La vie repris son cours normal. La presse avait beaucoup jasé sur cette attaque, critiquant la nouvelle ministre qui n'avait pas réagis, dénonçant le Département des Aurors. Cependant, les jours n'avaient pas effacé de la mémoire de Harry les tragiques évènements qui s'étaient déroulés.

L'ours en peluche siégeait au milieu du lit de Harry. Ron et Hermione l'avaient interrogé sur sa provenance mais il n'avait pas daigné leur répondre. Ils avaient insisté avant d'abandonner.

La veille du départ pour Poudlard, Ron râlait en faisant ses bagages :

- Génial, je crois que je n'ai jamais vécu des vacances aussi pourrie.

- Ron, commença dangereusement Harry.

- En plus, tous les uniformes que j'avais acheté, on les a perdu...

- Ron... repris Harry en haussant le ton.

- Et il y avait ma robe de soirée... continua-t-il sans faire attention à son ami.

- TAIS-TOI ! hurla Harry.

- Oh bon, bon dit Ron, penaud.

« TOC TOC ». La porte s'ouvrit à toutes volée et Hermione, les traits creusés depuis ce jour au Chemin de Traverse, entra comme une folle dans la petite pièce.

- Bonjour ! Tenez, Mrs Weasley m'a chargé de vous donner ceci, annonça-t-elle en désignant deux sacs qu'elle portait à bout de bras.

Ron ne fit ni une ni deux et se précipita vers le plus rebondi des deux sacs.

- Oh ! Ma robe de soirée ! s'exclama-t-il en la sortant brusquement au risque de la déchirer. Et mes uniformes.

- Je crois que j'ai fais un heureux, exulta Hermione. Ca ne te plait pas, Harry ?

Il se contenta pour toute réponse de ranger un livre dans sa malle. Hermione s'approcha de lui et lui dit doucement :

- Qu'il y a-t-il ? Tu ne souris plus depuis cette affreuse journée. Que se passe-t-il ?

- Rien, mentit-il.

Harry savait qu'il ne mettait plus de cœur dans ce qu'il faisait. Son cœur était lourd et il avait un inexplicable dégoût de la vie. Mais il n'arrivait pas à faire le tri dans ses sentiments : ils lui paraissaient opaques. Hermione s'assit sur le lit et le fixa sans broncher pendant cinq bonnes minutes.

- Bon, ce n'est pas que tu m'énerves mais là, je suis en train de faire ma valise.

- Je veux savoir pourquoi tu agis comme ça.

Harry n'ajouta rien et il lui tourna le dos pour placer dans sa malle la pile de T-shirt sur laquelle dormait Procyon. Il attrapa l'ours en peluche qui reposait sur le lit et il le plaça soigneusement dans un endroit libre de sa valise.

- Qu'est ce qui t'arrives ?

Harry se redressa lentement et lui fit face. Il était tendu, tous ses muscles étaient tendus jusqu'à ses mâchoires. Hermione, elle aussi, se leva. Il avait une irrésistible envie de l'envoyer balader. Elle fit un mouvement pour se rapprocher de lui, se ravisa et s'enfuit de la chambre.

- Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à te la mettre dans la poche, ironisa Ron.

- Le ferme, lança Harry glacialement.

Ron soupira et s'occupa de sa valise. Harry verrouilla la sienne et s'apprêta à descendre les escaliers laissant Ron à sa besogne. Il siffla Procyon qui le suivit en remuant de la queue. Ils dévalèrent les marches mais quand ils passèrent devant la chambre de Hermione, Harry crut entendre des sanglots. Il colla son oreille à la porte et cela confirma ses pensées. Il toqua à la porte et entra sans attendre la réponse. Il fut accueilli de la façon la plus aimable qui soit :

- Si c'est pour t'énerver, alors laisse moi te dire que tu peux dégager tout de suite.

« Ne pas y faire attention » se dit mentalement Harry. Il s'agenouilla devant elle et posa ses mains sur ses genoux pour avoir un minimum d'équilibre. Elle le repoussa et il tomba immanquablement sur les fesses. Il renonça et s'assit en tailleur sur le sol.

- Ecoute...

- Harry, va t'en, intima-t-elle.

- Non, j'ai agis bêtement tout à l'heure...

- Sors, réitéra-t-elle.

Elle lui lança un regard qui aurait dissuadé plus d'un de rester. Mais apparemment cela n'affecta pas Harry. Il se leva et se campa devant elle, les mains sur les hanches.

- Certainement pas, certifia-t-il.

