Auteur : Arsinoé de Blassenville

Traduction : benebu, avril 2005

Chapitre seize : la maison familiale.

Une pluie froide tombait sur les feuilles mortes accumulées. Le chat aux curieuses taches autour des yeux se glissa doucement à travers les buissons, vers la coquille en ruines de la maison Jedusor. Il y avait des bruits furtifs tout autour, mais le chat ne cherchait pas de nourriture, et les petites créatures dans leur terrier étaient recroquevillées à l'abri. Avec une soudaine accélération, le chat grimpa la colline vers le jardin désert et se glissa derrière une statue d'un Cupidon lisant qui tombait en ruines. Choisissant son chemin avec précaution, le chat avança vers la porte-fenêtre qui menait au jardin, et regarda l'intérieur de la maison par un carreau cassé.

Une silhouette se dessinait dans l'ombre juste à l'intérieur, et le vit. « Bonjour, le chat. »

Une autre fois, plus profonde, grogna, « A qui tu parles, Avery ? »

Le premier homme sortit de l'ombre, et sourit au chat. « Juste un joli petit chaton. J'adore les chats. Il y a tellement de choses que l'on peut faire avec les chats. » Il appela, la voix haute pour l'amadouer, « Viens-là, petit, petit, petit… »

Le chat, sagement, recula et se sauva le long de la maison. Oui. Avery, et, je pense, Mulciber. Je me souviendrai de leurs odeurs maintenant.

Après s'être remise de l'attaque du Ministère, Minerva McGonagall avait dit à Dumbledore sans ambiguïté qu'elle voulait prendre une part active dans la lutte contre Voldemort. Quand il lui avait parlé de la création de la carte du repaire de Voldemort, elle avait su que ce serait la mission idéale pour elle. On pouvait voir à travers les capes d'invisibilité, et des humains, même en prenant des précautions, déclencheraient des alarmes. Il était rare qu'on se donne la peine de dresser des alarmes contre les chats errants.

Elle devait inspecter les environs, mais pas entrer dans la maison… pas encore. Elle devait bien visualiser la place, afin que d'autres puissent apprendre à Transplaner sur le site. Elle avait trouvé un excellent point d'observation à la base de la colline, hors de vue de la route. C'était en dehors des barrières de protection, et suffisamment grand pour permettre les Apparitions multiples. Elle amènerait Dumbledore, Severus, et Remus demain.

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Les Weasley, se dit Dumbledore une fois encore, étaient une famille qu'il était très utile de connaître. Bill Weasley fit un rapide voyage au Caire, sous couvert d'une affaire à régler pour Gringotts. Il retrouva Dumbledore dans le confortable salon privé du Chaudron Baveux.

Il étendit ses longues jambes sous la table, et étudia Dumbledore pensivement par dessus son verre de Laphroiag.

« J'imagine qu'il n'y a aucun risque que vous me disiez pour quelle raison vous vouliez de la terre du delta du Nil ? »

Dumbledore lui sourit comme un soleil éternel. « Pas la moindre, mon garçon. »

Bill rit de bonne grâce. « Le whisky est bon, en tout cas. »

« Je vous contacterai peut-être dans les jours prochains. Essayez de rester joignable. »

« Pas de problème. »

Ils finirent leurs verres et se séparèrent avec plaisir. Dumbledore avait une autre affaire à régler dans le Chemin de Traverse. Oui, les Weasley étaient vraiment extraordinairement utiles.

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« La valeur des potions comme arme a toujours été sous-estimée. Oui, je sais que les Aurors en font mention, en demandant l'ASPIC de Potions, mais leur utilisation effective est très circonscrite. Ce n'est pas surprenant, bien sûr, étant donné le manque de créativité bureaucratique du Ministère. »

Hermione tenait la myrrhe, luxuriante et aromatique, pendant que Rogue l'ajoutait au mélange, remuant avec une précision obsessive. Elle avait appris à se taire pendant cette phase de la préparation, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se trémousser, pendant qu'elle attendait que Rogue s'éloigne du chaudron pour pouvoir lui répondre. Il sentit son impatience et continua à remuer, avec un petit sourire.

La senteur riche embaumait le donjon, entêtante et exotique. Hermione savait que ses vêtements en seraient imprégnés quand elle quitterait les donjons. Elle pouvait la sentir sur Rogue également. C'était la meilleure réserve de Madame Sangsue, et elle était arrivée dans un coffret de bois de teck gravé, doublé de soie rose. Hermione se souvint qu'elle devait toujours de la myrrhe à Parvati pour remplacer la quantité qu'elle lui avait empruntée pour assembler la première tentative de potion Seba.

Rogue avait étudié la recette originale qu'elle avait utilisée, et avait décidé de faire des expériences sur les différentes étapes de l'assemblage. Il était particulièrement intéressé par cette étape, en partie à cause de la signification de la myrrhe dans les cérémonies d'embaumement des Egyptiens.

Finalement, Rogue fut satisfait, et il s'éloigna de la table.

Hermione, saisissant l'opportunité, dit « Harry travaille très dur en Potions cette année. A cause de ce projet, il respectera toujours leur importance. Les choses seront différentes quand Harry deviendra un Auror. »

Rogue consultait ses notes, et il daigna accorder un regard ironique à Hermione. « Potter ne deviendra jamais Auror. »

Hermione releva le défi malgré elle-même. « Je crois que Harry ferait un excellent Auror. Il l'a démontré à de nombreuses reprises… »

Le sourire moqueur de Rogue s'était élargi, voyant son indignation. « Mademoiselle Granger, vous m'étonnez. Je pensais qu'en tant que très bonne amie de Monsieur Potter, vous le comprendriez mieux. Pouvez-vous l'imaginer recevoir des ordres de Cornélius Fudge, ou de ses semblables ? Potter est incapable de suivre des ordres, même venant du Directeur, qu'il prétend respecter. Comment en serait-il autrement une fois qu'il aura quitté Poudlard ? Si quelque chose change, c'est qu'il sera débarrassé du peu d'entre nous qui avons essayé de lui imposer quelques limites pour lui permettre d'atteindre l'âge adulte. Que pensez-vous qu'il se produira, la première fois qu'on lui donnera un ordre avec lequel il n'est pas d'accord ? »

La gorge d'Hermione était serrée. Il avait inconfortablement raison. Harry décidait de ses propres lois, et la plupart du temps il avait raison de le faire. Travailler pour un Ministère timide, paresseux, et se voilant généralement la face, le rendrait fou.

