Troisième chapitre d'une petite fic romantique sans vrai suspens, mais pour la forme. Et d'abord, merci à tous les lecteurs, en particulier à ceux qui m'ont écris un petit mot doux. J'ai cité Flore Risa, negai4,In.Ifz, Hitto-sama et Arminas. Pour répondre à ta question, Hitto-sama, si je ne me suis pas trompé, Naruto doit avoir 16 ans, et les autres 15. Et puis, bravo à negai pour son intuition fulgurante: oui c'est un naru/hina, et non, je l'admets volontiers, le suspens n'est pas vraiment préservé. J'avoue que, pour ma première fic romantique, j'ai essayé de travailler en priorité le style, en sacrifiant sans doute un peu l'originalité du scénario. Ne t'en fait pas pour autant. Je compte publier prochainement l'histoire véridique d'un amour impossible: Shikamaru / Gama Bunta. Je sens que je vais avoir du succès avec ça! Mais j'ai encore quelques difficultés avec les scènes sensuelles. Enfin bon, trèves d'idioties, voici le suite.

Bonne lecture.

CE N'ÉTAIT QU'UN TOUT PETIT CADEAU (chapitre 3)

La fête des morts était une période traditionnellement délicate pour Hinata Hyuga. La jeune fille avait souvent été mise en porte-à-faux par son père lors des réjouissances familiales. Et la journée consacrée aux réunions amicales ne la tentait pas plus que cela. L'héritière du byakugan était bien trop timide pour se sentir parfaitement à l'aise au sein d'un groupe. Certes, aucun jeune de son âge ne lui avait jamais témoigné d'inimitié. Au contraire, tout le monde l'aimait bien, la petite Hyuga. Elle était polie, gentille, discrète. Simplement, perdue au milieu de ses condisciples, elle se donnait l'impression de disparaître. Incapable de prendre part aux conversations, elle se contentait de suivre silencieusement, jusqu'à ce que les autres en oublient sa présence. Parfois, elle quittait le groupe sans que personne ne le remarque, sans que personne ne la rappelle. Excepté, une fois, Naruto. A l'occasion de leur première véritable rencontre.

Cela s'était passé lors de leur première année scolaire commune. Hinata avait onze ans et venait de rentrer à l'académie. Naruto, de douze mois son aîné, y avait déjà passé une session. Et lamentablement échoué à l'examen. L'éternel cancre, comme on le surnommait déjà à l'époque, était aussi réputé pour ses canulards et son insolence que pour ses notes effroyables. Pour couronner le tout, les parents conseillaient fortement à leurs rejetons de s'en tenir à l'écart. Des rumeurs inquiétantes circulaient parmis les membres de la promotion d'Hinata. Elles décrivaient Naruto comme un garçon médiocre, mais aussi peu fréquentable, et même malsain.

Ce jour-là, exceptionnellement, les cours n'avaient repris qu'à quatre heures de l'après-midi. Kiba, Shino et quelques-uns de leurs camarades étaient partis faire une promenade en ville. Hinata, dont la famille était assez proche de celle de Kiba, avait suivi. Sans rien dire. Et puis, au bout d'une heure, elle s'était simplement laissé décrocher, alors que le groupe traversait le parc municipal. Aucun de ses camarades ne s'en était soucié. Ni même aperçu. Comme d'habitude. La tête basse, Hinata s'aprêtait à retourner à l'académie, lorsque un bruit avait attiré son attention. Derrière elle, quelqu'un battait des mains en cadence. Elle s'était retournée. Et l'avait vu.

Naruto Uzumachi était assis sur un muret de pierre d'un mètre de haut. Il la regardait en souriant. Avant qu'elle eu pû dire ou faire quoi que ce soit, le garçon s'était laissé tomber au sol. Et lui avait adressé pour la première fois la parole.

"Impressionnant, lui avait-il lancé comme un compliment. Dans le genre discrétion, tu bats vraiment tous les records. Y a pas un seul de ces idiots qui a remarqué ta fuite. Tu feras une super espionne quand tu sera devenue ninja."

Interloquée, Hinata avait bien ouvert la bouche, mais n'avait pas trouvé quoi répondre. N'en ayant cure, le garçon avait poursuivi.

"Le pire, c'est que tu leur fait ce coup tous les quatre matins. C'est à croire qu'ils sont vraiment bouchés" avait-il dit en riant.

A ces mots, Hinata avait eu un vrai choc. Ainsi donc, quelqu'un avait remarqué sa présence, son manège, même, elle qui se croyait presqu'invisible, elle qui n'attirait jamais l'attention de personne. Instinctivement, Hinata fit un pas en arrière. Naruto s'étonna.

