mains devant son visage.

"Darlian et Merendo débattent à la télévision dans trois jours, donc personne ne quittera ce lieu tant que nous ne seront pas arrivés à un accord, et je veux que tout soit réglé avant minuit ce soir. Il est dix heures, nous avons donc la journée et la soirée pour discuter, pauses incluses. Je vous écoute."

ooo

Wu Fei suivit Quatre du regard jusqu'à ce que la porte se referme sur lui.

Sourcils froncés, l'air soucieux, il redescendit lentement au rez-de-chaussée. Il avait besoin d'un café noir, et de réfléchir.

Il alla se réfugier dans un coin du bar du restaurant où Quatre et lui étaient allés la veille et plongea le regard dans son café, comme s'il y cherchait une réponse à son malaise. Malaise qu'il avait depuis qu'il était arrivé et n'avait pas su identifier, mais deux jours et demi avaient suffi à lui faire comprendre ce qui n'allait pas.

Quatre n'allait pas.

Il l'avait soupçonné à son arrivée, avait trouvé le blond moins patient que d'habitude, et la scène de ce matin avait terminé de le convaincre. Il n'avait jamais vu Quatre aussi sur les nerfs, stressé, impatient. Il ne ressemblait en rien au rayon de soleil dont Wu Fei se rappelait et le Chinois commença à se remettre en question.

Il n'avait pas vu Quatre changer, n'avait pas compris le poids qui semblait peser sur ses épaules. Comment aurait-il pu, alors qu'il ne l'avait pas vu de manière personnelle depuis des siècles ? Mais il n'y avait pas que Quatre.

Déterminé à se trouver une place dans cette société de paix, Wu Fei s'était plongé dans son travail, cherchant à retrouver son équilibre, un équilibre entre l'intellectuel qu'il avait été et le guerrier qu'il était devenu. Et dans cet équilibre, il avait omis d'inclure le peu de relations humaines qu'il possédait. Maxwell avait déclaré qu'il ne venait pas les voir assez souvent ; la vérité, c'était que Wu Fei ne voyait aucun des anciens pilotes autrement qu'à travers une mission des Preventers. Depuis combien de temps ne s'était-il pas chamaillé avec Maxwell, n'avait-il pas discuté avec Yuy et Barton ?

Wu Fei réalisa avec un étonnement douloureux qu'il ne savait rien d'eux, les personnes qu'il respectait le plus, qu'il appréciait le plus. Il n'avait pas su les inclure. Est-ce que ça voulait dire qu'une fois qu'il aurait trouvé cet équilibre, il se découvrirait seul et sans personne avec qui le partager ?

Après cette mission, se promit-il, il prendrait le temps de renouer les liens fragiles qui le maintenaient auprès de ces personnes. Maxwell n'aurait plus à appeler pour prendre des nouvelles, Wu Fei le ferait de lui-même.

Quant à Quatre… Il était sur place. Peut-être qu'il ne pourrait pas faire grand chose que lui montrer son soutient, l'encourager, mais ce serait commencer quelque part. Il n'aimait pas cette fatigue derrière le sourire de Quatre. Le blond avait peut-être trop de choses contre lesquelles se battre, et Wu Fei se rendit compte avec une pointe de culpabilité qu'il s'était présenté en ennemi. Un antagoniste de plus.

Au lieu de discuter avec Quatre tranquillement, il avait voulu imposer sa façon de faire. Wu Fei avait cru être compréhensif, finalement c'était Quatre qui avait tenté d'établir le contact en se renseignant sur ce que Wu Fei avait modifié et l'intention de faire pour sa sécurité. Wu Fei avait voulu le soulager, il n'avait fait que rajouter un poids.

Tout ça parce qu'il craignait de se rapprocher du blond.

Wu Fei secoua la tête, se demandant à quel moment il avait fui comme un lâche plutôt que d'affronter et comprendre ce qu'il ressentait, et surtout, comment il avait pu abandonner quelqu'un qu'il respectait et appréciait autant pour sa propre sécurité ?

Quel ami fidèle il faisait !

Furieux contre lui-même, Wu Fei avala son café d'un trait et redressa les épaules, déterminé. Il allait radicalement changer sa façon de faire, et surtout, sa façon de se comporter avec Quatre.

ooo

Le représentant de L5 se rassit et Quatre regarda sa montre avant de sourire à la ronde.

