Kikoo tout le monde !
J'espère que vous n'avez pas trop attendu ce chapitre. J'essaie de me dépêcher à publier mais celui-ci était particulièrement dur à écrire (j'en ai réécrit une grosse partie). J'espère que vous allez apprécier ce chapitre !
Pour vous mettre dans l'ambiance, je vous propose de vous mettre dans les oreilles un groupe malheureusement pas assez connu mais qui pourtant est excellent : Apocalyptica, avec « Until it Sleeps » qui est une reprise instrumentale de Metallica (avec violons et tout). Croyez-moi, quand on goûte à ce groupe, on devient accro !
Résumé des derniers chapitres : Jane a récupéré la lettre de ses parents en transformant Drago en hibou. Heureusement pour elle, cette lettre ne contenait rien d'important. C'est maintenant l'heure des réflexions.
Disclaimer : Inévitable… Bien entendu J.K. Rowling possède Drago ainsi que tous les personnages des livres Harry Potter. Je n'apporte que ma modeste contribution en inventant Jane, Harold et quelques autres. Pour l'inspiration, je dois également citer le groupe Keane qui, grâce à sa chanson Somewhere Only We Know, a permis à cette fiction de prendre corps. Et Jean de la Fontaine pour ce chp.
Remerciements : Merci à Lupin le Lycanthrope, qui a la patience de corriger mes affreuses fautes !
Réponses aux reviews :
Harana : Héhé je vois que tu as apprécié ce chapitre ! Je dois dire que je suis également très fière de Jane et qu'à sa place, je n'aurais pas eu autant de culot ! Ahhh il fallait bien quelqu'un pour rabaisser le caquet de Drago… Mais comme tu dois t'en douter, ça n'en restera pas là.
flo0o'z : Ahhh j'adore ton élan de sadisme ! Dans ce chapitre, tu découvriras la suite des déboires de Drago en hibou (ça fait très Martine à la ferme, non ? lol j'imagine bien « Drago à la plage », « Drago à la foire »… c'est rien, un ptit délire perso) Si j'ai l'intention de faire des couples ? La réponse est OUI (mais je ne dirai pas qui, d'ailleurs vous aurez quelques indices dans ce chapitre)
Dea73 : Où j'ai été chercher le nom d'Ewing ? Eh bien je vais te révéler mon grand « truc » pour trouver les noms de mes personnages : j'ouvre le dico au hasard et je pointe un nom ! J'ai trouvé Ewing au deuxième essai, voici d'ailleurs à quoi correspond ce nom :
Sir James Ewing : Physicien britannique (Dundee, Ecosse, 1855 – Cambridge, 1935). Il découvrit d'hystérésis magnétique (1882).
Je ne peux pas entièrement révéler pourquoi, mais ce nom colle parfaitement à Jane ! Voilà, merci pr tes encouragements !
Lupin le Lycanthrope : Que dire, sinon encore une fois merci pr tes compliments et ta relecture attentive ! Je commence à taper le chp 5 aujourd'hui même !
Bonne lecture à tous et une petite review s'il vous plait (je ne vis que pour ça ;)))
Un havre de paix
Chapitre 4 : Jusqu'au sommeil
« … Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. »
Cette phrase résonna dans la tête de Drago avec une intensité particulière. Il savait qu'il était le Corbeau de la fable de Jean de la Fontaine, que son père lui avait enseigné voilà plusieurs années. Ce même père qui lui avait inculqué certains préceptes si bien décrits par ce sorcier du dix-septième siècle. Jean de la Fontaine, lui avait expliqué son père, faisait partie de ces sorciers qui avaient négligé la magie pour s'adonner à la poésie, avec un grand talent et une compréhension étonnante de la nature humaine. « C'était un imbécile » avait ajouté Lucius « Mais ses écrits et surtout ses fables sont des trésors pour celui qui sait les comprendre ». Lorsque Drago avait quémandé des informations supplémentaires, son père avait seulement répondu « Pour dominer, il faut comprendre les faiblesses de tes inférieurs ». Il arrivait que Lucius soit assez sage à ses heures.