"Tu n'a pas besoin d'avoir peur, fit-il remarquer. Je ne vais pas te faire de mal."

Pour toute réponse, Hinata baissa légèrement les yeux. Pourquoi fallait-il que la seule personne qui l'ai remarquée soit ce garçon à l'aura si malsaine? Et puis, que croyait-il? Qu'elle faisait ça pour s'amuser? Que pouvait-il, lui, toujours bavard, farceur, effronté, imaginer de sa peine et de son désarroi, elle qui n'arrivait jamais à se faire entendre des autres? Tout était si facile pour un garçon comme lui. Alors que pour elle... Pas de doute, cet Uzumachi méritait décidément sa mauvaise réputation.

Hinata avait esquissé un nouveau pas en arrière, une expression de peur et de dégoût commençant à se dessiner sur son visage. Mais, à la grande surprise de la jeune fille, Naruto avait alors baissé la tête. Hinata s'était arrêtée, étonnée. Le visage du garçon, encore enjoué l'instant d'avant, s'était comme embrumé.

"Ca va, j'ai compris. Désolé de t'avoir foutu la trouille, avait finalement lâché le jeune apprenti en se retournant, faisant mine de s'éloigner.

Puis il avait semblé se raviser. Il s'était arrêté, hésitant un instant, avant de lancer: "Tes amis n'ont pas eu le temps d'aller très loin. En te dépéchant, tu les rattraperais sans mal.

- Qu... quoi?"

Hinata avait répondu spontanément, trop surprise par cette réflexion pour se retenir. Naruto s'était alors retourné. Pendant quelques secondes, les deux adolescents s'étaient regardés. Et jamais de sa vie, Hinata n'avait vu des yeux refléter une si grande tristesse. Pourtant, le garçon avait fini par lui sourire.

"Par un beau temps comme ça, lui avait-il dit, tu devrais en profiter. Cela doit être chouette de pouvoir se balader avec tous ses amis autour de soi. Ou au moins avec des gens qui vous acceptent comme vous êtes."

Puis il s'en était allé. Seul. Hinata était resté sans voix.

Durant les semaines qui avaient suivi, la jeune Hyuga avait beaucoup réfléchi à cette rencontre. Et elle s'était mise à observer Naruto. D'abord pour vérifier que celui-ci ne l'espionnait pas. Ensuite, parce que leur courte conversation l'avait profondément troublée. Comment imaginer pareils propos de la part d'un garçon dans le genre de Naruto?

Hinata avait beau être très timide, elle n'en était déjà pas moins intelligente, plus même que la plupart des gamines de son âge. Elle n'avait pas tardé à comprendre que les airs de bravache de son étrange condisciple cachaient bien des choses. A commencer par une profonde solitude.

Jusqu'à sa discussion avec Naruto, Hinata s'était toujours considéré comme une enfant non désirée, condamnée à rester isolée d'un entourage qui ne pouvait comprendre ni admettre sa réserve et sa maladresse. En observant le jeune Uzumachi, elle avait compris à quel point elle s'était trompée. Bien sûr, les relations familliales d'Hinata avaient toujours été très difficiles. Son père et sa mère lui en voulaient d'être aussi faible. Ils craignait qu'elle ne puisse jamais assurer convenablement la succession à la tête du clan Hyuga. Pourtant, malgré cela, les parents d'Hinata avaient toujours veillé sur elle. Ils l'avaient éduqué, protégé et même, dans une certaine mesure, aimé, en particulier sa mère.

Naruto, lui, avait toujours vécu tout seul. Comme il l'avait rétorqué plusieurs fois au professeur Hiruka, qui le menaçait fréquemment de retenues, personne ne l'attendait jamais à la maison quand il rentrait de l'école. Aucun adulte, hormis le cinquième Hokage, et encore de très loin, ne veillait jamais sur sa santé, son confort, son éducation. C'en était à se demander comment il avait pu survivre dans de telles conditions.

Et que dire de ses camarades? Hinata avait toujours eu du mal à parler en public ou à des gens qu'elle ne connaissait que très peu. Elle était toujours resté silencieuse pendant les excusions, les récréations, ou sur le chemin du manoir. Les jeunes de son âge en oubliaient régulièrement sa présence. C'était peinant, frustrant, car Hinata n'était pas associable, loin de là. Mais c'était un moindre mal comparé à ce que subissait Naruto.

