Disclaimer: Le monde d'Harry Potter, ses personnages et tout le reste appartient à JK Rowling.


Préjugés préconçus


Chapitre 20- L'homme sous le masque

« Lucius? »

« Oui, mon Maître? »

« L'un de mes fidèles m'a révélé que vous aviez échoué. »

« Je— »

« Comment peut-on échouer à tuer une femme et deux faibles gamins? »

« Maître— »

« Doloris! »

oOo

Quelques semaines avaient passé et les belles journées de la mi-octobre étaient les bienvenues. Dans deux semaines, il y aurait le bal de l'Halloween que Dumbledore avait mis en place afin d'oublier les tourments de la guerre qui se déroulait à extérieur. Ce serait un bal costumé.

Bien que cela anime les conversations des élèves, plusieurs autres sujets envahissaient la Grande salle. Par exemple la sortie a Pré-au-Lard qui se tiendrait le lendemain, ou encore les auditions que les équipes de Quidditch tiendraient le dimanche afin de pourvoir aux postes manquants.

Pour les cinquièmes années de Gryffondor, la discussion était plutôt portée sur l'essai sur les Patronus à remettre à Rogue, l'après-midi même.

Neville semblait complètement découragé, mais Hermione et Sky l'aidèrent.

« On aurait pu penser que Rogue deviendrait plus gentil maintenant que sa famille est ici, » dit soudain Parvati à Lavande.

Cependant, Harry qui était proche entendit leurs propos.

« C'est vrai, » approuva l'autre fille. « Mais on dirait plutôt qu'il est pire, comme s'il nous en voulait de connaître un peu plus sa vie privée. »

« Exactement. Et puis on ne dirait pas qu'il est le même homme quand il est avec sa famille. Je veux dire, regarde-le! »

Harry tourna la tête en même temps que Lavande et regarda vers la table des professeurs. Installé au bout de la table, Severus essayait de laver la bouche et les mains de sa petite dernière. Celle-ci, comme à son habitude, ne cessait de parler et de gesticuler, ce qui rendait la tâche particulièrement difficile pour son père.

Dans cette scène cocasse, le détail le plus frappant était sans doute le sourire de Rogue et la bonne humeur dont il faisait preuve devant tous les élèves de Poudlard.

Ceux-ci s'étaient facilement accoutumés à la présence de la petite famille du professeur de Défense contre les forces du mal et les deux jeunes enfants étaient adorés de tous.

« Harry? Harry! »

« Mh? Quoi? » Sortant de ses pensées, Harry regarda Ron et Sky qui se retrouvaient en face de lui.

« Es-tu prêt? On y va. »

« Où? »

Alors qu'il vit Hermione rouler les yeux, Harry réalisa que leur cours commençait dans moins de 5 minutes. Déjà la majorité des Serpentard partageant leur cours étaient partis et Seamus, Dean, Neville, Parvati et Lavande s'éloignaient.

« Oh, oui, bien sûr, » dit-il à ses amis. Il les suivit tout en prenant la main de Sky dans la sienne. La jeune fille lui lança un sourire discret.

Bien vite, toute la classe se retrouva assise, attendant l'arrivée de leur professeur.

« Que tout le monde m'apporte leurs essais. Immédiatement! »

Un brouhaha s'éleva dans la classe alors que les élèves s'exécutaient avec empressement, surpris par la subite demande. Rogue prit place à son bureau en attendant de commencer son cours. Il afficha une expression froide, très contradictoire à sa bonne humeur du midi, afin de maintenir les élèves en respect. Lorsque le silence fut satisfaisant pour lui, il prit la parole :

« Aujourd'hui, nous allons voir quelques techniques de duel. »

Se rappelant leur deuxième année, plusieurs élèves murmurèrent entre eux.

« SILENCE! » Rugit-il. « Vous allez— Non, je vais vous placer en équipe de deux et vous allez pratiquer un sort très simple sur votre équipier. Celui-ci, par contre, devra contrer le sort avec un bouclier qui devra avoir la faculté de repousser le sort, ou de l'absorber, c'est au choix. »

Et il continua ainsi de donner sa théorie montrant aux élèves plusieurs sortes de boucliers.

« De plus, à la fin du cours, une évaluation sera faite. Je passerai parmi vous et lancerai des sorts. Vous devrez réagir rapidement selon vos réflexes ainsi que votre instinct à savoir quel bouclier est le mieux adapté pour le sort que vous recevrez. Compris? Maintenant, levez-vous. »

D'un mouvement de baguette impressionnant, il fit disparaître tous les meubles de la salle de classe, à la suite de quoi, il forma les équipes.

