Auteur : Arsinoé de Blassenville Traduction : benebu, avril 2005

Chapitre 5 : la plume de Ma'at

Severus Rogue parcourait le couloir venant de la bibliothèque, en examinant attentivement les murs. Il était absolument certain qu'il avait trouvé Granger dans une petite pièce vitrée de ce couloir, mais il n'y avait pas trace d'une entrée. La porte était ouverte la dernière fois, et il n'avait pas regardé attentivement quand il avait quitté la petite salle poussiéreuse, submergé par un flot de souvenirs et d'émotions.

Il avait été si bouleversé quand le portrait de Lily lui avait parlé qu'il n'était pas resté longtemps. Après coup, il s'était maudit de ne pas avoir pris son temps, de ne pas avoir profité d'un tel miracle. Cette Lily était la Lily de ses pensées secrètes, heureuses : la Lily des trop brefs instants de leur amitié. Le début de sa sixième année avait été le début de ses meilleurs moments à Poudlard. Après l'horrible période de sa cinquième année, il avait alors une amie merveilleuse, intelligente, qui partageait ses intérêts et écoutait ses rêves.

Elle avait des rêves, elle aussi, en ce temps-là. Des rêves dont ne faisaient pas partie Potter et ses amis. Elle était aussi ambitieuse qu'un Serpentard, et avait de grands projets pour développer son étude sur l'influence des enfants de moldus sur le monde magique. Personne depuis ne s'était attelé à une telle tâche, ou ne l'avait même envisagé, pour ce qu'il en savait. Elle allait devenir l'auteur d'un ouvrage puissant, controversé, un livre qui attirerait l'attention non seulement de la société magique britannique, mais des sorciers et sorcières du monde entier. Elle deviendrait une autorité reconnue, une force qui éduquerait et remodèlerait les opinions publiques.

Et elle était prête à accepter les résultats de ses recherches. Elle était prête à en accepter les conséquences. C'était le côté Gryffondor de sa nature : téméraire et énergique, elle ne se laissait pas restreindre par des idées préconçues.

Il avait passé les nuits précédentes misérablement accroché une bouteille de Vieil Ogden, prétendant qu'il ne se languissait pas de la revoir. La nuit dernière, il s'était rendu à l'évidence et avait commencé à rechercher le merveilleux tableau. C'est encore une tanière où les Gryffondors vont comploter leurs bêtises habituelles, se disait-il. En tant que tel, c'est mon devoir vis-à-vis de l'école de la trouver et de les empêcher d'y accéder. L'idée de cette gamine arrogante, Granger, foulant les lieux, regardant le portrait de son amie de ses yeux ordinaires, et peut-être même y amenant Potter et Weasley pour la reluquer, ne faisait rien pour améliorer son humeur.

Rogue considéra les tableaux sur le mur. L'un d'entre eux devait être l'entrée de la pièce secrète. Il marque une pause brève devant un tableau du sorcier Waterhouse représentant Circé empoisonnant les mers. La potion verte brillante se déversait sans fin dans les vagues à ses pieds. Circé le regarda brièvement, avec un sourire mauvais . « Déjà essayé ? » lui demanda t'elle.

Il regarda son beau visage malicieux sans faire montre du dégoût qu'il ressentait. « Non. Mais je n'en n'ai jamais eu l'occasion, je n'ai pas d'ennemis maritimes. Il n'y aurait pas une petite salle derrière vous, par hasard ? »

Circé éclata d'un rire clair, et retourna son attention à l'empoisonnement des eaux. « Vous aimeriez bien savoir… »

Dépité, Rogue avança plus loin, et regarda la grande toile de Helga Poufsouffle faisant quelque chose d'incroyablement vertueux et ennuyeux. « Pardon, » dit-il, essayant d'attirer l'attention de Poufsouffle et des odieuses créatures gémissantes qui l'entouraient. Tous l'ignorèrent, piaillant pour demander à la sorcière de les débarrasser de ce qui semblait être une attaque purulente de chronolytes parasitaires. Les bubons eux-mêmes étaient bien représentés. Rogue se pencha en avant, admirant le détail des pustules brun-rouges.

« Excusez-moi ? » Un bonhomme aux pieds velus tourna les yeux vers lui. « On soigne des Hobbits, ici. » Le hobbit lui tourna le dos. Helga lui lança un rapide regard chargé de reproches.