Elle refusait de laisser passer ce qui lui semblait une réprobation de son ami. « Si vous connaissiez Harry, si vous saviez comment il a été traité par ces horribles personnes qui l'ont élevé… vous comprendriez pourquoi il n'écoute pas, et pourquoi il ne fait pas confiance aux figures d'autorité. »

« Ca suffit, Miss Granger, » dit-il en l'interrompant. « J'en sais plus long sur Potter que vous ne l'imaginez. » Rogue se souvenait des leçons d'Occlumancie : le moldu lourdaud et intimidant, l'énorme cousin tourmenteur, les horribles souvenirs d'enfance de Potter qui se mélangeaient. Il lui était venu à l'idée que ça pouvait faire partie du plan. Dumbledore n'aurait pas pu trouver mieux pour créer un caractère capable d'indépendance. Ça collerait, se disait-il. Dumbledore aimait beaucoup la musique. La musique de chambre en particulier, mais également l'opéra. Il y avait emmené Rogue quelques fois. Ils avaient eu droit à une loge pour eux tout seuls à Covent Garden pour une représentation de Siegfried, combien de temps y avait-il de cela ? Ca devait être pendant sa première année d'enseignant à Poudlard, quand Potter était encore tout enfant. Wagner n'était pas inconnu chez les sorciers. Ses thèmes mythiques, ses intrigues magiques étaient attrayant pour les sorciers et les sorcières aux goûts raffinés. Rogue se souvenait de son malaise grandissant qu'il avait ressenti au fur et à mesure de l'action : le jeune orphelin, sauvé par sa mère sacrifiée (1). Invulnérable à des forces pour les autres mortelles, il était exilé de la place qui lui revenait dans le monde, pour vivre avec des êtres inférieurs.

Depuis lors, Rogue avait pu remarquer d'autres ressemblances encore. L'enfant délaissé, indépendant et superbe, plein de mépris pour son ignoble protecteur. La connaissance soudaine de pouvoirs inconnus. Potter, comme Siegfried, avait utilisé une épée magique pour tuer un monstre. Potter, comme Siegfried, comprenait le langage des animaux, même si ce n'était que celui des serpents. Potter ne tenait pas compte de l'autorité et des règles de comportement. Mais la plus grande inquiétude de Rogue était de se souvenir que Siegfried avait été manipulé par Wotan, le roi des dieux, qui voulait utiliser un héros libre dans son combat contre les Géants des Glaces. Est-ce que Dumbledore se voyait comme Wotan ? Si c'était les cas, ils étaient dans une situation désespérée, parce que Siegfried avait dédaigné l'amitié et les conseils de Wotan quand ils s'étaient finalement rencontrés, et avait poursuivi ses propres objectifs, jusqu'à la destruction des dieux et de lui-même. Et qu'est-ce que ça faisait de Rogue ? Un des habitants de la Basse-Fosse ?

« Etes-vous familière avec Wagner, Mademoiselle Granger ? »

Il l'avait soufflée. Il la vit essayer de se rappeler une référence, essayant, sans doute, de trouver un sorcier de ce nom. Il expliqua, de son ton le plus docte, « Richard Wagner. Le compositeur. »

Elle rougit. Il s'amusa de sa confusion. Poussant le bouchon un peu plus loin, il ajouta, « J'aurais pensé que vos parents pourvoiraient à votre éducation culturelle. Où est-ce que vos intérêts si variés n'incluent pas la musique classique ? »

Toujours rouge, et soupçonneuse sur ses motifs, elle répondit timidement, « J'ai suivi des cours de piano jusqu'au jour de mon entrée à Poudlard. Après cela, je n'en ai plus vu l'intérêt. »

Petite philistine, pensa t'il, à la fois déçu et content. Si ce n'est pas au programme des ASPIC, ça ne sert à rien, pas vrai ?

Elle se rendait compte que d'une façon ou d'une autre, elle avait fait mauvaise impression. Elle avança, avec un peu de pugnacité, « Je suis déjà allée à l'opéra. Avec mes parents. »

Il répliqua, prêt à la démonter. « Quel opéra avez-vous vu ? »

Présageant qu'il ne s'agirait pas d'une bonne réponse, elle lui répondit. « La Bohême. »

« Ah. » Un soupir condamna ses prétentions intellectuelles, et il retourna son intérêt à la potion avec une indifférence enrageante.

Hermione se demanda ce qu'il se passerait si elle lui donnait un coup de pied dans les tibias. Wagner. Ils étaient en train de parler de Harry. Il y avait quelque chose qui lui échappait. Elle enverrait un hibou à sa mère pour lui demander un livre sur Wagner. Si Rogue décidait de daigner converser avec elle, elle ne le laisserait pas la dominer par ses références culturelles.

Du coin de l'œil, elle vit que quelqu'un se tenait dans l'encadrement de la porte. C'était Lily et Hermione lui sourit.

Lily vit Rogue et Hermione, qui apparemment travaillaient efficacement ensemble, concentrés sur l'amélioration de la Potion Seba. Elle ressentit le pincement maintenant familier de la jalousie. Severus était son ami. Ils n'avaient jamais l'occasion de passer beaucoup de temps ensemble, à part pour les occasionnelles sessions de 'soutien'. Hermione avait de la chance, de pouvoir ouvertement travailler avec lui.

Remarquant qu'Hermione était distraite, Rogue leva les yeux, un reproche sur les lèvres. Il vit Lily, et son expression se transforma en des traits plus plaisants.