– Je crois qu'il est temps de faire une nouvelle pause, dit-il. On a bien avancé, merci à tous. Je vous revois dans trois quart d'heure.

Sonia attendit que tout le monde soit sorti avant de se lever et eut un petit sourire amusé lorsque Quatre s'étira comme un chat, respirant la satisfaction.

"Et il y a de quoi," pensa la jeune femme.

Quatre avait été excellent. Plus qu'excellent, même. Ça ne faisait que six heures et demi que la réunion avait commencé et son petit frère avait réussi à mettre toutes les Colonies à peu près sur la même longueur d'onde. Avec un génie pur, Quatre avait contourné toutes les animosités entre Colonies, et entre la Terre et les Colonies, concentrant toute leur hostilité sur la personne unique de Stefen Merendo et ses projets.

Quatre leur avait démontré que l'ennemi, c'était Terre Libre, que le parti de Merendo cherchait par tous les moyens à réveiller les rancœurs du passé, à prouver que les Colonies et la Terre n'étaient pas capables de s'entendre. Les représentants en avaient oublié de se gêner les uns les autres et Sonia avait eu le choc d'assister à une tentative de conciliation entre L2 et L3.

Son frère n'avait pas été aussi en forme depuis très longtemps.

Quatre n'avait pas cherché à se battre contre les représentants, mais il les avait réunis et en éprouvait visiblement un plaisir énorme. "Réunir les gens autour de toi, c'est vraiment ce que tu sais faire le mieux, petit frère," pensa Sonia avec affection.

Quatre avait amorcé de nombreux autres projets au passage, encourageant les Colonies à s'entendre et commercialiser ensemble. C'était quelque chose qui lui tenait à cœur, Sonia le savait. Quatre, malgré son enthousiasme pour Terra, avait toujours trouvé que les Colonies étaient trop dépendantes de la Terre et que pour équilibrer vraiment les choses, il faudrait qu'elles aient moins à faire venir de la planète mère. Le plus gros problème restait l'eau, comme le prouvait la crise qu'ils avaient failli traverser.

Quatre avait parlé de la glace qu'on trouvait dans l'espace. Sonia s'était retrouvée à discuter des moyens technologiques pour aller la chercher avec L1 et L5 et si le projet se concrétisait, la Terre perdrait cette supériorité majeure d'être l'unique fournisseuse d'eau existant. Et c'était également un investissement intéressant pour la Winner Corp., elle le savait, Quatre le savait, et vu son enthousiasme, il avait probablement l'intention de s'en occuper personnellement une fois Terra mis en place.

Son frère avait donc bien pour projet de se retirer de la politique autrement qu'à travers la Winner Corp.

Est-ce qu'il réalisait qu'après la façon dont il avait mené la réunion, les représentants s'étaient implicitement accordés sur une autre chose ? Est-ce qu'il réalisait que pour eux tous, nul autre que Quatre Winner serait la voix des Colonies dans le gouvernement Terra ? Quels que soient les deux autres élus, pour tous, Quatre serait le premier du triumvirat colon.

Il faudrait qu'elle lui ouvre les yeux un jour ou l'autre s'il ne le faisait pas lui-même, mais pour le moment elle garderait le silence. Quatre semblait avoir retrouvé l'enthousiasme du début, elle ne voulait pas l'alarmer inutilement.

Ça ne l'empêchait pas d'être intriguée par ce changement brutal.

– Tu as quelque chose à me dire, Sonia ? demanda soudain son frère, intrigué à la voir toujours assise alors que les autres s'étaient précipités dehors pour se dégourdir les jambes.

Elle sourit et se leva.

– Juste que tu fais un travail fantastique, petit frère.

– Ça marche bien, non ? fit-il avec une pointe d'excitation. Je n'aurais jamais cru que L2 et L3 finiraient par tomber d'accord ! Finalement, cette crise de l'eau nous a apporté beaucoup de choses positives.

– Vu tous les projets que tu nous as vendus, je m'en doute !

– C'est magnifique, Sonia, tout le monde est prêt à coopérer ! Je crois que Stefen Merendo s'étranglerait s'il savait qu'il m'a facilité le travail !

Quatre se mit à rire joyeusement et s'étira de nouveau. "J'ai besoin de marcher un moment, tu viens ?"