« Je vous demande pardon, » dit Rogue avec un contrôle glacé. « Je voulais seulement vous demander s'il n'y avait pas une petite salle derrière vous. » Sa question fut ignorée.

C'était l'une de ces deux peintures, il en était certain, mais il ne savait pas laquelle, et il ne connaissait pas le mot de passe pour y accéder. L'autre option était d'approcher Granger, et de lui demander ( !) comment trouver l'entrée. Après une longue hésitation, il se décida pour un autre plan…

« Bon dieu, Hermione, » chouina Ron. « Maintenant tu demandes du sang ? »

« Tu n'es plus un bébé, » lui reprocha Hermione. « Ce n'est qu'un peu de sang, et c'est pour un projet spécial très important. »

« Hermione 'j'ai 27/20 pour tous mes projets', » marmonna Ron. « Ca va faire mal ? »

« Tu peux prendre mon sang, Hermione, » s'interposa Harry avec lassitude. « Tant que tu m'en laisse un peu. »

Hermione sourit mollement, un peu honteuse de la facilité avec laquelle elle l'avait manipulé. Ils étaient confortablement installés dans la salle commune avec leurs livres. Elle avait mis un point d'honneur à passer la soirée avec eux, pour compenser sa négligence de la semaine. Harry regarda paresseusement sa pile de livres.

« Most Potente Potions, Opera Praetorii, Malleus Maleficarum, et… Hermione, c'est Le Livre des Morts ! Tu crois vraiment que tu peux jouer avec ça ? »

« Ce n'est qu'un livre, » déclara Hermione en distribuant des pastilles à la menthe. « Lire un livre ne fait aucun mal. »

Ron et Harry échangèrent un regard incrédule. « Tu plaisantes, non ? » demanda Harry.

Hermione souffla, et éloigna la pile de livres de Harry, la posant de l'autre côté d'elle.

Après un moment, les graçons montèrent dans leur dortoir. A la demande d'Hermione, Harry se lava soigneusement les mains, revint, et la laissant prélever une petite fiole de son sang à l'aide d'un charme de Crudus. Le visage de Ron vira au vert, et il tourna les yeux vers le mur.

« Merci, Harry, » dit Hermione avec sincérité. « Ca compte beaucoup pour moi. » impulsivement, elle le prit dans ses bras. Harry sembla surpris, et lui tapota l'épaule avec embarras. Ron leva les yeux au ciel.

« Allez, mec, » dit-il à Harry. « Peut-être qu'Hermione t'a suffisamment saigné pour que tu puisse dormir cette nuit. »

Harry réussit à leur sourire, et monta doucement l'escalier. Hermione les regarda disparaître, se sentant comme la plus basse forme de vie sur terre.

« C'est bizarre que ce sort soit dans le Livre des Morts, » fit remarquer Lily. « Je ne suis pas morte. Je ne l'ai jamais été. »

« Eh bien, » répondit Hermione, « les Anciens Egyptiens t'auraient décrite comme le ka de Lily, son esprit incarné. Comme tu sais, la momie était généralement la demeure du ka, mais on peut également utiliser une statue ou une peinture. Le ka ne meurt pas tant qu'il reste une image de la personne. »

« Oui, oui, oui. C'est juste que… Je ne pense pas à moi comme à l'image d'une personne. Je suis juste moi. »

« Je suppose que c'est comme ça qu'une bonne image se doit de penser. »

Lily haussa les épaules. « Alors le garçon t'a laissée prélever son sang ? »

« S'il-te-plaît, appelle-le Harry, » demanda Hermione. « Ca me dérange vraiment quant tu l'appelles 'le garçon'. »

« Désolée. Je n'aime pas beaucoup le prénom Harry. Je ne peux pas imaginer appeler mon enfant comme ça. Ca devait être une idée de Potter. »

« Je ne sais pas. » Un frisson descendit dans le dos d'Hermione, l'impression qu'elle grimpait un escalier qui menait dans le vide. « Lily, si ça marche… Si tu sors du tableau et que tu vas bien… Qu'est-ce qu'on fera, alors ? »

Le sourire de Lily disparut. « Nous irons voir le Directeur, l'imagine. Je me demande s'il sera très en colère. »

