Chapitre 4
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Un portail s'ouvrit quelque part dans le Ningenkaï, comme un reflet lisse et pourtant encore trop rugueux dans la tranquillité habituelle des aurores de Kyotô.
Un personnage sembla le traverser. Sa silhouette s'y engouffra, derrière les arbres vers de la digue florale artisanale.
Le curieux écran aux reflets en spirale demeura fidèlement au même endroit, attendant le retour de son passager dans son monde… Mais pouvait-on insinuer que le ningenkaï était le monde de Kurama…?
Il marchait sereinement, remontant le long fleuve menant au palais spirituel.
Du moins il en avait l'air. Nul être du reikaï sur son chemin ne parut le voir ou plutôt, lui prêter attention. C'était très bien comme ça. Shuichi, après avoir passé le portail et les frontière du reikaï, redevenu kitsune; n'avait en tête qu'une seule chose. Ayame... et tous les problèmes que ce nom lui causait.
Peut-être, malgré tout ce qu'il aurait protesté, que... le concept d'être lié d'une façon ou d'un autre au monde humain lui plaisait. Son ami avait remplacé sa mère, et il en était subconsciemment content. Peut-être que cette idée de liberté qu'il avait chérie toute sa seconde enfance était relative, négociable... Il avait l'amour ; n'aurait-il pas l'espoir ?
Les onis gardiens des portes du palais ne virent qu'une ombre vague glisser sur le vent, à l'intérieur. Il était déjà dans les couloirs. Son pas s'accéléra. Il assomma à peu près tout ce qui ne s'enfuyait pas en hurlant, et qui essayait de l'affronter. Il y avait déjà trop de sang versé dans les coeurs.
Kurama poussa les grandes portes du bureau du fils du gouverneur du reikaï, et déambula sans plus de formalités dans la vaste pièce.
« Kurama ? s'étonna Botan, une liasse de formulaires dans les bras.
- Kurama, reprit gravement la forme réduite et infantile du fils d'Emma la grosse tétine bleue toujours à la bouche. Il te manque peut-être un objet sacré? ironisa-t-il. Si mon père était là... De toutes façons tu ne sortiras pas d'ici ! Donne-moi le miroir. »
George s'avança pour saisir la relique que le voleur portait sous le bras. Menacé par un poing convaincant, il s'immobilisa et baissa le bras indécis.
« Je vois que je peux compter sur mes serviteurs... Pourquoi l'a tu emmené ici, pour me narguer ? demanda hautainement Koenma.
- Motomeru outou, ne. (tu me l'avais offert sur un plateau, n'est-ce pas?)
- De quoi parles-tu !
- ... Tokorode kaasan. (de ma mère)
- ...»
Le jeune seigneur se transforma en adulte et fit sortir ses employés d'un geste.
Botan, gagnant les portes, rencontra le regard du kitsune et sourit faiblement ; presque un rictus. Mais il lut dans ses yeux un message clair. La guide les baissa imperceptiblement ainsi que la tête, dans un mouvement de tristesse et de regret. Ils s'étaient entendus. Et même si durant les nombreux siècles où ils s'étaient connus, elle n'avait jamais voulu l'accepter, elle savait maintenant reconnaître la limite entre rêves et devoirs ; car si la folie de l'espoir avait tantôt taquiné cet esprit libre, elle savait aussi que les légèretés du passé sont faites pour être un jour oubliées.
Aussi, ne venait-elle pas de lire dans son regard qu'il en était grandement temps?
La croisant, il lui serra brièvement la main, lui chuchotant un 'au revoir' qui chassa tout brouillard sur leur relation.
« Sayounara, répéta-t-elle avant de sortir sans bruit.
Koenma croisa les bras une fois la jeune guide partie :
- Je te préviens, ne t'approche pas de Botan. »
Le kitsune sourit et adressa une moue méprisante au jeune homme :
- Ne t'inquiète pas, je ne remettrais pas de sitôt les pieds ici.