C'est avec un certain soulagement qu'Harry se retrouva avec Neville. Alors que des sorts, tels l'Expelliarmus ou autres, volaient en tous sens dans la pièce, Rogue se promenait entre les élèves, critiquant tout sur son passage.

« Trop gros ce bouclier, Mr. Goyle, il vous prend de l'énergie. Mais c'est quoi cette forme, Weasley? Réciter la bonne formule, Miss Brown. Vous deux, éloignez-vous un peu. »

Pendant ce temps, Neville et Harry se dirigèrent au-devant de la classe afin de trouver un meilleur endroit. Alors que Rogue donnait des conseils à Sky et Drago, Neville envoya un Expelliarmus sur Harry. Celui-ci l'esquiva rapidement en faisant apparaître un bouclier d'un vert émeraude.

Rogue se retourna aussitôt et les regarda. Avec une moue de dégoût, il dit :

« Très beau bouclier, Potter. » Puis, son regard alla à Neville. « Relancer votre sort, » lui ordonna-t-il.

Plusieurs élèves avaient cessé leur pratique et regardaient à présent l'équipe et le professeur. Neville, tout tremblant, leva sa baguette et envoya le sort.

Celui-ci se dirigea directement sur Rogue et, bien que complètement surpris, celui-ci l'esquiva d'un magnifique bouclier violet sombre. Plusieurs élèves retenaient leurs respirations lorsque Rogue éclata :

« LONDUBAT, ESPÈCE D'ABRUTI! PAS SUR MOI! »

« Dé—désolé— »

Rogue pinça l'arête de son nez. « Vous êtes de loin le pire élève qu'il m'ait donné d'avoir, » continua Rogue doucereusement, exaspéré. « Vous êtes un danger public, votre incompétence finira pas tuer quelqu'un, Londubat. Est-ce donc si compliqué de suivre les instructions que je vous— »

« Papa? »

Severus s'arrêta soudainement et son regard vola vers Sky, étonné qu'elle s'adresse à lui ainsi dans le cadre d'un cours. Celle-ci, par contre, lui pointa la porte entrouverte de la salle de classe, là où la majorité des étudiants fixaient la nouvelle venue. Il suivit leurs regards et vit alors Kayley qui avançait doucement.

« T'es fâchii, papou? » Elle faisait la moue, ses beaux grands yeux bleus incertains.

Rogue laissa échapper un soupir et sourit à son enfant. « Pas contre toi, mon poussin. »

Soulagée, la fillette sourit et alla se réfugier dans les bras de son père. Severus, qui s'était penché pour prendre l'enfant, rit doucement en se relevant avec sa fille, laissant les élèves complètement subjugués devant son brusque changement de caractère.

« Pourquoi es-tu ici, mon ange? »

« Ze voulais être avec toi! » Répondit simplement Kayley en reposant sa tête sur le torse de son papa.

Quelques élèves ne purent s'empêcher de sourire, mais Rogue n'y porta pas attention.

« Avec moi? Mais chérie, je donne un cours… Je travaille. »

« Mais ze ne déranzerai personne! Z'te promet, papou! » S'exclama-t-elle en le regardant innocemment.

Quelques rires se déclenchèrent chez les élèves, mais, encore une fois, Severus les ignora.

« Ça peut être dangereux, ici, ma poupée, » dit Severus en lançant un regard noir au pauvre Neville. « Je préférerais que tu ailles avec maman. »

« Non… » Se plaignit doucement Kayley. « Maman est avec le professeur Damien et moi, ze veux être avec toi. »

Severus tenta de rester calme à la déclaration de sa fille, mais un léger sentiment de jalousie s'empara de lui.

Résigné, il regarda autour de lui afin de trouver un endroit sûr pour Kayley. Finalement, avec l'accord de sa fille, il l'installa dans un coin, ayant fait réapparaître son bureau, ainsi que des crayons et des morceaux de parchemins. La petite s'était mise en tête de lui faire un joli dessin. Severus lui fabriqua un bouclier semi-permanent qui fut d'une couleur bleu océan.

Aussitôt, les élèves se remirent à pratiquer leurs propres boucliers. Plus le cours avançait et plus les étudiants s'amélioraient. Bientôt, plusieurs bulles de couleurs différentes, variant selon la couleur de leurs yeux, emplirent la classe.

Après quelques minutes, Severus annonça que l'évaluation commençait. Tous sur leurs gardes, les élèves attendaient que l'un des sorts de leur professeur se dirige vers eux, quand soudain…

« Papa, papa! »

Severus arrêta brusquement d'envoyer des sorts et regarda sa fille courir vers lui.

