Titre : Réputations

Auteur : Naomi.

Site de l'auteur : www. duoxheero .com

Traductrice : Séraphin.

Base : Gundam wing

Genre : Romance /drame.

Couple : 2x1. OOC des personnages.

Disclaimer : Les personages n'appartiennent ni à Naomi ni à moi...

Note : Je traduis en anglais et j'envoie toutes vos reviews à Naomi. Alors n'hésitez pas à lui faire plaisir en disant ce que vous pensez de cette histoire !

Réponses aux reviews :

Iria-chan, raziel, kaiyh-chan, mangafana, Shuya, ptite clad, lu, Kaorulabelle, Neko: merci beaucoup pour vos encouragements et j'espère que la suite vous plaira.

Crystal d'avalon : Merci pr ta review. En effet, c'est bien une OOC de Duo et de Heero.

Florinoir : T'as raison, ce serait peut-être une bonne idée de fic de faire des échanges comme ça… lol

Sailor Sayuri : Merci pour tes encouragements. Ça me fait plaisir de savoir que tu trouves ma traduction à la hauteur.

ShinNoMeg : Voilà voilà, reste calme s'il te plait…

décroche le téléphone et appelle les urgences

AU SECOURS, Y A UNE FOLLE QUI ME VISE AVEC SON BAZOOKA !

Vous avez demandé le numéro des urgences, veuillez ne pas quitter.. la la la.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH !

Chapitre 2:

L'incident survenu dans les vestiaires avait permis à Duo d'obtenir un certain nombre de réponses aux différentes questions qu'il se posait jusque-là à propos de Heero, mais, surtout, avait fait naître d'autres interrogations qui le travaillaient encore plus. Il se passionnait de plus en plus pour ce jeune homme introverti et silencieux. Il n'arrivait pas vraiment à déterminer s'il s'agissait de pitié, de sympathie ou juste de curiosité malsaine, mais ce dont il était certain, c'était que, désormais, il n'arrivait plus à chasser Heero de son esprit. Il était constamment tenaillé par l'envie de protéger ce garçon si fragile au beau regard bleu.

Il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour tenir Jack et les "gars" à distance.

Il envoyait des messages à Heero, en secret, bien sûr, pour lui indiquer dans quels endroits ne PAS se rendre pendant les interclasses afin qu'il ne se retrouve pas à proximité de La Bande. Il aidait Heero aussi souvent que possible (en tout cas, tant que cela ne risquait pas d'arriver aux oreilles de Jack ou de l'un des "gars" et ne le ferait pas paraître mou). Par exemple, une fois qu'il était en retard et qu'il courait comme un fou dans les couloirs (il était conscient que s'il arrivait trop souvent en retard en cours, la proviseur se servirait de ce prétexte pour le faire expulser — en le traitant de voyou au passage), il avait entendu quelqu'un crier puis pousser quelqu'un d'autre contre les casiers. Quand il avait tourné au coin du corridor, il avait vu Heero qui se relevait avec peine après avoir été renversé et qui se penchait pour ramasser ses livres, une grimace de douleur déformant les traits de son visage. Comme il n'y avait plus personne alentour, il avait prêté main forte à Heero.

Ce genre d'évènements arrivaient relativement souvent, mais ne duraient que de brefs instants et, en définitive, ils semblaient à Duo aussi éphémères qu'un souffle de vent. Il ne parlait quasiment jamais au jeune homme et, lorsque cela lui arrivait, leurs conversations ne duraient pas longtemps. Dès qu'il était aux côtés de Heero, Duo redoutait toujours d'être surpris par quelqu'un. Il savait que le japonais avait dû deviner son état d'esprit et que c'était sans doute pour cette raison qu'il n'avait plus essayé de se montrer sympathique avec Duo. En général, il était tout juste poli, mais, quelquefois, il se montrait même carrément glacé et hautain avec lui et son regard brillait de colère. Duo ne pouvait pas vraiment l'en blâmer. Il en aurait sans doute fait autant sa place.