- Et c'est heureux. ... J'ai été patient avec toi, Yohko Kurama. Si je t'ai offert une deuxième chance en tant que Reikaï Tanteï ce n'était pas pour que tu gratifie ma confiance par un vol. Je crois que tu ne changeras jamais.
-... Ce qui est autour de nous change. Nos natures sont immuables, reprit le voleur d'argent dans un murmure tranchant. Qu'as-tu fait d'elle ?
- Elle est dans un lieu où les soucis n'existent pas... Elle y a tout oublié... et c'est bien mieux.
Le jeune seigneur soupira:
- Te voilà libre.
- Pourquoi m'avoir laissé te le prendre...
- Pour justifier la confiance que j'ai placé en toi.
- ... T'ai-je déjà dit que je ne peux te sentir ? » Susurra-t-il. Tu as tendance à soutirer cette déférence qui m'agace.
- Alors que veux-tu faire, Reikaï Tanteï ? continua le seigneur sans relever l'étrange compliment mais en conférant, ce qui agaçait le yohkaï, un importance toute particulière à son dernier mot. Vas-tu encore jouer à Robin des Bois de ce côté ? dit-il en désignant une haute baie vitrée où on voyait s'étendre les lointaines plaines du makaï. Ou bien les bacheliers rangés auprès d'Ayame...? »
Le regard du kitsune ne s'altéra pas.
« Quel est mon troisième choix? Il y en a toujours trois...
- Oui, le chiffre parfait de la vie...même si le dernier est toujours illusoire.
- J'ai pris goût à cette situation, dusse-t-elle te paraître vaine.
- Oui, tu as déjà choisi, n'est-ce pas, reprit le prince en se levant pour rejoindre le voleur qui regardait par delà la vitre. Mais laisse-moi te surprendre: il y a cette fois-ci une quatrième possibilité... Tes concessions me plaisent…je vais te confier quelque chose. Cette jeune fille... Elle est très jeune mais elle a la vie devant elle. Et une de plusieurs siècles.
- ... Explique.
- Yohko, tu as jet ton dévolu sur une prêtresse d'Obril. Personnellement je trouve cela assez insolite.
Il sourit:
-... Alors si à présent, j'ai répondu à tes questions, ... »
Il tendit les mains vers le kitsune; Kurama se tourna et lui remit le miroir, hésita puis lui offrit un signe de tête avant de quitter le bureau.
« Kurama, murmura Koenma une fois seul en retournant ce mot sur sa langue. Intéressant... Le yohkaï le plus indécis et le plus étrange que j'ai connu. Ils ne sont pas censé chercher la lumière pour ce que je me souvienne... »
Il secoua la tête et retourna à son bureau.
Shuichi retourna la phrase dans tous les sens possibles. Comment pouvait-il affirmer cela de la jeune fille. ils s'étaient vus pendant plus de trois mois et il n'aurait pourtant rien remarqué...? Et en y regardant de plus près, ...il fallait admettre que posséder des yeux bleus étant née à Kyoto suscitait le scepticisme. ...Mais bon, il n'y avait rien là de vraiment important ; ce n'était pas impossible.
Quoique les prêtresses d'Obril avaient un regard particulier... Rien ne lui coûtait de vérifier!
C'était là une raison suffisante pour attendre les cours du lendemain.
Shuichi ferma la porte de son appartement et se mit en route. Les rues bruyantes du quartier, et l'ambiance moite du suspens accompagnaient chacun de ses pas. Suspens qu'il gérait, bien entendu, le plus naturellement possible.
Durant la route qu'il lui restait à faire pour gagner le campus, il avait tout son temps pour méditer sur l'étrange situation dans laquelle il se retrouvait.
Les prêtresses d'Obril étaient des êtres assez particuliers ; si elles étaient les antonymes de yohkais, elles ne faisaient pourtant guère partie du reïkai, et vivaient bien trop longtemps avec des aptitudes exceptionnelles qui les disqualifiaient définitivement de la candidature humaine. Une chose étrange pourtant était que, fragiles et incapables de voler, elles étaient généralement des invoqueurs... de yohkais. Et parvenaient tout aussi bien à les dresser.
