Précieux

Scribouilleuse : Shakes Kinder Pinguy
Couples : 4+5+4 (et 2x1x2)
Genre : Bodyguard ;p
Rating : PG
Disclaimer : D'façon, maint'nant j'en veux plus. XD C'est plus l'même blond et l'même brun qui m'intéressent…

Note : This is the end, my friends… (avec l'accent écossais, s'il vous plaît). Moins long que je l'aurais cru, mais j'ai changé de fandom en cours de route, et je suis déjà bien heureuse d'avoir réussi à finir... Merci à Meanne pour la bêta sans pitié. XD

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Chapitre quatre

Wu Fei posa un thé à côté de Quatre qui le remercia d'une voix distraite, griffonnant d'une écriture illisible sur un petit paquet de feuilles imprimées. Il le regarda faire pendant quelques minutes avant de le lui retirer sans se soucier du petit cri indigné qui en résulta.

− Mon dossier ! protesta Quatre.

− Ton thé, indiqua Wu Fei.

Le blond regarda sa tasse comme s'il la voyait pour la première fois.

− Oh. Euh, merci. Tu peux me redonner mon dossier, maintenant ?

− Quand tu auras bu ton thé.

− Wu Fei…

− Winner, rétorqua le Chinois, je sais que tu t'es couché il y a à peine cinq heures. A cause de ce dossier.

Quatre marmonna quelque chose d'incompréhensible avant de prendre sa tasse et de boire une gorgée de thé, se brûlant au passage.

− Tu es sûr que Merendo ne te paye pas pour m'empêcher de travailler ? se plaignit-il.

Wu Fei haussa un sourcil avant de demander :

− Pourquoi est-ce que tu te fatigues inutilement comme ça ?

− Ce n'est pas inutile ! L1 ne va pas tarder à faire sa proposition budgétaire pour l'apport de technologie spatio-aquatique et…

Wu Fei écouta Quatre s'enthousiasmer en buvant son thé, amusé. Trois jours à peine que le projet avait été proposé, le blond vivait et respirait par lui, oubliant presque au passage les élections qui approchaient.

C'était agréable de le voir aussi heureux. Malgré les cernes sous ses yeux, il était clair que le blond se passionnait vraiment pour le sujet.

− … et la création de stages techniques au sein de la Winner Corp., en collaboration avec L3 et L2, ça va permettre de créer des emplois et… tu te moques de moi, accusa Quatre.

− Absolument pas, rétorqua Wu Fei.

− Tu souris.

− Et je me moque forcément de toi ?

Quatre le regarda d'un air soupçonneux mais n'insista pas, buvant un peu de son thé avant de s'étirer.

− Dans deux semaines, ce sont les élections, dit-il soudain.

− Ce n'est pas fini pour toi pour autant. Tu sais que le nouveau président te nommera de nouveau représentant…

− Je ne vais pas forcément accepter, répondit Quatre d'un ton sérieux.

− Tu as dit que tu resterais tant que Terra ne sera pas formée.

Quatre garda le silence et Wu Fei ajouta :

− Il ne reste que deux ans, et j'aurais plus confiance en ce projet si je sais que tu le protèges comme tu l'as fait jusqu'ici. Personne ne peut te remplacer.

− Flatteries, flatteries ! s'exclama Quatre d'un ton léger. Qu'est-ce qu'il se passe, Wu Fei, tu as une voiture blindée à me présenter ?

Wu Fei leva les yeux au ciel sans répondre et jeta un coup d'œil aux feuilles qu'il avait en face de lui.

− Tu me diras ce que tu en penses ? demanda Quatre.

− Si je peux t'aider…

− Tu es de bon conseil.

Wu Fei sourit intérieurement et déclara :

− Ah, je peux donc parler d'une voiture blindée que je…

− Wu Fei !

Le Chinois laissa son sourire apparaître et Quatre lui lança un faux regard noir avant de soupirer d'un air tragique.

– Je suis persécuté, affirma-t-il.

– Plains-toi à Yuy ou Barton, répliqua Wu Fei.

Quatre but dignement une gorgée de thé avant d'échanger un regard pétillant avec son ami. Et comme depuis ces trois derniers jours, l'atmosphère se chargea d'une tension que ni l'un ni l'autre ne voulait faire remarquer en premier et Quatre décida à regret d'y couper court.

Il finit son thé d'un coup et se leva.

– Je passe à la salle de bain, dit-il. Ce n'est pas la peine que je sois encore plus en retard que ce que tu m'obliges à l'être…

– Tu peux tout mettre sur mon dos si ça t'arrange de le penser, je connais le vérité ! répliqua Wu Fei.

Quatre agita la main pour lui signifier qu'il parlait dans le vide, lui lança un dernier sourire et il quitta la pièce.

C'était la première fois qu'il irait si tard au bureau depuis le tout début. Wu Fei avait insisté pour qu'il dorme un peu et Quatre n'avait pas trop protesté, en partie parce qu'il en avait besoin, en partie parce qu'il aimait bien que Wu Fei s'inquiète pour lui de cette façon-là. D'une façon personnelle, qui n'avait rien à voir avec ce qu'il représentait.

Ils entraient enfin dans la bonne période des élections pour Quatre, celle où il n'avait pas grand-chose à faire sauf urgence, à part répondre aux questions des journalistes sur ses pronostiques ; ce qui se résumait à sourire, à déclarer que l'on verrait, que seul le résultat du choix des Colons était important et que Quatre répondrait aux besoins du nouveau président du mieux qu'il pourrait.