Sonia acquiesça et le suivit à l'extérieur, heureuse de voir son frère si détendu.

Devant la porte, un jeune homme asiatique semblait les attendre ou plutôt attendre Quatre. Sonia avait la vague impression de l'avoir déjà aperçu quelque part, et vu comment le regard de son frère s'illumina...

– Wu Fei, sourit Quatre. Je crois que tu connais déjà ma sœur, Sonia ?

"Wu Fei Chang," se souvint Sonia.

Un ex-pilote de Gundam, celui qui autrefois venait régulièrement enlever Quatre de la Winner Corp.

– Nous nous somme déjà rencontrés, répondit le Preventer en s'inclinant légèrement. Miss Winner.

– Enchantée de vous revoir, Monsieur Chang.

– Wu Fei est ici en tant que mon garde du corps jusqu'à la fin des élections, expliqua Quatre. Il s'occupe aussi de renforcer la sécurité du bâtiment. Je le loge pendant ce temps !

"Garde du corps ? Quatre ?" pensa Sonia avec incrédulité.

– Tout se passe bien ? demanda Chang, couvant Quatre des yeux avec intensité.

Son frère acquiesça vigoureusement, sourire aux lèvres, et le regard du Chinois s'adoucit.

– Impeccable, répondit Quatre. Après vous avoir fait combattre, c'est facile de s'occuper d'eux.

– Ce n'est pas ce que tu disais ce matin…

– Je me trompais et tu avais raison, ça va, répliqua son frère, tout sourire. Vous étiez encore plus difficiles !

Chang leva les yeux au ciel :

– Parce que tu es un modèle de facilité, peut-être ?

– Oh, ça dépend avec qui, susurra Quatre. J'aime me faire désirer…

Sonia sentit sa mâchoire se décrocher. Quatre ? Son petit frère, flirter comme ça ?

– Ravi de savoir que j'ai le privilège de t'avoir à ton plus difficile, fit le Chinois.

– Mais je peux te faciliter les choses, il suffit de demander !

– Va te chercher un thé avant de tomber encore plus dans du maxwellisme malvenu, rétorqua Chang avec un petit sourire. Je t'ai déjà dit que ça ne t'allait pas !

Quatre se mit à rire. "Je vous ramène quelque chose ?"

Ils refusèrent et Sonia regarda Chang suivre son petit frère des yeux.

– Alors, demanda-t-elle sur le ton de la conversation, vous êtes vraiment son garde du corps ou c'est juste une idée de Quatre pour cacher qu'il a un petit ami ?

Chang fit très clairement un sursaut, même si son visage restait relativement calme.

– Je suis ici uniquement pour le protéger, répondit-il.

Mais il ne nie pas… pensa Sonia avec un certain intérêt.
– Je serais curieuse de savoir comment vous avez réussi à le convaincre. Nous savons tous les deux que Quatre a l'idée d'être protégé en horreur.

– Je ne lui ai pas laissé le choix.

Sonia croisa les bras et dévisagea Wu Fei d'un air pensif. Quatre n'était pas le genre de personne à se laisser enfermer dans une situation dont il ne pouvait se sortir. Si son frère avait réellement voulu se débarrasser du Chinois, il aurait trouvé un moyen. Mais non, Quatre semblait laisser Chang faire à sa guise ou presque.

Ce dernier dût sentir son incrédulité, il ajouta :

– Disons qu'il ne m'a pas laissé le choix et que j'ai fait de même en retour.

Sonia acquiesça, toujours aussi peu convaincue. Quatre avait autorisé Chang à entrer sur son territoire, dans l'appartement qu'il s'était acheté peu après la guerre et qu'il avait déclaré comme son espace personnel… Il y avait autre chose et Sonia était sûre de savoir quoi. Il allait falloir qu'elle en discute avec Leirah.

Quatre revint assez rapidement, thé en main, suivi des représentants colons. Wu Fei s'apprêtait à les laisser lorsque l'un d'eux se dirigea vers lui.

– Chang Wu Fei ? demanda-t-il d'un ton incertain.

Wu Fei acquiesça d'un court hochement de tête.

–Wong Simon. Je suis le représentant de L5.

Ah, pensa Wu Fei.