Drago avait eu la bêtise d'oublier ses bons conseils : il avait laissé la flatterie remplacer la raison. Tous les Serpentards l'adulaient et il faisait partie des meilleurs de sa classe, alors il avait tout naturellement commencé à se croire invincible, spécialement quand Potter et sa bande n'étaient pas dans le coin. Ewing semblait faible, et il se sentait fort, très fort : grossière erreur. Il l'avait sous-estimée, la laissant prendre l'avantage.
A présent il poireautait dans la volière, sous sa forme de hibou. Le temps passait avec une lenteur incroyable. Dès le départ de la Gryffondor, il s'était rué sur son tas de vêtements à la recherche de sa montre. Comme il n'avait pas l'habitude de se servir d'un bec au lieu de ses mains, cela prit un certain temps. Lorsqu'il arriva enfin à la dégager, il vit qu'il devait encore passer quarante minutes dans le corps d'un hibou. Les aiguilles de sa montre-bracelet avançaient si lentement qu'à force de les fixer, il avait l'impression qu'elles reculaient.
Soudain, il entendit des pas venant de l'escalier et des voix de filles.
Oh non…
Deux Serdaigles plus jeunes que lui entrèrent dans la pièce en discutant. L'une d'elle tenait une lettre qu'elle eut tôt fait d'accrocher à la patte d'une chouette cendrée qui s'éleva d'un battement d'ailes et s'éloigna dans la nuit tombante.
- « Tu crois que c'était une bonne idée ? » demanda la fille qui avait envoyé la lettre.
Elle était plutôt maigre, ses cheveux blonds pendouillaient lamentablement sur ses épaules et son nez retroussé semblait être uniquement destiné à renifler moqueusement.
- « Combien de fois faudra-t-il que je te le répète, Sara ? Tu devais lui dire ce que tu ressens pour lui ! » fit l'autre jeune fille, qui pour l'instant était cachée à sa vue.
Drago était dissimulé par deux hautes armoires où l'on rangeait les aliments spécifiques de chaque volatile ainsi que tout ce qui leur était nécessaire. Ainsi caché, il écoutait la conversation avec intérêt – cela pouvait toujours servir.
- « Mais Orlane, s'il me repousse ? »
- « Tu ne crois pas qu'il vaut mieux que tu sois fixée ? Tu devenais dingue à force de penser à lui. Si je ne te connaissais pas, je penserais que tu fais une fixation… »
- « Oui », soupira Sara, « Je sais… Mais quand même… Je n'ai pas envie qu'il se moque de moi. »
- « En même temps, tu n'as pas choisi le type le plus facile… »
- « Harry Potter est un incompris ! »
De plus en plus intéressant.
- « Ca va ne t'énerve pas, je voulais seulement… Oh, laisse tomber »
Orlane se dirigea du côté de la fenêtre et Drago put l'apercevoir. Elle était beaucoup plus jolie que son amie, plus sensuelle en tous cas. Ses cheveux bruns très foncés lui arrivaient en dessous des oreilles et elle semblait avoir la manie de les replacer constamment derrière celles-ci. Son visage arrondi et ses courbes naissantes la rendaient plus féminine que son vis-à-vis.
- « Quoi ? » demanda sèchement Sara
- « Eh bien » dit Orlane, semblant marcher sur des œufs « Je veux juste te dire de ne pas trop te faire d'idées. Tu ne le connais pas, et ce n'est pas parce qu'il a ramassé une fois tes livres que ça fait de toi une de ses amies. »
- « Il les a portés jusqu'à ma classe ! Et il me sourit sans cesse depuis ! »
Les filles sont vraiment des nouilles
- « Je ne veux pas que tu sois déçue, c'est tout »
- « Ca va, je sais mais… Oh qu'est-ce que c'est que ça ? »
Sans que Drago ne le remarquât, la jeune fille s'était approchée de lui et contemplait maintenant d'un air perplexe l'étalement de vêtements à ses côtés.
