Disclaimer: Le monde d'Harry Potter, ses personnages et tout le reste appartient à JK Rowling.


Préjugés préconçus


Chapitre 19- Souvenirs

La soirée était fraîche et Cassandra avait revêtu une chaude cape d'hiver par-dessus sa robe bourgogne. Doucement, et perdue dans ses pensées, elle se promenait sur le bord du lac, dans le parc de Poudlard. Plusieurs souvenirs lui revinrent en tête et un état de nostalgie s'empara d'elle.

Cet endroit, elle le connaissait que trop bien. Ce lac était leur endroit préféré à Severus et à elle quand ils étaient étudiants à Poudlard. C'était même à cet endroit qu'ils s'étaient rencontrés la première fois. C'était lors de son début de 3e année.

Flash-back

La nuit était douce et tous les élèves dormaient, le couvre-feu étant passé depuis plus de trois heures déjà. Pourtant, près du lac, une petite silhouette aux cheveux d'ébène regardait l'eau calme.

Elle avait 13 ans. Encore jeune fille, Cassandra n'avait qu'une seule ambition: se rendre utile pour la communauté des sorciers, qui voyaient leur monde s'anéantir sous l'emprise de Voldemort et de sa cruauté. Elle avait pensé devenir Auror, mais le côté pratique des cours de Défense contre les forces du mal la laissait mal à l'aise. Par contre, elle excellait en Potions et en Botanique, ce qui, selon elle, était davantage pratique pour soigner. Et s'était sans compter qu'elle adorait prendre soin des gens.

Ce soir-là, Cassandra venait de prendre une grosse décision concernant son avenir et, assise devant le lac du collège Poudlard, elle pesait consciencieusement les pour et les contres de la carrière de Médicomage lorsque soudain, sans prévenir, un jeune garçon surgit du buisson derrière elle.

Trop surprise pour réagir, Cassandra eut un hoquet de terreur. Le garçon la dévisagea longtemps avec des yeux sombre et mystérieux et elle eut le réflexe de se sauver devant ce regard accusateur.

« Attends! »

Cassandra pouvait entendre les pas se rapprocher d'elle à une vitesse incroyable. Elle calcula ses chances de parvenir jusqu'à la porte du château avant que le garçon ne la rattrape et comme elles étaient totalement nulles, elle décida plutôt d'y faire face.

Sortant sa baguette de ses poches, elle se retourna brusquement. Surpris, le jeune garçon lui rentra littéralement dedans et ils tombèrent lourdement sur le sol.

« Oophmf! »

Étant en dessous, Cassandra manqua un peu d'air avec le poids du garçon sur elle. Rapidement, il se dégagea et se releva. Timidement, il tendit la main vers Cassandra pour l'aider à se relever, mais celle-ci la refusa et se remit sur pied avec le peu de dignité qui lui restait.

« Je suis désolé, » lui dit-il. « Je ne voulais pas t'effrayer. »

« Je n'ai pas eu peur, » répliqua aussitôt Cassandra en croisant les bras sur sa poitrine quasi inexistante.

« Non, bien sûr. » Ricana le garçon.

Le ton cynique qu'il employa et le sourire supérieur qu'il afficha déplu à Cassandra. Instinctivement, elle descendit le regard vers le col de sa robe. Elle ne se trompait pas, c'était l'un de ces Serpentard prétentieux. Elle ne prit même pas la peine de répondre, lui tourna le dos et se dirigea vers Poudlard.

« Attends! » Répéta-t-il en lui attrapant le bras et en la retournant vers lui.

« Quoi? »

Elle avait parlé d'un ton cinglant, mais lorsqu'elle s'était enfin décidée à le regarder, elle n'avait plus été capable de détourner le regard.

Ses yeux, si sombres, si intenses, étaient magnifiques.

« Tu ne m'as pas vu cette nuit, d'accord? Ni toi ni moi n'étions dehors passé le couvre-feu. Et je ne te demanderais pas ce que tu faisais là, toute seule, à l'extérieur de Poudlard, et tu ne me le demanderas pas. Ça reste entre nous, compris? »

Il avait employé un ton doucereux, mais non menaçant. Cependant, Cassandra comprit qu'elle ne devait pas discuter et accepter ce qu'il lui offrait. D'ailleurs, elle n'avait pas le choix. Elle n'aurait pas pu le dénoncer sans se vendre elle-même. « C'est d'accord, oui. »

Elle baissa les yeux sur la main qui tenait toujours son bras et, ayant suivi son regard, le garçon la lâcha soudain. C'est alors qu'elle lui tendit la main. Il resta d'abord surpris, mais l'accepta ensuite.