Presque des vacances ; il pouvait se consacrer à travailler sur le projet de l'eau et à classer les dossiers importants pour le prochain mandat.

Et à flirter avec Wu Fei.

Il marchait sur des œufs, et il soupçonnait que c'était la même chose pour son ami, mais il fallait admettre que depuis l'"accident" trois jours plus tôt, leurs joutes verbales avaient pris une autre dimension. Quatre se sentait à la fois terrifié et fou de joie, porté par un espoir fragile. Il n'avait pas encore osé retenter de réparer son lien empathique avec Wu Fei, par peur de voir ses illusions s'effondrer, et aussi un peu par orgueil et prudence. C'était trop facile de se reposer sur l'empathie, et souvent trompeur. Quiconque regarderait son lien avec Heero ou avec Trowa l'interpréterait sûrement de façon déplacée.

De même, la personne qui prenait tant de place dans le cœur de Wu Fei pouvait ne pas être la menace que Quatre craignait mais… il n'y avait qu'une façon de le découvrir. C'était peut-être encore un peu tôt pour provoquer une confrontation directe avec Wu Fei, et malvenu.

Il attendrait que ce dernier ne soit plus professionnellement lié à lui avant de se lancer.

Et il se lancerait. Parce que lorsque Wu Fei laissait son uniforme de Preventers au bureau, au propre comme au figuré, c'était si facile, si agréable de vivre avec lui… Ils discutaient tout le temps de choses et d'autres, Quatre pouvait sans problème demander son avis au Chinois sur un dossier particulier et ce dernier avait toujours quelque chose d'intéressant, de pertinent à dire. C'était agréable, trop agréable, d'avoir Wu Fei à ses côtés et Quatre avait un peu peur de s'habituer trop vite. Son appartement serait bien vide quand le Chinois serait parti…

C'était pour ça qu'il fallait qu'il tente sa chance. Pour ne pas regretter tout ça… ne pas se dire "et si j'avais…".

Trowa serait tellement fier de lui.

Amusé par cette pensée, Quatre sourit et commença à se déshabiller.

¤¤¤

Heero appela Wu Fei peu avant le déjeuner.

– Duo et moi partons en reconnaissance, déclara-t-il.

– Officiellement ? demanda Wu Fei.

A l'écran, le métis hocha la tête.

– Lady Une devrait t'envoyer notre ordre de mission officiel dans peu de temps. Trowa nous suivra de loin pour nous couvrir au cas où. En dehors d'elle il n'y a que nous quatre qui sommes au courant.

Pour quelqu'un qui n'était pas réputé pour afficher ses émotions, Yuy savait se faire comprendre quand il le désirait. Son visage était resté neutre, mais le subtil reproche qu'il y avait dans sa voix était clair. Que Quatre reste dans le noir ne lui plaisait apparemment pas.

N'ayant pas envie de se lancer dans cette discussion-là avec Heero, Wu Fei décida qu'il était plus sage de faire comme s'il n'avait pas compris.

­– Très bien, dit-il.

– Fais attention, ajouta Heero à la surprise de Wu Fei. C'est plus compliqué qu'on ne le pensait. Veille sur Quatre.

Wu Fei se serait indigné qu'on ressente le besoin de lui recommander une chose pareille si ça n'avait pas été Heero Yuy. Si ce dernier éprouvait la nécessité de le lui dire, c'était que Quatre était vraiment en danger, plus encore qu'il ne l'imaginait.

Il acquiesça sérieusement et Yuy, après un bref signe de tête, raccrocha. Wu Fei resta un instant sans bouger, à froncer les sourcils. Il allait falloir renforcer les équipes, en mettre une en permanence autour de l'immeuble de l'appartement de Quatre, resserrer les contrôles…

Si seulement Quatre acceptait d'intégrer son domicile officiel et de se laisser suivre par une escorte… Mais autant essayer de convaincre le soleil de tourner autour de la Terre.

– Wu Fei ?

Il sursauta, brutalement tiré de ses réflexions. Quatre avait passé la tête par l'entrebâillement de la porte et le regardait avec curiosité.

– J'ai frappé, mais tu ne répondais pas, dit-il. Je venais te chercher pour déjeuner… Il s'est passé quelque chose ?

Wu Fei le dévisagea. Il pourrait parler, maintenant, expliquer à Quatre ce qu'il se passait. Mais qu'est-ce que cela changerait ? Quatre n'accepterait pas pour autant la protection que Wu Fei voulait lui imposer, mais apprendre que Merendo finançait peut-être les attentats ne ferait que le stresser… et il avait été de tellement bonne humeur, ces trois derniers jours…

– Juste un appel des Preventers, dit-il. Encore un rapport…

Ce n'était pas un mensonge. Il ne précisait pas, c'était tout. Quatre sourit.

– Tu travailles encore plus que moi, plaisanta-t-il. Allez, pause déjeuner ! On descend ?

Wu Fei avait plein de bonnes raisons pour refuser. La sécurité de Quatre. Son envie croissante de discuter de ce qu'il y avait entre eux, quoique ce soit… Mais…

– J'arrive, dit-il.

Il serait temps, après leur déjeuner, de renforcer la sécurité de Quatre et de lui faire perdre sa bonne humeur.

