Auteur : Yami Flo

Genre : Sérieux, Général. Aphélie est de retour dans les dortoirs, les filles se mêlent de tout, Dumbledore fait une annonce, Aphélie reçoit des nouvelles de chez elle, et elle prend enfin une décision importante pour elle.

Disclaimer : Depuis le temps, je crois que l'on commence à connaître. Donc, je le redis quand même juste pour la forme, seuls les personnages originaux sont à moi, le reste appartient à J.K Rowling. Au passage, mes sincères félicitations à l'heureuse future maman !

Chapitre 11 : En Attendant Halloween

Enfin de retour dans mon dortoir.

Faust m'a sauté dessus à mon arrivée, ne voulant plus bouger de mes genoux jusqu'à nouvel ordre. J'ai failli en rire.

Christina et Lily sont encore en cours. Avec l'option d'arithmancie qu'elles ont prise, elle finisse toujours plus tard que le reste d'entre nous. Moi, j'ai de la chance, les cours de d'Etude des Moldus, de Divination et de Runes Anciennes ne perturbent absolument pas mes horaires. J'aurais bien voulu tenter à l'époque le Soin aux Créatures Magiques, mais mon manque d'affinité avec les animaux m'y a fait renoncer. Ca et le fait que mes parents me l'aient interdit sous peine de grandes représailles.

Je n'avais jamais compris pourquoi à cette époque. Peut-être parce qu'ils estimaient que c'est trop risqué ? Non. Sûrement pas. Ils ne se préoccupaient que rarement de ma santé. De plus, Brûlopot était et est toujours un professeur compétent, et jamais il n'y a eu d'incident durant ses cours.

J'ai eu une surprise de taille la première fois que j'ai croisé Lupin dans la salle commune à cette époque. Lui non plus n'avez pas pris l'option de Soin aux Créatures, disant lui préférait, comme moi, l'étude des Moldus.

Je n'y ai pas cru à l'époque. Je pensais alors qu'il avait peur des animaux.

Maintenant, j'en connais la vraie raison. La présence des vampires ou des garous a tendance à rendre les animaux nerveux ou fous. Vous imaginez le résultat, si on y assistait tous les deux ?

Les Maraudeurs sont également introuvables. Mais, les connaissants, je crois qu'il ne vaut mieux pas s'inquiéter de leur absence. Quoique, les Serpentards en auraient probablement des sueurs froides.

L'autre surprise quand je suis remontée dans mon dortoir, fut d'y voir Daphné et Lindsay. Si Lindsay était » ravie » de me revoir (« Heureusement que tu t'en es sortie ! Sinon, on pouvait dire adieu à notre aide en potion. Euh, quand j'y pense, tu sais quel effet produit la sève de séquoia dans les potions de rêve ? Crimson nous a donné un essai de 40 centimètres, et... »), Daphné, pour sa part, avait la mine caractéristique d'une personne dont les projets viennent d'être contrariés. Vu que j'ai retrouvé la moitié de mes affaires jetées en vrac sur mon lit et ma malle forcée, je devine pourquoi.

Apparemment, si les Maraudeurs ont décidé de passer l'éponge, leur fan-club, lui, semble redoublé d'ardeur. Ils devaient chercher un moyen de pression contre moi, ou quelque chose de compromettant : photos, journaux intimes, poèmes d'amour, lettres d'un quelconque garçon...

Les pauvres ont du être déçues. En dehors de quelques livres sur les potions, les plantes et les sortilèges, quelques robes d'uniforme et deux ou trois toilettes réservées aux grandes occasions, elles n'ont rien du trouver. Mon carnet de dessin était avec moi, et c'est bien la seule chose qui aurait pu les attirer. Ah, si, peut-être qu'elles ont trouvé quelque chose...

Ca expliquerait pourquoi cette chère Daphné Roberts, avec Bertille Taylor, Judy Peterson et Amanda River, trois filles de sixième année, soient plantées devant moi alors que je viens juste de redescendre dans la salle commune. Quelques autres élèves, curieux, nous fixent bizarrement. Les préfets ne sont jamais là quand on en a besoin. Ils ont tous déserté la salle.

Daphné a l'air étrangement triomphante. Comme je n'ai pas retrouver toutes mes affaires, je suppose qu'elle a du chiper des lettres. J'ai conservé ma correspondance de l'an dernier avec moi dans un album, histoire de me divertir le soir. Cette année, à part pour mon anniversaire cinq jours plus tôt, je n'ai rien reçu de ma famille. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment à ce sujet.

