— Tu te rappelles Rem', quand on avait lancé une bombabouse sur le graisseux de Servilius ? S'exclama Sirius en prenant les escaliers sans même avoir besoin de plan.

— Une bombabouse ? Qu'est-ce que c'est ? s'étonna Harry.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans ce nom ? demanda Sirius.

— Il y avait un champ avec des vaches à notre époque, pas très loin de l'école. On y allait souvent avec James, Sirius et Peter, on grimpait sur les bottes de paille !

Entrant dans la salle commune de Serpentard, l'étudiant prit un air horrifié.

— De la bouse de vache ?

— Ouep ! Rigola Sirius, avec un rire semblable à un aboiement. Je me demande ce que ce servillus est devenu.

— Ce servillus, comme vous le dites, siffla une voix doucereuse derrière eux, enseigne maintenant à ces cornichons les langues étrangères pour qu'ils puissent discuter avec des étrangers sans s'humilier en ne sachant pas aligner deux mots. Et ce cher servillus est responsable du dortoir des Serpentard.

Harry était rouge tomate, comprenant que leur dit professeur se trouvait derrière eux et qu'il avait tout entendu. Habillé de noir de la tête au pied, il avait l'air plus de sortir d'un enterrement que de donner des cours en langues étrangères.

— Euh, je ... tenta Harry pour s'excuser.

— C'est « professeur Rogue », claqua la voix froide en le prenant de haut. Je vois que vos parents ne vous ont pas appris la politesse et encore moins l'éloquence. En même temps, on ne s'attendait pas à grand-chose avec un clebs et son fidèle toutou.

— Je vous interdis de critiquer mes parents biologiques, déclara Harry, pris au vif. Mon père James et ma mère Lily sont malencontreusement décédés quand j'étais très jeune à cause de Voldemort, alors Remus et Sirius m'ont élevé et recueilli comme leur propre fils.

Dans la salle commune, quelques étudiants leur jetèrent des regards en biais, se demandant qui ils étaient et pourquoi cette tension. Le professeur semblait s'être refermé sur lui-même, avec un air tout sauf engageant, se tenant pour une raison inconnue l'avant-bras droit. Faisant demi-tour dans une grande envolée de sa veste de costume longue, il franchit les portes de la salle commune, non sans que Harry l'ait entendu murmurer, les dents serrées : "ne prononcez pas son nom."

Sirius et Remus se regardèrent l'un l'autre, sans prononcer un mot.

— Vous comptez bouger ou de nouvelles statues sont apparues pile devant l'entrée de la salle commune ? Railla un élève, en regardant les personnes. Tiens, le moldu est revenu, et oh, il a emmené ses parents, comme c'est mignon.

Les dépassant, ce dernier disparut dans le couloir menant au dortoir des garçons, suivi du regard par les trois personnes.

— Le fils de Lucuis Malfoy, je l'aurais reconnu entre mille. Encore un sang pur qui croit qu'il a tous les droits. Si je le croise, je lui fais une tête au carré...

— Bon allons dans ta chambre avant que Sirius ne t'attire des ennuis.

— Hum, si l'on en croit le professeur Rogue, c'est déjà le cas...

.

Harry était assis sur son lit, à côté de Remus. Sirius était adossée à la porte, les mains dans les poches.

— Qui peut m'expliquer ce que c'est, les moldus et les sangs purs ? demanda Harry en brisant le silence.

— Les moldus sont les élèves n'ayant eu aucun parent dans cette école, commença Remus. Les sangs mêlés sont les élèves ayant eu au moins un parent dans l'école.

— Par contre, les sangs purs sont les élèves ayant eu les deux parents dans l'école, ainsi que les grands-parents, les arrière-grands-parents, et ce sur des générations. La rumeur court qu'ils descendent tous d'un des 4 fondateurs de l'école il y a de ça des siècles.

Harry cligna des yeux, perplexe. Comment est-ce possible que toutes les générations soient passées dans cette école ? Cela faisait très sectaire. À moins que les universités étrangères en partenariat comptent. D'ailleurs, faire un semestre Erasmus lui plairait bien…

— Par exemple moi, commença Sirius en le tirant de sa rêverie, je suis considéré comme un sang pur. Mes parents et grands-parents ont été dans cette école.

— Moi je suis un sang mêlé. C'était ma mère qui était en droit ici. Tout comme je l'étais. Mais pas mon père.

— Donc moi je suis …? interrogea Harry.

— Sang mêlé, déclara Sirius après avoir interrogé son mari du regard. Ta mère était moldue et ton père sang pur.

— C'est compliqué ! souffla Harry. Vous aviez envie, vous, de venir ou c'était imposé ? Parce que les sangs purs ça m'étonnerait que tous les enfants et petits enfants aient envie de faire du commerce du droit ou de la gestion.

— Oui.

— Non.

Le sang pur soupira, avouant que c'était son père qui voulait que lui et son frère reprennent la société familiale qui n'était familiale que de nom. Malheureusement, son frère Regulus avait mal tourné et était décédé dans une sombre affaire de trafic en tout genre, chaperonné par celui dont on ne doit pas prononcer le nom.

Sirius quant à lui avait été déshérité pour avoir refusé de reprendre la direction de la société Black, préférant monter sa propre boîte de consulting en partenariat avec Remus.

— Bon allez, assez d'apitoiements ! Défaisons ces bagages, demain ta première journée t'attend !

— Mais avant les cadeaux des maraudeurs !

