Auteur : Isylde
Inspiration : Lost
Titre : F.A.T.E
Chapitre : Moon Medley
Longueur : 1256 mots
Date : 25/07/05
Résumé : Baigné de lumière, Charlie profitait allègrement de cet instant de solitude pour enchaîner riffs endiablés ou mélodies joyeuses, en complète contradiction avec son humeur du moment.
Des cris émergeaient de la jungle tandis que la nuit tombait doucement sur le quotidien pimenté des rescapés. Kate se précipita hors des buissons, trébuchant à moitié sur une branche avant de pointer rageusement son doigt en direction du vide végétal des sous-bois. Son visage furieux et ses yeux dardant l'expression neutre de Jack semblaient tout sauf amicaux, et apparemment, les disputes entre elle et le jeune médecin étaient de plus en plus nombreuses et de plus en plus violentes.
« Tu n'as absolument aucune idée du choc que ça m'a fait de voir Charlie pendu à ce foutu arbre ! Tu ne sais rien de la douleur que j'ai eu en sachant que Claire n'allait peut être pas revenir ! » s'écria-t-elle d'une voix affligeante.
« Kate, tu n'auras pas ces flingues ! Ce n'est encore qu'un prétexte pour te servir d'une arme à feu, et Ethan est bien plus malin qu'un 9 mm, tu l'as bien vu ! » répliqua Jack.
« Je m'en fous, Jack, je m'en fous ! Cette jungle cache bien plus qu'un simple psychopathe ! »
« C'est non. Il y a eu assez de douleur et de sang comme ça, je ne veux pas être responsable de votre maladresse. »
Il retourna d'un pas décidé vers les cavernes, jouant avec cette petite clé qui pendait à son cou, cette clé que Kate désirait plus que tout, comme un jouet volé d'une petite fille impatiente. Frustrée, cette dernière fit les cent pas sur la plage, ignorant les murmures des autres rescapés. Ils parlaient d'elle. Ils parlaient de ce qu'elle était, une mystérieuse jeune femme, mais, plus grave, une meurtrière.
Cette île était décidément très étrange. Elle était composée de quatre strates irrégulières, la mer, la plage, la jungle et enfin la vallée, luxuriante bande de végétation où poussaient de l'herbe humide et des trous de golf. L'océan mourait tristement sur le sable tandis que l'iridescente lueur de la lune se reflétait sur ces petites vaguelettes, ridules aquatiques d'un courant agonisant.
Kate entoura son frêle corps de meurtrière de ses bras frigorifiés et admira quelques instants le calme et la sérénité ambiante du lieu, profitant d'un peu de répit dans sa rude journée de survivante acharnée. Ses doigts entrèrent en contact avec la tiédeur de son sang. De multiples coupures striaient ses avant-bras comme autant de stigmates qu'elle ne supportait plus de porter tant elles lui semblaient douloureuses et inutiles. Sa chevelure brune voletait tristement autour d'elle, à la manière d'un ange noir qui se repaissait de la fraîcheur lunaire. Sa peau, mate mais paraissant aussi blanche que neige dés que le soir tombait, était maculé de petits sillons sales, contrastant avec la pureté de sa peau. Angélique, certes, mais cachant de lourds secrets…Et peu à peu, les autres l'évitaient, comme s'ils devinaient quel passé elle dissimulait aux yeux de tous.
Des yeux bleus comme la mer l'observaient, des yeux meurtris de junky, des yeux emplis de larmes qui ne coulaient pas, de larmes qui voulaient couler mais en étaient incapables. Des yeux parfois secs, et des mains calleuses qui grattaient la surface rugueuse des cordes d'une guitare avec mélancolie, composant en toute simplicité quelques vieux morceaux des Beatles.
When I'll get older losing my hair
Many years from now
Will you still be sending me a Valentine
Birthday greetings bottle of wine
If I've been out till quarter to three
Would you lock the door
Will you still need me will you still feed me
When I'm sixty-four
« Je sais que tu es là, Charlie. » dit-elle en s'adressant à la voix étouffée qui émergeait des feuilles d'un arbre aux branches relativement basses.