-Eh, Silverstone, tu nous avais caché que tu avais un petit ami, lance brusquement Bertille.

Tout de suite, on n'entend plus que des chuchotements. Les élèves évaluent l'information entre eux (« Silverstone ? La folle de cinquième année ? » « La fille qui vous fait trembler rien qu'avec un regard ? Celle qui a fait une escapade dans la Forêt Interdite ? » « Impossible ! Qui serait assez dingue... »)

Hum, charmant accueil.

Bien, puisque ces demoiselles veulent jouer, alors jouons. En fait, je suis également très curieuse de savoir qui est ce soi disant petit ami qu'elles m'ont inventé.

-Moi ? Un petit ami ? J'en suis la première étonnée, Taylor. Les relations n'ont jamais été mon point fort, et les relations sentimentales encore moins.

-A d'autre ! Tu as conservé toutes ses lettres dans un album, crie Peterson.

-Je conserve toujours ma correspondance durant une période de temps déterminée. Cela dit, je suis curieuse de savoir comment vous avez obtenu cette information. Ma camarade de dortoir y serait-elle pour quelque chose ?

Je vois Roberts rougir brusquement, pas du rougissement d'une fille timide, mais de celui d'une personne en colère.

-Tss, je me demande ce qui te fais croire cela, Silverstone ?

-Eh bien peut-être le fait que ma malle ait été fracturée et le contenu jeter sur mon lit. Et puis, ton poignet est couvert de furoncles. On dirait que mon sort de protection a bien fonctionné.

-En tout, cas, ce garçon t'envois des messages très personnels, clama River, en essayant de détourner la conversation.

Pas bête, cette fille.

Elle sait parfaitement que si elles s'aventurent sur ce terrain, l'opinion publique se retournera contre elle. Avoir l'occasion de se moquer d'une personne est une chose, mais reconnaître, même implicitement, que l'on a volé pour le faire, en est une autre. Et si la plupart des Griffondors sont obtus dans leurs raisonnements, ils n'en sont pas moins, foncièrement honnêtes.

Roberts déplie alors une lettre qu'elle avait gardait dans sa poche, s'éclaircie la voix et commence à la lire à haute voix, histoire de me donner la honte et de mettre les rieurs et ceux qui me haïssent de son côté.

Du premier coup d'œil, je me rends compte que le parchemin jaunis est couvert d'encre bleu pâle. Et il n'y a qu'une personne dans ma famille qui se serve de ce type d'encre.

-Alors voyons ce que ton petit copain t'a envoyé :

Ma chère Aphélie,

C'est avec un vif plaisir que je t'écris ses lignes. J'ai enfin obtenu le poste que je souhaitais à Sainte Mangouste. Père et Mère en sont ravis, quoiqu'ils témoignent encore d'une certaine réserve en ce qui concerne mon choix de carrière, qu'ils jugent indigne de notre rang et de notre condition. Il faudra m'expliquer alors pourquoi ils ont si bien pris la décision d'Octavio de devenir Auror. Il y a du favoritisme, c'est moi qui te le dis.

J'ai entendu dire que tu as fait une mauvaise chute dans l'escalier de la Grande Tour cet été. Mère m'a fait savoir qu'il ne s'agissait que d'une simple entorse de la cheville, mais je suis tout de même inquiet. J'espère que tu ne souffres pas trop et que tu pourras à nouveau marcher sans problèmes. Je suis désolé de ne pas pouvoir passer ces vacances avec toi comme je te l'avais promis, mais j'ai maintenant de grandes responsabilités qu'il me faut honorer.

Comment va Violette ? Est-elle heureuse à Poudlard ? Je suis navré de ne pas avoir été là pour l'accompagner à la gare. Elle était tellement anxieuse avant mon départ...On m'a dit qu'elle allait beaucoup mieux, néanmoins, et qu'elle avait repris des couleurs. C'est bien. Elle fait parti de ceux que j'espère ne jamais avoir à opérer d'urgence à cause de ces massacres insensés...

Comment vont tes « crises » ? Je sais que tu n'aimes pas en parler et que tu veux les tenir secrètes, mais, je t'en pris, n'hésite pas à me prévenir si jamais tu as besoin de quoique ce soit. Je tiens trop à toi pour te perdre ou te mettre dans une situation dangereuse. Et avec tes insomnies chroniques, je ne doute pas un instant que tu en fasses déjà des tonnes. Essayes de ne pas donner trop de cheveux blancs à tes professeurs, et travailles bien.