Fouillant dans un sac qui ne payait pas de mine, les deux maraudeurs sortirent un long tube en carton un écrin semblable à ceux utilisés pour offrir une bague, ainsi qu'une boîte rectangulaire.

— Ceci commença Sirius en ouvrant le tube. Est le secret des maraudeurs. Nous sommes très fiers de te léguer cette carte et nous espérons que tu en feras bon usage. Vas-y, déplie-la.

Toujours aussi perplexe, il sortit délicatement les feuilles du tube. Il y avait trois feuillets, qui une fois dépliée recouvrait le bureau. Dessus, des annotations rencontraient des lignes, des figures, des mesures. Des flèches montraient un emplacement exact, tandis que des ronds englobaient ce qui semblait des pièces. Parfois, une ligne commençait en bordure de feuille pour se finir sur la suivante.

— Des plans de construction ? S'interloqua Harry.

— Pas exactement, ce sont les plans des passages secrets de Poudlard. Grâce à cela, tu peux sortir de ta chambre à 7h50 et être à 8 heures au troisième étage ! S'enthousiasma Sirius en souvenir.

— Ou rentrer après l'heure du couvre-feu sans avoir affaire au concierge, qui n'est pas très engageant.

— Ou te cacher du concierge quand c'est ton heure de retenue. Ou faire des farces à servilus sans être vu.

— Les possibilités sont infinies, plaisanta Remus.

Harry avait les yeux pétillants, commençant à regarder les passages autour de lui et où ils menaient. Ancien petit château réhabilité, il était resté certains passages non condamnés, qui menaient à des endroits plus ou moins intéressants.

— Tu auras tout le temps de regarder cette carte plus tard, continua Remus pour attirer l'attention de son fils. La carte est un petit quelque chose plus pour le souvenir de ton père que pour t'encourager à enfreindre le règlement.

Sans qu'il puisse dire un mot, un paquet rectangulaire fut posé sur le bureau par-dessus les plans. Avec lenteur, l'étudiant déballa le papier en décollant les petits bouts de scotch, sans tout arracher, faisant trépigner d'impatience Sirius. Enfin, son contenu se révéla. Un ordinateur portable flambant neuf, accompagné d'une flopée d'accessoires.

— Vous êtes fou, ça a dû vous coûter super cher… mon ordinateur fonctionne encore pourtant…

— Il fonctionne si tu le branches h24, que l'écran est dans la bonne inclinaison, et que tu as un quart d'heure de libre le temps de lancer une application, se moqua Remus. Tu l'utiliseras pour regarder des films le soir, mais ce n'est plus possible pour travailler.

— Mais si tu ne le veux pas, je le garde hein, plaisanta Sirius, faisant rire Harry et Remus.

Enlaçant Remus et Sirius, Harry ferma un instant les yeux. Même s'ils n'étaient pas très loin, il avait déjà l'impression qu'un fossé les séparait.

Au bout d'une heure, quand il avait enfin réussi à consoler Sirius le papa poule, et que Remus l'avait entraîné de force vers la sortie, Harry décida de profiter de cette journée banalisée pour repérer les lieux, et ainsi être prêt pour ses premiers cours.

Aidé du plan fourni à l'entrée, il navigua dans les couloirs, découvrant la laverie immense fonctionnant avec des crédits chargés sur la carte d'étudiant, les planches à repasser pour avoir un uniforme sans pli, puis il trouva la cafétéria dont l'odeur alléchante lui fit promettre de revenir pour midi, la "grande salle" accolée à la cafétéria avec les tables d'une longueur qui le fit halluciner, avec les banderoles des quatre maisons suspendues.

Continuant de marcher, il monta dans les étages, trouvant la salle informatique, la salle de conférence… Cette école était immense, et il allait bien avoir du mal à trouver son chemin. Regardant une nouvelle fois le plan qu'il n'avait pas lâché, il se mit en quête de la bibliothèque.

Cela faisait vingt minutes qu'il tournait en rond, sans arriver à savoir où il était. Par chance il trouve une deuxième année assez aimable pour le guider jusqu'à la bibliothèque.

Cette dernière était à l'image de l'établissement, démesuré sol au plafond, des étagères gigantesques. Une échelle parcourait les rayonnages pour permettre de prendre les livres les plus en hauteur.

Parcourant les rayonnages, il regarda les panneaux indicateurs. Il ne cherchait pas de livres en particulier, mais était plus dans de l'exploration.

— Excuse-moi, interpella Harry, face à une étudiante qui allait sortir de la bibliothèque les bras chargés de trois gros codes pénaux. Comment ça se passe pour emprunter les livres ?

— Oh, ne t'en fais pas, c'est très simple ! Il suffit de donner ta carte d'étudiant. Tu peux emprunter jusqu'à cinq livres en même temps, pour un mois, prolongeable une fois. Après il y a des exceptions, certains livres ne sont consultables que sur place, ceux-là sont dans la réserve. Ce sont des éditions uniques ou très anciennes. Il y a pas mal de traités, comme celui de Maastricht, de Rome, de Lisbonne… tu cherches un livre en particulier ? Tu peux demander à Mrs Pince, elle connaît tous les livres.

— Non pas vraiment, je me renseigne. Je suis nouveau.

— C'est vrai ? Moi aussi ! Tu es dans quel cursus ? Laisse-moi juste aller poser ces livres dans ma chambre et l'on fait connaissance. Je suis à Serdaigle !

Harry cligna des yeux, perplexe. Avec toutes les informations qu'elle venait de lui dire, elle ne pouvait pas être nouvelle. Prenant un des gros traités, il décida de suivre la seule personne qui semblait réellement sympathique avec lui.