Chapitre 2 : L'attaque

« Navire en vue ! Par trois quart bâbord arrière ! »

Ce cri soudain réveilla Elizabeth en sursaut. Elle failli même tomber de son hamac. Son cœur s'affola. On était en temps de guerre, l'Orion pouvait très bien croiser une frégate française, et les baleiniers étaient des proies faciles.

Elle se précipita sur le pont supérieur où se trouvait déjà le capitaine Williams, munit d'une longue vue. Elizabeth couru à ses côtés pour scruter l'horizon dans la direction où regardait le capitaine. L'équipage semblait nerveux et tous s'étaient levés en sursaut. Son cœur s'accéléra lorsqu'elle aperçut le navire. La nuit était noire, mais elle distinguait quelques lueurs de lanternes au loin dans l'obscurité. Elle espéra de tout son cœur que ce navire soit anglais.

« Capitaine » dit-elle nerveusement, d'une toute petite voix « c'est un navire de guerre ? »

« Je le crains en effet » répondit calmement Jake « mais nous n'avons aucun moyen de savoir si c'est un des nôtres, nous ne pouvons voir les couleurs du navire. Il fait nuit »

Elizabeth commençait à paniquer.

« Qu'allons-nous faire alors ? » demanda-t-elle, anxieuse.

« Ils ne sont plus très loin maintenant, et ils se dirigent droit sur nous. Ils ont le dessus du vent, ils nous atteindront dans quelques minutes. Il est trop tard pour fuir… Le temps de lever l'ancre, de déployer toute la toile… »

Le capitaine s'arrêta, semblant pensif et résigné.

« Nous n'avons plus qu'à prier Dieu et espérer que ce soit un anglais »

Elizabeth se sentit soudain prise au piège. Elle savait pertinemment que le fait de rester en Angleterre aurait signé son arrêt de mort, mais elle ne pensait pas finir ainsi. Elle n'avait pas pris conscience du danger depuis les trois semaines qu'ils naviguaient, parce que les jours passaient tranquillement, mais aujourd'hui elle se sentait complètement vulnérable, au pied du mur.

« Capitaine, ne pouvons-nous rien faire ? Allons-nous nous laisser capturer aussi facilement ? »

A présent Elizabeth était au bord de l'hystérie. Elle cherchait Harry des yeux quand le capitaine lui répondit.

« Madame, il n'y a rien que nous puissions faire. Comme je vous l'ai dit nous n'avons pas le temps de fuir »

Elle n'arrivait pas à comprendre comment le capitaine pouvait être aussi calme. Il se retourna et dicta ses ordres d'une voix ferme.

« Parés à repousser l'abordage, employez vos armes, ils seront sur nous dans quelques minutes. Attendez mes ordres pour tirer. Nous ne sommes pas certains que ce soit un ennemi »

Puis, se tournant vers Elizabeth.

« Mademoiselle Connors, descendez dans votre cabine. »

« Capitaine, je suis aide soignante, je peux aider s'il y a des blessés… »

« Descendez » répondit le capitaine Williams d'un ton sec.

Elizabeth s'exécuta, elle était maintenant complètement paniquée. Elle ressentit une vague de terreur lui traverser le corps. Elle savait que dans cette prison de bois elle n'avait aucune échappatoire. Elle se prépara mentalement au pire. Elizabeth savait qu'ils risquaient d'être attaqués par des pirates ou des corsaires, mais elle n'avait pas imaginé une seule seconde qu'elle serait terrorisée à ce point. Tout cela semblait si irréel. Ils avaient naviguaient paisiblement depuis trois semaines et tout d'un coup un navire sortant de la nuit les surprend.

Sur son chemin pour rejoindre sa cabine elle croisa Harry.

« Harry ! » commença-t-elle.

« Descends dans ta cabine Elizabeth ! » lui ordonna-t-il.

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus, Harry disparut dans la mêlée des hommes de l'équipage qui couraient en tous sens, pistolets et fusils en main. Elizabeth allait emprunter l'escalier qui conduisait au pont inférieur lorsqu'une violente détonation retentit et qu'une partie du pont vola en éclat.

La jeune femme et quelques hommes furent projetés en l'air. Elizabeth atterrit durement sur le sol, se cognant la tête contre une barrique. Elle reprit rapidement ses esprits et se releva avec peine pour constater qu'une partie du pont avait volé en éclat et que plusieurs hommes étaient blessés.

Elle regarda en direction du navire, mais elle ne pouvait le voir à cause de l'obscurité. Elle vit alors deux flashs lumineux semblants sortir du navire et deux autres détonations. Elle se jeta à terre quand deux autres boulets de canon détruisirent le mât de misaine et percèrent la coque. La jeune femme voulait aider les blessés, mais elle était trop terrorisée pour bouger. Elle sentit un liquide chaud couler sur son front, et elle réalisa avec horreur que c'était du sang.

« Tous les canots à l'eau ! »

Ce fut la dernière chose qu'Elizabeth Connors entendit avant de perdre connaissance.