Il se demanda ce que Wong lui voulait. Certes, le Clan du Dragon avait été longtemps la puissance de L5, comme les Winner étaient celle de L4 – à la différence que son clan n'en possédait pas toutes les colonies. Il avait eu une influence énorme, notamment sur l'élection du représentant de leur Lagrange. Mais depuis que leur colonie avait explosé, décimant plus des trois quart du clan dont ses chefs, leur puissance avait été réduite à néant et le peu des membres restants s'y était résigné.

Wu Fei, en tant que seul survivant de la famille régnante, avait dû régler les problèmes administratifs, s'occuper de distribuer les compensations financières. Mais tout était fini maintenant, le Clan du Dragon était une communauté de L5 comme les autres et Wu Fei ne voyait pas pourquoi le représentant l'avait abordé.

Wong se contenta de lui faire une conversation polie, avec un sous-ton de déférence qui mit Wu Fei sur ses gardes. Il avait cru les politiciens de L5 trop heureux d'être débarrassé de l'influence gênante de son clan. A quoi jouait Wong ?

Sonia Winner le sauva en "l'empruntant" avec politesse mais fermeté.

− Vous avez été failli vous faire harponner, l'informa-t-elle avec amusement.

− Je ne suis pas sûr de savoir ce qu'il me voulait.

− L5 était autrefois l'une des grandes influences coloniales. A la suite de plusieurs tragédies pendant la guerre, ils ont perdu beaucoup de leur puissance et cherchent à la retrouver désespérément en se rapprochant de Quatre.

Elle eut un petit rire.

− Il y a un an environ, ils sont allés jusqu'à tenter de le caser avec la fille de Simon !

Wu Fei sourit à son tour, peut-être un peu plus cyniquement. Finalement, la disparition de son clan avait causé plus de dégâts à L5 qu'il ne l'avait pensé. Ça expliquait l'attitude de Wong. Il s'imaginait sûrement qu'il pouvait profiter de la connexion de Wu Fei avec Quatre en faisant montre de la déférence qui aurait été due à l'héritier du Clan du Dragon autrefois. Le pauvre idiot…

La réunion reprit et bientôt, un appel téléphonique lui fit oublier ce qu'il venait de se passer. La communication venait de la Terre, et son interlocuteur se trouva être Heero Yuy. Espérant avoir des renseignements intéressants, Wu Fei ne perdit pas de temps :

– Des nouvelles ?

Yuy acquiesça en silence puis déclara :

– J'ai peut-être trouvé quelque chose. J'en ai parlé à Lady Une. Duo et moi allons probablement partir en reconnaissance. Je t'envoie le dossier par email.

Wu Fei hocha la tête, soulagé de savoir qu'ils avançaient. Yuy ne resta pas longtemps au téléphone, ayant dit ce qu'il avait à dire, et Wu Fei alla s'installer dans le bureau que Quatre avait mis à sa disposition et s'empressa d'aller chercher le dossier promis par Heero.

Ce qu'il y trouva ne le rassura pas.

Il allait peut-être finalement devoir parler à Quatre.

ooo

Avec délice, Quatre cliqua sur "envoyer". Comme promis Relena aurait le rapport le lendemain matin. Quatre jeta un coup d'œil à sa montre, il n'était que minuit et demi. Lui qui avait cru y être pour encore quelques heures…

Il se leva et alla s'installer dans le salon. Il voulait relire son dossier avant d'aller se coucher, plus pour le principe qu'autre chose. Il s'assit en tailleur sur le canapé, mais n'arrivait plus à se concentrer sur ses feuilles. Quatre défit les boutons de sa chemise pour se mettre à l'aise et s'appuya contre les coussins, soudain vidé.

La journée qui promettait d'être la pire de sa vie était devenue l'une des meilleures. Maintenant, en fait, il n'avait qu'une envie, se mettre au lit et tout oublier jusqu'au lendemain matin… L'adrénaline était redescendue et l'épuisement dû au stress se faisait brusquement sentir.

Une main sur son épaule le fit presque bondir.

– Wu Fei ! Tu veux me tuer ? protesta-t-il, le cœur battant. Je croyais que tu dormais !

– Tu as les épaules dures comme du bois, fit remarquer le Chinois, absolument pas perturbé par la frayeur qu'il avait causée à son ami.

– Ça ira mieux demain matin !

