Bonjour. Voici une petite variation sans prétention en cinq chapitres sur le thème de Naruto. Je précise bien sûr que les personnages évoqués ne m'appartiennent pas, même si cela ne change rien à l'affaire, droits de propriété intellectuelle obligent. J'espère ne pas avoir laissé trop de fautes, et, surtout, que vous prendrez plaisir à la lire. C'est le plus important. Ciao.

CE N'ÉTAIT QU'UN TOUT PETIT CADEAU (chapitre 1)

« Les morts nous appellent, les morts nous appellent ». Il n'était pas encore sept heures du matin que les crieurs publics avaient déjà envahi les rues du village de Konoha. « Les morts nous appellent, les morts nous appellent ». Les clameurs avaient débuté dès les pemières lueures du jour, rythmées par l'écho sourd des trois grands gongs du temple frappés à toute volée.

Réveillé en sursaut, Naruto compris pourquoi son nouveau maître l'avait forcé à effectuer une séance d'entraînement particulièrement longue, la veille au soir. « Jiraya sensei... maugréa le blondinet en tentant d'enfoncer sa tête sous une pile d'oreillers, vous êtes vraiment le dernier des salauds... » La grande fête des morts, l'événement religieux le plus important de l'année à Konoha, venait de commencer.

La célébration devait durer trois jours. Le rôle des crieurs publics était d'annoncer le début des rituels. En effet, la fête des morts n'était pas fixe. Elle se déroulait toujours à l'entrée de l'automne, mais sa date n'était décidée que pendant l'été, dans le plus grand secret, par les prêtres du temple et les chefs du village. En théorie, le choix des jours était fait en fonction des augures et des présages envoyés par les dieux. En pratique, il arrivait fréquemment que la volonté des hommes s'en mêle. En particulier lors des années de crise, quand la disette, la maladie ou la guerre frappait le village. Les dirigeants utilisaient alors cette fête ô combien symbolique pour souder hommes, clans et familles, redonnant du courage à chacun.

Et du courage, il allait en falloir aux habitants de Konoha, après la bataille qui les avait opposés aux troupes du traitre Orochimaru. L'attaque surprise du maître-serpent avait fait de nombreuses victimes, dont l'Hokage lui-même. Plusieurs dizaines de ninjas, sur les neuf cents que comptait le contingent avant l'affrontement, avaient également perdu la vie. Sans compter les très nombreux blessés. Quant aux dégâts, ils étaient immenses. Trois quartiers avaient été entièrement détruits, laissant leurs survivants sans abris. Pire encore, de nombreux champs avaient été brûlés alors que les récoltes n'étaient pas rentrées. L'hiver à venir serait surement très dur, car les greniers à vivres étaient loin d'être pleins. Le conseil des sages avait donc décidé de lancer un plan d'urgence destiné à relever les défenses de Konoha, à reconstruire les quartiers dévastés et à rationner la nourriture. La fête des morts, qui symbolisait la continuité de la communauté, de génération en génération, serait le moment idéal pour annoncer ces mesures.

Le jeune Naruto, quant à lui, était très loin de toutes ces subtilités stratégiques. Il profitait du peu d'énergie puisé d'un sommeil bien trop court pour maudire son maître. Les traits tirés, le visage bouffi par de longues cernes noirs, il finit tout de même par s'extirper du lit. Après une courte toilette et un vague petit déjeuner, il s'habilla pour aller se poster au balcon de sa chambre.

Comme il s'y attendait, les rues étaient déjà presque pleines. Le quartier Nord, dans lequel vivait Naruto, était situé à l'écart du centre et des secteurs dévastés par les sbires d'Orochimaru. Il était donc resté intact. Les maisons de bois ou de briques amoncellées sur quatre étages se vidaient progressivement de leurs habitants. Une bonne partie d'entre eux s'étaient déjà joints aux crieurs publics, reprenant la formule rituelle, « les morts nous appellent, les morts nous appellent », tout en tambourinant sur des marmittes ou des poiles à frire. Allez dormir dans ces conditions.

S'il avait été un garçon comme les autres, Naruto, toujours prêt à mettre la pagaille, se serait rué dehors pour participer à la sarabande. La fête des morts était la plus grande cérémonie de l'année. Personne, dans le village, ne souhaitait manquer cette occasion. Pourtant Naruto se savait condamné à rester bien sagement chez lui. Sans sortir. Sans voir personne. Comme chaque année, en pareille occasion. Sa présence n'était pas désirée. Il le savait. Il le comprenait, même. Difficile d'aller honorer les morts quand vous portez en vous l'esprit d'un démon qui a ravagé le village, quinze ans auparavant, et tué nombre de ses habitants, à commencer par l'Hokage de l'époque.