- Toujours égal à toi-même, a ce que je vois, dit-elle en souriant difficilement.

Cela déstabilisa Harry. Comment cela, égal à lui-même ? Normal, non ?

- Toujours plein de volonté, éclaira Hermione.

Harry secoua la tête en soupirant.

- Tu acceptes mes excuses ? tenta-t-il.

- Non, dit-elle, catégorique.

Harry tomba de plus haut encore. Son estomac vacilla et tomba finalement à la renverse.

- Non, car je ne les mérites pas, tout simplement, reprit-elle.

L'estomac de Harry se redressa péniblement dans son ventre.

- Tu vas rire, finit-il par dire après un instant de silence, mais j'ai bien cru que tu allais me gifler.

- Moi ? A part Malefoy, je n'ai jamais giflé qui que ce soit.

- Comme quoi, tu nous ais vraiment indispensable.

- Je veux bien croire que je sois indispensable mais moi j'ai besoin de manger.

- C'est parfait, moi aussi !

Ils éclatèrent de rire et dévalèrent les escaliers qui les séparaient de la cuisine.

- Première, lâcha Hermione en s'asseyant à sa place.

- Ce n'est pas juste, marmonna Harry, je t'ai laissé passer la première à travers la porte.

- C'est quoi encore ce jeu stupide ? grommela Ron.

Ginny, rentrée depuis deux semaines, mangeait sa soupe tranquillement. Ron la regarda suspicieusement et dit, pour la énième fois cette semaine :

- C'était bien chez Dean ?

- Oh, tu ne vas pas recommencer à radoter sur cela ? s'époumona-t-elle.

- Si. Parfaitement et je ne radote pas. Je veux juste savoir ce qui s'est passé.

- Tu sais très bien. Je l'ai déjà raconté une bonne demi douzaine de fois.

- Une fois de plus ne te fera pas de mal, cingla Ron.

Ginny n'ajouta rien mais Harry sentit l'atmosphère changer en violent orage autour d'elle. Elle n'allait sûrement pas laisser passer cette défaite verbale sur son frère.

Tout s'était bien passé, avait-elle maintes fois redit. Il n'y avait eu aucun problème. Dean avait été charment. Ron avait sauté au plafond en entendant cela. Charmant ? Que voulait-t-elle dire par là ? C'était toujours à ce moment que Ginny soupirait gravement et qu'elle ordonnait à Ron de se taire.

- Ginny, reprend une assiette, insista Mrs Weasley.

- C'est bon, maman, j'ai assez mangé, assura-t-elle.

Mrs Weasley estimait apparemment que la famille Thomas ne savait pas nourrir convenablement sa fille.

- Vous avez fini vos bagages ? demanda Mrs Weasley abandonnant Ginny à sa misérable condition, selon elle.

- Presque, répondit instantanément Hermione. Il ne reste plus qu'a mettre les robes de soirée.

- Parfait, approuva Mrs Weasley.

Quand ils montèrent se coucher, Procyon tourna en rond dans la pièce en cherchant ses T-shirt où il avait l'habitude de dormir.

- Tu as le droit de dormir sur mon lit ce soir, accorda Harry.

Procyon ne fit ni une ni deux et sauta sur l'édredon. Harry se coucha lui aussi. Procyon s'étendit de tout son long, empêchant son maître d'allonger les jambes.

- Juste ce soir, appuya Harry en souriant. Tu prends trop de place.

Le chiot aboya doucement en signe d'assentiment sans même prendre la peine d'ouvrir les yeux.

- Tu t'en moques ? demanda Harry qui ne s'attendait pas à une réponse.

Le chien répondit pourtant d'un simple hochement de tête à peine perceptible. Puis il ouvrit un œil et regarda un bref instant Harry, une lueur malicieuse dans la pupilles, avant de s'apprêter à se rendormir. Harry l'observa quelque instants. Il n'en crut pas ses oreilles au début mais le chiot se mit à ronfler. A ronfler... Même Harry ne voulu pas l'admettre au début. Puis, il ne tarda pas à l'imiter.

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- Aie, tu me fais mal, s'écria une voix fluette avec un léger accent.

Il tenait le poignet d'une fillette.

- Tu vas te calmer maintenant, menaça-t-il.

- Fous moi la paix, cria la fillette.

Elle lui cracha à la figure.

Et en réponse, il lui tordit le bras violement. Elle grimaça de douleur et tomba à genoux.

- Arrêtes, tu me fais mal, pleurnicha-t-elle.

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- Harry, réveille-toi ! implora une voix.