Duo s'assit en classe de physique et s'affala sur son bureau, fourrant sa tête entre ses bras. Il haïssait la physique ! Il avait déjà étudié toute cette merde l'année passée, mais, en dépit de cela, il n'avait toujours pas réussi à intégrer le contenu de ce fichu cours. Et il y avait les épreuves du premier semestre la semaine prochaine ! Il n'y avait aucune putain de chance qu'il les réussisse. Et s'il les ratait... il imaginait déjà la réaction de Joanna et de la proviseur ainsi que la scène à laquelle il aurait droit !

En soupirant, Duo tourna légèrement la tête et jeta un coup d'oeil dans la direction de Heero. Celui-ci était assis à sa droite, à seulement deux chaises de lui. Jack séchant les cours ce jour-là, Duo était seul à sa table et s'ennuyait ferme. Il se demanda comment Heero faisait pour s'asseoir tout seul, jour après jour, à tous les cours. Il s'ennuyait probablement comme un rat mort !

Subitement, Duo eut une idée. Il sourit intérieurement et se redressa vivement sur sa chaise. Il sortit un stylo de sa trousse et, arrachant une feuille de son cahier, commença à écrire dessus. Dès que ce fut fait, il fit un avion en papier avec sa feuille avant de lancer négligemment celui-ci dans les airs en direction de Heero.

Le bout pointu de l'avion en papier vint frapper le pauvre garçon au beau milieu de la nuque. Heero sursauta légèrement tout en tentant de conserver un air serein. Quelques gloussements s'élevèrent dans la classe et quelqu'un lança à voix basse :

— Bien visé, Duo !

Le sourire de Duo s'effaça lorsqu'il croisa le regard furieux de Heero. D'un signe discret de la main, il l'encouragea à déplier la feuille.

Heero, mi-curieux, mi-méfiant, ramassa l'avion en papier qui était tombé à ses pieds et l'ouvrit. Ses yeux s'élargirent sous l'effet de la surprise en voyant que c'était en fait un message que lui avait envoyé Duo. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas reçu de mot de la part du jeune homme et jamais encore il ne lui en avait écrit un de si LONG.

Se redressant correctement sur sa chaise, les mains légèrement tremblantes et les battements de son coeur commençant à accélérer, Heero lut la lettre.

Salut Heero ! Comment vas-tu ! Je suis déjà aux trois quarts mort d'ennui, et je me demandais si c'était aussi ton cas.

Je suis désolé de ne pas t'avoir écrit depuis longtemps. Ne m'en veux pas, c'est seulement que je crois que Jack se doute de quelque chose et j'ai pensé qu'il valait mieux que je fasse profil bas pendant un certain temps. Je suis désolé si cela te semble être un mauvais choix, mais la dernière chose dont nous ayons besoin tous les deux, c'est bien que je me mette aussi Jack à dos. Au moins, ainsi, je peux parfois t'aider. Oh, à propos, évite donc d'aller à la cafétéria à la récré, les "gars" ont prévu une "opération coup de poing" contre la bande d'Elbert et je pense qu'il vaut mieux que tu ne sois pas là au moment où ça se produira.

Euh... Qu'est ce que je peux t'écrire, à part ça ? En réfléchissant (si, si, ça m'arrive de réfléchir, parfois) à notre relation, je me suis rendu compte que nous n'avions jamais eu une vraie discussion, toi et moi. J'aimerais bien en avoir une, un de ces jours... Pas toi ? Je veux dire, je ne veux pas t'y obliger, mais ne crois-tu pas que nous pourrions passer un peu de temps ensemble, un de ces quatres ? Hé ! Je viens d'avoir une idée super géniale ! L'épreuve de physique arrive bientôt, donc, nous pourrions peut-être... enfin, tu accepterais peut-être de m'aider ? On pourrait se voir après les cours, qu'en dis-tu ? Personne ne sera au courant de ce rendez-vous. Ce serait génial ! Fais-moi savoir ce que tu en penses, ok ? Mais pas pendant la classe, parce que... enfin bref, pas la peine que je te fasse un dessin, hein?

