Auteur : Arsinoé de Blassenville
Traduction : benebu, avril 2005
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Chapitre quatorze : l'agneau sacrificielHermione se demanda si Poudlard avait déjà recelé tant de secrets. Maintenant, Lucius Malefoy devait savoir que le Professeur Rogue était l'espion de Dumbledore depuis des années. Etait-il en colère ? Déçu ? Jaloux ? Content ? Les probabilités qu'elle le sache bientôt étaient minces. Aucun indice de la présence de Malefoy n'avait transpiré.
Elle retrouva Harry et Lily dans la salle de lecture, et ils étudièrent la liste de noms et de dates. Ces données, quand on les combinait avec les meurtres avérés de Voldemort, comme le massacre de la famille McKinnon, démontraient de façon convaincante une recherche de vengeance.
« C'est malin, » fit observer Lily, « d'utiliser le snobisme des sang-purs pour les détruire. Je me demande s'il lui reste assez d'humanité pour en rire. »
Les yeux de Harry se voilèrent, il rentra dans sa coquille. « Il rit, » dit-il d'une voix monocorde.
Depuis la tentative infructueuse de possession par Voldemort au Département des Mystères, Harry ne recevait plus de vision des activités conscientes de Voldemort. Voldemort semblait aussi désireux de garder Harry loin de ses pensées que Harry pouvait le souhaiter. Cependant, la nuit, dans le noir, Harry parcourait d'étranges chemins dans son sommeil. Il en déduisait que Voldemort devait toujours avoir besoin de dormir, et que leurs rêves se mélangeaient. De visiter ces terres désolées causait à Harry horreur et souffrance. Il espérait de toutes ses forces que ses propres rêves étaient aussi perturbants et douloureux pour Voldemort.
« Nous devrions montrer ces données à Severus, » suggéra Lily. « Il pourrait les trouver intéressantes. »
« Tu peux les montrer à Rogue, » dit Harry. « Je ne veux rien avoir à faire avec lui. »
Lily se tourna vers Hermione. « Tu viendras avec moi, non ? »
Hermione n'était pas sûre que sa présence puisse aider. « Si tu y tiens, je viendrais, mais ça risque de le contrarier. »
« Ne dis pas de bêtises ! Tu es son esclave de potions personnelle, et il est très content de toi ! »
« Vraiment ? » Hermione était un peu troublée. « Qu'est-ce qu'il a dit sur moi ? »
Harry grommela et leva les yeux au ciel. « Je ne veux pas y être, mais j'aurais besoin de savoir ce que vous vous êtes dit. En fait, » fit-il remarquer, pensivement, « nous avons besoin d'un meilleur moyen de communiquer entre nous. Les pièces enchantées que nous avons utilisées pour les réunions de l'AD étaient très bien, mais il y a trop de gens qui en ont maintenant, et nous pourrions avoir besoin de communiquer à distance. Mon père et Sirius… » il s'arrêta, prit une inspiration, et recommença. « Mon père et son ami avaient des miroirs enchantés pour discuter secrètement à longue distance. C'est de quelque chose de ce genre dont nous avons besoin. »
Hermione se souvint d'un texte qui pourrait l'aider. « Ce n'est pas trop difficile ! Je sais où retrouver l'incantation. Nous aurons besoin de miroirs de bonne qualité, cependant. »
Lily se pencha en arrière, regardant rêveusement le plafond. « Ils n'auraient pas besoin d'être grand. En fait, il vaudrait mieux qu'ils ne se remarquent pas. »
« Et qu'ils soient incassables, » ajouta Harry, mal à l'aise.