Wu Fei lui lança un regard peu impressionné et Quatre sentit son cœur battre un peu plus vite. Le Chinois était définitivement séduisant quand il avait cet air décidé, et ses cheveux presque lâchés montraient qu'il était détendu. L'homme qui se penchait vers lui n'était ni son garde du corps, ni son ami, mais celui qui réveillait en Quatre une passion qu'il avait toujours cru inexistante. Ou plutôt… très bien enchaînée. Quatre n'était pas du genre à s'enflammer, il aimait faire les choses calmement, après réflexion. Il avait peur de perdre le contrôle de lui-même, de se laisser aller complètement. Trop de choses reposaient entre ses mains, la vie de trop de gens. Enfin, il avait toujours été comme ça, même enfant. Il supposait que son empathie en était déjà la cause, même avant qu'elle ne soit assez développée pour qu'il réalise qu'elle était là. Il était difficile de s'énerver quand vous ne pouviez pas vous empêcher de comprendre les raisons des autres, les sentiments des autres. Difficile de s'enflammer quand vous n'êtes pas sûr de savoir s'il s'agit de votre passion ou de celle de votre voisin. Et lorsque Quatre avait appris à maîtriser assez son empathie pour faire la différence entre ses émotions et celles des autres, il s'était retrouvé pilote de Gundam, avec sur les épaules trop de responsabilités pour se permettre de laisser ses émotions le gouverner. Et les rares fois où il l'avait fait… Quatre eut un frisson intérieur avant de bloquer ses souvenirs. L'explosion d'une Colonie et la presque mort de Trowa étaient encore des points sensibles, et le seraient probablement à jamais.

Ses colères étaient longues à la détente, avaient besoin de se construire avant d'exploser, protégées par le mur de terreur qu'étaient le souvenir de ses débordements émotionnels, bloquant toutes ses passions.

Mais Wu Fei lui donnait envie de faire des choses étranges.

Comme lui sauter dessus et le plaquer au sol. Et voir en combien de temps il pouvait lui faire perdre son sang-froid. Pas longtemps probablement ; Wu Fei, lui, était du genre à s'enflammer. Le problème était que Quatre n'avait pas envie que sa passion soit de la fureur et non du désir.

– Assieds-toi par terre, dit Wu Fei.

Quatre ne posa pas de question, trop fatigué pour faire le difficile et amusé par le ton autoritaire de son ami. Il pouvait bien lui accorder cette satisfaction…

Il sursauta presque lorsque Wu Fei s'assit derrière lui, les jambes de chaque côté de ses hanches et se mit à lui retirer la chemise déjà à moitié défaite.

– Wu Fei… ?

Il sentit les mains de son ami, recouverte d'une matière glissante, se poser sur ses épaules nues ; il frissonna et grimaça en même temps lorsque Wu Fei appuya.

– Ça ira mieux après ça, détends-toi.

Quatre ferma les yeux avec un rire intérieur légèrement ironique. Wu Fei était assis juste derrière lui, cuisses contre les siennes, souffle sur sa nuque, mains sur ses épaules, et il lui demandait de se détendre ?

Nerveux et contrôlé, Quatre attendit que Wu Fei commence à le masser, mais ce dernier ne fit plus un seul geste et le blond finit par tourner la tête, intrigué. Le Chinois avait le regard posé sur un point précis en haut de son épaule, le visage fermé.

Quatre se glaça et chercha à s'écarta mais la prise de Wu Fei sur son épaule se raffermit.

− Wu Fei…

− Tu as encore les cicatrices.

− Wu Fei, ce n'est rien. Ce ne sont pas les seules, j'ai eu mon compte pendant la guerre, comme tout le monde.

− Ce n'est pas la même chose. Ça, ça n'aurait jamais dû arriver !

Quatre eut un faible sourire.

− Les risques du métier, dit-il. Personne ne pouvait savoir qu'il y aurait un attentat.

− Nous aurions dû, c'est le travail des Preventers d'éviter ce genre de choses ! Tu n'aurais jamais dû être blessé ce jour-là !

− Je suis vivant, Wu Fei.

− De justesse. Sally aurait été en retard de quelques minutes…

Quatre soupira.

− On ne va pas encore revenir là-dessus, je suis vivant et le conflit a été résorbé, la paix sauvegardée et je m'en suis toujours sorti sans une égratignure ensuite, grâce aux Preventers, grâce à toi. Vous faites de votre mieux pour préserver l'entente de la Terre et des Colonies, on ne peut pas non plus espérer des miracles.

