Il ne savait pas trop ce qui était le pire. La partie marketing du devoir ou la partie juridique, qui était tout aussi chargée ? Non, sûrement le fait d'être en binôme avec Malfoy. Et en cette fin de semaine, ils s'étaient mis d'accord pour se retrouver dans la salle commune pour discuter de quelle entreprise choisir. Regardant sa montre, il soupira. Il avait une heure de disponible avant de devoir aller au travail.

— Ce n'est pas trop tôt, siffla Malfoy, à peine eut-il franchi les portes.

— On s'était donné rendez-vous à 18h il est 18h03, donc ta remarque est inutile en plus d'être déplacée, déclara Harry, essayant de garder son calme. Maintenant je te propose de mettre nos idées en commun, car je dois aller travailler dans une heure.

— Il faut savoir, tu veux ton master ou tu veux finir serveur ?

— Je suis ravi que tu sois né avec une cuillère en argent dans la bouche, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Je n'ai ni la dernière voiture de sport, je ne suis pas l'héritier d'une grande société cotée en bourse, je ne peux pas avoir ce que je veux en claquant des doigts. Maintenant, serveur ou pas, je ne vais pas abandonner, car un gosse de riche me prend de haut. Si tu ne veux pas travailler avec une personne du peuple libre à toi, mais ne crois pas que je vais tout faire pour quelqu'un pour toi.

Son camarade ne répondit pas, se contentant de la regarder de ses yeux bleus acier avec un air insondable. Harry soutint son regard, comme pour appuyer ses propos. Après un temps qui lui semblait infini, Draco prit enfin la parole et lista les idées d'entreprises qui pourraient être intéressantes. Satisfait de cette petite victoire, Harry échangea avec sa propre liste. Pour chaque point, ils se mirent à annoter les avantages et les inconvénients, classant par la même.

— Un café ? Tu veux prendre un café comme entreprise pour le devoir ? Demanda Draco en plissant le nez, après avoir écouté les explications.

— Alors déjà, ils ne font pas que du café. Ils font aussi bar, pâtisserie, espace de travail et salle de réunion. C'est ça que je trouve intéressant comme concept, c'est qu'ils s'adressent à deux publics complètement différents en même temps. Mais tu sais, c'est le Brossdur bar or Work, tu n'y es jamais allé pour une soirée étudiante ? Ou juste pour prendre un café latte avec un donut après journée pourrie, pour le réconfort ?

Devant l'air interdit de Draco, Harry sortit son téléphone pour vérifier son agenda.

— Je ne travaille pas ce week-end, donc si tu as envie on pourrait aller boire un café, ou thé ou toute autre boisson qui te ferait plaisir. Je ne fais pas ça pour t'obliger à choisir cette entreprise, mais juste pour passer un moment sympa entre camarades. Tu peux emmener un ami à toi si tu veux aussi.

— Samedi 16h. Je viendrai avec Blaise.

— Je viendrai avec Hermione, une amie qui est en droit. Tu verras, ça va être sympa. Je dois y aller, il faut encore que je me change. À demain !

— À demain.

Puis avec un petit temps d'hésitation, il rajouta un marmonnement qu'on pouvait deviner par « bon service ».

Harry lui fit un simple sourire, puis partit en direction de son dortoir, documents et ordinateur sous le bras. Finalement peut-être que le devoir n'allait pas être si horrible que ça.

Le week-end était enfin là, et avec la proposition qu'il avait faite à Draco et par extension Hermione. Il aurait pu demander à Ron, mais ce dernier détestait au plus haut point Draco, le traitant de sang pur qui se pensait supérieur aux autres. Bien que « sang pur » lui aussi, Ron n'aimait pas tellement les études et semblait plus intéressé par entrer à Scotland Yard que de continuer en master. Harry avait laissé tomber l'idée de réfléchir aux significations des sangs pur sang mêlés et autres nés moldus. Ils étaient tous étudiants, c'est tout.

— Tu es sûr qu'il va venir ? interrogea Hermione, en regardant autour d'elle.

— Ce n'est pas dans son éducation de mettre des lapins.

— Excusez-nous du retard, Blaise a pris tout son temps dans la salle de bain.

— Toujours de ma faute de toute façon, s'esclaffa Blaise. Mais dis-moi, tu m'avais caché qu'il y a autant de belles personnes dans ton master. Je suis Blaise Zabini, je pense que tu dois être le fameux Harry Potter auquel Draco parle tout le temps, mais nous, continua le métis en se tournant vers Hermione, nous n'avons pas été présentés.

Tandis que Hermione se présentait, Draco fixait Blaise avec un air tout sauf engagent, comme si son secret de polichinelle venait d'être révélé. Harry était perplexe, se demandant pourquoi Draco parlait autant de lui.

— Bon, nous y allons ? S'agaça Draco.

— Oui, allons-y sinon nous allons rater le bus de la demi.

— Nous y allons en bus ? Répéta Draco, avec un air de dégoût.

— Eh oui Draco, bienvenue dans mon monde, sourit Harry avant de rejoindre Blaise qui le hélait.

— Alors, dit moi Harry, tu es en couple avec Hermione ? lança Blaise en se mettant en route, tandis que cette dernière discutait poliment avec Draco.

— Non.

— Tu as des vues sur elle ?