« Je m'appelle Cassandra. »

« Severus. »

Ensemble, mais sans dire un mot, ils entrèrent dans l'école et se séparèrent.

Le reste de l'année se déroula normalement après cette rencontre. Par contre, Cassandra se sentait complètement attirée par tout le mystère qui englobait le jeune élève de Serpentard.

À plusieurs reprises, lors des repas dans la Grande salle, Cassandra se surprit à regarder dans la direction du jeune homme en question. Quelques fois, celle-ci croisait son regard et l'intensité qu'il y mettait faisait rougir la Gryffondor.

« Ça va, Cassy? » Demandait alors Lily ou encore son frère, Sirius, et pour unique réponse, elle rougissait encore plus. Parfois, lorsque cela arrivait, elle retentait un nouveau regard vers Severus et elle pouvait voir qu'il dissimulait un sourire en coin.

Quelques fois aussi, il arrivait qu'ils se rencontrent à la bibliothèque. Cassandra avait vite remarqué qu'ils admiraient tous deux les potions et plusieurs discussions dans ce domaine les relièrent. Cependant, contrairement à elle, Severus se révéla aussi très bon en Défense contre les forces du mal et semblait nettement supérieur aux autres élèves en général. Cassandra s'était risquée, vers la fin de l'année scolaire, à lui demander pourquoi.

« Severus? » Murmura-t-elle.

« Mh? » Dit-il sans lever la tête, visiblement occupé par son livre.

« Comment cela se fait-il que tu sois si doué en Défense contre les forces du mal? »

« Que veux-tu dire? » Demanda-t-il d'un ton qui se voulait le plus neutre possible.

« Eh bien, tu es à la fin de ta quatrième année, mais tu sembles être à un niveau plus avancé que certains septièmes années— »

« Que tous, » la coupa-t-il.

« Quoi? »

« Je suis à un niveau plus avancé que tous les septièmes années, Cassy. » Il y avait un léger ton de fierté dans son affirmation.

« Oui, c'est ce que je disais, » sourit-elle et Severus lui rendit son sourire. « Mais c'est étrange, non? »

Severus perdit son sourire et la dévisagea un instant, puis haussa les épaules.

« Pas pour moi… »

Cassandra rigola. Son ami avait soudain semblé mal à l'aise et elle voulait qu'il redevienne confortable en sa présence. « C'est évident. Je suppose que ce sont tes parents qui t'ont— »

« Tu vas me manquer, Cassy. »

Cassandra cligna des yeux et se tut. Ils restèrent là, assis face à face à une table de la bibliothèque, se regardant bêtement. Cassandra était désorientée. Il était clair que son nouvel ami ne voulait pas parler de ses parents et cela l'intriguait au plus haut point, mais voilà que pour changer de sujet, lui qui aurait pu choisir n'importe quel autre sujet, avait plutôt décidé de lui dire Tu vas me manquer. Visiblement, ça lui était sorti de la bouche tout seul.

Il fit soudain mine de vouloir ramasser ses livres et de se lever, et Cassandra comprit qu'elle était restée silencieuse trop longtemps.

« Sev, » dit-elle, étendant un bras afin d'agripper sa main. Severus arrêta ses mouvements. « Toi aussi, tu vas me manquer. » Elle lui fit un faible sourire et Severus fixa ses yeux sombres dans les siens.

« C'est vrai? » Demanda-t-il avec un léger ton empreint d'espoir.

La jeune fille s'était contentée d'acquiescer, hypnotisée par ses yeux si noirs.

Ils avaient alors décidé de s'écrire durant le l'été. Les lettres qu'ils s'échangèrent se firent de plus en plus longues et profondes. Ce fut seulement à ce moment qu'ils apprirent à réellement se connaître l'un l'autre. Car il est bien plus facile d'écrire sur soi que de parler de soi.

Par la suite, dès le moment où ils furent de retour à Poudlard, ils s'échangèrent des coups d'œil dans la Grande salle, leurs regards éloquents, et des sourires furtifs dans les couloirs. Ce fut Severus qui lui écrivit le mot lui disant de le rejoindre au lac le soir même.

C'était une douce soirée et visiblement, il avait choisi sa journée en fonction du temps. Cassandra arriva la première, mais elle avait une avance considérable. Un bruit derrière elle la fit se retourner et Severus apparut. Dans l'attitude qu'il affichait, il était évident qu'il avait grandi durant l'été, autant physiquement que psychologiquement.

Sans réfléchir et se laissant porter par le bonheur de revoir son ami, Cassandra lui sauta dans les bras, gênant ainsi le jeune homme au plus haut point. Par contre, celui-ci lui rendit son étreinte avec autant de vigueur.