« On peut charmer un miroir sur beaucoup de choses, » fit remarquer Lily. « Le métal réagit bien… spécialement l'argent. »
Hermione prit quelques notes. « Très bien. Ça sera plus compliqué que les gallions de l'AD. Nous voulons un miroir incassable qu'on ne remarque pas à cause de sa taille. Nous voulons qu'il soit charmé pour la communication, et pour nous alerter quand quelqu'un veut nous parler… comme les gallions ! »
« Nous pouvons utiliser des mornilles ! » s'enthousiasma Lily. « Et nous pouvons percer un trou au milieu et les porter autour du cou sur un cordon, comme une amulette. Si nous les portons sous nos vêtements, personne n'en saura rien. On peut prévoir qu'ils chauffent quand quelqu'un a quelque chose à dire ! »
« Est-ce qu'on en veut plus que trois ? » demanda Hermione. « Est-ce qu'il nous en faut des supplémentaires en cas de danger ? Nous n'avons pas besoin de les distribuer tout de suite, mais quoi que nous en fassions, il faut les créer en même temps sinon ils ne communiqueront jamais bien entre eux. »
Il leur fallut deux soirées pour accomplir ce travail, mais ils furent bientôt en possession d'amulettes d'argent qui ressemblaient à des mornilles, mais au dos desquelles on trouvait une surface de miroir soigneusement poli. Chacun fut enfilé sur une cordelette de soie noire, et disparut sous leurs robes. Ils en avaient créées trois supplémentaires, qui furent cachées dans leurs coffres protégés. En appelant doucement la mornille d'Hermione, la mornille de Lily ou la mornille de Harry, ou en frappant suivant un code, les amulettes chauffaient. Le récepteur devait alors trouver un endroit discret pour discuter, parce que le secret ne durerait pas longtemps si ils commençaient à parler à des amulettes accrochées à leurs cous pendant les cours.
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Blaise Zabini fut réveillé par le bruit de pleurs étranges, étouffés. Il régnait un noir absolu dans le dortoir des sixième années, à part la faible lueur du cristal de divination de Nott. Il regarda l'autre côté de la chambre, le lit de Drago, d'où semblaient venir les pleurs. Deux larges silhouettes se découpaient à la tête et au pied du lit, penchées sur Drago.
Crabbe et Goyle, réalisa t'il. Ils semblaient être en train d'essayer de calmer Drago, avec des murmures bourrus. Blaise se frotta les yeux, et écouta.
« Que je me tienne bien ? »
« Non ! Que tu le tiennes bien ! »
Blaise sortit sa baguette de l'étui à son poignet en un seul mouvement. « Lumos ! » s'écria t'il.
La lumière se répandit, éclairant chaque recoin de la chambre, projetant de grandes ombres noires. Il cligna des yeux, éberlué. Crabbe et Goyle, surpris par la lumière, essayaient de se protéger de la lumière sans lâcher leur prise.
Blaise, horrifié, vit qu'ils n'étaient pas en train de consoler Drago, mais de l'étouffer. Goyle lui maintenait les jambes, et Crabbe enfonçait un oreiller sur son visage, en appuyant, utilisant le poids de son corps pour contrer les mouvements frénétiques de Drago pour se libérer. Une plainte aiguë, faible, vint de sous l'oreiller, et les pieds de Drago, libres de bouger, se tordirent dans un spasme. Les protections élaborées du lit de Drago étaient inutiles contre une attaque simple, brutale, physique.
« Stupefix ! » cria Blaise en pointant sa baguette vers Crabbe. Il visa juste, mais Crabbe n'était pas Batteur pour rien : lent d'esprit, mais de bons réflexes. Il se coucha sur Drago. Goyle se précipita vers Blaise, sans faire attention à Nott, qui était assis dans son lit, croassant « Qu'est-ce qui se passe ? »
« Appelle Rogue ! Tout de suite ! » lui ordonna Blaise.
Ensommeillé et perdu, Nott sortit de son lit, et regarda la mêlée dans son dortoir. Crabbe étouffait Drago sans pitié, et Goyle, sans sa baguette, se battait avec Blaise pour lui prendre la sienne. Nott attrapa sa propre baguette, et lança un « Stupefix ! » à Crabbe. Ce n'était pas un sort très réussi, mais il fit lâcher l'oreiller à Crabbe pour quelques secondes. Nott vit l'oreiller balancer d'un côté à l'autre comme de sa propre volonté, et entendit les halètements rauques de Drago qui essayait de respirer.
