Note 1 : merci pour vos reviews !
Note 2 : je viens de lire une petite fic' (en anglais) qui traite de la même idée – pouvoir d'empathie – mais avec Daniel ; c'est fabuleusement bien écrit, avec plein de torture pour Daniel et Jack. L'auteur est Dragonfly, son histoire No more butterflies peut être trouvée ici : www(point)ancientobsessions(point)com(slash)nmbone(point)html
ooOOoo
57 – Caudius et Varilia étaient silencieux. Marnius se tourna vers la jeune femme, l'air sérieux.
« Varilia, avez-vous une idée de l'endroit où Valérius a pu emmener le Timaré ? »
Varilia réfléchit un instant et poussa un petit soupir.
« Non, je ne comprends pas pourquoi il l'a emmené ? Je veux dire, » elle s'assit sur l'escarpement qui avait servi de lit à Rodney, « ça n'a aucun sens ! » elle se tourna vers son frère, « l'idée n'était-elle pas de se servir de lui pour ramener la santé à ceux qui l'avaient perdue ? »
Caudius hocha la tête.
« Alors dans ce cas, il devrait être reparti vers le domaine et d'ailleurs, pourquoi n'est-il pas resté avec toi ? »
Caudius réfléchissait lui aussi aux actes étranges de son frère.
« Je l'ignore. Valérius nous a caché qu'il avait retrouvé votre trace. Il a prétendu vouloir retourner au domaine. »
Varilia secoua la tête.
« C'est de notre faute. Valérius n'a plus toute sa tête depuis … », elle soupira. « Nous aurions l'aider, et non pas l'accompagner dans cette folle idée de trouver un Timaré ! »
« Cette folle idée, comme tu l'appelle, est la seule chose qui lui a permis de ne pas perdre la raison ! »
Le frère et la sœur commençaient à hausser le ton. Il y avait apparemment des frictions sur le bien-fondé des actions de Valérius.
Varilia poussa un soupir d'exaspération.
« Caudius, cesse de te voiler la face : il a perdu la raison, tous ses actes le démontrent ! Le simple fait de vouloir trouver un Timaré, un vrai, pour faire revivre les akrons en est la preuve même si je dois dire être heureuse d'être en … Caudius ? Caudius est-ce que ça va ?»
Le visage de l'akron s'était soudainement figé et il avait pâlit considérablement.
« Je … je crois que je sais où Valérius a emmené le Timaré. »
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Rodney était incapable de se contrôler. Ses bras frappaient au hasard – quoique peut-être pas tant que ça, vu qu'il entendit distinctement un « grumpf » suivi d'un « ouch » – ses jambes battaient comme s'il faisait du vélo, et il surtout il criait.
Des sons inarticulés, aigus. Il était juste incapable d'autre chose, incapable de former une pensée cohérente, d'aligner des mots, de faire des phrases. Sa peur et sa rage étaient tout simplement trop puissantes.
Les bras se resserraient sur ses biceps, ils enserraient sa taille. Ils étaient partout. Il ne pouvait rien faire pour les combattre. Finalement, épuisé, il abandonna la bataille. Son corps devint flasque, inerte entre les bras de son assaillant, ses mains néanmoins accrochées à la veste de celui-ci.
Rodney pouvait entendre la respiration de l'homme, rapide et saccadée. Bien, il lui avait visiblement donné du fil à retordre, c'était déjà ça !
Aucun d'eux ne parlait. Rodney commençait à trouver ça un peu curieux. Il essaya de se dégager mais immédiatement une main se referma sur son cou. Il poussa un petit cri. Son cou était déjà bleu de sa dernière rencontre avec Valérius. Il cessa de bouger. La main quitta son cou et descendit sur sa poitrine, le maintenant sur le sol.
Rodney était toujours par terre, allongé sur le dos, la tête en partie dans le buisson, le corps à l'extérieur. Il distinguait à peine la forme de l'homme qui le maintenait à terre. Il ferma les yeux et ses mains lâchèrent le tissu qu'elles tenaient encore fermement. Il les posa à plat, ses bras le long de son corps.
Rodney sentit sa respiration s'accélérer. Il aurait voulu pouvoir retenir ses larmes mais il en était incapable et bientôt, il pu sentir les larmes couler sur ses joues, glisser contre ses tempes, tomber sur ses oreilles.
Pathétique.
Valérius avait raison. Il ne valait pas grand-chose comme homme. Juste un Timaré bien utile à avoir sous la main. Il n'avait même pas réussi à utiliser ce qu'il prétendait être la plus incroyable intelligence de ce côté de la galaxie, pour s'enfuir et maintenant, il pleurait comme un bébé ; mais il n'y pouvait rien, il avait juste l'impression que son cerveau marchait au ralenti. Il se sentait trahi : son cerveau avait toujours été là pour lui, comme un « meilleur » ami.
Si ça ce n'était pas pathétique ! Penser à son cerveau comme s'il s'agissait d'une personne. Comme si la seule personne avec qui Rodney McKay pouvait sympathiser était lui-même. De toute manière, tout cela n'avait plus beaucoup d'importance puisque Valérius avait gagné.
Et c'est alors que quelque chose d'étrange se passa.
Une main effleura son visage et doucement, essuya ses larmes.
ooOOoo
John avait fait le tour du buisson épineux.
Quelques fruits rouges se trouvaient là, certains étaient à moitié dévorés par les oiseaux. Il ne put résister à l'envie d'en goûter un. Le fruit était à la fois acide et doux, un peu comme des groseilles. C'était sans doute ça qui avait fait accourir l'équidé ici. Il devait aimer les fruits en question.
