Auteur : Arsinoé de Blassenville

Traduction : benebu, avril 2005

Chapitre quinze : les liens du sang

Le bruit dans le Grand Hall était incroyable. Des chuchotements, des rumeurs, de violents débats résonnaient d'un mur à l'autre. C'était le petit-déjeuner le plus bruyant de l'histoire de Poudlard. Il se révéla impossible de cantonner la nouvelle de la tentative de meurtre sur la personne de Drago Malefoy dans les limites de la Maison Serpentard. Trop d'élèves avaient des parents dans les autres Maisons, en particulier à Serdaigle. Une fois que la nouvelle avait quitté la table de Serpentard, elle était rapidement devenue la propriété de l'école entière. Drago ne s'était pas montré pour le petit-déjeuner, et son absence avait contribué aux spéculations les plus folles.

La plupart des élèves pensaient que c'était trop beau pour être vrai. Drago Malefoy avait enfin reçu la leçon qu'il méritait. D'après ce qu'on racontait, les soud-fifres s'étaient révoltés, il y avait eu une bagarre, et Drago avait reçu une bonne raclée de ses anciens acolytes.

Nombreux étaient ceux qui étaient ouvertement ravis. Ron Weasley déclara qu'il était peut-être redevable d'une dette de sorcier à Crabbe et à Goyle pour leurs efforts. Il était surpris que Harry ne soit pas plus content de l'événement.

« Allez, quoi ? C'est un grand jour ! J'espère qu'ils lui ont refait le nez de façon permanente ! »

Harry sourit un peu. Il n'était pas ami avec Drago Malefoy, et en son for intérieur pensait qu'un peu de douleur était tout ce qu'il méritait. Mais la question demeurait : qui était derrière tout ça ? Il était peu probable que Crabbe et Goyle aient agi de leur propre chef. Et le commanditaire le plus probable de cette attaque n'était nul autre que Voldemort lui-même.

Dumbledore, assis à la table des professeurs, tenait conseil. Hermione et Harry s'entre-regardèrent. Ron, voyant qu'ils regardaient Dumbledore, comprit qu'il y avait plus qu'une simple rébellion.

« Tu crois que c'était du travail de Mangemort ? » chuchota t'il à Harry.

« C'est possible. » Harry haussa les épaules. « Dumbledore n'a probablement pas encore au l'occasion de les interroger. Et de toute façon il ne nous raconterait pas ce qu'il a appris. »

Hermione regarda Lily, et décida que son amie était plus pâle qu'à l'accoutumée. Lily regarda Hermione. Sous sa robe, Hermione sentit sa mornille chauffer. Elles avaient besoin d'en parler dès que possible.

Parvati revint de la table des Serdaigles, où elle était allée interroger sa sœur.

« Padma dit que Crabbe et Goyle ont essayé de le tuer dans le dortoir des Serpentards, mais que Blaise Zabini s'est réveillé et leur à jeté des sorts si puissants qu'ils sont à l'hôpital pour plusieurs jours. »

« Dommage, » grogna Ron en mangeant ses saucisses.

« Blaise est plutôt rapide avec sa baguette, » dit Harry. « On dirait que Malefoy doit la vie à l'AD. »

Cette phrase provoqua quelques rires. Ron cracha du jus de citrouille par les narines. Hermione se cacha le visage dans les mains. Puis, se souvenant de quelque chose, elle écarta les doigts. Rogue n'était pas au petit-déjeuner. Il doit toujours être en train d'essayer de comprendre ce qui s'est passé hier soir. Qu'est-ce qui va arriver à Crabbe et Goyle ?

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« Ils devraient être tués, » explosa Lucius Malefoy, en faisant les cents pas dans le bureau du Directeur. Dumbledore le regardait avec un petit sourire. Malefoy clarifia, avec espoir, « Je voudrais les tuer de mes mains. »

« Je n'en doute pas, Lucius, je n'en doute pas, » convint gaiement Dumbledore. « Mais Mr Crabbe et Mr Goyle ont une histoire à raconter, et je tiens à l'entendre. »

« Quelle histoire ? » Malefoy regarda par la fenêtre. Une belle journée, mais pas pour moi. « Le Seigneur des Ténèbres les a envoyés à Drago pour me punir de ma trahison supposée. » Il marqua une pause et corrigea. « Ma trahison révélée. »

