Chapitre deuxième :
Quand la naïveté et la gentillesse jouent de mauvais tours
Samedi 2 septembre 1998
6h08
Cher journal,
Hier soir, en descendant du train, je suis restée un moment perdue devant les calèches à fixer les sombrals. J'ai remarqué que Harry Potter avait la même attitude que la mienne mais sans doute pas pour le même motif. C'est vrai, il s'agit du « Survivant » alors il a sans doute des préoccupations bien plus importantes que les miennes ! J'ai remarqué qu'il avait encore grandit pendant les vacances et que ses beaux yeux verts brillaient étrangement. Il pensait certainement au professeur Dumbledore, mort en fin d'année dernière, tué, tout le monde le savait maintenant par le professeur Rogue notre ex professeur de défenses contre les forces du mal. Harry a dû sentir que quelqu'un l'observait parce qu'il a vite reprit son masque d'impassibilité et s'est rapidement engouffré dans une calèche en compagnie de ses fidèles amis.
J'ai eu un petit pincement au cœur quand il s'est éloigné de mon champ de vision. Pas la peine de te poser des questions, je te le dis dors et déjà : j'aime bien Harry Potter. En fait, je l'aime beaucoup…plus que beaucoup…enfin tu voix ! Ca a commencé dès ma première année. Au début, je ne l'avais pas remarqué en particulier, il était célèbre mais les personnes connues ne m'attirent pas vraiment, c'est plutôt le contraire pour moi d'ailleurs… Enfin bref, ensuite je l'ai vu en train de rire avec ses deux amis et je l'ai envié. Beaucoup envié. Au début, je ne savais pas trop pourquoi parce que j'étais persuadé d'avoir trouvé en la personne de Monika la meilleure amie du monde mais maintenant, j'ai tout compris. Je ne riais pas assez avec Monika, nous n'étions pas assez complices, assez joyeuses et insouciantes. Mais aujourd'hui, je suis plus optimiste que lorsque je t'ai écrit hier parce que je sais que tout s'arrangera ! Tu comprendras un peu plus tard parce que, pour l'instant, je poursuis mon récit.
La raison pour laquelle j'étais restée planté là, comme une gourde, à regarder les sombrals, c'est que je ne savais pas avec qui partager une calèche et que j'étais incroyablement gênée. Finalement, comme Harry était parti et que, peu à peu, le terrain se désertifiait, j'ai reprit mes esprits et je me suis précipitée vers la dernière calèche. Je me retrouvais donc en compagnie de deux géants de l'équipe de Quidditch de poufsouffle qui ouvrirent leurs yeux grands comme des soucoupes en me voyant monter avec eux. J'étais vraiment très mal-à-l'aise alors pendant tout le trajet, j'évitais de leur prêter attention ce qui était vraiment ardu en tenant compte du fait que ces messieurs chuchotaient entre eux en me lançant des regards en coin très peu discrets. J'étais très soulagée lorsque nous sommes enfin arrivés à destinations mais j'étais loin de me douter de ce qui m'attendait.
J'étais en train de grimper les marches, pressée de me retrouver au chaud dans la grande salle pour manger lorsque l'un des gros garçons me essaya de me rattraper et arriva devant moi rouge et essoufflé. Je ne me posais plus de questions en ce qui concernait les piètres performances de l'équipe de Quidditch de Poufsouffle… Il se pencha dangereusement vers moi et murmura :
« C'est combien pour une nuit ?
Comme j'étais trop choquée pour répondre, son copain s'avança à son tour et déclara en sortant quelques mornilles ne la poche de sa robe :
On a de quoi payer, tu sais, tu peux nous donner le prix ! En plus, avec nous deux, tu fais d'une pierre deux coups !
Lorsqu'il me fit un clin d'œil porcin, je failli hurler de fureur mais j'étais une Serdaigle après tout alors, la tête haute, la démarche noble, je leur suis passé devant sans dire un mot. Non mais franchement, qu'est-ce qui a pu leur faire croire que je m'abaisserais à une telle chose !
