Chapitre II

Le jour de la fête, Elise se surpassa en réalisant une pièce montée de cinq étages tous recouverts d'un glaçage différent. Elle dut lui lancer un sort de réduction pour lui faire passer les portes. Une fois dans la salle commune, elle posa le gâteau sur la plus grande des tables qu'elle trouva et lui redonna sa taille réelle. Le gâteau dépassait presque de la table. D'un coup de baguette magique, elle dressa la plus magnifique table qu'elle le put : elle était recouverte de diverses fanfreluches roses bonbon comme des serviettes, des pompons, des rubans et même des paillettes. La table lui était parfaitement assortie : rose, éblouissante et rose. Elise regarda autour d'elle. Un feu brûlait dans la cheminée, tous les meubles de la salle commune avaient été déplacés. Elle était donc vide, à part une ou deux tables dans des coins. Les portraits avaient l'air surexcités.

-Ah ! Elise ! Quelle magnifique table ! Ce gâteau est merveilleux ! Les Bizzar' Sisters devraient bientôt arriver.

-Les Bizzar' Sisters ? Ici ?

-Oui, j'ai quelques… relations dans le monde du show business…

-Houa ! Harry, je… C'est vraiment trop délire !

-Eh ! Harry ! Où on la met ? cria un garçon de dernière année assez costaud. Il montrait du doigt une énorme table longue d'au moins… ça.

-Par là ! Il faut encore de l'espace pour la piste de danse et la scène.

Une fille de sixième s'approcha.

-Harry…

-Vous savez ce que j'ai dit…

-Je ne veux pas t'appeler comme…

Harry la foudroya du regard.

-Bon, très bien… Monsieur Potter j'ai quelques suggestions à vous faire. A propos, notamment, de cette table si… rose.

-C'est mon… amie, ici présente, qui l'a dressée. Elle s'est donnée du mal. Laissez-la comme ça. A vous de la faire passer inaperçue. C'est pour ça que je vous paie.

-Tu ne me paies pas !

- Tu m'as encore tutoyé ! Et ce que tu dis est idiot ! Bosser pour moi te rend plus populaire et je te paierai en lettre de référence lorsque tu chercheras un boulot de décoratrice ! Retourne travailler !

Elise n'en croyait pas ses oreilles : Harry avait ordonné que son travail reste tel quel ! Il l'avait défendue ! En plus, il avait parlé d'elle comme une AMIE ! Elise devint soudainement rouge écarlate, sans savoir pourquoi. Harry s'éloigna. Il avait beaucoup de choses à faire. Elise soupira en songeant au grand sens de l'organisation de Harry. Comme il était doué pour diriger les choses et les gens.

Bientôt, Elise vit des gens placer de grandes pancartes.

« Grand bal en l'honneur d'Harry Potter

Tenue de soirée exigée.

De 20h00 à ?h ? »

Tenue de soirée exigée ! Elle s'était habillée pour l'occasion, certes, mais elle ne portait pas une tenue de soirée. Elle croyait même qu'elle n'en possédait pas ! Elle monta l'escalier du dortoir quatre à quatre et fila dans sa chambre. Elle retourna son placard à la recherche de la bague ornée d'une grosse pierre orange qui s'y trouvait sans doute. Elle la trouva au milieu de sa collection de poignées de portes. Elle la secoua douze fois et cria dedans :

« Luna ! » Elle répéta son cri sept fois et demi.

-Elise ? lui répondit une voix hébétée.

-Il me faut une tenue de soirée ! C'est horrible ! Il me faut une tenue de…

-Calme-toi et explique-moi tout au lieu de hurler. Je crois que ça facilitera les choses.

-La fête ! Tenue de soirée exigée ! Tenue de soirée exi… Il me faut une tenue !

-Respire. Calme-toi. Souviens-toi du magasine de la mode sorcière de 1963. On y donnait une formule pour faire une robe de soirée avec ses rideaux. C'est revenu très à la mode, je crois, ce genre de robes.

-Luna, tu me sauves ! s'écria Elise.

Elle secoua sa bague douze fois et la rangea entre une poignée de porte en forme de tête de chat et une autre à pois multicolores. Elle chercha ensuite sa revue : « Mode sorcière 1963 ». Elle retourna à nouveau son placard, en vain. Elle se mit alors à lancer des « Accio Mode Sorcière 1963 » au hasard tout autour d'elle. Etonnamment, sa tactique porta ses fruits. Le magasine était « rangé » sous son lit, près de sa trompette et de ses crayons élastiques (qui avaient fini par s'emmêler les uns avec les autres à force d'être tordus dans tous les sens). Elle trouva facilement la page qu'elle cherchait car elle connaissait les quatre-vingt-un numéros de « Mode Sorcière » par cœur. Elle arracha une des tentures rouges du dortoir et un grand rideau plus ou moins transparent. Elle se concentra sur l'image de la robe et dit, en pointant sa baguette sur le tas de rideaux informe : « Uesti facere ! » Les rideaux s'élevèrent dans les airs. Un vague fantôme de robe se forma alors, devenant de plus en plus net, jusqu'à être une très jolie robe (d'après « Mode Sorcière 1963 », la beauté étant une chose très subjective…) La robe pourpre avait de larges épaulettes. Les couches de rideaux pourpres et transparentes se superposaient. Des boutons étaient apparus (comme par magie) pour le fermer dans le dos. Elise se demandait comment ils étaient arrivés là quand sa jupe tomba par terre et qu'elle se rendit compte que tous ses boutons avaient été transposés sur sa robe.