Bon, je pense que c'est tout ce que j'avais à te dire pour le moment... on se voit plus tard, mec.

Duo.

Heero écrasa la feuille de son poing, furieux. Les traits de son visage étaient déformés par la colère. S'il avait tourné le regard vers Duo, il aurait pu constater que le jeune homme avait été surpris et choqué par la violence de sa réaction. Mais il ne se préoccupait nullement de ce que pensait Duo à cet instant précis. Comment avait-il osé lui écrire une lettre comme celle-là ? Il n'avait jamais eu de véritables amis, mais il savait bien qu'un ami, un vrai, ne se serait pas soucié d'être "attrapé" en train de parler avec lui ! Si Duo s'inquiétait tellement de ce que pensaient de lui Jack et sa Bande, alors il valait mieux qu'il le laisse tranquille et qu'il reste avec eux !

Pff ! Essayer de se servir de lui pour l'examen de physique ! Jamais il ne le laisserait abuser de lui ainsi. Comment Duo pouvait-il croire que, parce qu'il l'avait aidé de temps en temps, il lui serait éternellement reconnaissant de cette offre d'amitié et qu'il allait lui sauter au cou au moindre claquement de doigt ! Pourquoi le devrait-il ? Duo l'avait peut-être aidé dans les couloirs, de temps en temps, mais cela n'arrivait que si le jeune homme était certain de ne pas risquer de se faire surprendre. S'il se faisait maltraiter en présence de témoins, en particulier s'il s'agissait de La Bande, Duo faisait semblant de ne rien voir, ne faisant absolument rien pour l'aider ! Il n'avait pas besoin d'un ami de ce genre. Il préférait encore rester seul.

Mais, d'un autre côté, Duo était la seule personne qui lui ait jamais accordé un quelconque intérêt. Il était le seul à l'avoir jamais aidé, si peu que ce soit. Il était le seul qui avait paru se soucier un peu de lui et même si tout cela n'était que de la comédie, il lui en était reconnaissant. Il était le seul à qui il ait jamais serrer la main... le seul qui l'ait touché... qui lui ait parlé...

Non ! Après tout, il avait quand même le droit d'avoir un peu de fierté et il continuerait à s'accrocher aux derniers vestiges de dignité qui lui restaient aussi longtemps qu'il le pourrait. Il ne laisserait PAS Duo le mettre dans sa poche si facilement !

Heero écrasa l'ex-avion en papier entre ses doigts jusqu'à ce que ses jointures se mettent à blanchir et le lança de toutes ses forces sur Duo.

— Hé, Duo ! Où tu vas ? interrogea Jack en voyant Duo se détacher de La Bande.

Le jeune homme se retourna vers lui et lui fit un demi-sourire.

— Ma corvée de cuisine, ça ne te rappelle rien?

— Ah ! Ouais ! C'est vrai ! J'ai dû oublier ! Bon, ben, à plus, mec ! lui lança le grand jeune homme à la tignasse écarlate avant de lui faire un vague signe d'au-revoir de la main.

Et, sur ce, sans plus prêter d'attention à Duo, Jack se retourna vers le reste de La Bande et ils s'éloignèrent ensemble en riant.

Duo soupira profondément, et, traînant les pieds, se dirigea vers la cafétéria. Jack oubliait toujours ce qu'il lui disait. Il ne semblait jamais l'écouter. Comme s'il ne se souciait pas de lui. Les vrais potes ne sont-ils pas sensés s'intéresser les uns aux autres ? Jack était-il réellement son meilleur pote ? Bien sûr, leur relation n'avait rien de commun avec celle qui avait existé entre Solo et lui, mais tout de même... il était son ami, pas vrai ? Ils s'étaient bien amusés ensemble, et cela, à de nombreuses reprises. Bien sûr, Jack fichait parfois Duo dans la panade, ce qui avait le don de déclencher chez Joanna des crises de colère infernales si bien qu'il se retrouvait "au cachot" (dans sa chambre, quand même) pendant plusieurs jours d'affilée ; cependant, Jack était toujours là, l'accueillant à bras ouvert dès qu'il pouvait sortir à nouveau. La Bande était toujours là.

