Note : et qui c'est qui dit merci, c'est Bibi !

ooOOoo

6 – Vidé. Rodney se sentait vidé de toute énergie. L'idée le fit frissonner. Etait-ce ce que l'on ressentait lorsqu'un Wraith vous attaquait ? Cette sensation d'être soudainement lourd, si lourd que le simple fait de respirer représentait une tâche surhumaine. Il ne pouvait même pas soulever ses paupières. Elles semblaient faites de plomb.

Le petit lapin rose.

L'image de ce petit automate utilisé pour une publicité sur des piles lui vint immédiatement à l'esprit. Il était comme les petits lapins représentant les marques concurrentes : un pantin désarticulé, sans énergie, sans vie.

Mon Dieu, c'était peut-être ça, un wraith l'avait attaqué et … minute, minute. Il se rappelait une attaque mais il aurait pu jurer qu'il ne s'agissait pas d'un wraith, non, c'était … Sheppard ! Cet idiot de militaire avec son entraînement à la … Okayyyyy. Sheppard. Pas un wraith. C'était tout ce qui comptait.

Son corps était complètement fixe, immobile comme de la pierre. Mais son cerveau lui était actif. Il pouvait réfléchir. Il fallait qu'il réfléchisse. Que s'était-il exactement passé ?

Il se rappelait la séance de cours de self défense. Il se rappelait fort bien avoir réussi à faire tomber le Major. Deux fois. La première fois était claire dans son esprit mais la seconde quant à elle … Il y avait eu cette douleur lancinante et du sang. Le sang de Sheppard. Il l'avait blessé et, et … Bon sang, il y avait plus de trous dans sa mémoire que dans un morceau de gruyère suisse !

Rodney se rappelait Sheppard, une serviette sur le visage lui posant une question. Il l'avait ensuite attrapé par le bras et après … après plus rien.

Il n'aurait pas su dire où il se trouvait, sans aucun doute à l'infirmerie.

Encore.

Il faisait noir. Il ne manquerait plus qu'il soit aveugle, franchement, ce serait le pompon et … oups, il avait parlé un peu vite : il avait juste les yeux fermés. Il essaya une fois encore de les ouvrir. C'était peine perdue, la chape de plomb qui les recouvrait était toujours là.

Rodney essaya de se concentrer sur les bruits autour de lui. Il finit par identifier les bruits mécaniques du respirateur et du moniteur cardiaque.

Infirmerie.

En fond, un autre bruit, plus faible, pouvait être entendu. Des voix. Deux, peut-être plus. Un accent épouvantable.

Carson.

Quelqu'un l'encourageait à ouvrir les yeux. Un encouragement reposant sur de la flatterie ?

Sheppard.

Rodney laissa les deux voix le bercer et il finit par s'endormir, rassuré : il était sur Atlantis, confortablement installé à l'infirmerie, confié aux bons soins de Carson et entouré des gens en qui il pouvait avoir confiance.

ooOOoo

John était repassé deux fois à l'infirmerie. Rodney n'était toujours pas réveillé mais tout démontrait que désormais, il n'était plus inconscient, mais juste endormi. Il en profita pour passer voir le docteur Greenaway. Ce dernier travaillait toujours sur les données génétiques fournies par Beckett mais n'avait pas plus de réponse aujourd'hui qu'hier.

John décida de repasser par l'infirmerie. Il avait le temps. Il n'était plus en repos forcé mais il n'y avait pas grand-chose d'urgent à traiter. Ils avaient une mission de reconnaissance dans cinq jours et il fallait qu'il passe en revue les données du MALP. Et il faudrait vraisemblablement qu'il trouve un remplaçant à McKay.

Beckett se trouvait bien entendu au chevet de Rodney.

L'écossais vérifiait les appareils entourant McKay tout en s'entretenant avec lui, enfin, en lui faisant tout seul la conversation.

