En arrivant dans la salle, il posa ses affaires à côté de Draco. Ce dernier ne lui jeta même pas un regard. Même si son amour était à sens unique, il devait peut-être crever l'abcès. Ce n'était qu'une erreur, ils avaient trop bu, c'est tout. Après encore quelques minutes de débat intérieur, il se lança.
— Salut, commença Harry à voix basse pour ne pas se faire entendre du professeur.
— Tiens, tu te rappelles de mon existence ? Tu es en manque ? Je suis un dieu après tout.
— Pardon ? C'est quoi ce ton condescendant ? J'essaye d'être sympa et tu commences à me traiter mal sans même savoir ce que je veux?
— Ce que tu veux ? Laisse moi rire, déclara Draco en haussant le ton. Tu es un connard égoïste.
Aussitôt, Harry prit la mouche et se leva. Dans le groupe, tous étaient silencieux et regardait avec des yeux ronds les deux garçons se disputer sous l'air prodigieusement agacé de Rogue. Des noms d'oiseaux fusèrent, des reproches et des réflexions qui ne faisaient qu' envenimer la situation déjà critique.
— Ça se passe comment le foutage de gueule ? Moi, un connard égoïste ? Tu parles de toi non ?
— Malfoy, Potter, s'est trop demandé de suivre mon cours ? s'énerva le professeur.
— Si moi je suis un connard égoïste alors toi tu remportes la palme du faux cul ! Tu me laisses imaginer des choses pour mieux me briser ! s'exclama Draco en se levant à son tour.
— Te briser ? Tu plaisantes ? Non, mais qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre de sa Majesté Malfoy !
— Vous deux ça suffit, mon cours n'est pas une pièce de théâtre, retenue deux heures ce soir à nettoyer les trophées. Maintenant, asseyez-vous !
— Toi ta gueule, on t'a rien demandé ! s'exclamèrent en même temps Harry et Draco.
Toute la classe retint son souffle. On pouvait voir les narines du professeur Rogue frémirent, les yeux noirs devenir encore plus sombre qu'à l'accoutumée.
— Chez le Doyen Dumbledore. Ordonna-t-il, d'une voix à faire fuir n'importe qui de censé. Tout de suite. Et moins dix points pour Serpentard.
Sortant de la pièce, le professeur de Langues étrangères héla le surveillant qui passait, et, rédigeant un mot explicatif, demanda à ce dernier de conduire les deux fauteurs de trouble voir le doyen.
— Je suppose que je dois te féliciter de nous envoyer chez Dumbledore ? siffla Draco.
— Je suppose que je dois aussi te féliciter de m'avoir fait coller alors que je travaille ce soir ?
— Ça suffit vous deux, vous vous expliquerez devant le professeur Dumbledore. J'espère que vous allez être bien puni, de mon temps on enfermait les élèves dans les cachots, on les pendait pas les pieds. Je peux te dire qu'ils filaient droit ! Ha la jeunesse d'aujourd'hui n'a plus aucun respect de l'autorité, vous allez voir je vais vous punir moi…
— Si vous touchez à un seul de mes cheveux, j'appelle mon père, votre poste saute direct ! Il est à la tête du conseil d'administration !
Harry roula des yeux. Chassez le naturel, il revient au galop.
Le bureau du directeur était gigantesque. C'était également une brocante à lui tout seul. Outre la statue gigantesque, probablement en or; représentant un phoenix en bas des escaliers en colimaçon menant au bureau, il fallait des heures pour détailler tout le contenu de la pièce. Une mappemonde, une horloge astronomique, un télescope, des tapis persans, des objets dont il n'avait pas la moindre idée de leur utilisation. Et même des objets plus ésotériques tél qu'une boule de cristal. Mais le plus surprenant était le perroquet qui était tranquillement sur son perchoir, comme si c'était un endroit tout à fait approprié pour détenir un tel animal.
— Bonjour Monsieur Potter, Monsieur Malfoy. Je suis enchanté de vous voir. Il semblerait que vous ayez eu un différend dans votre cours de français ? Ah les affres de la jeunesse. Je pense que vous avez besoin d'une discussion, je vais vous laisser mon bureau, Minerva doit m'attendre pour le thé. Venez prendre le thé avec nous, mon cher Argus.
Aucun des deux garçons n'eut le temps de dire quoi que ce soit, et de comprendre comment Dumbledore savait ce qu'il s'était passé alors que Rusard ne lui avait pas donné le mot. Dès la porte fermée, il ne fallut pas longtemps pour reprendre leur dispute.
— Alors, tu attends quoi pour crier à tout le monde que le grand Draco Malfoy t'a fait une fellation ?
— Mais ça ne va pas bien, c'est quoi ton problème ?
D'un coup, le perroquet qu'ils avaient tous deux oublié se mit à répéter le dernier mot de la phrase de Draco. Les deux garçons le regardèrent avec des yeux ronds, atrocement gênés.
