Disclaimer et rating : toujours le même.

Axos : Merci beaucoup. Je continue !

Jajapowaa : Eh oui, tout a une fin. Pour tes reviews, t'as pas de chance, ce n'est pas ton ordi qui a un problème ?

Vyrses : Rogue en sang et pleurant dans le giron de Dumbledore, j'ai toujours rêvé de l'écrire, mais en même temps, ce n'est pas comme ça que je voyais la scène ! Tant pis !

Panthere : Merci !

Flore Risa : Merci beaucoup !

cara53 : Merci ! Tous mes vœux à Lisou !

Crystale : Je n'ai pas de fics prévues après celle-là, mais qui sait ? Il y a encore deux ans avant le tome 7, tout est possible !

Wendy Malfoy : Eh oui, je le fais souffrir ! Voilà la suite !

Kyla Ellayan : Je suis en effet persuadée que Lily a joué un rpole là-dedans. Après tout, Dumbledore ne ment pas à Harry, donc s'il a dit que les Potter étaient la raison pour laquelle Rogue a changé de camp, c'est que c'est vrai. Mais il ne lui dit jamais toute la vérité, et Lily reste encore assez mystérieuse !

Silmaril666 : La voilà, la suiteuuuh ! Et bientôt la fin!

Nefra : Harry comprend vite, il faut juste lui expliquer longtemps. Sinon, pas de suite prévue, désolée, mais on ne sait jamais !

Dragonise : En effet, les derniers souvenirs vont définitivement changer son point de vue !

Elliania : Oui, je parlerais bien de la dispute. En effet, concernant la confiance, je pense qu'elle doit aller dans les deux sens, Rogue étant méfiant avec tout le monde, sa relation avec Dumbledore doit être différente, parce que basée sur cela, justement, même si ce n'est pas une mince affaire !

Ayuluna : Pas de rencontre dans cette fic, en tout cas ! Pour Drago, je ne sais pas du tout ce qu'il nous réserve : il n'a pas le courage pour devenir espion, mais n'est pas un serviteur solide pour Voldy… On aura des surprises, avec ce personnage, pour une fois !.

Onarluca : Merci beaucoup !

Lanassa Ayla : Mais non, je ne m'en fiche pas ! Enfin, les trois derniers souvenirs sont arrivés !

Ana : Je n'essaie pas de faire passer Rogue pour un ange et les Maraudeurs pour les gros méchants. On voit quand même que Rogue est attiré par Voldemort de toute façon, par ambition, dans sa discussion avec Lucius, puis sa confession à Harry : l'action des Maraudeurs et d'Harry l'empêche juste de voir d'autres possibilités, mais l'envie d'être Mangemort est déjà là, sans ça ! Pour les Maraudeurs, je n'ai pas l'impression que je m'éloigne tant que cela des personnages : James était sans doute quelqu'un de bien, ou il n'aurait pas l'estime de Dumbledore et d'Hagrid, ni l'amour de Lily. Mais à cette époque, il est encore le fanfaron qui persécute les faibles. Je ne trouve pas que l'histoire du livre soit pire que ce qu'on voit dans HP5, ou ce qu'il fait subir à Rogue n'est pas un événement isolé. Quant à Sirius, il n'est pas mauvais, mais a une part sombre importante. Sa farce m'a pas mal choqué, moins pour ce qu'il fait à Rogue qu'à Lupin qui lui est son ami.

Chapitre 15

Le sacrifice

Cette fois, à la surprise de Harry, le décor du cinquième souvenir n'était pas le bureau de Dumbledore. Au lieu de cela, il se trouvait à présent dans une grande pièce richement meublée, garnie d'étagères surchargées de grimoire. Tournant la tête, Harry vit Dumbledore affalé dans un large fauteuil, à côté d'un grand miroir qui ne renvoyait aucun reflet.

Le jeune homme vit avec inquiétude que Dumbledore semblait en proie à une grande souffrance. La tête rejetée en arrière, couvert de sueur, il semblait évanoui. Il serrait contre sa poitrine une main entourée de gros bandage.

Sachant pertinemment qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider, Harry s'approcha néanmoins de lui avec inquiétude. Quand se déroulait se nouveau souvenir ?