Il n'entendait que faiblement, comme si cette voix venait de très loin, des les profondeur d'un puit par exemple.

- Harry, debout mon vieux, répéta la voix que Harry pu enfin identifier comme celle de Ron.

Et il se mit à le secouer, d'abord doucement puis de plus en plus fort. Harry se réveilla en sursaut et demeura quelques instants hébété.

- Que...

- Dépêche-toi, on part bientôt.

Jamais Harry ne crût pouvoir s'habiller si rapidement. Quand il arriva dans la cuisine après avoir traîné sa valise sur quatre étages, il fut particulièrement surpris de constater que Hermione était encore en pyjama.

- Que fais-tu en pyjama ? On n'est pas censé y aller ?

- Qui t'a raconté cela ? demanda Hermione en levant un sourcil, les cheveux en bataille.

Harry ne dit rien mais lança un regard mortel à Ron.

- Bah quoi ? se défendit-il. Il fallait bien que je trouve quelque chose pour te réveiller.

- Merveilleux prétexte, ironisa Harry.

- Merci, merci, fit Ron en s'inclinant profondément.

Harry lui tourna le dos et se servit des céréales qu'il avala appuyé contre un petit meuble qui essaya discrètement de lui mordre les fesses.

- Je vais vérifier que je n'ai rien oublié, informa-t-il après avoir mis son bol dans l'évier.

Dans sa chambre, il mit son étui à baguette en peu de dragon à sa ceinture et commença à inspecter le dessous du lit. Il se mit à plat ventre et chercha à tâtons mais ne trouva rien, mis à part le fait d'avoir dérangé une énorme araignée. Il passa à la table de nuit.

C'était une table qui possédait un système très semblable à celui de la malle de Maugrey sauf que chaque tiroir refermait à son tour deux tiroirs aussi grands que le premier. Et ce, pendant quatre fois. Si bien que quand on rangeait quelque chose dedans, on était à peu près sûr de passer dix minutes à rechercher l'objet en question.

C'est au dernier compartiment qu'il inspecta qu'il trouva l'amulette que Hermione lui avait offerte pour son anniversaire. Il l'enfila et elle lui tomba lourdement sur la poitrine. Il l'examina de plus près.

Elle n'avait pas changé, hormis la couleur. Celle-ci était devenue plus terne que la dernière fois et plus pâle aussi. Il regarda de plus près les inscriptions en langue inconnue sur le dessus de l'amulette. Mais Harry avait beau creusé sa mémoire, il ne se souvenait pas avoir déjà entendu parler de ce type d'inscriptions. Pourtant, et cela l'agaçait au plus haut point, il était persuadé d'avoir déjà vu cette écriture quelque part.

Tandis qu'il réfléchissait, il sentit quelque chose de bizarre au fond de sa poitrine mais cette fois encore, plus il cherchait à savoir ce que c'était plus la sensation s'enfuyait.

Ron entra dans la chambre.

- On part quand ? demanda Harry en essayant de s'arracher à cet énervement que provoquait cette sensation.

- Je viens de demander à maman. Elle a dit qu'on devait encore attendre quelqu'un.

- On ne partiras jamais à ce rythme, soupira Harry.

Il se laissa tomber contre la fenêtre et regarda la rue à travers. Une jeune fille, tirant une énorme malle, un sac sur le dos, en jean et bottine et chantant à tue-tête s'avançait dans la rue. Elle s'arrêta devant un numéro de rue, sans pour autant stopper de chanter et fouilla dans sa poche pour en retirer un bout de papier. Pendant qu'elle cherchait l'adresse où elle voulait se rendre, Harry eut le temps de l'examiner davantage étant donné qu'elle était tournée vars le 12, Square Grimmaurd.

Elle était blonde. Non plutôt brune avec des mèches blondes surtout sur le devant du visage. Harry dû avouer qu'elle ne possédait pas une beauté extraordinaire mais qu'il ressortait d'elle un certain charme.

- Que fait-elle ? murmura Harry pour lui-même.

La jeune fille jeta encore un regard autour d'elle puis bien que Harry ne puisse l'entendre, elle prononça l'adresse marquée sur le papier. Elle attendit quelques seconde et de dirigea droit vers le 12, Square Grimmaurd. Harry tomba des nues. Comment pouvait-elle savoir ? Peu de temps après, on entendit le portrait de la mère de Sirius se mettre à hurler :

- TRAITRES A MON SANG ! RACLURES !

Elle a un langage des plus aimable, plaisanta Ron. Je comprends pourquoi elle ne reçoit pas trop de visiteurs.

