Le soir du repas, Harry avait beaucoup d'appréhension. Il portait un col roulé bordeaux avec un blazer et un pantalon de tailleur bleu foncé. Pour finir, il avait attaché ses cheveux en un catogan. Quand il avait retrouvé Draco dans sa chambre, celui-ci l'avait regardé, bouche bée, avant de souffler qu'il était très attirant dans cette tenue.
Draco quant à lui portait un pantalon gris à carreaux, un pull en cachemire noir et un gilet de costume assorti au pantalon.
Pour couronner le tout, le chauffeur privé de la famille était venu les chercher devant la faculté. Si Harry était très gêné, peu d'étudiants croisés s'étaient étonnés.
Rien que la devanture du restaurant était sublime. Sans compter l'intérieur. Est-ce que le restaurant dans lequel il travaillait était aussi luxueux à l'intérieur où il s'était habitué ?
— Tout va bien se passer, murmura Draco, en lui caressant la main discrètement.
Entrant dans le restaurant, le maître d'hôtel vint les accueillir, et les guider jusqu'à la table qui avait été réservée.
— Lord Malfoy, saluât Harry en lui serrant la main, avant de saluer sa femme avec un baisemain et un compliment.
— Draco, Monsieur Potter. Asseyez-vous. Votre tenue est très élégante, Monsieur Potter. Je crois reconnaître le style de Mrs Guipure ?
— En effet. J'ai également quelques pièces de chez Tissard et Brodette, mais j'ai été déçu de la qualité pour la nouvelle collection.
— C'est depuis que le fonds de commerce a été vendu, intervint Narcissa. Je suis sûr que le nouveau gérant se fournit en chine pour les tissus. C'est un gâchis.
Draco regardait la carte essayant de rester stoïque. Il ne savait pas que Harry s'intéressait à la mode. Et encore moins qu'il connaissait ces deux tailleurs très réputés. Après avoir eu les plats et le vin, les discussions continuèrent sur les voyages, il apprit au passage que Harry avait commencé à se renseigner pour faire si possible une année sinon un semestre en Erasmus.
Regardant son petit ami, Draco eut un fin sourire. C'est ce qui l'attirait chez lui. Il était toujours plein de surprise. Et il mourrait d'envie de le découvrir plus. Découvrir Harry, et non l'étudiant. Ses passions, ses loisirs, ses craintes. Il voulait essuyer ses larmes, qu'elles soient de joie, de peine, de rage. Se réveiller à ses côtés.
— J'ai croisé Lord Rosier en déplacement, informa Lucius en le tirant de sa rêverie. Son fils va se fiancer. Il me semble qu'il est plus jeune que toi d'un an, il a 25 ans.
Si une personne extérieure aurait pensé à une conversation banale, le jeune adulte avait très bien compris le sous-entendu. 26 ans bientôt 27, et célibataire ? Il fallait remédier à cela.
— Oui, moi aussi je souhaite me fiancer, et me marier. Même si nous sommes qu'au début de notre relation, je ne me vois pas vivre sans lui.
Le pavé était jeté dans la marre. C'était dit. Si sa mère ne semblait pas être surprise, son père était livide. En même temps, c'était lui qui avait tendu la perche. À table, plus personne ne parlait, plus personne n'osait bouger.
— Je suppose que vous êtes là personne dont Draco parle ? demanda Narcissa pour confirmation en regardant Harry.
— En effet, confirma ce dernier, calmement.
Quand Draco fut de retour à Poudlard, après une fin de repas expédié, il adressa à peine un mot à Harry et alla s'effondrer sur son lit, pleurant à gros sanglots. Il ne voulait pas choisir entre sa famille et son cœur. Mais si on le lui imposait…
Essuyant ses larmes, il traversa le couloir et ouvrir la porte d'en face sans ménagement, face à un Harry perplexe.
— Peu m'importe que ma famille me renie, que ceux que j'appelle mes amis me tournent le dos. Je t'aime toi.
— Tu voulais reprendre la so…
— Je peux aller travailler où je veux, coupa Draco d'un ton ferme. Je te suivrai où que tu ailles. Tu veux faire un Erasmus au Japon ? Allons-y. Tu préfères la France ? Pas de problème.
— Je ne veux pas que tu coupes les ponts avec ta famille à cause de moi. Si il faut que je t'aime en secret, de loin, que je devienne un inconnu, je le ferai. Ohana veut dire la famille, la famille veut dire que personne ne doit être abandonné ni oublié.
