Chronique Nécrologique
Le Chemin de Traverse est vide ce matin. C'est l'aube. Et puis les gens de toute façon ne fréquentent plus la rue marchande avec autant d'enthousiasme qu'avant. L'enthousiasme, c'est terminé à présent. La joie, tout ça… il faudra du temps pour que les cœurs se reconstruisent… Vous avancez encore, un peu plus près de la banque Gringott. A votre gauche, il y a un portail qui mène vers un chemin sombre et inquiétant : L'Allée des Embrumes. Même elle semble morte depuis quelques mois. Vous rabaissez votre chapeau sur vos yeux et vous engouffrez dans l'allée. Déserte, pas un rat, pas un mendiant… ne vous connaissez le chemin pour vous l'être fait répéter une bonne dizaine de fois pas des amis. Vous êtes enfin devant La Maison Des Morts. Certes, le nom n'a rien d'engageant. Mais ce symbole… votre cœur bat de plus en plus vite. Cette maison est immense en largeur et en hauteur, elle a 3 étages. Elle est faite de bois et de pierres, comme les vielles maisons moyenâgeuses. Vous soupirez et, prenant votre courage à deux mains, vous entrez…
Le hall est stupéfiant. Il traverse en hauteur les trois étages. Tout y est blanc et rouge. Rouge sang. Tout le mobilier est de cette couleur. Des plantes mortes dans des pots de terre rouge encadrent la porte d'entrée. Un vieil homme au teint blafard et au regard vitreux se tient avachis derrière son comptoir, près d'un grand escalier de bois sombre. Un rire amer s'étouffe dans votre gorge à la vue de ce qui recouvre cet escalier. Un tapis rouge, pour les morts… vous vous approchez de l'homme qui vous regarde avec indifférence. Des comme vous, il en croise souvent. Vous vous présentez et payez votre visite. L'homme observe un moment l'argent avant de la mettre dans la caisse et de se lever. Il s'approche d'un grand cordon rouge et tire sèchement dessus. Une cloche retentit dans une note sinistre à travers ce silence glacial. Un autre homme, d'un vingtaine d'année, à la mine renfrognée, aux cheveux bruns et à l'habit sévère plonge ses yeux bleus dans les votre.
« Veuillez faire visiter le musé à notre invité. » Dit le vieil homme au garçon, d'une voix sèche.
Le garçon s'approche de vous et vous tend la main. Vous la serrez, un peu surpris. Il vous montre ensuite l'escalier, vous intimant de le suivre. Les marches craquent affreusement sous vos pas, et chaque parole brève de voter guide résonne en un écho assourdissant.
« Quel partit de La Maison souhaitez-vous visiter ? demande le garçon une fois que vous avez monté toutes les marches.
La Chambre des morts ! » Répondez-vous sans aucune hésitation, malgré les sueurs froides qui montent à votre échine.
Le guide acquiesce silencieusement et tourne à gauche. Vous le suivez, les mains dans le dos, regardant d'un œil distrait les tentures rouges sur les murs. Vous traversez un couloir étroit et illuminé de quelques rares torches. Vous comptez une, deux, trois portes que vous dépassez. La quatrième sur votre gauche suscite l'attention du jeune homme. La porte est rouge, la poignée ronde et lisse est noire. Votre guide l'ouvre avec un soin que vous jugez exagéré et vous laisse entrez. Le décor ne change pas de beaucoup. Rouge…C'est une chambre à coucher assez ordinaire, si ce n'est une curiosité : des coupures de presses et photos recouvrent les murs, s'étalent bien en vue sur le bureau. Sur le lit, des vêtements déchirés, vieux, usés et tachés d'un sang séché depuis longtemps.
Le garçon referme la porte derrière vous et reste fixe en face d'elle, attendant visiblement que vous ayez vu tout ce que vous vouliez voir.
Vous regardez distraitement les photos au dessus de coupures de presse que le mur à votre droite. Vous cherchez visiblement l'une d'entre elle en particulier. Vous la trouvez enfin et votre cœur bat encore plus fort contre votre poitrine, si du moins c'est possible, et un instant vous croyez que vous allez faire un malaise. Mais rien n'en est. La photo représente un adolescent de 17 ou 18 ans, aux cheveux noirs en bataille, à la peau blanche, aux lunettes rondes encadrant de magnifiques yeux verts. Son air est déterminé, et il bouge à peine dans son cadre. L'évidence vous frappe de plein fouet. Ce garçon savait qu'il mourrait. Ah, si vous aviez connu Harry Potter ! Mais vous êtes trop jeune pour cela. C'est une légende aujourd'hui. Vous lisez le papier jauni en dessous :
Harry Potter, 1980-1998, mort au combat. Obsèques prévus le 31 Juillet 1998 à son village natal, Godric'Hollow.
Votre cœur manque un battement, deux même. Si peu… l'on a dit si peu ce jour ou le survivant est mort… il était juste apparut dans la chronique nécrologique. Une vague d'injustice vous provoque une certaine nausée. Si peu… pourtant c'était un héros ! L'on avait dit tant de la mort de Lord Voldemort le même jour ! Mais rien… rien pour le sauveur… rien qu'une couronne de fleur. Vous parcourez encore le mur… Quelque amis d'Harry Potter, tels que Ronald Weasley, Neville Longdubat, Remus Lupin, Nymphadora Tonks, Alastor Maugrey, Ginny Weasley, Hermione Granger… cela continu sur tous les murs, du sol au plafond… sur le bureau quelques articles sur les procès des mangemorts… Un certain Draco Malfoy aurait été fusillé par des moldus… quelle ironie. Sur le lit, les vêtements de guerriers et ceux des ennemis se mêlent, froissés, semblant se battre encore.
Vous vous retournez vers votre guide. Vous vous sentez perdus, écoeuré. Lui se contente de vous rouvrir la porte d'un air las et sombre. Il a l'habitude. Des comme vous… il y en a tant. Ce musé, si sombre soit il, vous marquera toute votre vie de son implacable réalité : Tout le monde a perdu. Le bien, et le mal.
