Disclaimer: Le monde d'Harry Potter, ses personnages et tout le reste appartient à JK Rowling.


Préjugés préconçus


Chapitre 2- Un Rogue complètement différent

« Bonsoir, qui es-tu? »

Harry cessa de se questionner et releva les yeux pour rencontrer ceux de l'aînée de la famille. C'était une fille, qui devait avoir son âge. Elle avait les yeux noirs de Rogue, mais ils n'étaient pas aussi froids. Ses longs cheveux étaient si noirs qu'on y voyait des reflets bleu marins. Harry dut admettre qu'elle était très belle, d'une beauté simpliste mais réelle.

« Allô, hm. Je suis— »

« Harry! » S'exclama alors la femme. « Bonsoir. Je m'appelle Cassandra. Je suis ravie de faire ta connaissance. »

La voyant de plus près, Harry comprit d'où venait la beauté de la jeune fille. Cassandra -Mrs. Rogue- était superbe. Elle avait de beaux grands yeux bleus et ses cheveux, noirs également, étaient arrangés de façon à mettre son magnifique visage en valeur. Elle était grande et mince, mais le professeur Rogue la dépassait encore d'une bonne tête.

C'est alors qu'elle perdit un peu de son sourire.

« Comment… comment vas-tu? » Demanda-t-elle, soucieuse.

Harry ne put s'empêcher de penser à Mrs. Weasley. Il y avait vu dans ses yeux la même inquiétude. Cette femme ne le connaissait pas encore, mais elle semblait déjà l'apprécier. Contrairement à Rogue, qui se tenait derrière elle, toujours avec la fillette dans ses bras.

« Bien, » admit Harry de façon automatique. Puis, plus honnêtement, il ajouta : « Je veux dire, étant donné les circonstances, ça peut aller. »

« Quelles circonstances? » Demanda alors le plus âgé des deux garçons.

« Sky, Fredrick, allez donc mettre vos malles dans vos chambres, » coupa Rogue.

Les deux adolescents, qu'Harry soupçonna de trop bien connaître leur père, se dirigèrent vers leurs chambres avec leurs valises sans même discuter.

« Maman, j'ai un peu faim, » dit alors le jeune garçon avec une petite voix.

Mrs. Rogue eut un sourire et caressa la joue de son fils. « Bien sûr, Alan chéri, » dit-elle faussement désespérée, « tu as toujours faim. » Puis elle se dirigea vers la cuisine, s'arrêtant devant Rogue pour déposer un doux baiser sur ses lèvres, avant de repartir.

Harry resta quelques secondes sous le choc et dévisagea son professeur de potions. Celui-ci mit la petite Kayley au sol, qui alla rejoindre sa mère à la cuisine, et se rapprocha d'Harry, avec cette habituelle expression de mécontentement sur le visage.

« Avez-vous terminé de ranger vos affaires, Potter? »

Chassez le naturel et il revient au galop. Rogue n'aimait visiblement pas le fait qu'Harry partage sa vie de famille.

« Oui, professeur, » répondit l'adolescent.

« Bien. Viens manger, alors. » Et voilà que les efforts et le tutoiement revenaient. Harry sourit et suivit Rogue. La table était déjà mise et Harry crut comprendre que c'était Rogue lui-même qui avait fait le repas.

« Tu n'as qu'à t'asseoir à la droite de Severus, Harry, » lui conseilla Mrs. Rogue.

Harry prit place, sous le regard mécontent de Rogue. Peu de temps après, Sky et Fredrick arrivèrent. Sky s'installa à côté d'Harry alors que Fredrick prenait place à l'autre bout de la table, face à son père. Ils avaient l'air épuisés.

« Veux-tu de l'aide, maman? » demanda Sky malgré tout.

« Oh, mais j'en ai déjà! »

Au même moment, Alan apporta les assiettes de Rogue et Harry.

« Merci, Alan, » dit ce dernier.

Quelques minutes après, tous étaient en train de manger. Harry se surprit à trouver le repas très bon. Par contre, il y avait une certaine gêne qu'Harry attribua à sa présence.

« Papa? J'aimerais bien avoir un balai pour mon anniversaire, » dit alors Fredrick.

« Et à quoi ça te servirait? » ricana Sky pour le taquiner avant même que son père ne puisse répondre. « Tu ne sais même pas voler. »

« Eh bien, je suis meilleur que toi, je te ferais remarquer! » Répliqua violemment le garçon avant d'ajouter sur un ton moqueur : « Oh, mais c'est vrai! Tu sais voler maintenant que tu as pris des 'cours privés' avec le beau Marc! » Puis il fit une imitation grotesque de sa sœur en train d'embrasser un garçon. Harry remarqua que Sky paraissait humiliée et prête à bondir sur son frère à n'importe quel moment.

