Auteur : Yami Flo

Genre : Général, Sérieux. La partie que tout le monde attendait : Anne Lyse donne des nouvelles fracassante, le professeur Whirlwind n'est pas en reste, Aphélie perd son calme, et Dumbledore est zen.

Disclaimer : Ah, vous dirais-je maman, ce qui cause mon tourment…Harry Potter ne m'appartient pas, vous le savez, mais les personnages de cette histoire le sont pour la plupart.

Chapitre 12 : Le Bal des Citrouilles

Elle souriait, elle me souriait comme jamais ma mère ne l'aurait fait pour moi. Et elle me regardait sans crainte, elle s'affichait sans honte, et elle m'invitait inconsciemment à l'imiter.

-Elle est vraiment charmante. Enchantée, Aphélie. Je suis Anne Lyse. Et je crois que nous avons, avec tes professeurs, beaucoup de choses à nous dire.

Tandis que sonne le premier coup de minuit, quatre personnes, dans le secret d'une pièce close, s'apprêtent à échanger leurs secrets.

Troisième partie : La Nuit des Vérités

Je ne disais rien. Je ne bougeais pas. Et j'avais à peine conscience de respirer.

Jamais je n'aurais crû la voir en face de moi.

Doucement, le professeur Dumbledore m'enjoignit à m'asseoir, ce que je fis sans me faire prier. Je ne pense pas que mes jambes auraient pu me soutenir plus longtemps de toute façon. Les adultes semblaient amusés de mon attitude.

Moi pas.

Il se passa un moment avant que quiconque ouvre la bouche. Personne ne semblait parfaitement à l'aise, sauf Dumbledore, mais je le soupçonnais d'être là plus à titre de témoin que d'autre chose. Finalement, ce fut le professeur Whirlwind qui enclencha la conversation.

-Miss Silverstone, je crois que vous n'avez jamais rencontré Anne Lyse, n'est-ce pas ?

-Non, lâchais-je d'une voix atone. Pour ma famille, c'est à peine si elle a existé, et si on en parle, c'est comme si l'on parlait d'un mort.

-Hum, cela ne m'étonne pas plus que cela de la part de Sylvianne et Daria, elles ne m'ont jamais vraiment porté dans leur cœur, dit tranquillement ma tante, occupée à caresser les plumes du phénix de Dumbledore. J'aurais pourtant cru qu'ils auraient la délicatesse de te parler un peu de moi, surtout Manfred. Il connaît, après tout, l'importance des maudits les uns envers les autres.

Elle était vraiment lucide, constatais-je. Pourtant, je n'en étais plus rassurée pour autant.

-Je ne vois pas beaucoup mon oncle, confessais-je. Je n'aime pas aller chez lui, parce que cela signifie voir mes cousins, et…ils me rendent nerveuse.

-Typique de la famille, fit paisiblement Anne Lyse en hochant pensivement la tête. Je connais un peu l'aîné de vue, et je dois avouer que je préférerais largement croiser un loup-garou un soir de pleine lune que de m'approcher de lui pour lui parler. Il y en a encore un qui suit sa scolarité ici, non ? Le deuxième gamin de Manfred ?

-Oui, Troïlos. Il s'est bien juré de trouver un moyen de tout révéler à l'école concernant le…désagrément dont nous sommes toutes les deux la cause.

-L'imbécile ! Il ne se rend pas donc pas compte à quel point c'est dangereux ! Mais qu'est-ce qu'il croit ?

Je sursautais. Ce cri de rage n'était pas venu, comme je l'aurais cru, de ma tante, mais bel et bien du professeur Whirlwind. Il arborait une expression de furie qui me fit légèrement frissonner. Le gentil sorcier toujours de bonne humeur avait définitivement laissé la place à un homme bien plus dangereux qu'il n'y paraissait.

L'homme que j'avais toujours senti se tapir au plus profond de lui.

Cependant, cet éclat de colère ne sembla surprendre ni ma tante, ni Dumbledore. Ce dernier avait d'ailleurs une expression contrariée et fort sombre.

-Ethan, allons, contrôlez-vous. Ce n'est pas une façon de se tenir devant une enfant. Qui plus est quand cette enfant s'avère être votre nièce !

Temps mort, là. J'ai bien entendu ? Il a bien dit sa…

NIECE ?!