Harry opina et descendit voir la nouvelle, Ron et Procyon sur les talons. Hermione était déjà à coté d'elle.

- Et voilà mon fils, Ronald... présenta Mrs Weasley.

- Ron, tout court, coupa-t-il.

- Et derrière, continua-t-elle sans faire la moindre attention à l'intervention de Ron, Harry Potter.

Harry lui sourit d'un air engageant mais quand il croisa son regard, quelque chose dans les yeux de la jeune fille lui firent changer d'avis.

- Je m'appelle Laurie, dit-elle d'une voix claire, Laurie Blanchelune.

- Blanchelune, Laurie, répéta doucement Hermione.

Pattenrond s'avança pour lui dire bonjour mais quand Procyon voulu faire de même, il s'arrêta à plusieurs mètres et il recula, jusqu'à se cacher derrière Harry en montrant des crocs.

- Excuse moi, fit Harry, incrédule. Il ne réagit pas comme cela d'habitude.

Laurie n'y fit pas la moindre attention et les regarda tous d'un air indifférent. Et Harry fit de même. Maintenant, il pouvait confirmer sa première impression : celle qu'elle n'était pas jolie à proprement parler mais qu'elle avait une beauté ordinaire de ceux qui se glisse dans un groupa sans attirer les regards.

Personne ne disait rien et un silence tendu s'installa. Aucun d'eux ne savait quoi dire pour entamer une conversation.

- On y va ? demanda enfin Hermione.

La tension se relâcha un peu, comme si on avait dépressurisé une cabine hermétiquement fermée. Ils s'activèrent tous pour aller chercher leur valise et la sortir dehors. La vérification des sacs finie, ils s'engagèrent dans la rue en direction de la gare de King's Cross.

Le Poudlard Express attendait patiemment, sa locomotive crachant de grosses volutes de fumée. Les wagons rouges et noirs, qui auraient fait envie à n'importe quel enfant, brillaient de mille feux. Les élèves se penchaient aux fenêtres pour faire les adieux à leurs parents.

Harry, Hermione, Ron et Laurie grimpèrent dans un wagon et s'engagèrent dans un compartiment vide, accompagné de leurs animaux respectifs. Harry avait un peu de mal car entre Hedwige qui faisait battait furieusement des ailes et Procyon qui courrait en tous sens, il ne s'en sortait pas.

Une fois installés, ils dirent au revoir à Mrs Weasley et le train s'ébranla.

- Je ne t'ai jamais vu avant, dit Ron après s'être assis.

- C'est normal, répondit-elle simplement.

Ron semblait en attendre un peu plus mais apparemment elle ne paraissait pas vouloir en dire plus.

- Pourquoi c'est normal ? s'enquit-il à bout de patience.

- Parce que...

Ron n'en revenait pas. Le faisait-elle exprès ou quoi ? Alors Harry décida d'intervenir :

- Tu viens d'où ?

- C'est quoi là ? Un interrogatoire ? fit-elle violement.

- Non, chuchota Harry en ratatinant sur son siège, juste pour savoir.

Laurie l'observa un moment, puis enfin radoucie, dit :

- Redresse-toi, je ne vais pas te mordre.

Hermione se leva et annonça :

- Il faut que nous nous rendions dans le wagon des préfets.

Ron la suivit en traînant des pieds, le dos voûté. Laurie le regarda partir, dubitative.

- Il prend vraiment son rôle à cœur, plaisanta-t-elle.

C'est bien moins pire que l'année dernière, avoua Harry en souriant. Il y avait ses frères et il n'osait pas les réprimander ou les punir.

Laurie éclata de rire et Harry la suivit rapidement. Quelqu'un toqua à la porte vitrée :

- Oui ? fit Harry.

- Bonjour, Harry.

En reconnaissant la personne qui venait de parler, il se leva lentement, tendu.

- Bonjour, Cho, répondit-il froidement.

- Je ne te dérange pas ? demanda-t-elle, gênée du ton de Harry et de la présence de Laurie.

- Un peu, oui, cingla-t-il, sa voix frôlant dangereusement le cercle polaire. Nous étions en train de discuter de la meilleure façon de larguer son petit ami.

- Oh, je vois, dit-elle, bine que Harry fut certain qu'elle était aveugle sur le moment.

Cho se tu et quelque instant et Harry la détailla. Il la trouvait vraiment superbe. Ses longs cheveux noirs étaient bien peignés et elle était tirée à quatre épingles. Par comparaison, Laurie ressemblait à un épouvantail qu'on aurait laissé à tous les vents.

