Note 1 : merci pour vos reviews !
Note 2 : bon, désormais, le verdict est sans appel : vous êtes des obsédées !
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36 – Le Major John Sheppard était en colère.
La question de McKay l'avait un peu pris au dépourvu et … Non. Il fallait qu'il arrête de se mentir. Il savait que le scientifique finirait par la poser, il avait juste espéré que son état l'en empêche. Mais même à peine conscient, Rodney trouvait le moyen de penser.
Il ne lui avait pas répondu. Il avait terminé de se nettoyer, tournant ostensiblement le dos au lit et à McKay. Rodney n'avait pas réitéré sa question. Lorsqu'il s'était enfin retourné, McKay dormait. Il avait eu du mal à retenir un soupir de soulagement.
C'était il y a trois heures. Et maintenant, John était assis par terre, les genoux relevés, la tête posée contre le mur et ressassait toutes les informations dont il disposait sur leur situation. Seulement, il n'arrivait à rien.
Cette fois il soupira et posa sa tête sur ses genoux.
Il était en colère contre ces gens bien sûr, mais il était surtout furieux contre lui-même. Il était un soldat aguerri, un Major de l'USAF ! Bref, il devrait trouver une solution, mais qu'avait il fait depuis que la petite bande de Valérius avait débarqué chez Crésius ? Rien, à part être trimballé sur le dos d'un cheval comme un sac de patates et se faire embrocher, pour un oui ou pour un non. Superbe score.
Les gens comptaient sur lui pour les sortir du pétrin. McKay comptait sur lui. C'était son job. Et pour le moment on ne pouvait pas vraiment dire qu'il faisait un boulot remarquable !
Le Docteur Weir lui avait accordée sa confiance en lui confiant la « flag team ». Il savait qu'il n'était sur Atlantis que parce qu'il possédait le gène des anciens. Pas en raison de ses états de service. S'il voulait rester, il devait faire ses preuves. Il n'était pas du genre angoissé mais pour le moment, l'avenir était plutôt noir.
« Arrêtez donc de vous torturer, Major. Rien de tout ça n'est votre faute. »
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Quelqu'un était en train de souffrir.
Ce n'était pas une douleur violente, ni même physique. Rodney pouvait sentir de la confusion, de la peine, du malaise, le tout mixé avec de la colère. Beaucoup de colère. Un peu comme avec Carson après son retour de la planète Hoff (34).
Rodney avait réussi à s'endormir mais même dans son sommeil, il avait senti cette personne. C'était comme un appel. Il fallait qu'il y réponde, alors il ouvrit les yeux.
La pièce était sombre, presque noire. Lorsqu'ils étaient entrés, elle avait été illuminée par une lampe à huile. Le Major avait du l'étein-… Sheppard ? Rodney ferma les yeux et se concentra. Oui, c'était bien lui qui … Il soupira. Il rouvrit les yeux et se releva sur un coude, cherchant des yeux l'endroit où pouvait se trouver le militaire. Il finit par le repérer, petite forme sombre le long du mur.
Que pouvait-il lui dire ? Sheppard avait souffert lui aussi entre les mains de ces gens. Une souffrance physique bien sûr, mais aussi morale. Ne pas pouvoir se défendre et surtout défendre ceux qui étaient sous sa responsabilité était sans doute pire que tout.
Rodney opta pour la vérité.
« Arrêtez donc de vous torturer, Major. Rien de tout ça n'est votre faute. »
Il vit la tête du Major se relever.
« Hey Mckay, bien dormi. »
La forme sombre s'étira et se leva. Rodney suivit ses mouvements dans la petite pièce. Quelle question ridicule. Bien sûr qu'il était encore fatigué. Depuis qu'ils étaient arrivés sur cette planète, il était toujours fatigué. Une fois encore, il opta pour la vérité.
« Non. »
La forme s'assit sur le lit, tout au bout. Il y eu un moment de silence.
« Pourquoi ? »
« Quoi ? »
« Pourquoi avez-vous mal dormi ? Vous avez faim ? Je vais voir si je peux faire venir un de ces … »
« Non. Ce n'est pas la faim qui m'a réveillé, Major. »
Sa voix était sèche. Après tout ce qui venait de se passer, comment Sheppard pouvait-il croire que c'était la faim qui perturbait ses rêves ? Rodney était en colère. Et ça faisait du bien. Il en avait assez d'être sans cesse la victime. Cette colère était la bienvenue. Elle était rafraîchissante, presque enivrante. Rodney se sentait plus fort grâce à elle.