Alors qu'il se posait cette question, un étrange carillon se fit entendre, et soudain, le miroir se brouilla, laissant apparaître l'image de Rogue. Ce dernier était tel qu'Harry l'avait vu lors de sa sixième année à Poudlard, habillé d'une de ses éternelles robes noires beaucoup mieux coupées que celles qu'il portait dans sa jeunesse.

« Mr le Directeur ? Je suis là. Mr le Directeur ? »

Dumbledore sursauta, son regard mis un moment à s'ajuster à l'image du miroir. Avec un rictus de douleur, le vieil homme se leva, suivit un couloir tendu de tapisseries et s'arrêta devant une lourde porte de chêne, qui s'ouvrit à un mot qu'il marmonna, donnant lieu sur l'extérieur.

Rogue se tenait sur le perron ensoleillé, un lourd sac de toile à ses pieds, impassible.

« Vous m'avez fait appeler, Mr le Directeur ? »

Dumbledore eut l'air soulagé de le voir.

« En effet, Severus, en effet. Entrez, il n'y a pas de temps à perdre. Vous êtes venu aussi vite que possible, mais même ainsi… »

Alors qu'ils rentraient dans la maison, Rogue sembla s'aviser du bandage que portait Dumbledore :

« Qu'est-il arrivé à votre main ? » demanda-t'il, sourcils froncés.

Son ton était neutre, mais Harry crut lire une légère inquiétude dans ses yeux.

« La raison pour laquelle je vous ai fait venir, Severus. J'espère qu'il n'est pas trop tard… »

De retour dans sa bibliothèque, Dumbledore entreprit de défaire son bandage. Quand Harry vit la main de Dumbledore, même s'il s'attendait à moitié à ce qu'il allait voir, il ne put retenir un cri d'horreur. Rogue était silencieux, mais il fixait les doigts brûlés de Dumbledore avec un mélange de dégoût et de fascination.

« Il est inutile, j'imagine, de vous demander s'il s'agit d'une brûlure normale, » déclara-t-il enfin.

Dumbledore se laissa retomber dans son fauteuil.

« Elle s'étend. Lorsque je suis arrivé ici, seules les extrémités étaient touchées, maintenant… »

Rogue se mordit la lèvre.

« Je serais arrivé plus tôt sans ce crétin de Queudver. Il ne me lâchait pas. Je suis certain que le Seigneur des Ténèbres l'a envoyé chez moi pour m'avoir à l'œil. Il a beau dire, il ne me fait pas encore complètement confiance… »

Dumbledore fit un geste vague de sa main valide.

« Ce qui est fait est fait. Severus, pensez-vous pouvoir guérir ceci ? »

Rogue se pencha et examina la main un instant. Son expression impassible vacilla un instant, laissant voir de l'inquiétude. Peut-être même de la peur ?

« Le sortilège devait être de la magie noire particulièrement puissante. Qu'avez-vous fait, exactement ? »

Dumbledore fit comme s'il n'avait pas entendu :

« Pouvez-vous le faire, ou non ? »

Rogue observa encore la main.

« Cela sera difficile si je ne sais pas comment vous vous êtes blessé. Je ne suis même pas sûr que… »

Dumbledore sembla hésiter un instant, puis se jeta à l'eau.

« Il s'agissait d'un sortilège de protection placé sur un Horcruxe que j'ai détruit. »

Rogue lâcha sa main et ne parvint pas à cacher son incrédulité :

« Un Horcruxe ? Il était… à Lui, j'imagine ? Alors vous avez pu le détruire ? »

Dumbledore hocha la tête d'un air fatigué :

« En effet, il est détruit, mais mes réflexes ne sont plus ce qu'ils étaient… Severus, pouvez-vous ? »

Rogue se pencha et ramassa son sac. Il en sortit quelques fioles et bouteilles.

« Je ne crois pas pouvoir vous guérir. C'est bien trop puissant, dirait-on, mais je crois être capable… D'éviter la propagation… Puis-je emprunter votre laboratoire ? »

Dumbledore approuva.

« C'était inutile de demander, Severus. »

Rogue s'éclipsa, abandonnant Dumbledore à sa douleur.