Dumbledore était trop vieux et trop expérimenté pour laisser échapper le rire que ce genre de révisionnisme méritait. Il savait que Lucius jouerait ses cartes comme ça : si Voldemort était renversé, il répéterait qu'il avait été un espion infiltré, supportant même la prison pour endormir les soupçons de Voldemort. Si tout se passait comme prévu, Dumbledore envisageait de le laisser s'en tirer comme ça. Depuis des années, Lucius Malefoy était une âpre déception pour Dumbledore. Un garçon si beau, si doué : un leader naturel, un sorcier accompli, un politicien et un homme d'affaire expérimenté… gâchant tout ça pour une créature vile, versatile, plus malade que lui. Il avait nommé Lucius préfet en chef de son temps, espérant que cette responsabilité lui élargirait l'esprit, mais elle n'avait fait qu'amplifier son sentiment de supériorité. Les quelques mois passés à Azkaban, il l'espérait, avaient été salutaires. Encore plus salutaire, certainement, était la récente révélation que son Seigneur des Ténèbres était un lunatique crédule, vivant dans un monde imaginaire de flatteries éhontée et de paranoïa. Enfin, l'attaque sur son fils lui avait certainement ouvert les yeux sur le fait que le Seigneur des Ténèbres ne respectait ni ses partisans ni leur famille : ils étaient autant de bétail à l'abattoir.

Dumbledore sourit de nouveau. Lucius avait son rôle à jouer. « Comment, » demanda t'il, « avance la carte ? »

Lucius interrompit son va-et-vient incessant. « Bien. Elle avance bien. Je l'aurai finie demain. » Il vit les sourcils levés de Dumbledore et comprit ce qu'il attendait de lui. Il se dirigea vers la cheminée. « D'accord, mais j'attends que vous me fassiez un rapport détaillé. » Il disparut, retournant à sa chambre.

Dumbledore attendit un instant avant d'approcher lui-même de la cheminée. Une fois devant, il se pencha, et appela tranquillement « Severus ? »

Aussitôt, une tête apparut au milieu des flammes. « Oui, Professeur ? »

« Est-ce que vos deux pupilles sont prêts à parler, mon garçon ? »

Rogue grimaça. « Suffisamment. Je ne sais pas si vous pourrez en tirer quelque chose. Je crois qu'on s'est servi d'eux. »

« Ils étaient sous Imperius ? »

« On leur a fait quelque chose, en tous cas. Bien sûr, ils seraient des proies faciles pour toute tentative de contrainte par la magie. Mais il est évident qu'on les a également menacés. Ils ont été plutôt incohérents jusqu'à maintenant. »

« Pauvres garçons, » dit Dumbledore avec compassion. « Des pions de la plus triste espèce, qui n'ont même pas conscience d'être sur l'échiquier. »

Rogue ricana. « Comme chacun d'entre nous à l'exception des joueurs. »

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Hermione et Lily avaient décidé d'approcher Rogue à la première occasion. Il passait devant la bibliothèque, plus tard dans la matinée, quand les deux jeunes filles l'abordèrent.

« Professeur Rogue, » lui demanda Lily de son ton le plus persuasif. « Nous aimerions vous dire un mot. »

« Je n'en doute pas, » répondit Rogue, en lançant à Hermione son regard le plus hautain. Elle le lui rendit avec pugnacité, à son grand désarroi. Les Gryffondors, pensa t'il amèrement. Ils se sentent toujours obligés de relever les défis. Ils sont si prévisibles.

« A quel sujet ? » demanda t'il.

« Nous avons des informations historiques qui pourraient vous intéresser. »

« L'Histoire est le domaine du Professeur Binns. Je vous suggère d'aller l'ennuyer. »

Lily ne bougea pas de son chemin. Elle leva les sourcils en lui disant. « Ca pourrait être de quelque intérêt pour vous. »

Rogue se retint de grogner. Si Lily voulait lui parler, très bien, mais pourquoi est-ce qu'elle impliquait Granger ?