Duo était un membre de La Bande. Un membre important. La Bande avait besoin de lui. Sans lui, ils n'auraient jamais réussi à s'introduire par effraction dans la Cave du vieux Pete, vendredi soir. Sans son super "passe-partout", ils n'auraient jamais pu s'approvisionner en alcool pour leur soirée ! Et une voiture, qui avait une voiture, à part lui ? Qui savait conduire, à part lui ? C'était lui qui avait "emprunté" la voiture de Joanna pour le week-end. C'était lui qui avait couvert les "gars" quand, lundi dernier, en revenant de son week-end, la proviseur avait découvert les tags sur la façade du lycée et qu'elle avait ensuite retrouvé une bombe de peinture dans le casier de Jack. Duo s'était dénoncé à la place de son ami et avait écopé de la punition. Il était sûr que Jack avait apprécié ce geste à sa juste valeur. Il ne pouvait pas en être autrement, pas vrai ?

Pas vrai ?

De nouveau, Duo soupira en secouant la tête. Trop réfléchir n'est pas une bonne chose, dans certains cas. Il y a certaines choses qu'il vaut mieux ignorer.

Il poussa la porte de la cafétéria et entra dans la grande cuisine du lycée. La Reine des Cuisines l'attendait.

— Ah ! Te voilà enfin ! Mets donc ton tablier, tu vas en avoir besoin, lui cracha-t-elle en lui jetant un bout de tissu malpropre au visage.

Pendant que Duo enfilait l'espèce de chiffon puant qui venait de lui être si aimablement offert en faisant la grimace, la vieille femme lui fit faire le "tour du propriétaire", lui désignant les différentes choses qui jalonnaient leur parcours.

— L'évier, le four, le frigo, la fenêtre. Tu obéis, tu fais le ménage et, ensuite, tu pourras rentrer chez toi, heureux. Je veux que cette cuisine BRILLE du sol au plafond ! Qu'il n'y ait plus UNE SEULE miette qui traîne.

Elle se retourna d'un bloc pour faire face à Duo et le fixa, le regard étincelant de colère.

— Est-ce que c'est bien clair ?

Duo déglutit avec quelques difficultés.

— Oui, m'dame.

— Bien.

Elle se remit à marcher.

— Les casseroles se rangent ici et la friteuse, là. Tu devras TOUT désinfecter après le déjeuner, en utilisant des gants, bien sûr. Un autre étudiant t'aidera ; il est déjà ici et il est déjà au travail, lui. Maintenant, vas-y !

Duo soupira et hocha la tête.

— Par où je commence ?

La bonne femme leva les yeux au ciel.

— Choisis donc toi-même ! Et fais bien attention, je préfère te prévenir tout de suite que si je vois que tu commences à foutre le bazar ici, mon garçon, c'est la colle direct !

Et, sur ces paroles encourageantes, elle planta là le pauvre Duo, réduit à néant.

Il se débrouillait toujours pour éviter la Corvée de cuisine dans son ancien lycée, mais cette fois, il ne pouvait pas se le permettre. Si seulement Joanna...

Poussant un profond soupir, il saisit son bonnet et ses gants avant de s'enfoncer encore un peu plus dans les cuisines à la recherche de son, hum, "compagnon d'infortune".

Il fut surpris quand il découvrit de qui il s'agissait.

Heero s'était réfugié dans un coin, face à une grande desserte qu'il chargeait de petites assiettes de gelées. Il tournait le dos à Duo et donc, il ne le vit pas s'approcher lentement de lui.

Duo sourit intérieurement, se réjouissant d'avoir l'occasion d'être seul avec Heero, dans un endroit où personne ne pourrait les surprendre ni, le cas échéant, lui reprocher d'être avec le jeune homme. Après tout, il était obligé de faire la corvée de cuisine.