Harry ne sut pas combien de temps s'écoula en réalité, mais le souvenir sembla s'interrompre pour reprendre lorsque Rogue revint dans la pièce, portant un gobelet dans chaque main.

« Buvez cela, Mr le Directeur, » fit Rogue en lui tendant l'un d'eux.

Dumbledore s'en saisit de sa bonne main. Harry s'aperçut alors que l'autre main était à présent presque entièrement brûlée.

Rogue plongea les doigts dans le deuxième gobelet et en retira une sorte de pâte verdâtre, qu'il étala sur la main blessée. Dumbledore tressaillit.

« C'est normal si ça pique, grogna Rogue. J'en ai fait un Chaudron. Mettez-en une fois par jour, tant que la main est douloureuse. Quand vous ne sentirez plus rien, c'est que tout danger est écarté. »

Dumbledore fit un signe de tête indiquant qu'il avait saisit, puis posa son gobelet à côté de lui.

« Merci, Severus, je me sens déjà mieux. Sans vous… »

Rogue avait l'air soucieux :

« J'aurais aimé en faire plus. Votre main est perdue. Je ne pense pas qu'on puisse inverser le sortilège, je n'avais jamais vu une chose pareille. »

Encore une fois, il semblait partagé entre l'horreur et un intérêt purement scientifique.

« C'est plus que nécessaire étant donné les circonstances. Le sacrifice d'une main en valait largement la peine. »

Rogue rangea ses affaires dans son sac.

« Rappelez-moi quand même s'il y a des complications. J'espère que Queudver ne sera pas tout le temps là… Il rapporte tout le temps au Seigneur des Ténèbres que je vous rends visite. Bien sûr, Il croit que je vous espionne, mais je préfère éviter… »

Il fit un geste indéfini de la main.

« Naturellement, Severus. Voldemort n'accorde pas sa confiance sur des bases qui ne sont pas absolument solides. Nous avons de la chance qu'il vous juge suffisamment utile pour vous concéder le bénéfice du doute… Mais cela ne suffira peut-être pas toujours… Il lui faudra peut-être de meilleures preuves de votre loyauté que des informations soigneusement sélectionnées par mes soins. Enfin, ce n'est pas à l'ordre du jour. »

Rogue salua le vieil homme de la tête, reprit son sac et sortit.

Ce dernier souvenir était décidément tout récent. Harry se souvint que Dumbledore lui avait dit avoir réchapper à sa blessure grâce à sa propre habileté et à l'intervention rapide de Rogue. Mais il n'y avait pas porté grande attention sur le moment. Sans Rogue, Dumbledore serait mort bien plus tôt, emportant avec lui le secret des Horcruxes… Pourquoi Rogue l'avait-il sauvé, alors ? Il aurait pu simplement prétendre être incapable de le soigner. Une telle blessure était assez grave pour que cette excuse n'éveille aucun soupçon. Peut-être n'était-ce pas le bon moment ? Rogue devait attendre l'instant le plus profitable pour lui, et pensait que celui-ci ne l'était pas. Avait-il averti Voldemort que Dumbledore connaissait l'existence des Horcruxes ? Mais peut-être pensait-il que celui détruit par Dumbledore était le seul ? Le directeur n'en avait pas mentionné d'autres devant lui.

Tout cela apportait à Harry presque plus de question que de réponses, se dit le Gryffondor en débouchant l'avant-dernière fiole. Même dans la mort, Dumbledore semblait incapable de s'exprimer clairement et directement. Il fallait toujours qu'il mette les choses en scène, qu'il parle par énigme… À la fois attristé et agacé, Harry se plongea une énième fois dans la Pensine.

Ce nouveau souvenir prenait également place dans ce qui devait être la maison qu'occupait Dumbledore pendant l'été. Ce dernier se trouvait dans un agréable salon, tournant les pages de la Gazette du Sorcier de sa main saine, l'autre, à présent noire et brûlé comme Harry l'avait vu pour la première fois quand le vieil homme était venu le chercher chez les Dursley, posée sur ses genoux. Soudain, des flammes vertes jaillirent dans la cheminée, et la tête de Rogue apparut au milieu.

