Note :

Alors tout d'abord, les persos ne m'appartiennent pas, ils sortent tous (pour l'instant) de la tête de JKR, je ne compte pas m'en servir pour gagner de l'argent… bla, bla, bla…

Ensuite, je voudrais dédicacer cette fic à Mattéic car elle m'a donné envie d'écrire. Et aussi à tous ceux qui ont lu le début sur un autre site car ils m'ont encouragée à continuer.

Enfin, j'espère que ça vous plaira : c'est la TOUTE NOUVELLE VERSION du premier chapitre. Plus longue, plus travaillée.

N'hésitez pas à me laisser des reviews avec vos remarques ou à me mailer, je réponds toujours !

I. Retrouvailles

« Twenty three and so tired of life

Such a shame to throw it all away

The images grow darker still

Could I have been anyone other than me? Then I

Look up at the sky

My mouth is open wide, lick and taste

What's the use in worrying, what's the use in hurrying

Turn, turn we almost become dizzy »

Dancing Nancies – Dave Matthews Band


Sirius était allongé sur son lit au 12 Grimmauld Place, les yeux fixés sur le plafond. Il était revenu depuis quelques jours de chez Remus et attendait avec impatience les nouvelles consignes de Dumbledore. Il ne supportait pas de devoir attendre dans cette maison qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs... mais c'était l'endroit idéal pour le quartier général, alors il allait falloir qu'il s'habitue. Le Maraudeur se leva et alla directement à la salle de bain. Un peu d'eau fraîche sur le visage et cela irait mieux. Quoique…

Alors qu'il finissait de s'essuyer le front, son estomac se mit à grogner, lui rappelant qu'il n'avait rien avalé depuis la veille au soir. Sirius avait énormément de mal à s'asseoir à la grande table de la cuisine, seul. En fait, toute la maison le mettait mal à l'aise, avec ses têtes réduites d'elfes, ses ornementations chargées de serpents, ses murs sombres, les tableaux des membres de sa famille qui le regardaient avec mépris chaque fois qu'il passait devant… Sans oublier celui de sa mère qui l'insultait au moindre bruit dans l'entrée !

Sirius avait été frappé par l'état de délabrement de la maison quand il était rentré. Il ne pensait pas la trouver « comme neuve », mais il ne pensait pas que l'elfe l'aurait laissée se détériorer ainsi. Bien qu'à aucun moment il n'ait pensé se trouver nez à nez avec Kreattur après tant d'années. Et cette cohabitation forcée ne faisait qu'agrandir son malaise car le vieux serviteur ne laissait pas passer une occasion de l'insulter, de lui rappeler à quel point il avait déçu ses parents, sa famille…

La faim étant trop forte, le Maraudeur s'était décidé à descendre et inspectait maintenant les différents placards et tiroirs de la cuisine. Plusieurs paquets de provisions, que lui avait envoyés Rémus, étaient disposés sur la table. Ce dernier savait que son ami ne devait pas sortir de Grimmauld Place, sur ordre de Dumbledore, et il lui avait fait parvenir par hiboux de quoi soutenir un siège, malgré ses faibles ressources financières. Sirius n'eut donc que l'embarras du choix entre les gâteaux, les chocolats et les pâtés. Le loup-garou avait même pensé à lui envoyer de la bièraubeurre ! Il ne restait donc qu'à trouver des verres, assiettes et couverts qui ne soient pas trop sales, pour ne pas passer plus de temps à les récurer qu'à manger.

Sirius avait pourtant demandé plusieurs fois à Kreattur de nettoyer un minimum la maison, pour pouvoir accueillir les membres de l'Ordre de façon convenable. Mais l'elfe se montrait tellement réticent que le Maraudeur avait commencé à ranger tout seul. Malheureusement, la maison opposait une résistance farouche aux diverses tentatives de ménage du dernier des Black : s'il arrivait à éliminer une partie de la poussière et des toiles d'araignées sur les murs, en revanche la tâche se montrait beaucoup plus difficile dans les placards, les armoires, autour des tableaux… Surtout concernant le tableau de sa mère dans l'entrée.