Le jeune homme fut soudain tiré de ses sombres réflexions par un bruit inatendu. Quelqu'un venait de sonner à sa porte. Sa porte? Le jour de la fête des morts? « Une erreur, sans doute » pensa-t-il. Mais non. Son visiteur venait de tirer une seconde fois sur le cordon de la clochette. Surpris, Naruto se décida à bouger. Il traversa le petit corridor, puis tira la poignée à demi, d'un air méfiant, la main posée, à tout hasard, sur la vieille poche d'armes cousue le long de la jambe droite de son pantalon.

« Les morts nous appelent, Naruto » hurla une voix à son oreille gauche, tandis qu'une pogne solide lui tombait lourdement sur le sommet du crâne. Le garçon mis quelques secondes avant d 'échapper à l'emprise de son visiteur. « Jiraya sensei, s'écria-t-il finalement, d'un ton accusateur. Vous étiez au courant de tout ça. Vous saviez que ce serait le jour des morts aujourd'hui. Vous m'avez forcé à travailler presque toute la nuit en sachant que je ne pourrai pas dormir ce matin! Non seulement vous êtes un pervers, mais en plus, vous êtes... vous êtes... un esclavagiste, voilà! »

Le troisième ninja de légende écarquilla les yeux devant la mine outrée de son protégé. Avant de partir dans un grand éclat de rire. « Et bien au moins, constata-t-il, la fatigue ne t'a pas coupé la langue. Il va donc falloir que je trouve autre chose... »

« Jiraya sensei », voulu protester le blondinet, mais qu'une large main vint lui boucher le clapet.

« C'est d'accord, c'est d'accord, je reconnais que j'ai un peu abusé hier soir, admis le senin aux longs cheveaux blancs tout en poussant Naruto, toujours réduit au silence, par la machoir. Mais tu ne va quand même pas m'en vouloir pour si peu. »

Quelques minutes plus tard, le maitre et son élève étaient attablés devant deux bols de thé que le premier avait préparé d'autorité.

« As tu prévu de faire quelque chose de particulier pendant ces trois jours, demanda Jiraya.

Oui, bien sûr, ricana l'adolescent. Je voulais sortir faire la fête avec les gens du village. J'ai pensé qu'ils apprécieraient ma compagnie, surtout pendant la cérémonie de recueillement devant la tombe d'Hokage le quatrième. »

Le ton très acide de Naruto n'échappa pas au ninja de légende.

« Je comprends, lacha-t-il après quelques secondes d'hésitation. Ma question n'était pas vraiment la bienvenue, vues les circonstances...

Pas vraiment, non, » répondit sèchement Naruto.

Jiraya était un peu surpris par cette virulente réaction. Il posa sur le jeune homme un regard interrogateur. Son disciple était pourtant habitué à être rejeté par les autres membres du village. Tout au moins par les adultes, qui savaient qu'il abritait en lui l'âme du démon Kyubi, le monstrueux renard à neuf queux. Habituellement, Naruto ne manifestait ni rancune, ni colère particulière face à ces réactions brutales et stupides. Il semblait en avoir pris son parti. Même les huées qu'il avait reçu après avoir battu le jeune Hyuga, lors du tournoi d'admission au rang de Chuunin, n'avait pas semblé l'affecter outre mesure. Jiraya et lui n'avaient abordé qu'une seule fois le sujet. L'attitude du jeune homme avait alors surpris le senin.

« Je n'ai auncun souvenir de la bataille contre Kyubi, avait expliqué Naruto. Mais quand on m'a révélé le secret de ma naissance, j'ai voulu avoir le maximum d'informations. Je sais qu'avant d'être scellé en moi, Kyubi a fait des ravages et massacré des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants. Il a fait des choses atroces. Ce n'est pas étonnant que tous ceux qui ont vécu ça m'en veuillent. Ils me haissent parce que je porte en moi l'horrible démon qui a tué leurs proches. Et ils ont peur de moi parce qu'ils craignent que le démon se déchaîne à nouveau. »

Lorsqu'il avait prononcé ces mots, une lueur de tristesse était apparue dans les yeux du garçon. Jiraya l'avait vu, mais n'avait pas su comment réagir. Le ninja de légende était un grand guerrier, un maitre accompli, au sommet de son art. Mais il n'avait jamais eu à s'occuper d'un disciple aussi spécial que Naruto. Les souffrances que cachait le jeune ninja derrière ses airs enjoué ou grognon d'éternel gamin étaient innaccessibles. Naruto, en effet, ne se confiait jamais. A personne. Il avait visiblement décidé de porter son fardeau tout seul. Comme s'il craignait que la simple évocation de sa propre douleur ne lui attire des reproches et des haines supplémentaires.

La voix de Naruto interrompi brusquement les reflexions de Jiraya.