Certainement leur capacité de télépathie, d'invisibilité et leurs pouvoir d'assujettissement sur les consciences du makaï leur valaient cette possibilité.
Shuichi se demandait si Aya savait... Il entra dans l'amphithéâtre et prit place à son banc habituel, se débarrassa plus ou moins courtoisement de ses admiratrices et sortit de quoi écrire.
Le professeur de sciences-po ne tarda à arriver. If fit son cours. Celui-ci traitait des dangers liés aux psychoses lors d'une catastrophe révolutionnaire pour le drapeau d'une population. La foule avertie peut générer beaucoup de dégâts si paniqués. Mais la relation de confiance politique et médiatique se consolide. De plus la communication peu offrir un avenir de solutions, bien que construit de concessions. Dans le cas contraire, expliquait-il d'un ton plus que mort, le secret préserve la paix individuelle, mais charge les avisés et prive le peuple de son droit à bonne information. A chaque situation, l'on trouve le choix le plus judicieux à partir du contexte, de ses antécédents, et bien sûr du niveau de confiance déjà instauré.
Comme si Shuichi n'avait pas assez de difficulté à trancher, il lui fallait endurer ce cours un peu trop pertinent! ...
Heureusement, la sonnerie retentit et les étudiants rassemblèrent leurs affaires. Comme il marchait dans le couloir de la faculté de droit, afin de rejoindre son prochain cours, il aperçut Ayame arrivant en face, accompagnée d'étudiants. Elle aussi avait levé les yeux et alors le temps se glaça. Cependant ils étaient les seuls à le savoir. Un calme factice enveloppa leurs visages et les plus populaires rivaux de l'Ecole Hashiva se saluèrent poliment en se croisant, puis chacun suivit son chemin.
« Hé! Minamino! Appela un étudiant du club de botanique. Il paraît que l'école a décidé de créer un système d'options avec les partiels. Cela ne concerne que les membres des clubs. Chaque élève peut choisir une épreuve facultative concernant son club. Il y a de quoi gratter des points gratuitement, non? Il leva un doigt indicatif et ajouta, tout en marchant: Il paraît que Hinagiri s'est inscrite dans le club de langues mortes, à propos. C'est sûr qu'avec ça ses résultats ne peuvent que s'améliorer... »
Il observa le jeune homme du coin de l'oeil, espérant quelque réaction.
Qu'essayait-il? D'exciter leur rivalité fantoche?
« Minamino, je n'y comprends rien! Intervient un autre membre, frustré par l'apathie du roux. Tu as la main la plus verte de la fac, pourquoi tu refuses de rejoindre le club de botanique ? »
Shuichi s'arrêta et se tourna vers lui, formant un de ses sourires préfabriqués et malgré tout rayonnant:
« Veuillez m'excuser, seulement...c'est ainsi. »
Sur ce il les laissa là et reprit sa route, avant que les filles, et certains gars spéciaux, qui l'avaient vu discuter ne le harcèlent. Le terme était un peu franc, songea-t-il, mais pertinent.
De toutes façons, comment ferait il pour travailler avec Usuke et les autres si un club devait entraver son emploi du temps. Ses résultats étaient bien assez suffisants. De plus, sa...mère, n'était plus là pour les apprécier. Quant au 'membre du club de langue mortes', songea-t-il en se relaxant, comme si un baume effaçait la douleur de la pensée précédente ; ...le challenge était fini maintenant qu'elle savait.
Et puis, honnêtement, quelle futilité! commenta le yohkai en lui.
Les heures se succédèrent avec les professeurs. Et...enfin! La mascarade avait donc une fin : la sonnerie retentit, annonçant sa liberté...et sa crainte.
Car pour une fois, Yohko Kurama, le bandit le plus impopulaire du de éprouvait ce sentiment étrange qui avait déjà bouleversé les plus trempés des caractère pour les amener à des actes irréfléchis. Il avait peur.