Lily huma l'air parfumé. « L'odeur est superbe. Vous devriez la mettre en bouteille, la vendre comme parfum et en faire fortune. »

Rogue ricana. « Suivant en cela les pas distingués de Guerlain. » Il vit la curiosité dans le regard des deux jeunes filles, et ajouta avec ruse. « Le fondateur de la maison au 19ème siècle était un sorcier. Il avait étudié les potions à Beauxbâtons, mais il a trouvé l'immense marché moldu irrésistible. Il est resté dans le monde moldu, et il a épousé une moldue en fait. De temps en temps, il sort un sorcier ou une sorcière de la famille, mais même le plus moldu des descendants a gardé un bon nez pour les potions. »

Hermione se mordit la lèvre, alors qu'elle échangeait un regard avec Lily. Lily, plus assurée, sourit imprudemment et fit remarquer, « Je suis sûre que leur nez n'est pas comparable au tien. »

Rogue grogna, « Très amusant. » Brusquement, il dit à Hermione, « Mettez en bouteille un tiers de ceci. Scellez hermétiquement les bocaux. Laissez le reste chauffer, et revenez demain après le dîner. Et amenez sa potion au loup-garou. La pleine lune commence demain, et je ne veux pas qu'une bête féroce courre impunément dans les couloirs. »

Hermione fronça le nez, et s'éloigna pour prélever un gobelet de la mixture fumante. Elle se tourna pour partir, et Lily lui lança « Bonsoir, Hermione. »

« Bonsoir, Lily. » Elle marqua une pause, regardant le dos de Rogue, et ajouta gentiment, « Bonsoir, Professeur Rogue. »

A contre-cœur, il répondit « Bonsoir, Mademoiselle Granger, » presque poliment, et ajouta, « et fermez la porte derrière vous. »

Hermione attendit, le temps de se calmer. Puis elle secoua ses cheveux et sortit, fermant la porte avec un soin exagéré.

Lily rit. « Tous les deux vous vous entendez de façon épatante. »

« Epatante, » grogna Rogue avec humeur.

« Non, vraiment, vous faites une belle équipe. Et vous semblez passer de si bons moments. Remarque, je ne suis pas aussi calée en potions que ne l'est Hermione, mais ça à l'air d'être formidable, cette façon de travailler ensemble. »

« Mademoiselle Jones, vous êtes folle. Absolument folle. » Il la regarda par dessus son formidable nez, et une fois de plus elle retrouva le Severus qu'elle connaissait depuis son arrivée à Poudlard.

C'est tellement bizarre, se disait-elle, d'être une élève. Bon, je n'en ai plus que pour deux ans. Quels bons moments nous pourrons avoir alors !

« Comment avance la potion ? » demanda t'elle, en s'asseyant sur un tabouret haut près de la table de travail.

« Plutôt bien. Avec plus de temps, je pourrais tester plus de variantes, mais je crois que j'ai obtenu une recette qui convient. Et comment avance la projet de Sortilèges ? »

Lily se pencha en avant, terriblement excitée par le sujet. « Hourra pour notre équipe ! Nous avons fini une carte brillante de l'antre de Oldyfart. Ne le prends pas comme ça, Severus. Il ne mérite pas la courtoisie du titre qu'il s'est attribué. »

« Appelle-le comme tu veux, mais ne le sous-estime jamais en tant que sorcier. Il est formidablement puissant, et ne connaît absolument aucune limite. Tu n'as jamais eu affaire avec quelqu'un qui est capable de tout. Il ne se soucie pas de la façon dont il mutile, ni de celle dont il tue. Et ses serviteurs ont été entraînés sur le même modèle. »

« Alors tant mieux si on a une carte. Elle est incroyable, Severus : un plan de la maison en trois dimensions, avec les tunnels, le village lui-même… et encore mieux, la possibilité d'y suivre les individus. Par leur nom, en plus. Même depuis ici à Poudlard, nous pouvons voir certains de leurs déplacements. Je suppose que le Professeur Dumbledore va utiliser sa copie pour surveiller les allées et venues de l'ennemi. »

« C'est ce que je pense. »

« Je n'avais jamais réalisé à quel point Remus était un sorcier de talent. Oh, il a toujours été un excellent élève, ses absences mises à part, mais il est vraiment brillant, Severus. Le monde magique ne comprend pas quel talent se trouve gâché. »

Peu soucieux de discuter du loup-garou, et ne souhaitant pas entendre Lily chanter ses louanges plus longtemps, Rogue l'interrompit, « Et est-ce que Potter vous est d'une quelconque utilité ? » L'expression de Lily le fit se reprendre. « Oui, d'accord, il est peut-être capable de travailler si le sujet l'intéresse. »

« Oui, » affirma Lily avec force. « Il en est tout à fait capable. Il est puissant, Severus. Tu lui accorde jamais aucun crédit. »

Ennuyé, Rogue se défendit. « La puissance n'a jamais été le problème de Potter, je te l'accorde. La discipline, le contrôle, la concentration… C'est là qu'il pèche. »

« Eh bien, il s'en sort parfaitement avec Remus et moi. Il travaille très dur. Je ne vois pas pourquoi tu penses qu'il manque de concentration. Si tu avais vu combien il s'est concentré sur la carte… c'était assez étrange, en fait. J'ai reconnu en lui le gène des études des Evans. »

« Nous verrons ce qu'il fera quand il devra effectivement utiliser cette carte. »

Lily le regarda avec anxiété. « Tu penses que ce sera quand ? »

« Bientôt, peut-être. Dumbledore et compagnie mettent au point des stratégies. Je dirais que l'équipe qui mènera cette attaque sera composée de moi, de Potter parce que c'est indispensable, peut-être du loup-garou si la lune le permet, et de quelques Aurors de l'Ordre. Peut-être quelques autres. » Il pensa à Lucius Malefoy, faisant les cent pas dans ses quartiers, plus impatient chaque jour. Sa loyauté, il ne l'accordait qu'à lui-même et à sa famille, mais c'était un puissant sorcier, et une fois engagé, il serait un combattant de valeur.