« Mr le Directeur ? Puis-je vous parler ? C'est assez urgent ? »

Dumbledore ayant approuvé de la tête, le reste du corps suivit et il se retrouva bientôt sur le tapis du salon, à frapper sa cape pour la débarrasser de la cendre.

« J'ai envoyé Queudver à la cave, nettoyer un peu, il ne m'aura pas vu partir. » déclara Rogue.

Il semblait presque aussi perturber que le jour où il avait avoué à Dumbledore qu'il était un Mangemort. Le Maître des Potions fuyait le regard du vieil homme et se tordait nerveusement les mains. Si cette attitude n'avait pas particulièrement perturbée Harry quand il avait vu le jeune Rogue l'adopter, il était à présent troublant de voir son horrible professeur qu'il avait fréquenté pendant six ans, toujours si sûr de lui, adopter ce comportement.

« Eh bien Severus, fit Dumbledore avec inquiétude. Que vous arrive-t-il ? »

Rogue hésita, puis commença.

« Narcissa Malefoy est venue me voir hier, accompagnée de Bellatrix. Drago… Drago est devenu un Mangemort. »

La bonne main de Dumbledore se crispa, tandis que Rogue continuait :

« Visiblement, le Seigneur des Ténèbres l'a chargé d'une tâche très importante et difficile à accomplir lorsqu'il sera à Poudlard cette année. Narcissa n'aurait pas dû m'en parler, Bellatrix l'en a dissuadé… Elle ne me fait pas confiance, comme pas mal d'autres loyaux Mangemorts. Mais j'ai prétendu connaître la nature de cette mission, espérant qu'en en parlant librement devant moi, Narcissa m'en révèlerait la teneur. Cela n'a malheureusement pas été le cas. Mais ce n'est pas le principal problème… J'ai… Je crois… Commis une erreur. »

Rogue s'interrompit, cherchant ses mots. Dumbledore attendit patiemment, les yeux légèrement soucieux.

« Narcissa était morte d'inquiétude pour Drago. Elle pense que le Seigneur des Ténèbres lui a confié cette mission pour se débarrasser de lui, afin de punir Lucius… Quoiqu'il en soit, elle m'a demandé de passer un serment inviolable. De me faire promettre que je veillerais sur lui tout au long de l'année, de lui éviter les ennuis et de… D'accomplir la mission à sa place si Drago s'en avérait incapable. »

Rogue se tut et lança un regard nerveux à Dumbledore. Celui-ci avait l'air très grave.

« Et avez-vous prêté serment ? » demanda-t-il d'une voix plus tranquille que ne l'aurait laissé supposer son expression.

Rogue avala sa salive :

« Bellatrix était là… Sans elle j'aurais sans doute pu raisonner Narcissa, mais sa cousine répétait sans cesse que je n'étais pas fiable, qu'il ne fallait rien me dire… Alors, oui, je l'ai fait, ou j'aurais perdu mon statut d'espion à l'instant. Ainsi, je pourrais encore être utile pendant un an, avant que le serment arrive à échéance. »

Rogue ne put dissimuler le léger tremblement dans sa voix. Dumbledore resta un instant pensif.

« Voilà qui accélère considérablement les choses… Mais je ne pense pas qu'il faille s'en inquiéter pour le moment. Lorsque l'heure sera venue, il vous suffira d'honorer votre serment, et vous pourrez toujours continuer votre travail de sape dans les rangs de Voldemort. »

Rogue fut si interloqué que le nom du Mage Noir ne le fit même pas tressaillir. Puis la surprise laissa place à l'agacement :

« Juste quand je pense m'être habitué à vos fariboles, il faut que vous sortiez une sornette pareille. Remplir la mission de Drago ? Quand il s'agirait peut-être de tuer votre sacré Potter ? »

Dumbledore avait à présent un petit sourire.

« Oh, je n'y crois pas du tout. Ne m'avez-vous pas informé vous-même que Voldemort en fait une affaire personnelle ? Jamais il ne laisserait le soin de l'assassinat d'Harry à un jeune Mangemort débutant ! »

Rogue n'eut pas l'air rasséréné par le ton tranquille de Dumbledore :

« Un moyen de l'attirer hors de l'école, alors, pour que le Seigneur des Ténèbres s'en occupe. Remarquez qu'il ne s'agirait pas d'une mission si difficile, Potter n'a pas besoin… »

Dumbledore agita tranquillement la main et Rogue fit immédiatement silence.