Peur de perdre celle qu'il avait déjà perdue et revenait vers lui. Peur de retrouver la solitude. Peur de la brusquer. Peur de sa réaction. Peur de ses choix...
Mais la Fatalité existait bel et bien; même si cela n'avait pas été évident de l'accepter pour le voleur plein de ressources qui avait bien longtemps cru que le monde n'était qu'une grosse sucette lui appartenant, avec le temps, et la perte de beaucoup d'amis, il avait bien du se rendre à l'évidence: peut-être que le monde appartenait à Chance, finalement.
Il marchait alors dans la rue, mais ne la voyait pas, ni elle, ni les vies qui l'entouraient.
Juste le visage d'Ayame Hinagiri.
Parvenu chez elle quelques heures plus tard un fois assuré que ses cours étaient finis et qu'elle avait eu le temps de rentrer, il sonna à la barrière du pavillon. Mais personne n'ouvrit. Au bout de quelques temps, il sonna encore mais rien ne vint. À la troisième fois, un visage parut à la fenêtre de la maison. Puis la porte d'entrée bougea. Elle avait un regard horrifié et faillit trébucher en se précipitant pour lui ouvrir. Ses mains gelées travaillaient fébrilement sur le cadenas que les Inagiri venaient de verrouiller, puis le grave déclic du mécanisme précéda le grincement du portail. L'étudiante agitée se mit en retrait pour l'inviter à entrer.
« J'ai préparé tout ce qu'il faut. Mais je voudrais que nos discutions avant que tu ne choisisse.
- Où irons-nous?
- Chez moi si cela te convient. »
Elle acquiesça et disparut à l'intérieur de la maison pour laisser un mot à sa famille et se saisir d'un anorak; l'hiver commencer doucement mais sûrement à s'installer.
Tandis qu'ils gagnaient l'appartement du kitsune, Aya devait résister à l'envie pressante de glisser une main sous le bras de Shuichi. En effet l'attitude distante et soucieuse qu'il avait un peu plus de mal à dissimuler que d'ordinaire l'ennuyait beaucoup. L'ascenseur se stabilisa. Il fourra les clés dans sa porte avec autant de minutie que le stress martelait son esprit.
Il posa le verrou derrière eux et partit dans une partie de l'appartement en quête de deux verres; Avec un sourire un peu crispé il lui présenta finalement deux tasses fumantes et odorantes d'un fin capuccino qui serait bien utile à l'étudiante pour digérer l'information qu'il allait devoir lui partager.
Elle se pinça les lèvres alors qu'il s'asseyait d'une grâce cette fois un peu forcée. Shuichi croisa les jambes puis les main en préparant rapidement son discours.
Son regard lui donnait l'impression d'être clouée à ce fauteuil et scellée là jusqu'à ce que son bon vouloir l'en décroche. Il s'était assis en face d'elle et avait posé entre eux, sur la table basse l'élixir spécial. La distance qu'il avait placée entre leurs deux sofas gorgés de neige la rendait mal à l'aise.
C'était comme un mauvais film ou un mauvais scénario faisant sonner faux la narration et dont le dénouement était presque palpable.
« Ce que je dois te dire va peut-être te surprendre. Lorsqu'il eut dit cela, on eût cru avoir entendu le glas. Je ne sais si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Il est entièrement sujet de toi. »
Le visage de l'étudiante se défit. Il le nota mais poursuivit de peur de ne le plus pouvoir ensuite:
« J'ai eu l'occasion de reporter hier soir le miroir enchanté à son propriétaire. Celui-ci m'a donné son avis en ce qui te concerne. En ce qui concerne ta nature... Je ne devrais peut-être pas t'en informer si cela t'est inconnu. Mais j'ai pesé trois choses avant de prendre ma décision. La première était l'amour que tu m'as juré et que j'ai vu dans tes yeux. La seconde, c'est ton droit de décider de ta vie. Le dernier facteur... Il caressa son petit flacon noir entre eux. Je vois ici encore l'appel du large dans ton regard. Seulement, c'est l'océan des plaines du makaï qui te donne le vertige! Un rêve de pouvoir! Un rêve de liberté.