- Tu n'était pas venue pour me dire bonjour, je suppose, reprit Harry.

- Heu...

Elle allait répondre « oui » mais elle se retrancha et répondit :

- Si, juste te dire bonjour, c'est ça.

« Menteuse. Menteuse et lâche » se dit Harry.

- Bon, dans ce cas, trancha-t-il, toujours aussi glacial, je crois que tu pourrais nous laisser. Nous voudrions continuer notre passionnante discussion.

- Oh ! Heu... Bien sûr.

Elle le regarda deux secondes comme pour lui demander de l'aide. « Bien fait pour toi» pensa méchamment Harry. Il s'assit, ou plutôt se laissa tomber, sur la baquette.

- Laisse moi deviner, entama Laurie. C'est ta petite amie.

- Ex petite amie, corrigea-t-il. Elle m'a lamentablement plaqué. Mais je ne sais pas pourquoi je te raconte cela. Ce n'est pas très intéressant les peines de cœur d'un pauvre type.

- Ca me va comme discussion, dit-elle en haussant les épaules. Ca fait du bien d'en parler de temps en temps.

Harry se remémora son rendez vous avec elle à Pré-Au-Lard pour la Saint Valentin.

- Ca a tellement mal tourné que cela tombe dans le grotesque. Ca fait plus rire que pleurer.

Laurie sourit malgré elle.

- Comme la plupart de mes histoires, je te rassure. Tu es bizarre tout de même. Je veux dire, expliqua-t-elle en réponse en sourcil levé de Harry, tu te fais largué et cela ne t'affecte pas plus que cela. Rappelle-moi ton nom déjà ?

Harry Potter.

- Ah oui c'est ça, dit-elle sans le moindre signe d'admiration sur le visage, ce qui renforça l'estime de Harry pour cette fille.

Ils ne dirent rien pour alimenter la conversation mais bizarrement, cela ne dérangeait pas Harry. Au contraire, il sentait que cette fille avait besoin de silence et qu'elle aimait cela. Elle se baissa vers son sac et en sortit une grille de mots casés moldue.

- Tu veux jouer ? lui proposa-t-elle.

- Oui, répondit-il.

Il était enchanté de faire ce genre de jeux. Il n'avait jamais eu l'occasion d'en faire et il ne connaissait même pas cette grille. Il s'assit à coté d'elle et elle sortit de sa trousse deux stylos bille.

- Tu n'utilises pas de plume ?

- Si mais pas sur ce papier. L'encre pénètre trop le papier glacé et la pointe de la plume le déchire.

Elle posa le tout sur les genoux de Harry et se pencha à nouveau vers son sac. Ce qu'elle en sortit estomaqua Harry.

Elle vérifia quelque chose et dit d'un ton enjoué :

- Tu veux écouter de la musique ?

- Tu peux faire marcher ton baladeur ?

Laurie haussa les épaules, l'air de dire « c'est banal ».

- Bon, tu veux ou pas ? redemanda-t-elle en lui tendant un des écouteurs.

- Oui, pourquoi pas ? Quel est le titre du CD ?

- Genesis.

- ... A tes souhaits.

Laurie ne comprit pas et ouvrit de grands yeux ronds.

- Mais non ! s'exclama-t-elle après enfin avoir compris ce que Harry insinuait. Le nom du groupe, c'est Genesis et le chanteur est Phill Collins.

- Je ne connais pas, s'excuse Harry.

Chez les Dursley, il n'avait pas eu l'occasion d'apprendre des rudiments de musique. Certes, les Dursley possédaient une chaîne hi-fi mais elle avait plus servi à impressionner les voisins qu'autre chose. Seul Dudley, qui en avait une aussi, la faisait marcher mais Harry ne percevait que les coups sourds de la techno à travers les murs insonorisés de sa chambre.

- C'est l'occasion d'apprendre, s'enthousiasma-t-elle.

Harry mit l'écouteur qu'elle lui tendait et Laurie enfila l'autre. Elle mit le baladeur en marche et la musique qui s'éleva fit sursauter Harry.

Laurie expliqua les règles des mots casés à son compagnon pendant que Harry hochait de la tête pour signifier qu'il comprenait bien. Le train continuait inlassablement de les amener vers leur rentrée des classes. Harry et Laurie jouaient toujours ensemble.

Ron entra le premier dans le compartiment, l'air grognon.

- Ils sont bien pires que l'année dernières, lança-t-il.

- Qui ?

- Les premières années, lâcha-t-il.