Comme toute réponse, Draco l'enlaça, pleurant doucement. Harry l'embrassa tendrement, effaçant du bout des doigts les larmes roulant sur ses joues pâles. Il se perdit dans ses orbes bleus magnifiques. Draco répondit à ce baiser, avec l'énergie du désespoir.
— Fais-moi l'amour, souffla Draco. Je veux te sentir en moi.
— Je n'ai jamais… hésita Harry, les joues rougies, se sentant durcir. Enfin, j'ai toujours été…
— Laisse ton instinct te guider.
Les deux jeunes adultes prirent leur temps, chacun déshabillant lentement son vis-à-vis. Si lors de la soirée du premier semestre ils avaient ça impulsivement, Harry voulait faire passer tout son amour envers Draco ce soir. Il embrassa chaque parcelle de peau, le caressant. Reprenant les lèvres de Draco, ouvrant les boutons de chemise pour la jeter plus loin. Quand enfin ils furent en tenue d'Adam, ils se couchèrent sur le lit, le souffle court, les joues rougies. Un gémissement sortit de leurs lèvres quand leurs verges se rencontrèrent. Ils se caressèrent un long moment, puis enhardi, Harry tendit trois doigts à Draco qui les embrassa, les léchant d'une façon si érotique qu'Harry se retint à grande peine de jouir immédiatement. Draco se redressa sur ses coudes, et plia les jambes, hochant la tête.
Doucement, Harry entra un doigt dans l'intimité, puis un deuxième. Le corps du blond se tendit légèrement sous la présence étrangère, mais le brun caressa la verge qui s'était ramollie pour le détendre, faisant des petits mouvements de ciseaux. Au bout de quelques secondes, Draco lui fit signe de continuer. Un troisième doigt rentra, et son amant commença les lents vas et vient, et embrassa la peau de Draco pour le distraire.
Soudain Draco se cambra en haletant. Harry venait de trouver sa prostate.
— Viens.
Retirant ses doigts, il humidifia son membre dur avec un peu de salive, et plaça son membre devant l'intimité du blond. Un nouveau hochement de tête et il s'engouffra dans l'antre étroite, gémissant sous les sensations.
La pièce fut remplie de halètements, de gémissements, de désir et de regards brûlants. Ils étaient ensemble, scellant leur amour, s'embrassant d'un amour qu'ils pensaient impossible, s'endormant l'un contre l'autre peut-être pour la dernière fois.
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Il était tard, au manoir Malfoy. Depuis le retour du restaurant, les cris fusèrent, et le personnel avait bien compris qu'il ne valait mieux pas entrer dans le petit salon sans une urgence menaçant une vie où le manoir, sous peine d'un licenciement sans préavis. Alors ils se contèrent de faire leur travail en silence, essayant de ne pas prendre parti malgré les conversations largement audibles.
Le fils prodigue était non seulement homosexuel, mais en plus amoureux d'un garçon qui n'avait aucun rang. Et pour le Lord Malfoy, cela équivalait à un crime de lèse-majesté.
— Et vous allez accepter cela sans rien dire, à bras ouvert ?! Cet Harry n'a aucun rang!
— Il n'a peut-être aucun rang, mais il a un maintien impeccable, s'habille élégamment et montre tout son respect selon les règles de l'étiquette.
— Et alors, n'importe qui peut le faire. C'est une honte, je ne veux pas qu'il salisse l'image du Groupe !
— Vous êtes obtus, Lucius. Est-ce que ces « tout le monde » peuvent faire cela en, je ne sais, probablement 3 mois ? Est-ce que ces « tout le monde » accepteraient de s'imposer ces leçons en plus de leur programme scolaire très soutenu, et vous le savez, car nous avons fait la même école ?
Voyant que son mari ne répondait pas, elle continua, utilisant sa dernière carte.
— Avant de penser au groupe, pensez à votre fils. Voulez-vous vraiment le décevoir, lui qui vous admire et vous prend pour modèle ? Voulez-vous qu'il finisse par vous tourner le dos, nous tourner le dos ? La société évolue, Lucius. C'est la vie, c'est comme cela. Harry semble un gendre tout à fait respectable. Si vous continuez à vous entêter, vous allez perdre plus que votre fils.
Sur ces paroles, elle quitta le salon, laissant son mari bouleversé. Pour la première fois depuis le décès de son père, Lucius pleura.