Il s'approcha silencieusement de Heero. Celui-ci était très concentré sur son travail. Duo leva le bras et posa sa main sur l'épaule du jeune homme. Sa réaction fut immédiate. Heero sursauta violemment et lâcha l'assiette de gelée qu'il tenait dans les mains.

Duo fit un bond en arrière pour éviter l'assiette puis mit sa main devant sa bouche.

— Je suis désolé ! Heero ! Je suis vraiment désolé... Je vais t'aider à tout remettre en ordre ! se confondit en excuses Duo, se penchant déjà pour mettre en pratique sa promesse. Je n'ai pas voulu t'effrayer ! ajouta-t-il en commençant à nettoyer.

Heero baissa le regard sur le jeune homme accroupi par terre, un air de profond étonnement peint sur tous les traits de son visage. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver une respiration sereine et pour pouvoir se remettre à penser normalement.

— D... Duo, qu... que fais-tu ici ?

— La même chose que toi, lui répondit le jeune homme en se relevant et en esssuyant ses mains l'une contre l'autre. La Corvée de cuisine.

Il sourit en voyant une surprise totale briller dans les yeux de Heero.

— Avec... avec moi ?

— Ben ouais. Bien sûr. Pourquoi pas ?

Heero détourna le regard, semblant très nerveux.

— Ne devais-tu pas plutôt... jouer au hockey ?

Duo fronça les sourcils.

— Ben ouais, à l'origine, mais... je dois rester.

— Ah, laissa échapper Heero, refusant toujours de croiser le regard de Duo. Ben, tu seras le premier a avoir jamais travaillé avec moi..., marmonna-t-il encore en retournant à son travail.

De nouveau Duo fronça les sourcils. Il se doutait de la raison pour laquelle Heero était surpris de le voir. Ce n'était pas parce que lui était venu, mais parce que quelqu'un était venu. Il en conclut que personne ne voulait faire équipe avec Heero d'habitude et cette simple constatation l'emplit de tristesse et, en même temps, il sentit la colère monter en lui. Maintenant, il savait qu'il ne manquerait pas UNE SEULE corvée de cuisine de la semaine. Il ne permettrait PAS que Heero ait tout le travail à faire lui-même !

Ce fut un véritable défi à relever, il devait bien en convenir, mais, après quatre jours de Corvées de cuisine, Duo avait finalement réussi à avoir une petite discussion avec Heero. Au début, le jeune homme avait semblé plus que réticent à son égard, mais, le temps passant, il s'était décontracté et la tension était retombée entre eux. Duo avait apprécié chaque minute de cette conversation. Chaque minute pendant laquelle il avait pu plonger son regard dans celui de Heero. Chaque minute durant laquelle il avait travaillé à ses côtés dans les cuisines. Chaque minute pendant laquelle il avait frotté, récuré, lavé et fait briller auprès de lui.

Il avait découvert que Heero était une personne vraiment très intéressante. Il possédait cet humour cynique dont il se servait avec, certes, parcimonie, mais toujours au bon moment, ce qui amusait beaucoup Duo. C'était un jeune homme avare de paroles, mais dont les remarques étaient toujours intéressantes et pleines de justesse. Il ne prononçait jamais un seul mot stupide ou inutile. Et, même s'il était dur pour eux de trouver un sujet de discussion commun, ils parvenaient toujours à se débrouiller d'une manière ou d'une autre. Ce qui était certain, en tout cas, c'était qu'il avait BEAUCOUP appris cette semaine. Beaucoup de choses auxquelles il n'avait tout bonnement jamais pensé, de nouveaux points de vue sur la vie dont il n'avait jamais soupçonné l'existence. C'était intéressant et, avec Heero, ce genre de conversation pouvait durer longtemps.