¤¤¤

Lorsque, quelques jours plus tard, la sonnerie caractéristique d'un appel sur la ligne sécurisée retentit,Wu Fei décrocha rapidement, craignant l'urgence. Ça faisait déjà un certain temps qu'il n'avait pas eu de nouvelles de Barton, et le châtain ne laissait jamais passer plus de quarante huit heures sans faire un rapport, si court soit-il.

– Chang, fit-il.

– C'est Trowa, fit la voix calme de son contact. Il y a un problème.

– Grave ?

– Je ne sais pas. Heero et Duo ne m'ont pas contacté depuis plus de trois jours.

Wu Fei fronça les sourcils. Venant de Maxwell, à la limite… Venant de Yuy, c'était plus inquiétant.

– Ils sont censés être sur L1, dit Trowa, du moins c'était là qu'ils se rendaient la dernière fois que je leur ai parlé.

– Je devrais peut-être faire évacuer Winner vers L4, pensa Wu Fei à voix haute.

– Peut-être pas immédiatement, mais c'est envisageable, acquiesça Trowa. Quatre n'a pas eu l'air d'avoir des nouvelles de Heero ?

Wu Fei secoua la tête. Quatre l'aurait dit…

– C'est une bonne chose, dit Trowa. Mais il faudrait le prévenir, maintenant.

Wu Fei acquiesça avec résignation.

Dans cette situation, ils avaient besoin de Quatre. Besoin que Quatre sache de quoi il retournait et puisse leur dire si Yuy et Maxwell étaient toujours… opérationnels. Wu Fei ne doutait pas vraiment de l'immortalité des deux ex-pilotes, mais on ne savait jamais.

– Je vais le briefer, dit-il.

– Et moi je vous rejoins. Je suis déjà en route, je devrais être là dans quelques heures.

Wu Fei raccrocha, sentant son agitation et son stress revenir en force. Le calme ne pouvait pas durer longtemps, de toute façon…

Quatre était seul dans son bureau. Sa bonne humeur avait persisté ces derniers jours mais Wu Fei craignait qu'une fois qu'ils auraient parlé, ça ne durerait pas. Le blond leva les yeux de ses papiers lorsqu'il s'approcha ; un sourire lui étira les lèvres, mais il le perdit rapidement.

– Wu Fei ? Que se passe-t-il ? demanda-t-il en se levant.

– On a perdu Yuy et Maxwell.

– Pardon ? fit Quatre avec stupéfaction.

– Il y a pas mal de choses que je ne t'ai pas dites, admit Wu Fei.

Quatre le regarda un instant sans rien dire avant de déclarer simplement :

– Je m'en doute. Je t'écoute.

– Merendo serait derrière les attaques dirigées contre toi. Il veut probablement les mettre sur le dos des Colons pour handicaper le projet Terra.

Il fit une pause, mais Quatre garda un silence inquiétant ; Wu Fei attendit l'explosion, mais elle ne vint pas. Le blond avait les lèvres serrées.

– Yuy et Maxwell se sont portés volontaires pour l'enquête, ajouta alors le Chinois, cherchant avec une pointe de culpabilité à changer la fureur froide en inquiétude.

Quatre n'était pas dupe pour autant.

– Une chose à la fois, Wu Fei, dit-il. Merendo, un terroriste ? Je suppose qu'on ne m'en a pas parlé parce que… ?

– Tu avais d'autres choses auxquelles penser à ce moment-là.

– Apprendre qu'un chef de parti politique est un terroriste est peut-être sur la liste des choses que j'aimerais savoir.

Wu Fei avait su que ce ne serait pas facile, mais c'était tout de même fatigant d'en revenir toujours aux mêmes sujets de discussion.

– Winner…

– Nous allons de nouveau nous disputer sur ce sujet, Wu Fei, prévint Quatre avec un calme toujours aussi inquiétant. Il va falloir qu'on détermine de manière précise la limite entre ce que je veux savoir et ce que tu refuses de me dire. Que crois-tu que j'aurais fait ? Accusé Merendo en public ?

– Puisque tu ne peux rien faire, à quoi te sert-il de savoir et de t'inquiéter pour rien ?

– Pour rien ? Tu viens de me dire que Heero et Duo sont portés disparus !

– C'est un tout autre problème.

– Comment tu…

Le téléphone portable de Quatre sonna, coupant court à sa réplique.

– Duo, souffla-t-il.

-

Quatre décrocha précipitamment. Il savait au fond de lui que Heero et Duo allaient bien, il aurait de toute façon ressenti immédiatement si quoique ce soit était arrivé à Heero – et par conséquent à Duo – mais il préférait s'accrocher à son inquiétude qu'à la colère et à la déception que Wu Fei venait de provoquer chez lui.

– Duo ! Où es-tu ?

Content de t'entendre aussi, Quat ! lança Duo d'un ton enjoué. Regarde par la fenêtre !

Quatre se leva rapidement, regard instinctivement tourné vers le bas.

Nan, nan, j'suis en face !

Quatre releva les yeux. A la fenêtre de l'immeuble d'en face, la silhouette de Duo agitait joyeusement la main.

– Maxwell ? s'étouffa Wu Fei. Qu'est-ce qu'il fiche ici ?

– Qu'est-ce que tu fais là, Duo ?

C'est comme ça qu'on remercie son sauveur ? Tu sais que t'es une cible magnifique, de là où je suis ?

– Un tireur ? fit Quatre, pâle.

– QUOI ?

Wu Fei devint à son tour blanc comme un linge.