Les coins de ses lèvres se courbèrent:
- Es-tu sure d'être humaine? »
Aya inclina la tête. Ses longs cils semblaient cacher un grand soupir dramatique.
« Est-ce que cela fait pour toi une différance? »
Elle entrouvrit un oeil inquiet et timide alors le cruel libéra un rire limpide propre à lui-même.
« Oui tout de même. Tu me laisses prétendre à ton amour, prétendre à ta confiance et tu me caches cela. Tu m'a laissé me leurrer jusqu'à préparer un nectar dont tu n'as pas besoin, ...
- Mais si j'en ai besoin pour oublier! Protesta-t-elle haut et fort. Je ne fais pas exprès de t'aimer. Pas exprès de souffrir... »
Elle se mordit la lèvre, tremblante, mais une larme s'enfuit de son regard.
« Mais pourquoi souffrir quand nous pouvons finalement partir, ...
- Tu n'imagines pas combien j'ai tué de kitsunes comme toi. En plus je ne maîtrise pas toujours mes pouvoirs et je peux à tout moment clarer des vies à une demi lieue à la ronde grâce aux soleils du makaï.
Si tu reste avec moi, aussi, cela arrangera drôlement ta réputation car on croira que je t'ai fait prisonnier et pis; si on découvre que tu m'aimes, alors il nous deviendra impossible d'entrer dans un territoire occupé sans être cause de révolte.
« C'est tout? Parfait si c'est si simple...! Tu viens donc avec moi?
- Kurama...
- Ne discute plus. Et ta famille; s'en inquièterait-elle beaucoup?
- Euh...ils croient que je suis fille au pair. Je leur dirai que je rentre chez moi.
- Est-ce vraiment faux...? Le regard du kitsune brilla d'un éclat d'ingénuité.
- Comment as-tu su...que je savais?
- Tes yeux. Tes yeux Aya; malgré tout ce que tu as fait ou dit, hier, ton regard m'a donné espoir. Devant le feu d'artifice tu as longuement médité. Il y avait dans tes océans bleu beaucoup de connaissance. Je ne comprenais pas pourquoi... Mais Koemma a clarifié les choses.
- Lorsque les rayons du troisième soleil du makaï n'atteignent pas les yeux d'une prêtresse d'Obril, avec ses pouvoirs s'ébrèche aussi sa mémoire et il y à en cela trop de chose que j'ai oublié c'est pourquoi il m'est impossible de retourner toute seule là-bas. Je ne survivrais pas bien longtemps.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit.
- Parce que je faisait une bien triste prêtresse sans mes pouvoirs tu ne trouve pas?
Elle soupira et poursuivit sur un murmure. Et puis... je ne voulais pas te perdre. Ne suis-je pas une ennemie pour Yohko Kurama?
- Ce nom a perdu sa charge et Kurama a changé. De plus, Shuichi pense autrement... »
Il lui offrit alors un sourire discret si doux et si franc qu'elle eut le courage de relever la tête pour mieux en profiter avec un nouvel espoir.
« Tu es sérieux... ? »
Il contourna la table pour la rejoindre, ouvrit la fiole et en répandit le contenu sur le plancher; tant pis pour les lattes.
« Devine. »
La tête d'Aya disparut dans ses bras ainsi que sa gêne sous ses lèvres laborieuses d'une patience agaçante.
« Et oui, murmura-t-elle, réalisant finalement leur décision. Notre exil touche à sa fin... »
Elle chavira ainsi sous l'affection étrangement puissante qui l'avait menée à lui; un yohkaï et un bandit.
Mais en dépit des épreuves, le temps des larmes était fini car les retours d'exils sont faits pour être dans la joie et la confiance..
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A/N: Si vous n'avez pas été dégouté de cette histoire à cause du cynisme dont j'ai fait preuve à son égard malgré les merveilleux commentaires qu'elle a reçu, alors merci de votre patience. Telleement de temps à passé depuis cette première fanfiction jusqu'à ce que je me sente à ssez sûre de mon écriture pour la regarder en façe sans sarcasme. Merci de tout votre soutien et votre engouement que je ne méritais pas.