J'ai définitivement basculé dans une autre dimension. Alors ce produit un événement marquant pour moi. Je n'avais jamais fait cela avant, et je pensais ne jamais le faire, ou du moins pas avant de longues années.

Je me mis à hurler sur les adultes.

-Pardon !? Vous pouvez me répéter ça !

Anne Lyse me sourit gentiment et, passant un bras autour des épaules d'Ethan Whirlwind, elle me montra gentiment sa main gauche. Pendant de longues minutes, je ne pu quitter du regard l'anneau étincelant à son annulaire.

-J'aurais probablement dû vous en parler avant, Aphélie, dit tranquillement le professeur Whirlwind. Mais je ne savais pas comment vous l'annoncez. D'ailleurs, il m'a fallu du temps avant de comprendre que vous étiez la nièce d'Anne Lyse…

-Oh, pas si longtemps que cela, j'en suis sur, dit tranquillement ma tante à son…époux. J'ai été cependant très surprise de recevoir une lettre de ta part pour me demander si je ne connaissais pas la famille Silverstone.

Je les regardais avec des yeux ronds. Il ne me semblait pas avoir été si expressive de toute ma vie. Je savais depuis qu'il m'avait parlé d'elle pour la toute première fois que le professeur Whirlwind – ou devais-je dire oncle Ethan ? – m'avait menti sur ses relations avec ma tante, mais je ne pensais pas que cela allait jusque là.

-Vous êtes mariés depuis combien de temps, murmurais-je sans trop attendre de réponse ?

-Cela fera sept ans au printemps, répondit calmement ma tante. Je dois avouer que ce fut une surprise colossale que de voir Ethan, un matin, sur le pas de ma porte, trempé par la pluie, avec un écrin et des fleurs dans les mains…

Elle éclata de rire, dévoilant un peu plus ses dents blanches. Négligemment, elle se mit à entortiller autour de son doigt une longue mèche, tandis que son…époux prenait place dans le fauteuil resté vacant.

Dumbledore les regardait avec amusement.

-Peut-être devriez-vous lui raconter votre histoire ? Suggéra-t-il pince sans rire.

-Oh, Albus, fit Ethan, cela ne l'intéresse sûrement pas.

-Si, fis-je malgré moi, sans trop y croire. J'aimerais savoir comment j'ai obtenu un oncle supplémentaire. Et pourquoi personne ne me l'a jamais dit.

A ses mots, ma tante soupira fortement. Elle se décida tout de même à entamer son récit.

-Je connaissais Ethan depuis deux ans alors. Nous nous étions rencontrés à Paris, lors d'une conférence sur les créatures magiques possédant du sang humain et leurs droits dans la société. Je n'y avais été que par simple curiosité, me disant que de toute façon, j'en apprendrais peut-être un peu plus que ce que je savais déjà. C'était une journée pluvieuse, comme je les aimais. Malheureusement, toute à mes pensées, je ne prenais pas garde à ce qui se passait autour de moi. Et c'est ainsi que je bousculais un jeune homme qui s'avéra être Ethan.

-Nous n'avions pas fière allure, tous les deux, sourit alors le prof…mon oncle. Nous sommes restés à nous dévisager sous la pluie pendant cinq bonnes minutes avant de reprendre nos esprits et de nous mettre à l'abri. Nous avons alors fait plus ample connaissance devant un café chaud. Quand j'y pense, je me dis que cela devait être cela, le coup de foudre. Nous nous mîmes d'accord pour nous revoir chaque fois que possible.

-Au fil du temps, reprit ma tante, nous avons appris à nous connaître, et nous avons sympathiser. Et, pour finir, nous nous sommes mariés.

C'était très joli, mais, j'avais encore un léger souci avec cette histoire.

-Mais…et votre condition ?

-Oh, ça…je n'ai jamais caché à Ethan que j'étais à moitié vampire. En fait, il s'en doutait déjà fortement.

-Hum, tu n'apparaissais pas dans les miroirs, c'est normal que je me sois méfié, maugréa-t-il, sans pourtant avoir l'air fâché.

Elle n'apparaissait pas dans les miroirs ?

Visiblement, elle tenait bien plus du vampire que moi.

Tant qu'à leur rencontre…

C'était assez banal, et pourtant…considérant la famille et la personne, cela devenait soudain étonnant.

