Ce n'étais qu'un tout petit cadeau : chapitre 4

Voici le quatrième chapitre de ma fic, réécrit après perte du texte original consécutive au plantage complet de mon ordinateur. J'envoi ce texte en vitesse depuis mon ordinateur de travail. Un grand merci à tous les lecteurs qui ont bien voulu critiquer les chapitres précédents. Et franchement désolé pour le manque de suspens. Cherchez pas, y'en a pas, je plaide coupable. J'espère que ça ne vous empêchera pas de bien aimer la suite. Ciao, et encore merci à tous les lecteurs.

Deux jours étaient passés depuis la fin de la fête des morts. La reprise de l'entraînement avait sonné pour tous les aspirants, à l'exception de Naruto, qui attendait le retour de son maître Jiraya. Mais cela, Hinata ne pouvait s'en douter, puisque seuls quelques ninja de niveau supérieur, dont Kakashi, savaient que le jeune Uzumachi était devenu le disciple du guerrier de légende.

La nuit avait été longue et pénible pour l'héritière des Hyuga. La fille aux byakugan n'avait pas fait un pas en dehors du domaine familial depuis qu'elle avait glissé sa lettre d'excuse dans la boite aux lettres de son camarade. Elle s'était terrée dans son jardin, le seul endroit où elle pouvait trouver un semblant d'apaisement. La crainte de croiser à nouveau le chemin du garçon qu'elle admirait tant, et à qui elle avait fait si mal, la nouait d'angoisse. Epuisée et sans ressort, elle avait tout de même dû consentir à se lever, au petit matin, et à préparer ses affaires, consciente qu'il allait lui falloir faire bonne figure auprès de son maître. Las, bien qu'ayant quitté très tôt le manoir, elle fit tant de détours pour éviter les endroits où elle risquait de croiser Naruto qu'elle finit par arriver en retard sur l'aire d'entraînement réservée à son équipe. Kurenaï, la junnin qui supervisait son entraînement, et ses propres coéquipiers, Kiba et Shino, s'inquiétèrent en voyant sa mine pâle et son air fourbu.

« Cela ne te ressemble pas d'arriver quinze minutes après tes camarades, lui fit remarquer la ninja de rang supérieur. Et encore moins dans un tel état. Tu n'est pas malade au moins ?

Pardonnez mon retard, s'excusa Hinata. Je… je ne me suis pas réveillé à temps ce matin. Cela ne se reproduira plus.

Tu es vraiment sûr que tu vas bien , intervint le jeune Kiba, toujours aux petits soins pour sa coéquipière. Franchement, à voir ta tête, on dirait que tu couves quelque chose de pas net…

Je vous assure que ça va, insista Hinata. C'est juste que… j'ai passé une mauvaise nuit. Mais ça va aller. »

Kurenaï n'insista pas. Elle connaissait suffisamment son élève pour savoir qu'elle n'en tirerait rien de plus. Pourtant, quelque chose clochait visiblement dans l'attitude de la jeune fille. Aussi la junnin ne s'étonna pas des performances calamiteuses alignées par l'héritière des Hyuga au fil de la journée. Vers 17 heures, elle se résolut à interrompre l'entraînement, prétextant que, pour une séance de reprise, le travail effectué avait été bien suffisant. Les deux garçons acquiescèrent.

« Hinata, appela Kiba en prenant son chien dans ses bras, tu rentres avec nous ? On s'arrêtera manger un ramen.

Désolé, Kiba, intervint Kurenaï avant même qu'Hinata, qui avait blêmi en entendant le mot ramen, n'ai pu répondre. Hinata reste avec moi un petit moment. Vous devrez vous passer de sa compagnie pour cette fois.

Mais pourquoi, demanda Kiba, visiblement déçu.

La reprise a été rude, et Hinata ne s'était pas entraîné depuis son combat contre Neji, la saison dernière, expliqua la junnin. Je dois vérifier qu'elle ne garde aucune séquelle de cette rencontre, et que les exercices d'aujourd'hui ne l'ont pas trop affectée. Alors, comme nous avons besoin d'être au calme pour procéder, je vais vous prier de bien vouloir nous laisser. »

Résignés, les deux garçons s'en allèrent. Kurenaï se retourna vers sa petite protégée, assise sur une souche, et vint se poser sur une pierre toute proche. Elle prit le poignet de la jeune aspirante, vérifia les pulsations, puis relâcha la main de son élève en soupirant.