Crabbe, furieux, regarda Nott par dessus son épaule. Son visage, normalement sans expression, était rouge, et plein d'une rage meurtrière. C'était le visage d'un assassin inconnu. Cette vision effraya Nott plus que tout le reste : il dégringola de son lit et courut à la porte. Crabbe récupéra immédiatement l'oreiller et redoubla d'efforts pour étouffer Drago, qui était prisonnier sous ses couvertures.
Goyle serrait le poignet de Blaise d'une prise douloureuse, et la baguette tomba au sol avec un petit claquement de bois. Les ombres dansèrent autour d'eux, et la lumière s'échappa de sous le lit. Avant d'être vaincu par l'avantage de poids de Goyle, Blaise leva un genoux pour lui frapper l'entrejambe, et frappa du plat de la main le gros nez en patate de Goyle. Goyle grogna de douleur et de surprise. Blaise se libéra et se laissa tomber du lit, s'écorchant l'épaule et le genou, et se mit à chercher sa baguette. Il la toucha du bout des doigts, puis il l'attrapa.
Il se retourna au moment où Goyle l'attrapait par les cheveux, et il cria « Stupefix ! » de nouveau. Avec toute sa conviction. Goyle s'écroula sur Blaise.
« Beurk ! » Blaise bousculait sans résultat le poids mort qui le bloquait. Il pouvait entendre les grognements d'effort de Crabbe, et les gémissements étouffés de Drago, comme une horrible parodie du son de deux amants. Blaise changea sa prise sur sa baguette, et fut capable de la pointer de nouveau vers Goyle. « Wingardium Leviosa ! » commanda t'il, et le corps figé de Goyle s'éleva de presque un mètre dans les airs.
En rampant, Blaise fut finalement capable de se dégager et de lancer un dernier « Stupefix ! » à Crabbe, qui s'écroula rapidement sur Drago, comme satisfait. Il lévita le corps massif du garçon loin de Drago, qui se débattait pour se libérer de ses couvertures emmêlées. Blaise éloigna Crabbe et Goyle des lits, les laissant flotter au dessus du sol de pierre. Avec un sourire, il annonça « Finite Incantatem ! » et les laissa tomber dans de satisfaisants craquements.
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Théodore Nott était d'abord allé demander de l'aide dans le dortoir des garçons de septième année.
Montague et les autres étaient sortis de leurs lits, bien éveillés. Il l'avaient suivi jusqu'au seuil du dortoir de sixième année, et s'étaient prudemment arrêtés là. Il y avait une bagarre, dont l'issue était incertaine. Les septième année s'entre-regardèrent, mal à l'aise, mais ne firent pas mine d'intervenir.
« Allez ! » avait crié Nott, mais les septième année, le visage fermé, avaient continué à regarder sans bouger.
Nott les bouscula furieusement, se ruant vers la salle commune. Les autres garçons se rassemblaient dans la salle commune, se demandant ce qui se passait. Les filles sortirent également de leurs chambres, piaillant.
Lily Jones, ressemblant à une harpie dans sa jolie chemise de nuit blanche, lui attrapa le bras. « Qu'est-ce qui se passe ? »
« Crabbe et Goyle essaient de tuer Drago ! Il faut que j'aille chercher Rogue ! »
Lily le repoussa. « Je vais chercher Rogue ! Vas aider Drago ! »
Elle remonta sa chemise de nuit et se précipita dans le couloir. « Professeur Rogue ! Professeur Rogue ! »
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Les yeux se Rogue s'ouvrirent brusquement. Les alarmes discrètes mises en place pour le prévenir des désordres dans les dortoirs de Serpentard lui faisaient dresser les cheveux sur la tête avec leurs sonneries aiguës. Il se leva avec l'aisance de nombreuses nuits de sommeil interrompues, et enfila une robe. Il attrapa sa baguette d'un simple mouvement, et il alla d'abord vers la fenêtre qui donnait sur la salle commune. C'était un secret ancien et précieux des Directeurs de Serpentard. Les jeunes serpents n'avaient pas la moindre idées que la tapisserie en Ourobouros était enchantée pour servir de fenêtre lui permettant de surveiller le moindre recoin de la pièce.