Heureusement, le reste de la soirée s'est mieux déroulé. Je dirais même beaucoup mieux ! Nous n'avions absolument aucune idée de qui serait notre nouveau directeur et nous avons été particulièrement étonnés en le découvrant. En effet, nous n'avions pas un mais plusieurs directeurs : deux jumeaux, un frère et sa sœur. C'était facile à deviner en voyant leurs tailles, leurs yeux, les traits de leurs visages identiques. Tout le monde est resté bouche bé en les voyant, surtout parce qu'ils étaient jeune. On s'était imaginé Mac Gonagall en directrice ou alors quelqu'un qui lui ressemble mais certainement pas à cela. C'est comme si nous avions eu un premier ministre de trente ans au lieu de ce vieux croûton que nous avons aujourd'hui ! Seule, à l'extrémité de la table des serdaigles, j'ai cherché Harry des yeux et je l'ai vu qui crispait la mâchoire. Ca doit être dur pour lui de se rendre compte que plus rien ne serait jamais comme avant et qu'il allait falloir tirer un trait définitif sur Dumbledore.
La cérémonie de répartition s'est déroulée comme elle le fait depuis des centaines d'années et puis le directeur a prit la parole :
Comme vous vous en êtes sûrement rendu compte, nous serons, à partir de maintenant deux à diriger cette école ce qui n'est pas superflue par ces temps troublés. Ne vous méprenez pas sur notre âge : nous somme tout deux métamorphomages et, contrairement à ce que notre apparence pourrait laisser croire, nous somme aussi âgé, sinon plus que ce cher Albus que nous regrettons tous.
La directrice, quand à elle, a continué avec les explications d'usage qui, elles non plus, n'ont certainement pas changé depuis des centaines d'années.
A la fin du repas, j'étais tellement fatiguée que je me dirigeais dans les couloirs comme une zombie, sans regarder où je marchais et j'ai faillis m'écraser sur le sol lorsque je me suis faite tirée en arrière par quelque chose ou plutôt quelqu'un comme j'ai pu le découvrir quelques temps plus tard. Il s'agissait en effet de Monika. J'étais prête à m'enfuir en courant découvrant qui elle était mais elle ma retenu en déclarant d'une voix pitoyable :
« Non, attends ! Je suis désolée.
Désolée ! Je me suis exclamée complètement interloquée.
Oui. Tu sais, en ce qui me concerne, tu es toujours restée mon amie, c'est les autres qui m'ont obligé à faire tout ça.
Mais enfin, pourquoi leur obéis-tu !
Une lueur de pur terreur s'est alors allumée dans ses yeux et elle a murmuré :
Par peur ! Je ne suis pas aussi forte que toi tu sais…
Mon cœur a fait un bond et je me suis sentie à nouveau comme une super héroïne. J'ai eu une bouffée d'adrénaline et de joie et j'ai répété pour être sûre :
Alors nous sommes toujours amies ?
Elle a sourit de son sourire lumineux qui fait chavirer tout le monde et elle a acquiescé.
Ecoute, a-t-elle ajouté sur le ton de la confidence, je propose que nous nous voyions demain soir dans la salle sur demande pour reparler de tout cela. Vers minuit.
C'est d'accord.
Ok. Je partirais du dortoir avant toi pour que Melissa et Annabelle ne se doutent de rien. A plus tard !
Et elle s'est évaporé aussi vite qu'elle était apparue. Je suis restée un long moment immobile dans la salle de classe à réaliser ce qui m'arrivait puis le sourire m'est monté aux lèvres et il n'a plus disparu jusqu'à ce que je m'endorme. Je ne serais plus seule ! Tu te rends compte ? Plus jamais !
J'ai hâte d'être à minuit ce soir pour retrouver ma meilleure amie de tous les temps ! En attendant, je me lève parce que, mine de rien, ça m'a bien prit une heure pour t'écrire tout ça et les serdaigles se lèvent toujours tôt, même le week-end !