Il se laissa tomber sur la banquette, découragé Hermione arriva peu après lui, légèrement essoufflée :

- Il y en a deux qui ont voulu faire un duel de sorcier alors qu'ils n'ont jamais touché une baguette de leur vie, s'indigna-t-elle en entrant dans le compartiment.

Elle jeta un regard à Laurie et Harry, assis l'un à côté de l'autre, un baladeur entre eux, un écouteur dans les oreilles, penchés légèrement l'un vers l'autre pour optimiser la vision de la grille de jeux. Une lueur passa dans les yeux d'Hermione que Harry ne pu identifier.

- Je peux être heureux de ne pas être préfet alors, fit Harry en criant un peu.

- On n'est pas sourd, indiqua Hermione.

- Pardon ? cria-t-il. Tu disais ?

- Je disais...hurla-t-elle à son tour avant de renoncer.

Elle mima le signe d'ôter quelque chose de son oreille. Harry obtempéra et s'enquit :

- Tu disais... ?

- Laisse tomber, abandonna-t-elle, désespérée.

Ron leva les yeux au ciel. Elle classa le dossier « Harry ne m'écoute pas n° 310780 » et se lança dans le dossier « les premières années sont intenables n° 785286 ». Ron pour couper court cet exposait, qui promettait d'être très long, lui proposa une partie de la bataille avec des carte explosives.

Personnellement, je préfèrerais que tu m'apprennes à jouer aux échecs.

La mâchoire de Ron dégringola.

- Tu te moques de moi ? interrogea-t-il en reprenant un semblant de contenance.

- Non, pas du tout, répondit-elle, le plus sérieusement du monde. Vous jouez toujours, Harry et toi, et j'aimerais bien me mesurer à l'un d'entre vous.

Ron ne discuta pas et fouilla dans sa valise à la recherche de son plateau. Harry replongea dans sa grille de mots casés. Il percevait vaguement Ron s'énerver.

- Mais non, Hermione, le cavalier se déplace comme cela et pas autrement.

- Ce n'est pas logique, soutenait-elle.

- On s'en fout, reprenait Ron. Ce sont les règles dans le monde entier. On n'en a rien à faire de la logique. Elle intervient après dans le jeu, pas dans le déplacement des pièces.

- Tout de même...

- Je comprends pourquoi on n'a jamais essayé de t'apprendre ce jeu, soupira-t-il.

- Bon, coupa-t-elle. Et les autres pièces alors ?

- Alors... commença Ron mais il fut interrompu par une voix traînante.

- Weasley, tu essayes d'apprendre à jouer aux échecs à cette Sang-de-Bourbe ? Tu espères quoi ? Rendre les castors intelligents ?

Crabbe et Goyle éclatèrent de rire. Le rire des deux acolytes résonnait dans le crâne de Harry comme un hurlement de douleur. Il se forçat à ne pas piper mot de peur de ne pouvoir se retenir de leur lancer un sort.

Malefoy se tourna vers lui mais s'adressa en premier à Laurie de la manière la plus désagréable qui soit :

- T'es qui, toi ?

Laurie releva lentement la tête, ce qui, selon Harry, ne présageais rien de bon.

- Et toi, qui es-tu pour être que l'on soit censé te connaître ? questionna-t-elle d'une voix posée.

- Ce fut sûrement le ton de Laurie qui déstabilisa Malefoy.

- Tu ne me connais pas ? fit-il dans un excès de narcissisme.

- Non, mais donne moi une seule bonne raison de côtoyer un asticot comme toi.

Aussitôt, Crabbe et Goyle s'avancèrent, les poings sérés. Laurie se leva et ne bougea pas d'un pouce. Mais les deux compères continuaient de se rapprocher d'elle.

- Potter, je ne t'avais pas vu, s'exclama Malefoy en feignant la surprise.

- Il regarda le peu d'espace qui subsistait entrez Harry et Laurie.

- Tu fais la cour ? Tu es rapide en besogne, dis donc. Remarque je t'envie.

Harry bouillonnait intérieurement mais Laurie le retint de se mettre debout d'un geste de la main.

- Tu te prends pour qui ? lui lança-t-elle. Et reculez tout les deux, intima-t-elle à l'intention des deux garçons, vous n'arriveriez pas à faire de mal à une mouche. Toi, peu importe ton nom, et tes deux gorilles, je vous conseille de dégager rapidement. Allez rejoindre vos copains les vers.

- Fais attention, tu regretteras ce que tu viens de dire, menaça Malefoy.

Laurie fit mine de trembler de peur. Malefoy poussa un soupir offensé et s'en alla dignement, suivit de ses gardes du corps.