« Je ne m'inquiète pas vraiment pour la sécurité d'Harry, il sera sous bonne garde… Non, quoi que ce soit, vous devrez vous en charger. Empêcher Drago de commettre un acte irrattrapable. »

Dumbledore hocha la tête d'un air satisfait.

« Cela ne changera pas grand-chose à ce que j'ai prévu. En fait, ce n'est qu'une raison supplémentaire pour agir ainsi. »

Rogue lui lança un regard éteint. Il ne voyait visiblement pas de quoi Dumbledore parlait.

« Enfin, votre visite me permet de vous annoncer la nouvelle de vive voix. Cette année, je compte vous accorder le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal. »

Rogue sembla ne pas absorber immédiatement la nouvelle, puis enfin :

« Quoi ? Après toutes ses années où vous me l'avez refuser, même si je soutenais ne pas craindre cette prétendue malédiction… »

Dumbledore sourit :

« Oui, j'ai l'intention de réintégrer Horace Slughorn dans l'équipe enseignante. Il sera plus en sécurité à Poudlard, ses talents et ses… diverses connaissances le rendent trop intéressants aux yeux de Voldemort. Et comme votre mission, quelle qu'elle soit, risque fort de vous rendre indésirable à Poudlard l'année prochaine, je n'ai nulle crainte concernant la fameuse malédiction. Mais je vous aurais cru plus enthousiaste… »

Rogue abandonna son expression troublée, comme s'il avait peur qu'elle fasse revenir Dumbledore sur sa décision.

« J'en suis ravi, au contraire, assura-t-il. J'espérais seulement que ce ne soit pas… Dans ces circonstances… »

Son supérieur le regarda avec attention.

« Vous êtes bien conscient que je ne vous fait pas un cadeau, n'est-ce-pas ? Vous devez m'assurer que quoi qu'il arrive, quoi que je demande, vous le ferez. »

Le ton de Dumbledore rappela à Harry celui qu'il avait employé avant de l'emmener chercher le faux Horcruxe. À lui aussi, il avait demandé d'obéir sans discuter, même si l'ordre était de lui faire boire un poison insoutenable… Était-il possible que Dumbledore ait vraiment demandé à Rogue de le tuer pour assurer sa place d'espion et empêcher Drago de devenir un meurtrier ?

Rogue sembla sortir de l 'agréable sensation que lui avait procuré sa nomination et regarda Dumbledore dans les yeux :

« Je ferais ce que vous me demandez, bien sûr, mais vous ne savez pas encore… »

Dumbledore eut un sourire :

« Oh, j'en ai une assez bonne idée… À confirmer ou infirmer, évidemment. Severus, continua-t-il, beaucoup plus sérieux, je vais sans doute vous demandé d'accomplir un acte de grand courage… Quelque chose que peu de membres de l'Ordre seraient capables de faire, malgré leur dévouement. Je dois vraiment savoir, est-ce que vous y êtes prêt ? »

Rogue eut un sourire amer.

« Vous m'avez déjà posé cette question, et ma réponse est la même : j'y suis prêt. »

Ce dernier souvenir embrouilla Harry plus que tous les autres réunis. À présent, il commençait à comprendre ce que Dumbledore voulait montrer : c'était lui qui avait demandé à Rogue de ne pas chercher à briser le serment. Mais sans doute ne savait-il pas ce que celui-ci impliquait… Quoi qu'il en soit, cela changeait tout. Rogue avait bien parlé du serment à Dumbledore. L'aurait-il fait s'il ne lui avait pas été fidèle ?