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Elise descendit dans la salle commune à 19h50. Ce n'était pas une fête qu'Harry faisait, c'était un véritable banquet ! Des plats avaient été disposés un peu partout sur la grande table dressée… Exactement comme la sienne, celle du gâteau ! « A vous de la faire passer inaperçue » La décoratrice avait adapté la pièce à son modèle. Une immense fierté envahit Elise et elle releva le menton si haut qu'elle buta dans un Dean Thomas dans une tenue de soirée bleue qu'elle ne vit pas (ses yeux ne voyaient plus que le plafond).

-Pardon !

-Oh, ce n'est pas grave ! Plus de peur que de mal !

-Elise, tu t'es fait mal ? demanda Harry.

-Je… Ca va aller. Merci. Elle souriait bêtement, mais ne pouvait s'en empêcher. Harry était si attentionné !

-Qu'est-ce que tu penses de la déco ? Alicia m'a étonnée. Je ne pensais pas à ça quand je lui disais de s'adapter à ta table. C'est un peu trop, je trouve.

Elise trouvait tout cela magnifique. Pourtant, elle s'emporta dans un long discours enflammé pour blâmer Alicia, la décoratrice. Harry finit par la couper.

-Bon, c'est pas tout ça, mais je dois aller danser avec quelques-unes de mes groupies. Je leur avais promis, tu sais… Bonne soirée.

-toi aussi, Harry. C'est important de toujours tenir ses promesses !

Harry s'éloigna et Elise alla s'asseoir sur une chaise. Elle était tellement absorbée par ses pensées qu'elle ne se rendit pas compte qu'elle s'asseyait sur… Dean Thomas.

-Oh ! Pardon! s'écria-t-elle en faisant un bond de trois mètres.

-Oh, ce n'est pas grave ! Plus de peur que de mal !

Elle alla s'asseoir sur une chaise (vide- un peu plus loin. Dean avait l'air nerveux.

-Pourquoi es-tu si nerveux ? Tu attends quelqu'un ?

-Plus ou moins.

-Ah. Moi, je m'ennuie.

-Ah. Moi aussi.

-Alors on s'ennuie tous les deux, on dirait. Oh ! Regarde ! Les Bizarr' Sisters arrivent ! Houa ! Elles vont commencer à chanter !

Le groupe se mit à jouer. Elise, elle, se mit à fredonner l'air, sans se rendre compte qu'elle n'avait ni le bon ton, ni le bon rythme.

-Magnifique, cette chanson ! Ca donne envie de…

-Danser ?

-J'allais dire que ça donnait envie de cuisiner, mais ça peut aussi donner envie de danser.

-Tu… Tu veux… danser… avec moi ? Dean rougissait.

-D'accord.

Ils se dirigèrent vers un espace dégagé où des couples dansaient. Elise et Dean se marchèrent sur les pieds au moins 32 fois (au-delà, Elise cessa de compter). A chaque fois, on entendait murmurer d'une voix timide : « Oh ! Pardon –Ce n'est pas grave ! Plus de peur que de mal ! »

Harry arriva à grands pas. Il avait l'air hors de lui.

-Tu ne connais pas le règlement ? PERSONNE ne drague une de mes groupies !

-Je ne la drague pas, on danse.

-C'est la même chose, idiot ! Lâche-là tout de suite ! Je vous interdis de continuer à danser ensemble !

-J'aime bien danser, Harry. Je crois que je préfèrerais continuer à danser avec Dean, moi.

-Tu vas le lâcher tout de suit ! Ce bal est pour moi ! On suivra donc MES règles !

-Harry, je n'aime pas qu'on me donne des ordres. Je crois qu'il faudrait que tu le saches. Et Dean ne doit pas faire les frais de ta fureur ou de notre attirance mutuelle.

-Notre quoi mutuelle ? Quelle attirance ? Je ne t'aime pas, moi ! Elise sentit les larmes lui monter aux yeux.

-Si tu ne m'aimes pas, pourquoi ça te choque que je danse avec Dean ?

-Parce que tu es MA groupie !

-Je ne suis la groupie de personne. Et si tu es si odieux avec toutes tes « groupies » tu n'en auras plus longtemps. Maintenant, je crois que je vais m'en aller. J'aurais bien aimé que tu m'accompagnes, Dean, mais tu attendais quelqu'un, je crois. A bientôt.

-Attends-moi ! cria Dean alors qu'Elise quittait la salle en courant. Il la suivit par l'ouverture derrière le portrait de la grosse dame. Elise était en larmes.

-Il… était pourtant… si gentil… avant…

-Tiens. Tu veux mon mouchoir ? Il est propre !

-Merci. C'est… utile… les mouchoirs… il faudrait… toujours… en avoir avec soi… comme pour les gâteaux…

Dans un sanglot plus violent que les autres, Elise se jeta contre l'épaule de Dean. Avant qu'elle ait pu comprendre ce qui se passait, elle le sentit déposer un baiser furtif sur son front. Ses sanglots se calmèrent aussitôt.

-Tu veux qu'on aille faire un tour dans le parc ?

-Et Rusard ? Si on se faisait prendre ?

-Ce n'est pas grave. Avec un peu de chance, on ferait notre retenue ensemble. Tu viens ?

Ils ne se firent pas prendre et passèrent une agréable soirée à se balader au clair de lune, main dans la main.