Lily sourit adorablement. « Si vous préférez, vous pouvez en discuter avec Harry. Il a étudié cette question avec nous. Vous pourriez avoir une discussion entre hommes… »

« Non merci, » l'interrompit immédiatement Rogue. « Je n'ai rien de prévu pour ce moment. Venez à mon bureau et dites-moi ce que vous avez à me dire. »

Leur présentation ne manque pas d'intérêt pour lui. Les deux jeunes filles lui firent un bref historique de Poudlard au 20ème siècle, récapitulant les événements les plus troubles, et le surprenant assez avec leur analyse de ce qui était arrivé aux Serpentards des promotions 38 à 45. Il avait remarqué le manque de chance en général des membres de sa Maison pendant les cinquante dernières années, mais il n'avait jamais rassemblé les faits. Avec cette vision d'ensemble, il comprenait beaucoup de choses qu'il avait précédemment attribuées au destin, y compris le sort assez horrible de son père, que personne n'avait pleuré.

Il regarda pensivement la petite photographie de Tiberius Rogue, qui lui fit une grimace mauvaise. « Vous pensez qu'il a l'œil sur nous depuis la naissance, alors. »

« Il n'est pas du genre à oublier ses rancunes, » fit remarquer Lily. « Ca a été l'œuvre de sa vie, de ruiner les familles de ses camarades : les tuer, les faire condamner au Baiser ou à Azkaban, faire d'eux ses suivants et ses laquais. »

Rogue vacilla un peu au mot 'laquais'. En y réfléchissant, il chassa sa gêne d'un haussement d'épaules. 'Laquais' était un mot qui décrivait parfaitement sa relation au Seigneur des Ténèbres.

Il s'enfonça dans sa chaise, regardant le plafond. Quel meilleur moyen de devenir le sorcier le plus puissant du monde que de s'arranger pour être le seul sorcier du monde ? Pour ce qu'il en savait, Voldemort ne disposait que d'un petit groupe de fidèles, une vingtaine tout au plus, plus un certain nombre de sympathisants et de supporters amorphes. Il ne lui en fallait pas plus pour déstabiliser le monde magique britannique. Il avait été brièvement déstabilisé par l'échec de sa tentative pour récupérer la prophétie au Département des Mystères, et s'était replié pour regrouper ses troupes. Bientôt il recommencerait son règne de terreur.

Rogue avait réussi à le tromper, en lui rapportant des rumeurs disant que Lucius se cacherait en Amérique du Sud. D'après ce qu'il avait pu voir, Voldemort n'avait pas la moindre idée que Lucius ait pu faire quelque chose d'aussi téméraire que de changer de camp et d'offrir ses services à Dumbledore.

Ils connaissaient la position actuelle de Voldemort. Lucius était en train de dessiner une carte détaillée de la maison Jedusor et des environs de Little Hangleton, en prennant soin d'y mentionner les pièces agrandies magiquement et le labyrinthe de donjons et de tunnels que le Seigneur des Ténèbres avait créé.

Une fois la carte finie, Rogue supposait que Dumbledore enverrait des membres de l'Ordre observer les environs. Il en avait fait la suggestion, mais les yeux de Dumbledore avaient pétillé, et il avait répondu que d'abord, la carte serait 'améliorée'.

Après les cours cet après-midi, Harry fut convoqué dans le bureau du Directeur. Il se méfiait toujours de ces visites. Il avait largement expulsé sa colère et son deuil pendant l'été. Ou plus exactement, d'exploser dans le bureau de Dumbledore avait été une expérience cathartique. Une fois que sa colère avait été pleinement exprimée et examinée, Harry avait été capable de la retourner vers les cibles appropriées. Le nettoyage de Grimmaud Place, sa solution simple, élégante, de peindre par dessus le portrait de la mère de Sirius (inspiré dans les derniers jours qu'il avait passé chez les Dursley, à repeindre les appuis de fenêtres, le fait de savoir que Kreatur n'avait pas survécu à sa trahison : toutes ces choses avaient fait beaucoup pour l'aider à aller mieux. Savoir qu'Ombrage ne remettrait plus les pieds à Poudlard, et la toute aussi bonne nouvelle que Lupin allait reprendre son poste de Professeur de Défense contre les Forces du Mal, y avaient aussi contribué. Cependant, son meilleur moral depuis les environs de septembre était dû en grande part à la présence de Lily. Elle était sa-mère-qui-n'était-pas-sa-mère, elle était à Serpentard, mais elle était une amie, et mieux encore, un rappel constant que tout était possible dans le monde magique. Au sens premier du terme, elle était un symbole d'espoir.