John en cueilli en peu. Jumper avait bien mérité cette petite gâterie. Il fit le tour du buisson puis se pencha sur les branches, tentant d'atteindre les plus hautes et les plus loin du bord, celles où il trouverait les fruits non grignotés. Et c'est alors qu'il vit quelque chose. Juste un éclair, quelque chose de blanc. Quelque chose qui n'appartenait visiblement pas à cette forêt, quelque chose … Il se mit pratiquement sur la pointe des pieds. Il glissa sa main à travers les épines et parvint enfin à toucher …
Et là, poussant un cri désespéré, quelque chose l'attaqua !
La chose se rua presque sur lui, le frappant, le griffant, poussant des sons incompréhensibles.
A moitié dans le buisson, John tenta de se relever et de se dégager mais la chose en question, certainement un animal, l'entraîna littéralement et il finit par tomber complètement, écrasant les branches sous lui, sentant les épines déchirer sa chemise.
Passé le premier moment de surprise, il décida de reprendre le dessus de la situation. Il commença par utiliser son propre corps pour coincer l'animal contre terre, puis il saisit les bras qui … les bras ?
John essaya de ne pas blesser la personne qui se débattait comme un diable. Au bout d'un moment, elle cessa de se débattre. Et il pu enfin reprendre son souffle. Sous lui, la personne respirait elle aussi bruyamment.
Okay, il était temps d'avoir une petite explication avec … Rodney !
Le scientifique était dans un piteux état.
Sa longue chemise, autrefois blanche, était pleine de terre et de trace d'herbe, les manches étaient presque en lambeaux. Son visage était pâle et sale. De superbes ecchymoses couvraient la base de son cou. Des ecchymoses en forme de doigts. Mais c'était surtout ses yeux qui retenaient l'attention. Ils étaient complètement hagards. John avait l'impression qu'ils ne le voyaient pas vraiment bien qu'ils soient grands ouverts. Il tremblait comme une feuille. De froid ou … et puis, John les vit, laissant de longues traînées claires derrières elles. Des larmes.
Rodney pleurait en silence.
John était un soldat. Il était dans l'USAF depuis un peu plus de quinze ans déjà. Et il avait vécu pas mal de choses. De bonnes et de mauvaises. Il avait appris à cacher ses sentiments et ses émotions. Pas McKay. C'était un civil bien sûr mais il y avait autre chose : ses émotions se trouvaient toujours écrites sur son visage, il ne cachait rien.
Il lui avait dit un jour où il lui proposait une partie de Poker qu'il était un piètre menteur (45). Et c'était vrai.
Sans réfléchir, John tendit la main et effleura la joue de Rodney (46).
Ce geste eu l'effet escompté. Rodney cligna des yeux et ces derniers se fixèrent enfin sur John. Se fixèrent vraiment sur lui. Comme s'il le voyait pour la première fois.
« Huuuu. »
John leva les yeux au ciel. McKay faisait toujours le contraire de ce que l'on attendait de lui : si vous le voulez silencieux, il n'arrête pas de parler et lorsque enfin vous souhaitez qu'il parle, il ne sort que des borborygmes de sa bouche. Le sens de la contradiction poussé à l'extrême. Au bout d'un moment, c'était un peu agaçant.
John le releva tant bien que mal. Se dépêtrer du buisson, et surtout de ses épines, sans se faire mal davantage n'était pas des plus faciles. Enfin, il réussi à se mettre en position assise. Il releva McKay, le tirant par les épaules. Ce dernier le fixait toujours mais n'avait pas bougé. John
Ils se trouvaient tous les deux assis face à face. John en profita pour examiner Rodney d'un peu plus près. Et il n'aima pas ce qu'il voyait. Moins de trois heures en compagnie de ce fou furieux et il ressemblait à un prisonnier de guerre que l'on vient juste de récupérer !
« Hey, McKay ? »
Deux yeux bleus papillonnèrent.
« Huu. »
Super, non vraiment, génial.
John tenta de se relever lorsqu'une douleur intense lui coupa le souffle. Merrrrrrrrde. Son bras. Il avait du un peu trop forcer et l'onguent miracle de Varilia ne faisait plus effet.
Une main se posa sur son coude et presque immédiatement, la douleur disparut remplacée par une sensation de chaleur. En quelques secondes, la douleur avait complètement disparu.
Rodney le regardait toujours mais cette fois, John avait l'impression qu'il y avait quelqu'un à la maison.
« Rodney ? »
McKay ne lui répondit pas. Il jeta un coup d'œil à l'équidé qui se trouvait toujours là, et qui, bien sûr, émit un petit hennissement. Rodney força un sourire. Il se tourna à nouveau vers John et cette fois, il lui prit sa main gauche. Il posa sa main sur la paume et là aussi, toute douleur s'envola aussitôt. John ôta le bandage improvisé. Sa main était comme neuve. Evidemment.
Rodney poussa un soupir.
« Hey Rodney, ça va aller ? »
McKay ne lui répondit pas mais il hocha la tête.
« Bien, dans ce cas … »
John n'eu pas le temps de finir sa phrase. Une voix familière se fit entendre juste derrière eux.
« Quel charmant spectacle. »
TBC
(45) C'est ce que dit McKay à Elisabeth dans l'épisode The Storm.
(46) Mais oui, vous l'aurez votre fin Slash !