« Mais peut-être que c'est ce que vous voudriez, hein Major. Que je sois bien gentil, que je ne me plaigne pas, que je me contente de dormir, boire et manger, lorsque quelqu'un décide qu'il est temps que je dorme, boive ou mange. »
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John discernait à peine les traits du visage de McKay.
Il y avait bien un peu de lumière dans la pièce, celle qui filtrait par une sorte d'aération située au niveau du toit. Elle baignait la pièce dans une espèce d'atmosphère grise/bleue.
Seulement, il n'avait pas besoin de le voir pour savoir que McKay était furieux. Il y avait du venin dans sa voix. McKay pouvait être acerbe ou sarcastique, mais jamais il ne l'avait vu agressif.
« Mais qu'est-ce qui vous prend ? Je voulais juste savoir si vous alliez bien Okay alors … »
Rodney se leva d'un bond et se planta devant lui.
« Si je vais bien ? Si je vais bien ! Mais bien sûr que je vais bien Major, » McKay appuya sur son grade comme s'il s'agissait d'une sorte de plaisanterie, « j'ai été kidnappé, traîné à dos de cheval … »
« Equidé. »
John espérait calmer le scientifique dont le ton montait d'une manière alarmante, mais ce dernier ne releva même pas, en fait, John doutait qu'il ait même entendu.
« … obligé de guérir les uns et les autres, saignant à leur place ! Alors dites moi, Major, comment est-ce que vous croyez que je me sens ! »
John se leva et lui fit face.
« Bon ça suffit maintenant McKay, si nos hôtes vous entendent hurler je doute que … »
Rodney le poussa violemment le faisant tomber sur le lit.
« J'EN AI ASSEZ QUE VOUS ME DONNIEZ DES ORDRES ! Je ne suis pas un de vos pantins militaires, Major, peut-être que ça marche avec Ford mais pas avec moi ; j'ai un cerveau et vous savez quoi, je sais m'en servir. »
John se releva. Il n'avait jamais vu McKay dans cet état. Ses bras pendaient rigides le long de son corps, sa respiration ressemblait à celle d'un taureau qui va charger.
Et c'est exactement ce qu'il fit.
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Mais pour qui ce, ce militaire de pacotille le prenait-il ?
Rodney en avait assez de ses « fais ci, fais ça ». Qu'avait-il fait jusqu'à maintenant à part se laisser prendre par les Akrons, à part les laisser le torturer ? Il avait laissé Valérius l'emmener sans broncher. Mais peut-être était-ce ce qu'il voulait, que ces gens le mate, puisque visiblement lui n'y parvenait pas.
Si l'expression « voir rouge » avait jamais eu un sens pour Rodney, c'était bien maintenant. Il voyait rouge. Le rouge sur son bras et sa poitrine lorsqu'il avait absorbé les blessures de Sheppard, le rouge des flammes dans la grande salle où il avait été forcé à genoux pour soigner cette femme.
Rouge, rouge et encore rouge.
Et le coup parti sans qu'il ait le temps d'y penser réellement.
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OUCH !
Le coup de poing atteignit John juste eu niveau de sa mâchoire. Il retomba sur le lit. WOW ! Peut-être que McKay ne passait pas beaucoup de temps en salle d'entraînement mais le peu qu'il avait retenu était parfaitement mis en pratique. Superbe crochet du gauche, digne de Myke Tyson !
John se massa la mâchoire. Ouch, ouch, ouch. Il allait avoir un superbe bleu.
Il leva les yeux vers McKay avec la ferme intention de lui dire ce qu'il pensait de ses manières, mais ce qu'il voulait dire resta coincé dans sa gorge à la vue du scientifique.
McKay était toujours devant lui. Son bras gauche était tendu devant lui, comme immobilisé en plein air. McKay fixait son poing intensément, ignorant Sheppard.
« Heu, McKay ? »
Rodney cligna des yeux et son regard se posa sur le Major. Cette fois lorsqu'il regarda à nouveau son poing, John vit clairement les émotions défilées sur son visage, incompréhension, dégoût, peine. Rodney se mit à secouer la tête et à marmonner.
« Rodney ? »
John s'approcha de lui, mais Rodney poussa un petit cri et recula jusqu'à ce que son dos rencontre le mur, il se laissa alors glisser contre celui-ci et se retrouva par terre.
TBC
(34) Episode Poisoning the well/Sérum.