– Il y a des Preventers qui sont censés s'occuper de ces fenêtres ! rugit-il.

Eh ben tu pourras dire à Fei que ses Preventers sont par terre, commenta Duo. Ils se sont proprement fait surprendre par derrière. Va falloir reprendre leur entraînement !

– Duo, est-ce que tout va bien ? insista Quatre.

J'ai pas une égratignure ! répondit-il joyeusement. Mais tu devrais faire évacuer l'immeuble, et les deux d'à côté aussi. Heero est en train de désamorcer une bombe au sous-sol.

– Il y a une bombe au sous-sol, répéta Quatre, sous le choc. Et tu ne pouvais pas commencer par ça ?

Wu Fei lança une série d'interjections en chinois et lui arracha le portable des mains.

– Maxwell ! Tu ramènes tes fesses immédiatement et tu aides à l'évacuation ! Et tu as intérêt à me faire un rapport détaillé ensuite ! Toi, pas Yuy, compris ?

T'es trop cruel, Fei… J'arrive, j'arrive… Aucune reconnaissance, franchement…

– Wu Fei…

Le Chinois tourna la tête vers Quatre. La fureur qu'il y avait dans son regard dépassait même ce

que Quatre avait ressenti peu avant.

– Il sera décidément dit que nous ne sommes pas capables de te protéger, déclara Wu Fei, la voix tremblante de rage. Je comprends mieux pourquoi tu insistes pour arrêter la politique !

– Ne sois pas ridicule !

Wu Fei serra les lèvres.

– Il faut évacuer l'immeuble, dit Quatre. Passe l'annonce, il vaut mieux que ce soit le chef de la

sécurité qui prévienne. Je…

– Je passe l'annonce et je t'amène dehors, déclara Wu Fei.

Quatre prit un air exaspéré mais décida que ce n'était pas le moment de protester.

L'évacuation se passa dans un minimum de panique. L'équipe que Wu Fei avait mise en place était préparée à cette éventualité, mais ça ne sembla pas calmer le Chinois. Wu Fei avait l'air prêt à commettre un meurtre, ce qui ne s'arrangea pas lorsque des journalistes apparurent de nulle part.

– Comme si on avait besoin de ça ! gronda-t-il. Winner, tu restes avec moi. Où est Maxwell ?

– Il ne devrait pas tarder, dit Quatre qui serait de toute façon resté avec Wu Fei pour l'empêcher de frapper la première pauvre âme qui aurait le malheur de lui poser des questions.

– Il est là, répliqua la voix de Duo.

Le châtain surgit à leurs côtés, grand sourire aux lèvres mais la tension dans ses épaules ne trompait personne. Ça n'avait pas été aussi facile qu'il voulait bien le prétendre et ses vêtements noirs n'arrivaient pas à dissimuler tout à fait des taches un peu plus sombres. Les yeux de Wu Fei se rétrécirent. Duo avait dit qu'il n'avait pas une égratignure, ce qui signifiait que ce n'était pas son sang à lui.

– J'te les ai laissés en vie, commenta le châtain sans se troubler.

Quatre grimaça intérieurement. Ça ne voulait pas dire qu'ils étaient encore en « bon état ».

– L'immeuble est complètement vide, le périmètre sécurisé, où en est Yuy ?

– Il terminait d'arrêter la bombe la dernière fois que je l'ai eu…

Duo brancha son écouteur.

– Hee-chan, t'en es où ? … Hee-chan ?

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Quatre.

– Heero ? Réponds, idiot… Heero !

Le visage de Duo se crispa un court instant avant de se détendre lorsque le brun lui répondit enfin.

– Qu'est-ce que tu fichais ? ... Oui, oui, tout le monde est évacué, pourquoi ? … Hein ?

– Duo, qu'est-ce qu'il se passe ? insista Quatre.

– Il y avait des rats au sous-sol et… Quoi ? Heero, arrête de décon…

Explosion. Quatre n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, Wu Fei l'avait plaqué à terre, puis il fut submergé – par les cris, le bruit en décalé des fenêtres qui se brisaient, et Heero en lui qui l'étouffait presque, la détermination tranquille, le désir de protéger, d'une intensité égale à… la douleur physique, et puis soudain, plus rien, une disparition totale, un vide qui lui coupa le souffle et lui donna la nausée, et le cri, le hurlement de bête non loin de lui : « HEERO ! »

Et Quatre perdit connaissance.

¤¤¤

Lorsqu'il commença à reprendre connaissance, il s'arrêta dans son monde empathique, aux portes de ses connexions. Ça faisait mal, mais il se tendit vers Heero parce que c'était de là que venait la douleur, là qu'il y avait quelque chose à réparer. Mais, désemparé, il se retrouva face au vide, à une connexion encore existante mais sans personne à l'autre bout alors que Heero avait presque toujours été là, une présence constante au creux de lui à laquelle il s'était habitué.

Et si près qu'elle en était presque emmêlée à celle de Heero, Duo, comme une masse noire et malsaine prête à exploser. Avec détresse, il chercha à l'atteindre, à offrir un peu de réconfort, juste un peu, mais Duo ne sentait rien, trop enveloppé dans son chagrin.

Et puis une chaleur attira son attention, l'appela doucement et il se laissa guider, reprit complètement connaissance. Il ouvrit les yeux lentement, tourna la tête instinctivement vers la source de chaleur émotionnelle. Trowa était assis à ses côté et lui sourit lorsque leur regard se croisa. Le châtain lui posa une main sur le front, lui laissant le temps de se reconnecter totalement au monde physique.