- « Regarde : une cape, et là une chemise, un pantalon et… Merlin un caleçon… Qui a pu laisser ça ici ? » demanda-t-elle
Orlane vint à son tour jeter un coup d'œil.
- « Regarde la cape et la couleur de la cravate : c'est un Serpentard »
- « Et là : le badge de préfet » couina Sara, soudain anxieuse « Tu crois qu'il y a quelqu'un ici ? On aurait pu nous entendre parler ! » réalisa-t-elle, en couvrant sa bouche de sa main, comme si elle voulait rattraper ses bavardages.
Son amie jeta un regard circulaire, puis secoua la tête :
- « Non, nous sommes seules. »
- « On devrait peut-être les prendre et les apporter à Rusard ? »
Non !
La blonde tendit la main vers la cape de Drago. Il poussa un petit cri furieux et tenta d'attraper la main de la jeune fille qui recula précipitamment.
- « Tu as vu ça ! Ce hibou est dingue ! Il a failli m'arracher le doigt ! »
- « Il appartient sûrement au propriétaire des vêtements »
- « Qu'est-ce qu'on fait ? »
- « Rien, je n'ai pas envie de me faire déchiqueter les doigts par un hibou. Et puis, ce sont les affaires des Serpentards.» déclara Orlane.
Brave fille
- « Qui sont les préfets des Serpentards ? » demanda encore Sara
- « Je n'en connais qu'un, de nom : Drago Malefoy »
- « Ton chouchou… » la coupa Sara
- « Arrête » dit Orlane, un soupçon de rouge sur les joues, « Allez, on y va, je ne tiens pas à être là quand ils reviendront. »
Drago jeta un coup d'œil vers sa montre : effectivement, il était temps qu'elles partent, ou elles allaient assister à sa transformation. Apparaître nu comme un ver devant elles compromettrait la chance qu'il avait entrevue dans le rougissement d'Orlane, sans parler de sa réputation. Les deux filles sortirent enfin de la pièce et le bruit de leurs pas et de leur conversation décrut jusqu'au silence complet.
Drago ressentit les premiers picotements quelques minutes plus tard et bientôt tout son corps d'oiseau fut parcouru de démangeaisons de plus en plus gênantes. Brusquement, il se sentit grandir, en même temps que ses plumes fusionnaient pour reformer la peau de ses doigts. C'était de plus en plus douloureux, au fur et à mesure que les plumes de tout son corps subissaient la même modification et que les poils repoussaient sur sa peau réapparue. Lorsqu'il récupéra une bouche correcte, il put pousser un gémissement convenable. Ses jambes ne le portaient pas et il s'affaissa par terre, recroquevillé en position fœtale, pendant que la transformation s'achevait.
Cela n'avait pris que quelques secondes, mais il avait l'impression qu'on avait aspiré toute sa force. Redoutant que d'autres élèves n'entrent dans la volière et ne le trouvent dans cette position délicate, il s'obligea à attraper ses vêtements et à s'habiller. Il ignorait que reprendre forme humaine était si douloureux et prenait autant d'énergie. Une fois correctement vêtu, il se traîna péniblement hors de sa cachette et descendit d'un pas incertain la volée de marches vers le rez-de-chaussée. Combattant une envie irrépressible de dormir, il continua son chemin vers la salle commune des Serpentards, en tenant à peine ses paupières ouvertes.
Arrivé devant le passage secret, il dit d'une voix faible le mot de passe (« Addiction ») et pénétra dans la pièce noire de monde. Il n'était pas vraiment tard et beaucoup d'élèves travaillaient ou bavardaient dans la salle commune. Il y eut un bref silence lorsqu'ils le virent apparaître à moitié affalé contre le mur, puis les conversations reprirent peu à peu. Les Serpentards appliquaient à merveille ce qu'il leur avait imposé : ne jamais poser de questions et faire tout ce qu'il disait.