« Alors ? » lança-t-elle simplement.

Hinata resta interdite, ne sachant que répondre. Elle s'était montré médiocre toute la journée durant. Elle le savait. Son maître s'en inquiétait. Cela se voyait. Pour autant, il n'était pas question pour la jeune fille de parler de ses problèmes du moment avec la junnin. C'était trop intime. Pas question non plus de prétexter un problème physique dû à ses vieilles blessures. Hinata n'aimait pas mentir. Aussi tenta-t-elle de s'en sortir par une pirouette.

« Je vous assure que je vais bien, sensei, souffla-t-elle. Il ne vous sera pas nécessaire de procéder à un nouvel examen. Mes blessures sont guéries, et je n'ai ressenti aucune douleur à la poitrine de la journée.

Je le sais bien, répondit Kurenaï.

Mais alors… pourquoi m'avoir demandé de rester , demanda la jeune fille aux byakugan.

Tu ne crois pas que tes exploits du jour justifient à eux seuls ce petit entretien ? »

Le ton direct et sans concession de son maître fit pâlir Hinata, qui se contenta de baisser les yeux. Kurenaï ne lui laissa pas le temps de chercher une explication plausible à son affligeante démonstration.

« J'ai suffisamment suivi ta convalescence pour savoir que tu es parfaitement rétablie de ton précédent combat, reprit la junnin. Je t'ai aussi suffisamment observée aujourd'hui pour savoir que tes piètres résultats ne viennent pas d'une défaillance physique. Pour ne rien te cacher, je pense que le problème est plutôt d'ordre psychologique. Je te dis ça parce que je ne me souviens pas de t'avoir vu aussi démotivée et aussi apathique depuis que je suis chargée de ton entraînement. »

Hinata sentit une boule lui passer dans la gorge.

« Je sais que tu a traversé une période très difficile, Hinata, reprit Kurenaï. Tu a été très affectée par le conflit familial dans lequel tu a été plongée sans l'avoir voulu. Je sais aussi que ton père se montre très dur envers toi.

Mais…mais les choses se sont améliorées, sensei, l'assura l'héritière des Hyuga, en saisissant la balle au bond dans l'espoir d'en finir avec une conversation de plus en plus gênante. Les choses commencent à s'apaiser… surtout maintenant, que mon père a proposé d'entraîner Neji.

Je suis aussi au courant de ça, figure-toi, répliqua Kurenaï en souriant malicieusement. J'en conclus donc que ta sinistrose ne vient pas d'un problème familial. »

Hinata ne répondit pas. Elle baissa à nouveau la tête, cherchant à éviter le regard de son maître.

« Hinata, reprit Kurenaï avec douceur, cela fait plusieurs années que je suis ton parcours. Les choses n'ont pas été faciles pour toi, mais tu t'es toujours battue avec courage. Tu as énormément progressé dans ton apprentissage. Tu as aussi joué un vrai rôle dans l'apaisement du conflit qui a opposé les deux branches de ta famille, même si je sais que tu en doutes beaucoup. Cependant, il faut que tu comprennes que, si tu veux réellement prendre ta vie en main, il ne faut en négliger aucun aspect. Tu vois ce que je veux dire ? »

La jeune Hyuga fronça les sourcils, sans bien comprendre apparemment ce que voulait lui signifier son maître. Elle secoua négativement la tête. Kurenaï soupira, mais garda son sourire.

« Tu me mets dans une situation difficile, avoua-t-elle à sa protégée. Je ne pensais pas avoir à aborder ce genre de sujet avec une de mes élèves, surtout aussi jeune. Enfin, il faut croire que ton cas est particulier.

Que voulez-vous dire , demanda Hinata, intriguée.

Nous sommes des ninjas, Hinata. Nous vouons nos vies au service de notre village et accomplissons les missions que l'on nous impose. Cependant, nos existences, aussi limitées soient-elles par cet engagement, ne sauraient se réduire à une série de combats et d'intrigues politiques. Nous sommes des guerriers avant tout, c'est vrai. Mais nous sommes aussi des individus à part entière. Avec nos peurs, nos doutes, nos certitudes, nos états d'âme, nos sentiments et nos désirs. Notre intimité en somme. Et quelque soit la sincérité ou la profondeur de notre engagement envers le village, nous ne pouvons nous accomplir parfaitement comme combattants si nous négligeons ces parties intimes de nous-mêmes. »

Quel rapport cela a-t-il avec moi , se défendit la jeune Hyuga.