– Ta fièvre est tombée, dit-il à voix basse. Tu nous as fait peur, Quatre.

Quatre cligna des yeux.

– Nous sommes à l'hôpital des Preventers, continua Trowa. Sally nous a rejoint. Heero est dans le coma et Duo est auprès de lui. Il n'y a pas eu d'autre victime.

Quatre referma les yeux, une boule dans la gorge mais encore incapable de s'exprimer. La présence de Trowa lui faisait du bien et il se rendormit.

¤¤¤

Wu Fei était assis à l'extérieur de la chambre de Heero, fixant son gobelet de café. Il était entré, à peine quelques minutes, juste le temps de voir le corps allongé et traversé de perfusions, le visage étrangement paisible du brun – pas de douleur, pas de crispation, comme si les multiples bandages ne dissimulaient pas des points de sutures à peine suffisants pour l'empêcher de se vider de son sang.

Juste le temps d'affronter la vision de Maxwell à genoux devant le lit depuis que Yuy y avait été déposé, tenant l'une de ses mains entre les siennes comme en prière, et son regard fixé, bloqué sur le visage de Heero, les paupières qui ne clignaient pas ou presque.

Wu Fei ferma les yeux un court instant, puis la voix de Barton brisa le silence :

– Quatre s'est réveillé quelques temps.

– … Il va bien ?

Le grand châtain hocha la tête et Wu Fei constata qu'il portait deux sandwiches et deux bouteilles d'eau.

– Pour Duo, expliqua-t-il seulement.

Wu Fei doutait que Maxwell mange ou boive quoique ce soit mais Barton ouvrit la porte de la chambre et se dirigea vers l'autre châtain, lui toucha l'épaule.

– Heero ne s'est pas encore réveillé, dit Maxwell d'une voix rauque, sans détourner le regard.

– Mmmh, fit Barton en débouchant une des bouteilles d'eau, puis en défaisant le plastique d'un des sandwiches. C'est pas pour lui, c'est pour toi.

Il posa la main sur l'un des poignets de Duo.

– Tu peux le lâcher d'une main si tu le tiens de l'autre.

Maxwell sembla hésiter, mais finit par s'exécuter, et Barton lui mit la bouteille d'eau dans la main.

– Tu bois, dit-il. Et après tu manges. La bouteille là et le sandwich à côté, c'est pour Heero à son réveil. N'oublie pas de lui donner.

Maxwell hocha la tête et but docilement avant de prendre un bout du sandwich pour le mâcher lentement, sans quitter Yuy du regard. Wu Fei resta dans l'embrasure de la porte, regardant la scène avec un sentiment mitigé. Puis Trowa, satisfait, finit par le rejoindre.

– Tu lui mens, dit Wu Fei.

– Pas vraiment. Heero n'est pas mort.

– Mais s'il ne se réveille jamais ?

– Tant que Duo croit qu'il se réveillera, ça va. Sinon…

Le regard de Trowa s'assombrit légèrement et Wu Fei ne dit rien, se demandant juste lequel d'entre eux abattrait Maxwell s'il le fallait.

– Tu devrais aller voir Quatre, dit soudain Barton. Ça lui ferait plaisir de te sentir près de lui.

Et sans un mot de plus, il s'éloigna. Wu Fei referma la porte de la chambre.

Il savait que sa culpabilité était déplacée, mais il n'était pas sûr de pouvoir davantage affronter le regard de Quatre que celui de Maxwell. Mais ses pas le guidèrent presque inconsciemment à quelques portes de là.

Quatre était pâle, plus que Yuy, étrangement. Wu Fei alla s'asseoir sur la chaise près du lit, incapable de détourner le regard, peut-être par masochisme. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait Quatre allongé et pâle sur un lit d'hôpital. Il y avait eu plus de bandages la dernière fois, plus d'angoisse aussi. Mais cette fois, il ne s'agissait pas de blessure physique, mais émotionnelle, « empathique ». Quatre se réveillerait quand il aurait récupéré, sans conséquence, sans cicatrice visible.

Wu Fei se demandait comment il pourrait le regarder dans les yeux à cet instant, lui dire encore « laisse-moi te protéger », alors que Heero était blessé, presque mort, parce que lui n'avait pas fait son travail. Encore une fois quelqu'un d'autre s'était battu à sa place, s'était sacrifié à sa place. S'il était capable de laisser un ami se faire tuer sous ses yeux, comment pouvait-il prétendre à protéger qui que ce soit ?

Ce n'était pas à Heero d'être allongé sur ce lit. Pas plus que Duo ou Quatre n'aurait dû avoir à souffrir de son incompétence, cette incapacité chronique à protéger les personnes auxquelles il tenait le plus.

Wu Fei, la gorge serrée, tendit la main vers Quatre, effleura son visage. Il n'y eut pas de réaction mais Wu Fei resta là, à le regarder, tant qu'il avait les yeux fermés.

¤¤¤

Quatre se réveilla en sursaut, nauséeux, sur les nerfs. Il faisait nuit, il était seul, mais il le remarqua à peine. L'agitation en lui était trop forte.

Il fallait qu'il trouve Duo.

Il n'eut pas besoin de chercher longtemps, les éclats de voix qui s'échappaient d'une chambre quelques portes plus loin le guidèrent. Sally était devant la porte, main à la bouche comme pour se ronger les ongles, et écarquilla les yeux en le voyant.