Alors qu'il terminait un thé brûlant et un cake fait maison par Rémus lui-même, Sirius eut la surprise de voir entrer dans la cuisine quelqu'un qu'il n'attendait pas.

"-Salut mon vieux Padfoot!

- Moony! Mince alors, je ne pensais pas te voir avant un moment !

- Et pourtant... Alors quoi de neuf depuis qu'on s'est quitté ? Tout se passe bien ici ?

- Mouais… Bien sûr, la moto volante est trop grosse pour descendre l'escalier, mais je suis sûr d'arriver à régler le problème d'ici peu.

- Padfoot, mais qu'est-ce que je vais faire de toi ?

- Tu pourrais commencer par me faire sortir de cet endroit ?

- Oh non non non ! Ne joue pas à ça avec moi, Sirius ! Dumbledore veut que tu restes ici et il est hors de question que je t'aide à aller à l'encontre de ses recommandations ! L'époque où on pouvait braver les interdits sans se soucier des conséquences, c'est fini !

- Ca va, tout doux Moony ! Je plaisantais… Je sais bien que je dois rester ici, pas de panique ! J'ai même commencé à ranger et à faire le ménage…

- Excuse-moi, c'est juste que tu peux être tellement imprévisible parfois… Tu serais bien du genre à te faire la malle un soir sur un coup de tête !

- C'est pour ça que tu es venu ? Pour me surveiller ?

- Non, je suis venu voir un vieil ami que j'ai perdu de vue trop longtemps… »

Les deux amis échangèrent un sourire las et s'attablèrent devant une bièraubeurre, pour se remémorer leurs vieux souvenirs : les sorties à Pré-au-Lard la nuit tombée, les métamorphoses de Rémus, les tours contre Snape, et James…

« - Il me manque Moony… Prongs était comme un frère… Je ne me pardonnerai jamais ce que je leur ai fait, à lui et Lily.

- Sirius, arrête tu veux ! Tu ne pouvais pas savoir que Peter était le traître !

- J'aurais dû être leur Gardien du Secret… Ou laisser Dumbledore le devenir… Rien de tout ça ne serait arrivé…

- Sirius…

- Ecoute, ça ne sert à rien, tu ne peux pas comprendre. Et de toute façon, il faut que j'aille nourrir Buck !

- Sirius…

- On se voit demain Moony. Bonne nuit.

- Comme tu veux. Bonne nuit. »

Le loup-garou laissa partir son ami, sachant qu'il n'en tirerait rien de plus pour cette soirée. Il rangea donc les bouteilles et partit se coucher sans chercher à savoir si Sirius était véritablement parti nourrir Buck ou s'il s'était simplement enfermé dans sa chambre.


Comme presque tous les jours, Sirius ruminait en nourrissant Buck d'une main distraite. Il ne se pardonnait pas d'avoir fait confiance à Peter, d'avoir cru qu'il agirait comme eux, qu'il mourrait plutôt que de trahir ses amis. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Son erreur avait causé la mort de James et Lily, tout était de sa faute. Si Sirius n'avait pas trop repensé à tout ça l'année précédente, étant trop préoccupé par la sécurité de Harry à l'intérieur de Poudlard, il n'avait cessé de ressasser tous ses vieux démons depuis qu'il était à Grimmauld Place, le lieux s'y prêtant tout particulièrement. Quoiqu'il en soit, Sirius s'était promis de ne pas faire les mêmes erreurs avec Harry : il était responsable de lui maintenant et il n'avait pas le droit à l'erreur.

Ce n'est que plusieurs heures après être entré dans l'ancienne chambre de sa mère pour nourrir l'hipogriffe que Sirius en sortit, les yeux rougis. Il alla directement dans sa chambre et se jeta sur le lit, sans prendre le temps de se changer, souhaitant simplement ne plus penser jusqu'au lendemain, s'écrouler de sommeil et ne pas revoir en rêve pour la centième fois le visage de Peter quand il avait avoué dans la cabane hurlante être l'espion de Voldemort.