Plus ça allait et moins Duo arrivait à réfréner l'attraction grandissante qu'il ressentait pour le japonais. Après deux heures d'affilée pendant lesquelles il admirait l'élégante silhouette du jeune homme et suivait du regard les gouttes de sueur qui roulaient sur sa peau dorée, Duo avait beaucoup de mal à contrôler ses hormones. Au début, il avait nié ses sentiments, il avait essayé d'ignorer la douleur entre ses jambes chaque fois qu'il se souvenait des moments passés en compagnie de Heero dans les cuisines, mais il ne pouvait pas mentir à son corps. Il désirait Heero. Il voulait Heero. Mais l'autre jeune homme n'était pas à même de faire face à une pareille déclaration. Et Duo non plus, d'ailleurs. Alors, pendant ses longues nuits solitaires, dans les ténèbres complices de sa petite chambre, il se contentait de la caresse de ses mains sur son pénis et de celle de l'image de Heero dans son coeur. En général, il lui fallait au moins deux heures de masturbation avant de pouvoir enfin s'endormir sereinement.

Ils en étaient maintenant à leur cinquième jour de Corvée de cuisine. Duo parcourait les couloirs en direction de la cafétéria en fredonnant gaiement. Il ne pouvait pas attendre plus longtemps pour revoir Heero. Il avais fait un rêve si cool la nuit passée, un de ces rêves dont vous SAVEZ seulement qu'ils ne peuvent qu'avoir une signification, sans arriver à déterminer laquelle. Et Duo savait que Heero était la seule personne qui pouvait l'aider à comprendre ce que voulait dire ce rêve. En plus de cela, il ne supportait plus de devoir attendre pour pouvoir admirer encore ces yeux aussi bleus que l'océan. Il aurait voulu pouvoir s'y noyer...

Perdu dans ses petits fantasmes, Duo n'avait rien vu venir lorsque, soudain, une main s'abattit sur son épaule. Il sursauta violemment avant de se retourner vivement et de plonger le regard dans les yeux noirs et rieurs de Jack.

— Nom de Dieu ! Tu m'as fichu la trouille, putain de merde ! s'écria Duo.

Jack lui sourit largement, une lueur sournoise dans le regard.

— Qu'est ce qui t'arrive, Max ? T'étais en train de rêver à ton mec ?

Les yeux de Duo s'exorbitèrent.

— Qu... Qu... QUOI ! s'étouffa Duo.

— Relax, Max ! J'te charriais ! s'exclama Jack dans un gloussement ravi. Eh bé ! Quelqu'un t'as fichu un balai dans le cul, ou quoi ?

— N... non, marmonna-t-il en rougissant.

Heureusement pour Duo, Jack ne remarqua pas cette réaction révélatrice car il s'était penché pour retirer quelque chose de son sac de sport.

— Écoute, mec, les gars et moi, on a eu une idée géniale. Tu vas voir, elle DÉCHIRE carrément sa race !

Duo leva un sourcil interrogateur.

— Ah oui ? Quel genre d'idée ? s'enquit-il avec un mauvais pressentiment.

Une lueur malicieuse s'était de nouveau allumée au fond des prunelles sombres de Jack.

— Ben, comme tu fais ta Corvée de cuisine, on s'est dit qu'on pourrais p't'être en profiter pour faire quelques p'tites choses...

— Quelque petites choses... comme quoi ?

Un sourire perfide naquit sur les lèvres de Jack alors qu'il donnait à Duo une petite boîte ronde.

— Ouais, on a pensé que ce s'rait sympa de rajouter une VRAIE surprise dans la "Surprise au Thon"...

Duo, de plus en plus inquiet, lui lança un regard incrédule.

— Tu me charries !

Jack pouffa de rire en mettant le récipient dans les mains tremblantes de Duo.

— Réfléchis-y, mec ! Ce s'rait la plus grande blague qui ait JAMAIS été faite ! Ça f'rait piter tout l'monde ! Le lycée entier en parlerait pendant des SEMAINES. Ils ne parleront que de toi, mec ! De TOI !

— Ouais, mais...

Tout le monde parlerait de lui ? Il deviendrait encore plus populaire ? Les gars de La Bande le verrait enfin comme un membre VRAIMENT important d'entre eux ? Était-ce vraiment ce qu'il désirait ?

