Cours magistral. TD, TP, entraînement de polo, service au restaurant. Révision, devoirs, encore plus de devoirs. Février était arrivé, et Harry avait été invité tout comme Hermione et Draco à la soirée d'anniversaire de Blaise qui s'était déroulée dans une boîte de nuit privatisée pour l'occasion, située dans un des immeubles de la city, le quartier chic de Londres.
Allongé sur son lit en ce week-end, Harry repensa à cette fête. Elle avait été grandiose, si l'on pouvait dire. Boissons à volonté, champagne haut de gamme, pièce montée et service à table. Quant à la boîte de nuit, elle était meublée de sièges en cuir blanc et en velours, avec des panneaux de cuir sur les murs, des rideaux à pompons à l'entrée, des tables surélevées et une piste de danse en contrebas avec un DJ le plus en vogue. Sans parler des immenses miroirs encadrés d'or dans les toilettes.
Si tu voulais aller fumer, hors de question de s'enfermer dans un fumoir. Le toit était aménagé, idéalement situé pour admirer la ville ou siroter un verre avec une vue plongeante sur la Tamise.
Se levant dans un soupir, il fouilla dans sa veste d'uniforme pour sortir un paquet de cigarettes. Il avait recommencé à fumer à la soirée de Blaise, alors qu'il avait arrêté auparavant.
À là fenêtre, dans la fraîcheur de l'hiver, Harry exhala la fumée, pensant à Draco. Il avait l'air tellement à l'aise à cette soirée. Dans ses gestes, ses paroles… ce n'était pas la première fois qu'il venait dans ce genre d'endroit. On était bien loin du brossdur. Mais ce qui l'avait le plus dérangé était que Draco avait tenu à l'inviter dans un restaurant 3 étoiles. Le genre de restaurant où le prix n'est pas inscrit sur la carte, car si tu demandes c'est que tu ne peux pas le payer. Alors oui il travaillait dans un restaurant trois étoiles. Mais entre y travailler et y manger, c'était quelque chose de différent. Il ne savait pas combien Draco avait payé, mais c'était trop.
Écrasant son mégot, il soupira, et se prépara pour aller dormir. Demain il avait encore un entrainement de polo.
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— Ait plus d'amplitude et soit plus léger lorsque tu tapes la balle, déclara Draco, à cheval lui aussi.
— Tiens tes rênes plus courtes, continua Marcus.
Harry essayait d'appliquer leur conseil, même s' il ne voyait pas comment il pouvait être plus léger. Il commençait à avoir le dos en compote, et des ampoules à la main. De plus, le temps commençait à tourner à l'orage.
— On peut arrêter, c'était bien, déclara Draco, sortant son téléphone qui sonnait de sa poche.
Regardant l'écran, ce dernier sembla hésiter à décrocher. Se composant un visage de marbre, il s'éloigna au petit trot un peu plus loin dans le terrain. Harry marcha au pas, le regardant du coin de l'œil, se demandant pourquoi une tête aussi sérieuse pour un simple appel.
— Je pense que tu as un niveau suffisant pour faire un entrainement commun la prochaine fois. Tu peux rentrer aux écuries.
Dans un soupir, Harry prit la direction des écuries. Mettant le pied à terre, il enleva le filet du cheval, le remplaçant par un licol. Il enleva également la selle, et rangea le tout dans la sellerie. Prenant au passage une brosse, il entreprit de brosser Vif d'or.
— Mets-la au pré une fois que tu auras fini de la panser, informa Draco en arrivant vers lui, tenant son cheval par les rênes.
— D'accord.
Dans un signe de tête, Draco s'en alla, remettant son téléphone à l'oreille, sous le regard de Harry.
Il avait laissé le cheval au pré, ranger tout le matériel, avait pris sa douche et avait enfilé une tenue confortable pour traîner. Il n'avait pas revu son petit ami, devant être toujours au téléphone probablement. Il était rentré au château, avait étudié un petit moment avec Hermione avant de retourner dans sa chambre. Quand le clocher de Poudlard sonna à minuit, il sortit le nez de son cours de fiscalité, et comme hier soir, sortit son paquet de cigarettes. Il n'eut pas le temps d'en sortir une qu'une personne toqua à sa porte. Perplexe, il alla ouvrir, révélant Draco.
— Je peux t'emprunter ton livre de finance d'entreprise ? Je ne retrouve pas le mien, j'ai dû l'oublier quelque part.
— Bien sûr, entre.
Fermant la porte, Harry se plaça devant son étagère, prenant le livre en question.
— Je peux aussi te prendre une clope ?
— Vas-y.
Posant le livre sur le bureau, Harry sortit aussi une cigarette. Il s'asseya au bord de la fenêtre, tandis que Draco tirait la chaise.
— C'était une mauvaise nouvelle ? hésita Harry.
Devant l'air interrogateur de son petit ami, il précisa.
— Ton appel.