– Quatre, qu'est-ce que tu fais là ? Retourne te coucher, tu…

– Il faut que je parle à Duo.

La voix de Trowa s'éleva de la chambre, implacable.

– Tu ne sortiras pas d'ici tant que tu ne seras pas calmé.

– Tu m'empêcheras pas d'aller où j'veux ! cracha Duo.

– Sois raisonnable, Maxwell, tenta Wu Fei. Qu'est-ce que ça va changer ?

– Ils ont tué Heero !

– Tu le mets un peu vite au cimetière, répliqua Trowa. Ça fait à peine deux jours qu'il est dans le coma, la dernière fois il s'est réveillé au bout de trois mois.

– Je n'imaginais pas que tu étais du genre à abandonner si vite, ajouta Wu Fei.

Quatre entra dans la chambre.

– Je veux tous les tuer, gronda Duo.

– Et laisser Heero tout seul ? intervint Quatre.

Trowa ne dit rien mais Wu Fei eut un petit sursaut. Le regard rageur de Duo se posa sur Quatre.

– Le laisser seul ? Que je sois là ou pas, qu'est-ce que ça change ? Il s'en fout !

Le visage parfaitement calme, Quatre le gifla. Duo recula sous la surprise, mais se reprit immédiatement, et avec un grondement sourd, presque animal, sembla vouloir se jeter sur lui.

– Winner… !

Wu Fei voulut s'interposer mais Trowa le retint par le bras et le Chinois découvrit avec stupeur qu'il n'aurait pas eu besoin de protéger Quatre de toute façon : Duo s'était arrêté juste avant de le frapper. Les deux jeunes hommes se défiaient, yeux dans les yeux. Wu Fei retint son souffle, tendu.

Puis Duo recula dans un grand geste, se laissa tomber par terre, le visage caché dans les paumes des mains.

– J'veux pas qu'il me laisse, pas lui aussi, souffla-t-il, la voix cassée. T'avais tort, Quat, y m'aime pas, j'compte pas…

Quatre s'agenouilla près du châtain sans le toucher.

– Ne sois pas ridicule, Duo, bien sûr qu'il t'aime. Bien sûr que tu comptes pour lui.

– Il se serait pas fait sauter comme ça si c'était l'cas !

– Tu impliques qu'il n'avait pas le choix ? demanda Quatre.

– Y'avait sûrement un autre moyen ! Un moyen qui l'aurait pas tué !

– Heero n'est pas mort, Duo. Et il est solide. Il se réveillera.

– Comment tu peux en être si sûr ? Pourquoi il se réveillerait ?

– Pourquoi tu n'as pas confiance en lui comme ça ? Heero sait de quoi il est capable. Tu devrais le savoir aussi.

Duo secoua la tête mais sembla se calmer.

– S'il meurt j'me tue, dit-il d'un ton sans fioritures.

– Je sais.

– Mais d'abord je leur ferai bouffer leurs intestins.

Le sérieux mortel de sa phrase fit frissonner Wu Fei. Quatre ne dit rien, puis Duo tourna la tête vers Heero, lui prit la main pour la poser contre sa joue et ferma les yeux. Quatre se releva et fit signe à tout le monde de sortir, puis referma la porte derrière eux.

Sally lâcha un soupir de soulagement.

– J'ai cru qu'on aurait besoin de lui administrer un calmant. Bien joué, Quatre, dit-elle. Pfou, j'ai besoin d'un café !

– Je t'accompagne, acquiesça Trowa. Quatre, tu devrais aller te recoucher.

– Je vais bien, protesta le blond.

– Tu ne serais pas là si tu allais bien, répliqua Sally sévèrement. Tu as subi un choc, tu as besoin de récupérer, et nous sommes au milieu de la nuit.

– Je te le confie, Wu Fei, déclara tranquillement Trowa en poussant légèrement Quatre vers le Chinois.

L'idée de se retrouver seul face à Quatre paniqua Wu Fei. Il n'était pas prêt, il ne pouvait pas... Mais Trowa et Sally l'abandonnèrent en souhaitant bonne nuit au blond, et après un soupir, Quatre se tourna vers lui.

– Wu Fei… qu'est-ce qu'il s'est passé, exactement ?

Wu Fei envisagea de fuir lâchement, de remettre au lendemain, Quatre n'était pas en état, sûrement, Sally avait dit qu'il avait besoin de se reposer encore… Mais le regard de Quatre était clair, il ne lui laisserait pas le choix.

Wu Fei se résigna et indiqua l'un des bancs placés le long du couloir. Ils s'assirent et après un instant de silence, il finit par expliquer :

– D'abord, il faut que tu saches que d'après Barton, ce n'était pas Merendo le coupable mais des membres encore plus extrémistes de son parti qui auraient pu en cas de problème le faire accuser à leur place. En ce moment même, des Preventers sont envoyés un peu partout pour arrêter les terroristes.

– Tu n'es pas avec eux ?

– Je pars demain sur Terre, mais…

– Tu t'inquiétais.

Wu Fei ne répondit pas et Quatre demanda de nouveau :

– Et Heero ?

Le Chinois se tendit légèrement.