Pour être plus clair, sourit la junnin, je crois qu'il est grand temps pour toi d'assumer certaines choses. Des choses que tu as refoulé jusqu'à présent, mais qui t'accaparent désormais au point d'interférer avec ta formation. Tu es encore jeune, et peu de gens sont troublés de la sorte à ton âge. Pour le coup, tu es, comme qui dirait, en avance. Mais c'est notre lot à nous, les ninjas, de mûrir plus vite que les autres. Peut-être parce que nos vies sont plus courtes que celles des autres. Peut-être aussi parce que nous sommes amenés très tôt à prendre de lourdes responsabilités.

Je… je ne vois pas de quoi vous voulez parler, bredouilla Hinata, de plus en plus inquiète.

Je veux parler des sentiments que tu éprouves pour le jeune Uzumachi », acheva Kurenaï.

Pour Hinata, c'était la catastrophe. Après Sakura, Kurenaï. Le village tout entier était-il donc au courant de ce qu'elle éprouvait ? Naruto était-il le seul à ne s'être aperçu de rien, ou bien s'en moquait-il complètement ?

« Je… vous vous… vous vous trompez, sensei, mentit la jeune Hyuga, blême.

« Hinata, soupira son maître, nous n'arriverons à rien si tu te mets à réagir comme une gamine. Tu as passé l'âge de faire l'enfant. Nous savons très bien toutes les deux ce qui te préoccupe en ce moment. Et nous savons aussi que je n'aborde pas le sujet par plaisir, mais par nécessité. Figure-toi qu'il n'est pas dans mes habitudes de me mêler de la vie privée de mes élèves. En particulier de ce genre d'affaire. D'une part, parce que j'ai bien d'autres choses en tête. Ensuite, parce qu'il est rare qu'à vos âges, et vue la vie que vous menez, ce genre de sentiments soient particulièrement développés chez vous. Des amourettes sans conséquence surviennent parfois. Mais cela dépasse très rarement ce stade. Une fois encore, il faut croire que tu constitues un cas à part. L'angoisse que tu ressens est si forte qu'en plus d'être palpable, elle arrive à te perturber jusque dans ton travail. Et en tant que maître, je ne puis tolérer cela plus longtemps. »

Kurenaï cessa de discourir et fixa l'héritière du byakugan, comme si elle en attendait une réponse. Mais la jeune Hyuga semblait désemparée, au bord des larmes.

« Lorsque l'on se sent perdue, et que l'on ne trouve pas de réponse à ses angoisses, il est souvent salutaire d'en parler reprit la junnin, d'une voix plus douce. Les sentiments doivent être exprimés. Sinon, ils finissent par nous étouffer, ou par nous transformer, à force de trop nous faire souffrir, en monstres insensibles.»

Kurenaï cessa de parler, et mis une main sur l'épaule de sa protégée. Alors seulement, Hinata se lâcha. Sans cri ni démonstration ostentatoire. Elle se mit simplement à sangloter. Tout doucement.

Je… C'est inutile… J'ai tout gâché, sensei, avoua la jeune fille. Je croyais bien faire… vraiment. Et j'ai tout gâché… comme une idiote. Cela aurait été si simple de bien faire… mais… j'ai tout raté… Je voulais bien faire, et je lui… je lui ai fait… je l'ai fait souffrir bien plus encore. Il le sait maintenant. Je n'imagine… je n'ose même pas imaginer… à quel point il doit me haïr.

Te haïr , répéta Kurenaï, surprise. Il t'as dit ça ?

Non, répondit Hinata. Mais il me hait, c'est forcé. Surtout après ce que je lui ai fait.

Tu penses qu'il te hait. Pourtant, il ne t'a rien dit de tel. Et tu n'as aucune preuve qu'il en soit ainsi. Alors, pourquoi présumes-tu une telle chose? Pourquoi ne lui poses-tu pas franchement la question ?

Non ! répliqua Hinata, comme affolée. Non… j… je ne peux pas faire ça… je n'oserai jamais.

Tu parles comme si tu craignais sa réaction. Penses-tu qu'il pourrait se montrer violent avec toi ? »

La réponse d'Hinata, instinctive, fusa immédiatement.