Quand Sirius ouvrit les yeux le lendemain matin, il eut l'impression étrange d'avoir dormi plus longtemps et profondément que d'habitude, comme si on lui avait administré une potion de sommeil. Après une douche rapide, il alla droit à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner, se doutant que Rémus devait l'attendre. Et en effet le loup-garou était attablé à la grande table, le nez plongé dans la Gazette du Sorcier du jour.

« - Tiens, la Belle-au-Bois-Dormant se décide enfin à se lever ! Je commençais à me demander si tu n'étais pas tombé dans un sommeil sans fin.

- Quelle heure est-il ? demanda Sirius dans un bâillement avant de s'affaler sur une chaise.

- 10h30 !

- Ah oui ? C'est la première fois que je dors aussi tard depuis des mois !

- Je veux bien te croire. Tu avais les traits tellement tirés, c'est pour ça que je ne t'ai pas secoué plus tôt. De toute façon, il n'y a rien qui presse ce matin ! »

Rémus replia son journal et observa son ami qui se préparait son café et ses toasts, un léger sourire aux lèvres.

« - Au fait, pendant que tu manges, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer !

- Qu'est-ce qui se passe ? On a trouvé Peter ? Fudge a décidé de croire Dumbledore ? Ah non, j'ai trouvé : la lycanthropie est devenue obligatoire pour tous les fils premiers nés !

- Sirius, il y a des moments où je me dis que tu as vraiment raté ta vocation de comique… La nouvelle, c'est que les Weasley vont venir s'installer ici, avec Hermione Granger. Dumbledore pense que ce sera plus facile pour Bill et Arthur s'ils habitent Londres, entre les réunions de l'Ordre et leur travail. Et puis Hermione sera plus en sécurité ici…

- Et Harry ?

- Je suis désolé Sirius, mais Dumbledore préfère qu'il reste chez son oncle et sa tante… C'est encore ce qu'il y a de plus prudent, il est rpotégé comme nul part ailleurs là-bas. »

Sirius ne répondit pas, se contentant de s'absorber dans la contemplation du fond de sa tasse. Il ne voulait pas que son ami voie dans ses yeux toute l'amertume qu'il ressentait : ses deux meilleurs amis allaient être là et pas Harry. Le Maraudeur n'allait pas avoir l'occasion, encore une fois, de discuter avec son filleul, de veiller sur lui, comme il l'avait promis quinze ans plus tôt.


Vers midi, une sonnerie stridente retentit dans la maison : les Weasley et Hermione, qu'ils étaient passés chercher, s'engouffrèrent dans la maison dès que Rémus ouvrit la porte, sous les cris et les insultes de Madame Black, scandalisée de voir chez elle une « sang-de-bourbe » et des « traîtres à leur sang ». L'accueil de Sirius fut à peine moins glacial et Rémus procéda de lui-même à la répartition des chambres, tandis que son ami remontait s'enfermer de nouveau dans la chambre de sa mère avec Buck.

« Ce que je ne donnerais pas pour pouvoir sortir ne serait-ce que quelques minutes, Buck ! J'ai besoin d'exercice mon vieux, de prendre l'air. Je me sens tellement inutile ici, seulement bon à jouer les elfes de maison… Tu crois que Dumbledore se méfie de moi et que c'est pour ça qu'il ne veut pas que Harry vienne ? Tu crois qu'il ne me fait pas confiance ? Qu'est-ce que t'en penses ? Je parie que ça te plairait à toi aussi de sortir un peu, histoire de prendre un bon bol d'air frais ! »


Sirius ne sortit de son sanctuaire que pour l'heure du déjeuner. Molly avait déjà investi la cuisine et la faisait tourner à son idée d'un coup de baguette : le chaudron bouillonnait au-dessus d'un feu ardent, les légumes s'épluchaient et se lavaient tous seuls, le tout sous l'œil de Madame Weasley. Le reste de la famille était assis autour de la table, avec Hermione et Rémus.

« - Ah, Sirius, tu arrives juste à temps ! Où sont les plats ? Et les assiettes ? Les couverts ? Les verres ?