Lily avait elle aussi des pensées sombres. Tout le monde prenait pour acquise l'idée d'envoyer Severus faire face au danger. On présumait toujours qu'il courrait des risques. Elle avait envisagé les choses affreuses qui risquaient de lui arriver, et dont personne d'autre ne semblait se soucier. Alors que les autres faisaient de leur mieux pour aider Harry, personne ne pensait à Severus. Lui aussi, il avait besoin de quelque chose de plus dans la bataille. De quelque chose d'inattendu.

« Attends-moi là, » dit-elle, descendant du tabouret. « J'en ai pour quelques minutes. J'ai quelque chose pour toi. »

Elle courut jusqu'à son dortoir, saluant brièvement ses amis. Drago n'était pas dans la salle commune, mais Blaise y était et Lily s'en débarrassa avec la promesse de discuter avec lui plus tard. Elle fouilla dans son coffre, ses mains frottant contre les bords en bois, jusqu'à toucher le fond, et toucher le froid métal de sa mornille de communication supplémentaire. Elle l'attrapa, et la tira du coffre, pour retourner à la classe de Potions.

« Voilà, » dit-elle en lui montrant le collier. « Ca permet de communiquer à longue distance. Si tu dis 'la mornille de Lily,' ou si tu tapes trois fois dessus, tu pourras me parler, où que tu sois. Si j'ai besoin de te parler, tu la sentira chauffer. » Elle défroissa nerveusement le lacet, et le lui passa autour du cou. Rogue la contempla, surpris et touché, et prit la pièce dans ses mains, la retournant pour regarder sa face réfléchissante.

« C'est toi qui l'a faite ? » demanda t'il, avant de devoir s'éclaircir la gorge. « C'est un beau travail de Sortilèges. Ça a toujours été ton point fort. »

Elle haussa les épaules, et lui fit un sourire ironique qui creusa ses fossettes. « Je travaille mes points forts. Quoi qu'il en soit, » continua t'elle, en sortant sa mornille de sous son chemisier, « j'en ai une également, et je ne la quitterai pas. Tu ne seras jamais seul. Je te le jure. »

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« Je veux que tu aies ça, » insista Harry, en montrant la mornille de communication à Remus. « J'ai été idiot avec le miroir de Sirius, mais je ne referai jamais la même erreur. Quoi qu'il arrive, nous pourrons nous parler. »

Remus s'extasia. « Harry, c'est une idée merveilleuse, et un beau travail de Sortilèges. Tu devrais le montrer à Flitwick, quand tout ça sera terminé. »

Harry haussa les épaules, et sourit doucement. « Lily a aidé. C'est elle le génie en Sortilèges, tu sais. Et Hermione aussi. Elles en ont chacune une. Nous pourrons parler si nous sommes… séparés, ou quelque chose. Je ne te perdrai pas. Je te le jure. »

Les quartiers de Lupin près de la salle de Défense étaient plus en désordre qu'à l'ordinaire. Le bureau était couvert de copies de la carte de Jedusor, de certes du nord de l'Angleterre, et d'une sélection de livres de référence. Harry s'étira. Ils travaillaient depuis une éternité et son cou devenait raide.

Quelqu'un frappa, et Lupin répondit, « Entrez. »

C'était Hermione, portant avec précaution un gobelet de potion Tue-loup. Lupin sourit. Au moins, j'ai la potion sans que Rogue ne me dévisage comme un animal dans un zoo moldu.

« Merci, Hermione, » dit-il. Il avala le liquide déplaisant, et soupira.

Harry fit remarquer, « Au moins quelque chose de bon ressort de tout ce temps que tu passes avec Rogue. C'est formidable que tu puisses faire une potion comme celle-là. »

« Formidable, » confirma gaiement Remus.

Hermione vit le Livre des Morts sur le bureau, et leur dit, « Je viens de voir Lily dans le donjon. Est-ce que tu as déjà appris l'incantation ? »

Harry grogna.

Remus acquiesça, avec un petit sourire. « Nous venons de terminer. Elle est plutôt longue et doit être récitée parfaitement, presque certainement de mémoire. Et plus nous serons nombreux à nous joindre à lui, mieux ce sera, alors nous allons commencer à la faire passer aux autres. La question, maintenant, est la suivante : comment se présente la potion magique, et comment allons-nous en asperger Voldemort ? »

« La potion se présente à merveille. Nous en avons une bonne quantité en stock, et le Professeur Rogue fait des expériences sur des variantes. En ce qui concerne le moyen employé pour l'asperger, le Professeur Rogue dit que le Professeur Dumbledore a une idée sur la méthode à employer. Bien sûr, étant le Professeur Rogue, il a ajouté que c'était une idée absolument folle. »

Harry ricana. « J'espère seulement que vous avez fini de me demander de mon sang. »

« Souviens-toi, Harry. Tu ne dois pas recevoir de potion sur toi. »

« Je sais, je sais, » répondit-il avec impatience. « Lily m'a dit que ce serait une Très Mauvaise Chose. J'ai pensé utiliser le Charme de Plumes de Canard sur moi-même. »

Remus refit du thé, et fit signe à Hermine de s'asseoir. Elle attrapa le parchemin sur lequel était écrite l'incantation, et commença à en murmurer les mots.

« Pas toi aussi, Hermione, » se plaint Harry. « Je vais en rêver cette nuit. Lily me l'a serinée à chaque fois que nous nous sommes rencontrés. »

« Eh bien, » fit remarquer Hermione, « maintenant tu sais quelle mère exigeante elle ferait. Elle a un standard élevé, » ajouta t'elle, avec approbation.

Remus versa une tasse à Hermione, et dit à Harry, « C'est une personne très dévouée, Harry. Tu sais à quel point ceci est absolument essentiel. Elle veut que tu sois aussi en sécurité que possible. Quand tu étais bébé… »

Harry leva les yeux, intéressé. « Oui ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-moi. »

« Eh bien… » commença Remus, pour s'interrompre. Un sentiment douloureux de nostalgie le traversa. C'était si difficile de voir Lily en classe, à l'AD, dans les couloirs, de voir la jeune fille qu'elle était, de se souvenir de la femme qu'elle était devenue, et d'essayer de réconcilier les deux réalités. Déjà, la Lily Jones que connaissait Harry se différenciait subtilement de la Lily Evans de ses souvenirs. Des expériences différentes, des maisons différentes, le combat à mort auquel elle prenait part, contribuaient à la changer au delà de toute reconnaissance.

