Note : merci pour les reviews !
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26 – Rodney regardait défiler le paysage.
La rocaille se faisait plus fréquente, les buissons moins verts. Même le ciel n'était pas de la même couleur que chez les Léciors. Ici, il était plus terne, plus gris.
Il se demanda s'il pouvait y avoir un lien entre le caractère accueillant des Léciors et leur environnement. Sûrement, il y en avait un entre les Akrons et le leur. Sécheresse du paysage, sécheresse des cœurs.
Il détestait ces gens. Vraiment. Jamais il n'avait ressenti ça. Okay, globalement les gens l'ennuyaient, mais il ne leur voulait pas de mal. C'était plutôt de l'indifférence. Les autres ne l'intéressaient pas. Sauf les femmes. Oui, les femmes l'intéressaient mais … bon sang, il fallait qu'il arrête de délirer.
Son regard tomba sur Valérius. Ce dernier marchait à quelques mètres devant lui. Un ou deux tout au plus. Rodney ne voyait que sa nuque. Il serra la mâchoire. Il détestait cet homme. Non, correction, il le haïssait.
Que lui avait-il fait ? Oh, oui, bien sûr : il était un infâme Timaré ! Comme si c'était par choix. Et quand bien même. Pourquoi, s'il lui était si odieux, était-il venu le chercher jusque chez Crésius ?
Jumper s'ébroua et sa crinière duveteuse vint se glisser dans la bouche de Rodney. Il crachota dans les longs poils. Il aurait voulu pouvoir écarter les boucles. Rodney soupira.
Le Major avait fait ce qu'il pouvait pour rendre ce nouveau supplice le moins désagréable possible. Il avait retourné la selle, de manière à ce que le pommeau de celle-ci ne lui rentre pas dans les côtés. Il était presque complètement allongé sur le cou de Jumper, les deux bras de chaque côté de celui-ci, la corde enroulée autour de ses poignets. Sheppard avait passé la corde sur sa manche mais il n'avait pas pu s'empêcher de tirer dessus et bien sûr maintenant elle mordait dans la chair. Ses jambes aussi étaient attachées, la corde passant sous l'animal. C'était à la fois humiliant et douloureux. Il avait des crampes mais devait les endurer silencieusement.
Au début, Sheppard s'était tenu à ses côtés, mais le passage qu'ils empruntaient était étroit et ils s'y déplaçaient en file indienne. Il pouvait l'apercevoir devant. Juste sa tête et cette épouvantable chose qu'il appelait une coiffure.
Rodney ferma les yeux et poussa un autre soupir.
Il ne parvenait pas vraiment à s'endormir, il somnolait, puis se réveillait en sursaut à chaque mouvement un peu brusque de Jumper. Il sentit soudain quelque chose de froid sur sa joue, de froid et de mouillé. Non. Il ne manquait plus qu'il se mette à pleurer, pas devant ces gens. Pas devant lui. Rapidement, une autre larme se joignit à la première, puis une autre. Il essaya de les retenir mais finit par enfouir son visage dans la crinière blanche et se laissa aller.
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John marchait devant l'équidé.
Il essayait de se maintenir sur la gauche de l'animal, de manière à ce que McKay puisse le voir. Cela pouvait paraître ridicule mais il savait, pour l'avoir expérimenté, que le simple fait de voir son coéquipier en période de crise était rassurant. Il devait bien ça au scientifique après ce qu'il lui avait fait subir.
John savait qu'il se culpabilisait pour rien, que c'était ces foutus Akrons qui étaient responsables, que c'était Valérius. Mais ça ne changeait pas grand-chose à ce qu'il ressentait.
McKay avait essayé d'argumenter mais John n'avait pas eu le choix. IL N'AVAIT PAS EU LE CHOIX. Peut-être que s'il se le répétait suffisamment de fois, il finirait par y croire. Le problème c'était qu'il avait accepté de le faire. Il l'avait juste ficelé sur l'équidé comme un vulgaire animal.