Sans trop savoir pourquoi, je l'enviais. Elle avait su se faire une vie malgré sa condition.

-Je…je n'ai jamais entendu dire par qui que ce soit que vous vous soyez mariée, ma tante.

Je me mettais à bégayer, maintenant ? Cette fois, Aphélie la stoïque s'était définitivement envolée.

-Oh, tu peux me tutoyer, tu sais. J'ai perdu pas mal du sens des longues formules de politesse depuis que je connais Ethan. Et pour répondre à ta question…tu connais déjà la réponse.

Hum, les pensées d'une famille sorcière au sang pur lorsqu'elle apprend qu'un membre maudit de sa famille se marie, et en plus, avec un sorcier d'ascendance moldue, sans fortune ? Pas difficile à deviner :

-Inutile de parler d'une honte pareille à nos enfants, c'est cela, dis-je ?

-Plus ou moins, je suppose. Mon frère et mes sœurs n'ont vraiment fait aucun effort pour me tenir au courant de leur vie. J'ignorais même que Daria ait eu des enfants, ou encore ton existence et celle de ta petite sœur…

-Violette.

-Voilà, c'est cela. Entre nous, je désapprouve totalement. Ils auraient dû me contacter dès qu'ils ont vu que leurs enfants étaient des maudits. Ils se seraient épargnés bien des désagréments.

-Je…

Anne Lyse ne me laissa pas même le temps de répondre. Ses yeux étaient devenus mortellement sérieux.

-Aphélie, je ne désire pas parler famille pour le moment. Ce qui m'a amené ici ce soir, c'est toi, ma chère petite nièce. Je sais que tu es une maudite, et je veux t'aider, mais pour cela, tu dois briser le sort.

-Non ! Je ne peux pas faire cela ! Il y a assez de personnes comme cela qui sont proches de découvrir la vérité pour que je garde le Fidelitas actif !

Anne Lyse me regarda un moment en haussant un sourcil, puis en prenant un sourire plus qu'inquiétant.

-Je pensais que tu étais à Gryffondor ?

-Oui, murmurais-je en devinant parfaitement en devinant ou elle voulait en venir.

J'oubliais un peu vite dans quelle maison elle avait fait sa scolarité. Pardon Severus pour cette offense, mais : Maudit soit les Serpentards !

-Je croyais que la Maison rouge et or était celle des courageux. N'aurais-tu donc pas de courage pour te cacher derrière un sort et des mensonges ? N'aurais-tu donc aucune fierté ?

-Si, justement !

-Alors montre nous que tu as du courage en acceptant !

-Ce n'est pas cela le problème. Révéler ce que je suis, je le peux. Dans le fond, ce que les étrangers pensent m'importe peu.

Et c'était vrai. J'étais passée au travers le mépris durant mes premières années de scolarité, et comme j'inspirais la crainte à d'autre à présent, tout m'était égal. J'étais moi.

Mais Anne Lyse tenait fermement à avoir sa réponse.

-Alors quoi ?

-…Lily et Christina…je ne veux pas les perdre…qu'est-ce qu'elles diraient si elles venaient à l'apprendre ?

Le professeur Whirlwind – je crois que je continuerais à l'appeler comme cela pour l'instant, 'Oncle Ethan' est définitivement trop étrange – sourit avec franchise, en posant une main sur mon épaule.

-Se sont-elles déjà douter de quelque chose ?

-Probablement. Elles sont loin d'être bêtes, et nous avons partagé beaucoup de temps libre ensemble.

Anne Lyse en profita pour reprendre la parole.

-Aphélie, crois-tu que tout changerait vraiment si tu avouais de vive voix ce que tu es ? Réfléchis bien avant de répondre, surtout. Qu'est-ce que ces filles voient en toi ? Pourquoi restent-elles avec toi ? Et franchement, après tout ce que vous avez vécu ensemble, penses-tu qu'elles t'abandonneraient ?

Je ne savais pas trop quoi penser après ce discours. Et, comme pour m'achever, Dumbledore décida d'y mettre son grain de sel.

-Miss Silverstone, je voudrais vous parler de monsieur Lupin. Je ne doute pas que vous connaissiez exactement le mal dont il souffre. Ses camarades le savent. Est-ce pour cela qu'ils l'ont laissé tomber ? Non, au contraire, ils ont fait bloc autour de lui. Pourquoi cela serait-il différent avec Miss Evans et Miss Sander ?