Les deux élèves le regardaient toujours. Il s'éclaircit le gorge et dit, « Lily avait des standards hauts en tant que mère, c'est vrai. Elle voulait être la meilleure mère possible, et elle t'aimait plus que tout au monde. »

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« Tu sais que nous t'aimons plus que tout au monde. »

« S'il te plait, Mère, ne deviens pas si sentimentale ! »

Narcissa pressa les épaules de Drago dans une embrassade prolongée, et échangea un regard exaspéré avec son mari.

Drago s'était échappé pour passer quelques heures avec ses parents après le dîner. Ils accueillirent la visite avec joie, et pas seulement parce qu'elle les assurait qu'il s'était bien remis de l'attaque. Ils souffraient tous les deux d'une sévère attaque de claustrophobie. Son environnement familier manquait à Narcissa : les thés, les déjeuners, les excursions dans le Chemin de Traverse et à Pré-Au-Lard, et le confort familier de sa propre maison.

Lucius mourrait d'envie d'une action quelconque. C'était évident, leurs luxueux quartiers à Poudlard étaient infiniment supérieurs au confort d'Azkaban ou de la maison Jedusor, mais même si c'était une prison dorée, ça restait une prison. Il avait terminé la carte, et Dumbledore lui avait souri avec approbation et l'avait renvoyé ici. Rogue venait les voir régulièrement, et ne leur disait rien. Lucius savait qu'il n'était pas en position d'attendre de quiconque qu'on lui fasse confiance, mais il était impatient de savoir quelle part il pourrait jouer dans le conflit à venir pour redorer son image publique. L'attaque sur Drago lui vaudrait certainement quelques sympathies, mais Lucius voulait également une revanche sur ses anciens associés, et par dessus tous sur sa belle-sœur. Il voulait leur mort : ils ne pourraient jamais être heureux ou en sécurité jusqu'à ce qu'elle et son ancien maître soient morts.

Lucius dit, « Ce que ta mère essaie de te faire comprendre, de sa façon particulière, c'est que nous ne voulons pas que tu prennes de risques inconsidérés. Ça signifie que tu dois rester dans ce château à l'avenir, pas de sortie à Pré-Au-Lard, pas de vol en balai plus loin que le terrain de Quidditch, pas d'excursions dans les environs. »

Drago grogna avec mauvaise humeur, « Il faut que je commence à chercher mes cadeaux de Noël. »

« Tu veux dire que tu veux acheter une babiole hors de prix pour faire plaisir à ta petite amie ! » Lucius était trop tendu pour avoir du tact.

Drago leva le menton, et répondit, « Oui, c'est vrai ! C'est bien à toi de parler, tu couvres toujours Mère de cadeaux. » Narcissa sourit discrètement.

« Elle est ma femme, » rétorqua Lucius.

« Eh bien, » répondit Drago du tac au tac, « elle ne l'a pas toujours été ! Tu as dû la convaincre de t'épouser ! » Il vit que son père était sur le point d'exploser, et remarqua le regard d'avertissement de sa mère. « Ecoute, » reprit t'il sur un ton plus raisonnable, « je veux juste savoir combien de temps tout cela va durer. »

« Je ne peux pas te le dire, » dit Lucius d'un ton sec, cassant, « parce que je n'en ai pas la moindre idée moi-même. J'espère que le Vieux Fou finira ses interminables conciliabules et ordonnera une frappe contre le Seigneur des Ténèbres, mais qui sait ? Il pourrait être réticent à faire courir des risques à Potter, qui a j'en suis sûr un rôle à jouer dans tout ça. » Il vit le regard de dégoût sur le visage de son fils, et ajouta, « Et ne me regarde pas comme ça. Je te l'ai déjà dit ? il aurait bien mieux valu que tu te fasse un ami de Potter plutôt qu'un ennemi. Si nous survivons à tout ça, j'imagine qu'il sera de nouveau le chouchou du Ministère, et il pourrait se révéler un jeune homme très utile à connaître. »

« Très bien, alors, » lâcha Drago. « Je vais essayer. Lily m'a demandé d'aller à la prochaine réunion de l'Association de Défense mardi prochain. Elle m'a dit que si j'y allais, Potter m'offrirait de me serrer la main. »

« Elle t'a vraiment dit ça ? » Lucius y réfléchit. Alors comme ça la fille est amie avec Potter. Elle a gagné une grande influence plutôt rapidement à Serpentard, et maintenant il semblerait qu'elle a des connexions avec Potter lui-même. Une jeune sorcière remarquable. Il faut que je la rencontre au plus vite.

Drago voulait que son père comprenne ce qu'il trouvait à Lily, et il ajouta, « C'est elle qui a tout compris à propos de… du Seigneur des Ténèbres, et de ce qui est arrivé à la génération de grand-père. Elle nous a démontré sans erreur qu'il les avait tous tués par vengeance. » Drago lui confia, « C'est un demi-sang, tu sais, et elle pense qu'il déteste le monde magique tout entier pour la façon dont il a été traité. »

« Elle pense ça ? » répondit Lucius, assez intéressé. « Oui, je sais que c'est un demi-sang, je l'ai moi-même découvert il y a quelques années, à ma grande désillusion. Tu vois, Drago, » commença t'il lentement, « il arrive qu'une personne soit dans sa jeunesse attirée par des idées grandioses qui se révèlent plus tard dans sa vie impossibles à mettre en pratique. » Il s'enfonça dans son siège, regardant le feu, et continua pensivement, « j'admets que les théories due Seigneur des Ténèbres, s'il les amenait à leur conclusion logique, détruiraient notre monde. Il n'y a aucun véritable moyen de détruire les demi-sang et les sang-de-bourbe, à moins de les traquer et de les tuer à la naissance, ce qui est logistiquement impossible pour un certain nombre de raisons. De plus, je dois admettre qu'ils ont leur utilité. Notre population n'est pas nombreuse, et si elle était convenablement régulée, on pourrait leur accorder une place. »

« Lily est très douée en histoire, et elle s'intéresse aux sang-de-bourbe, tu sais, d'où ils viennent, pourquoi une sorcière ou un sorcier apparaît soudain au milieu des moldus. »

Lucius le regarda avec gravité. « Narcissa, ma chérie, » dit-il gentiment, « peux-tu nous laisser un instant ? Drago et moi avons besoin de discuter entre nous. »

Narcissa somnolait, mais se réveilla suffisamment pour se lever, leur donner chacun un baiser, et se glisser dans la chambre à coucher.