En attendant de tes nouvelles,

Amoureusement,

Ajax.

-Alors, Silverstone, tu prétends toujours ne pas avoir de petit ami, railla River.

-Dites moi, qu'est-ce qui vous a fait pensé que ce garçon était mon petit ami ? Le terme « amoureusement » ? Vous faites vraiment fausse route. Cette lettre est de plus très ancienne.

-Tu parles, elle est annoté du 7 septembre, siffla Peterson.

-Le 7 septembre de l'an dernier. C'est d'ailleurs noté dans le coin gauche supérieur du parchemin. Et, une fois encore, elle ne vient pas d'un quelconque soupirant éperdu.

-A d'autres, ricana Taylor. Cette lettre vient de ton petit copain. Tu as simplement trop honte pour nous l'avouer.

-Absolument pas. Je n'ai jamais, et je n'aurais jamais de petit ami, pour la simple et bonne raison que je ne m'intéresse pas du tout aux hommes. Quant à Ajax, je ne l'épouserais pas car je suis contre la consanguinité des familles, et plus particulièrement contre le crime de l'inceste. Le vrai nom de l'auteur de cette lettre, c'est Ajax Alexander Brian Silverstone, et il s'agit de mon frère aîné. Il a quitté l'école avant notre arrivée, mais les septièmes années doivent se souvenir de lui. Autre chose : si tu avais examiné attentivement la lettre, tu aurais vu qu'elle était marquée du sceau des Silverstone, un croissant de lune sur lequel s'entrecroisent deux épées. Et, pour tout incrédule qui voudrait une autre preuve, il peut demander aux professeurs Crimson ou McGonagall, qui lui ont enseigné. Cela dit, j'aimerais beaucoup récupérer cette lettre.

-Tu ne peux pas m'obliger à te la rendre, fit Roberts.

-Mais moi, si. A moins que tu ne veuilles que je te dénonce aux professeurs pour vol dans la malle d'un de tes camarades de dortoir, Roberts ?

Cette voix...

Tranquillement, Remus Lupin s'avance dans la salle, la foule s'écartant sur son passage comme s'il s'agissait du Messie ou de Dieu le père.

C'est bien la première fois que je suis aussi ravie de le voir. Il a une grande prestance avec son badge épinglé sur la poitrine, malgré son teint pâle et son air de grand malade venant de se lever après une forte maladie.

Il tend gentiment une main devant Roberts, qui y dépose, subjuguée, ma lettre. Et tout sourire, Remus la replie correctement et me la rend.

Je la prends sans rien dire et remonte dans mon dortoir. Avant de quitter la Salle, j'aperçois furtivement Remus se mettre face à tous les élèves, légèrement inquiets.

On dirait que le garou prend en main ses responsabilités. Ce n'est pas plus mal. Avec un peu de chance, il va leur faire un sermon et leur dire de me laisser en paix.

Il y a des chances pour que ça marche ?

...Non.

Franchement, qu'est-ce que je m'imagine ? Avec ma chance habituelle, ces idiotes, n'ayons pas peur des mots, vont croire que j'essaie de draguer Lupin. Et me tomber dessus à bras raccourcis pour me le faire payer.

Si en plus elles apprennent qu'il ma fait un cadeau, je suis morte.

Prions pour que Lupin sache tenir sa langue.

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La Grande Salle, au moment du dîner, est toujours pleine du bruit des conversations.

Aujourd'hui, elle est silencieuse.

Dumbledore va faire une annonce.

Et c'est pourquoi personne ne comprend. Pourquoi voudrait-il nous parler, lui qui ne dit jamais rien sauf en cas de graves problèmes ?

Il n'y a pas eu d'attaques, récemment. Pas de massacres, pas de marques vertes flottantes dans le ciel pour indiquer, même si ce n'est pas nécessaire, le responsable de ces atrocités.

En bref, nous avons en ce moment une quiétude toute relative, renforcée par le fait que Poudlard est considéré comme l'endroit le plus sur au monde.

Pourquoi est-ce que je redoute le pire, alors ?

Peut-être parce que notre bien-aimé directeur est l'homme le plus farfelu qui soit au monde. Ou peut-être parce qu'il a un sourire de gamin qui ouvre ses cadeaux de Noël en avance. Je parle d'expérience. J'ai déjà vu Violette le faire.

-Mes chers élèves, je tiens à vous remerciez de m'accorder un peu de votre attention. Rassurez-vous, cela ne sera pas très long.