« Dites-moi plutôt ce que vous êtes venu faire chez moi, sensei, demanda le blondinet. Je croyais que les entraînements n'étaient pas autorisés pendant la fête des morts.

- Oh, c'est que je ne suis pas là pour l'entraînement, répondit le senin. Je voulais m'assurer que tout allait bien. Nous avons travaillé si dur hier... Et puis, je suis aussi venu t'apporter quelque chose.

J'ai oublié un truc hier soir, s'étonna Naruto.

Non, non, pas du tout, corrigea Jiraya. En fait, je ne devrais te le donner que demain, selon la coutume, mais il se trouve que je pars dès cet après-midi pour une petite course qui va durer quelques jours. Alors... je te l'offre un peu en avance. »

Le maître sorti un paquet de la besace qu'il avait suspendue au dossier de sa chaise et le tendit à Naruto. Celui-ci resta sans mot, comme stupéfait. Il prit finalement le paquet, l'ouvrit. A l'intérieur, il y avait deux poches d'armes de cuir sombre pliées en trois. Elles contenaient chacune quatre kunai finement ciselés et quatre jeux de shuriken. Deux pierres à aiguiser rangées dans leurs étuis individuels complétaient l'ensemble. Jiraya sourit.

« Ton équipement était en piteux état après ton combat contre Gaara. J'ai pensé que tu aurais besoin d'armes neuves, et de bonne qualité. Et comme je sais que la pension que l'on t'alloue n'est pas très importante... »

Naruto ne répondit rien. Il restait là, assis sur sa chaise, à contempler son cadeau. Il porta la main à ses lèvres, l'air un peu bête. Jiraya s'inquiéta.

« Et bien, qu'est-ce qu'il y a, Naruto, demanda-t-il. Tu ne te sens pas bien?

A... Alors c'était vous, Jiraya sensei... murmura le garçon. C'était vous depuis le début...

Moi? Fit le senin, un peu surpris. Moi qui quoi? Explique-toi Naruto.

C'était vous tous ces cadeaux, n'est-ce-pas maitre? »

Jiraya eut un temps d'arrêt. C'était la première fois qu'il offrait quelque chose à son disciple. Que voulait donc dire Naruto par « tous ces cadeaux »? Il voulu poser la question au jeune homme, mais celui-ci était trop bien parti pour que l'on puisse l'arrêter. Le Naruto infatiguablement bavard semblait être revenu à la vie d'un seul coup.

« C'est dingue, rigolait-il presque, le visage soudain déridé. Et dire que ça fait quatre ans que je me creuse la cervelle pour savoir qui m'envoi tout ça chaque année. Jamais je n'aurais cru que ça pouvait être vous. Et puis d'abord, je ne vous connaissais même pas. Mais vous non plus, vous n'étiez pas censé me connaître. A ben ça alors. Et comment vous avez fait pour savoir à chaque fois ce qui me ferait plaisir? Hein, comment vous avez pu savoir? Surtout pour les lunettes. Bon, c'est vrai que je ne les porte plus, mais c'est parce que j'ai mon bandeau frontal maintenant, vous comprenez. Et puis...

STOP! »

Le cri de Jiraya arreta Naruto tout net, bouche bée. Le senin en profita pour reprendre l'initiative.

« Je suis désolé Naruto. Je ne vois pas de quoi tu parles. C'est la première fois que je t'offre quelque chose. Je ne suis pas au courant pour les autres cadeaux. »

Le visage de Naruto s'assombrit d'un coup.

« Ah, fit-il, visiblement déçu.

Désolé », lui répondit Jiraya, sur un ton similaire.

D'un coup, Naruto releva la tête. Il venait de se rendre compte de son impolitesse. C'était quand même la première fois que quelqu'un lui offrait quelque chose de la main à la main, et qu'il avait l'occasion de donner ses remerciements. Sans compter que ces armes neuves étaient visiblement de très belle facture.

« Pardonnez mon idiotie, Jiraya sensei, reprit le jeune homme en cherchant le formule la plus humble qu'il connaisse (ce qui ne lui arrivait pas souvent...). C'est... c'est un très beau cadeau. Je vous remercie d'avoir pensé à moi. »

A ces mots, le maître sourit. L'accent de sincérité était incontestable dans la voix de son protégé, qui examinait à présent ses nouveaux kunai sous toutes les coutures.

« Ils sont magnifiques, murmura Naruto, comme pour lui-même. Et superbement équilibrés. Bien mieux que ceux que j'utilisais avant. Ils... ils doivent valoir une fortune... »

Jiraya se pencha vers son élève, et lui montra comment utiliser au mieux les pierres à aiguiser. Ce faisant, il continuait de s'interroger sur les phrases surprenantes qu'avait prononcées Naruto. Sa curiosité était attisée. Il finit par questionner le blondinet.