Une fois qu'il fut sûr qu'elle ne pouvait pas les entendre, Lucius reprit, « J'espère, Drago, que tu décourageras ton amie de s'occuper de telles questions. Le sujet sordide du Problème des sang-de-bourbe est un cas d'étude inapproprié pour une jeune sorcière au sang-pur. »

Plein de curiosité, Drago attendait.

Son père disait, « Bien sûr, quand des moldus qui ont du sang de Cracmol d'un côté ou de l'autre s'accouplent, » il grimaça avec dégoût, « ils produisent souvent un sorcier. Cependant, tu es presque adulte, et il y a des faits concernant notre monde que tu es en âge de comprendre. Les sorcières au sang-pur comme ta mère et ta jeune amie sont des êtres précieux et importants, qui requièrent de l'attention et du respect ; mais les sorciers ont certains besoins, et le monde est plein de très jolies moldues. Il n'est pas inhabituel d'en profiter. Même les sorciers qui n'ont pas la chance d'avoir une apparence avantageuse, » il se rengorgea un peu, « savent qu'un usage judicieux de leur magie peut leur rendre disponible n'importe quelle moldue. Ensuite, un charme pour modifier sa mémoire, et il rentre chez lui pour retrouver sa femme respectée. Un sorcier responsable prend ses précautions pour éviter d'engrosser ces femelles, mais j'ai le regret de te dire que certains d'entre eux sont trop imprudent, ou trop paresseux pour en prendre la peine. »

Drago était bouche bée. « Tu veux dire… Des Serpentards… »

« Ca n'a rien à voir avec les Maisons, Drago ! C'est une ancienne tradition de sorciers. Tu comprends maintenant, pourquoi ce n'est pas une chose à laquelle une jeune sorcière innocente doit être exposée. La plupart des sang-de-bourbe sont en fait des demi-sang. »

« Est-ce que Granger… »

« Ce n'est pas mon secret, mais je peux te dire qu'il existe de bonnes raisons pour que cette fille soit si douée. Le problème avec le fait que le Vieux Fou admette ces oisillons tombés du nid à Poudlard, c'est que ça les met en rapport avec des sorciers et des sorcières de bonne famille qui n'en savent rien, et des liaisons inappropriées peuvent se former. »

« Lily dit qu'en Amérique, parfois les sang-de-bourbe sont retirés de leurs familles encore bébés, et élevés chez dans le monde magique. »

Lucius considéra cette proposition. « C'est intéressant. Oui, ça pourrait être une solution juste et équitable. On pourrait les identifier précocement et les élever selon leur rang. Il faut vraiment que je discute avec ton amie. »

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Le courrier du matin était l'habituel chaos organisé. Les hiboux virevoltaient, déposant lettres et paquets. Des voix excitées et aiguës partageaient leurs nouvelles. Lily engloutissait ses saucisses quand une enveloppe verte se posa à côté de son assiette. Elle n'était pas scellée, et le parchemin qu'elle contenait était visible, tentant.

« Eh bien, c'est extraordinaire : » fit remarquer Pansy. « Lily a du courrier ! »

L'attention de Lily était concentrée sur l'enveloppe, qui était sans erreur possible adressée à 'Mademoiselle Lily Jones, Ecole de Magie et de Sorcellerie de Poudlard'.

Blaise, assis à ses côtés, se pencha vers elle. « Ca vient de la Pension Medicine Hat, Lily. Ton ancienne école. »

Lily contemplait l'enveloppe, pétrifiée et alarmée. Il était impossible que quiconque lui ait réellement envoyé une lettre. Qu'est-ce que c'est ? Elle regarda la chose verte étrange, ce demandant ce qu'elle pouvait présager. Rien de bon.

Je demanderai à Severus d'y jeter un œil, décida t'elle. Prudemment, elle ouvrit une de ces poches, et y lévita la lettre. Je lui en parlerai plus tard.

Elle n'y pensa plus pendant quelques heures. C'était l'une de ses journées les plus chargées : elle devait courir du cours de Sortilèges à celui de Runes, puis à celui d'Histoire sans la moindre pause. Après sa dernière classe, l'Arithmancie, et s'arrêta pour discuter avec le Professeur Vector des Matrices Firbakiennes. Hermione et Blaise restèrent aussi, et ils étaient si pris par leur conversation qu'ils ne virent pas le temps passer.

« Mes enfants, » s'exclama Vector en apercevant l'horloge. « Si on ne se dépêche pas nous allons manquer le dîner ! » Elle les abandonna, se précipitant dans ses quartiers pour se rafraîchir.

Les jeunes se décidèrent pour une course jusqu'au Grand Hall. Par les fenêtres, ils pouvaient sa rendre compte qu'il faisait pratiquement noir dehors. Ils se précipitèrent jusqu'à la porte, et Lily fit un rapide signe de la main à Hermione alors qu'elles se séparaient. Drago l'attendait, l'air grognon. Il est tellement gâté, se dit-elle. Il aura vraiment besoin de beaucoup d'attentions. Il l'aperçut, et lui fit un sourire charmeur. Enfin, il y a des compensations, se consola t'elle.

Alors qu'elle courait, quelque chose voleta derrière elle. Blaise le vit, et s'arrêta en l'appelant.

