Chapitre 2

.


A/N: Angst angst angst et fluff...


.

Elle porta son corps gelé dans le futon et s'empressa de faire du thé. Après lui en avoir fait boire quelques gouttes, elle posa sa tête contre son torse espérant un signe de vie. Un sourire se dessina sur son visage rassuré, lorsqu'elle perçut les battements de son coeur.

Elle lui ôta promptement sa tunique banche, alors grise et mouillée, pour la nettoyer. Ainsi elle découvrit ses blessures, et à nouveau son visage devint sombre et se couvrit d'inquiétude.

Elle fit ce qu'elle put pour les laver le mieux possible, et arracha un pan de sa jupe pour les bander. Puis épuisée, elle se laissa choir à son côté.

Mais le visage du yohko restait frigide et pâle. Alors elle s'étendit contre lui pour lui procurer plus de chaleur.

Peu à peu, ce dernier reprenait des couleurs ; les fines lèvres bleues se tintèrent lentement mais sûrement de rose pale...

Aya encouragée par cela, s'assoupie épuisée contre lui.

Un peu plus tard, Kurama s'éveilla; d'abord surpris de trouver la jeune fille endormie dans ses bras, il tenta ensuite un mouvement mais comprit bien vite que se mouvoir lui était pour l'instant interdit. Il pressa de la main l'endroit d'où provenait la douleur, la mémoire de l'incident lui revenant assez vite.

En effet quelques heures plus tôt, immobile, il admirait à son réveil la douce lumière qu'émettait un soleil hivernal. Ayant tout d'abord l'impression que tout cela n'avait était qu'un rêve; que la jeune fille avec qui il vivait depuis quelques jours n'avait jamais été là, il fut horrifié de réaliser qu'une tendre vague de tristesse lui traversait le coeur. Cela pourtant, ne l'ennuya pas longtemps. Il dégagea les cheveux argentés de son visage, cherchant quelque chose des yeux, puis, sourit en trouvant le fin visage emmitouflé dans son futon.

Qu'éprouvait-il ? De l'affection? Ou encore... ? Ce fut là qu'il réalisa qu'il ne savait pas même son nom. Après tout, à défaut de pouvoir lui rendre la liberté, il ne lui coûtait rien de faire montre de politesse. Il s'en voulut de sa brusquerie première.

Le bruit d'une délicate brise traversant la pièce parvint à ses oreilles. Il avait appris à écouter le vent.

Source de calme ou encore colère divine, il semblait chuchoter constamment des secrets à qui voulait les entendre.

Il l'adorait. Comme sa mère. Mais alors, l'ombre des regrets redescendit sur son âme…

Il traversa rapidement la forêt que la neige avait recouverte de son blanc manteau, et arriva à sa lisière. Là, il sauta dans le creux d'un chêne et ferma les yeux, le coeur noué à la pensée de sa défunte mère. Car même si elle était heureuse là où elle était, elle lui manquait terriblement...

Quelques heures plus tard il était presque assoupi. Alors une bande de yohkais qui le guettaient depuis peu en profitèrent pour l'attaquer en même temps. Étrangement, le yohko, perdu dans ses pensées, ne les avait pas sentis approcher et ne les aperçut que trop tard. Tous les sept, ils réunissaient une énergie phénoménale, et Kurama fut prit de surprise.

Cependant, il finit par retrouver ses esprits et utilisa une plante pour paralyser quelques-uns d'entre eux et lâcha plusieurs plantes vampires sur les autres déjà blessés. Cependant certains d'entre-deux s'en sortirent indemnes et s'engagèrent dans le corps à corps. En peu de temps la plupart moururent. Lorsque celui qui semblait mener la troupe se montra Kurama à qui les autres avaient déjà usé presque toutes les forces, décida de prendre la retraite. Il puisa dans ses dernières ressources pour faire apparaître une de ses plantes douées de sentiments, pensant qu'elle en viendrait facilement à bout. Cependant elle fut vite détruite; son adversaire avait été sous-estimé. Maintenant Kurama percevait pleinement le Ki du yohkai ;il affectait bientôt la classe A. Il incanta l'Epée des Ténèbres et fondit sur lui... ...