-MAIS ETRE UN LYCANTHROPE EST TRES DIFFERENT D'ETRE UN VAMPIRE !

Je ramenais les mains devant ma bouche, horrifiée. Mais il était déjà trop tard. Une lueur argentée commença à émaner de mon corps.

L'instant suivant, un flash lumineux obligea tout le monde dans la pièce à fermer les yeux, moi y compris. Quand je pu enfin les rouvrir, ce fut pour voir une sorte de fantôme de sort – une sorte de nuée couleur argent – se dresser devant moi. C'était moi.

Et, en même temps, ce n'était pas moi.

C'était ma réplique, mais ma réplique à l'âge de dix ans, quand le sort m'avait été jetée. Et elle avait les canines bien plus longues que les miennes.

Elle me souriait avec une innocence que j'avais perdue il y a bien longtemps – et que je possédais même plus à cet âge – et l'espace d'un instant, je crus à un cauchemar.

Et la silhouette s'effaça complètement.

Je me laissais retombée dans un fauteuil – qui n'était pas là tout à l'heure, j'en suis certaine – complètement déboussolée. J'avais l'impression qu'un immense poids venait de quitter ma poitrine, et qu'en même temps, j'avais le cœur transpercé par des aiguilles.

Deux larmes de sang roulèrent sur me joues. Je ne pris pas la peine de les essuyer.

D'autres suivent bientôt. Je n'ai pas l'habitude de pleurer, je hais montrer ma faiblesse et cet attribut qui m'est si particulier, ces larmes carmines preuves de la malédiction attachée à mon nom et à mon sang, je hais dévoiler ce qui se cache derrière le masque inflexible qui couvre mes traits.

La main de ma tante se posa sur mon épaule en une tentative de réconfort.

-Je suis désolée, Aphélie. Mais il le fallait.

-C'est terminé maintenant. Je ne pourrais plus être protéger. Ils vont bientôt savoir et je serais renvoyée de l'école. Il n'y a pas moyen que le Ministère accepte de garder une demie vampire dans l'établissement.

Ma voix était atone. Le sang maculait mes joues. Des petites tâches pourpres étaient apparues sur le tissu de la robe – mine de rien, j'avais pleuré plus que je ne me l'imaginais – petites étoiles écarlates sur les ténèbres.

Dumbledore vint également à mes côtés.

-Miss Silverstone, calmez-vous. Vous ne serez pas renvoyée, je vous le promets.

-Mais, le Ministère…

-Ce que le Ministère ignore ne peut pas nous faire de mal, n'est-ce pas ?

Je relevais la tête vers lui avec incrédulité. Il arborait ce petit sourire mystérieux et amusé que j'avais tant appris à craindre.

Il sous-entendait beaucoup de choses dans ses paroles. Il fallait que j'en ais le cœur net.

-Ils ne savent pas pour Remus Lupin non plus, j'imagine ?

Vu le sourire qu'il affichait, c'était assez évident.

Je soupirais lourdement, ce qui ne m'était pas familier.

-Professeur…comment avez-vous su…comment avez-vous su que j'étais vampire.

-Je sais tout ce qui se passe dans cette école, ma chère enfant. Absolument tout. Et ce que vous faisiez durant vos ballades nocturnes n'a pas échappé à certains tableaux…

Mais bien sur, les tableaux ! Bien que les personnages bougent et parlent, ils ne sont pas vivants ; ils restent des objets. Et les objets ne sont pas influencés par le sort de Fidelitas. Comment ais-je pu être aussi stupide ?

Dumbledore, pour sa part, continuer sur sa lancée, me fournissant les dernières explications dont je me doutais déjà.

-…J'ai beaucoup de pouvoirs, Miss ; voir partiellement au travers du Fidelitas m'est possible, mais si en plus on tenait compte de la malédiction dont votre tante m'avait parlé durant ses années d'études, de ce mot que je n'arrivais jamais à me rappeler vous concernant, et de vos « repas » nocturnes, sans compter ceux que vous preniez irrégulièrement dans la Grande Salle avec vos camarades…Je n'ai pas beaucoup de mérite, je connaissais déjà suffisamment de choses avant de comprendre.

