Note : merci pour vos reviews !
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55 – Rodney courrait à travers bois comme s'il avait le diable à ses trousses. Le diable à ses trousses. C'était exactement ce qu'il avait en fait : Valérius et le Diable ferait un excellent ménage à deux.
Les buissons et les branches basses lui cinglaient le visage et les bras. Sa chemise était déjà en piteux état. Mais il continuait à courir. Il le fallait, il n'avait pas le choix. Le Diable le pourchassait.
Il essayait de rester dans la partie la plus fournie de la forêt, de cette manière, il pensait qu'il serait plus difficile pour Valérius de le poursuivre en équidé.
Depuis combien de temps courait-il ? Valérius s'était-il lancé à sa poursuite ? Ses questions tournaient dans sa tête. Seulement, il n'avait pas le temps de réfléchir à une réponse. Toute son énergie était concentrée sur un seul but : s'échapper.
Si Valérius le retrouvait … Rodney frissonna. Non, cela n'arriverait pas, il fallait qu'il courre, c'était tout.
Il accéléra.
La course n'était pas son fort. Le sport tout court n'était pas son fort. Il se sentait lourd, maladroit, il butait sur les racines, glissait sur les feuilles mortes. Il se passa les mains sur les yeux, il était en sueur ; elle dégoulinait sur ses tempes et sur l'arrête de son nez.
Des craquements derrière lui le firent se retourner.
Rien.
Il tenta d'accélérer mais son corps ne voulait rien entendre, bien au contraire, il avait la nette impression d'aller de moins en moins vite.
Les bruits se firent plus distincts. Des bruits de martèlement. Ceux de sabots contre la terre sèche. Un équidé !
La panique s'empara de lui. Nonnonnonnonnonnonnon. Il ne pouvait pas l'avoir déjà rattrapé ! Il fallait qu'il trouve une cachette. Un dernier effort, il fallait juste qu'il fournisse un dernier effort. Là !
A quelques mètres, Rodney distingua l'entrée d'une petite clairière. Il y trouverait certainement de quoi se cacher.
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Rodney s'arrêta en plein centre de la clairière. Il ne pouvait de toute manière pas aller plus loin, sa respiration était coupée et il allait certainement droit à l'arrêt cardiaque s'il continuait à ce rythme.
La clairière ne devait pas faire plus d'une cinquantaine de mètres carrés. Sur la gauche, un léger dénivelé conduisait à un ensemble touffus de buissons épineux ressemblant à des mûriers. Il trouverait certainement une cachette par ici.
Rodney descendit, glissant le long de la petite pente. Il regarda derrière lui. On pouvait voir les traces laissées par son passage. Il ramassa plusieurs branches et balaya la terre pour les effacer.
Il frotta le sol derrière lui jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il cherchait.
Dans l'épais buisson se trouvait une sorte de tunnel, certainement formé par quelque animal. En temps normal, il se serait certainement inquiété de savoir si ledit animal résidait toujours dans les parages mais là il était trop fatigué pour y penser.
Rodney écarta les branchages jusqu'à ce qu'il puisse se frayer un passage dans le tunnel, à quatre pattes, il avança le plus loin que lui permettait sa taille. Il tenta tant bien que mal de refermer le passage derrière lui, le recouvrant de branches à moitié cassées.
Une fois qu'il eu fini, Rodney s'allongea complètement sur le sol, puis il se recroquevilla et ramena ses genoux sur sa poitrine. Il pouvait voir la lumière du jour filtrer à travers sa cachette. Il calma sa respiration, ferma les yeux et s'assoupit en quelques minutes.
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C'était stupide. Non mais vraiment, comment avait-il pu tomber d'accord avec cette idée !
« Ca va marcher ! Faites moi confiance. »
Voilà ce que lui avait dit Varilia en lui expliquant son plan pour retrouver McKay. Tu parles d'un plan !
John se retrouvait en train d'agiter un bâton en face du nez d'un équidé, bâton au bout duquel se trouvait un morceau de la couverture dans laquelle McKay avait dormi.
« Vous verrez, l'équidé vous conduira à lui, c'est comme ça qu'il vous a trouvé ! »
Il se sentait stupide. Jumper était peut-être un animal intelligent mais ce n'était pas un chien de chasse. Quoique … Oui, bon, ce n'était pas un cheval non plus.
« J'aurais mieux fait de te faire renifler une barre de chocolat. Ca tu l'associerais peut-être avec McKay. »
L'animal n'avait pas l'air de suivre un chemin précis, mais il n'avait pas l'air perdu non plus. De toute manière, John ne saurait pas dire ce qu'il en était. Il était un pilote pas un boy-scout.
Il devait bien reconnaître qu'il n'avait jamais eu le sens de l'orientation. Mais avant de venir sur Atlantis cela ne l'avait jamais vraiment gêné : qui a besoin de savoir reconnaître son chemin à l'ère des scan, radars et autres GPS ! Le problème dans la galaxie de Pégase, c'est qu'il se trouvait souvent à pieds. A pieds à arpenter des espaces vierges et sauvages. Là où un arbre ressemble à un autre arbre.
Il soupira.
Et brusquement, Jumper s'arrêta. Oho. John regarda tout autour de lui. Toujours des arbres, des feuilles mortes, de l'herbe. Pas de McKay.
Et pas de Valérius non plus.
John descendit de l'équidé pour regarder un peu les alentours. Il avait à peine mis le pied par terre que l'équidé se mit à trottiner dans le bois.
« Hey ! Qu'est-ce que tu fais ? Reviens, nondenondenon …. »
John couru après l'animal.
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Rodney se réveilla en sursaut.
Désorienté, il lui fallu un moment pour se rappeler de l'endroit où il était : terré comme un animal dans un épais buisson. Il se demanda ce qui l'avait réveillé. Un bruit et ce qui ressemblait à un cri. Bien sûr il était dans une forêt donc ça pouvait être un animal. Juste ça, un animal, pas Valérius.
Rodney ferma les yeux et essaya de se concentrer sur les bruits autour de lui mais il n'entendait que sa propre respiration. Personne, il n'y avait personne, c'était juste son imagination.
Le bruit recommença. Rodney ouvrit les yeux. Quelque chose ou quelqu'un marchait dans la clairière. Rodney entendait le crissement des feuilles foulées au pied. La tête posée sur le sol, il pouvait sentir les vibrations causées par chacun des pas de l'inconnu. Non, pas un inconnu.
C'était Valérius.
Rodney n'osait plus bouger, même sa respiration s'était faite quasi inaudible. Il guettait les mouvements devant lui.
Une ombre massive passa devant sa cachette, bloquant la lumière. Elle stoppa là un moment, puis se détourna. Rodney était si tendu qu'il avait envie de hurler. Il porta sa main à sa bouche pour retenir les sons qui menaçaient de le trahir et se mordit les lèvres jusqu'au sang.
Rodney entendit Valérius s'éloigner et il laissa s'échapper un soupir de soulagement. Les pas stoppèrent. Oh mon Dieu ! Il avait du l'entendre.
Les pas revinrent vers lui, l'ombre bloqua à nouveau la lumière qui filtrait à travers le buisson, un bras plongea dans les feuilles et frôla ses cheveux.
Et Rodney se mit à hurler.
TBC