- Du calme Molly, j'arrive. Mais tu sais, tu fais comme chez toi et tu fouilles dans les placards si tu as besoin. »

Sirius se dirigea vers un grand buffet au fond de la pièce et en sortit les différents éléments demandés. Hermione et Ginny se levèrent immédiatement et le rejoignirent pour l'aider, suivies de Fred et Georges qui suivirent ensuite Sirius dans le garde-manger pour prendre la Bièraubeurre et le pain.

Une fois la table dressée, tout le monde s'assit et Molly servit le déjeuner. Le repas se déroula tranquillement, le sujet principal de la discussion étant l'organisation des prochains jours au niveau du ménage. Madame Weasley voulait en effet que les chambres soient rendues habitables le plus vite possible afin de pouvoir s'attaquer ensuite au reste de la maison. Mais tout de suite après le dessert, Sirius se leva de table sans un mot et partit s'isoler dans la chambre de sa mère.

« - Où va-t-il ? demanda Fred.

- Nourrir Buck dans la chambre de sa mère. » Rémus marqua une pause avant de reprendre. « Je crois qu'il vit très mal cet isolement. Après avoir été enfermé si longtemps à Azkaban, puis dans la grotte, il a besoin d'agir, de se sentir utile…

- Il va pourtant falloir qu'il prenne son mal en patience et qu'il apprenne à être plus raisonnable ! » coupa Madame Weasley.

- Molly, il faut essayer de le comprendre…

- Il doit veiller sur Harry maintenant, il est temps que Sirius apprenne à être responsable ! Il n'est plus tout seul ! Et au moins, il n'est plus à Azkaban ou dans sa grotte…

- Arrête Molly, » coupa Monsieur Weasley. « Tu n'es pas à la place de Sirius et tu n'as pas vécu les mêmes épreuves que lui, alors ne le juge pas trop vite. J'espère qu'aucun de nous n'aura jamais à vivre ce qu'il a traversé. »


Pendant ce temps-là, Sirius finissait d'écrire une lettre pour Harry. Il voulait la donner à Rémus pour qu'il l'envoie. Il savait que Harry devait souffrir, enfermé à Privet Drive, sans nouvelle de se qui se passait dans le monde sorcier. Aussi, il avait décidé d'écrire souvent à son filleul, pour lui dire de ne pas commettre d'imprudence, de rester tranquille chez son oncle et sa tante, que tout allait bien. En même temps, il ne pouvait pas en dire trop, au cas où la lettre serait interceptée.

On frappa légèrement à la porte.

« - Sirius ?

- Entre Rémus. Qu'est-ce qui se passe ? Molly ne trouve pas les torchons ? Elle n'a qu'à demander à Kreattur.

- Non, rien à voir. Je voulais juste m'assurer que tout allait bien. Tu as quitté la table très vite tout à l'heure.

- Ecoute, je n'ai pas envie de discuter de ça Rémus. Mais est-ce que tu pourrais confier cette lettre à un hibou dehors ? C'est pour Harry.

- Bien sûr. Mais tu sais, si tu voulais bien essayer de faire un effort, tu verrais que ça va être bien d'avoir les Weasley ici, et pas seulement parce que Molly cuisine beaucoup mieux que toi et moi.

- Mouais.

- Sirius, tu veux pas arrêter de jouer les têtes de mule deux minutes !

- Moi ? Une tête de mule ?

- Ne prends pas ce ton offusqué avec moi Padfoot ! Je te connais depuis longtemps et je t'assure que tu es le maître incontesté dans l'art de la tête de mule ! Tu ferais concurrence aux mules elles-mêmes, tu sais…

- Je suis mort de rire… A tel point que je crois bien que je me suis fêlé une côte…

- Allez, viens frotter la cuisine avec nous, ça t'évitera de cogiter.

- J'arrive, le temps d'enfiler une vieille robe. »


Appuyé contre le mur de la douche, les bras fléchis, Sirius était perdu dans ses songes. L'eau chaude ruisselait le long de son dos, de son torse, relaxant les muscles contractés par l'effort de la journée. Il avait déménagé toute la cuisine afin de la nettoyer à fond. Et entre Molly qui était du genre perfectionniste, Madame Black qui avait ensorcelé la moitié des objets et Kreattur qui faisait tout ce qu'il pouvait pour les gêner, la tâche avait été rude. Aussi, c'est avec délectation que Sirius s'était précipité sous la douche une fois le travail fini.