C'était loin d'être une sinécure de remplir d'eau l'énorme chaudron taille 30. La recette de la potion Seba était désespérément vague sur certains points, mais Hermione avait le sentiment que de l'eau conjurée ne donnerait pas de résultats satisfaisants, et elle était réduite à en amener des carafes miniaturisées dans la chambres secrète, en plusieurs voyages. Le terreau avait été emprunté discrètement, Parvati Patil avait de la myrrhe de bonne qualité dans le fatras de ses cosmétiques, Hermione avait sacrifié une chaînette en or qu'elle n'avait quasiment jamais l'occasion de porter, les yeux de scarabée étaient disponibles à portée de main dans la classe de Potions, et elle avait pris des fleurs de lotus dans le jardin aquatique du Professeur Chourave. Sans aucun doute, le bon Professeur serait contrarié de voir certaines de ses fleurs privées de leurs beaux pétales délicats, mais aucun prix n'était trop élevé pour le succès de leur aventure, avait décidé Hermione.

L'objet quasiment impossible à dénicher, chose surprenante, se révéla être le pinceau. Elle n'était pas sûre que d'en conjurer un donnerait un pinceau en poils de chats suffisamment véritable pour convenir aux besoins du rituel. Filch avait de gros pinceaux sales qu'il utilisait pour peindre les murs griffonnés, mais ils auraient sans aucun doute contaminé la potion. Il n'y avait pas de fournitures artistiques en tant que telles à Poudlard, Et Hermione dut envoyer une requête par hibou à sa mère, lui demandant de lui acheter une sélection de pinceaux pour artistes. Une fois qu'elle les eut reçus (ce qui fit lever les sourcils de Ron et Harry presque jusqu'au plafond), elle emprunta le chat d'une camarade ( tristement, elle avait dû rejeter la candidature de Pattenrond, à moitié kneazle ), et donna un long brossage à l'heureux animal. Les poils du pinceau furent retirés, et remplacés par les poils de chat. Le résultat était artisanal, mais utilisable. Elle ne pouvait pas faire sans le charme qui attachait les poils. C'était un vrai pinceau avec de vrais poils de chat. C'était le mieux qu'elle avait pu faire.

Ce soir là elle décida de se passer de dîner, tellement elle était impatiente d'entreprendre son aventure. Elle avait conjuré une table de travail, y étalant ses livres, son matériel et ses ingrédients avec une précision mathématique. Le grand chaudron était placé contre le mur, devant le tableau, et l'eau commençait à chauffer. Elle avait déjà déterminé la course du soleil par rapport à la salle secrète, afin de pouvoir remuer la potion dans la direction opposée. Lily faisait nerveusement les cents pas devant la table de la bibliothèque, répétant des passages du charme de Sinouhé.

« Tu es absolument sûre que c'est ce que tu veux ? » Hermione leva les yeux vers Lily, qui semblait ne pas l'avoir entendue.

Lily-du-tableau avala sa salive, et dit avec fermeté. « Oui. Allons-y. » Elle s'appuya contre la table, ses doigts tapant dessus à une cadence rapide, rythmée. La copie peinte du Livre des Morts de la bibliothèque était ouverte à côté d'elle.

Les ingrédients furent ajoutés dans l'ordre, et l'air se chargea de fragrances de myrrhe et de lotus. Hermione se pencha vers le chaudron, soufflant doucement sur la surface de la potion qu'elle remuait sans s'arrêter avec sa baguette. Lily la regardait avec anxiété, imitant chacun de ses souffles. Le thermomètre magique, ravissant et d'un prix absolument extravagant, était réglé pour les avertir quand la température requise serait atteinte. Elle avait finalement choisi d'utiliser le plus fin des ses pinceaux pour la phase finale, mais elle avait également apporté les autres pour le cas où il y aurait un problème.

C'était un procédé lent, même à l'aide d'un feu magique qui donnait une chaleur forte et régulière. Les couleurs de joyaux de l'Arbre de Vie commencèrent à s'assombrir avec le soleil couchant. Le bras d'Hermione se fatiguait, mais elle ne s'arrêta pas, ne ralentit pas le mouvement. Lily, qu'elle apercevait à travers la fumée, était pâle et déterminée, ses lèvres murmurant sans un bruit.