Lily, en chemise de nuit, apparut en l'appelant. C'était de toute évidence une urgence, et il la fit sursauter en prenant la cheminée vers la salle commune, pour apparaître derrière elle.
« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda t'il brusquement, ignorant sa surprise.
Elle attrapa sa robe et l'entraîna vers le dortoir. « Crabbe et Goyle essaient de tuer Drago ! »
Avec colère, il la dépassa, ses grandes enjambées la laissant en arrière.
Ses Serpentards encombraient le couloir, chuchotant entre eux, essayant d'avoir l'air au courant et non surpris. Ils se dispersèrent comme des oies affolées quand il fondit sur eux, en hurlant.
« Ecartez-vous de mon chemin ! Tout le monde sauf les sixième et septième années retourne à son dortoir. IMMEDIATEMENT ! »
Il poussa les garçons septième années sur le côté, entendant les derniers changes d'une dispute.
« … souviendrais toujours combien tu nous a aidés, Montague ! »
« Ferme-la, Zabini ! Tu n'es pas concerné par ce que les Mange… » Montague s'interrompit à la vue de Rogue, qui le fixait d'un regard noir en poussant la porte.
Crabbe et Goyle étaient Stupéfixés et saignaient sur le sol. Zabini dirigeait sa baguette vers les septième année, plus en colère que Rogue ne l'avait jamais vu. Nott avait sa baguette à la main également, assis le dos courbé sur son lit, dos au mur. Le plus alarmant était l'état de Drago. Le sang venant de son nez cassé couvrait ses joues et sa poitrine. Son lit en était éclaboussé, et il y avait une énorme tache de sang au milieu de son oreiller. Ses poignets et ses mains étaient si méchamment blessés qu'il pouvait à peine tenir sa baguette. Ses yeux s'assombrissaient rapidement, et il vacillait comme ivre en essayant de rester assis.
« Baissez vos baguettes ! Montague ! Qu'est-ce qui s'est passé ? »
Montague était mal à l'aise, mais il avait préparé sa réponse. « Les sixième année se bagarraient, Monsieur. Des nez et des articulations brisées. Crabbe et Goyle n'avaient pas leurs baguettes, mais Zabini les a Stupéfixés et laissé tomber lourdement sur le sol. »
Rogue se rapprocha de lui, la voix glaciale. « Et où étiez-vous, vous le préfet ? »
Montague répondit sèchement, « Je suis arrivé trop tard pour pouvoir faire quoi que ce soit. Zabini les a attaqués avant que je puisse l'en empêcher. »
Blaise le regarda haineusement, mais ne fit aucune tentative pour le faire taire.
Renvoyant Montague avec un regard de dédain, Rogue conjura des civières pour les trois blessés et s'apprêta à les déplacer vers l'infirmerie. Goyle avait l'air plutôt mal en point.
« Monsieur Nott, Monsieur Zabini. »
« Professeur ? »
« Venez avec moi. Nous les amenons à Madame Pomfresh, et nous allons faire un tour chez le Directeur. » En tête du triste cortège, Rogue vit les élèves qui chuchotaient, et grogna, « Tout le monde. Retournez dans vos chambres. Tout de suite. » Tous sauf les filles de sixième année se dispersèrent. Elles seules restèrent à la porte de leur chambre, attendant leur camarade. Lily poussa un petit cri inquiet en voyant les blessures de Drago, mais (grâce aux dieux !) ne perdit pas complètement son sang-froid.
« Mademoiselle Jones, » lui ordonna t'il, « partez devant nous. Prévenez Madame Pomfresh que je lui amène trois élèves blessés. Deux nez cassés et une possible fracture du crâne. Peut-être d'autres fractures aussi. »
Lily disparut dans un tourbillon de blanc. Pansy avait les yeux écarquillés à la vue du visage déformé de Drago.
« Il va s'en remettre ? » Sa question porta sur les nerfs de Rogue comme un grincement d'ongles sur un tableau noir. Il grogna, et elle retint son souffle et disparut, en larmes. Millicent, plus calme mais tout aussi horrifiée, fixait l'énorme contusion sur la tempe de Goyle. Daphné se cachait derrière les autres filles, ses yeux brillants furetant craintivement. Elles se retirèrent dans leur dortoir et fermèrent la porte.