Elle se contenta d'un simple regard pour situer où se trouvait le jeune homme et s'approcha alors d'un tronc de conifère avant de lever les yeux au ciel, aveuglée par la lueur combinée des étoiles et de la lune. Baigné de lumière, Charlie profitait allègrement de cet instant de solitude pour enchaîner riffs endiablés ou mélodies joyeuses, en complète contradiction avec son humeur du moment. Mais à quoi bon déprimer, lorsque de belles musiques vous attendaient ?
Il gratta sa barbe et posa ses iris d'un bleu intense sur la fragile silhouette de Kate, lui accordant ce maladroit sourire que la jeune femme connaissait bien. Au moins, lorsqu'il tenait sa tasse de thé, il ne tremblait plus. C'était déjà ça de gagné sur l'addiction à la drogue. Instinctivement, elle l'avait su, en le voyant si perdu sur cette île, trop paumé pour réaliser la situation dans laquelle ils étaient.
« Alors, ces copulations verbales avec Jack ? » demanda-t-il. « Ça marche fort en ce moment, tu ne trouves pas ? »
« Parle plutôt de joutes verbales. » répliqua-t-elle d'une voix un peu sèche et neutre.
« Des joutes ? Sawyer m'a dit qu'il te savait violente niveau sexe, mais pas à ce point-là. »
« Niveau sexe ? » s'étonna Kate. « Qu'est ce qu'il t'a encore raconté, celui-là ? »
« Hormis le fait qu'il se bat comme une fillette, pas grand chose. Disons qu'il n'a pas vraiment apprécié mon magistral coup de poing et le fait que tu me défendes. »
Kate se souvenait alors des échanges peu scrupuleux qui avaient eu lieu entre Charlie et Sawyer. Sous prétexte de ne trouver que de la mauvaise littérature sur l'île, ce dernier avait pris le journal de Claire, peut être pour l'échanger contre quelque chose de fonctionnel ou de comestible plus tard.
« Au moins pour Claire, c'était la moindre des choses. » dit-elle en frissonnant.
Lady Madonna
Children at your feet
Wonder how you manage
To make ends meet
« Ouais. » répéta-t-il. « Pour Claire. »
Une semaine qu'elle lui manquait, et toujours aucune nouvelle, aucun signe de vie, rien. Comme si Ethan, maléfique esprit de cette foutue jungle, l'avait emportée à jamais. Et pourtant, Charlie persistait à croire à l'impensable, la survie de la jeune fille. Etre enceinte sous climat tropical était déjà pénible, mais enlevée par un psychopathe complètement névrosé était sans doute la pire des choses qu'il pouvait arriver à quelqu'un.
« Tu crois qu'elle… » tenta Kate en murmurant.
« …Elle est là, oui, quelque part. » continua Charlie.
« Le temps qu'elle revienne, il serait préférable que tu surveilles ses affaires, Sawyer risque encore de faire quelques incursions dans ses bagages. »
« Ils sont sous bonne garde. » dit-il en tapotant fièrement les deux sacs qui se trouvaient accrochés aux branches, à ses côtés.
We were talking
Above the space between ourselves
And the people who hide themselves
Behind a wall
« C'est bien. » conclut Kate.
« Ouais. Faudra qu'elle revienne vite, je suppose que son journal intime ne doit plus être à jour… » hésita Charlie en un souffle.
Un silence s'installa entre ces deux êtres qui se comprenaient et qui eux aussi s'aimaient, à la manière d'un frère et d'une sœur qui ne parvenaient pas à trouver un terrain d'entente mais au moins des sujets de conversation communs. Triste, et mélancolique, la voix de Charlie se tut définitivement, et seuls les relents musicaux d'une guitare au repos troublaient encore les embruns maritimes.
« Elle me manque. » chuchota enfin Charlie, et il se perdit dans la contemplation de la lune.
Why she had to go I don't know she wouldn't say
I said something wrong now I long for
Yesterday...
© Copyright Isylde - 2005
© Copyright J.J Abrams - 2004