Zabini et Pansy eurent l'air de vouloir lui parler, mais Drago lança juste un « Je vais me coucher » et se dirigea vers son dortoir. Il flottait maintenant dans une espèce de brouillard collant et se dépêcha de rejoindre son lit, dans lequel il s'effondra sans plus de manières.
Deux secondes plus tard, il dormait profondément.
$&$
- « … été aussi déçu ! Tu fais honte à ton Maître, autant qu'à ton père. Un mangemort n'a pas le droit de se faire ridiculiser de la sorte ! »
- « Maître » dit Lucius Malefoy « Vous êtes sûr que mon fils a été transformé en hibou ? »
- « Evidemment » répondit la voix sifflante du Seigneur des Ténèbres, totalement masqué par une ombre, ses yeux rouges braqués sur un Drago tremblant « Je l'ai lu dans son esprit. Il a été assez stupide pour se laisser surprendre. Il est faible. »
- « Je le formerai à être fort, Maître, ne le punissez pas »
- « Il le faut, mon fidèle Lucius, je dois lui apprendre à devenir comme toi. »
- « Comme il vous plaira, Maître » dit humblement le plus vieux des Malefoy
- « Endoloris » cracha la voix de serpent
Drago sentit un millier de lames chauffées à blanc le transpercer et il hurla du plus profond de son âme. Il voulait mourir, que la douleur s'arrête, sans quoi il deviendrait fou. Le supplice ne dura pas longtemps. Le Maître releva bientôt sa baguette.
- « Maître » fit encore Lucius « C'est mon fils »
- « C'est pour cela que je vais lui donner l'occasion de se racheter. Faites venir la fille ! »
Jane Ewing apparut, encadrée de deux mangemorts cagoulés la poussant pour la faire avancer. Elle était terrifiée et, à la seconde où elle vit le Seigneur des Ténèbres, elle s'évanouit.
- « Voici un moyen de racheter ton honneur » dit celui-ci « Tue-la »
Drago n'avait pas le choix. Plus jamais il ne voulait subir ce que le Maître venait de lui infliger. Une vague nausée s'empara de lui lorsqu'il saisit sa baguette. Il voyait ce visage, les traits de la première personne dont il allait ôter la vie. Il ne le voulait pas… Mais il le fallait… Il le fallait…
- « Avada Kedavra »
Une puissante lumière verte envahit la pièce.
Drago s'éveilla en sursaut.
Des gouttes de sueur perlaient sur son front et sa respiration était haletante. Ses draps étaient sans dessus dessous, preuve que la nuit avait été agitée. Une forte nausée le submergea et il se força à fermer les yeux pour la faire passer. Fébrile, il repoussa ses cheveux collés par la transpiration et essaya de se calmer. Quel cauchemar terrible !
Dégoûté, il se remémora toute la scène : le Seigneur des Ténèbres, dont il n'avait vu que les yeux (tant de fois décrits par son père), l'horrible sifflement sortant de sa bouche, l'air soumis de Lucius, la douleur lorsqu'il avait reçu l'Endoloris, l'arrivée d'Ewing apeurée et enfin son… assassinat. Il n'y avait pas d'autre mot ; l'espace d'un instant, Drago avait été un assassin. Ce n'était pas tellement le meurtre de cette fille qui le gênait, mais plutôt le fait de savoir qu'un jour peut-être, il devrait tuer pour de vrai. Il voulait le pouvoir, l'argent, la domination, mais pas devenir un meurtrier !