Harry entra, et sourit en voyant le Professeur Lupin assis en face de Dumbledore. C'était toujours bon signe. Ils semblaient assez détendus, et prenaient le thé ensemble.

« Un tasse de thé, Harry ? »

« Oui, merci. » Il décida que le calme de Fumseck et l'atmosphère générale de la pièce présageaient d'une expérience agréable. Il savourait sa tasse fumante et odorante de l'Earl Grey favori de Dumbledore, attendant que quelqu'un prenne la parole, quand Lily entra, en leur lançant un regard amusé. Elle s'assit près de Harry et dévisagea Dumbledore avec curiosité. Elle refusa l'excellent breuvage de Dumbledore, trop impatiente de savoir pourquoi elle était là.

En souriant, le vieux sorcier sortit un rouleau de parchemin de son bureau, et l'étala devant eux.

Harry lut l'inscription. « La maison Jedusor, » murmura t'il. Ses yeux se posèrent sur le cimetière. Oui, c'est bien là. Un bref frisson lui dressa les cheveux, comme s'ils se tenaient debout. Il finit son thé, heureux de sa chaleur dans son corps.

Lupin lui fit un regard de compassion. Lily se posait des questions.

Dumbledore expliqua. « C'est une carte de la maison familiale de Lord Voldemort. Le manoir de sa famille moldue, à l'abandon depuis qu'il les a tués de ses mains. » Il se pencha vers eux. « Son repaire, si on veut. »

« Adorable. On n'est jamais si bien que chez soi, » fit remarquer Lily à personne en particulier.

« Je vous ai rassemblés ici, »continua Dumbledore, « pour une bonne raison. Lily est extrêmement douée en Sortilèges, et Harry a beaucoup d'expérience avec une autre carte que tu as contribué à créer, Remus. Cette carte peut servir de modèle dans ce but. »

Harry sourit lentement. « Vous voulez une autre carte du Maraudeur. »

Lupin eut un sourire de loup. « Une carte du Maraudeur de… » il se pencha pour lire le nom du village « Little Hangleton. »

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Son nez était toujours trop douloureux pour qu'il puisse convenablement renifler avec dédain. Drago assista au dîner, et refusa de remarquer les regards inquisiteurs et les murmures venant des autres tables. Crabbe et Goyle, présent dans sa vie depuis toujours à ses yeux, étaient retenus à l'infirmerie. Personne n'avait été autorisé à les voir ou à leur parler. Drago n'aurait pas défini ses sentiments envers les deux brutes comme de l'affection, mais leur absence laissait un vide retentissant dans une vie dont Drago devait maintenant admettre qu'elle était loin d'être remplie d'amis. Les Serpentards n'ont pas d'amis, ils ont des alliés temporaires. Quelle bêtise. Il savait à présent qu'il ne voulait pas vivre sa vie de cette façon. Entouré de camarades qui l'avaient aidé, qui avait compati, et à qui, (dans le cas de Blaise), il devait maintenant une dette de sorcier, il ressentait leur amitié et leur soutien, et il décida que c'était fort agréable.

Lily était arrivée au dîner positivement rayonnante. Elle revenait de quelque part. Drago commençait à s'interroger sur ses fréquentes absences. Elle passait beaucoup de temps à la bibliothèque.

« Tu es de bonne humeur. »

« Oui, » convint Lily, en se servant des asperges. « On m'a donné un projet spécial fascinant en Sortilèges. Je vais y travailler ce soir. »

« J'espérais que tu pourrais passer du temps dans la salle commune. » Il essayait de ne pas sonner amer et pitoyable ; mais il savait qu'il avait échoué.