Wu Fei secoua la tête, une colère dans les yeux qui surprenait vraiment Quatre.

− Tu ne comprends pas, marmonna le Chinois.

− Tu te bloques encore sur le passé, dit Quatre, secouant à son tour la tête. Arrête de penser à ce qui ne peut pas être changé ! Tu es encore plus tendu que moi, maintenant. Et mon massage, alors ?

Wu Fei haussa un sourcil et sourit légèrement. Quatre eut un soupir de soulagement intérieur. Il avait réussi à détourner le sujet.

− Tu es trop gâté, Quatre Raberba Winner.

− C'est toi qui me proposes un massage et ne va pas jusqu'au bout ! Je te croyais homme de parole, je suis déçu, là !

− Fini de râler ? Remets-toi dans la bonne position.

− Comme si c'était moi qui râlait le plus, ici, répliqua le blond en s'exécutant, satisfait.

Mais de nouveau, les mains de Wu Fei sur sa peau nue le mirent un peu mal à l'aise, trop conscient d'une situation qui lui donnait très envie d'en profiter. Mais il fit de son mieux pour se calmer, pour ne pas penser qu'il serait si facile de se révéler maintenant, de tenter sa chance.

Wu Fei était doué et Quatre vraiment fatigué. Pour faciliter le travail du Chinois et se protéger de ses envies, il prit le risque de se mettre à l'abris dans son monde empathique. Il était trop loin physiquement de ses connexions pour ressentir leurs émotions s'il ne se concentrait pas précisément sur elles. Seul Heero était une présence constante, mais trop discrète pour être gênante, et il n'avait pas réparé son lien avec Wu Fei. Il y était en sécurité, comme entouré d'une couverture chaude, protectrice.

Son corps se détendait lentement et, l'esprit au repos, Quatre oublia où il était.

Il se laissa tomber doucement en arrière, revenant à la réalité lorsqu'il rencontra un obstacle. Quatre rouvrit les yeux et réalisa qu'il était appuyé contre Wu Fei. Il croisa le regard de Wu Fei, un regard presque aussi sécurisant que son monde empathique ou que les bras de Trowa. D'ailleurs ceux de Wu Fei étaient retombés de ses épaules, l'entourant d'une étreinte lâche. Est-ce que ça comptait ? Est-ce que Wu Fei le tenait dans ses bras ?

Les lèvres pâles étaient si proches. Il suffisait qu'il se redresse. Et Wu Fei le regardait comme si c'était ce qu'il attendait. Alors peut-être…

– Tu devrais aller te coucher, maintenant, dit le Chinois, brisant l'instant et réveillant complètement Quatre.

Il s'écarta de Wu Fei presque un peu trop vite pour ne pas être suspect, soudain paniqué. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Qu'est-ce qui lui avait pris et est-ce que Wu Fei s'en était rendu compte ?

Le Chinois avait l'air un peu tendu et Quatre se maudit d'avoir laissé son lien avec lui à l'abandon, qu'est-ce qu'il aurait voulu s'assurer que Wu Fei n'avait pas compris, ne le rejetait pas à cet instant…

Quatre sourit faiblement, souhaita bonne nuit à son ami et alla se réfugier dans sa chambre.

Wu Fei regarda Quatre disparaître derrière la porte de sa chambre et se leva lentement. Il avait le cœur qui battait un peu trop fort, l'esprit un peu trop dérouté.

Quelque chose venait de se passer, quelque chose venait de se passer entre Quatre et lui. Toucher Quatre avait été une idée risquée, mais il avait pris la décision de soulager le blond un maximum, de se comporter en ami autant qu'il le pouvait, et il avait l'intention de s'y conformer.

Mais Quatre avait eu l'air… Wu Fei sentit son visage brûler un peu et fit demi-tour pour aller dans sa chambre au cas où le blond ressortirait de la sienne et le surprenne en train de rougir comme une fille.

Mais Quatre avait eu l'air de vouloir l'embrasser. Le regard sur ses lèvres avait été troublant et Wu Fei lui-même avait été plus que tenté de traverser l'espace entre eux avant de paniquer complètement.