- Sale vers visqueux, marmonna-t-elle.

- Bien dit, approuva Ron.

- Où en étions nous ?

Harry agita la grille, un immense sourire s'étalant sur son visage. Elle venait à peine de se rassoire quand Ginny fit aussi irruption dans le compartiment.

- Ce n'est pas possible, s'écria Ron. Cela n'arrête pas aujourd'hui.

- Quoi ? Cela ne te plait pas que je vienne ? Je peux m'en aller tout de suite.

- Non, reste Ginny, intervint Hermione, sentant la conversation tourner au vinaigre. Ron est... comment dire... légèrement énervé.

- Comme d'habitude, affirma Ginny.

- Comment cela, comme d'habitude ?

Ginny le coupa dans son élan en mettant un doigt sur sa bouche.

- Je viens juste avertir qu'il faut que vous mettiez vos uniformes. On arrive bientôt.

- OK. Merci Ginny.

Elle s'en alla, non sans lancer un regard meurtrier à son frère.

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Ils entrèrent beaucoup plus tard dans le château. Harry, Ron, Hermione et Laurie allaient pénétrer dans la Grande Salle quand une voix retentit derrière eux :

- Mrs Blanchelune ? demanda McGonagall, je vous prie de bien vouloir me suivre.

- Pourquoi ? fit-elle sans la moindre once de politesse, les yeux grands ouverts.

- Vous allez être répartie dans unes des maisons.

Laurie ouvrit des yeux encore plus ronds si c'était possible. Mais elle n'essaya pas de protester et la suivit. Harry la regarda s'avancer dans la file des premières années, paraissant colosse au milieu d'eux.

- Elle débarque ou quoi ? interrogea Ron, incrédule. Elle ne savait pas qu'il y avait des maisons à Poudlard ?

Ils poussèrent les portes de la Grande Salle et s'installèrent à la table des Gryffondors. Harry regarda avec un pincement au cœur ces élèves s'asseoir à leur place habituelle, en discutant gaiement, pas le moins du monde soucieux de son cœur violenté par les tempêtes. Le ciel magique au dessus de leur tête scintillait d'étoiles qui semblaient lui faire un clin d'œil. Mais Harry le perçut comme moqueur et il se surprit à penser que Laurie l'avait, sans le montrer, incité à parler dans le train pendant qu'ils étaient seuls. Comme il aimerait qu'elle soit dans leur maison...

Il détourna le regard des étoiles et le posa sur la table des professeurs. Il annonça alors de la voix de quelqu'un qui a l'habitude :

- On a un nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal.

- Qui ? demanda brusquement Hermione, avide de savoir.

Harry lui désigna d'un signe de tête nonchalant la femme assise entre Rogue et Hagrid. Leur nouvelle professeur observait les élèves avec désintérêt et Harry se dit qu'elle s'ennuyait sûrement ici.

Il la détailla ; elle avait les cheveux roux, avait l'air de se coiffer à la dynamite tous les matins, avait des grosses lunettes vertes à montures d'écailles et, autant que Harry pouvait en juger, elle était extrêmement fine. On aurait dit qu'il suffisait de lui frapper l'épaule pour qu'elle tombe en mille morceaux épars.

Les portes s'ouvrirent à toutes volées et les premières années firent leur entrée, leur file ouverte par McGonagall. Plus Harry montait dans les classes supérieures, plus les premières années lui semblaient petits.

Mais tout au bout de la queue, les mains enfoncées dans les poches, l'ai boudeur, Laurie s'avançait, offensée de se retrouver coincée derrière des nains de jardin mobiles.

McGonagall présenta le Choixpeau et commença la longue liste. Le nom de Blanchelune arriva rapidement. Quand McGonagall posa le Choixpeau sur sa tête, il apparut à Harry que le temps s'étirait interminablement. Le Choixpeau sondait l'esprit de Laurie et les minutes défilaient de plus en plus. Où irait-elle ?

Et le Choixpeau continuait son monologue mental. Et Laurie était détendue, pas soucieuse de savoir où elle serait répartie.

Soudain, le chapeau miteux cria : « Serpentard ». Harry faillit tomber de sa chaise. Comment était-ce possible ? Elle qui avait été si gentille. Harry parcoura la table des yeux, hagard. Laurie se leva tranquillement et se dirigea vers la table de ses nouveaux camarades. Elle s'assit en bout de table et Malefoy fit la grimace car il avait reconnu la fille qui lui avait tenu tête dans le Poudlard Express.