Son père était un criminel. Drago avait assez de bon sens pour le savoir. Sa mère, par son inaction l'était également. Voulait-il devenir comme eux ? Voulait-il toujours marcher un pas derrière le Seigneur des Ténèbres, être son serviteur à jamais ? Non, il ne le voulait pas, mais il le ferait quand même. Ce qui lui importait le plus, c'était de rester en vie, quel qu'en soit le prix. Il s'était déjà tellement posé la question : qui était le plus susceptible de gagner cette guerre ? Selon son père, le camp Potter n'avait aucune chance. Mais son père n'affrontait pas le Gryffondor depuis cinq ans ! Malgré lui, Drago sentait que Potter ne serait pas si facile à abattre que ça. Or, tout ce qui importait pour le Serpentard, c'était d'être dans le camp vainqueur, quel qu'il soit, même si pour cela il devait trahir sa famille ou au contraire tuer Potter.
Tuer… Il n'avait jamais réellement envisagé de le faire. Avant cette nuit, il se laissait porter par le courant de la vie, du présent. Mais maintenant, l'avenir lui apparaissait dans tout ce qu'il avait de plus compliqué. Il ne voulait pas se battre, ni souffrir, encore moins mourir. Il souhaitait simplement rester à Poudlard, continuer à vivre comme avant, à jouir de ses pouvoirs et à tyranniser les plus faibles. Il ne voulait pas grandir, prendre ses responsabilités et devenir mangemort. Le futur était trop terrifiant, et trop incertain.
Il eut l'impression qu'un poids énorme s'abattait sur ses épaules. D'un geste rageur, il envoya promener toutes ces pénibles réflexions. Désormais, un seul mot d'ordre : attendre et improviser ! Il aviserait au moment venu. Cela ne délogea pas la boule de stress coincée dans son estomac, mais il se sentit un peu mieux.
Penser à autre chose… Penser à autre chose…
La vengeance.
Bien sûr, pas ce qui était suggéré dans son rêve. Mais il devait quand même punir Ewing pour ce qu'elle lui avait fait ce soir, c'était une question d'honneur. Drago avait bien compris le message qu'elle lui avait fait passer : « … il va falloir me prouver que tu vaux mieux qu'une vulgaire imitation de prédateur ». C'était un défi, et il allait le relever ! Elle l'avait attaqué sur son propre terrain en utilisant une potion pour le piéger, il ferait pareil avec un sortilège qui la forcerait à reconnaître qu'il était le meilleur.
$&X&X&X&X$
Jane était immensément soulagée : elle respirait librement pour la première fois depuis une semaine. Elle se rendait compte à présent de la peur qui l'avait habitée en pensant à ce que pouvait contenir cette lettre. Tous ces efforts, pour finalement découvrir qu'elle n'avait rien à craindre… Tant pis, au moins elle avait donné à Malefoy ce qu'il méritait. Elle savait qu'à partir de maintenant, elle devait être en permanence sur ses gardes. Elle avait défié le Serpentard et plus jamais il ne la laisserait en paix. En le transformant en hibou, elle lui avait déclaré la guerre et tous les coups seraient permis, même – et surtout – les plus bas.
Allongée sur son lit, elle écoutait ses compagnes de chambre discuter. La pression retombait peu à peu, mais elle sentait qu'elle ne dormirait pas cette nuit. Une intuition…
$&$
Il devait être deux ou trois heures du matin lorsque s'annoncèrent les premiers signes de la crise. Jane n'avait pas réussi à trouver le sommeil et elle se retournait depuis des heures dans ses draps. Elle entendait son cœur battre de plus en plus vite au fur et à mesure qu'elle s'escrimait à se calmer pour s'endormir. La chaleur devenait insoutenable, même si elle savait que ça n'avait rien à voir avec la température de la pièce. Finalement, n'y tenant plus, elle repoussa ses couvertures et se leva. Ses compagnes de chambre dormaient toutes les trois, plongées dans des rêves que Jane ne pourrait plus jamais avoir.