Oui. Logique et implacable. Visiblement, il s'était douté de tout dès les premiers jours.

-Miss Silverstone, pourriez-vous m'expliquer en quoi être lycanthrope et être vampire sont deux choses complètement différentes ?

-Un lycanthrope n'est un loup, au pire, que trois nuits par mois. Un vampire, lui, est perpétuellement maudit. Il ne peut jamais s'empêcher de boire le sang des humains ou des animaux, il…

-Et est-ce votre cas, Miss Silverstone ?

Je prends un moment avant de répondre. Il a l'air d'attendre quelque chose. La main de ma tante s'est serrée un peu plus fermement sur mon épaule. Le professeur Whirlwind – décidément, je ne peux pas l'appeler autrement, rien à faire – me regarde avec une drôle de lueur dans les yeux.

Je prends une profonde inspiration avant de répondre.

-Oui.

Visiblement, ils s'y attendaient. Je vois les yeux de Dumbledore perdre de leur gaieté, et j'entends ma tante pousser un profond soupir.

Impassible, je me justifie.

-Depuis le début de l'année, j'ai de plus en plus de mal à contrôler mes instincts. Jour de la rentrée, j'ai eu envie d'égorger ma sœur et un de ses condisciples. Je ne me suis calmée que grâce au sang que m'a offert Méphisto…

-Il n'aurait pas du sang de Kneazle, ce chat, grommela le professeur Whirlwind ?

Je ne m'interromps même pas, même si sa remarque me laisse un peu perplexe. C'est une chose à laquelle je n'avais jamais pensé.

-…ensuite, il y a eut une période normale. Jusqu'à ce que je me retrouve à l'infirmerie. Tout est revenu brusquement, et j'ai cru que j'allais tuer Mrs Pomfresh.

-C'est la raison pour laquelle vous êtes aller dans la Forêt Interdite ce soir là, demande gentiment Dumbledore ?

-Oui. Il le fallait bien. Et là…je ne sais pas trop ce qui m'est arrivé, mais…j'ai été prise d'une envie de meurtre plus violente encore, enfin, je crois. J'avais l'impression d'être dans une sorte de brouillard rouge. Quand je suis revenue à moi, j'avais tué un animal. Je l'avais complètement vidé de son sang. Cela ne m'était jamais arrivé avant…

-Et maintenant, me demande ma tante ?

Elle m'a finalement lâché, et elle se tient raide, les yeux fatigués, devant moi.

J'hésite un peu avant de répondre, mais dans le fond, si elle est venue, c'est bien parce qu'il y avait quelque chose. Je le sais. Je le sens. Elle ne se serait pas déplacée si elle avait simplement voulu me connaître.

-Depuis…rien. Je n'ai presque pas bu de sang depuis. Comme si j'étais…

-Normale ? Oublies cela ! C'est que le pire est à venir.

Je la regarde sans comprendre.

-Aphélie, dit-moi, aimes-tu lire ?

La question est surprenante, surtout à un moment pareil. Je ne peux qu'acquiescer malgré tout.

-Je suppose donc que tu as lu une bonne partie des registres de sort de la bibliothèque familiale ? Oh, pas la peine de répondre, cela se voit bien. Mais, t'es-tu intéressé à l'arbre généalogique de la famille ?

-J'ai lu l'Anthologie de la famille Daemon – Knight

-Mais as-tu lu le Memoria Maledictus ?

-Le quoi ?

Ce titre ne m'évoque rien. Et pourtant, je connais presque tous les livres du manoir sur le bout des doigts.

Mais ma tante pâlie et se met à gémir.

-Mon Dieu, ne me dites pas qu'en plus de ne pas les laisser s'adresser aux Anciens, ils ont aussi retiré le Memoria Maledictus des rayonnages. Oh, Ethan…

Mon professeur la prend par le bras.

-Allons, du calme. Tu as ce qu'il faut malgré tout, non ?

-Oui…oui, mais…elle ne sait pas…

-Je ne sais pas quoi ? Qu'est-ce qu'il y a de si important dans ce livre que je dois savoir ?

-La raison de ce qui t'arrive, tout simplement.

Je me tends. Anne Lyse reprend la parole, un peu moins assurée qu'avant.