« Ça suffit, Fredrick, » intervint leur mère.

Celui-ci cessa immédiatement ses simagrées et jeta un regard suppliant à son père.

« Alors? Est-ce que je pourrais en avoir un? »

Rogue le regarda pensif. Lentement, il prit une gorgée de vin. Harry se demanda s'il faisait exprès de faire languir son fils. « Et que voudrais-tu faire avec ce balai? » Demanda-t-il finalement.

Fredrick sourit, soulagé. « J'aimerais bien poser ma candidature pour faire partie de l'équipe de Quidditch des Bâtonsrouges, » expliqua-t-il. « Mais pour avoir une chance, il faut avoir son propre balai. »

Encore une fois, Rogue ne répondit pas dans l'immédiat.

« Laisse-nous en discuter entre nous d'abord, d'accord, mon chéri? » Lui répondit sa mère.

Elle et Rogue se lancèrent un regard lourd de sens qu'eux seuls comprirent.

« Alors, » commença Rogue d'une voix doucereuse en fixant son regard intense sur son aînée. « C'est qui, le 'beau Marc'? »

Fredrick éclata de rire tandis que Sky regarda son père d'un air gênée. Sous la table, elle tentant un coup de pied vers son frère qui se calma en s'étouffant.

« Ce— ce n'est qu'un ami, papa, » répondit-elle en évitant son regard. On aurait dit que tout d'un coup, les nouilles dans son assiette s'étaient mises à chanter tellement elle semblait passionnée par son repas.

« C'est son amoureux, » lâcha aussitôt son frère.

« Non, mais! Tu vas te la fermer, oui? » Siffla Sky méchamment.

« Sky! » La rappela à l'ordre sa mère.

Harry ne put s'empêcher de trouver la situation cocasse. Il aurait tellement aimé avoir un petit frère ou une petite sœur, au lieu de ce stupide de gros Dudley.

Lorsqu'il sortit de ses pensées, il remarqua que tout le monde semblait occupé. Alan et Fredrick parlaient de Quidditch, alors que Rogue écoutait sa femme lui raconter ses dernières mésaventures avec ses patients. D'après ce qu'il entendit, il en conclut que Mrs. Rogue travaillait à l'hôpital Ste-Mangouste. Elle était Médicomage.

Il sentit alors un regard posé sur lui. Il se retourna pour apercevoir Sky qui lui souriait.

« Désolée, pour la conversation embarrassante de tantôt, » dit-elle. Harry lui sourit en haussant les épaules. « On ne s'est pas vraiment présentés; tu as sûrement compris que je m'appelais Sky. J'ai 15 ans et toi? »

« Moi aussi, » répondit-il. « Et je m'appelle Harry. »

« C'est ce que j'ai cru comprendre, » avoua-t-elle. « Alors, tu vas passer l'été ici? Pourquoi? »

Harry resta surpris de cette question. « Oh, euh. Eh bien, je suppose que je vais être plus en sécurité ici, avec le Professeur Rogue. Je veux dire, ton père, » répondit-il.

« Professeur? Oh, tu vas à Poudlard, alors! Comment c'est? »

Harry sourit. « Poudlard? C'est… magique! »

« Ben, tiens! Ça, je m'en doute, » sourit-elle.

Harry la trouva magnifique lorsqu'elle riait. 'Reprends-toi vieux, c'est la fille de Rogue et en plus, elle a déjà un petit ami'. Un peu gêné, Harry passa une main dans ses cheveux.

« Ça, alors! » Sky le regardait avec des yeux ronds, bouche bée. « Tu es… Tu es… »

« Harry Potter, » compléta Rogue qui écoutait, depuis peu, la conversation entre les deux adolescents.

Toutes les conversations de la table cessèrent aussitôt. Harry se sentit très gêné.

« J'y crois pas, » laissa échapper Sky.

« Mais papa, pourquoi… est-il ici? » Demanda Fredrick, curieux.

« Voui, » questionna Kayley à Harry, « pou'quoi tu n'es pas avec ton papa et ta maman? »

Il y eut un silence gêné. Harry regarda la fillette de 2 ans et demi et il sentit une boule se former dans sa gorge. Déjà à cet âge, il n'avait plus de parents et ne recevait aucun amour de la part de son oncle et de sa tante. Non. Ceux-ci se contentaient de le nourrir et de le laver. Quoiqu'à cet âge, il devait déjà montrer une certaine autonomie. Les Dursley n'étaient jamais là pour lui lorsqu'il faisait un cauchemar, ou qu'il se blessait. Si par malheur il renversait son assiette, c'était tant pis pour lui, il ne mangerait rien d'autre du repas. Par contre, ils étaient toujours partants pour le gronder, même sans preuve l'accusant. Ils n'avaient même jamais pris une photo de lui enfant et ils ne l'avaient jamais bordé le soir.

