Note : merci !

ooOOoo

39 – Rodney était sûr que c'était ce que devait ressentir un junkie. Le besoin désespéré d'avoir sa dose. Le corps pressé contre lui n'existait même plus, seul restait ce qu'il représentait : des émotions, à nu, violentes. Un nectar exquis.

S'il gardait les yeux ouverts, il pourrait peut-être l'ignorer. Ce besoin de plonger dans ces émotions, de les laisser l'envahir, de se laisser guider par elles.

Non. Yeux ouverts. C'était simple. Il avait deux doctorats, quelques diplômes par ci par là, il pouvait bien se concentrer un peu pour garder les yeux ouverts, non ?

Le mur qu'il fixait était d'une couleur indéfinissable. Il ne faisait pas suffisamment jour pour voir clairement s'il s'agissait de gris ou de beige. Peut-être était-ce du blanc ?

Varilia serra le col de la longue chemise qu'il portait et sa main toucha son cou, lui envoyant une véritable décharge électrique. Mon dieu ! Nonnonnon. Le mur. Fixer le mur. Ses yeux lui faisaient mal à force de rester ouverts.

Et puis brutalement. Plus rien. Plus de main, plus de corps, plus d'émotions. Juste un grand vide. Il soupira.

Rodney ferma les yeux et se laissa tomber sur le lit. Epuisé. Mais satisfait. Il avait réussi. Il avait résisté.

« Hey, Rodney. Ca va ? »

Encore une question stupide. Rodney ouvrit les yeux pour dire au Major ce qu'il pensait de son intelligence, mais il se tut. Le visage de Sheppard était celui de quelqu'un inquiet. Pour lui sans doute. Rodney hocha la tête.

« Varilia ? »

Sa voix était rauque, comme quelqu'un qui aurait passé les cinq dernières minutes à hurler alors que tout ce qu'il avait fait c'était de fixer un mur sale.

« Timaré ? Vous … vous allez bien ?»

Varilia se tenait derrière le Major, l'air inquiet elle aussi.

« Bien sûr qu'il va bien, hein, McKay. »

Rodney poussa un grognement et avec l'aide du Major parvint à se remettre en position assise sur le lit. Il porta sa main à sa tête. Elle allait exploser. Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour une boite de paracétamol. Non, plutôt deux.

« Allez McKay. On y va. »

Huuuu. Allez ? Allez où ?

« Oui, nous devons partir maintenant. La nuit, Fergus et Titius veillent, mais au lever du jour, plus personne ne surveille les dépendances. »

Rodney tourna lentement la tête vers Varilia, puis vers Sheppard. Ils avaient tous les deux des têtes de conspirateurs, avec un drôle de petit sourire et les yeux pétillants.

« On s'évade ? »

ooOOoo

John leva les yeux au ciel.

Une des raisons pour lesquelles il avait choisi McKay pour faire partie de son équipe résidait dans sa faculté d'analyser les faits à la vitesse grand « V », et de vous faire part de ses résultats tout aussi rapidement. Le problème c'était que lorsque McKay n'était pas dans son état, disons normal, cette faculté disparaissait complètement.

Comme maintenant.

« Oui, c'est ça Rodney. On s'évade, à moins bien sûr que vous ne souhaitiez rester en compagnie des Akrons, et plus particulièrement de Valérius. »

John s'en voulait un peu d'utiliser ce type de menace, mais il avait besoin de son scientifique à peu près cohérent. La menace de Valérius pointant son nez eu d'ailleurs l'effet escompté. Rodney blanchit un peu, mais se leva. John l'aida à rester debout.

C'était incompréhensible !

Rodney avait l'air aussi mal en point qu'après une de ses petites séances de « soins atlantes » alors qu'il n'avait rien fait. Il devait avoir raison, il y avait quelque chose qui n'allait pas avec son pouvoir. Le problème, c'était qu'ils n'avaient pas vraiment le temps de chercher à comprendre de quoi il s'agissait. La seule solution c'était de fichez le camp d'ici et de rejoindre la porte des Etoiles. Greenaway s'occuperait de lui.

John espérait toujours qu'une équipe de secours avait été envoyée à leur recherche. Ils ne disposaient plus de leur GDO et ils ne pourraient pas rentrer sans lui. Mais, un problème à la fois. Pour le moment, il fallait sortir de la maison sans être vus.

ooOOoo

Ford avaient donné les instructions et moins de dix minutes plus tard ils étaient prêts à reprendre leur route.

Marnius semblait vraiment inquiet, et le sourire pourtant omniprésent, avait maintenant disparu de son visage. Il marchait en tête, aux côtés de Teyla. Ford les rejoignit.