-Aphélie…Dans l'Anthologie te souviens-tu avoir lu la biographie de Sir Francis Knight ?

-Oui. Né en 1707 et mort en 1762. Il aurait été condamné à vie à Azkaban, alors non gardée par les Détraqueurs, en 1745 suite à ces expériences douteuses et dangereuses sur des humains et des créatures non humaines selon les standards de l'époque. Echappé en 1754, il fut repris l'année suivante après avoir tuer une quinzaine de personnes entre temps. Une sorte de savant fou…

-Fou ? Peut-être pas avant son enfermement, mais après…

-Que voulez-vous dire ?

-Aphélie…le Memoria Maledictus était son journal. Celui dans lequel il a consigné une bonne partie de ses expériences, leurs résultats, et la cause de toutes ces atrocités qu'il commit par la suite.

-Une raison ?

-Francis Knight faisant parti, comme toi et moi, des descendants directs de Erik, à la différence prêt que lui était totalement humain. Il avait un frère cadet, Angus. Un frère qui, lui, était atteint par la malédiction. Il l'aimait beaucoup, au point même que cela frôlait l'inceste…

Pitié, ne me faites pas comprendre où elle veut en venir…

-Tu as sans doutes compris. Francis a découvert le secret de notre famille, malgré des efforts persistants pour l'en empêcher, et décida de sauver son frère, quelque en fut le prix.

-Le sauver ? Mais de quoi ! Nous sommes ainsi, nous ne pouvons rien y faire !

-Certes. Mais, pour un homme aveuglé par l'amour et l'envie de sauver les siens, malgré tout les prix possibles à payer, cela a-t-il vraiment de l'importance ? Toujours est-il qu'il commença à chercher d'autres cas de métissage avec des créatures non humaines, se fit construire un vaste laboratoire, et se mit au travail.

-Que cherchait-il exactement ? Quel était son remède miracle ?

-Oh, il ne pu jamais achever ses travaux. Mais il était déjà trop tard. Comme tu as du t'en rendre compte jusqu'à présent, nous sommes des êtres « entiers » : il n'y a pas de différences entre nos côtés vampires et humains, et nous agissons généralement comme la moitié dominante nous l'ordonne. Francis pensait avoir trouver un traitement. Il voulait dissocier les parts vampire et humaine d'un individu et annihiler l'autre. Mais…

-Cela n'a pas marché, n'est-ce pas ?

-Oui et non. Cela ne marcha qu'à moitié. Il parvint bien à dissocier les parties, mais il ne parvint pas à détruire le vampire. Les deux côtés n'arrivaient pas à s'équilibrer, et se combattait mutuellement. D'où le comportement tantôt féroce, tantôt humain qu'abordaient ses sujets. Mais, le temps qu'il le découvre, il avait déjà tenter le traitement sur Angus.

-Mais, si c'est arrivé il y a si longtemps, alors pourquoi… ?

-Pourquoi souffres-tu du même phénomène ? Parce que le phénomène de disjonction s'est mêlé à nos gènes. Il se transmet à tous les demis vampires. Et cela arrive toujours au même âge, à l'âge qu'avait Angus quand l'expérience fut tentée sur lui : vers les quinze ans de la personne maudite. J'ai vécu cela, moi aussi. On ne peut rien faire pour y échapper.

-Alors il n'y a pas d'espoir…murmurais-je faiblement, un peu abasourdie.

-Détrompes-toi. Lorsqu'il s'évada en 1745, Francis rejoignit son frère, et confectionna pour lui une sorte de talisman pour lui permettre d'équilibrer les deux forces en lui et de redevenir comme avant. Du moins, temporairement. J'ai bénéficié de ce charme pendant très longtemps. Aujourd'hui, Aphélie, c'est à ton tour d'en hériter.

Sur ces mots, elle glissa les mains sous le col de sa robe, et en retira un long pendentif. Il était étrange : On aurait dit un stalactite de pierre orange – un genre de topaze, vu l'éclat – autour duquel s'enroulait un long serpent d'argent.

Elle me le passa vivement autour du cou. La pointe me retombait entre les seins. J'ouvris les yeux un peu plus largement en me rendant compte que de jaune, la pierre devenait verte. Jetant un coup d'œil sur ma tante, je la vis hocher la tête avec fatalisme.