« Kayley! Je t'avais demandé de rester dans la bulle! »

La petite s'arrêta net et regarda son père, sa lèvre inférieure tremblant légèrement. Severus se rendit compte alors du ton qu'il avait employé. L'inquiétude qu'il avait eue de voir sa cadette risquer de se faire toucher par ses sorts lui avait fait prendre un ton dur et colérique dont n'importe quel enfant aurait eu peur. Même ses élèves semblaient surpris qu'il ait employé ce ton avec la petite.

Doucement, il se pencha à la hauteur de l'enfant et tendit ses bras vers elle. « Allez, viens-là, ma chérie. Papa ne voulait pas être méchant, mais il a eu peur que tu te blesses. »

Clopin-clopant, Kayley avança. « Zai finis ton dessin, » dit-elle à mi-voix.

Severus la souleva et l'assit sur sa cuisse droite. La fillette lui tendit le dessin qui représentait, enfin… qui représentait…

« Il est magnifique, chérie! Hm— qu'est-ce que c'est? » Demanda Severus le plus gentiment possible, faisant ainsi éclater quelques rires parmi les élèves.

Même lui ne put retenir son sourire. Pourtant, la petite ne remarqua rien et sourit de toutes ses dents à son père.

« Tu l'aimes? » S'exclama-t-elle.

« Absolument, » répondit Severus avec sincérité, en dépit du fait qu'il ignorait complètement ce que le dessin représentait.

« Ze t'explique, » commença la blondinette avec patience. « Ça, c'est le ssâteau, et là, le lac! »

« Et ici? » Pointa Severus. « Qu'est-ce que c'est? »

« Mais papa, » s'exclama-t-elle comme si c'était évident, « c'est toi! »

Plusieurs rires résonnaient à présent dans la classe.

« Ah, oui? »

« Voui! »

« Eh bien, c'est un très beau dessin! Je te remercie, mon ange. »

Encore une fois, Kayley lui fit un sourire ravissant. Elle prit le visage de Severus entre ses deux petites mains dodues et, de ses mignonnes petites lèvres mouillées, elle lui donna un bisou sur la bouche. Severus sourit et se releva, sa fillette dans les bras.

« Très bien, » dit-il aux élèves d'un ton qui était redevenu froid. « Le cours est fini. Pour ceux qui ne se sont pas encore fait évaluer, prenez-en note que cela se fera au début du prochain cours. Maintenant, fichez le camp! »

Alors que les élèves sortaient avec empressement, Sky resta et se rapprocha de son père et de sa sœur, en souriant.

« C'était un très bon cours, papa. J'ai adoré! »

« Merci, Sky, » répondit-il en souriant.

« Mais… tu ne trouves pas que tu y vas un peu fort avec le pauvre Neville? »

Severus fit une grimace. « Il n'avait qu'à faire un peu plus attention. » Il déposa Kayley au sol.

« Tu le rends nerveux, » expliqua Sky avec patience.

« Ce n'est pas une raison, » répliqua son père. « Il devrait apprendre à contrôler ses émotions— »

« Oh, oui; parce que toi, tu contrôles très bien ta colère! » Répliqua-t-elle aussitôt.

Severus la regardant un instant, ne sachant que dire. Il était vrai que, pour sa fille, le voir sous cet angle devait être assez étrange. Il n'était tellement pas le même lorsqu'il n'était qu'avec sa famille.

« Sky, je— »

« C'est dur, tu sais. Chaque jour, j'entends des tas de commentaires sur toi… et… » Ils n'ont pas tout à fait tort, voulut-elle dire, mais elle s'en abstenu.

« N'y porte pas attention, d'accord? » Se sentant désolé pour sa fille, il l'étreignait avec force. Sky lui rendit son étreinte avec autant de vigueur.

« J'essaierai. »

Rogue caressa les cheveux de sa grande et lui embrassa le front. Celle-ci s'éloigna de lui avec un regard triste, mais un sourire sur les lèvres. Retrouver son père aimant lui avait clairement fait le plus grand bien.

« Bonne fin de journée, papa, » lui dit-elle puis elle alla prendre la main de Kayley et partit avec sa sœur.

Alors qu'elles sortaient, Severus réaménagea la pièce en salle de cours.

La soirée tomba rapidement et la sortie à Pré-au-Lard prévue pour le lendemain était le sujet favori de nombreux élèves.

Il était environ 8h30 du soir. Severus corrigeait les essais sur les Patronus que les élèves de cinquièmes années lui avaient remis aujourd'hui même, pendant que Cassandra donnait le bain à Alan et Kayley.

Alors qu'il était rendu à corriger la copie de sa fille aînée, sa femme vint le retrouver, Kayley dans les bras. Elle épia le devoir par-delà l'épaule de son mari.

« Alors? Comment elle se débrouille? » Demanda Cassandra, curieuse.

« Assez bien, » répondit Severus d'un ton qui se voulait neutre, mais son sourire trahissait sa fierté.