« Tu as changé, » lui dit soudain Cassandra à l'oreille.

« En bien ou en mal? » Demanda-t-il simplement.

« Je ne sais pas, » avoua-t-elle et elle put sentir Severus la serrer davantage contre lui.

Bien qu'elle ait pu rester dans ses bras pour l'éternité, Cassandra trouva le courage de le repousser un peu afin de le regarder dans les yeux. Ses yeux, qui reflétaient l'âme du garçon, étaient à la fois mystérieux et troublants. Doucement, Cassandra leva la main et caressa la joue de son ami.

« Toi aussi, tu as changé, » lui dit-il enfin.

Cassandra rougit et mordilla ses lèvres. C'était vrai, la jeune fille avait considérablement changé durant l'été; elle qui avait eu une maturité tôt en âge, sa puberté venait tout juste de la rattraper alors qu'elle avait atteint ses 14 ans.

« Oh? Et de quelle façon? » Demanda-t-elle pour mettre fin à sa gêne.

Elle n'avait pas remarqué le rapprochement de leurs deux visages.

« De façon merveilleuse, » lui murmura Severus avant de déposer ses lèvres sur les siennes.

Ils formèrent rapidement un couple, après cela. Et s'ils étaient maladroits et incertains par moment, il n'en demeurait pas moins que leur amour était sincère; ils aimaient l'autre sans jugé et empli d'une compréhension aveugle. Ils passèrent leur première année de couple en secret, tout comme ils avaient caché leur amitié l'année précédente, mais lorsque Cassandra s'était décidée à le révéler à son frère, ils avaient enfin pu vivre pleinement leur amour, sous les yeux et l'incompréhension de leurs amis et ils durent faire outre de tous commentaires désobligeants sur le fait qu'elle était à Gryffondor et lui un Serpentard.

Merlin qu'elle l'aimait!

Fin du Flash-back

« Cassandra! »

La voix derrière elle la fit sortir de ses pensées et Cassandra se retourna, le cœur battant.

« Oh, Damien, c'est toi. »

Le professeur sourit et vint se placer à côté de Cassandra. « Tu sembles déçue… »

Elle rit doucement et répondit, mal à l'aise, « Désolée, je suis contente de te voir… Seulement, je croyais que ce serait Severus. »

« Ça ne risque pas, » ricana le sorcier.

Cassandra le regarda, surprise, sa curiosité piquée. « Pourquoi? »

« Eh bien, la dernière fois que je l'ai vu, il était avec une petite blondinette accrochée à ses pieds et il essayait de monter les escaliers, mais en vain. »

« Kayley? Mais elle devrait être couchée! »

Damien hocha la tête. « C'est effectivement ce qu'en pensait ton mari. Mais elle semblait plutôt têtue! »

Cassandra rit joyeusement. « Oh, je ne m'inquiète pas! Elle est entre bonnes mains avec son père. »

« Je dirais plutôt, entre bonnes jambes, » renchérit le jeune professeur.

oOo

Narcissa n'arrivait pas à y croire… Ce n'était pas possible! Comment Sirius Black pouvait-il être ici, à Poudlard? Dumbledore l'avait mise au courant du complot mené sur Sirius dès qu'elle avait rejoinds Poudlard au milieu de l'été, mais pour une raison qu'elle ignorait, elle s'était faite à l'idée de ne plus jamais le revoir. Cet après-midi, alors qu'elle avait vu resurgir son premier et unique amour, elle avait cru mourir.

Présentement, Sirius était avec Dumbledore et discutait d'une mission quelconque. Pour sa part, Narcissa essayait de continuer ses tâches régulières, mais la correction des essais sur la potion de Polynectar de ses 6e années ne l'a distrayait point.

Alors que ses pensées déviaient une fois de plus sur Sirius, des coups à la porte se firent entendre. Pensant recevoir son fils, elle alla ouvrir avec pour seuls habits, sa chemise de nuit.

« Bonsoir, Narcissa, » commença doucement Sirius Black. Ses yeux bleus firent un aller-retour de son visage à ses orteils et revient à son visage. « Je peux entrer? » Narcissa resta sans bouger quelques secondes et Sirius commença à se sentir mal à l'aise. « Tu préfères peut-être que je repasse à un autre moment—? »

« Non! » S'exclama-t-elle. Puis, plus doucement, « Non, entre. »

Sirius eut un sourire et pénétra dans les appartements de la professeure de Potions.

« Je te dérange? » Demanda-t-il en jetant un regard vers la pile de parchemins.

« Pas du tout, » avoua Narcissa, surprise de sa propre réaction.