« Non, sensei, Naruto ne ferait jamais de mal à quelqu'un du village. »

Kurenaï sourit en reprenant la parole.

« Tu as beau penser qu'il te hait, tu gardes une grande confiance en lui. Et tu le défends avec une ardeur touchante. »

Hinata ne répondit pas, interrogeant simplement la junnin du regard.

« Veux-tu que je te dise, Hinata , reprit Kurenaï. Je crois que si tu refuses d'aller le voir, ce n'est pas parce que tu as peur de lui ou de ses réactions. Ni même de ce qu'il pense de toi. C'est simplement parce que tu as peur de flancher, de ne pas avoir le courage d'aller jusqu'au bout de ta démarche. Et c'est pour la même raison, je suppose, que tu ne lui a jamais avoué tes sentiments. Car tu ne lui as rien dit là-dessus, n'est-ce pas ?

Non… avoua Hinata.

En somme, tu te trouves dans la même situation que lors de ta formation de ninja, conclut la ninja de haut rang. Tu y as longtemps échoué, non par manque de courage ou de capacité, mais parce que tu ne trouvais pas la force d'aller jusqu'au bout des choses. Tu reculais sans cesse pour ne jamais te confronter à toi-même. Pourtant, un jour, tu as réussi à passer cette barrière.

Mais… que dois-je faire, alors , finit par répondre l'héritière des Hyuga.

C'est évident, répondit Kurenaï. Tu dois aller parler au jeune Uzumachi. Tu dois assumer tes sentiments et te confronter à lui, comme tu as finit par assumer ta voie en te confrontant à ton cousin Neji. Je suis consciente du fait que cet affrontement familial reste encore un très mauvais souvenir. Néanmoins, tu y as beaucoup gagné. A commencer par une meilleur estime de toi-même. Tu as trouvé le moyen de faire face à Neji. Il est temps pour toi de faire face à Naruto.

Mais… comment est-ce que je pourrais trouver… le courage… de me présenter à lui, objecta Hinata. Je ne peux pas… pas après ce que j'ai fait… C'est trop tard.

Il n'est jamais trop tard, Hinata, sourit Kurenaï. Et si cela peut te rassurer, je doute sincèrement que Naruto te haïsse, comme tu le penses. Je crois au contraire qu'il s'inquiète beaucoup à ton sujet.

Comment pouvez-vous dire ça, sensei ? demanda la jeune Hyuga, surprise.

Simplement parce qu'il est passé pendant la pause de midi et qu'il m'a demandé l'autorisation de te parler, expliqua la junnin. Je dirais q'il avait plutôt l'air… décontenancé. Il m'a parlé d'une lettre que tu lui aurais remise, et à laquelle il n'a visiblement rien compris. D'autre part, il m'a dit qu'il t'avait cherchée dans le village après la fête des morts, mais qu'il avait l'impression que tu l'évitais. Il a ajouté qu'il ne comprenais pas ce qui se passait, et qu'il ne voyait pas ce qu'il avait fait de mal à ton égard. Il m'a même demandé si tu lui en voulais d'avoir battu Neji. Tu vois que la situation est loin d'être aussi claire que tu l'imaginais. »

Hinata ne su que répondre. Interloquée, elle semblait avoir du mal à se remettre des révélations de son maître. Finalement, la junnin se leva avant de reprendre la parole.

« Naruto t'attendra jusqu'à ce soir aux trois troncs, près de la stèle aux morts, lança-t-elle à son élève. A toi de voir si tu veux lui parler ou non. Tu es libre de choisir. Mais, si je puis te donner un conseil, c'est d'accepter. Tu ne peux pas rester dans cet état éternellement, Hinata. De plus, si tu penses avoir fait du mal à une personne qui t'est chère, il me semble important de clarifier la situation et de t'excuser auprès de cette personne, ne serait-ce que par respect pour elle. Sur ce, je dois me sauver. J'ai une réunion au conseil qui commence à 21 heures, et j'aimerais prendre le temps de me reposer avant d'affronter la nuit. J'espère te voir demain matin à l'entraînement, Hinata. En meilleur forme, et à la bonne heure, bien entendu. Dans le cas contraire, je saurai me montrer beaucoup moins indulgente qu'aujourd'hui, tu peux m'en croire.»

Puis, la junnin s'en fut, laissant la jeune Hyuga en proie à une terrible hésitation.