Elle lui tapota gaiement le bras. « J'y serai plus tard. J'ai des choses à te montrer. J'ai trouvé ton grand-père dans les livres d'or de Poudlard. »

« Apollonius ? Je ne l'ai pas connu. »

« Je sais. J'ai découvert que la plupart des Serpentards qui étaient ici entre 1938 et 1945 ont trouvé la mort prématurément. »

Blaise leva un sourcil interrogateur. « Des circonstances suspectes ? »

« Même pas. Je suis absolument certaine que la majeure partie a été assassinée. »

Elle avait leur totale attention. « Par… »

« Oui, ça en a l'air. Il a commencé par l'équipe de Quidditch. Oldyfart n'a pas l'esprit sportif. »

Montague les entendit, et marmonna. « Ca c'est vrai. Il nous prive de nos Batteurs. »

Drago le regarda froidement, et concentra son attention sur la découpe de son poulet. La discussion tourna vers le Quidditch, mais Drago resta silencieux. Il mourait d'envie de dire à Lily que ses parents étaient à Poudlard. Il mourait d'envie de les lui présenter, de leur montrer qu'il avait quelque chose qu'ils ne trouveraient pas à critiquer. Il voulait dire à tout le monde que Lily avait raison, que Voldemort complotait leur ruine, qu'il se moquait d'eux. Alors elle avait des preuves que Oldyfart avait commencé à les tuer du temps de son grand-père ? C'étaient de vieilles nouvelles, et quelqu'intéressantes que Lily puisse les trouver, c'était le passé. Oldyfart avait essayé de le tuer. C'était tout ce dont il avait besoin pour en faire une affaire personnelle. Saletés de demi-sangs. On m'a toujours dit qu'il fallait s'en méfier.

Ce tout son cœur, Lily aurait voulu pouvoir dire à Drago que ses parents étaient à Poudlard, et en sécurité. Ça lui serait d'un tel réconfort. Dumbledore pouvait certainement lui faire confiance pour garder le silence.

Au lieu de ça, elle lui murmura à l'oreille. « Alors, Drago, tu veux venir à la prochaine réunion de l'Association e Défense ? »

Il grogna. Pas Potter. S'il te plait, ne me dis pas que je vais devoir être poli avec Potter.

Elle chuchota plus doucement encore, « Et si je te dis que Harry Potter offre de te serrer la main quand tu arrives ? »

Hmmm. Je pourrais le snober. Ça pourrait valoir le coup.

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Hermione, la tête pleine des nouvelles que Harry lui avait rapportées, se hâtait vers les donjons. Une carte du Maraudeur de la maison de famille de Jedusor et des environs, c'était très bien, surtout s'il en existait plusieurs exemplaires. Mais ça ne résolvait pas le problème central. Même s'ils pouvaient utiliser al carte pour traquer et éliminer tous les Mangemorts, que feraient-ils une fois confrontés à Voldemort lui-même ?

Les mots de la prophétie piaillaient dans la tête d'Hermione comme une crécelle. Les prophéties étaient une terrible fumisterie : elles étaient embrouillées, désespérément obscures sans que ce soit nécessaire. Elles s'accomplissaient toujours d'une façon que n'avait pas imaginée la personne qui en dépendait.

« Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche… »

Pourquoi est-ce qu'elle ne dit pas simplement 'de tuer' ?

« Né de celui qui l'ont trois fois défié, né quand finit le septième mois… »

Très bien, on parle certainement des parents de Harry, ou de ceux de Neville, et tous les deux ils sont nés en juillet.

« Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore… »

La cicatrice de Harry, apparemment… Mais de quel pouvoir parle t'il ? Ca peut signifier n'importe quoi. Des sentiments comme l'amour de sa mère ou la loyauté de ses amis, ou un pouvoir caché qui ne s'est pas encore manifesté, ou une arme dont Voldemort ne connaîtra pas l'existence, et à laquelle il ne sera pas préparé. Ça pourrait être la carte. Non, ce n'est pas assez.

« Et l'un mourra de la main de l'autre, car il ne peut pas vivre si l'autre survit. »

Oui, c'est la partie déprimante. De toute évidence, Harry ne peut pas vivre avec Voldemort, parce que Voldemort passe son temps à essayer de le tuer. Alors c'est tue ou fais-toi tuer, mais la prophétie ne dit jamais 'tuer'. Elle dit 'mourir'. Harry pourrait le faire mourir. De la main ? Harry a tué le Professeur Quirrell en le touchant de ses mains, mais je pense que Voldemort est un peu plus coriace que ça. Et même s'il est tué, comme la dernière fois, son esprit pourrait être réincarné. A moins qu'il ne soit enfermé quelque part.