Wu Fei s'assit sur son lit. Quatre serait… attiré par lui ? La soudaine possibilité de quelque chose avec Quatre le troublait bien plus qu'il ne l'aurait imaginé, il avait envie de se lever et d'aller demander au blond ce qu'il s'était passé entre eux exactement, discuter, ne pas être dans cette incertitude. Mais il ne fallait pas qu'il soit impulsif ; et s'il s'était trompé ? Et si ça n'avait rien été du tout que le fruit de son imagination ? Quatre était fatigué, il avait été clairement sur le point de s'endormir, il aurait pu aussi tout simplement se tromper, s'imaginer contre quelqu'un d'autre.

Trowa Barton, par exemple. Il en revenait toujours à Barton, mais c'était dur de ne pas le faire, de ne pas se poser de question. La relation de Barton et Quatre plongeait Wu Fei dans des abîmes de perplexité et, s'il était honnête, de jalousie. Pendant la guerre, même si rien n'avait été dit officiellement – après tout, ce n'était pas les affaires des autres – le blond et le châtain étaient très clairement proches l'un de l'autre, sans que Wu Fei ne sache quelle proximité exactement et il ne s'en souciait pas vraiment à l'époque.

Plus tard, avec la naissance de son… intérêt pour Quatre, il les avait observés sans jamais vraiment être sûr et n'avait jamais osé poser la question. Les deux jeunes hommes vivaient loin l'un de l'autre, trop loin pour qu'une relation amoureuse soit vraiment possible, ils ne se voyaient pas assez. Mais leur attachement l'un à l'autre était si évident qu'il y avait de quoi être perturbé.

Et Maxwell, toujours prompt à la plaisanterie sur ce type de sujet, n'avait jamais fait allusion à leur relation d'une manière ou d'une autre. Wu Fei aurait peut-être mieux fait de directement poser la question… A Yuy, par exemple, qui lui aurait donné la réponse sans faire de difficulté. Mais le brun verrait probablement beaucoup plus que Wu Fei ne le voulait, même s'il garderait le silence. Yuy et Maxwell, encore un couple qui le perturbait, il n'aurait jamais pensé que ces deux-là pouvaient être compatibles, ce qui montrait encore qu'il ne connaissait décidément pas bien ses anciens coéquipiers…

Mais ce n'était pas le sujet, et il ne savait toujours pas quoi faire par rapport à Quatre.

S'il y avait vraiment la possibilité de quelque chose entre eux, et même s'il ignorait la donnée Barton, les raisons de ses hésitations étaient toujours là, sa responsabilité face à son clan toujours la même. Mais s'il était sûr… sûr de Quatre, de ses sentiments… Wu Fei s'avouait sans honte que son clan passerait après.

Il n'avait pas de réelles obligations envers eux, après tout, les traditions ancestrales étaient presque toutes mortes avec les maîtres du clan, et il ne restait plus assez de membres pour les garder. C'était dur à accepter mais le Clan du Dragon était condamné à disparaître complètement … Même en tant que dernier héritier, Wu Fei ne pouvait rien faire et en était honteusement soulagé. Il n'avait jamais voulu être à la tête du clan, ses fiançailles avec Nataku avaient détruit ses rêves de tranquillité. Mais aujourd'hui le clan ne pouvait en principe plus rien lui demander. Plus que le clan, c'était son propre sentiment d'honneur et de responsabilité mal placés qu'il avait à combattre. Une culpabilité sans vraiment de fondement, née d'une éducation stricte.

Mal à l'aise, Wu Fei se passa une main dans les cheveux, défit sa queue de cheval. De toute façon, il s'avançait trop, rien ne lui disait encore que ses espoirs étaient fondés. Se torturer sur ses obligations ou non ne servait à rien pour le moment. Une fois que sa mission serait terminée, alors peut-être…

Il ferma les yeux et se mit dans la position du lotus. Il ne s'endormirait pas dans l'état dans lequel il était maintenant, et s'il voulait tenter d'oublier le regard que Quatre lui avait lancé plus tôt, un peu de méditation allait lui être nécessaire…

ooo

Quatre coupa l'eau et inspira profondément. Son coup de panique se calmait enfin, la douche lui avait fait du bien, mais il avait pris sa décision, il fallait qu'il rétablisse son lien empathique avec Wu Fei. Il ne pouvait plus supporter cette ignorance… Quatre eut un instant d'irritation envers lui-même, il s'était pourtant juré de ne jamais être dépendant de son don. Il se sécha, enfila un caleçon et un tee-shirt avant d'aller s'allonger sur son lit.