– Apparemment il y avait des hommes au sous-sol, des kamikazes là pour s'assurer que l'immeuble sautait bien et Yuy a dû les combattre. Il n'a pas eu le temps de sortir. Mais il est en vie, alors il a dû se mettre à l'abris comme il pouvait après avoir arrêté les bombes principales, du moins c'est ce qu'on en déduit, on ne peut pas savoir exactement ce qu'il s'est passé tant que Yuy ne se réveille pas.

– S'il se réveille, murmura Quatre douloureusement.

– Tu as dit que…

– Il n'y a rien, là, fit le blond en indiquant son cœur. Heero n'est plus du tout là… C'est la première fois que ça arrive depuis que nous sommes connectés.

Wu Fei garda le silence. Il avait toujours un peu de mal à comprendre en quoi consistait l'empathie de Quatre, mais il savait au moins que cette « absence » n'était pas positive.

– Heero ne voulait pas mourir, continua Quatre d'une voix un peu étranglée.

– Alors il ne mourra pas, répondit Wu Fei avec une conviction qui le surprit lui-même. Yuy est fort. Tu l'as dit et tu devrais y croire plus que ça.

– Mais je suis faible, fit Quatre avec une pointe d'autodérision.

– Bien sûr que non ! répliqua Wu Fei. Tu es fatigué. C'est normal.

Quatre éclata d'un petit rire sans joie.

– Pourtant c'est bien pour ça que tu es là, non ? Parce que tu penses que je suis faible.

– Ne mélange pas tout, Winner, répondit Wu Fei. Tu es la cible de plusieurs criminels, que ce soit toi ou moi, ou Barton, on ne peut pas lutter contre un nombre inconnu d'ennemis non identifiés. La preuve, Yuy, le plus fort physiquement d'entre nous, est sur un lit d'hôpital !

Son ton avait été plus brutal et sec qu'il ne l'avait voulu, mais il était fatigué, il se sentait coupable et s'inquiétait pour Quatre, pour Heero et pour Duo et la dernière chose dont il avait envie, c'était de se remettre à se disputer avec son ami.

– Je ne veux pas me disputer avec toi, dit-il à voix haute. Pas maintenant. Ça ne te suffit pas de savoir que je suis inquiet ?

– Heero…

– Il ne s'agissait pas de Yuy quand j'ai choisi de te protéger ! Je suis aussi inquiet pour toi, Winner !

Quatre garda le silence un moment et Wu Fei eut peur – d'en avoir trop dit, de s'être dévoilé alors que ce n'était vraiment pas le moment, que ses paroles soient mal interprétées. Puis :

– Est-ce que c'est vraiment pour moi ? demanda Quatre, et avant que Wu Fei puisse intervenir, il ajouta : A une époque, tu venais me chercher sans hésiter pour t'aider dans tes missions, aujourd'hui tu ne me dis même pas quand deux de mes meilleurs amis risquent leur vie pour moi. Je ne suis pas plus fragile qu'il y a cinq ans, Wu Fei.

− Tu ne représentais pas les Colonies il y a cinq ans, répliqua le Chinois.

Mais cette fois, au lieu de rétorquer tout de suite, le blond le regarda avec une sorte d'incrédulité douloureuse.

− Alors si j'étais mort ou si j'avais été blessé il y a cinq ans, ça n'aurait pas eu d'importance ?

– Mais qu'est-ce que tu racontes ? demanda Wu Fei, lui-même blessé par la remarque de Quatre. Tu n'étais pas en danger de la façon dont tu l'es aujourd'hui !

– Alors je répète ma question, Wu Fei, est-ce que tu es inquiet pour moi ou pour le représentant des Colonies ?

La voix de Quatre avait presque cinglé, le blond s'était levé, droit comme un i et presque tremblant. Wu Fei sentit sa gorge se serrer. Ce n'était pas le moment, vraiment pas le moment mais…

– Est-ce que tu as besoin de poser cette question ? demanda-t-il à voix basse.

– Oui. Est-ce qu'il faut que je répète tes paroles ? Tout ce qui me fait douter ?

Wu Fei n'en avait pas besoin, non, il savait exactement derrière quelles barrières il se cachait.

– Heero est dans le coma, dit Quatre. Je n'ai plus envie de tourner autour du pot. J'ai besoin que tout soit stable autour de moi. Que les choses soient claires.

Il posa une main sur le mur juste à côté de Wu Fei, et ce dernier resta immobile – de surprise, d'incrédulité, parce que Quatre ne pouvait pas faire ce qu'il…

Quatre l'embrassa. Ce n'était pas grand-chose, rien qu'un frôlement de lèvres, mais un baiser tout de même et avec lui s'effondrait tout ce qu'il pouvait y avoir d'ambigu, de sentiments réticents entre eux.

Quatre s'écarta, le regardant avec sérieux, prêt à accepter tout ce que pourrait lui dire Wu Fei, sans drame, et Wu Fei restait silencieux parce que toute parole semblait ridicule. Alors il se leva, les jambes curieusement faibles, et avec hésitation, beaucoup plus d'hésitation que Quatre, posa à son tour les lèvres sur celles du blond, seule réponse acceptable. Cela ressemblait beaucoup plus à un baiser, parce que Quatre répondit en douceur, posa une main sur son épaule, un autre point de contact.

Puis ils se regardèrent.

– Il va falloir qu'on parle longuement, dit Quatre avec un petit sourire.

Wu Fei hocha la tête, le cœur qui battait peut-être un peu plus fort que d'habitude.

– Mais pas ce soir.