Dimanche 3 septembre 1998
10h34
J'en ai marre ! Pourquoi suis-je toujours aussi naïve ! Comment ais-je pu penser, rien qu'une seconde que cette peste de Monika se repentait de tout ce qu'elle m'avait fait subir et que ses petits toutous dociles la menaient par le bout du nez ! Elle a simplement sourit, m'a léché les bottes et moi, je suis immédiatement tombée dans le panneau ! Franchement, je suis bête et je comprends qu'elle en profite abondamment ! Mais commençons par le commencement…
Hier matin, la journée a vraiment mal commencé. J'ai passé toute la matinée à la bibliothèque et, alors que je farfouillais dans les rayonnages poussiéreux, je me suis retrouvée dans la section « Z » où personne ne va jamais…exception faite de cette fois apparemment puisque j'y ai découvert Harry Potter et Ginny Weasley en train de se caresser, appuyés contre les étagères. Je suis devenue toute rouge et les larmes me sont montées aux yeux. Heureusement, j'ai eu le temps de faire demi-tour avant qu'ils ne m'aperçoivent. De toute manière, ni Ginny qui me tournait le dos, ni Harry qui avait le nez plongé dans sa poitrine n'auraient pu ne serait-ce que me remarquer. Je n'ai pas eu le courage de terminer mon travail et je suis allée m'enfermer dans les toilettes pour pleurer tranquillement en compagnie de cette très chère Mimi Geignarde. Il y avait de quoi puisque Harry préfère cette petite cruche à moi ! Je parie qu'elle, au moins, elle perdra sa virginité bien avant le jour de son dix-septième anniversaire ! Moi, je resterais vierge toute ma vie, je n'aurais jamais d'enfants et je mourrais seule comme une recluse dans ma vieille maison délabrée des années cinquante avec mais 38 chats… Enfin bref, ce ne fut pas le pire de ma journée !
Lorsque je me suis enfin décidée à aller déjeuner, c'était pour me retrouver assise juste en face de la table des gryffondor avec un spectacle très intéressant sous les yeux : Potter et Weasley en train de se rouler des pelles carrément mutantes ! J'ai d'ailleurs décidé que, à partir de maintenant, je les nommerais par leurs noms parce que je les déteste, ce sont des ennemis ! Enfin bref, ce ne fut pas le pire de ma journée !
Le soir venu, je me suis couchée toute habillée et, lorsque j'ai entendu Monika sortir du dortoir, j'ai compté dix minutes et je l'ai suivie. Je me suis dirigée vers la salle sur demande en faisant bien attention à ne pas tomber sur Rusard et j'ai eu la surprise de ne pas y trouver Monika. Je me suis dit qu'elle avait dû se perdre et je l'ai attendu pendant plus d'une heure dans la pièce qui s'était transformée en une salle aux couleurs chaudes et pourvue de plusieurs fauteuils bien moelleux. Au bout d'un moment, j'ai conclu qu'elle s'était sûrement fait prendre par un professeur et je suis sortie. Je n'ai pas pu aller bien plus loin parce que j'ai trouvé Rusard qui m'attendait juste devant la porte, un papier en main.
« Je ne sais pas qui m'a envoyé ce courrier, a-t-il murmuré en me regardant, mais je suis content que cette personne l'ai faite ! »
A ce moment-là, j'ai eu comme un flash et j'ai tout compris. Monika m'avait tendu un piège grossier et je m'étais laisse faire comme une mule, comme un mouton qui suis le chien bergé. Je suis vraiment trop nulle. Rusard a prit rendez-vous avec moi le lendemain à 13h pour que je le suive toute l'après-midi afin de l'aider dans les diverses tâches du château. Je suis remontée me coucher en refoulant mes larmes le plus possible mais lorsque j'ai vu Monika, paisiblement allongée dans son lit, j'ai craqué et je me suis mise à sangloter. Encore une fois. Enfin bref, ce fut le pire moment de ma journée !
En plus, en cerise sur le gâteau, cette nuit, j'ai fait un horrible cauchemar : j'étais dans le noir et une tête entièrement verte dont je ne me souviens plus les traits me tournait autour en me répétant et répétant encore de sa voix sifflante et sinistre : « Anna…ne fais confiance à personne d'autre qu'à toi-même…Anna…ne fais confiance à personne d'autre qu'à toi-même…Anna… ».
Résultat : ce matin, je ne suis toujours pas levée alors qu'il est maintenant 11h et je suis incroyablement fatiguée et découragée de devoir passer tout mon dimanche après-midi en compagnie de ce bon vieux Rusard !