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Hermione se réveilla, sentant son amulette brûlante prête à lui percer un trou dans la poitrine. Lily ? On était au milieu de la nuit, mais Harry ou Lily avait besoin de lui parler. Elle se glissa silencieusement hors de son lit, et enfila une robe. Les seuls bruits de la pièce étaient ceux de Lavande et Parvati, respirant calmement et régulièrement dans le plus profond sommeil. Pattenrond, faisant ses rondes nocturnes, lui lança un regard félin blasé. Elle lui fit un signe de la main, et descendit dans la salle commune de Gryffondor. Là, elle s'agenouilla devant la cheminée, et devant les braises rougeoyantes sortit son amulette et la regarda. Une minuscule image de Lily, avec de grands yeux noirs, la regarda avec impatience.
« Lily ! Qu'est-ce qui se passe ? »
Elle avait aussi appelé Harry, il descendait les escaliers, sa cape sur le bras, et sortant son amulette. Il vit Hermione et alla la rejoindre devant la cheminée.
La voix de Lily, faible mais intelligible, leur répondit, « Il y a eu une tentative de meurtre à Serpentard cette nuit. Crabbe et Goyle ont essayé de tuer Drago dans son sommeil, mais Blaise et Théodore sont intervenus. Severus vient de laisser Drago, Crabbe et Goyle à l'infirmerie, et maintenant il emmène Blaise et Théodore voir le Directeur. »
« Crabbe et Goyle ! » Harry était abasourdi. « Je ne peux pas le croire ! »
Le petit reflet eut un haussement d'épaules. « Ils ne sont pas si loyaux, finalement, à ce qu'on dirait. J'ai entendu Blaise raconter à Severus qu'ils n'avaient même pas utilisé la magie : ils maintenaient Drago sur son lit et essayaient de l'étouffer avec un oreiller. Ils ont presque réussi. »
Harry et Hermione se regardèrent, pensant à la même chose. Hermione dit, « Ca doit avoir un lien avec la défection des Malefoy du camp de Voldemort. »
« Ce serait exactement le genre de vengeance qui plairait à Voldemort, » convint Harry. Il fit une grimace. « Tu veux dire que Rogue a laissé Malefoy à l'infirmerie avec ceux qui venaient juste d'essayer de le tuer ? »
Lily s'esclaffa. « Ni l'un ni l'autre ne sont en état de tenter quoi que ce soit. Goyle a une fracture du crâne, et Crabbe une méchante commotion. Blaise s'en est occupé consciencieusement. »
Hermione se mordit la lèvre. « Est-ce qu'ils pouvaient être sous Imperius ? Je veux dire, ils savaient qu'ils se feraient prendre. »
« Je ne sais pas, » répondit Lily. « Je n'ai entendu qu'une partie de la conversation. Je suis supposée retourner à mon dortoir maintenant, mais je voulais que vous sachiez que notre ami Oldyfart avait infiltré Poudlard, d'une façon ou d'une autre. Gardez les yeux ouverts. »
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« Je suis assez impressionné par le jeune Monsieur Zabini, » fit remarquer Dumbledore, après que les garçons aient été congédiés.