-La pierre prend une couleur différente selon la gravité de la situation, si l'on peut dire. La couleur bleu va vite disparaître : elle veut simplement signifier que le collier a un nouveau porteur. Jaune veut dire que c'est la partie humaine qui domine. Rouge signifie la même chose pour le vampire. Vert, cela arrive lorsque les deux s'affrontent. Violet lorsque les deux commencent à se ressouder. Orange quand les deux sont parfaitement équilibrés. Tu pourras retirer ce pendentif quand ce sera le cas. Mais cela n'arrivera pas avant de longues années, si jamais cela arrive.

-Si jamais ?

-Il y a des cas où cela n'arrive jamais. Ce fut le cas de notre arrière arrière grand tante.

-C'est très rassurant.

-Je ne veux pas te rassurer, je veux que tu sois réaliste. Il m'a fallut plus de douze ans pour obtenir la bonne teinte. Et même alors, je ne l'ai jamais ôté de mon cou. Maintenant, il est à toi. Tâche d'en faire bon usage. Débrouilles toi pour boire du sang chaque fois que la pierre devient rouge, même si tu ne ressens aucun changement en toi, et normalement, tout se passera bien.

Je hochais la tête, gravement. Je comprenais parfaitement ce qu'impliquer son geste, et ce qu'impliquer le faite de porter cette chaîne.

Faisons le point : en une seule journée, je me suis déguisée en vampire, j'ai échappé à des Serpentards en manque de « divertissement », j'ai dansé avec mon meilleur ami et un jeune homme dont je me doute quelque peu de l'identité, j'ai été convoquée dans le bureau du directeur, j'ai rencontré une tante demie vampire dont j'avais seulement eu quelques échos, j'ai appris que le professeur Whirlwind était mon oncle, je ne suis plus protégée par le Fidelitas, et en plus, je connais maintenant les raisons de mes « crises » depuis le début de la rentrée.

Une seule pensée s'imposait à moi.

-Voilà une fête d'Halloween que je n'oublierais pas de si tôt.

Fin du Premier Acte.

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Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, après plus d'un mois d'attente, et rien que pour les fêtes, voici donc la troisième et dernière partie du chapitre 13. J'espère qu'elle vous a plus. N'hésitez pas à laisser une review pour me faire partager vos avis.

Ah, au fait, la mention Fin du Premier Acte ne veut pas dire que la fic est finie, mais je compte la découpée en trois partie, dont la première prend fin ici.

Le second acte devrait commencer lors du retour à la maison pour les vacances de Noël pour nos chers élèves, jusque plus tard dans l'année.

Maintenant, RAR :

Jamesie-cass : Non, personne n'était censé deviner qui est qui, car il est interdit de le dire. Aphélie peut le deviner en sentant leurs odeurs, mais c'est tout. Quant à qui est qui…Mystère !

Gabrielletrompelamort : Oui, je voulais me démarquer des autres fics, où tout est toujours merveilleux, sans anicroches (sauf dans Les Portes par Alohomora, là, c'est tout sauf le calme). De plus, je trouvais que ce genre de soirée ne coller pas avec le personnage d'Aphélie. Pour les dialogues…j'adore utiliser le langage soutenu, alors je me suis amusée comme une petite folle à écrire ce passage.

Moi1992 : Oh, mais les Maraudeurs ont leur fierté. Ils veulent trouver par eux-mêmes, sans avoir à rendre des comptes à quelqu'un. Quoique, c'est plutôt mal parti, et on les verra tenter l'attaque frontale dans quelques chapitres. La venue de Anne Lyse m'est venue sur le tard, mais je me suis dit : pourquoi pas ? Elle sera une figure assez emblématique de l'histoire. Je crois que tu as ta réponse concernant Dumbledore. Et enfin, concernant le cas Troïlos, j'ai déjà quelques idées sur son cas…

Diony : Je sais même pas pourquoi je l'aime, le professeur de potions, mais c'est comme ça. Pour ce qui est de la faible quantité de dialogues, je suppose que c'est plutôt dû ai fait que l'histoire est racontée du point de vue d'Aphélie, et qu'elle est loin d'être une bavarde. Elle reprend en cela quelques uns de mes traits de caractère…

Merci également à titi et delphine qui ont aussi envoyé des reviews.

A bientôt pour le prochain chapitre.