« … et bien sûr, cet idiot de Kavanaugh a voulu la retirer lui-même ! Résultat, 11 points de sutures. Rodney il faudra absolument avoir une petite conversation avec le docteur Zelenka, si ça continue comme ça, ces petites blagues de collégiens vont finir par … Oh, Major. Vous tomber bien, je disais justement à Rodney que nous avions besoin de lui, et vite ! J'ai autre chose à faire qu'à m'occuper des règlements de comptes interservices. »

John sourit. Il avait entendu parler de l'incident auquel Beckett se référait. Apparemment, les relations entre les docteurs Kavanaugh et Zelenka avaient atteints un stade de non retour. Kavanaugh avait repris à son compte les travaux de l'équipe du tchèque, s'en cachant à peine, précisant que seule la finalisation qu'il avait effectuée en rendait possible l'utilisation. Bref, l'affaire avait légèrement dégénérée et peu après avoir été reçu par le Docteur Weir, Kavanaugh, qui avait refusé de reconnaître la valeur du travail de Zelenka et de ses collaborateurs, avait eu un petit accident de salle de bain. Ou plus exactement de toilettes.

Ses WC avaient tout bonnement explosé. Pendant qu'il se trouvait dessus, bien sûr (5).

Les techniciens n'avaient rien trouvé de particulier, mais des rumeurs laissaient entendre que l'équipe de Zelenka n'était pas étrangère à l'incident.

Kavanaugh n'avait pas été blessé que dans son amour propre. John frissonna, il imaginait sans peine l'horreur de Carson : devoir soigner un type comme Kavanaugh n'était déjà pas bien drôle, mais devoir en plus s'occuper de son postérieur …

Il se tourna vers McKay. Celui-ci avait retrouvé quelque couleur. Enfin, sa peau avait un aspect moins cadavérique, mais cela venait sans doute aussi du superbe bleu, désormais violacé, qui se trouvait sur son visage.

John s'installa sur la chaise en plastique près du lit. Il jeta un coup d'œil à Beckett qui inscrivait des résultats sur le dossier de McKay. Le médecin avait l'air fatigué.

« Le docteur Greenaway n'avance pas beaucoup dans ses recherches. »

Beckett le regarda et resta un moment silencieux avant de lui répondre.

« C'est un homme brillant. »

Oho. Qu'est-ce que c'était que cette réponse ? John observa attentivement le médecin. Celui-ci ne le regardait plus. Il avait presque l'air embarrassé.

« Carsonnnn. Il y a quelque chose que vous aimeriez me dire, hum ? »

Il avait pris une voix câline. Beckett leva les yeux vers lui et rougit immédiatement.

Okay, là c'était clair, l'écossais lui cachait quelque chose.

« Carson. »

Beckett poussa un soupir.

« Je crois que j'ai un début de réponse. »

« Comment ça vous croyez ? Et pourquoi n'en n'avez-vous pas informé Greenaway ou le docteur Weir ? »

Beckett tripotait les boutons du moniteur nerveusement et son regard refusait de rencontrer celui du Major.

« J'aifouillédanslesaffairesdeRodney. »

La réponse était sortie si vite et dans un anglais presque incompréhensible – l'accent du pauvre Beckett s'amplifiait terriblement lorsqu'il était nerveux – que John eu du mal à comprendre ce qu'il lui disait.

« Vous avez quoi ? Alors là c'est sûr, comparé à ce que Zelenka a fait à Kavanaugh, ce que McKay va vous faire lorsqu'il découvrira que vous avez fouiné dans son labo sera tout bonnement apocalyptique ! »

Beckett le foudroya du regard et eu un geste vague.

«Tstststst, vous oubliez qui fait les examens post mission, Major : McKay ne fera rien, il a trop peur des seringues et autres traitements inconfortables. Et puis, il y pire, je pourrais le mettre au régime. »

John sourit. Rien ne pouvait démonter Beckett ! Ce dernier le laissa un moment pour se rendre dans son bureau et revint avec son ordinateur portable. Il le posa sur un des appareils médicaux qui ronronnait derrière eux et entreprit de lui expliquer ce qu'il avait découvert.

TBC (cette fois, écrit dans le Brest-Paris ; c'est trop bien le train, on peut s'adonner à sa passion pour les fanfic' !)

(5) J'emprunte cette idée géniale à Dr.Dredd, lisez son Mémoranda from the edge : c'est un régal !