« Oui, il cache bien son jeu, » convint Rogue. « Il a de bons instincts pour se défendre. Cette année, il a fait preuve de moins d'hésitation pour les démontrer. »
« Heureusement pour Drago Malefoy. »
« En effet. »
Dumbledore soupira. « Un fois que les garçons seront suffisamment remis, nous devrons les examiner pour voir s'ils ont été contrôlés par magie, d'une façon ou d'une autre, et les interroger. Un triste travail. »
« J'ai déjà demandé à Poppy de vérifier si leur sang contient des traces de potion. Quoi que nous trouvions, cependant, nous ne pouvons pas les renvoyer chez eux. Ils rejoindraient les rangs du Seigneur des Ténèbres en un clin d'œil. »
« Les dénoncer au Ministère serait aussi mauvais que de les renvoyer. Poppy se montrera compréhensive pour les garder à l'infirmerie pour les prochains jours. Il faudra qu'on éloigne Drago d'eux, cependant. »
Rogue eut un rire sans joie. « Son apparence risque de porter un coup à sa vanité sur-développée, mais il n'a pas été trop sérieusement blessé. Il devrait pouvoir revenir en classe demain, mais il ne sera pas beau à voir. »
« Nous devons informer les parents de Drago de ses blessures. »
« Pourquoi ? » demanda Rogue. « Il ne pourront rien faire pour lui que Poppy ne puisse faire. Narcissa va s'inquiéter, et Lucius risque de perdre l'esprit et de chercher à se venger bille en tête. »
Dumbledore secoua la tête. « Ca n'empêche pas qu'ils sont toujours ses parents, et qu'ils se sentiront plus concernés par son rétablissement que même Poppy ne peut l'être. » Il suça pensivement un bonbon. « Et puis, mon garçon, entre les fantômes, les tableaux, et les murs mêmes du château, Lucius et Narcissa finiront par entendre parler de l'attaque. Tout Poudlard sera au courant d'ici demain au petit-déjeuner. »
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« J'ai besoin de le voir, » répéta Narcissa pour la dixième fois. Dumbledore lui avait donné une tasse de thé apaisante, mais elle n'y avait pas touché. Elle jouait nerveusement avec une mèche de cheveux. Son mari faisait les cent pas. Lucius Malefoy était passé de la captivité d'Azkaban à la claustrophobie paranoïaque de Little Hangleton, et maintenant à l'inactivité forcée de Poudlard. Même si partager une chambre avec Narcissa après plusieurs mois de séparation avait son charme, il était maintenant prêt à passer à passer à une autre activité que lui faire l'amour toute la journée. La nouvelle que son fils avait était attaqué lui procurait un désir de faire quelque chose de violent et de douloureux à ses ennemis.
« Qu'est-ce que vous attendez ? » demanda amèrement Lucius. « Vous savez où est le Seigneur des Ténèbres en ce moment. Je peux vous mener jusqu'à sa porte. Je vous ai donné le nom de ses partisans au Ministère. Je vous ai nommé trois Aurors qui sont sous Imperius. Allons tuer cette enflure maintenant, avant qu'il ne change ses barrières de protections et ses habitudes. » Dumbledore lui fit un sourire qui ne l'engageait à rien. Lucius n'en avait pas fini. « Je vous ai dit la vérité. Votre marionnette de Maître de Potions m'a fait avaler tant de Veritaserum que j'ai failli tomber dans le coma. »
« Chaque chose en son temps, répondit le Directeur. « Je ne doute pas que vous m'ayez dit la vérité, rien que la vérité. Mais jusqu'à ce que certaines vérifications indépendantes aient été menées, je ne saurai pas si vous m'avez dit toute la vérité. Les surprises ne sont pas toujours agréables. »
Lucius siffla de dépit et d'impatience. Narcissa lui lança un regard implorant.
« J'ai besoin de le voir. »
Malefoy détourna les yeux de sa femme bouleversée, pour regarder les deux sorciers qui l'avaient trompé pendant si longtemps. Dumbledore, ce vieux démon rusé et intelligent, en jouant les imbéciles, et Rogue, son fidèle espion. Est-ce qu'il peut lui faire confiance, ou est-ce que Rogue poursuit ses buts personnels ? Mon monde s'écroule complètement !
« Oui, » convint-il finalement. Chaque chose en son temps. « Nous devons voir Drago. » Il lança un regard froid à Dumbledore. « Ne serait-ce que pour lui dire que je n'ai pas pris part à un plan qui visait à le tuer. Il a le droit de comprendre ce qui s'est passé. »
Dumbledore sourit tièdement et réfléchit un instant. « D'accord. »
Rogue prit la parole. « Il vaudrait mieux que vous veniez avec nous, Professeur. » Il apaisa l'hostilité de Malefoy avec un haussement d'épaules. « Si j'accompagne seul ses parents, Drago risque de croire que nous sommes tous des Mangemorts. Votre présence confirmera sans l'ombre d'un doute que nous sommes tous opposés à Voldemort. »
Il prononça ce nom calmement, la tête haute. Malefoy leva un sourcil étonné, mais acquiesça. Narcissa était déjà debout près de la porte. Lucius la rejoint et lui prit la main.