Derrière ses yeux clos, son esprit voyageait dans le temps, le ramenant plus de 15 ans en arrière, quand elle avait l'habitude de le rejoindre sous la douche. Elle sentait quand la journée avait été dure sans qu'il ait besoin de le dire. Alors elle le rejoignait, faisait courir ses doigts dans son dos jusqu'à ce qu'ils arrivent sur ses épaules contractées. Là, ils s'arrêtaient un instant avant de commencer à masser les muscles noués par l'angoisse, la pression. Elle ne disait pas un mot, le laissant à ses pensées. Il se rappelait ses cheveux bruns dans lesquels la lumière faisait naître des reflets cuivrés. Il pouvait aussi se rappeler le parfum de sa peau quand elle était contre lui, ses yeux rieurs quand elle le regardait et son sourire… Un frisson lui parcourut le dos.

Sirius s'écroula sur son lit sitôt sorti de la douche. Il s'assit, cachant son visage derrière ses mains. Il devait arrêter de penser à elle, cela ne servait à rien. Elle appartenait au passé, à une époque définitivement révolue. S'il n'arrivait pas à la chasser de son esprit, il allait devenir fou. Il fallait qu'il refasse comme à Azkaban, qu'il réapprenne à éliminer ses souvenirs, qu'ils ne le hantent plus. Tout souvenir heureux était à bannir.


Sirius fut encore plus sombre pendant le dîner que pendant le déjeuner. Rémus voyait bien que quelque chose rongeait son ami et il savait que s'il avait pu sortir, un peu d'air frais lui aurait fait du bien. Le Maraudeur réalisa à ce moment précis à quel point il fallait que Sirius soit innocenté le plus vite possible. Il ne supporterait pas longtemps de rester enfermé ici, cette maison lui était trop nocive. Mais en attendant, il fallait l'inciter à se confier sur tout ce qui le hantait, qu'il se libère un peu de toute cette colère contenue et de toute cette culpabilité.

Quand Sirius partit nourrir Buck sitôt le dîner terminé, Rémus le suivit.

« - Padfoot, parle-moi. Dis-moi ce qui se passe.

- De quoi tu parles ?

- Oh, arrête, je vois bien que tu ne vas pas bien et…

- Je ne vois vraiment pas de quoi tu veux parler Rémus. Mais si jamais un jour j'ai besoin d'un thérapeute, je ferais appel à toi. Maintenant, excuse-moi, j'ai un hipogriffe à nourrir. »

Le ton de Sirius était glacial. Il tourna le dos au loup-garou et grimpa au dernier étage sans se retourner.

Rémus ne fit pas un geste pour le retenir : si son ami refusait de se confier, il ne pourrait pas le forcer. Et quand bien même, il n'en avait pas le droit. Ce droit, il l'avait eu, mais l'avait perdu à la minute où il avait soupçonné Sirius d'être l'espion de Voldemort, d'avoir trahi son meilleur ami – son frère – alors qu'il aurait donné sa vie pour lui. Comment avait-il pu le croire coupable ? Ils avaient fait les 400 coups ensemble à Poudlard… Et puis James et Sirius étaient si proches, comme des frères, ils avaient toujours été là l'un pour l'autre…

Le loup-garou ne pût s'empêcher de frémir : quel était ce goût amer qu'il avait dans la bouche ? Serait-ce de la jalousie ? Sûrement un peu. Certes les Maraudeurs étaient très proches les uns des autres, mais l'amitié qui unissait James et Sirius était encore plus forte. Rémus les avait enviés à une époque, il aurait aimé pouvoir partager la même complicité avec quelqu'un. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il avait soupçonné Sirius aussi vite, sa jalousie envers lui… Aujourd'hui, il avait du mal à reconnaître son vieil ami : il avait perdu l'éclat brillant de ses yeux, son sourire charmeur. Azkaban l'avait brisé, Padfoot, le jeune chien fou indomptable avait trouvé son maître. Et celui-ci l'avait marqué à vie : Jamais Sirius ne redeviendrait celui qu'il avait été. Jamais plus.