Un vague : « Manquerais plus que ça, tiens » retentit à la table des Serpentards, et l'élève fautif se vit la cible de l'œil méprisant du professeur Crimson. Etrangement, le coupable, un garçon de sixième année, sembla soudainement se ratatiner sur place.

-Je disais donc, mes chers élèves, avant d'être interrompu, que je n'en avais pas pour longtemps. Je tenais à vous faire savoir que le traditionnel festin d'halloween serait annulé cette année.

Tout de suite, il y eu des protestations, quelques élèves se levèrent de leurs sièges en grognant, quelques insultes partirent.

Je ne bougeais pas d'un pouce, attendant la fin de la sentence directoriale. Les jeunes ne savent pas attendre. Dumbledore n'annulerait certainement pas une tradition millénaire sans bonnes raisons. Il a probablement une idée derrière la tête.

Et je crois que l'idée en question ne va pas me plaire du tout.

-Du calme, mes enfants, du calme ! Si vous pouviez me laisser terminé, je voudrais vous annoncer que le festin de cette année a été annulé au profit d'un bal masqué ouvert à toutes les années, y compris les premières !

De nouveaux cris s'élèvent, mais cette fois, ce sont des cris de joie et de bonheur. Quelques filles se mettent à glousser et à se parler entre elle en chuchotant et en faisant de l'œil à certains garçons.

Moi, j'en reste coite. Un bal.

Le vieux gâteux – pardonnez moi Merlin de dire ça, mais là... - veut organiser un bal. Pitié, non. J'ai toujours eu une sainte horreur de ce genre de festivité. Mes parents organisent des bals ou des soirées presque tous les ans en été et à Noël. Ma présence y est, selon les cas, indésirable ou obligatoire.

Je sens que je vais plutôt passer ma soirée dans la tour en attendant que l'ambiance festive retombe, moi...

-Je n'ai pas encore terminé. D'une part, cette soirée est obligatoire.

Franchement, je commence à me demander s'il ne lit pas dans mes pensées...

-Ce bal sera masqué, je l'ai précisé. Donc il est hors de question que vous invitiez un ou une cavalière.

Quelques soupires de déception se firent entendre.

Je pousse un discret soupire de soulagement. Non pas que je m'attendais à recevoir une invitation de qui que se soit, mais généralement, qui dit bal dit forcément crises de larmes et sanglots pour la moitié des filles n'ayant pas pu mettre la main sur le gros lot, j'ai nommé leurs majestés les chahuteurs en chef, les Maraudeurs.

Et deviner qui doit quitter la tour de Griffondor pour éviter de les étranglés ?

-Des costumes et des masques vous seront distribués au hasard. Pour ceux qui s'inquiètent du prix, ne craignaient rien, c'est l'école qui paye.

Des sourires réapparaissent bien vite sur les visages les plus maussades.

Hum, Dumbledore a du faire financer la soirée par les parents d'élèves et le conseil de l'école. Après tout, payer des costumes pour près de deux cents élèves revient à très cher.

Je ne doute cependant pas qu'il a obtenu les crédits nécessaires facilement. Il est un homme très influent, et je doute que le Ministère s'oppose à une telle démarche si elle peut ramener un peu de joie chez les enfants.

Les adultes n'y pensent jamais, mais dans le fond, c'est nous qui sommes le plus touché par cette guerre.

Nous, parce que nous ne pouvons rien faire. Nous, parce que nous avons quitté des proches que nous ne reverrons peut-être plus jamais. Nous, parce que nous subissons également des pertes hors de l'école. Nous, parce que nous sommes ceux qui sont les plus influençables.

Lentement, je me mets à applaudir. Quelques personnes me regardent d'un air étonné.

Puis, lentement, d'autres personnes se joignent à moi. Des Serdaigles, des Poufsouffles, des Griffondors, et étonnement, quelques Serpentards.

Dumbledore sourit gentiment.

-Bien, maintenant que ceci est réglé, je crois que nous pouvons retourné à nos assiettes.

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Dans le dortoir de Griffondor, la folie règne. Les filles et les garçons parlent tous avec animation de ce fameux bal qui aura lieu à la fin du mois, juste après une sortie à Pré au Lard, le village sorcier qui se situe près de l'école.

Même q'ils ne peuvent pas se chercher de cavaliers ou cavalières, cela ne les empêchent pas de divaguer sur les choses qu'ils feront avec celui qui les fait secrètement craquer.