Hermione ressentit, plus qu'elle ne l'entendit, une vibration curieuse, faible. Le livre n'en avait pas fait mention, mais c'était selon toute vraisemblance un effet secondaire du sort si puissant. Ca ressemblait un peu au son envoûtant, profond d'un pasteur Aborigène, qu'elle avait entendu une fois dans une émission de voyage. Les yeux de Lily étaient grands ouverts. Elle savait que les siens devaient l'être, aussi.

Concentrée, elle se força à continuer à remuer, essayant de maintenir un mouvement uniforme, sans à-coups. La tête commençait à lui tourner un peu, parce qu'elle soufflait et à cause du parfum dans l'air. De la sueur lui coula dans les yeux, et elle se souvint d'utiliser sa main gauche pour l'essuyer. Elle ne pouvait pas arrêter de remuer. Elle ressentit la vibration sous ses pieds, qui traversait tous les os de son corps. Elle commença à claquer des dents. Malgré elle, elle se demanda brièvement si elle n'était pas en train de faire quelque chose de très, très mal.

Le thermomètre tinta doucement, annonçant que la potion était terminée. Maladroitement, Hermione saisit son pinceau, et le trempa dans la potion. Sans surprise, elle était assez liquide, mais elle avait aussi un léger reflet irisé, qu'elle voyait pendant que la potion gouttait du pinceau. Hermione eut un moment de panique, se demandant si elle savait dessiner une porte. Elle se rappela le symbole dans le Livre des Morts, le portail orné et soutenu par des colonnes, et l'esquissa en quelques traits tremblants. Pendant qu'elle peignait la porte autour de la silhouette immobile de Lily, des tourbillons de couleur s'échappèrent du tableau, s'enroulant autour de la porte dans un motif fantastique. La vibration se fit plus forte.

Hermione fit un pas en arrière. Elle et Lily s'entre-regardèrent, prirent une inspiration, saisirent leur exemplaire du Livre des Morts, et commencèrent à lire à haute voix :

« Salut à toi, Dieu Anubis, Qui ouvre les Chemins…

Salut à toi, Dieu Anubis, Qui ouvre les Chemins,

Salut à toi, Dieu Anubis, Qui ouvre les Chemins, »

Une silhouette d'homme à tête de chacal, souriante, se forma dans la vapeur. Il semblait intéressé par le procédé, mais il restait neutre, attendant la suite des événements.

« Salut à vous, Douze qui attendez dans la Chambre d'Osiris,

Ô vous qui ouvrez la route, qui êtes les gardiens de la porte entre les mondes,

Et salut à toi, Dieu des Morts, Osiris qui est Pharaon pour toujours,

Que nul ne s'oppose à son retour,

Qu'elle trouve la lumière dans la balance,

Qu'elle soit jugée par la Plume de Ma'at, qui est la Vérité,

Quelle ne revienne pas aux les Mangeurs de Morts, au Dévoreur d'Amenta… »

La chambre dérobée se transformait. Le plafond était plus haut, beaucoup plus haut, peint en bleu et parsemé d'étoiles d'or. De chaque côté d'Hermione, se tenait une rangée d'énormes colonnes de pierre, surmontées par des chapiteaux taillés en forme de lotus. Une odeur d'encens flottait dans l'air. Lily était de l'autre côté de la salle, elle se tenait à côté d'un déesse glorieuse vêtue d'une robe diaphane, qui plaça une plume dans une grande balance d'or, la pesant par rapport à un cœur humain. Une monstrueuse créature émettait un grognement sourd, dont les échos se mêlaient à la vibration qui les enveloppait. Il avait une tête de crocodile, un torse de léopard, et un tronc d'hippopotame. Derrière eux, Hermione aperçut la momie verte assise sur son trône, le pharaon des morts.

La vibration était insupportable. Aucun bâtiment n'aurait pu résister longtemps à un tel tremblement de terre. Hermione sentit des larmes lui emplir les yeux, et couler sans retenue sur son visage. Son nez coulait. Elle n'osait pas bouger. Elle avait peur, elle avait terriblement peur des Juges. Ils étaient concentrés sur Lily, mais un visage inhumain, impassible, se tourna brièvement vers elle, et elle en trembla. Elles devaient finir l'incantation !

« Laissez-la passer, ô Gardiens, laissez-la retourner vers le monde de Horus,

Laissez-la retourner dans le monde des vivants,

Ne la laissez pas s'éloigner,

Etre mangée par les Dévoreurs,

Laissez la passage s'ouvrir !