Le yohko s'en était sortit, mais à quel prix...

Le corps parsemé de blessures, un filet cramoisi s'échappa du coin de sa lèvre inférieure. Kurama perdait beaucoup trop de sang. Il devait arriver en lieu sûr, le plus rapidement possible. Il se mit donc à courir, il savait qu'ainsi il perdrait davantage de sang, mais il n'avait pas le choix ; l'odeur du sang allait attirait des yohkais et il n'avait plus la force de combattre.

C'est arrivé à quelques mètres du refuge, qu'il perdit conscience, la neige le gelant peu à peu.

Réduit à ne pas faire un geste, il fixait les longs cheveux noirs. Sans trop réfléchir, il dégagea quelques mèches bouclées des yeux assoupis et sans lever la main de son visage, caressa sa joue douce et chaude qui lui rappelait tant celle d'une mère perdue.

Aya se réveilla et jeta un regard au yohko, rassurée de voir qu'il avait reprit des couleurs, mais rougissant en réalisant combien ils étaient proches.

- Daijobu ?

- Beaucoup mieux. Répondit-il, toujours en caressant. Merci.

Ce n'est rien. Tu étais bien abîmé ! Et qu'aurais-je fait ici, moi, si tu t'en été allé hein ? Tu n'avais pas intérêt de mourir ! Elle se releva lentement, désignant son torse. Des yohkais, non? Ils devaient être forts.

- Ils avaient l'avantage du nombre...

Cette dernière excuse la fit rire.

- ...Je crois que nous sommes quittes à présent.

- Oui... Quel est ton nom?

- Aya.

- Domo arigato, Aya, chuchota-il alors.

Une brise fraîche vint à passer faisant frissonner le malade encore affaibli. Aya alla fermer la fenêtre et vint se blottir contre lui, demandant à nouveau, une touche de naïveté évidente dans la voix:

- Ima, daijobu desu ka? (maintenant)

Il acquiesça lentement.

- .Aya, je ..je regrette.

- .Chut.

Elle attrapa une de ses oreilles pour jouer. Surpris, il hésita d'abord puis abandonna, quittant tout espoir de conserver sa dignité…

- Kurama, promets-moi que ça n'arrivera plus ; s'il t'arrivait quelque chose…je ne pourrais rien faire.

Alors, Kurama soupira. Elle stoppa son jeu et baissa alors le regard, souriant mélancoliquement :

- . ..Et puis, .tu..me manquerais.

Il se tourna pour la regarder. La sévérité masquait ses traits.

- ...Je vais te ramener chez toi. Si tu le veux...

Ces mots sortirent avec difficulté, comme si chacun d'entre eux le faisait souffrir.

- ...Faut-il partir… ?

- ...Iie, mochiron..., répondit-il tristement. Mais ça n'a aucune importance.

- ... ..Pourquoi cette décision?

- Et bien, il sourit un peu. Tout d'abord, même si tu racontais ce que tu sais, personne ne te croirait. … Bien que tu ne le ferais guère… Ensuite c'est agaçant, mais il semblerait que je te doive la vie… Enfin. Et puis…

- Et puis. Reprit-elle en chuchotant, un sourire avisé au visage.

- Et puis, il s'interrompit pour faire une moue enjouée. Je tiens plus à toi que je ne l'aurais pensé. C'est pour cela que je veux t'offrir ma confiance...

- Kurama...

Ce fut le seul mot qu'elle put articuler avant qu'il ne passe ses bras autour de sa taille et chuchota en l'étreignant:

- Je vais te laisser réfléchir. Elle ferma les yeux.

Sereine.

Il parvint à se lever malgré ses blessures et se dirigea vers la fenêtre.

La neige s'est arrêtée...

