Note : merci !

ooOOoo

43 – Varilia s'était approchée du Timaré, non, du Docteur McKay. Il fallait qu'elle se rappelle qu'il n'aimait pas qu'on l'appelle par son titre.

Elle n'avait jamais cru en la Magie, ce soi-disant pouvoir qui permettait aux Timarés de maîtriser la Mort, de la plier à leur volonté, de la forcer à abandonner ses victimes. Ce pouvoir qui donnait invariablement la victoire à la vie. Elle était une Akrone, et les Akrons ne croient pas à la Magie. Ils ne croient qu'aux jugements des Dieux, au terrible jugement des Ancêtres.

Elle étouffa un petit ricanement. Non, elle n'y avait jamais vraiment cru et pourtant … Elle caressa son ventre et soupira. Dès qu'elle était tombée malade, elle avait comme les autres voulu y croire. Ce qu'ils avaient fait étaient si contraire à leur foi, que leurs compatriotes les renieraient certainement s'ils savaient. Ils étaient une famille vénérable, une des plus anciennes du Plateau, mais cela ne changeait rien à ce qu'ils avaient fait, aux choix qu'ils avaient fait.

Sa mère avait fini par se ranger à la position de Valérius. Un Timaré pouvait les sauver. Tous. Les malades, les infirmes. C'aurait été la fin de la malédiction qui semblait les frapper. C'était pour ça que Valérius partait régulièrement en territoire Lécior : il cherchait un Timaré. Un vrai. Et il l'avait trouvé. Chez Vhelma.

Quelle ironie du sort ! C'était du moins comme cela que Valérius avait présenté les choses : Vhelma les avait un jour trahis, et aujourd'hui, elle avait à son tout trahi un des siens. Du moins quelqu'un qu'elle avait accueillit sous son toit.

Varilia se trouvait juste derrière le Docteur McKay. Elle examina un moment l'homme qui avait sauvé sa vie et celle de son enfant. Il marchait le dos courbé, les yeux fixés sur le sol, comme s'il regardait ses pieds. Varilia vint se placer à ses côtés.

Le Docteur McKay ne semblait pas avoir remarqué qu'il avait de la compagnie et continuait de marcher, ignorant Varilia. Varilia respecta son silence. Sans doute, lui en voulait-il. Et bien sûr, il aurait raison. Mais elle allait trouver le moyen de se racheter à ses yeux. Elle allait l'aider à retourner chez lui. Varilia sourit à cette idée.

Ils marchèrent tous les deux côte à côte un moment, silencieux.

Varilia commençait à se sentir mal à l'aise. C'était étrange ce silence et tout ce passait comme si le Docteur McKay ne savait même pas qu'elle se trouvait là. Il ne l'ignorait pas, c'était comme si son esprit était ailleurs. Ses yeux étaient étranges, ils étaient presque complètement bleus, l'iris réduit à une petite tête d'épingle noire, à peine visible. Varilia secoua une main devant son visage mais le Docteur McKay ne cligna même pas des yeux.

Il devait y avoir quelque chose qui n'allait pas.

« Tima – Docteur McKay ? Tout va bien ? »

L'homme continuait à avancer, mais son pas était moins rapide. Il avait lâché les rênes de l'équidé et ses bras pendaient le long de son corps. Et puis, il avait l'air pâle, vraiment très pale ce qui rendait de bleu de ses yeux encore plus intense.

Varilia ne savait pas trop quoi faire.

Elle se sentait elle-même un peu bizarre. Elle était fatiguée, sans doute les conséquences du stress des dernières heures. Et le comportement du Docteur McKay ne l'aidait pas, au contraire.

Pourtant, il était censé aider les autres, non. Il était censé l'aider. Sans se rendre vraiment compte de ses gestes, comme mue par un besoin impérieux, elle tendit la main vers l'homme qui marchait à ses côtés. Lui saurait l'aider. Il n'avait pas le choix.

Elle lui toucha l'épaule.