Harry reporta le peu d'attention qu'il pouvait garder sur ses amis. Ron se moquait royalement du sort de Laurie et Hermione avait un petit sourire satisfait.

La file des premières années s'amenuisait lentement jusqu'à ce qu'il n'en resta plus. La dîner qui suivit fut une explosion de saveur, toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Hermione à coté de Harry s'étonnait que Dumbledore n'ait pas fait de discours mais apparemment tout le monde s'en fichait pas mal. En effet, quand Harry tourna la tête vers son directeur, il apparut que son visage était sombre et qu'il paraissait bien plus vieux qu'il n'avait jamais semblé l'être.

Cependant alors que le repas eut fini d'être dévoré par des élèves affamés, Dumbledore se leva et annonça :

- Chers élèves, soyez le bienvenue dans cette école. Comme vous l'avez appris certainement pendant les vacances, nous traversons l'ère la plus sombre de notre époque. Voldemort est revenu. Je compte sur vous pour rester soudé quoi qu'il arrive. N'oublié pas que l'on ne fait que traverser ce moment et mettons tout en œuvre pour qu'il soit éphémère. Aucun d'entre vous ne doit penser que la souffrance ne frappera jamais à sa porte. Au contraire, elle est partout, elle rôde dans les coins les plus sombres de votre âme, en attendant le mouvement propice pour vous assaillir. Regardez ce qu'il s'est passé au Chemin de traverse cet été.

A ces mots, la plupart des élèves se rembrunirent car ils avaient été, plus ou moins directement, concernés par cette tragédie.

Dans la nuit, dans son lit, Harry se posa ces questions : comment utiliser notre souffrance quand on ne l'a pas accepté ? Comment l'utilisé contre notre ennemi quand c'est lui qui nous a arraché ce que l'on avait de plus cher au monde ? Comment avoir la tête hors des horreurs qui se déroulaient partout, où que l'on aille ? Et surtout, quand on se tenait pour responsable de la mort de ses proches, comment ne pas baisser les bras et succomber à son tour ? Comment faire pour dire : ce n'est pas de ma faute, je n'aurais rien pu faire ?

« Impossible » essaya de se convaincre Harry mais une petite voix résonnait au fond de lui, toujours plus présente à chaque battement de cœur. « Mais vous avez tous le même ennemi, soutenait-elle. C'est la même personne qui cause vos souffrances et vos malheurs. C'est Voldemort ».

- C'est gratuit, pensa Harry. Peut-être que, dans ce cas là, c'est Voldemort qui est en cause mais dans notre vie de tous les jours ? Ce n'est pas une personne bien distincte. Nous ne pouvons pas nous contenter de rejeter la faute sur les autres pour se laver les mains.

- Non, certes, reprit la voix, mais on peut se décharger sur quelqu'un pour y voir plus clair quelque temps avant de se replonger dans sa tristesse et d'en tirer des enseignements.

- Ce n'est pas comme cela que ça marche, affirma Harry, toujours mentalement. La vie ne nous laisse pas un moment de répit pour nous rabattre sur nous même et nous laisser le temps de réfléchir. On ne peut pas plonger en soi et chercher la cause de nos pleurs et de l'amputer tel que l'on souhaite. Comment faire alors pour adoucir un malheur ?

- Ce sont les futures épreuves qui t'aident à trouver une réponse. Elle t'apprennent des choses et t'aident à voir ton monde clairement et à avoir un objectif dans la vie. Tu ne peux rien faire sans recul. Et culpabiliser ne sert à rien. On ne peut se repentir sur des épreuves qui nous ont atteint bien plus profondément qu'on ne voudrait le laisser voir. Car tout est du passé. Et on ne peut changer le passé. C'est lorsque le passé nous rattrape qu'il est nécessaire de faire un pas en avant et d'avancer sans se retourner. Le passé n'est qu'une source d'ennui.

- Je ne suis pas d'accord, protesta Harry. Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre (citation de Goethe). Exactement comme notre monde a oublié le sien et qu'aujourd'hui, nous sommes obligé à le voir revenir à toute allure.

- Certainement mais ne pas se préoccuper du passé est une bonne chose. Tu ne peux pas revenir en arrière, répéta la petite voix. Seul l'avenir compte, car ce sont nos choix et nos décisions qui décideront de l'avenir pour nous. Et cela, nous ne pouvons le faire que si l'on prend pied sur nos souffrances et que nous les canalisons pour devenir plus forts et être une unité et non pas dispersé.

« Etre une unité ». Harry grava mentalement cette phrase dans sa tête et s'endormit, rassuré.