« Marnius, pourquoi cette soudaine précipitation ? »

Il y avait de l'inquiétude dans la voix de Teyla.

Marnius poussa un soupir. Il sembla hésiter puis arriva à une décision et prit la parole.

« Je ne suis pas un Timaré. Plutôt un guérisseur. Ma grand-mère et sa mère avant elle étaient des Timarées. De grandes Timarées. Elles ont laissé leur nom dans l'histoire de Cérès. Ma mère n'avait que peu de leur pouvoir. Ma grand-mère m'a enseigné tout ce qu'elle savait de l'art de guérir, sans magie. Et j'aime cela, mais je ne suis pas un Timaré, juste une pâle image de ce qu'ils furent. Monaé était aussi une Timaré, la sœur de ma mère, elle n'avait pas les pouvoirs de sa mère mais était très efficace. »

Ford fronça les sourcils.

« Pourtant ces gens … »

« Oui, je sais, ils me considèrent comme leur Timaré. Mais ne vous y trompez pas, chacun d'entre nous sait que le pouvoir des Timaré s'est éteint. Il ne reste que d'habiles guérisseurs et, j'en ai peur, de nombreux charlatans. »

Ford hocha la tête. Ca expliquait la vénération de ces gens pour McKay. Il se rappelait notamment du comportement des parents de la petite Filia.

« J'aime ce que je suis et je suis très reconnaissant aux Timaré pour avoir tracé la voie. »

« Heu, tracé la voie ? »

« Oui, Lieutenant. Tracé la voie de l'humanité. La magie est une chose dangereuse. Elle est pour beaucoup à l'origine de ce qui nous a séparé, Léciors, des Akrons. Les Timarés nous ont appris beaucoup de choses sur nous-même, sur notre biologie, mais ils étaient temps pour eux de disparaître »

Ford n'aimait pas trop la tournure que prenait cette conversation.

« Si je comprend bien, comme les Akrons vous souhaitez la disparition totale des Timarés ? »

Marnius lui sourit.

« Non Lieutenant, je pense juste que leur temps ici est révolu, mais peut-être est-il utile chez vous. »

Okay, message clair et bien reçu. Dès qu'ils auraient retrouvé le Major et McKay, ce dernier était bon pour un allez simple sans retour vers Atlantis. De toute manière, il y aurait peu de chance pour qu'il souhaite revenir ici.

Marnius cette fois éclata de rire.

« Non, non, non, Je ne veux pas de mal à votre Timaré. Je pense pouvoir apprendre beaucoup de lui, mais je sais que les siens ne sont plus utiles à notre communauté. Malheureusement, nous avons la preuve qu'ils conduisent à davantage de comportement belliqueux. Cependant, je crois qu'il pourrait sortir de bonnes choses de tout cela. »

Teyla qui était restée silencieuse pendant toute la conversation reposa sa question.

« Je comprend Marnius, mais en quoi tout ceci explique t-il notre départ soudain ? »

Marnius se rembrunit.

« Oui, vous avez le droit de savoir. Un Timaré a besoin de temps pour Resurgir entre chacune de ses interventions. Celles-ci ne sont généralement pas trop fréquentes, amis lorsque c'est le cas, et si le Timaré ne peut pas Resurgir, le processus d'Absorption s'affole. »

« S'affole ? Comment ça, il s'affole ? »

Marnius se tourna vers Ford.

« Le Timaré ne parvient plus à contrôler les stimuli et … »

Marnius se tut.

« Et ? »

Marnius poussa un soupir avant de reprendre.

« Dans la plupart des cas, les Timarés ont appris à gérer ces périodes de crise, avec de la méditation, se mettant parfois en état de transe, mais il faut our cela en avoir reçu l'enseignement … »

« Et McKay ne sait rien de tout ça. »

MArnius secoua la tête.

« Non, d'après ce que vous m'avez raconté, il ignore tout des effets dévastateurs de l'Absorption, et surtout, il est le seul Timaré de votre planète. Personne ne peut l'aider. »

« Monaé pourrait peut-être ? »

« Oui, c'est possible mais pour ça, nous devons le retrouver et le ramener. »

« Et que se passe t-il si le Timaré ne peut pas méditer ? »

Ford avait eu peur de poser la question, mais ils devaient savoir.

« Certains sont devenus fous, d'autres ont plongé dans un état de semi sommeil sans jamais revenir et d'autres … »

Marnius s'arrêta, il regarda les deux Atlantes.

« D'autres ont mis fin à leur jour. »

TBC

(35) GDO : Garage door opener, bref c'est l'instrument qui envoie le code d'identification des équipes, de manière à ce que l'iris soit relevé.