A présent, voici le premier jet que j'avais fait de la courte nouvelle Quitte ou Double qui suivait celle-ci (Je préviens, l'OC ne change pas beaucoup de la précédente).
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Dans une profonde caverne, au milieu de ce nulle-part qu'était le Makai, retentit un cri.
La créature s'approcha de la forme recroquevillée du renard hybride.
Pourquoi l'avait-il aidé quand il était surtout connu pour ses sanglants larçins ? Probablement qu'il cherchait autre chose... Elle espéra alors un autre moyen sauver sa vie. Elle posa un main sur son dos, à côté de la blessure que le dragon de glace lui avait infligé ; celui même qui venait de dévorer sa famille sous ses yeux en quelques minutes. Pourquoi ce combat? Il était simplement apparu et avait promptement fait de terrassé la bête. Mais quel en était le prix?
Il était déjà tard et les étoiles s'allumaient. L'épave du colosse gisait sur le sol craquelé. Lui, un peu plus loin, essayait d'ignorer le poison qui lui brûlait le dos. Mais cela n'était qu'une question de temps car son sang se régénérait de lui-même repoussa instinctivement la petite main et se redressa, plissant les sourcils : il n'y avait légende était fausse : le corps de la bête ne recelait absolument aucun objet de valeur. Tout cela pour rien. Il avait donc perdu son pari avec Kuronue.
— Merci...pour ma viem finit-elle par oser prononcer.
Surpris, il inclina la tête pour considérer l'humaine poliement inclinée. Tiens ? Il avait encore sauvé quelqu'un...par accident. La prochaine fois, songea-t-il avec humour, il ferait plus attention.
— Ne remercie pas trop vite, répondit-il, glacial et menaçant.
Dans un mouvement trop furtif pour l'oeil nu, il l'attrapa et jailli hors de la caverne. Sans ralentir sa course effrénée, il se dirigea jusqu'à son plus récent repaire situé alors à quelques centaines de kilomètres de là ; espace qu'il franchit en peu temps car il voulait faire, au calme, le bilan.
Du coin de l'oeil, il jeta un regard curieux à l'humaine qu'il avait jetée sans effort sur son épaule. Il la trouva étonnement calme. Pas une once de peur ne se dégageait de son étrange aura. Il cligna des yeux et partit d'un ton relativement neutre.
— Bien, bien. La meilleure préparation pour de l'humain ? Bof, tartare c'est déjà parfait. Il faut jsute un peu pétrir avant.
Elle se raidit. Sitôt la posa-t-il au sol, qu'elle esquissa un mouvement de fuite. Peut-être en l'irritant obtiendrait-elle une digne mort. Mais la créature mythique bloqua tous ses mouvements. La seule issue restante était cet arbre qui ombrageait son cabanon de fortune. Elle y grimpa avec la savante agilité des siens. Mais étant montée au plus haut et ne pouvant sauter, bloquée par cet être, elle entreprit de le provoquer, lui crachant au visage. Mais la crainte de se faire dévorer de la même façon qu'il en avait été de sa famille rendait tout cela désorganisé. Il évita, bien trop aisément à son goût, tout projectile coupant ou visqueux qui lui était désigné avant de brandir une épée devant elle. Il la jauga d'un oeil froid et machiavélique et ne put lire en elle qu'un grave confromisme...anisi qu'une larme coulant lentement sur sa joue.
Yohko pressa d'avantage son katana contre sa peau, formant un souire cruel.
— Tu as terminé ? Je ne suis pas antropophage.
Une vague de soulagement se diffusa ostensiblement en elle. Toutefois elle contint son soupir, de crainte d'offenser celui qui, tout à coup redevenu son sauveur, n'en restait pas moins yohkai, cynique, machiavélique et retors. Pas anthropophage... alors ce n'était pas grave. Son honneur de makina serait sauf. Elle se détendit, désormais apathique.