« Attends, Lily ! Tu as perdu ta lettre ! » Il se retourna pour la ramasser, et elle lui cria un avertissement.

« Blaise, n'y touche pas ! » Elle se précipita pour l'en empêcher, mais il était trop tard. Une brise capricieuse rabattit la lettre vers eux, et ils la touchèrent en même temps. Sans avertissement, ils disparurent tous les deux.

Les Serpentards regardaient l'espace vide, déroutés. Drago se leva lentement, reprit soudain ses esprits, et se précipita vers la table des Professeurs, appelant Rogue.

Les autres Maisons se retournèrent vers les Serpentards, et commencèrent à discuter avec curiosité, n'étant pas sûrs de ce qui venait de se produire.

Harry avait tout vu. Il avait reconnu sa voix, parmi celle des autres Serpentards, avait entendu la note d'alarme dans son ton, et il avait levé les yeux pour la voir essayer de protéger Blaise, puis le vide affreux. Il ne douta pas un instant de ce qui venait de se produire. Voldemort avait échoué dans sa tentative de blesser Drago, et avait essayé une vieille ruse par dépit. Lily paierait le prix de la défection des Malefoy. Lily et Blaise. Tuez l'autre.

Une rage si grande qu'elle l'aveuglait presque l'envahit, il se leva et quitta la table, ne courant pas tout à fait, mais calculant déjà ce qu'il avait à faire. Les élèves effrayés, dont un Drago Malefoy sous le choc, le regardèrent sortir. Il plissa les yeux et le suivit.

Hermione était pétrifiée par le choc. Un Portoloin !

« Dieu du ciel ! » croassa Ron.

Dumbledore cria. « Silence ! Tout le monde, sauf les Serpentards qui ont été directement témoins de l'incident, quitte le Grand Hall immédiatement. » Il descendit de l'estrade pour interroger les élèves. « Viens, Severus. »

Rogue, plus blanc que jamais, regardait toujours l'espace vide. Une horrible nausée le prit. A quoi servirait d'interroger les Serpentards ? Il savait où était Lily. Il croisa le regard de Dumbledore, et secoua la tête. Il sortit à grandes enjambées pour chercher les personnes et les choses dont ils aurait besoin.

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Harry courut jusqu'à la Tour d'Astronomie pour s'élancer. Son Eclair de Feu dans une main, la carte de Little Hangleton dans l'autre, il grimpa sur le rebord de pierre de la fenêtre, et l'ouvrit en grand.

« Où est-ce que tu crois aller ? » Drago le regardait avec défi, serrant son propre balai comme si sa vie en dépendait.

« Je ne vois pas en quoi ça te concerne ! »

Drago attrapa le devant de la robe de Harry, et le colla contre le mur. « Tu pars à sa recherche… Tu vas la sauver, pas vrai ? »

Harry ajusta lentement ses lunettes, et le regarda de haut. « Ote-toi de mon chemin. »

« Elle te plait. Je le savais. Tu attires les filles dans ton petit club, tu les baratines, en jouant les héros. »

Harry le repoussa. « Je n'ai pas de temps pour ça, Malefoy. Crois-le ou non, je n'ai pas créé l'Association de Défense pour rencontrer des filles. Lily est mon amie. »

Drago regardait les préparatifs de Harry, presque paralysé par le dégoût.

« Saint Potter. Qu'est-ce que tu crois que tu vas faire ? Tuer le monstre, secourir la demoiselle en détresse et sauver le monde ? »

« Quelque chose comme ça. »

Drago ricana. « Tout seul ? »

Harry haussa les épaules. Il mit la carte dans sa poche et enfourcha son balai. « J'ai risqué les vies de mes amis trop de fois. »

« Ne t'en fais pas. Je ne suis pas ton ami. »

Harry s'élança de la Tour, Drago le suivant dans la même seconde. Tous deux fendaient l'air glacial, leurs robes volant autour d'eux.

Drago regardait le dos de Harry, à quelques mètres devant lui, et finit par lui crier. « J'imagine que tu as un plan ? »

Harry répondit par dessus son épaule. « Oui. Je vais faire une visite à Voldemort et ramener Lily. »

En dessous d'eux, aux fenêtres de Poudlard, les élèves et les professeurs montraient du doigt les deux petites silhouettes qui s'éloignaient à une vitesse vertigineuse dans la nuit.

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Blaise et Lily tombèrent l'un sur l'autre, en atterrissant après leur voyage en Portoloin. Les premières impressions de Lily furent l'obscurité, et une odeur humide et désagréable. Ils étaient dans une pièce sans fenêtres, peut-être sous le niveau du sol.

Une voix derrière elle croassa, « Il était temps que tu te montres, ma chérie. Tu n'aurais pas dû me faire attendre. Stupefix ! »

Elle tâtonna pour attraper sa baguette, mais avant qu'elle ne puisse la pointer en direction de la voix, Blaise s'écria « Petrificus Totalus ! » Lily leva les yeux pour voir un sorcier grand et décharné tomber en avant avec un bruit sourd.

« Idiot, » commenta Blaise. « S'il n'avait pas eu besoin de s'écouter parler, il aurait pu nos avoir tous les deux. »

Il l'aida à se lever, et ils regardèrent autour d'eux.

« Je me demande où nous sommes, » demanda Blaise, en jetant prudemment un regard dans un couloir sombre.

« Je crois savoir, » confessa Lily. Il leva un sourcil interrogateur. Elle lui dit, « La maison Jedusor. » Il fronça le nez, sans comprendre.

Elle lui donna la mauvaise nouvelle. « La maison de famille d'Oldyfart. » Elle sortit le collier à la mornille de sous sa robe. « Je crois que nous ferions mieux d'appeler de l'aide. »

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Hermione sentit sa mornille chauffer et se glissa dans une salle vide. « Oui ! La mornille de Lily ! » appela t'elle éperdument. La petite image de Lily apparut.