— Allez, mec, fais pas ta chochotte ! C'est la chance de ta vie !

— Mais... Mais le thon... c'est Heero qui s'en charge..., réussit à marmonner Duo en guise d'excuse.

— Ah ouais, vraiment ? Ben, t'auras qu'à le lui voler le temps d'ajouter notre p'tite surprise ! J'suis sûr que c'est dans tes cordes. Ce sera rigolo. Pourquoi tu te préoccupes tant de lui, de toute façon ? Hein ?

Duo maudit la rougeur qui lui montait aux joues. Il fixa le sol du regard.

— Je... Je me fous pas mal de lui. Je m'en bats les couilles de sa face...

Jack grimaça en baissant les yeux sur le jeune homme. Celui-ci était un peu plus petit que lui. D'un geste rapide, il attrapa la longue tresse de Duo par la base et, tirant d'un coup sec dessus, le força à lever son visage vers lui. De cette façon, leurs nez se touchaient presque.

— Écoute-moi bien, Duo, t'as pas intérêt à te foutre de moi. J'ai vu comment tu te comportes avec ce gland et je peux pas dire que ça m'fasse plaisir. Tu t'es vraiment fait chier pour faire te faire une place dans notre bande alors fous pas tout ça en l'air pour ce p'tit pédé. Je te donne une chance de faire tes preuves, Duo. T'as le potentiel pour être avec nous, mec. Alors ruine pas tout ça parce que tu plains ce blaireau. Oublie-le. Il disparaîtra bientôt. Tu verras.

Et, sur ces mots, il lâcha le jeune homme et le repoussa légèrement de lui.

— Fais-le ! ordonna-t-il en enfonçant la boîte ronde dans l'estomac de Duo. Fais-le ou dégages, ajouta-t-il, menaçant, avant de le planter là.

Duo lança un regard haineux à la boîte avant de relever les yeux sur la silhouette sombre de Jack qui s'éloignait. Fais-le ou tu dégages de La Bande. Aide Heero et tu ressembleras à Heero... Une vie de solitude ou une vie avec ses... amis. Que devait-il choisir ?

Il s'absorba de nouveau dans la contemplation du petit récipient et poussa un profond soupir. Après un long moment pendant lequel il se contenta de fixer la boîte du regard d'un air absent, il la cacha finalement sous son uniforme et releva brusquement le menton, déterminé.

— Tu es en retard, tu es au courant ? l'accueillit Heero lorsqu'il pénétra dans les cuisines.

— Ouais, désolé, mec..., marmonna Duo en enfilant son tablier, son bonnet et ses gants.J'ai été retenu après les cours...

— Ah. Un problème ? interrogea Heero en remuant une grande casserole de... quelque chose.

— Nan, t'inquiète, rien de grave. J'me débrouillerai.

Il s'approcha de Heero et lança un coup d'oeil à ce qu'il faisait. Il fronça le nez lorsque des effluves nauséabondes lui parvinrent. Il n'arrivait pas vraiment à déterminer si l'odeur se dégageait de Heero ou du ragoût qu'il était en train de faire cuire, mais, en tout cas, ça PUAIT.

— C'est QUOI, cette infâme tambouille ? s'enquit-il en reculant de quelque pas pour échapper à l'odeur.

Heero haussa les épaules.

— Je ne sais pas. Mais quoi que ce soit, Doris, notre Reine des Cuisines bien-aimée, a prévu ça pour le déjeuner. Je ne fais qu'obéir à ses ordres, acheva-t-il dans un sourire. Il ne faudra pas me reprocher les mutilations que ça risque de causer chez les élèves.

Duo se força à glousser à la petite blague, son esprit ne cessant de revenir à un certain récipient en plastique.

Heero fronça les sourcils.

— Tu n'es pas obligé de rire si tu ne trouves pas ça drôle, lui lança-t-il en se concentrant derechef sur la casserole écumante. Je ne ris pas de tout ce que tu dis.