— Non plus.

— Sur d'autres filles ?

— Je préfère les torses plus plats, et plus musclés, si tu vois ce que je veux dire, rit Harry. Je te laisse Hermione.

— J'ai toutes mes chances avec toi alors ?

Harry se mit à rire franchement, faisant un signe au bus qui arrivait.

— Pourquoi pas ?

Le trajet jusqu'au centre-ville fut un peu long, mais Harry ne vit pas le temps passer, Blaise monopolisant presque la conversation en lui posant des questions sur lui, sur ses passions, ses passe-temps. Parfois, il posait sa main sur son bras, passait un bras derrière ses épaules. Quand enfin le groupe rentra dans le bar, à sa grande surprise Draco s'installa en face de lui, et de façon à ce que Blaise soit le plus loin de lui. Ils passèrent un moment agréable. Ils n'étaient peut-être pas encore assez proches pour être des amis, mais c'étaient des camarades sympathiques.

.

Le mois de décembre était arrivé, en même temps que le froid et la nuit dès 18 heures. Les partiels commençaient, et entre les révisions, les devoirs, les travaux de groupe, et son travail, Harry était épuisé. Il avait fait des heures supplémentaires, étant en sous-effectif à cause d'une épidémie de grippe. En rentrant, il comptait relire une dernière fois ses cours de ressources humaines, ayant un partiel à la première heure demain.

Resserrant son écharpe dont les couleurs avaient perdu de son éclat depuis longtemps, il hâta le pas sous une fine pluie.

— Excuse-moi, tu as fait tomber tes clefs !

Se retournant étonner, puisque les mains dans les poches il sentait son trousseau de clefs; il regarda l'inconnu qui s'approchait en petite foulée.

— Ce n'est pas les miennes, elles sont dans ma poche.

— Pourtant c'est bien ton nom écrit là, non ?

Perplexe, il s'approcha. Soudain une douleur lui vrilla la mâchoire, le faisant tituber.

— Tu vas me donner ton fric et ton phone ! s'exclama le jeune qui le poussa violemment à terre, avant de lui donner des nouveaux coups de poing au visage.

— Dégage ou je t'explose !

— T'es qui toi?!

Couché au sol, l'étudiant était assommé. Ses lunettes avaient volé il ne savait où, alors il voyait des vagues formes floues et rougeâtres se battre. Son crâne pulsait comme une bombe qui allait exploser. Il entendait des sirènes au loin. Mais également une voix étrangement familière.

— Ne bouge pas, les pompiers arrivent. Tu es pas mal amoché, mais ce look mauvais garçon te va plutôt bien. Ouvre les yeux, allez.

L'héritier Malfoy regardait Harry soucieux, espérant que les pompiers n'allaient pas tarder. Harry ne réagissait plus, semblant avoir perdu connaissance. Un hématome important lui prenait la pommette et son œil droit avait pris une teinte rouge. Sa lèvre était fendue. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était bien le sang dans ses cheveux. Il n'était pas médecin, mais saigner de la tête n'était jamais bon signe. L'agresseur d'Harry avait réussi à prendre la fuite, mais Draco n'était pas mécontent de la droite qu'il lui avait mise. Enfin, le véhicule de secours s'arrêta à leur niveau. Il fut limite poussé du corps, sans que personne ne lui demande qui il est et ce qu'il s'était passé, bien qu'il avait dit l'essentiel au téléphone. Les secouristes parlaient entre eux, se passaient matériel, instruments, consignes. Quand enfin Harry fut installé sur le brancard, vêtements à moitié découpés pour pouvoir installer les moniteurs, seul et vulnérable, Draco eut un choc.

— Je viens, imposa le blond, en ramassant les lunettes tordues de Harry. Je suis son petit ami. Je ne le laisserai pas seul.

Il y eut un moment d'hésitation. Soit cela passait, soit cela cassait. Un moniteur qui s'affolait fit pencher la balance en sa faveur, et sur un signe d'une personne, il monta dans le camion, ne se faisant pas prier.

— Savez-vous qui prévenir ? demanda un secouriste, en tendant le téléphone portable trouvé dans la veste.

— Bien sûr s'offusqua Draco, en prenant le téléphone.

En réalité, il n'en avait aucune idée. Ce n'est pas les cinq secondes où il avait croisé ce qu'il supposait être les parents d'Harry qu'il allait trouver les contacts. Allumant l'écran, il espérait surtout qu'il n'y avait pas de code pour le verrouillage, sinon il allait se faire appeler Arthur.

Heureusement, il put accéder aux contacts sans problème. Mais dans ses contacts, personne ne répondait à maman ou papa. Sans abandonner, il vérifia le journal d'appel, et cliqua sur « Remus » seul numéro qui revenait régulièrement. Il porta le téléphone à son oreille, espérant ne pas s'être trompé.

— Non ce n'est pas lui. Je suis son camarade. Il s'est fait agresser en sortant de son travail… non, il est inconscient… je ne sais pas. Oui, on est en route. Quel hôpital ? Euh.

— St mangouste, répondit la femme assise en face de lui, qui installait une perfusion.

— St mangouste. Oui, OK, on se retrouve là-bas. Je garde son portable.

Raccrochant, Draco prit la main d'Harry dans la sienne, espérant que tout irait bien.