A présent, elle avait terriblement froid et elle tremblait de tout son corps. Et comme à chaque insomnie, des images lui revinrent en tête une fois debout. Mais ses parents n'étaient pas là pour la rassurer. Le sang cognait contre sa tempe, elle sentait vaguement une douleur au-dessus du crâne. Elle se dirigea vers les toilettes pour se passer un peu d'eau sur le visage. Monter les quatre marches pour arriver dans cette pièce fut une épreuve insoutenable et le mal en profita pour gagner tout son corps. Les pensées se déchaînaient dans son cerveau.
Un hibou… Malefoy… Drago Malefoy… Les Sangs-de-Bourbe doivent mourir…Pourquoi Gryffondor ?… Papa, Maman ne soyez pas déçus, ne m'en voulez pas… Anna… Anna… Pourquoi suis-je la seule à me sentir coupable ?
Rien ne put endiguer le flot d'horreur qui remonta jusqu'à sa bouche.
Elle arriva à temps devant un cabinet pour vomir ce qu'elle ne pouvait garder en elle. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux, mais elle les retint, comme pour prouver qu'elle avait encore le contrôle de son corps, à défaut de celui de son esprit. Des spasmes douloureux lui contractaient l'estomac pendant qu'elle déversait tout son contenu dans la cuvette en céramique.
Après quelques minutes, elle put se relever et essuyer sa bouche souillée. D'un geste las, elle tira la chasse du WC, et se dirigea vers un évier en pierre bleue pour y trouver un peu d'eau fraîche. Cela lui fit du bien, mais n'enleva pas le goût amer sur sa langue.
Lorsqu'elle aperçut son propre visage dans le miroir au-dessus de l'évier, elle put constater sa pâleur : ses cernes noirs marquaient ses traits, ses yeux avaient viré au rouge violacé et les coins de sa bouche tressautaient incessamment. Puis un autre visage se superposa au sien, une jeune fille aux cheveux châtains clairs, et elle se sentit encore plus mal. Sa gorge se serra et elle eut l'impression d'étouffer.
Que ça s'arrête, que ça s'arrête, que ça s'arrête, pitié !
Sa vision se brouilla. Elle eut conscience que quelque chose se brisait, répandant des centaines de bris de verre dans l'évier et par terre. Soudain elle aperçut à côté de sa main droite un morceau de miroir en forme de triangle d'environ cinq centimètres de long. Elle approcha ses doigts tremblants de l'objet et le prit précautionneusement entre le pouce et l'index. Elle était totalement fascinée par sa pointe tranchante.
Je comprends, c'est si facile.
Son regard dériva vers son poignet gauche où émergeait une veine bleue. Le sang coulait dans son corps, dans ses artères. Et bientôt il coulerait en dehors. Elle approcha le morceau de miroir de sa peau. Sa main tremblait légèrement mais elle devint ferme au fur et à mesure qu'elle avançait vers son objectif.
Lorsque l'extrémité pointue toucha sa peau, elle eut un instant d'hésitation. Qu'était-elle en train de faire ? Elle ne voulait pas mourir ! Elle resta dans cette position durant une éternité, parfois accentuant la pression sur sa peau, parfois la relâchant, comme si deux personnalités s'affrontaient dans un combat dont l'enjeu était sa vie. Finalement, dans le triangle métallique, elle vit des sourcils froncés et un visage sévère.
- Tu ne le feras pas.
- Je n'en peux plus
- Tu n'as pas le droit
- Mais…
- Tu n'as pas le droit
Lentement, elle lâcha le triangle coupant qui alla s'écraser par terre. Elle avait raison, Jane n'avait pas le droit, elle ne pouvait pas se soustraire à sa culpabilité comme cela. Sa respiration s'apaisa graduellement, son cœur reprit un rythme plus ou moins normal et elle eut l'impression d'émerger d'un cauchemar. Atterrée, elle contempla le miroir qu'elle avait sûrement brisé en faisant de la magie accidentelle et le morceau au sol avec lequel elle avait failli… Dire qu'elle avait cru que ce serait la solution.