– Pas ce soir, acquiesça Quatre. Ce n'est pas le moment. Il y a Heero, et Duo. Et puis, je suis fatigué, toi aussi, et tu pars demain. Nous avons besoin de plus de temps que ça.

Wu Fei hocha de nouveau la tête, sans lâcher Quatre du regard.

– Barton me remplacera à ta sécurité, dit-il à contrecoeur.

C'était mieux, de toute façon.

– J'essaierai d'être sage, répondit Quatre.

– Je n'en doute pas. Tu donnes toujours moins de travail à Barton qu'à moi.

Même si Wu Fei le disait sérieusement, avec une pointe de jalousie réticente, Quatre se contenta de sourire, posa une main sur la joue du Chinois et l'embrassa de nouveau. Cette fois le baiser sembla plus réel et Wu Fei retint le blond pour ne pas qu'il s'écarte trop vite, une petite angoisse au creux du ventre.

Il leur fallut un peu de temps mais ils finirent par se séparer. Ils décidèrent d'un commun accord de se dire au revoir dans le couloir et Wu Fei attendit que le blond referme sa porte pour s'éloigner.

Avec un peu de chance, sa mission serait courte.

Epilogue

La porte de la chambre était entrouverte et la voix de Duo en filtrait, perplexe, puis il y eut le rire de Quatre. Wu Fei s'arrêta juste devant, hésitant, puis la voix de Duo s'exclama :

– On va l'appeler Trowa !

Wu Fei, intrigué, entra. Duo était debout, un bocal rempli d'eau entre les mains, et un poisson rouge tournant à l'intérieur, Quatre était assis sur une chaise. Heero était toujours dans le coma, mais les bandages avaient disparu et il donnait bien plus l'impression de simplement dormir.

– Salut, Fei ! s'exclama Duo. Regarde ce que Quatre nous a offert, à Heero et moi !

Quatre leva les yeux vers lui, leur regard se croisa et le blond sourit, des lèvres et des yeux. Wu Fei se sentit répondre malgré lui.

– C'est un poisson rouge, commenta-t-il en se tournant vers le châtain. Bonjour, Maxwell, Winner.

Duo avait l'air d'aller mieux. Beaucoup mieux. Maigre, le visage pâle et tiré, mais il semblait beaucoup plus lui-même.

– C'est exactement ce que j'ai dit, déclara Duo.

– C'est parce que c'est un poisson rouge, fit remarquer Quatre. Bonjour, Wu Fei.

– Et je peux savoir pourquoi avoir choisi le prénom de Barton ?

Duo lui tendit le bocal pour qu'il regarde.

– Tu trouves pas qu'y r'semble à Trowa ?

– Un animal à nageoires de couleur rouge, constamment bouche bée et tournant en rond à l'intérieur d'un bocal de verre ? Non, Maxwell, navré.

– T'as aucune imagination.

Wu Fei refusa de commenter.

– Comment se porte Yuy ? demanda-t-il.

L'entrain de Duo disparut, mais on était loin du désespoir teinté de folie du mois précédent.

– D'après le médecin, il est quasiment guéri physiquement, dit-il. Et Quatre…

Wu Fei se tourna vers le blond qui souriait toujours.

– Heero est revenu, dit-il en désignant son cœur.

Ils discutèrent quelques minutes, puis Trowa les rejoignit, trois sandwiches en main, un pour Duo, un pour lui, et un pour Heero, « au cas où ».

– Quatre est trop snob pour un sandwich, déclara-t-il.

– J'avale la soupe de Catherine sans broncher, j'ai le droit de ne pas vouloir du plastique qu'ils appellent sandwich ici !

– C'est parce que Catherine te terrifie.

Quatre prit l'air indigné et se leva avec un mouvement de tête faussement hautain.

– Très bien, puisque c'est comme ça, j'invite Wu Fei à venir déjeuner avec moi au restaurant, vous pouvez bien rester là !

Quatre lui attrapa le bras et le tira hors de la chambre sans qu'il proteste.

– Rapporte-nous le dessert ! cria Duo.

Quatre regarda Wu Fei et sourit, Wu Fei sentit son cœur accélérer un peu.

– Je suis content que tu sois revenu, dit-il.

– J'ai fait aussi vite que j'ai pu.

Quatre ne le lâchait pas.

– Allons déjeuner, déclara-t-il. Tu pourras râler après l'administratif et je pourrais me plaindre de tout ce que j'ai à faire. Et ensuite…

– Nous parlerons, dit Wu Fei.

La prise de Quatre sur son bras se resserra.

– Oui, dit-il. Nous parlerons.

Un mois et cinq jours plus tard.

Quatre se réveilla avec un sourire sur les lèvres, calme comme il ne l'avait pas été depuis plusieurs mois et surtout, complet. Les échos du bonheur débordant qui lui parvenaient lui firent lâcher un petit rire heureux, et il envoya son propre bonheur en guise de bienvenue, discrètement, pour ne pas les déranger.

– Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda Wu Fei d'une voix encore un peu endormie, posant la tête sur le torse du blond.

Quatre passa les doigts dans les cheveux noirs et soyeux qui lui chatouillaient le ventre et sourit encore avant de murmurer :

– Heero s'est réveillé.

OWARI.

Mercredi 7 septembre 2005, dans la joie et la bonne humeur.

Puis jeudi 6 octobre 2005, dans la fatigue et la douleur. (Meanne : ça t'apprendra à me dire « tu me bêta ? »)