Pour la deuxième fois ce soir-là, il entra dans son monde empathique. Après un petit tour général, il se concentra sur son lien avec Wu Fei. Il eut une vraie grimace quant à l'état du lien, ça n'avait rien à voir avec ce qu'il avait eu à faire auprès des autres. Avec un soupir, il se mit au travail, réparant consciencieusement le lien avant de chercher à pénétrer dans l'esprit de Wu Fei pour le connecter.

Et il se retrouva dans un vide total qui chercha à l'absorber immédiatement. Pris de panique, Quatre repartit immédiatement, ne prenant pas le temps de connecter le lien. Ça n'aurait servi à rien de toute façon, il n'y avait rien à quoi s'accrocher.

De nouveau dans le monde physique, le cœur battant, Quatre eut un petit rire vaguement hystérique. Il avait eu vraiment peur, sur ce coup-là, se perdre dans l'esprit de Wu Fei n'aurait pas été drôle du tout ! Mais c'était de sa faute, il avait oublié de vérifier que la voix était libre.

Mais franchement, que Wu Fei décide de se mettre à méditer juste au moment où Quatre cherchait à les reconnecter ?

Quatre posa le bras sur ses yeux. Il y avait de quoi se demander si son attirance pour Wu Fei n'avait pas pour base la manie du Chinois à le provoquer, consciemment et inconsciemment ! Il avait vraiment l'art et la manière de déstabiliser Quatre à volonté…

Le blond se redressa, morose, et s'appuya contre la tête de son lit. La tentation de passer un coup de téléphone à Trowa était forte, juste pour entendre sa voix calme et apaisante, mais Quatre n'avait pas l'intention de faire l'enfant une nouvelle fois.

Il se leva pour aller chercher quelques uns de ses dossiers. Sa fatigue avait disparu pour le moment, il se sentait fébrile. Autant qu'il travaille un peu, qu'il fasse quelque chose d'utile… Parti comme il était, il était bon pour une nuit blanche.

ooo

Duo s'appuya contre l'encadrement de la porte en silence. Heero, assis devant son ordinateur et tapant furieusement, ne parut pas se rendre compte de sa présence. Avec un soupir intérieur, le châtain s'approcha et passa les bras autour des épaules de son amant. Heero ne sursauta pas, l'ayant probablement entendu arriver.

− Qu'est-ce que tu es encore en train de faire ? murmura Duo.

Le souffle de ses paroles chatouillèrent l'oreille de Heero qui frissonna.

− J'envoie un email à Wu Fei, répondit-il.

− Du nouveau ?

− Suractivité dans son secteur. Il se peut qu'un nouvel attentat se prépare.

− Quatre Raberba Winner, cible professionnelle, fit Duo en secouant la tête.

Heero envoya le message et Duo lui déposa un long baiser sur la nuque.

− Il est plus de trois heures du matin, Heero. Viens te recoucher, ta place est froide et ça commence à s'étendre au reste du lit…

− C'est censé m'encourager ? interrogea Heero avec un pointe de sarcasme dans la voix.

Il sentit les lèvres de Duo sourire contre sa peau et une main se glissa sous son tee-shirt. Heero ferma les yeux, laissant un soupir d'anticipation lui échapper.

− On va s'occuper de le réchauffer, promit Duo.

Heero éteignit l'ordinateur rapidement et se laissa entraîner par le châtain. Wu Fei recevait l'email demain matin, il n'y avait pas grand-chose que Heero pouvait faire de plus. Duo le plaqua doucement contre la porte et se mit à l'embrasser avec sensualité, et Heero se laissa envahir, oubliant tout ce qui n'était pas son amant.

(à suivre)

Shakes, perplexe : Va falloir qu'on m'explique pourquoi en onze pages, il ne se passe une fois de plus rien ! Je pensais que cette fois c'était bon grommelle Le chapitre a été dur à boucler, y'a eu "Octobre à la fenêtre" entre temps et Quatre refuse d'être coopératif depuis.

Quatre : oregard noir, tourne le dos o

Shakes : Voyez c'que j'veux dire ? Quant à la scène finale… hem. Heero est mignon tout plein en ce moment et Duo se sentait négligé, ces derniers temps. J'envisage de créer un club des ficeurs tyrannisés.