— Mon problème, c'est que tu m'évites, déclara Draco après avoir repris contenance. Tu m'évites alors que tu étais loin de dire non. C'est plutôt à moi de te retourner la question, c'est quoi ton problème avec moi ? Tu n'as pas eu la totale alors tu n'es pas content ? Je suis trop bien pour toi ?
— Mon problème c'est que je t'aime. Je m'en fous de savoir que tu es un Malfoy. Mon problème c'est que je t'aime ! Et moi j'imagine déjà une grande vie ensemble, le mariage, adopter des enfants, les voir grandir dans la maison que nous aurions bâtie en suant sang et eau. Je t'aime Draco. Et je suis désolé de ce qu'il s'est passé, car j'avais trop bu.
Draco ne répondit pas tout de suite, encore choqué.
— Tu penses au mariage alors que nous ne sommes même pas en couple ?
— Écoute, j'ai dit ça comme ça, s'énerva Harry, détournant les yeux de gêne. De toute façon, ce n'est pas réciproque, Pansy dit à tout le monde qu'elle sera la prochaine Lady Malfoy.
— Wahouh, Souffla Draco.
— Quoi waouh, demanda Harry sur la défensive.
— Tu n'as donc pas compris.
— Mais comprit quoi ?!
S'approchant de Harry, il l'embrassa. C'était un baiser chaste, mais rempli d'émotions.
— As-tu ta réponse ? Je m'en fous de Pansy, c'est toi que j'aime. Depuis le jour de la prérentrée je n'arrête pas de penser à toi. Je rêve de toi, je pleure à cause de toi. Je ne me vois pas vivre sans toi. Alors je te le demande. Est-ce que tu veux sortir avec moi ?
— Oui.
Les deux garçons restèrent un long moment en silence, de temps à autre brisé par le perroquet qui faisait des bruits non identifiables. La porte qui s'ouvrit les fit sursauter. Ce n'était que le directeur, qui rentra avec son air malicieux.
— Ils ont beau se cacher, l'amour le plus discret laisse par quelque marque échapper son secret, cita le vieil homme à la longue barbe blanche, se réinstallant derrière son bureau. Cependant, je ne tolère pas le manque de respect, même sous le coup de l'émotion. Plutôt que de récurer les trophées, Monsieur Flint m'a informé qu'il lui manquait un cavalier pour la rencontre Gryffondor Serpentard prévue en mars. Malheureusement le titulaire sera en semestre Erasmus, et la remplaçante en stage. Je suis persuadé que Monsieur Potter fera des merveilles. Qu'en pensez-vous ?
— Le mettre dans l'équipe de polo ? Demanda Draco, interloqué. Oui pourquoi pas, mais il n'en a jamais fait. Ça va être très compliqué en si peu de temps.
— Oh, je ne m'inquiète pas, je suis sûr qu'il a cela dans les gênes. Je vous laisserai voir les trophées, j'annoncerai la bonne nouvelle à Monsieur Flint. Vous pouvez y aller.
Sortants du bureau, ils redescendirent les escaliers, s'arrêtant en bas des marches. Tandis que Draco appuyait sur une gargouille pour fermer le passage, Harry s'interrogea sur la raison de pourquoi il voulait qu'ils aillent voir les trophées.
— Tu sais où elle est, toi, la salle des trophées ?
— Troisième étage aile droite.
— Allons voir. De toute façon, je doute que Rogue nous accepte en cours.
Se mettant en marche, Draco commença à expliquer à Harry les règles du polo.
— Un match est divisé e périodes de 7 minutes 30, entrecoupées de pauses de 3 minutes pour changer de cheval. Si.
— Quoi, on monte à cheval ?
— Oui. Ne t'inquiète pas je montai à cheval avant de savoir marcher, je vais t'apprendre.
— Je n'ai pas de cheval.
— Le centre équestre Poudlard a environ 18 chevaux en propriété et 15 en pension. On en trouvera bien un qui te convient, j'ai déjà ma petite idée en plus.
— C'est marrant, le centre équestre s'appelle comme l'université.
— Car il appartient à l'université.
La tête d'Harry dû être assez éloquente pour que Draco n'ajoute pas un « tu n'étais pas au courant ? ». Il continua cependant sur les règles à savoir.
Harry acquiesça, bien que peu rassuré. Il se demanda surtout comment il allait arriver à caser le polo dans son emploi du temps bien chargé. En soi les autres règles n'étaient pas très compliquées et il comprenait l'organisation globale à défaut de voir en vrai. Après de nombreux escaliers et couloirs, ils rentrèrent enfin dans la salle des trophées, nommée ainsi en raison du nombre de vitrines et coupes étincelantes, représentant les distinctions en sport, en classement en tout genre, ou autre « service rendu à l'école ».
— par Salazar ! Jura Draco. Tu m'étonnes que tu as ça dans le sang.
Étonné, il se détourna d'une photo en noir et blanc pour aller voir ce qui avait emmené cette exclamation. Dans la vitrine en plein milieu, un grand écusson en or était gravé au nom de James Potter, avec l'inscription « Meilleur joueur 5 années consécutives - sélection national ». Décidément, il fallait qu'il parle avec Remus et Sirius.