« Dis moi, Naruto. Tu as parlé d'autres cadeaux que l'on t'aurait offert tout à l'heure...

C'est la vérité, répondit le garçon, levant les yeux de ses kunai. J'en ai un par an depuis ma deuxième année d'académie, à chaque fête des morts.

Qui est-ce qui te les envoi?

C'est ça le problème, Jiraya sensei. Je n'en ai aucune idée. »

Le senin fronça les sourcils.

« C'est étrange, finit-il par lâcher. Tu veux dire que ce sont des cadeaux anonymes? Cela va à l'encontre de toutes nos coutumes. Quand on offre quelque chose, on doit se faire connaître au destinataire. C'est la règle.

Il paraît, répondit Naruto. Mais je vous assure que je dis la vérité. La première fois, j'ai cru que ça venait d'Iruka sensei. Je ne voyais pas qui d'autre aurait pu penser à moi le jour de la fête des morts et vouloir m'offrir quelque chose. Je suis allé le remercier, mais il m'a dit que ce n'était pas lui.

Cela aurait été étonnant. Tu sais bien ce qu'exige la coutume. A l'occasion de la fête des morts, des cadeaux s'échangent en famille, ou entre un maître et son disciple autenthique. Or, Iruka était juste ton enseignant. A cette époque, tu n'avais pas encore de maître autenthique et pas...

Et pas de famille non plus, complèta Naruto. Mais ça, ça n'a toujours pas changé », ajouta-t-il, un triste sourire aux lèvres.

Jiraya ne répondit rien. Décidément, l'humeur de son disciple était bien particulière ce jour-ci. Ce qui, au fond, n'avait rien d'étonnant. Mais le gaillard avait de la ressource. Cette année encore, il supporterait l'épreuve. N'empêche, ces cadeaux anonymes intriguaient le nnja légendaire. En fait, un soupçon commençait à pointer dans son esprit...

« Dans ce cas, je ne vois qu'une seule solution », reprit-il d'une voix soudain guillerette.

Naruto releva les yeux. Le sourire de son maître s'était agrandi d'un coup, démesurément, et son visage s'était transformé. Les yeux et le front étaient comme plissés et rapetissés. Les mains du senin tremblotaient, laissant libre court à des doigts en fureur. L'éro-senin était visiblement revenu à ses préoccupations favorites...

« Qu'est-ce que vous allez encore me sortir, s'inquiéta tout de suite Naruto.

Ah, ah, gamin. Je ne vois qu'une seule situation qui pourrait pousser une personne à enfreindre les règles de la coutume de cette façon. Hé hé hé...

Dites voir un peu, qu'on rigole...

Il n'y a aucun doute possible, Naruto. Tu as une admiratrice secrête.

Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire, soupira le jeune homme, pourtant habitué aux dérives de son pervers de maître.

Il n'y a aucun doute possible, je te le répète. Quelque part, dans le village, une fille se pâme d'amour pour toi. Mais elle n'ose te l'avouer. Et comme elle sais que tu passes ces jours de fête seul et isolé, elle t'envoi ces cadeaux pour te soulager de ta solitude et te dire son amour.

Ben voyons. Donc, si je vous suis bien, sensei, il y a bientôt quatre ans de ça, une fille d'a peu-près mon âge à l'époque, c'est-à-dire de douze ans environs, est tombé amoureuse de moi secrêtement et m'a offert anonymement des lunettes de plongée fantaisie pour me le prouver?

QUOI , s'étrangla Jiraya. Des lunettes de plongée fantaisie? Qu'est-ce que c'est que cette annerie?

Ben oui, ça rend tout de suite le choses plus compliquées, pas vrai? Je m'y connais certainement moins que vous, mais je crois qu'avec un cadeau dans ce genre, le coup de l'histoire d'amour ne tient plus trop debout. »

Le maître et l'élève se regardèrent quelques secondes. Avant de partir dans un grand éclat de rire.

« Bah, au moins, grâce à vous, j'aurais quand même pu rigoler un bon coup, hoqueta Naruto. Dieu sait que ça ne m'arrive pas souvent pendant la fête des morts. Et puis, surtout, j'ai eu un superbe cadeau. Merci encore, Jiraya sensei.

De rien, Naruto. Et puis comme ça, tu auras plusieurs présents cette année.

Hein?

Et oui. A moins que la personne qui t'en offre depuis quelques années ne soit décédée lors de la bataille, il n'y a a-priori aucune raison qu'elle ne continue pas. Et ça, quelque soit les mobiles qui la motivent. Tu ne crois pas?

Peut-être bien », répondit Naruto.

Le maître pris ensuite congé de son élève, lui donant rendez-vous dix jours plus tard pour la reprise de l'entraînement.