« Hermione ? »

« Oui ! Où es-tu ? »

« Dans la maison Jedusor. Blaise et moi allons bien. Il y avait un comité d'accueil, mais maintenant il est pétrifié. Je n'ai pas de copie de la carte, et il faut qu'on sorte d'ici. »

Hermione était effondrée. Elle non plus n'avait pas de copie de la carte. « Attends, » s'écria t'elle. « Je sais où en trouver une ! »

La voix de Lily, faible mais claire, lui répondit, « Je sais que Harry en a une ! »

« Harry est parti, et il n'a pas répondu à mon appel, » l'informa Hermione. « Je pense qu'il vient t'aider. Lui et Drago ont été vus volant vers le sud. »

« Oh mon Dieu, » grogna désespérément Lily. « Est-ce qu'ils sont fous ? Tout le plan est en train de s'écrouler. J'appelle Severus, il a mon autre mornille. »

« D'accord. » Hermione se tortillait d'anxiété. « Pendant ce temps là, je trouve une carte. Je pourrai vous guider vers la sortie. »

Elle se précipita dans les escaliers. Dumbledore devait avoir une copie, mais il en aurait besoin. Elle connaissait une autre copie, et décida qu'elle devait se la procurer.

Ron la vit, et l'appela. « Eh, Hermione, arrête ! » Elle continua à courir, et il la rattrapa. « Où est parti Harry ? »

Les escaliers pervers la dirigèrent inexorablement dans la mauvaise direction. Elle donna un coup de pied dans la balustrade, et se remit à courir quand ils finirent par s'arrêter.

« Quand Lily et Blaise ont disparu, ils ont été emmenés par Portoloin à Voldemort, » répondit-elle. « Je pense que Harry est déjà en route vers eux. »

« Sans nous ? » Ron était horrifié. « Il va se faire tuer ! »

Hermione reprenait son souffle, et réussit à articuler, « Il ne s'est jamais remis de ce qui s'est passé au Département des Mystères. Il a peur pour nous. »

« Eh bien, j'ai sacrément peur pour lui moi aussi ! » Il lui prit le bras. « Il aime cette Jones, pas vrai ? Il se passe quelque chose avec elle. »

Ce n'était plus le moment d'être prudent. « Oui, il y a un secret concernant Lily. Je ne peux pas, je ne peux absolument pas te dire de quoi il s'agit. Dumbledore est au courant, ainsi que beaucoup de professeurs. »

Ron avait le regard de quelqu'un qui venait d'avoir une révélation. « C'est une espionne, pas vrai ? Dumbledore a trafiqué le Choipeau, et l'a mise à Serpentard. »

Hermione s'était remise à courir. La porte qu'elle cherchait était juste au bout du couloir. « Oui, quelque chose comme ça. Mais personne ne doit le savoir, Ron. Tu ne peux en parler à personne ! »

Ils étaient à la porte de la classe de Défense. Elle était fermée à clé, et Hermine se souvint que c'était la pleine lune.

« Euh, Hermione, » s'étrangla Ron. « Je ne crois pas que tu veuilles entrer ici en ce moment. »

Le verrou ne résista pas longtemps à une sorcière intelligente et déterminée. « Il le faut, Ron. Le Professeur Lupin a pris sa potion Tue-Loup, et je ne risque rien. Il y a une carte là-dedans qu'il me faut absolument. »

La pièce était d'une obscurité oppressante. Hermione murmura « Lumos, » et elle s'éclaira d'une lumière crue, qui dessinait des ombres noires. Ils avancèrent doucement à l'avant de la classe, et Hermione se dirigea vers les quartiers personnels du Professeur Lupin. Ron étouffa une protestation.

Le bureau était en vue, et la pile de parchemins. Elle avança jusqu'à lui sur la pointe des pieds, et attrapa la carte qui était au dessus du reste.

Il y eut un grognement. Hermione vacilla, et prit une profonde inspiration. Dans un coin de la pièce, deux grands yeux jaunes la fixaient. Ron essaya de se placer protectivement devant elle.

Elle l'écarta avec douceur, et dit, « Professeur Lupin, nous avons besoin de la carte. C'est un peu la pagaille, j'en ai peur. Lily a été kidnappée vers la maison Jedusor à l'aide d'un Portoloin. Je pense que Harry est parti à sa recherche. Lily m'a appelée avec sa mornille. Tout va bien pour le moment, mais j'ai besoin de la carte pour la protéger. »

Lentement, le loup-garou se leva, prenant appui sur ses pattes antérieures. Il grogna de nouveau, découvrant ses longues canines pointues, mais Hermione voyait l'intelligence humaine de son regard. Rapidement, elle roula la carte, attrapa Ron par la main, et sortit de la pièce en courant. « Bonne nuit, Professeur ! » lança t'elle par dessus son épaule, laissant la pièce plongée dans le noir.

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NdA : La Bohême est un opéra adorable, dont l'intrigue est familière à ceux qui ont aimé Rent (2). Cependant, personne ne pourrait le qualifier de défi intellectuel. La tétralogie de Wagner, l'anneau des Nibelungen, est basée de très loin sur les mythes nordiques et une fresque médiévale allemande. Elle est très intéressante, même pour ceux qui ne sont pas spécialement fans d'opéra. C'est amusant de voir quels sont les thèmes et les intrigues que Tolkien en a utilisé dans le Seigneur des Anneaux.

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ndt :

(1) Ok, j'avoue, je ne connais pas Wagner moi non plus. Si j'ai fait un contresens, dites-le moi et je rectifierai.

(2) Idem pour la comédie musicale. En même temps, je doute que Rent ait traversé la Manche. Si vous connaissez le titre français…

Trinity, Alexielle, merci pour vos reviews. Il ne reste que deux chapitres, et vu la fin de celui-ci, j'essaierai de poster la suite rapidement.

Zazaone : en fait 'mon garçon' est la façon dont j'ai traduit 'dear boy', qui était encore plus enfantin, à mon sens. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a des limites aux termes que je peux employer pour parler de Sev… Et si tu aimes qu'Hermione prenne des initiatives… Il faudra attendre…