Cassandra rit et passa une main dans la chevelure noire de jais de son époux. Soudain, Alan arriva dans son petit pyjama bleu et grimpa sur les genoux de son père.

« Papa? »

« Oui? »

« C'est quoi Pré-au-Lard? »

Finalement, Severus cessa ses corrections, sachant pertinemment qu'avec ses deux enfants et sa femme, son travail n'avancerait nullement.

Alors que Severus expliquait à son fils ce qu'était le village de Pré-au-Lard, Cassandra alla s'asseoir plus loin, dans une chaise berçante, Kayley assise en califourchon sur elle, les paupières lourdes.

« Est-ce qu'on pourra y aller? » Demanda alors Alan avec envi.

« Peut-être, oui, » répondit son père.

Soudain, le mur devint flasque, révélant la porte des appartements du professeur et une petite silhouette pénétra.

« Fredrick! » Reconnu immédiatement Cassandra.

« Bonsoir, maman, » répondit le garçon d'un air sombre.

« Ça ne va pas? » Demanda son père.

« Bof… » Dit-il en se laissant dans l'un des luxueux divans.

« Fredrick? »

Le concerné soupira fortement et s'exclama d'une voix empreinte de révolte et de tristesse, « Cette école est injuste! »

Aussitôt, Severus et Cassandra comprirent. Il n'était qu'en deuxième année et ne pouvait donc pas aller à Pré-au-Lard.

« Écoute, mon loup, » lui dit sa mère. « Si tu veux, nous irons ensemble à Pré-au-Lard. »

Le sourire lui revint un peu et il regarda sa mère avec espoir. « Mes amis aussi? »

Juste par l'impression désolée de sa mère, Fredrick comprit qu'ils ne pourraient pas. Cependant, il resta quand même heureux de savoir qu'il aurait le droit d'aller à Pré-au-Lard avec ses parents.

Après avoir longuement parlé avec leurs deux fils, Severus et Cassandra dirent bonne nuit à Fredrick et couchèrent Alan et Kayley, qui elle, dormait déjà depuis longtemps.

La pièce dans laquelle on avait fait la chambre des petits était splendide. Les lits à baldaquin semblaient immenses pour les deux enfants, mais ils adoraient ça! Les couleurs utilisées faisaient davantage ressortir leurs jeunes âges que l'appartenance de leur père a Serpentard, mais une épaisse moquette verte recouvrait le sol. Tout au fond de la pièce, une impressionnante penderie contenait leurs nouveaux habits sorciers. De plus, plusieurs jouets avaient été mis à leur disposition, sans compter le nombre fulgurant de peluches!

Alors que Severus fermait la lumière, Cassandra alluma la veilleuse.

« Dormez bien, mes trésors, » leur dit-elle avant de refermer la porte de la chambre.

Elle alla ensuite se changer, enfila une chemise de nuit en satin bleue, ainsi que le pantalon ample assorti et elle alla rejoindre son époux, qui s'était remis à ses corrections.

Comme il avait l'air concentré, elle ne le dérangea pas et s'assit non loin de lui. Après un long moment de silence, elle demanda, « Tu viendras avec nous, demain? »

Si son froncement de sourcil était une indication, elle le dérangeait visiblement. « À Pré-au-Lard? Je ne crois pas, non, » répondit-il, occupé.

« Pourquoi pas? »

Il eut un soupir. « Je n'aurai pas le temps, Cassy. J'ai trop de travail, désolé. » Encore une fois, il n'avait même pas daigné relever les yeux.

« D'accord, » marmonna Cassandra avec un ton de reproche.

Severus leva enfin la tête et regarda sa femme. Celle-ci regardait ses mains, croisées sur ses cuisses et ce ne fut qu'après plusieurs secondes de silence qu'elle remarqua que son mari la fixait. Elle leva les yeux et fixa son regard dans celui de Severus.

« Très bien, » dit-il soudain, exaspéré. « J'irais avec vous! »

Puis il se replongea dans ses corrections. Cassandra soupira, se leva et alla dans la chambre, mécontente.

Severus secoua la tête et tenta de se concentrer sur les copies devant lui, mais en vain. Finalement, il posa sa plume et alla retrouver sa femme.

« Cassy? Qu'est-ce qui ne va pas? » Doucement, il s'assit sur le lit au côté de son épouse. « Je t'ai dit que j'irai— »

« Oh, oui, » le coupa sa femme, « et ça te semblait une dure corvée, n'est-ce pas. »

Le ton sarcastique qu'elle employa ne lui ressemblait absolument pas et Severus en resta surpris.