Durant les jours suivants, ils agirent comme s'il ne s'était rien passé, ce qui était loin de gêner le yohko, la conscience soulagée. Ils avaient réalisé leurs sentiments l'un pour l'autre, mais avaient tout renié pour ne rien remettre en cause et vivre le moment présent.

Finalement un soir, Aya penchée à la fenêtre contemplait, rêveuse, la lune ronde et claire, lorsqu'elle sentit deux bras puissants s'entourer autour de sa taille. Elle se lassa alors choir contre lui.

Il enfouit son visage à la base de son cou et l'embrassa.

- Aya...

Elle se tourna vers lui ; Il la prit dans ses bras et la serra contre lui, respirant pleinement sa chevelure parfumée. Apres un instant, elle releva la tête de son épaule et se perdit dans ses yeux ambres, alors il pressa tendrement ses lèvres contre les siennes. Revenant difficilement de sa surprise, elle rompit bientôt l'étreinte et soupira.

- Watashi...aishiteru Kurama, lâcha-t-elle tristement.

- Watashi mo."

C'est alors qu'elle le repoussa.

- ... ..Ecoute, reprit-elle, détournant de son regard au pouvoir effrayant. Je ne sais pas grand-chose de ta vie…; ce qui est certain c'est que... tu... n'es pas humain, et... qu'il te faudra sans doute partir là d'où tu viens. Quelque part. Un endroit où, peut être, tu es attendu… Je… ne veux pas que te quitter, seulement… il faut que je retrouve mes proches…

- ...Aya...

Elle chassa les larmes de ses yeux. Kurama s'assit.

- Aya, je te l'ai dit. Il n'y a aucun problème pour cela. Mais tu dois aussi savoir certaines choses...

De toutes façons, je reviendrai bien plus vite que tu ne le penses. Crois-moi. Seulement.. tu ne te rappelleras peut-être pas de moi... Si c'est le cas, alors je ne ferai rien qui puisse bousculer l'ordre des choses.

Ses yeux s'embuèrent puis des larmes s'en échappèrent et, comme des caresses d'argent, elles contournèrent ses joues pour disparaître sous son fier menton.

- Comment pourrais-je ne pas me rappeler de toi !

Il fallait qu'elle pleure; qu'elle pleure enfin librement pour apaiser son coeur. Il la serra dans ses bras en espérant s'incruster en elle et ne jamais s'en séparer. Mais il la relâcha et, passant un doigt sous son menton, l'obligea à rencontrer ses yeux.

- Quoi qu'il arrive, je t'attendrai. Sois en sûre.

Il souriait tristement. Kurama caressa sa douce joue baignée de larmes et la prit à nouveau dans ses bras.

- Koibito, murmura-t-elle enfin contre sa poitrine, "Si tu dois partir, ...s'il te plaît, prend ceci...

Je n'avais pas jamais ces sentiments auparavant et je t'en remercie, mais faut-il qu'il déchire ainsi nos coeurs ?" soupira-t-elle.

Et elle lui glissa dans la main un fin mouchoir bleu lagon brodé d'un ange rose.

Il acquiesça.

- Demain tu seras chez toi.

Elle avait prit ses joues des deux mains et posé sa tête contre la sienne. Ses yeux déversaient toujours plus de larmes dans un parfait silence.

Ces paroles vieilles d'un jour seulement, ne résonnaient-elles pas encore dans son esprit quand Aya chercha le sommeil ? Ce dernier se ri d'elle et fui plus loin.

Ils avaient quitté la forêt de nuit, et arrivés devant le portail de sa maison, il se décida à la quitter.

Ils avaient à peine échangé un furtif baiser que déjà, la créature légendaire avait disparue.

Aya s'accrocha à sa promesse et survécut par l'espoir.

Cependant au font d'elle, un coeur transpercé de l'épée Fatalité criait injustice.

Lorsqu'elle s'éveilla le lendemain dans sa chambre et crut à un rêve… ou préféra le croire, elle se leva et trouva près de son oreiller un rose rouge écarlate...

...La triste hémorragie d'un coeur ou force implacable d'un amour éternel.