Dumbledore les emmena dans les couloirs sombres et tranquilles. Ils marchaient en silence, quand Narcissa chuchota à son mari, « Je voulais avoir un autre enfant en 86, mais tu as refusé. C'est pour cette raison que n'avoir qu'un seul enfant est une mauvaise idée ! »
Lucius leva les yeux avec une expression fatiguée. « Ma chérie, nous en avons déjà discuté et nous nous sommes mis d'accord… »
« Je n'ai jamais été d'accord, » se rebella Narcissa. « J'ai obéi, c'est tout. Je t'ai toujours laissé prendre les décisions, mais cette fois-ci c'est moi qui vais décider. Si nous survivons à ça, nous aurons un autre enfant. »
Lucius décida sagement de ne pas poursuivre cette discussion, et se contenta de serrer sa main avec un sourire condescendant. Dumbledore et Rogue, qui ouvraient la marche, faisaient mine de ne pas avoir écouté.
Ils entrèrent dans la pièce fraîche et tranquille, et Dumbledore prit Madame Pomfresh à part, pour expliquer à la sorcière interloquée la situation en quelques mots à mi-voix. Rogue mena les Malefoy au chevet de leur fils.
Narcissa se mit à sangloter à la vue du visage blessé et bandé de son fils. Lucius passa un bras autour d'elle, serrant la mâchoire furieusement à l'idée que quelque chose qui était à lui avait été attaqué.
Drago était endormi, mais une caresse le réveilla, et il ouvrit douloureusement les yeux pour voir le visage de sa mère, éclairé de lumière magique. Elle lui sourit fébrilement.
« Mère ? » murmura t'il. Il tourna les yeux, et réalisa l'incroyable vision qui se présentait devant ses yeux : son père se tenant devant lui à l'infirmerie de Poudlard. « Père ? »
« Nous sommes là, Drago, » lui assura t'il.
Le regard de Drago se posa sur Rogue et il commença à paniquer, mais Dumbledore apparut derrière eux, et dit, « Tout va bien, mon garçon. Tes parents sont à Poudlard depuis presque une semaine, après avoir échappé à Voldemort. »
« Alors… » La bouche de Drago était affreusement sèche. Il dévisageait Rogue avec une terreur grandissante. « Mais… »
Rogue eut un sourire pervers. « Monsieur Malefoy, les apparences ont parfois trompeuses. »
Drago essayait toujours d'assimiler cette idée. « Alors vous êtes tous contre lui. » Il décida que cette idée n'était pas si déplaisante. Il l'explora plus avant. « Vous êtes contre le Seigneur des Ténèbres, et c'est pour ça que j'ai été attaqué. »
Narcissa eut un petit cri horrible, étouffé. Lucius, tendu et nerveux, lui dit, « Je n'aurais jamais pensé que le Seigneur des Ténèbres s'en prendrait à toi pour se venger de moi. Je n'ai jamais, jamais, voulu te mettre en danger. Si tu ne crois rien d'autre, crois au moins ça. »
« Mais ça se tient, » essaya d'expliquer Drago, se sentant de nouveau s'endormir. « C'est comme Lily a dit. Il nous déteste. Il nous a toujours détesté. Ça fait partie de son plan pour détruire les sang-purs… » Sa voix s'éteint, et il s'endormit.
« Lily ? » Lucius se tourna vers Rogue. « Il parlait de sa petite amie ? Qu'est-ce que cette fille est allée raconter ? »
La bouche de Rogue se tordit de déplaisir au mot de 'petite amie'. Il échangea un rictus avec son plus vieil ami/ennemi. « Je n'en ai pas la moindre idée. »
Mais je ne vais pas tarder à le savoir.
