Note 1 : reviews are always welcome !
Note 2 : ouais, c'est clair maintenant, comme Jeux d'enfants, cette fic' va être aussi longue que Mensonge, peut-être même un peu plus … Désolée pour l'attente !
ooOOoo
24 – Rodney en avait assez.
Assez d'être ballotté comme un sac de patates sur le dos de cette bestiole. Assez d'être regardé par les hommes qui marchaient à ses côtés comme un monstre dangereux. Assez d'être regardé par Sheppard comme s'il était en train de mourir.
ASSEZ.
Il soupira. Encore. Il lui semblait que c'était tout ce qu'il était capable de faire. Se plaindre – intérieurement – et geindre – d'une manière très ostentatoire.
La route qu'ils suivaient depuis maintenant un bon moment était rocailleuse et même si l'équidé semblait s'arranger pour éviter les passages les plus instables, il lui était cependant impossible de rendre le parcours moins abrupt. Chaque pierre, chaque bosse, chaque courbe était une torture pour les côtes de Rodney. C'était sur elles qu'il essayait de se concentrer pour se guérir.
Sans grand résultat.
Il avait faim et froid. Sheppard lui avait donné des gâteaux, mais ils étaient faits d'une pâte horriblement sèche et compacte. Ils pesaient sur son estomac comme des pierres dans un sac. Rodney avait du boire la moitié du contenu de la gourde que leur avait donnée Caudius pour faire passer ces affreuses pâtisseries. Si les Akrons voulaient se débarrasser de lui c'était gagné : encore une journée à crapahuter dans les montagnes et à avaler ces trucs et il serait mort.
Il soupira. Sheppard lui jeta un regard noir.
Rodney détourna le sien et fixa la route devant lui.
Le chemin se rétrécissait sans cesse et sa déclinaison était de plus en plus forte. Si cela continuait ainsi, il lui faudrait bientôt descendre de l'équidé. L'idée de marcher le rendait malade. Il doutait de pouvoir y arriver.
Rodney aurait voulu pouvoir s'allonger, cela aurait soulagé la douleur provoquée par ses côtes fracturées. Mais c'était hors de question. Deux fois déjà il avait failli tomber et avait été rattrapé par le Major juste avant de piquer un plongeon vers le sol. Sheppard avait l'air inquiet. Et ça n'était pas pour le rassurer : si Sheppard, qui avait combattu des wraith était inquiet …
Il soupira et porta immédiatement sa main devant sa bouche. Sheppard devait en avoir assez lui aussi. Assez de l'entendre soupirer et geindre, assez de marcher.
L'équidé s'ébroua. Rodney se pencha pour caresser sa tête.
C'était un animal étrange. Entre le cheval, le chameau et le lama. Peut-être aussi un peu de licorne. Son museau ainsi que tout son front était recouvert d'une épaisse corne grise, il avait deux immenses yeux noirs et une crinière digne d'un lion. Elle était grise et blanche, les longs poils bouclés et épais. Et doux. Comme du duvet. Rodney s'était attendu à ce qu'ils soient drus et rêches. Il commença à caresser la crinière, jouant avec les boucles. L'anima tourna la tête vers lui.
Rodney aimait bien les animaux. Il avait une préférence pour les chats, autonomes et indépendants, mais ne détestant pas les câlins quand le besoin s'en faisait sentir. Saliéri était comme ça. Il l'attendait derrière la fenêtre, reconnaissant le bruit du moteur de sa voiture. Rodney aimait regarder un bon film, du popcorn sous la main, et Saliéri, installé bien à l'aise sur ses genoux.
Il ne pouvait pas continuer à appeler l'équidé, bête ou animal. Il lui fallait un nom. Rodney n'était pas très doué pour les noms. Enfin, lui trouvait que si, mais les autres non. Ford et le Major s'en sortait pas mal, même si les noms qu'ils donnaient aux choses étaient parfois peu orthodoxes. Les Gateship, il avait trouvé ça pas mal, mais il fallait bien avouer que Jumper c'était vraiment une excellente trouvaille … Jumper ! C'est ça, il allait l'appeler Jumper (27).
Rodney s'allongea sur le long cou de Jumper. Il agrippa sa crinière à deux mains et ferma les yeux. Jumper ne sentait pas très bon mais c'était vraiment très agréable d'être allongé comme ça, la crinière de l'équidé était si douce, si dou-… Rodney ne sentit même pas qu'il glissait de sa monture.
ooOOoo
Sheppard rattrapa McKay avant qu'il ne tombe de l'équidé.