Quelque silencieuses secondes plus tard, s'ennuyant sans doute, elle n'hésita que peu en guidant sa main vers la joue de cette créature qui semblait chercher à l'analyser. Elle jouait bientôt avec ses curieues oreilles sans plus d'inquiétude pour elle-même. Ne pouvait plus supporter de ce sentir ainsi jaugée, elle joua au culot et glissa ses doigts vers sa nuque. Le guerrier soudain las rangea silentieusement son épée et se laissa guider. Et puis tout simplement, sans mot, curieuse, elle l'embrassa.
Inquiète, elle n'attendit pas sa réaction pour quitter ses lèvres et se laisser choire confortablement contre le tronc. Il s'éfforça de ne pas laisser paraître sa surprise, et, plein de cette même flegme, posa sa tête sur son épaule. Pour voir comment sentait une makina...; pour savoir comment elle réagirait...; pour oublier la migraine qui le menacait face à cette énigme vivante. Cette dernière referma ses bras autour de ses épaules et, immobile, fit le vide dnas son esprit.
— Tu es une makina, vous devenez rares. En fait, votre existence même est quasi incertaine. N'est-ce pas pratique ? Plus que trois villages aux emplacements secrets...pour raisons de sécurité. Bien triste...
Il se redressa, le visage fermé mais serein. Elle ne sut dire s'il se moquait.
— Méfiants, poursquivi-t-il, mais incapable de se défendre contre une mouche ici, n'est-ce pas? Des humains plus ou moins adaptés au mode de vie du Makai... Que vas-tu faire à présent ?
La lueur d'espoir qu'elle combattait depuis quelques secondes avait avait quand même fait son chemin. Son envie de vivre reprennait le dessus.
— Il est dangereux de se promener seule...la nuit. Et tu te méfie trop de moi pour me laisser t'escorter chez toi...pas que tu en ait tord...
— Je n'ai...aucune raison de me méfier de toi, reprit-elle froidement. Elle arrivait un peu à contrôler sa voix à présent.
— J'attends que tu te lasses de ce jeu.
Il fut fut un court instant déstabilisé.
— Mon village est derrière moi ? chochota-t-elle cette fois pour elle même. Tant pis, je n'y retournerai pas. Surtout avec toi.
Il parti d'un rire mélodieusement effrayant.
— Que crois-tu que j'aie à foutre de ce vilage? Je suis voleur de reliques ; j'ai d'autres choses à faire que de chercher des humains.
— Bien sur... N'es-tu pas aussi mercenaire?
— Que dit-on d'autre?
Elle poussa un soupir et continua.
— Cruel, dangereux, impopulaire ; une vraie légende, Yohko Kurama, finit-elle avec un évident fatalisme. Où veux-tu en venir?
— Et si pour m'amuser je te...persuadais de me révéler l'emplacement de ton vilage ?
— Qu'y gagnerais-tu? Peut-être le plaisir d'un génocide. Mais non pas celui-là, Yohko Kurama, jamais.
Il se contenta de sourire et caressa sa joue de l'extrémité des doigts.
— Ce serait un gâchis, décida-t-il finalement, énigmatique, s'octroyant son attention. C'est pourtant ce qui arrivera si tu restes seule ici. C n'est pas ta pauvre formation de Makina qui te permettra de survivre à un voyage jusqu'au tiens. Tu l'as peut-être compris avec ce dragon...
Il lui tendit la main bien plus sérieusement. Elle hésita, puis la saisie. Il l'entraina, descendit de l'arbre et s'arrêta devant l'entrée.
— Je vais m'occuper de toi, lui chuchota-t-il, penché sur elle alors que ses lèvres capturaient le lobe de son oreille. Cela te convient-il?
—A quelle sauce, elle sourit, ses mots empreints d'une doucereuse ironie déjà conquise, combien de de nuits ?
Le kitsune lui prit doucement le menton, et ses lèvres descendirent rencontrer tendrement les siennes avec un murmure :
— Découvrons-le ensemble...