Sirius rit doucement et posa sur elle un regard empreint d'amour auquel Narcissa n'avait pas eu droit depuis des années. Elle crut fondre.

« Ne me regard pas comme ça, » plaida-t-elle.

« Pourquoi? » Demanda Sirius avec douceur tout en s'approchant d'elle d'une démarche lente.

Il était surhabillé, avec un costume gris sous sa robe de sorcier rouge vin, sous une cape de voyage. Elle se sentit nue face à lui.

« Arrête, » souffla-t-elle, et devant son air tourmenté, Sirius s'arrêta, le visage malheureux.

« Tu veux que je m'en aille? »

« Je— »

« Cissa. »

Narcissa trembla en entendant son surnom d'autrefois si joliment prononcé par son bien-aimé. Comment pourrait-elle lui résister? Pourquoi devrait-elle lui résister?

« Oui, » murmura-t-elle, défaillante.

« Quoi? Qu'as-tu dit? » Sirius s'était considérablement rapproché et feignait de ne pas l'avoir entendu, lui laissant ainsi une chance de se reprendre.

« Je préférerais que tu repartes, » réussit-elle à lui dire enfin, mais les larmes qui roulaient sur ses joues criaient le contraire.

L'homme s'arrêta à quelques centimètres d'elle. « Pourquoi? » La voix de Sirius était aussi inaudible et empreinte de douleur que la sienne.

Elle osa enfin lever les yeux et regarda ceux de l'homme en face d'elle. Ces yeux, qui autrefois avaient été si rieurs et chaleureux, étaient désormais dépourvus d'amusement. Seuls la douleur, le regret et la tristesse y résidaient. Dans ses yeux, il était facile d'y lire un tourment profond qui lui venait de son séjour à Azkaban; il y avait sans aucun doute une inquiétude inestimable pour son filleul; et pour finir, on y lisait un amour enfoui et déchiré qu'il portait pour la femme devant lui.

« Oh, Sirius— » Était-ce le sanglot qu'elle avait au fond de la gorge ou alors le baiser ardent de Sirius qui l'empêcha de terminer sa phrase? Nul n'aurait su le dire.

Brusquement, désespérément, les deux amants s'embrassèrent, redécouvrant les caresses et les baisers qu'ils s'étaient vu interdire il y a longtemps de cela par l'adoption d'un mariage forcé et, par la suite, par un emprisonnement des plus injustifiés.

oOo

La pièce était sombre et seul le feu qui crépitait silencieusement dans le foyer émettait de la lumière. Deux silhouettes discutaient entre elles et l'une semblait avoir une autorité certaine.

« Ainsi donc, la famille de notre cher Severus a péri dans l'incendie? » Demanda une voix sifflante en se réjouissant presque.

« Ça en a tout l'air, mon Maître. »

« Oui, mais, vous n'avez pas revérifié après, n'est-ce pas, Lucius? »

« Euh, non, mon Maître; c'est vrai. »

« Mh. » La voix parut soucieuse. « De plus, avec la jolie femme et les joyeux rejetons morts, il ne nous reste plus aucun moyen de convaincre notre cher Severus de revenir vers nous. »

Le ton sarcastique qu'il employa ne troubla en rien le Mangemort.

« Pas tout à fait, mon Maître, » contra Lucius Malefoy. « Severus a encore deux autres enfants avec lui à Poudlard. Nous pourrions nous en servir. »

Voldemort sembla prendre le temps de réfléchir.

« Pourquoi ne prendriez-vous pas un autre coéquipier à la place, Lucius? »

Malefoy déglutit. « Parce que, c'est vous même, mon Maître, qui m'avez dit que nous étions vos meilleurs disciples, Rogue et moi… »

Voldemort rit sadiquement. « Oui, c'est exact; mes meilleurs! C'est bon Lucius, continuez comme cela et réintégrez ce cher Severus dans nos rangs. Je vous donne le champ libre… Mais débrouillez-vous pour ne pas me décevoir. »

« Comme il vous plaira, mon Maître. »

Comprenant que l'entretien était fini, Lucius se retira tout en songeant aux moyens de faire revenir son coéquipier afin de remonter dans l'estime du Seigneur noir. Très peu le savait, mais tous les Mangemorts travaillent en équipe de deux, car, si Voldemort employait la devise « diviser pour mieux régner » sur ses ennemis, il conservait quand même à l'esprit de « l'union fait la force » au sein de ses disciples. Et seule une 'équipe' de Mangemorts avait de l'importance à ses yeux, ce qui révoltait au plus haut point Lucius Malefoy qui avait perdu son collègue il y avait un peu plus de 15 ans de cela.

À cause de cette fillette; Sky Rogue.


À suivre…