Comme de juste, les Maraudeurs sont au centre de l'attention, toutes les filles cherchant à attirer leur attention et à leur demander s'ils les inviteront à danser au bal. James et Sirius ont l'air ravis de cette attention, Remus semble gêné et hésitant, et Peter est complètement ignoré, ou presque.

Là, c'est trop pour moi.

J'ai observé tout ce cirque pendant un moment, mais là, j'ai grand besoin de calme et de tranquillité. Et quoi de mieux que mon dortoir pour y remédier ?

Machiavel est posé sur mon épaule. Il est arrivé tard, à peu près vers la fin du repas, avec une lettre pour moi portant le sceau des Silverstone. Comme elle est cachetée à la cire rouge, je sais déjà qu'elle vient de mon père.

Chaque membre de ma famille utilise le sceau, mais nous avons des couleurs de cire différentes. Rouge pour mon père, blanche pour ma mère, et bleu pour le reste d'entre nous. Savoir que mon père m'a écris une lettre me rend plutôt nerveuse. Il n'est pas du genre à échanger du courrier avec ses enfants. Avec ses filles, tout du moins. Il a beau être un homme équitable, il a toujours avoué sa préférence pour ses fils.

Je suis toute seule dans le dortoir. Lindsay est partie mettre de l'ordre en bas. Daphné use de son « charme » pour s'attirer les faveurs des Maraudeurs. Lily a quitté la tour pour aller à la bibliothèque avant le couvre-feu. Christina est partie chez les Serdaigles pour retrouver Mark. Ils parlent de mettre au point un journal ensemble. Le « Chicaneur », je crois.

Christina devient de plus en plus bizarre, quand j'y pense. Depuis quand porte-t-elle des capsules de bouteilles en boucles d'oreilles ou en bracelets ?

Non pas que j'ai quelque chose contre, Christina fait ce qu'elle veut, mais je trouve qu'elle pousse parfois son excentrisme un peu trop loin.

C'est bien pour cela que je l'adore, dans le fond.

Doucement, je brise le cachet de cire qui maintient le rouleau de parchemin fermé. Il faudra qu'un jour mon père se décide à utiliser des enveloppes, comme tout le monde.

La lettre n'est pas longue, mais elle me surprend tout de même.

Aphélie Phénicia Silverstone,

Ma très chère fille, ta présence est souhaitée au manoir pour les vacances de Noël et les fêtes du Nouvel An. Je sais qu'il est encore bien tôt pour te donner de telles directives, mais ta mère et moi, nous nous serons tous deux absents durant deux mois. Il est de notre désir de te voir à nos côtés pour la soirée qui sera donnée à l'occasion des fiançailles de ta sœur Dahlia avec Flavius Malefoy.

Je te laisse le soin de prévenir ta sœur Violette.

Je dois également t'informer que ta mère et moi avons besoin de te parler en privé le plus tôt possible. Il en va de ton avenir.

Ton père,

Isaac Clément Victor Silverstone.

Alors, c'est décidé.

Dahlia va épouser un Malefoy. Je me demande ce qu'en pense le reste de la famille ?

Octavio doit approuver l'union avec un sang pur, il est très conservateur. Néanmoins, je doute qu'il apprécie vraiment le fait que le futur époux soit un Malefoy. Il dit souvent que cette famille est pire que les Black, et pour avoir été une seule fois dans leur manoir étant enfant, je préfère ne pas imaginer à quoi ressemble leur propre château.

Ajax doit afficher un grand sourire face aux parents, mais en douce je parie qu'il maudit sa sœur pour avoir fait un tel choix. Il ne les aime guère, et je le comprends. Et il n'aime pas trop les mariages entre sangs purs, qui finissent par nous affaiblir et diminuer inexorablement notre nombre.

Camélia, toujours conciliante, doit essayer de mettre tous les partis d'accord. Et accessoirement, de nouer de meilleures relations avec la future belle famille. Elle risque d'avoir du travail.

Je replis la lettre avec lenteur.

Mon père m'intime l'ordre d'être là bas pour la réception, alors je n'ai pas le choix. Mais si je ne l'apprécie pas. Cette lettre est complètement dépourvue de sentiment. L'écriture y est formelle est mécanique. Quoi qu'il se passe, on dirait que mon père m'a prise en grippe.

Machiavel croasse sourdement.

Il me sent préoccupée et il n'aime pas cela.

De mon sac de cours, traînant au bout de mon lit, je ressorts le papier montrant l'adresse de ma tante Anne Lyse. Je la contemple un instant.