Ou peut-être que le plan de Dumbledore est d'entrer, de tuer tous les Mangemorts, et de le chasser de sa base. Sans supporters, ses capacités à faire du mal seraient grandement limitées, et peut-être que Harry aurait le temps de grandir et de développer ce pouvoir spécial. Mais Voldemort a un corps mortel maintenant, il peut être blessé, il peut subir des dommages. Et qu'est-ce qui pourrait emprisonner son esprit ? Il faudrait quelque chose d'incroyablement puissant…

Comme un dieu ?

Frémissant, elle se souvint de la Chambre des Morts. Qu'est-ce que Ma'at ferait de l'esprit dérangé de Voldemort ?

Elle s'arrêta un instant.

Puis se mit à courir.

Rogue leva la tête en fronçant les sourcils quand elle entra dans la pièce. « Mademoiselle Granger, impétueuse comme toujours… »

« La potion Seba. »

Il leva les sourcils.

« Elle ouvre un portail entre les mondes. Et si on envoyait l'esprit de Voldemort dans un endroit vraiment, vraiment sûr ? Un endroit d'où il ne pourrait jamais s'échapper, parce que quelque chose là-bas, » elle déglutit, « le mangerait certainement. »

Rogue la regardait, la tête penchée de côté, un sourire mécontent sur le visage. Elle vacilla, et prit une autre inspiration.

« Le Livre des Morts. Nous y avons trouvé le sort qui a ressuscité Lily, mais il contient aussi des incantations qui… vont dans l'autre sens. »

« Mademoiselle Granger, » dit Rogue sans en tenir compte, « je peux vous assurer que le Seigneur des Ténèbres possède une bonne copie du Livre des Morts, et que le contenu lui en est familier. Il n'y a rien dedans que nous pourrions utiliser pour le surprendre. »

Elle se précipita dans la réserve, pour voir où il conservait l'échantillon de sa propre potion déficiente.

Sa voix s'échappa de la pièce « Mais la potion n'est pas dans le Livre des Morts. Elle est dans le codex de Shrewsbury, ici à Poudlard, et autant que je sache, il n'en existe pas de copie. »

Rogue la regarda avec attention. « La potion n'a fonctionné pour Lily que parce que vous avez utilisé le sang de Potter. Nous n'avons personne à Poudlard qui partage son sang avec Voldemort. »

« Bien sûr que si. » Elle émergea de la pièce et se tint devant lui, avec à la main l'échantillon de potion, les yeux brillants.

La compréhension frappa Rogue comme un mur de briques. Le rite de résurrection de Voldemort… ' le sang de l'ennemi !' Comment, cette gamine qui en fait toujours trop, qui se croit obligée de la ramener… C'est inspiré, en vérité. Voldemort lui-même a donné à Potter le pouvoir de le détruire. C'était d'une ironie glorieuse.

Il se dirigea vers la porte. Elle le dévisagea, ouvrant la bouche pour protester.

« Venez, Mademoiselle Granger. Je crois que nous devrions parler ce cela au Directeur. Peut-être qu'il connaît quelqu'un qui aurait un contact en Egypte et qui pourrait nous fournir de la terre des rives du Nil de première qualité. »

Hermione lui emboîta le pas, masquant sa fierté. « Peut-être. »

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ndt : oh………. Les choses se précisent. On dirait qu'ils ont un plan…

et bien sûr que les reviews me font plaisir.

Trinity : merci de m'avoir soutenue depuis le début.

Eskarine, Dumati : j'espère que vous êtes toujours là. Je suis d'accord avec vous : c'est une histoire originale.

Stephanie : voilà, j'ai bien continué, hein ?

Floralege : merci pour ta review si gentille. Je continue, mais apparemment c'est plus difficile quand j'ai du temps libre.

Zazaone : les notes en bas de page jusque maintenant étaient celles de l'auteur. Et merci pour ta fiche ! Ca fait énormément de bien à mon ego…

Adaska : oui, la couleur des yeux… J'aurais tellement aimé voir la tête de Severus le lendemain, quand il éclate de rire en la voyant…

Fanfiction-mode d'emploi. Je commence à relire et à faire les corrections. Mais ça se laisse lire quand même, non ?

Donc voilà, merci pour les reviews, et n'hésitez pas à en laisser d'autres…

Benebu.