« Cassandra, arrête. Tu sais très bien que j'aimerais mieux passer du temps avec vous que de corriger ces foutus essais d'élèves stupides! Mais je te rappelle, chérie, que je suis le seul à travailler ici. Et de toujours avoir les enfants autour de moi me fait prendre beaucoup de retard, autant dans mes corrections que dans mes cours. »

Il y avait un reproche dans ce qu'il disait, mais Cassandra ne le saisit pas. Severus continua, « Sans compter que nous ne serons pas logés-nourris pour toujours… Je dois amasser de l'argent pour racheter une maison— »

« D'accord, très bien, » siffla Cassandra. « Ça suffit Severus, j'ai compris. »

Severus soupira, entoura les épaules de Cassandra d'un bras et lui embrassa le front. Celle-ci se laissa aller un peu contre son époux et posa sa tête sur l'épaule musclée de celui-ci.

« Je m'ennuie, ici, » avoua-t-elle soudain sans réellement se plaindre; elle ne faisait que constater un fait.

Sa déclaration fut suivie d'un long silence.

« Sev? »

« Mh? »

« Je pourrais retourner travailler. »

Severus ignorait si c'était une question ou une suggestion, mais peu importe, sa réaction ne se fit pas attendre.

« Vraiment, Cassy? »

Il s'éloigna un peu et regarda Cassandra afin de se persuader qu'il ne venait pas d'entendre ce qu'il avait entendu. Ne comprenait-elle donc pas que sa sécurité –sa vie– était en danger? De plus, il venait de lui dire qu'elle devrait passer plus de temps avec leurs enfants afin qu'il puisse avoir l'esprit tranquille pour travailler, et voilà qu'elle planifiait plutôt de quitter les lieux.

Severus avait l'impression qu'ils menaient deux conversations complètement différentes. Cassandra ne l'écoutait pas; tout ce qu'elle voulait s'était de retrouver un semblant de vie normale, ce qui, en ce moment, était impossible.

Cassandra continua son plaidoyer d'un ton posé. « Oui. Écoute Severus, j'en ai parlé avec Damien et il croit que je devrais— »

« Damien? » L'exclamation étouffée de Severus coupa la parole à sa femme. « Attends là, chérie! J'ai mal compris, n'est-ce pas? »

Cassandra le regarda un instant, cherchant les bons mots.

« Très bien; je mets Damien de côté et tu en fais de même pour la jalousie qui te ronge. Le fait est, Sev, que j'aimerais quand même continuer de travailler. Il faut des Médicomages encore plus que jamais en ces temps de guerre, et j'ai une responsabilité en tant que— »

« Non! Cassandra, ta seule responsabilité est envers tes enfants! » Il se releva du lit et fit les cent pas dans la chambre. « Es-tu complètement inconsciente? Tu ne peux pas! Je suis désolé, mais tu ne peux juste pas retourner au travail. Souviens-toi de la menace de Lucius et des Mangemorts— »

« Je veux me sentir utile! »

« Et moi je ne veux pas que tu risques ta vie! » Severus commençait à s'énerver face à l'obstination de sa femme.

Cassandra semblait vraiment hors d'elle. D'un mouvement brusque, elle se leva du lit à son tour. « Risquer ma vie? Je te parle d'aider nos égaux, Severus! Comment peux-tu être aussi égoïste? »

Severus la fixa. « Égoïste? Égoïste, moi? Je cherche à te protéger, Cassandra, tu le comprends ça? Je me demande bien qui est le plus égoïste de nous deux? Tu ne fais que te plaindre que tu t'ennuies, alors que je semble être le seul à songer à la sécurité de notre famille. »

« Oh, ce n'est pas vrai, ça, Severus! Mais je ne suis pas une gamine sans défense; je suis une sorcière accomplie et une Médicomage compétente et je ne suis pas désolée d'aimer mon métier–contrairement à toi. J'ai des obligations aussi, et je sais que je peux être utile aux efforts de la guerre! »

« Et moi je ne suis pas désolé de t'aimer au point où je veux te protéger, Cassandra. J'essaie juste d'empêcher que mes enfants perdre leur mère! »

Si Cassandra avait semblé se calmer au propos de son époux, son dernier commentaire raviva son indignation.

« Tu es injuste! Ne mêle pas les enfants là-dedans! » Cria-t-elle, puis elle se détourna pour partir.

« Et pourtant, ils ont leurs places, » rétorqua Severus en lui rattrapant le bras et en la forçant à se retourner. « Où étais-tu d'ailleurs, aujourd'hui, lorsque Kayley se promenait toute seule dans le château? »

Les yeux pleins d'eau, vexée par l'accusation, Cassandra se débattit en essayant de faire lâcher prise à Severus, mais au contraire, celui-ci resserra sa poigne.

« Tu me fais mal, » articula-t-elle avec frustration.