Harry avait encore besoin d'une confirmation, d'être sûr… Ses repères installés depuis la mort de Dumbledore étaient en train de s'écrouler. Il avait focalisé sa haine sur Rogue, pour quelque chose dont, à présent, il comprenait qu'il n'était pas entièrement responsable… Et Harry savait que le dernier souvenir lui apporterait cette confirmation…

L'ultime souvenir de Dumbledore prenait place dans le parc de Poudlard, non loin de la Forêt Interdite et de la cabane d'Hagrid. À en juger par les capes que portaient Rogue et Dumbledore, l'hiver était terminé, sans avoir encore fait place à l'été. Les deux hommes semblaient tendus, Rogue plutôt nerveux, et Dumbledore particulièrement sérieux, toute lueur malicieuse éteinte dans ses yeux bleus.

« Ne pourrait-on pas en discuter dans votre bureau ? Imaginez qu'on nous entende, ce n'est pas…

« Allons Severus, vous voyez bien qu'il n'y a personne ! Et prendre un peu l'air sera bénéfique pour vous ! »

Rogue eut un reniflement méprisant :

« Bénéfique, c'est ça ! Parlons de choses sérieuses, voulez-vous ? L'été dernier, lorsque vous m'avez fait promettre de vous obéir, je ne savais pas à quoi vous faisiez allusion. Je ne pensais pas que cela irait si loin, ou que vous ne changeriez pas d'avis. Mais maintenant que nous avons compris qui est visé, je ne pense pas qu'on puisse se tenir… »

Dumbledore l'interrompit :

« Et moi, je le pense. Je sais ce que je fais, Severus. Je sais ce que je vous demande. J'ai essayé de vous avertir, mais ce n'est plus possible. Si vous revenez sur votre choix…

« … La perte serait beaucoup moins grave. Vous, contre moi. Le sacrifice n'en vaut pas la peine ! »

Le vieil homme le regarda avec attention. Harry aperçut alors un mouvement dans l'ombre de la forêt. Suivant son regard, le jeune homme aperçut la silhouette massive d'Hagrid qui essayait tant bien que mal de passer inaperçu. Rogue lui tournait le dos, mais Harry ne voyait pas comment le demi-géant pouvait échapper aux yeux perçants de Dumbledore… À moins qu'il sache pertinemment que le garde-chasse était là ?

« Je pense, au contraire, qu'une vie contre plusieurs autres en vaudra toujours la peine. Et cela vous assurera une position parfaite… »

Rogue ne se calma pas :

« Je ne pourrais pas. Vous m'en demandez trop, je sais que vous devez avoir raison, que vous devez savoir ce que vous faîtes, mais c'est trop dur… »

Sa voix baissa, et devint à peine audible :

« Si je le fais… Je… Je perds tout. »

Dumbledore continuait de l'observer avec attention.

« Je n'ignore pas dans quelle situation je vous mets, Severus. C'est bien pour cela que je vous demande d'être courageux. Peu de gens le seraient suffisamment. »

Rogue ricana :

« Moi, par exemple. Je ne suis pas un Gryffondor, au cas où vous l'auriez oublié… »

Dumbledore eut un petit sourire :

« Mais vous avez bien failli y aller, n'est-ce-pas ? Je crois me souvenir des hésitations du Choipeau… »

Nouveau ricanement de Rogue :

« Laissez le vieux chiffon en dehors de ça ! Je ne peux pas le faire, il faudra revenir sur votre décision, trouver autre chose ! »

Dumbledore perdit son sourire, et sa voix se fit tranchante, définitive :

« Il n'est plus temps pour les compromis, Severus. Nous nous sommes mis d'accord. L'affaire est close. Lorsque le moment sera venu, vous agirez. »

Rogue garda le silence, le visage fermé.

« Vous serez seul, Severus, et ce sera dur, mais je ferais mon possible pour qu'il reste une trace de la vérité, souffla Dumbledore. En attendant, c'est entre vous et moi. Le plus grand coup pour gagner cette guerre. »

Puis, Dumbledore reprit, d'une voix plus forte :

« Il faudra néanmoins enquêter sur tous vos Serpentards, comme vos collègues le font pour les élèves de leur maison… »

Et Harry se retrouva dans le bureau de Dumbledore, tous les éléments en main, atterré… Ce souvenir confirmait ses impressions. Il avait encore du mal à y croire. Il avait fait fausse route, dès le début.

…..

Voilà ! Plus que l'épilogue et ce sera tout !