Le jeune Uzumachi, lui, était réellement mis à l'écart, méprisé, et même parfois détesté. Aucun membre de la promotion d'Hinata ne voulait lui parler, ni même l'approcher, sauf quand il s'agissait de se moquer de lui, de ses notes minables, de ses attitudes irréfléchies. Le mieux que pouvait espérer Naruto était de faire rire ses condisciples avec des farces tellement stupides ou inattendues qu'elles prenaient tout le monde de cours. De ce qu'Hinata avait pu voir, c'était le seul moyen pour le jeune garçon de rompre, l'espace d'un éclat de rire, avec la solitude qui l'habitait. Comment, dans ses conditions, pouvait-on lui reprocher de se comporter ainsi? Malheureusement, Hinata semblait être la seule à comprendre son camarade. A l'exception, peut-être, de Shikamaru et de Shino, qui ne prenaient jamais part aux séances de moqueries collectives dont Naruto était régulièrement la cible.

A force d'observer le jeune homme, Hinata avait donc largement changé d'opinion à son sujet. Elle ne le voyait plus comme le garçon médiocre et turbulent que raillaient les autres élèves de la classe. Bien au contraire, Hinata s'était mêmedécouvert un grand respect pour lui. D'abord parce qu'il supportait tout ce qui lui arrivait sans jamais laisser voir à quel point il devait souffrir. Il était, certes, souvent grognon, mais ne se mettait jamais en colère, ne se montrait jamais abattu.

Elle le respectait aussi pour son courage, pour son infatiguable désir de devenir meilleur. Et pour les incroyables progrès qu'il avait réalisé. Si Hinata s'en était ouvert à d'autres élèves de l'académie, ceux-ci auraient sans doute hurlé de rire. Pour eux, Naruto n'était qu'un pitre maladroit, dont le niveau était, objectivement, bien plus faible que le leur. Très faible, même, pour un jeune de son âge.

Mais Hinata n'en avait cure. Car là ou tout le monde ne voyait en lui qu'un incapable, la jeune Hyuga avait compris que Naruto était en fait tout simplement désavantagé par sa situation. Alors que tous les élèves de l'académie descendaient de familles prestigieuses et avaient reçu des enseignements de ninjutsu dès l'âge de trois ans, Naruto, lui, n'avait commencé son apprentissage que deux ans avant d'entrer à l'académie. Il n'y avait rien d'anormal, dans ces conditions, à ce qu'il soit en retard sur ses condisciples. Bien au contraire, le plus surprenant était de le voir parvenu à un tel niveau en si peu de temps. Echecs et humiliations ne l'avaient pas empêché de faire en trois ans autant de chemin que les meilleurs élèves de la classe en ou cinq ou six années. Hinata ignorait comment il avait réussi cet exploit, ni quel genre d'entraînement il s'infligeait en secret, en dehors des cours, mais elle percevait chez lui une force cachée considérable.

De fait, elle avait été la seule à ne pas rire lorsque Naruto avait lancé, pour la première fois en public, qu'il rêvait de devenir Hokage. Non, mieux: qu'il serait Hokage à l'issue de sa formation. Au contraire, Hinata en était tombée admirative. Elle avait suffisament observé le jeune Uzumachi pour savoir qu'il ne prononçait pas là des paroles en l'air. Le défi qu'il se lançait paraissait démesuré, mais Hinata savait que Naruto ferait tout pour le relever. Et, petit à petit, elle s'était mise, en secret, à croire en la réussite du jeune homme.

Pour elle, cela aurait pu en rester là. Parce que même si elle savait Naruto très seul, Hinata n'aurait jamais réussi à surmonter sa timidité pour l'aborder. Au fil du temps, suivant le conseil que lui avait donné Naruto, elle s'était efforcé de prendre part, très modestement, aux discussions de ses camarades. Elle s'était même rapproché de Kiba. Celui-ci, en retour, avait adopté avec elle une attitude très protectrice, facilitant son intégration au sein de son petit groupe. Mais parler à Naruto aurait été une autre affaire. Hinata doutait fort que le garçon eu la patience et l'attention suffisante pour qu'elle puisse l'approcher.

Seulement voilà. Durant leur seconde année d'académie commune, Hinata avait assisté à une scène qu'elle n'aurait jamais pensé voir auparavant. C'était à l'occasion de la fête des morts. Les aspirants ninja s'étaient, comme de coutume, rassemblés dans la cours principal de l'académie, pour se montrer leurs cadeaux respectifs. Tous étaient là, sauf Naruto.

Hinata l'avait cherché du regard, un bon moment. Sans le trouver. Et puis, au beau milieu d'une conversation, son oeil avait été attiré par une ombre dissimulée à l'une des fenêtres du batiment annexe. Intriguée, elle avait discretement quitté ses amis pour filer vers la batisse.