Severus ne sembla pas s'en préoccuper. « Jure-moi que tu ne retourneras pas travailler, » dit-il, oublieux de l'accusation qu'il venait de lui lancer au visage et préférant s'assurer que sa femme avait retrouvé un peu de bon sens.

Mais Cassandra était encore bien trop énervée. « Non! Lâche-moi. »

« Jure-le-moi, » répéta-t-il avec une certaine angoisse.

Il connaissait bien sa femme, il savait qu'elle avait le tempérament de feu si énervant des Gryffondor, mais il avait espéré qu'elle comprenait la situation et son désir –non, son besoin– de les savoir, elle et les enfants, en sécurité auprès de lui. C'était de sa faute si sa famille était en danger et jamais il ne pourrait se le pardonner s'il leur arrivait quoi que ce soit. L'attaque sur leur maison était encore trop récente pour que Severus se sente à l'aise de laisser son épouse quitter la sécurité que Poudlard leur procurait à tous.

Cassandra rageait. Elle avait l'impression de ne pas reconnaître l'homme devant elle. Elle était docteure, une Médicomage, et dehors, c'était la guerre! Son devoir était d'être auprès de ses patients. Elle en avait parlé avec Damien, cet homme qui n'avait été qu'une connaissance, mais qui devenait, peu à peu, un ami et un confident. Son mari, si stressé par la guerre, son rôle dans celle-ci et son poste de professeur, était bien différent à Poudlard que ce qu'il était à la maison. Elle ne pouvait plus se confier à lui et ce soir ne faisait que prouver cela.

De plus, sa poigne sur son poignet délicat se faisait de plus en plus douloureuse. Cassandra se débattit, mais Severus ne fit que lui envoyer un regard de fureur qui, elle devait se l'admettre, lui fit un peu peur. Il semblait vexé qu'elle chercher à se libéré, comme si cela signifierait la fin de leur querelle et sa victoire à elle, mais… ne réalisait-il pas qu'il lui faisait mal?

« Sev. » Elle déglutit, les larmes de rage, de déception et de douleur lui envahis les yeux. « S'il te plaît, tu me fais mal, » répéta-t-elle en posa son autre main, celle qui était libre, sur les doigts crispés de l'homme.

Severus cligna des yeux. Voir la femme qu'il aimait le supplier ainsi fit prendre conscience à Severus à quel point il dépassait les bornes. Aussitôt, il lâcha le poignet de Cassandra avec un hoquet d'horreur et celle-ci tomba lourdement sur le sol, surprise. Tout devint flou autour de lui. Mais qu'était-il donc en train de faire?

« Cassy, je— »

Mais les pleurs de sa femme l'arrêtèrent. Recroquevillée sur elle-même, ses cheveux lui cachant le visage, elle serrait son poignet tout contre son ventre en sanglotant. Malgré tout, elle leva les yeux vers lui et son regard, qui n'exprimait que sa déception et un soupçon d'effroi, fit fuir son mari.

Dehors, le vent froid remit les idées en place à Severus. Mais que venait-il de faire? Jamais il n'avait été violent un tant soit peu avec sa femme. Est-ce réellement parce qu'il était effrayé de la perdre qu'il avait agi ainsi, ou bien était-ce parce qu'il était jaloux? Il n'en savait rien et cela le rendait fou de remords. Il se haïssait tellement!

Après deux heures à marcher dans le parc de Poudlard, il se décida enfin à rentrer. Il croisa Miss Teigne dans les couloirs, mais il n'y porta aucunement attention. Arriver devant ses appartements, il hésita à entrer.

Poussant un soupir, il dit le mot de passe et avança dans le mur flasque. De l'autre côté, tout était calme. Il s'avança et s'installant sur le divan, il se versa un verre de whisky-pur-feu. Après plusieurs minutes dans la pénombre et le silence, un pleur d'enfant se fit soudainement entendre. Aussitôt, sa frustration contre lui-même se dissipa et son instinct paternel refit surface. Rapidement, il se dirigea vers la chambre de ses bébés.

La veilleuse toujours allumée lui permit de facilement évaluer la situation. La petite Kayley était debout à coter de son lit et pleurait à chaudes larmes alors qu'Alan se réveillait, mécontent.

« Rendors-toi, mon bonhomme, papa est là, » lui dit Severus, tout en se dirigeant vers Kayley.

Lorsqu'il arriva près de sa fille, il la prit dans ses bras et calma ses pleurs de façon instinctive. Kayley mit son pouce dans sa bouche et de sa main libre, attrapa la robe noire de son père et s'y accrocha avec force.