Perdu dans ces pensées, Harry sentit ses yeux picoter alors qu'il regardait toujours la petite Kayley. À ce moment, il comprit qu'il l'enviait.

« Les parents d'Harry ne sont plus de ce monde, mon cœur, » expliqua Mrs. Rogue, s'étant aperçu qu'Harry restait muet.

« Ils ssssont pati avec lez anges, maman? »

Harry trouva cette image mignonne et rassurante.

« Oui, c'est ça, ma chérie, » répondit sa mère. « Et de là-haut, ils veillent sur lui. »

« Mais ssss'est pas pa'eil, » dit-elle scandalisée, puis regardant Harry avec compassion elle ajouta : « Moi, quand ze m'ennuie de mon papa, ze donne des câlins à mon nounoussse. Sssi tu veux, ze peux te le passser ssset été. »

Il y eut quelques rires de la part des trois autres enfants et un faible sourire apparut sur les lèvres d'Harry.

« Kayley est… très généreuse, je crois, » dit alors la voix de Rogue.

Harry le regarda et, se souvenant soudainement d'où il était, Harry retint ses larmes en déglutissant et en clignant plusieurs fois des yeux. Néanmoins, lorsqu'Harry analysa le regard de Rogue, il n'y vit ni dégoût, ni pitié, mais plutôt une sorte de compréhension.

« Et en fin de compte, pourquoi est-il ici? » Redemanda Fredrick, toujours perplexe.

« C'est un sujet un peu délicat, » dit Rogue en regardant la petite Kayley.

« Alan, mon trésor, pourquoi toi et Kayley n'iriez-vous pas jouer en bas, tous les deux, » proposa la femme de Rogue.

Aussitôt, Alan se leva et prit Kayley dans ses bras. Enfin, il essaya. Il ne devait pas être plus âgé que 6 ou 7 ans. La blondinette se laissa faire, mais elle regarda Harry avec un mélange de tristesse et de tendresse le plus longtemps qu'elle put.

Rogue et sa femme avaient l'air grave.

« Alors? » demanda Sky, visiblement impatiente et inquiète.

Rogue n'y alla pas par quatre chemins. « Voldemort est de retour. » Harry vit Mrs. Rogue tressaillir. Fredrick lâcha sa fourchette et Sky étouffa un cri. « Il va sans dire, » poursuivit Rogue, « qu'Harry n'était plus en sécurité chez sa famille moldue. »

« C'est pour ça qu'il va passer l'été ici? » Dit Sky.

« Exactement, » confirma son père. « Et c'est aussi pour cela que l'année prochaine, vous rentrerez à Poudlard. »

À ces mots, les deux adolescents se révoltèrent. Sky refusait catégoriquement de quitter tous ses amis et Fredrick ne comprenait visiblement pas pourquoi ses parents lui avaient refusé Poudlard au début de sa scolarité de sorcier, il y a un an, et que maintenant qu'il s'était fait l'idée d'être à Beauxbâtons, on le renvoyait à Poudlard sans lui avoir demandé son avis!

Aucun des deux n'avait connu la période noire lors du règne de Voldemort et tous deux ne comprenaient pas le raisonnement de leurs parents. Pourtant, Harry, qui ne comprenait pas, malgré tout, pourquoi ils n'étaient pas à Poudlard, comprit que Rogue voulait les avoir près de lui.

Finalement, cette conversation se termina par des cris, des larmes et des claquements de porte. Sky s'était réfugiée dans sa chambre et Fredrick défiait son père du regard.

« Je n'irai pas, un point c'est tout, » dit-il avec colère.

« Oh, que si, tu iras jeune homme, » répondit son père sur un ton sans réplique.

À son tour, le garçon se leva et alla dans sa chambre. Rogue, qui était resté de marbre et qui avait maintenu sa décision tout au long de la confrontation avec ses enfants, sembla s'effondrer. Il soupira bruyamment, rabaissa les épaules et regarda sa femme. Celle-ci mit une main sur son bras comme signe d'encouragement.

« Ne t'inquiètes pas, mon amour. Je leur parlerai, » lui dit-elle.

Rogue eut un faible sourire. « Mh. Qu'est-ce que je ferai sans toi? »

Puis il se rapprocha. Sa belle épouse mit ses bras autour de son cou et ils échangèrent un profond baiser. Harry, qui se sentit immédiatement de trop, alla porter son assiette vide à la cuisine et tenta de s'éclipser subtilement. Néanmoins, il eut le temps d'entendre le murmure de Rogue à sa femme.

« Je t'aime tellement, Cassy. »


À suivre…