Une fois entrée, elle avait utilisé son byakugan pour scanner les lieux, et repéré une forme humaine dans une des salles du troisième étage. Avec de grandes précautions, elle avait monté les escaliers, s'était engagé dans le couloir et avait fini par se hisser jusqu'à la fenêtre intérieur d'une des salles de classe.

Son instinct ne l'avait pas trompé. L'ombre qu'elle avait aperçue était bien celle de Naruto. Le garçon était assis sur une chaise, au fond de la salle. Il avait enfoui une partie de sa tête dans ses bras, le buste effondré sur la table. Les sons étouffés qui passaient à travers la vitre ne laissaient planer aucun doute. Naruto était en train de pleurer.

Cette scène avait profondément ému Hinata. Jamais elle n'avait vu auparavant le jeune Uzumachi laisser ainsi libre court à sa tristesse. Sans doute le spectacle de ses camarades se montrant leurs cadeaux respectifs avait-il eu raison des résistances du garçon. A cet instant, l'héritière des Hyuga se s'en était beaucoup voulu de sa faiblesse. Elle aurait tant voulu trouver le courage d'ouvrir la porte et de consoler Naruto. Mais elle en avait été incapable. Et était repartie dans la cour.

Tout le reste de la journée durant, elle n'avait cessé de repenser aux larmes de Naruto. Et de chercher par quel moyen elle pouvait bien intervenir. Et puis, en fin d'après-midi, elle avait fini par trouver. Passant par la place du marché pour regagner le domicile familial, elle avait traversé les étals des brocanteurs installés le long de l'allée principale, et s'était souvenu d'une tentative ratée de Naruto auprès d'un des marchands pour faire baisser le prix d'une paire de lunettes de plongée fantaisie. Fille aînée d'une des familles les plus riches de Konoha, là où Naruto ne vivotait que sur une pension publique très faible, elle avait largement de quoi payer cet article au prix fort. Et puisque son camarade, orphelin, n'avait, par définition, reçu aucun cadeau pour la fête, Hinata avait songé à le lui offrir. Sans réfléchir davantage, elle avait sorti sa bourse et interpellé le vendeur.

Seulement voilà, une fois les lunettes acquises et empaquetées, Hinata s'était retrouvée bête. Elle n'arrivait même pas à engager la conversation avec Naruto de son propre chef. Comment diable pourrait-elle trouver le cran de lui offrir son cadeau? Après moult hésitations, elle avait choisi de placer le paquet dans le casier du jeune garçon, à l'entrée de l'académie, en priant pour que Naruto pense à y jeter un oeil le plus tôt possible. Puis elle était rentrée chez elle.

Le réveil avait été très dur, le lendemain matin, pour Hinata. La jeune fille avait veillée une partie de la nuit, incapable de trouver le sommeil. Au moment d'aller se coucher, une grande angoisse l'avait prise quand elle avait réalisé ce qu'elle avait fait: offrir un cadeau, pour la première fois de sa vie, à un garçon. Qui plus est mal considéré et presqu'étranger au village. Certes, elle n'avait pas mis de nom sur la carte. Mais elle apréhendait au moins autant la réaction de Naruto qu'elle s'étonnait de sa propre audace.

Une fois en route sur le chemin de l'académie, Hinata s'était plongée dans de savants calculs. Son objectif: trouver le moyen d'être à l'entrée juste avant la sonnerie des cours, c'est-à-dire en même temps que Naruto, qui était toujours limite avec les horaires, pour voir le garçon ouvrir son casier. Arrivant avec une bonne quinzaine de minutes d'avance devant le batiment, Hinata choisi d'y entrer pour aller directement poser son sac dans l'amphithéatre, puis de revenir sur ses pas. Elle traversa le couloir principal et passa sous les grandes arcades pour déboucher dans la grande cour. Un spectacle inatendu l'y attendait.

Une trentaine d'élèves de tous niveaux (les plus matinaux) et une dizaines de professeurs s'étaient rassemblés au centre de la cour, et regardaient, tête en l'air, vers une corniche de l'amphithéatre. Naruto y était perché. Il criait comme un fou et s'était lancé dans une étourdissante série de galipettes le long du mur de pierres, manquant de justesse de déraper et de s'écraser au sol à chaque réception.

"Il est complètement fou, ce gosse, avait murmuré le professeur Hiruka, l'enseignant principal de la promotion d'Hinata. Il va se tuer s'il continue."

Mais Naruto avait l'air de se moquer du danger. Il riait comme rarement Hinata l'avait entendu rire. Inquiète, la jeune Hyuga s'était rapproché de Kiba, resté à l'arrière de la petite foule, et qui soupirait en observant le spectacle.