« Hey, mon petit cœur, que se passe-t-il? Tu as fait un cauchemar? »

La blondinette renifla et regarda vers ses pieds. « On—on m'a volé mes pieds, papou. »

« Quoi? » Severus était sûr d'avoir mal entendu et n'avait pu s'empêcher de rire, mais lorsque la fillette repartit en pleurs, il se rendit compte de son erreur. « Kayley, chuuut, Kayley! Écoute-moi, ma chérie; personne ne t'a volé tes pieds. »

« Mais ze les vois plus, » dit-elle, un sanglot dans la voix.

Pour la première fois, Severus regarda les jambes de sa fille. La petite portait une robe de nuit bleu pâle avec de jolis moutons blancs qui était, manifestement, trop longue pour elle. Le bas de la robe lui cachait complètement les pieds.

'Ha! Les enfants' pensa Severus. Qui pouvait deviner ce qui se passait dans la tête d'une fillette de 2 ans et ¾ lorsqu'elle se réveillait en pleine nuit?

D'un mouvement vif, il retourna Kayley dans ses bras et sa robe de nuit tomba vers le haut, révélant ainsi les petites jambes de l'enfant. Riant de bon cœur, Kayley battit des pieds dans les airs.

« Tu vois? Ils sont revenus tes pieds! »

« Ouiii! »

Severus la calma un peu, puis il la recoucha dans son énorme lit. Presque aussitôt, elle se rendormit.

Craignant la suite, Severus se dirigea vers sa chambre, dans laquelle il trouva Cassandra couchée dans le lit, profondément endormi. Elle était sur le dos, mais sa tête était tournée dans la direction opposée de la place que Severus occupait.

En silence, il se changea, puis grimpa dans le grand lit. Ce fut seulement lorsqu'il s'allongea aux côtés de sa femme qu'il remarqua que sa respiration était encore entrecoupée de sanglots. La pauvre s'était endormie en pleurant.

Alors que son cœur se tordait de douleur, Severus se redressa et caressa tendrement le visage de sa femme. Celle-ci se réveilla en sursaut.

« Oh! » Dit Severus, surpris. « Pardonne-moi, je ne voulais pas te réveiller. »

Cassandra ne répondit pas et le regarda, un peu perdue. Mais, visiblement, les souvenirs du soir même lui revinrent en esprit et elle eut un regard désappointé.

« Oh, Cassy, mon amour, » chuchota avec empressement Severus en lui caressant le visage. « Pardonne-moi. Pardonne-moi. »

Encore une fois, Cassandra garda le silence et cela brisa davantage le cœur de Severus. Il aurait préféré qu'elle parle, qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi, qu'elle cri, qu'elle hurle, mais qu'elle cesse de le regarder avec ses yeux empreints de déception et d'un fond de crainte envers lui.

« Tu m'en veux… et c'est compréhensible, » Commença Severus. « Mais par pitié Cassandra, parle-moi! »

Mais Cassandra ne parla point et détourna la tête en fermant les yeux. Severus serra les dents afin de retenir sa colère… la colère qu'il avait, non pas face au comportement de sa femme, mais bien envers lui-même.

« Comme je me hais, » dit-il dans un murmure douloureux.

Doucement, il porta sa main vers la joue de sa femme et la força à le regarder. N'ayant aucune réaction, Cassandra se laissa faire, mais entrouvrit les yeux. Severus lui baisa le front.

« Pardonne-moi, » répéta-t-il, anéanti.

Il lui embrassa la joue.

« Si tu savais comme je regrette. »

Tendrement, il posa ses lèvres sur les siennes, mais Cassandra resta de marbre. Désespéré, il laissa échapper un sanglot du fond de sa gorge, incapable de le retenir davantage. Ses larmes roulèrent le long de ses joues, et celles-ci tombèrent sur la peau délicate du visage de sa femme. À cette sensation, Cassandra eut un faible sanglot et répondit enfin au baiser, doucement, légèrement.

Severus se recula et regarda sa femme, les yeux embrumés. Elle semblait tout aussi brisée que lui, mais tous deux étaient silencieux. Il soupira un grand coup et, passant ses bras autour de la taille de Cassandra, il déposa sa tête sur le ventre de celle-ci.

« Je me déteste tant, » murmura-t-il.

« Pas moi, » murmura Cassandra d'une toute petite voix, prononçant ses premiers mots de la nuit. « Je t'aime. »

Doucement, elle amena une main dans la chevelure de son mari qui sanglotait silencieusement, son visage enfoui dans son ventre. Severus resserra son étreinte, comme s'il avait peur qu'elle ne s'évapore. Ils restèrent longtemps comme ça, silencieux. Puis, sans échanger un mot de plus, ils finirent par sombrer tous deux dans le sommeil.

Le lendemain, Cassandra se réveilla avant ses enfants. La tête de son mari reposait encore sur son ventre et elle n'osa pas le déranger. Elle caressa plutôt les cheveux de celui-ci, lorsqu'elle remarqua, soudain, quelques bleus qui apparaissaient sur son avant-bras et son poignet. Severus l'avait-il serré aussi fort?