Que leur voulait ces gens ? Cette question le rongeait. John se demandait presque si ce n'était pas une des raisons qui faisait qu'il avait obéi à Valérius. Juste pour savoir ce qu'il voulait, où il les emmenait … Non, bien sûr, il l'avait fait parce que ce dernier avait menacé de s'en occuper. Lui vivant, ce type ne toucherait pas à McKay.
Un bruit venant de derrière lui attira son attention. Il tourna la tête vers l'équidé. McKay dormait allongé sur le cou de l'animal. John fronça les sourcils. Non, il ne dormait pas. Son corps était traversé de petits tremblements comme quelqu'un qui … Il serra les dents, ses yeux se posèrent sur la nuque de Valérius juste devant lui.
Il continua à marcher, ses yeux rivés sur Valérius, essayant d'ignorer les pleurs de McKay.
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Rodney fut une fois encore réveillé brutalement par un écart de Jumper.
Il cligna des yeux, il parvenait à peine à voir ce qui se trouvait autour de lui. Pendant un moment, il cru qu'il était devenu aveugle. C'était ridicule, il le savait. Il n'y avait aucune raison objective pour que ce soit le cas mais l'idée le paniqua quand même et il commença à se débattre. Des mains se resserrèrent sur ses bras et sa panique augmenta, il laissa échapper un petit cri étranglé.
« Bon sang McKay ! Calmez vous ! Rodney, ça suffit. »
Le Major, c'était le Major Sheppard pas un de ces hommes, pas … Juste le Major.
Rodney se calma. Les mains revinrent, il sentit ses liens se relâcher. La douleur fut quasi immédiate. Comme si on lui enfonçait des aiguilles chauffées à blanc dans les bras.
« Rodney, ce n'est rien, ça va passer. Vous êtes resté un peu trop longtemps dans cette position et vos muscles sont endoloris, Okay, rien de grave. »
Rodney hocha la tête. Il faisait noir. Il avait finalement du réussir à s'endormir parce qu'il ne se rappelait pas avoir vu la nuit tomber.
Jumper était assis par terre, attendant bien sagement que son passager soit capable de descendre.
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Sheppard prit un des bras de Rodney et commença à le frictionner pour aider au retour de la circulation sanguine. Rodney était juste incapable de bouger. Il regardait son bras, le regard vide.
« Heu Rodney, je me sentirais rassuré si vous disiez quelque chose, n'importe quoi en fait. »
« Huuu. »
« Oui, je suppose que je devrais me contenter de ça pour le moment, hein ? »
Rodney le fixait toujours l'air pas tout à fait réveillé.
« Bon, et bien je vais faire la conversation pour deux alors. Je vous ait déjà dit ce qui m'est arrivé lorsque j'étais … »
« Où … où sommes nous ? »
Rodney regardait tout autour de lui. Les Akrons avaient allumé des torches et se préparaient visiblement pour le froid. Ils avaient sorti des manteaux de leurs paquetages, certains passaient d'épaisses bottes en fourrures.
« Aucune idée. Pourquoi, besoin de prendre quelques photos souvenirs ? »
Rodney se tourna vers le Major et fronça les sourcils.
« Ahah, très drôle. Votre sens de l'humour ne cessera jamais de m'impressionner. »
Un sourire apparu sur les lèvres de John qui continuait à frictionner les bras de McKay. Le scientifique semblait avoir retrouvé un peu de sa verve. Les quelques heures de sommeil devaient y être pour quelque chose. Hummmm, d'ailleurs …
John lâcha le bras de McKay, déboutonna la veste beige et souleva le tee-shirt.
« Hey ! »
Sheppard poussa un soupir.
« McKay, ne faites pas l'enfant, je veux juste vérifier l'état de vos côtes. »
« Mais vous avez les mains froides ! »
Oui, McKay allait définitivement mieux. Et ses côtes aussi. Les bleus avaient presque disparu.
« Heu, je peux me rhabiller maintenant ? »
John relâcha le tee-shirt que Rodney réajusta immédiatement. John lui tendit la couette et l'aida à descendre de l'équidé.
« Ca va ? »
Rodney hocha la tête.
« Et maintenant ? »
« Maintenant , » leur répondit la voix de Valérius, « nous allons marcher ».
TBC