J'ai parlé en Vérité,

J'ai parlé en Vérité,

J'ai parlé en Vérité,

Djedeni em Ma'at ! »

Le bourdonnement se transforma soudain en un rugissement, et culmina dans un cri lointain et triomphant. La Chambre des Morts disparut. Elles étaient de nouveau dans la salle dérobée, et Lily, l'air agitée, titubait dans le fond du tableau. La porte était un rectangle brillant, vibrant.

« Ca a l'air différent, » lui dit Lily. « Il y a de la lumière. »

Une violente rafale sortit du tableau, jetant par terre Hermione, qui se cogna douloureusement la tête contre le sol de pierre. Etourdie, elle resta sans bouger, pendant qu'une silhouette tordue en deux dimensions s'échappait éperdument du tableau. Hermione cria, et la silhouette disloquée, agitée à ses côtés cria également. Un mur d'eau explosa en toutes directions et tomba dans le chaudron.

Il y eut une nouvelle vague. Lily criait et essayait de rependre son souffle, se débattant frénétiquement, alors qu'elle se tordait et regagnait un corps en trois dimensions. Hermione cria de nouveau, et réalisa enfin qu'elles avaient besoin d'aide, maintenant.

Elle courut vers la porte, et l'ouvrit à la volée ; elle l'ouvrit à la figure de Severus Rogue. Hermione était incapable de trouver ses mots. Elle attrapa sa main, et un pan de sa robe, et l'attira vers elle avec urgence. Il recula d'autant avec dégoût, et vit la salle dérobée par dessus sa tête.

Lily Evans était penchée au dessus d'un énorme chaudron, ses robes trempées, sa chevelure dégoulinante, des mèches rousse semblables à celles d'elfes tombant sur son visage blanc. Elle étendit faiblement une main vers lui.

« Severus, » murmura t'elle. « Aide-moi. »

Le monde avait changé. Dumbledore, qui lisait dans son bureau, sentit un frémissement dans l'air, et un crépitement de magie ancienne, de la Magie Noire. Il se leva vivement, et commença ses investigations.

Harry Potter, assis distraitement devant un échiquier avec Ron, sentit son sang s'échauffer et s'agiter, et il écarquilla les yeux face à une vision inattendue. Ron lui demanda, alarmé, « Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que c'était… lui ? »

« Non… » répondit Harry, confus et étrangement heureux, « J'ai vu ma mère. »

Partout dans le château, des événements étranges furent remarqués, ou ignorés. Les table Arithmantiques changèrent, des objets usuels miroitèrent un instant. Le château trembla brièvement et intensément, puis redevint calme, après quelques craquements et grognements. Il y avait une activité extraordinaire parmi les fantômes, et après un long moment de silence, les escaliers, qui s'étaient immobilisés sous le choc, recommencèrent à bouger.

Rogue avait poussé de côté Granger, elle n'avait aucune importance, et s'était précipité vers Lily. Elle chancelait, essayant de garder la tête hors du liquide que contenait le chaudron, et retombait faiblement. Rogue plongea les mains dans la potion chaude et parfumée son subconscient professionnel prenant note de détails qu'il pourrait analyser plus tard. Il souleva la jeune fille trempée et tremblante, et, la tenant près de lui, la porta hors de la pièce, vers l'infirmerie. Il avait attendu, depuis le dîner, que Granger essaie d'entrer dans la pièce secrète. Il était tellement concentré sur son plan qu'il n'avait pas remarqué son absence du Grand Hall. Elle devait être là depuis des heures… Qu'est-ce qu'elle a inventé cette fois ?

Granger avait retrouvé, malheureusement, la capacité de parler, et elle babillait, lui racontant une histoire à dormir debout à propos d'une porte et d'une Chambre des Morts. Lily leva le regard vers lui, clignant des yeux pour essayer de mieux le voir. Elle tenait sa baguette avec tant de force que ses articulations étaient blanches.

« J'en avais assez, » murmura t'elle faiblement, « d'être dans ce tableau… » Sa voix s'éteignit, et ses yeux se fermèrent. Rogue accéléra le pas, entendant à peine derrière lui l'insupportable pas délicat de l'insupportable Granger.


ndt : je n'ai pas trouvé l'équivalent de kneazle en français, je laisse le nom anglais en attendant.