"Qu'est-ce qui se passe, Kiba? avait demandé la jeune héritière du byakugan. Qu'est-ce qui arrive à Naruto?

- Qu'est-ce que j'en sais, moi? avait répondu le garçon. Encore un de ses délires sans doute. Il est comme ça depuis ce matin. Mes parents m'ont forcé à venir tôt pour préparer l'examen de demain au gymnase. J'ai croisé cet imbécile à l'entrée. Il avait l'air complètement cuit. Et puis, d'un seul coup, il s'est mis à hurler comme un singe. Je me suis retourné et je l'ai vu partir en courant. Ce crétin n'a même pas pris le temps de fermer la porte de son casier. Quel idiot, vraiment."

A ces mots, Hinata resta interdite. Puis elle leva les yeux vers la corniche. Pour se demander comment elle avait pu manquer ce détail. Les lunettes. Naruto les brandissait de la main droite, les faisant tournoyer à chaque accrobatie. Et chaque tour de voltige arrachait une ou deux exclamations aux spectateurs rassemblés trois étages plus bas.

Un dernier saut périlleux amena Naruto sur la tête d'une des gargouilles perchées au mur. Là, la garçon se dressa de toute sa taille. Naruto enfila les lunettes à son front et cria, avec un air de défi sur le visage: "J'en fais le serment ici même. Quels que soient les obstacles qui se dresseront sur ma route, je deviendrai Hokage, et tout le monde devra reconnaître ma valeur." Puis, le jeune ninja se lança dans une époustouflante série de sauts acrobatiques le long du mur qu'il remonta jusqu'au toît en riant de plus belle.

Tout en bas, dans la cour, quelque chose s'était alors passé dans le coeur de l'héritière du byakugan. Quelque chose d'inatendu. De nouveau. De merveilleux. De longues minutes durant, Hinata n'avait pu articuler un mot, ni détacher son regard de Naruto. De son Naruto. Le rire du garçon résonnait si fort dans sa poitrine qu'elle avait cru elle-même exploser de joie. Avant de s'apercevoir que Kiba la regardait étrangement.

"Quoi? avait-elle rétorqué, à demi consciente de ce qu'elle faisait.

- Qu'est-ce que tu as à sourire bêtement comme ça, s'était enqui, un peu surpris, le garçon aux cheveux touffus. Ne me dit pas que ces conneries te font marrer."

Pour toute réponse, Hinata l'avait regardé, avant d'éclater de rire.

En repensant à cet épisode, Hinata ne put s'empêcher de sourire. Une bien triste grimace pour l'occasion. Et dire que pendant quatre ans, elle était resté persuadée d'avoir fait, ce jour-là, la meilleure action de toute sa vie. Elle avait voulu rendre son sourire à Naruto. Elle le lui avait rendu, c'est sûr. Mais à quel prix. Les révélations que lui avaient faites Sakura, le matin même, dans cette petite auberge où elle l'avait traînée, presque de force, lui avaient fait comprendre la gravité de son erreur. Quelle idiote avait-elle été. Comment avait-elle pu croire qu'un simple cadeau, aussi stupide que celui-ci, qui plus est, aurait pu rendre le bonheur à un orphelin solitaire et méprisé de tous?

Elle avait voulu le consoler. Au lieu de ça, elle lui avait involontairement fait espérer un miracle et fait croire à des chimères.

Après s'être enfuie en pleurs, et sans payer, de la taverne et laissé Sakura en plan, Hinata était partie se cacher au fond du jardin familial. Là où elle était certaine de ne rencontrer personne. Et surtout pas lui. De toutes façon, elle ne pourrait plus jamais le regarder en face. Plus que toute autre chose, elle redoutait une nouvelle rencontre. Cependant, elle aimait trop le garçon pour le laisser espérer plus longtemps quelque chose qui risquait de ne jamais advenir. Quand il apprendrait la vérité, il la haïrait sans doute. Mais elle lui devait bien celà. Elle s'était alors résolu à lui écrire une lettre. Elle avait essayé de s'expliquer, sur le papier, des heures durant, déchirant rageusement brouillon après brouillon, pour finir par coucher confusément ses plus humbles excuses, trop épuisée pour se rendre compte que ce qu'elle écrivait devenait de moins en moins compréhensible au fil des mots. Une fois la nuit tombée, elle était discrètement sortie du manoir et avait gagné le quartier nord de la ville, en évitant les zones gardées du centre. Arrivée devant l'immeuble où habitait Naruto, elle avait confié son courrier à l'une des boites aux lettres installées le long du mur extérieur du hall avant de s'éloigner lentement, le coeur en charpie.