Elle fronça les sourcils et naturellement, ceci lui fit repenser aux évènements de la veille et à sa confrontation avec son époux et Cassandra ne put s'empêcher de verser quelques larmes. Severus avait semblé hors de lui. Elle avait été désagréablement surprise de sa réaction. Oui, elle l'avait vraiment menée à bout de nerfs, mais surtout, il était effrayé. Pour elle. Il ne cherchait qu'à la protéger et sa dévotion s'était transformée en détresse qui s'était transformée en colère, qui s'était transformée en violence. Cassandra n'excusait pas le comportement de son mari, mais elle savait qu'elle avait ses torts. Elle savait aussi que Severus n'excuserait pas son propre comportement et qu'il en serait dégoûté.

Il faudrait qu'elle tente de se soigner avant que Severus ne s'aperçoive de ses marques laissées sur sa peau.

Cassandra tourna la tête vers l'endroit où se trouvait sa baguette; elle était peut-être une excellente Médicomage, mais sans baguette, elle ne pouvait rien faire.

Les pensées de Cassandra vagabondèrent. Le point de vue de Severus n'était faux. Après tout, le métier de Médicomage était particulièrement dangereux en temps de guerre et si elle décidait de retourner travailler, elle risquerait beaucoup. Plus que sa propre vie, en fait…

Cassandra esquissa un sourire hésitant. Severus n'était même pas au courant, et déjà il était implacable; lorsqu'elle le lui annoncerait, son désir de retourner travailler serait complètement inacceptable aux yeux de son époux.

« Mh. Cassy? »

La voix endormie de l'homme la ramena à la réalité. Celui-ci s'était relevé sur ses avant-bras, à côté d'elle et la regardait de ses yeux bouffis par les larmes. Elle ne douta pas deux secondes qu'elle avait probablement la même tête! Manifestement, les chicanes de couple ne leur allaient vraiment pas! Pour unique réponse, elle lui sourit faiblement.

« Est-ce que tu me pardonnes? » Demanda-t-il aussitôt.

Cassandra hocha la tête. « Oui, » répondit-elle sans hésiter.

Severus sourit, puis secoua la tête. « C'est trop facile, » dit-il. « Tu devrais m'en vouloir plus que ça. »

La femme hausse les épaules. « Mais je ne peux pas. Je t'aime, Severus, » expliqua-t-elle.

Severus regarda sa femme comme s'il la croyait condamnée. Celle-ci devina ce à quoi il pensait et lui caressa tendrement la joue, passant son pouce sur ses lèvres.

« J'aimerais tellement pouvoir me voir par tes yeux, » lui dit Severus.

À cela, Cassandra rit doucement, mais lorsqu'elle fit un mouvement qui révéla à Severus son poignet meurtri, celui-ci l'arrêta.

« Cassy, je— »

D'un geste vif, Cassandra cacha son bras sous les couvertures. « Oublie ça, veux-tu? »

Les yeux de l'homme étaient ronds. « Non! »

« Sev, » souffla Cassandra. « Je t'en prie, n'en parlons plus. »

Severus scruta le visage de sa femme, abasourdi. Comment pouvait-elle si subitement faire comme si rien ne s'était passé? Pourtant, son visage exprimait clairement sa résolution.

« Je ne pourrais jamais me le pardonner, » lui dit-il.

« Eh bien, il le faudra! »

« Mais je t'ai presque battu! » S'indigna Severus, dégoûté. Il ne parvenait pas à comprendre le calme de sa femme.

« Tu ne m'as pas battue, » contra Cassandra dans le déni, « tu essayais juste de me garder dans la pièce pour qu'on discute. »

Severus secoua la tête. Il l'avait retenu contre son gré. Il avait marqué sa peau avec sa poigne trop forte. Elle était tombée au sol lorsqu'il l'avait enfin lâché! Le son d'effroi qui s'était échappé d'elle à ce moment-là, ainsi que son regard outré, hantait Severus.

« Tu semblais si terrorisée— »

« Oh. » Cassandra se redressa et balança ses jambes en dehors du lit, tournant ainsi le dos à Severus. Celui-ci l'imita.

« J'ai eu peur, c'est vrai, » admit-elle, « mais pas pour les raisons que tu crois. »

Severus fronça les sourcils. « Si ce n'était pas moi, qu'est-ce qui t'a effrayé? »

Celle-ci se tourna vers lui et, le regardant dans les yeux, elle inspira profondément. Elle prit l'une des mains de son époux et la déposa sur son ventre. « J'ai eu peur pour le bébé, Severus. »


À suivre…