— Dis plutôt que tu ne ris jamais, répliqua amèrement Duo en se traînant vers l'endroit où il devait faire sa Corvée.

— Il y a quelque chose qui ne va pas ? osa demander Heero sans lever le regard de sa casserole.

Duo soupira en commençant à éplucher les pommes de terres.

— Rien d'important.

— C'est à propos de Jack ?

Parfois, il oubliait les excellentes qualités d'observateur que possédait Heero. Ne désirant pas lui donner une véritable réponse, Duo se contenta de hausser les épaules.

— Pourquoi traînes-tu avec eux si tu es malheureux en leur compagnie ? s'enquit calmement Heero, parfaitement conscient qu'il était la personne la MOINS en position de lui demander ça.

— Parce que, répondit Duo, pragmatique, en lançant une pomme de terre dans une énorme bouilloire.

— Parce que ?

— Parce que ce sont mes amis.

— Je pense qu'ils se servent de toi.

Les yeux de Duo étincelèrent de colère.

— Il m'a demandé de l'aide.

Heero leva un sourcil, incrédule.

— Ah ouais, vraiment ?

Duo soupira, énervé. Qui était Heero pour le juger ? Il n'avait pas fait mieux que lui !

— Ouais, vraiment !

Il lança négligemment une autre pomme de terre.

— Mais je suppose que c'est nettement mieux d'être seul, n'est-ce pas ?

Dès que ces mots eurent franchi ses lèvres et qu'il se rendit compte de ce qu'il venait de dire, Duo se maudit de sa bêtise et se donna un coup sur la tête pour se punir.

— Je suis désolé, Heero. Je ne voulais pas dire ça.

— Si, c'est exactement ce que tu voulais dire, répliqua calmement Heero en se retranchant encore un peu plus dans son coin de cuisine.

Ils continuèrent à travailler silencieusement, chacun de leur côté, évitant soigneusement de croiser le regard de l'autre.

Enfin, au bout d'un certain temps, Duo leva les yeux de son travail pour regarder Heero. Celui-ci était occupé à disposer les repas sur la desserte. Il étudia le silhouette menue du jeune homme qui se collait à la petite table, ses longs bras arrangeant avec soin les plats. Il suivit du regard chaque petit geste, chaque mouvement de Heero. Ses yeux s'attachèrent à la forme gracile de ses longs doigts fins à chaque fois que le jeune homme fourrageait dans ses cheveux en bataille... Comment quelqu'un qui semblait si fragile, si petit et si abandonné pouvait être si fort ?

Heero était plus fort que lui, il le savait. Plus fort de caractère. Il était sans arrêt dans la tourmente, jour après jour, mais, malgré tout, il ne baissait jamais les bras. Il restait fier et noble quoi qu'il arrive. Il conservait en permanence cet air de défi silencieux. Et une détermination sans faille l'animait, quoi qu'on lui fasse subir. Certes, il ne luttait pas, pas physiquement, du moins, mais le seul fait d'être toujours là, jour après jour, face à ces "gars" dix fois, vingt fois, trente fois, plus nombreux que lui montrait bien l'extraordinaire force intérieure qui l'habitait. Et d'ailleurs, peut-être était-ce pour cela que les gens le harcelaient tellement. Parce qu'il ne parvenait pas à le briser. Ils pouvaient le battre, l'humilier, l'insulter et le torturer, mais il ne parviendraient jamais à le briser.

Quant à lui, Duo n'était qu'un faible. Il n'était qu'un faible parce qu'il ne pouvait pas supporter de vivre sans ses soit-disants amis. Il ne pouvait pas se passer de La Bande. Et s'il n'exécutait pas les ordres de Jack, il perdrait ses amis.

Duo lança un regard à Heero, puis à la casserole pour laquelle il se passionnait tant quelques minutes auparavant et qu'il avait maintenant imprudemment délaissée. Il sortit la boîte ronde de sa cachette puis jeta de nouveau un coup d'oeil à la casserole.

Il était faible.