A présent, elle était complètement épuisée, vidée de ses forces. Elle voulait dormir, dormir pour oublier. Chancelante, elle se traîna jusqu'à son lit, sans réveiller les trois autres filles, et plongea enfin dans un sommeil sans rêve.
$&X&X&X&X&$
Cela prit un mois. Un mois fait de lectures, d'espoirs et de découragements. Un mois pénible, mais cela n'avait pas été inutile : aujourd'hui, Drago était prêt.
Il avait trouvé ce sortilège dès le premier jour de recherche, mais il était effroyablement compliqué. Rien qu'acquérir la technique d'incantation lui avait pris plus d'une semaine. Et ce n'était que le début. En un mois, il avait passé plus de temps à la bibliothèque qu'au cours de ses cinq années à Poudlard. Ses amis n'avaient pas manqué de lui faire remarquer, comme Pansy par exemple :
- « Tu vas encore à la bibliothèque ? Tu es malade ou quoi ? Tu as décidé de ressembler à Granger ? »
Ces quelques mots avaient suffi à le mettre dans une rage folle, à tel point qu'il avait voulu la gifler. Il s'était avancé vers elle, menaçant, en disant :
- « Si jamais tu me compares encore une fois à cette Sang-de-Bourbe… »
Pansy avait reculé en pleurant. Ce n'était pas de vraies larmes, Drago avait compris depuis longtemps que Pansy était incapable de ressentir la moindre émotion. Néanmoins, là, elle avait eu peur :
- « Non, Drago, ça va, plus jamais, c'est promis… »
Elle avait tourné les talons et était partie en pleurnichant plus fort. Cet incident avait permis à Drago de se rendre compte du dégoût profond qu'il éprouvait pour Pansy. Il ne l'aimait pas, ça il le savait depuis longtemps. Cependant, elle n'avait jamais été gênante et c'était bon pour son ego d'avoir quelqu'un qui approuvait tout ce qu'il disait ou faisait. Jusqu'à ce jour-là.
Drago aurait pu écrire un mètre de parchemin, rien qu'en énumérant ses défauts. Mais ce qui l'écoeurait le plus, c'était que même comparée à une Sang-de-Bourbe comme Granger, elle paraissait terne. Il repensa furtivement à la petite Orlane et se dit que Pansy ne soutenait décidément pas la comparaison.
De Orlane, ses pensées vagabondèrent vers Ewing. La Gryffondor ne perdait rien pour attendre. Si ses recherches avaient pris autant de temps, c'était parce qu'il ne voulait pas lui laisser la moindre chance de lui échapper. Mis à part la manière d'incanter, il avait dû s'entraîner à atteindre l'état d'esprit adéquat, sans lequel le sort serait de moindre puissance. Et bien sûr, il avait dû trouver un moyen d'attirer Ewing et surtout de la désarmer. Si elle était aussi douée en Sortilèges qu'elle le prétendait, il ne devait pas prendre le risque qu'elle saisisse sa baguette.
Finalement, il avait dû explorer Poudlard de long en large pour trouver un endroit approprié à sa vengeance. Cela n'avait pas été une mince affaire. La volière aurait été la pièce rêvée (elle le savait, la rusée, que personne ne pouvait ni voir ni entendre ce qui se passait là, lorsqu'elle l'avait piégé) mais Drago ne voulait en aucun cas montrer qu'elle avait été plus intelligente que lui sur ce point.
Après de longues recherches, alors qu'il déambulait dans un couloir désert, il avait jeté un regard par une fenêtre donnant sur l'extérieur et une évidence l'avait frappé de plein fouet : il avait l'endroit parfait à portée de main ! Dire qu'il l'avait eu devant les yeux pendant tout ce temps ! Là, ils ne seraient pas dérangés.
Et aujourd'hui, tout était fin prêt. Tout. On allait rigoler…
Merci de me lire jusque ici. Une petite review please !
Loufoca