Un juron sonore lui échappa. C'était la troisième fois que Rodney s'endormait.
Cette fois, il ne tenta pas de le remettre sur le dos de l'animal, mais le récupéra et l'allongea par terre. Rodney s'installa immédiatement en chien de fusil, ramenant ses deux mains devant lui.
« Hey, stop ! ARRETEZ ! »
Valérius et Caudius le rejoignirent presque aussitôt.
« Que se passe t-il ? »
Valérius fixait Sheppard, sans adresser un seul regard à McKay comme d'habitude.
John indiqua son compagnon d'un geste du menton.
« Il ne peut plus tenir sur l'équidé. Ecoutez, je crois que j'ai une idée. Pendant combien de temps encore devons nous rester sur ce chemin ? »
« Une heure, peut-être un peu plus. »
« Je pourrais faire un travois. L'équidé pourrait le tirer. De cette manière McKay ne tomberait plus. Et nous irions plus vite. »
Il avait ajouté ce denier point pensant que c'était ce qui importait le plus pour les Akrons.
Valérius le regarda un moment puis daigna enfin regarder McKay qui dormait à leurs pieds, complètement inconscient de ce qui se disait.
« Non. Remontez le sur l'équidé, nous repartons. »
Valerius leur tourna le dos pour rejoindre le devant du petit convoi.
« QUOI ! Ecoutez, ce n'est quand même pas comme si je vous demandais de … » valérius se retourna brusquement vers lui. John vit le visage de l'homme se décomposer. Il était blême. Blême de rage.
« Non, c'est vous qui allez m'écouter. Ou vous vous occupez de lui ou c'est moi qui m'en charge. »
Les yeux de l'Akron étaient presque noirs, le bleu des iris complètement absorbé par les pupilles. Il serrait les mâchoires.
« Alors. »
Le ton était froid. Froid et menaçant.
Sheppard renouvela mentalement sa promesse de tuer ce type dès que l'occasion se présenterait. Mais pas maintenant. Pour le moment, il allait obéir sagement.
Pour le moment.
Il ne répondit pas à Valérius mais se pencha vers McKay. Il le secoua pour le réveiller. McKay poussa un grognement mais ouvrit les yeux, il jeta un regard autour de lui et s'arrêta un moment sur Valérius. Ce type lui donnait la chair de poule. Depuis le premier soir où il s'était rencontré chez Crésius, il s'était senti mal à l'aise en sa présence. Rodney leva les yeux vers Sheppard.
« Allez, debout McKay. »
le ton du Major était sec. Comme un ordre. Bien sûr, Rodney pourrait toujours arguer qu'il n'était pas militaire et que Shepaprd ne pouvait donc pas lui donner d'ordre, mais il était trop fatigué pour ça. Il hocha la tête et se mit en position assise.
Sheppard se détestait pour ce qu'il était en train de faire. Ce n'était pas de la faute de McKay s'ils en étaient là. Il fallait qu'il se calme un peu. Il saisit Rodney sous un bras quand Caudius se pencha lui aussi vers le scientifique pour l'aider à se mettre debout. La réaction de McKay fut immédiate.
« NON ! »
Il se débattit et Caudius recula, sans un mot.
Rodney regarda le Major et celui-ci le releva. Rodney s'agrippa à Jumper pour ne pas tomber. John s'approcha de lui et lui parla à l'oreille.
« Rodney, je sais que vous êtes fatigué mais il faut que vous teniez encore un peu, okay, je doute que Valérius soit de très bonne humeur, si tant est que ce type sache ce que c'est être de bonne humeur. »
Rodney jeta un nouveau coup d'œil à Valérius. Celui-ci les observait, le Major et lui, les bras croisés sur sa poitrine. Rodney hocha la tête et saisit le pommeau de la selle. Jumper, agenouillé par terre, attendit sagement que Rodney soit assis puis se releva.
Tenir encore un peu. Un peu. Pas très scientifique comme mesure.
Un peu. Rodney serra les mains contre le pommeau. Il pouvait faire ça non ?
TBC
(27) J'en profite pour vous inciter à découvrir le nouveau site de référence français sur l'univers de Stargate Atlantis : www(point)gateship(tiret)one(point)net.