Père m'a dit vouloir discuter en privé. Il faudra deux mois avant que je les revois lui et mère. Ils disent vouloir parler. Mais j'ai dans l'idée qu'ils ne vont pas faire que cela.

Anne Lyse...

J'ai envie de lui écrire un mot, juste pour voir. Juste pour savoir si je peux en avoir le courage.

Machiavel a arraché une de ses plumes. Parfait. De mon sac, je tire un parchemin que je dépose sur le lit et me mets à écrire avec hésitation.

Chère Miss Anne Lyse,

Je sais que cette lettre risque de beaucoup vous surprendre. Je sais que vous n'avez pas eu de contact avec votre famille depuis quinze ans environ. Je sais aussi que vous ne les aimiez guère et que vous voudriez ne plus jamais entendre parler d'eux.

Je sais qu'à votre place, c'est ce que je ferais en connaissant Daria, Manfred et votre sœur Sylvianne. Mais, j'ai besoin de votre aide, ou tout du moins, ne serait-ce que quelques mots. Le professeur Ethan Whirlwind m'a dit que vous accepteriez probablement de me répondre, même si j'en reste sceptique. Et je crains qu'en connaissant mon identité, vous ne vouliez pas en apprendre d'avantage.

Car je fais moi aussi parti des maudits de la famille Knight. Je suis votre nièce, Aphélie Silverstone, la troisième fille de votre sœur Sylvianne. Je doute que vous me connaissiez, car si votre disparition officielle date de quatre mois après ma naissance, une légère recherche m'a permis d'apprendre que vous n'étiez plus en contact avec eux depuis près de deux ans auparavant.

Je sais que vous ne répondrez probablement pas à cette lettre. Mais, rien qu'une fois, je voulais vous écrire. Je voulais rentrer en contact avec quelqu'un comme moi, quelqu'un de plus âgé qui pourrait me comprendre. Car Drake, le second fils de votre sœur Daria, est comme vous et moi, mais lui ne peut rien faire pour m'aider. Je doute même qu'il comprenne à quel point il est différent.

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous avoir écris, surtout pour si peu de choses, mais j'en avais besoin, ne serait-ce que pour soulager ma conscience.

Cordialement, votre nièce

Aphélie.

Je me mis à relire la lettre trois fois. Je ne la trouvais pas terrible, et je n'y mettais aucune question, mais je n'espérais pas de réponses, alors, à quoi bon en poser ?

J'attachais précautionneusement le rouleau de parchemin à la patte de Machiavel, qui enfonça ses serres dans ma main en guise de mécontentement. Il détestait servir de facteur, mais il n'avait pas trop le choix.

-S'il te plaît, murmurais-je à son oreille, porte ce papier à la Tour des Damnés, à Anne Lyse Knight. Tu peux faire cela pour moi ?

Machiavel s'envola par la fenêtre sans demander son reste.

Pendant un long moment, les yeux fixent, je le suivis du regard alors qu'il se fondait dans la nuit noire et dans les nuages annonciateurs de la pluie.

Il emportait avec lui tous mes espoirs de parler avec la seule personne qui pourrait peut-être me comprendre en tant que vampire et en tant qu'être humain.

Curieusement, ce n'était ni inquiétant, ni rassurant. Une certaine neutralité s'était ancrée en moi, et je me sentais plus sereine d'avoir fait ce pas qui me semblait comme une acceptation de ma nature et de ma condition.

Peut-être qu'un jour, j'arrêterais de me cacher...

Peut-être qu'un jour, je pourrais m'afficher sans honte face à ceux que j'aime et vivre ma vie sans me préoccuper des préjugés et des ennuis.

Après tout, je suis toujours libre de rêver.

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Et voilà le onzième chapitre de Famille Maudite, après une attente pas si longue que cela. Je tiens à rassurer les lecteurs d'Apprendre à Aimer, le prochain chapitre est déjà bien entamé, j'en suis presque à la moitié. Cependant, j'ai fait un choix : je ne mettrais plus à jour mes histoires d'Harry Potter si je n'obtiens pas au moins une ou deux reviews supplémentaires pour ma traduction, La Légende Commence. Bon, certains penseront peut-être que j'exagère, mais je passe beaucoup de temps à traduire un seul chapitre, et j'y prend parfois plus de plaisir qu'à écrire mes propres histoires. Je sais que les fans de cette série ne courent pas tellement les rues en France, mais...

J'espère que vous comprendrez cette décision.

Merci beaucoup à ceux et celles qui m'ont envoyer des reviews. A très bientôt j'espère.