— Non pas du tout. C'était mon père qui voulait faire sa BA en m'invitant au restaurant. Il veut que nous passions du temps en famille, mais bon comme d'habitude il ne va me parler que de ses clients.
— Pourquoi ne parles-tu jamais de ta famille ?
— Pourquoi tu ne portes pas le nom de Black-Lupin ? Rebondit Draco du tac au tac.
— On a tous nos squelettes dans le placard. Je veux bien t'expliquer pourquoi si tu me parles de ta famille.
— Je ne sais pas ce qui est intéressant dans ma famille, mais soit, décréta Draco en fumant.
Harry soupira, ne sachant pas trop par où commencer.
— Mon père était James Potter, et ma mère s'appelait Lily. Ils ont fait leurs études ici, ma mère en droit, je crois, mon père en commerce. Il a ensuite continué ses études dans la police pour être dans la répression des fraudes et autre trafic en tout genre. On pouvait dire qu'il était brillant. Il gagnait très facilement la confiance des gens, donc cela lui apportait beaucoup d'avantages. Il arrivait à jongler entre ses fausses identités sans problème, changeant d'apparence comme de chemise. Mais malheureusement, un jour il est tombé sur plus gros que lui. Et ce plus gros se nommait Voldemort. Enfin, c'était un surnom.
— Voldemort répéta Draco, ce nom lui disant quelque chose.
— Voldemort était à la tête d'un trafic de drogue important. Il faisait passer de la drogue dans des containers d'import-export, faisant du blanchiment d'argent. Il avait les dockers dans la poche, et probablement des sociétés pour l'aider. Bref, un jour ça a mal tourné, et lorsque mon père était au port pour conclure un marché, il est arrivé avec plusieurs hommes de main. Un autre espion de Voldemort connaissait mon père, et savait qu'il était policier. Au même moment, d'autres hommes de main sont allés chez nous, et ont tué ma mère de sang-froid. Il y a eu de très longs échanges de tir, une cohue indescriptible. Mon père a été mortellement blessé, de même que Voldemort. Mais les policiers n'étaient pas assez nombreux, ils n'ont pas pu arrêter les hommes de main. Et le seul témoin qui connaissait exactement les personnes impliquées est mort. Quant à savoir ce qu'est devenu le trafic, je sais qu'il y a des perquisitions, mais il me semble que tout a été classé sans suite. Sirius et Remus m'ont adopté, mais pas en adoption plénière, c'est pour ça que j'ai encore le nom de mes parents.
Sortant une nouvelle cigarette, il en tendit une également Harry.
— Les Malfoy ont toujours été dans la politique ou dans le commerce. Ou les deux. Mes aïeux ont fait fortune en reprenant des sociétés qui allaient être liquidées et en les fusionnant au groupe qu'ils avaient créé, et en faisant du trading. La société est transmise de père en fils depuis des générations, de même que le siège à la chambre des lords. Que dire ?
— Quels sont vos loisirs ?
Même s'il était étonné par cette question, Draco répondit.
— Jouer au polo, faire des balades à cheval, dîner au restaurant. Mère va souvent au spa avec ses amies, pendant que père va au club-house. Partir en voyage, la dernière fois nous sommes allés à Majorque, mais j'ai préféré Dubaï. Sinon, on fait souvent des réceptions, où on participe à des œuvres caritatives.
— Même si j'apprends tous les livres de bienséances, d'étiquettes, et je ne sais quoi, je n'arriverai pas à m'intégrer dans ton monde. Tes parents ne vont jamais m'apprécier.
— Tu voudrais rencontrer mes parents ? demanda Draco étonné.
— Tu ne voudrais pas ?
— Si au contraire !
Jetant son mégot, il se tourna sérieusement vers Harry.
— Je ne te cache pas que tu ne seras pas forcément très bien accueilli. Mais je le connais assez pour savoir que le nom de famille ne fait pas tout. Il n'y a qu'à voir la famille Parkinson. Il faut juste que tu arrives à l'impressionner assez au premier rendez-vous.
— Va falloir faire un planning, car entre mon travail, le polo et les cours, ça va devenir compliqué.
— Hum, pas tant que ça, réfléchit Draco. Tu as déjà de bonnes bases grâce à ton travail au restaurant. Il y a des activités que tu peux faire en même temps que tes révisions, par exemple le maintien. Tu poses un livre sur ta tête, telle que le code du commerce, il est bien épais. Et tu marches en essayant de ne pas le faire tomber. Tes mains sont libres, tu peux tenir un autre livre en même temps pour étudier. La diction, l'élocution, tu peux le faire tous les jours quand tu parles. Je suis sûr que tu connais déjà une grosse partie des arts de la table. Si déjà tu améliores ton maintien et ton élocution, ce sera une bonne partie. Tu peux aussi écouter des podcasts sur la politique quand tu es dans les transports en commun, au lieu de mettre de la musique.
— il y a-t-il des choses que je ne pourrais pas changer ?
— Hum, le fait que tu sois un homme ? Demanda Draco avec un sourire contrit devant le regard défaitiste d'Harry.