Et McKay s'écroula sans un cri à ses pieds.

ooOOoo

John se demandait si les Akrons avaient découvert leur fuite. Et celle de Varilia. Comment avaient-ils pris la chose ? Il ne manquerait plus qu'ils pensent que McKay et lui avaient enlevé Varilia.

Il faisait jour maintenant, et à priori le temps de la fameuse prière était dépassé depuis, il jeta un coup d'œil rapide à sa montre, une trentaine de minutes. Avec un peu de chance, leur disparition n'avait pas encore été découverte et …

« MAJOR ! »

John leva la tête et poussa un juron.

Varilia se tenait débout près de McKay, ce dernier était allongé par terre, face la première. Sheppard fut auprès d'eux en un instant. Il s'agenouilla par terre et posa deux doigts contre la carotide de McKay. Le pouls était régulier mais rapide, un peu trop rapide, et sa peau était froide au toucher.

Il leva les yeux vers Varilia.

« Que s'est-il passé ? »

La jeune femme secoua la tête et mis sa main sur sa bouche pour étouffer un sanglot.

« C'est … C'est de ma faute … Oh, par les Ancêtres, qu'est-ce que j'ai fait … Qu'est-ce que j'ai fait ! »

Génial. Il ne manquait vraiment plus que ça : une femme enceinte hystérique et McKay à moitié comateux.

« Varilia. »

La jeune femme continuait à secouer la tête, fixant MacKay comme s'il s'agissait d'un cadavre.

« Varilia. J'ai besoin de votre aide, le Timaré a besoin de votre aide. »

Cette dernière affirmation attira l'attention de Varilia.

« J'ai besoin d'une couverture, vous pouvez m'en amener une ? »

Varilia lui fit un signe positif de la tête et entre deux sanglots fouilla dans les affaires que McKay avaient chargées sur Jumper. Elle trouva une couverture et la tendit au Major.

John avait retourné McKay sur le dos. Il était plus inconscient qu'endormi ce qui inquiéta John qui se demandait ce qui avait pu causer cet état soudain. Il prit la couverture et y enroula McKay.

Varilia s'était calmée. Elle le regardait les yeux un peu rouges mais visiblement à nouveau maîtresse d'elle-même.

« Alors, vous pouvez m'expliquer ce qui s'est passé ? »

John avait parlé sans brusquerie.

« Je … Je ne sais pas … », Varilia poussa un soupir, « je marchais à ses côtés et … il était … ses yeux étaient différents et il ne semblait même pas conscient de la présence … alors … Oh, je m'en veux ! Tout ça est de ma faute ! »

Avant que la jeune femme ne se remette à pleurer, John l'interrompit gentiment.

« Varilia qu'avez-vous fait ? »

« Je ne me sentais pas très bien … Je voulais juste qu'il m'aide un peu … pourtant j'avais bien vu qu'il n'était pas dans son état normal mais … »

« Varilia. QU'AVEZ VOUS FAIT ! »

Cette fois, John avait un peu haussé le ton.

« Je … je l'ai touché et il s'est écroulé ! »

D'accooooooord. John n'était pas plus avancé. Il ne voyait pas très bien en quoi le fait d'avoir touché McKay aurait … minute, c'était aussi la réaction qu'avait eu Rodney chez les Akrons, il lui avait demandé de ne pas le toucher, comme si … Overload (40). L'idée pouvait paraître étrange, mais ça tenait debout. L'empathie de Rodney devait être sujette à une surcharge d'émotions et son organisme n'avait manifestement pas résisté à ce trop plein. John pouvait juste espérer que ce dernier se remette de lui-même.

Il essaya une fois encore de réveiller McKay. En vain.

« Okay, Varilia, aidez-moi, nous allons l'installer sur Jumper. »

Varilia cligna des yeux.

« Comment ? »

John poussa un soupir. Il n'aimait pas ce qu'il allait être obligé de faire, seulement, leurs options étaient limitées. Il se leva et alla chercher les cordes qu'il avait empaquetées dans les écuries.

TBC (pauvre Rodney, encore une fois attaché sur Jumper !)

(40) Overload : littéralement « surcharge ».